L’orchestre de l’Opéra Royal de Dresde possède d’admirables qualités expressives, et la plupart de nos compatriotes wagnériens connaissent aujourd’hui les chanteurs, la Malten et Gudehus. […] M. de Egusquiza avait connu Richard Wagner ; il possédait ou put se procurer de nombreux documents photographiques : de retour à Paris il se mit à l’ouvrage, et si jamais travail fut fait avec amour, ce fut certes celui-là.
Souvent même l’Imprécation, s’identifiant avec l’Érynnys, sortait vivante des lèvres de celui qui la prononçait, comme ces démons qu’on voit, dans nos tableaux primitifs, jaillir, grilles ouvertes et ailes déployées, de la bouche des possédés. […] Thèbes est sauvée, la victoire triomphe sur six portes ; mais à la septième, les deux fils d’Œdipe se sont entre-tués. « Ils ont fait avec le fer le partage des biens paternels, ils en posséderont la place de leur sépulture. » V. — Capanée. — Amphiaraos. — Tydée.
Il avait reçu de la nature, sous des formes agréables et jolies, une certaine énergie ardente qui constitue à un haut degré le tempérament littéraire et qui pousse au talent : Cette énergie, a-t-il remarqué, condamne d’ordinaire ceux qui la possèdent au malheur non pas d’être sans morale et de n’avoir pas de très beaux mouvements, mais de se livrer fréquemment à des écarts qui supposeraient l’absence de toute morale. […] je possède trois tombeaux.
Ce monsieur, à l’arabesque fantastique, possède une barbe rousse d’apôtre, qui lui tombe jusqu’au milieu de l’estomac, et une tonsure naturelle, faite d’un petit rond, dans ses cheveux coupés ras. […] Dimanche 11 novembre J’ai fait la remarque que les hommes qui possèdent un gros postérieur, ont la dissimulation de la femme.
Les Flamands possèdent également la métaphore allemande : merle doré (goudmeerle). […] Car une fleur bien différente, la verrucaire 174, en gréco-français héliotrope, tourne aussi selon le soleil ses odorantes fleurs violettes, et il semble qu’[mot en caractères grecs] ait été traduit littéralement en allemand et en hollandais par sonnenwende et zonnewende ; ces deux langues possèdent, en effet, les formes sonnenblume et zonnebloem qui s’appliquent bien au soleil175 ; le suédois dit solrose 176 ; le danois, solsikke ; l’anglais, sunflower ; le polonais, slonecznie.
« Mme de Chevreuse, nous dit-il, a possédé toutes les qualités du grand politique. […] Ainsi, dans le bien comme dans le mal, c’est toujours la même préoccupation personnelle et bornée, c’est toujours la même infirmité d’enthousiasme, c’est toujours le même égarement de la pensée, quand les squelettes des grandes dames du xviie siècle viennent passer leurs mains sur les cheveux blanchis de cette tête, amoureuse de fantômes et qui ne se possède plus !
C’est l’investigation scientifique, c’est le raisonnement expérimental qui combat une à une les hypothèses des idéalistes, et qui remplace les romans de pure imagination par les romans d’observation et d’expérimentation… C’est là ce qui constitue le roman expérimental : posséder le mécanisme des phénomènes chez l’homme, montrer les rouages des manifestations intellectuelles et sensuelles telles que la physiologie nous les expliquera, sous les influences de l’hérédité et des circonstances ambiantes, puis montrer l’homme vivant dans le milieu social qu’il a produit lui-même, qu’il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une transformation continue. […] Il est impossible actuellement de ne pas posséder une notion singulièrement plus large du déterminisme vital et cosmique, conception qui est appelée à devenir la synthèse supérieure des deux termes anciens, si longtemps opposés l’un à l’autre : déterminisme, liberté.
Puis, à côté de l’étude, vint l’émulation ; et, pendant plusieurs règnes, sous l’abri d’une domination qui, avec l’Égypte, embrassait Cyrène et la Syrie, dans le mouvement d’un peuple, sinon libre, au moins curieux, savant et voyageur, sous la protection d’une cour fastueuse, toute possédée du goût et du luxe des arts, tous les talents où s’était illustrée la Grèce, hormis l’éloquence politique et l’histoire, furent cultivés avec autant d’habileté que d’ardeur. […] Aucun ne possède autant de villes, monuments de l’industrie des hommes, etc.
