On l’a dit cent fois, quiconque livre ses Ouvrages au Public, reconnoît chaque particulier pour son Juge.
Il y a une logique propre à l’ecclésiastique, connue sous le nom de Lieux théologiques ; c’est un parallèle des autorités entre elles : de l’autorité de la raison, de l’autorité de l’Écriture, des conciles généraux et particuliers, des Pères considérés séparément et entre eux sur telle matière ou sur telle autre, des docteurs de l’Église, des grands hommes, de la tradition et des monuments ; logique de théologien à théologien, fort différente de celle d’un homme à un homme et d’un théologien à un philosophe.
Mais laissons là l’effet de ces productions sur les mœurs de la nation, restreignons-le aux mœurs particulières.
C’est justement le fossoyeur d’Hamlet, — un aimable et solide garçon, un good fellow s’il en fut oncques, et qui en vieillissant a continué de plaisanter, mais à la plaisanterie duquel l’habitude de creuser des trous dans la terre et d’y mettre ou d’en ôter des morts a donné une profondeur et un caractère très particuliers, mais puissants… Eh bien, est-ce que le temps du rieur d’Hamlet, de ce creuseur de fosses qui voit toutes les espèces de creux, serait arrivé pour Monselet, ce travailleur aussi après décès, comme le fossoyeur de Shakespeare ?
Demogeot, sans ce dernier chapitre qu’il aurait été si piquant d’oublier, nous ne saurions pas trop, en vérité, à quel système d’idées, à quel ordre de convictions générales ou particulières appartient l’auteur de ce livre, exclusivement littéraire.
Aussi l’est-il correctement, honorablement, mais si exclusivement, qu’en faisant une étude particulière de son ouvrage on pourrait faire une étude générale du professeur, qui trouve sa chaire trop petite et veut l’élargir par un livre.
Il s’y agit de la Révolution d’Angleterre, il est vrai, mais la Révolution d’Angleterre, c’est toujours de la révolution, c’est toujours, sous une forme particulière et avec une date, l’amour ou l’effroi des nations modernes, la grande idée qui, comme un glaive, coupe pour un moment le monde en deux !
II Elle a son originalité particulière et relative.
L’auteur des Ruines, qui a, par parenthèse, des vues particulières en Histoire, lesquelles ne manquent ni de justesse inattendue, ni de profondeur, pose dans son livre qu’il n’y eut de France monarchique qu’à partir de Hugues Capet.
Il est inférieur aussi, après avoir conclu au particulier dans chacune de ces biographies intellectuelles, de n’avoir pas su conclure au général, et après avoir fait passer philosophes et systèmes par le creuset de l’analyse, de n’avoir pas jaugé d’un dernier regard la puissance en soi de la philosophie !
Indépendamment du génie très particulier, très vigoureux et très profond, qu’il fallait pour cela, il fallait de plus une aire d’observation proportionnée à ce genre de génie, c’est-à-dire une de ces vies naïves, primitives et fortes, que dans les villes on ne connaît plus.
Cette érudition si particulière et si malsaine, Edgar Poe, le tempérament américain, le puffiste immense dans l’ordre de l’imagination, le visionnaire qui fit entrer dans les constructions de la plus idéale ou de la plus sombre fantaisie une force de calcul digne de Pascal, en fut certainement moins victime que de l’ivrognerie, son vice favori, qui le tua !
Henri Mürger a cela de particulier que le succès littéraire qui lui fut facile ne lui amena pas, comme c’est son usage le plus souvent, sa sœur, cette vilaine petite sœur, dont on ne peut se passer et qui s’appelle la Fortune.
Pécontal enlève la légende avec un charme particulier de grâce et de mélancolie.
II C’est qu’en réalité, — au fond, — Henri Heine n’est qu’un poète, et que, comme tous les poètes, il porte dans la vie morale des impuissances particulières à ces enfants terribles et charmants.