Boulogne-sur-Mer possède sa place d’Alton : elle est ainsi nommée depuis 1801, et les titres d’honneur qui se rattachent à ce nom n’ont certes point diminué depuis.
Ingres sectateur de l’antique beauté, des vers à la mémoire de ce Georges Farcy que sa mort a révélé à la France, et qui eût aimé ce livre s’il avait vécu, et qui, en le lisant, eût envié de le faire ; partout une nature élégante et gracieuse à laquelle le cœur se confie ; partout de bienveillantes images et un pur désir du beau : le doux Virgile en robe traînante et les cheveux négligés, s’appuyant sur le bras de Mécène au seuil du palais d’Octave ; un doute tolérant et chaste, la liberté clémente ; Jésus homme ou Dieu, dit le poëte, mais qui possède à jamais l’univers moral, et qui, s’il doit mourir, ne mourra que comme le père de famille, après que toute sa race, la race des fils d’Adam, sera pourvue ; — ce sont des vers comme ceux-ci, inspirés par le joli pays de Livry, que Mme de Sévigné chérissait déjà : ……….
En d’autres termes, le succès peut être ou l’effet du mérite que possède un homme, ou la cause du mérite qu’on lui attribue. — Pourquoi l’opium fait-il dormir ?
Léda n’avait pas compris que le Cygne l’avait possédée.
Dira-t-on que les fonctionnaires possèdent certaines garanties contre l’arbitraire administratif, par exemple le recours au Conseil d’État ?
Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. » Le publicain, au contraire, se tenant éloigné, n’osait lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine en disant : « Ô Dieu, sois indulgent pour moi, pauvre pécheur. » Je vous le déclare, celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison, mais non l’autre 933. » Une haine qui ne pouvait s’assouvir que par la mort fut la conséquence de ces luttes.
En dehors de la Perside et de la Médie, il possédait, à l’état de nations sujettes, la Babylone, la Lydie, la Phénicie, la Judée, la Syrie, la Cappadoce, la Thrace, la Phrygie, la Cilicie, la Paphlagonie.
Or, il arrive que chez l’homme, la conscience possède la propriété, à un degré beaucoup plus élevé que chez toutes les autres espèces, de refléter, en même temps que l’image des sentiments, des pensées, des actes individuels, l’image aussi des sentiments, des pensées, des actes étrangers.
Une telle législation ne pouvait être qu’incomplète et insuffisante, parce qu’elle tenait à un état transitoire ; parce que, depuis longtemps, l’unité manque aux directions de la société ; parce que enfin aucun des pouvoirs ne possédait en entier le dépôt des traditions sociales.
Et n’a-t-elle pas commencé de le dire, ce mot, quand un jour son gouvernement confia à Daly la réparation et l’achèvement de la cathédrale d’Albi, un des plus admirables monuments religieux qu’elle possède ?
C’est la vérité que tout ce qui distingue l’un, l’autre le possède, en le spécialisant.
Se souvient-on de ce qu’on possède par nature ?
Honorable et rare caractère, du reste, et qui suffit à un esprit courageux, indifférent au succès, et qui ne l’a visé ni par le fond de son livre, impopulaire à cette heure, ni par sa forme rassise, qu’il n’affecte pas, mais que naturellement il possède.
Le Ramayâna n’a ni action, ni drame, ni individualité, ni génération d’événements, ni rien enfin de ce qui constitue, chez les peuples qui possèdent la notion de l’ordre et de la liberté, une épopée.
Il avait deux à trois amis à des points assez distants dans le pays, et qui possédaient quelques bouquins comme on en a à la campagne.
Cela finit, dès que cela commence… L’Abélard du traité de Charles de Rémusat est moins momie que celui de son drame… Pour Héloïse, ce n’est pas non plus l’Héloïse des lettres latines qui nous restent, la fille effrayante, si fière de sa chute, la Possédée du triple Démon de la Curiosité, de la Sensualité et de l’Orgueil.
Eunuque spirituel, même quand il semble posséder le plus de qualités cérébrales, ayant les vaines rages de l’eunuque, le nègre appartient-il à une de ces races déchues comme il en est plusieurs dans la grande famille humaine, et que la Bible, ce livre de toute vérité, a désignées comme devant servir les autres et porter les fardeaux à leur place, ainsi qu’elle s’exprime dans son style imagé et réel ?
Il faut avoir, je ne dis pas la connaissance, mais l’expérience de tous les Musées du monde, et, par-dessus tout cela, posséder la science de l’Art qu’on juge, la science qui perce jusqu’au métier dans ce qu’il a de plus technique.
La guerre vient de nous apprendre que nos cœurs parfois contractés, irrités, possédaient chacun la faculté d’aimer, de comprendre, d’aider les cœurs et les esprits qu’ils croyaient adversaires.
Cette grâce, cette expression douce et légère qui embellit en paraissant se cacher, qui donne tant de mérite aux ouvrages et qu’on définit si peu ; ce charme qui est nécessaire à l’écrivain comme au statuaire et au peintre ; qu’Homère et Anacréon eurent parmi les poètes grecs, Apelle et Praxitèle parmi les artistes ; que Virgile eut chez les Romains, et Horace dans ses odes voluptueuses, et qu’on ne trouva presque point ailleurs ; que l’Arioste posséda peut-être plus que le Tasse ; que Michel-Ange ne connut jamais, et qui versa toutes ses faveurs sur Raphaël et le Corrège ; que, sous Louis XIV, La Fontaine presque seul eut dans ses vers (car Racine connut moins la grâce que la beauté) ; dont aucun de nos écrivains en prose ne se douta, excepté Fénelon, et à laquelle nos usages, nos mœurs, notre langue, notre climat même se refusent peut-être, parce qu’ils ne peuvent nous donner, ni cette sensibilité tendre et pure qui la fait naître, ni cet instrument facile et souple qui la peut rendre ; enfin cette grâce, ce don si rare et qu’on ne sent même qu’avec des organes si déliés et si fins, était le mérite dominant des écrits de Xénophon.
Pour voir maintenant s’il travailla pour l’État ou pour lui-même, il suffit de remarquer qu’il était roi sous le nom de ministre ; que, secrétaire d’état en 1624, et chef de tous les conseils en 1639, il se fit donner pour le siège de La Rochelle les patentes de général ; que, dans la guerre d’Italie, il était généralissime, et faisait marcher deux maréchaux de France sous ses ordres ; qu’il était amiral, sous le titre de surintendant-général de la navigation et du commerce ; qu’il avait pris pour lui le gouvernement de Bretagne et tous les plus riches bénéfices du royaume ; que, tandis qu’il faisait abattre dans les provinces toutes les petites forteresses des petits seigneurs, et qu’il ôtait aux calvinistes leurs places de sûreté, il s’assurait pour lui de ces mêmes places ; qu’il possédait Saumur, Angers, Honfleur, le Havre, Oléron et l’île de Rhé, usurpant pour lui tout ce qu’il était aux autres ; qu’il disposait en maître de toutes les finances de l’État ; qu’il avait toujours en réserve chez lui trois millions de notre monnaie actuelle ; qu’il avait des gardes comme son maître, et que son faste effaçait le faste du trône.
Il est amoureux, il veut posséder Henriette ; mais son orgueil ne va pas jusqu’à intéresser le monde au succès de son entreprise. […] Ce secret si difficile, et que Molière possédait si bien, ne se révèle nulle part d’une façon plus éclatante que dans l’École des Femmes. […] Sa première éducation, commencée au Tronchet, vieux château, en Beauce, que possédait son grand-père, s’est achevée sans éclat dans un collège de Paris. […] Vous apprendrez que les bibliothèques de France ne possèdent, sur l’époque choisie par M. […] Si cette transition n’est pas juste, elle possède au moins le mérite de la nouveauté.
Le Louvre en possède deux de sa main, celui d’un général et celui d’un administrateur. […] Rothan, qui la possède. […] Il collabora à la Biographie générale de Firmin Didot, et il écrivit des drames, car il était possédé du démon du théâtre. […] Ceux qui croient posséder la vérité sont bien heureux. […] Je n’en possède pas à la vérité toute la signification.
Fauriel, et d’autant plus méritoire en lui qu’elle trouvait un fonds de convictions philosophiques et politiques antérieures ; mais, à un si haut degré qu’il la possédât, seule elle ne suffirait pas pour expliquer et caractériser tout ce qu’il y eut de nouveau et d’inventif dans les points de vue auxquels une étude continuelle le porta successivement. […] Je vous suis étranger, à peu près inconnu, et vous embrassez mon affaire avec l’activité de l’intérêt propre ; vous l’étudiez, vous avez la patience de dévorer les plus insipides papiers ; vous la possédez mieux que moi-même ; en un mot, vous êtes le seul, mais exactement le seul homme, qui ayez voulu m’entendre pour savoir au juste qui j’étais ! […] Parini, dans ses sciolti, a prouvé qu’il les possédait toutes ; il arrive à la combinaison du poétique et du vrai, à la perfection de l’œuvre, et, pour le peindre avec ses propres couleurs, on dirait que, ses vers découlant d’une noble veine, une muse savante les ait fait passer à l’ardent foyer de l’art : ……….Da nobil vena Scendano ; e all’ acre foco Dell’ arte imponga la sottil Camena. […] Néanmoins, si les productions suivantes d’Alexandre trouvent au delà des Alpes des analyses et des éloges comme ceux qu’on vient de faire pour Carmagnola et Adelchi, je crois que ce sera le meilleur moyen de persuader à nos dilettanti de littérature qu’ils possèdent un grand poëte parmi leurs concitoyens, et peut-être, avec le temps, de les accoutumer à l’idée que les tragédies d’Alfieri ne sont pas les meilleures tragédies italiennes. […] Le second ouvrage, le seul qu’on possède sous sa forme historique définitive, était destiné à établir le lien entre les deux autres : il comprend le récit des événements de la Gaule depuis la grande invasion des barbares au ve siècle jusqu’au démembrement de l’empire frank sous les derniers Carlovingiens.
Hugo apparaîtra plutôt comme un grand songeur, mais ce genre de songe profond est la caractéristique de la plupart des génies, qui sont emportés par leur pensée plutôt qu’ils ne la maîtrisent ; et si on réfléchit combien, dans le patrimoine d’idées que possède l’humanité, il y en a peu de voulues, combien il y en a de subies, on arrivera à cette conclusion que les hommes qui, comme Hugo, subissent leur pensée, ont parfois, si cette pensée est grande, plus d’importance dans l’histoire que certains autres qui la dirigent trop bien selon les règles d’un bon sens vulgaire. […] L’idée du bien est donc la lumière sacrée du monde : Tout la possède, et rien ne pourrait la saisir ; Elle s’offre immobile à l’éternel désir, Et toujours se refuse et sans cesse se donne145. […] L’âme de deuil en deuil, l’homme de rive en rive Roule à l’éternité… Dès qu’il possède un bien, le sort le lui retire ; Rien ne lui fut donné dans ses rapides jours, Pour qu’il s’en puisse faire une demeure, et dire : C’est ici ma maison, mon champ et mes amours ! […] Il y a sans doute bien des artifices de composition dans ses romans et ses drames ; pourtant, dans les scènes particulières, dans les épisodes détachés de l’ensemble factice, il possède un sens du réel et arrive à une puissance lyrique dans la reproduction exacte de la vie que Zola, dans ses bonnes pages, a seul atteinte.
Un autre fait : depuis longtemps on avait remarqué dans l’épopée, telle que nous la possédons, une forte influence cléricale ; je me souviens que, en 1891 déjà, mon maître Henri Morf reprochait un peu à Gaston Paris de n’avoir pas, dans son Manuel, rangé l’épopée dans la littérature religieuse. […] Les plus anciens monuments en langue vulgaire que nous possédions nous indiquent simplement à quelle date le français, suffisamment différencié du latin, était déjà (mais depuis quand ?) […] Le théâtre lui-même affirme son existence : il est vrai que nous en possédons bien peu de chose : le Jeu d’Adam, le Jeu de Saint-Nicolas de Bodel, le Théophile de Rutebeuf, le Jeu de la Feuillée et Robin et Marion d’Adam de la Halle. […] Résignons-nous à avoir toujours, dans notre équation, au moins une inconnue ; et, au lieu de races, parlons de nations ; ici nous avons des éléments matériels qu’il est plus aisé d’évaluer à peu près : les dates du groupement, ses vicissitudes, ses intérêts communs, sa situation géographique, ses conditions d’existence, le climat et les esprits directeurs qui sont d’abord un effet, ensuite une cause, de sorte que tout s’enchaîne et que le passé est la force vive de l’avenir. — Le caractère distinctif d’une nation n’est pas, comme plusieurs semblent le croire, dans telle vertu particulière dont cette nation aurait le monopole ; il est dans l’ensemble, dans un certain dosage des qualités et des défauts que possède chaque nation, mais chacune avec une combinaison différente, avec une orientation particulière.
Je vous obtiens déjà, puisque je vous espère Et que vous possédez tout ce que j’ai perdu.
Le souvenir seul de son soleil vous réchaufferait jusque sur les glaces du pôle ; on l’adore, bonne mère ou marâtre ; on se ferait vingt fois tuer, dût-elle être ingrate, pourvu qu’elle fût plus belle encore ; — on a vu dans l’histoire des idiots et des scélérats la posséder ; nul n’a jamais pu ni l’humilier ni l’asservir.
Il faut, pour être applaudi au théâtre, que l’auteur possède, indépendamment des qualités littéraires, un peu de ce qui constitue le mérite des actions politiques, la connaissance des hommes, de leurs habitudes et de leurs préjugés.
La réalité a pour symbole une planche partagée en cases sur laquelle le poète peut jouer le vulgaire jeu de dames ou le royal jeu d’échecs, selon qu’il ne possède que de simples morceaux de bois rond, ou des figures artistement taillées164 — Le besoin d’effacer en soi toute originalité pour se faire une surface unie a donné aux Français pour les termes généraux un goût contraire au vrai style comique.
Pour parvenir à ce bel ordre, l’historien doit embrasser et posséder toute son histoire ; il doit la voir tout entière comme d’une seule vue ; il faut qu’il la tourne et qu’il la retourne de tous côtés jusqu’à ce qu’il ait trouvé son vrai point de vue.
Richepin a dû, ce jour-là, prendre le mot théâtre dans une de ses vieilles acceptions, — théâtre de l’Europe…, théâtre des curiosités de… Cette réserve faite (elle est sans importance), toutes ces saynètes, qui se jouent elles-mêmes dans un cerveau de littérateur, cette indignation contre le bourgeois non artiste qui soulevait déjà le poète de la Chanson des gueux … C’est cette haine qui inspire les saynètes où Polichinelle triomphe de Pierrot, dans cette gamme de la concurrence vitale qui s’appelle la peinture des portraits, en démontrant la supériorité du miroir où l’on se voit, de ses yeux prévenus, sur la tenace recherche technique et le souci de pittoresque et de caractère qu’un peintre peut posséder.
Quel est le philologue de nos jours qui apporte dans ses recherches l’ivresse des premiers humanistes, Pétrarque, Boccace, le Pogge, Ambroise Traversari, ces hommes si puissamment possédés par l’ardeur du savoir, portant jusqu’à la mysticité la plus exaltée le culte des études nouvelles dont ils enrichissaient l’esprit humain, souffrant les persécutions et la faim pour la poursuite de leur objet idéal ?
Il serait nécessaire avant tout que nous eussions des lois sur les associations, les fondations et la faculté de tester, analogues à celles que possèdent l’Amérique et l’Angleterre.
Il est plein d’invention, de chaleur, d’expression et de verve ; il trouve les plus beaux caractères de tête, sa scène est pleine de mouvement ; mais il est sec, il est dur, il est discord, et je ne me soucierais pas de posséder un de ses tableaux, je sens que la vue continuelle m’en chagrinerait.
Mais on ne sent pas quand on le lit ce que nous recherchons, même en histoire : le voisinage d’une âme qui chauffe la nôtre, ou bien cette âpre froideur de l’intelligence qui finit, comme la neige, par brûler autant que le feu, et que possèdent seuls les grands historiens, les grands observateurs de la nature humaine dont la pensée est toutes les passions.
On pourrait peut-être l’éclairer encore par l’aperçu, par l’originalité du jugement ; mais, pour cela, il faudrait une impartialité et une profondeur que depuis longtemps Michelet ne possède plus.