Ajoutez les institutions particulières de chaque ville, et celles de la Grèce entière ; ces fêtes, ces jeux funèbres, ces assemblées de toutes les nations, les courses et les combats le long de l’Alphée, ces prix distribués à la force, à l’adresse, aux talents, au génie même ; des rois venant se mêler parmi les combattants, les vainqueurs proclamés par des hérauts, les acclamations des villes sur leur passage, les pères mourants de joie en embrassant leurs fils vainqueurs, et leur patrie à jamais distinguée dans la Grèce, pour avoir produit de tels citoyens.
Toute l’ancienne géographie est pleine de semblables aræ ; et pour commencer par l’Asie, Cellarius observe que toutes les cités de la Syrie prenaient le nom d’Are, avant ou après leurs noms particuliers ; ce qui faisait donner à la Syrie elle-même celui d’Aramea ou Aramia.
Ce mot « ma gloire » revient continuellement, avec ce sens particulier, dans les romans de l’époque, et les Chimène, les Pauline, les Émilie et, mieux encore, les Pulchérie, les Laodice, les Rodelinde, l’ont toujours à la bouche. […] Il faut, de plus, admettre la philosophie particulière de Rémonin et la vieille théorie romantique du droit absolu de la passion (niée ailleurs par M. […] J’avoue qu’il a raison sur les points particuliers qu’il discute et que, par exemple, j’avais un peu trop excusé le duc de Septmonts. […] La petite gantière Gabrielle montre si joliment dans sa subite métamorphose en grande dame (encore qu’il y reste de la gantière ainsi qu’il fallait) la particulière souplesse de l’animal féminin dans la grand’-ville ! […] Ne dois-je pas vous expliquer que je me trouve, pour entendre un drame sur Jeanne d’Arc, dans des dispositions particulières qui ne me laissent presque aucune liberté de jugement ?
De tous ces éléments contradictoires combinés et pétris ensemble, et de bien d’autres que j’ignore, il était résulté à la longue dans cette nature poétique et fine une infiltration sensible, une ironie particulière qui n’était qu’à lui, — l’ironie de l’ange dont la lèvre a bu à l’éponge imbibée de vinaigre et de fiel. […] Une circonstance particulière et que j’allais oublier avait contribué, dès les premiers moments du discours de M. […] Il est un feu sacré d’une nature particulière qui, chez quelques mortels privilégiés, accompagne et rehausse l’étincelle commune de la vie.
Quoiqu’il ait eu, comme La Fontaine, le tort de préférer dans le particulier les Jeannetons aux Climènes, il savait ce que valent les Climènes, et il les rechercha, il les convoita sans cesse ; il se frottait à elles, sauf à s’y brider. […] — Depuis lors, soit que l’élément féminin ou femmelin (comme l’a nommé un censeur austère) ait augmenté et redoublé chez les auteurs, soit que les femmes, de plus en plus appelées à l’initiation littéraire, aient répondu de plus en plus vivement, chaque écrivain célèbre a eu son cortège nombreux de femmes ; et si l’on retranche même ce qui est de la mode, de l’engouement, ce qui ne signifie rien en soi, puisque telle femme qui se jetait à la tête de lord Byron, de Chateaubriand ou de Lamartine, à leur moment, se serait jetée en d’autres temps à la tête d’un autre, il reste bien des physionomies particulières, distinctes, bien des figures non méconnaissables, dont l’entourage et l’accompagnement aideraient à définir le génie propre de l’écrivain et du poète ; car on aime si bien un auteur et on ne le préfère si décidément à tous, que parce qu’on s’apparente par quelque côté avec lui. […] Nous en montrerons un exemple particulier dans ses relations avec l’une des correspondantes que le recueil publié par MM.
Il leur insinuait les grands principes d’où dépend le bonheur de l’homme vivant en société ; il entrait dans les plus petits détails des obligations particulières à leur état. […] L’observation de ces lois, la conformité à ces usages, la pratique de ces cérémonies, font la troisième de ces vertus capitales, celle qui assigne à chacun ses devoirs particuliers, c’est-à-dire l’ordre. […] XXX Écoutons maintenant ce qu’il dit au roi, qui l’interroge sur les devoirs particuliers des ministres-philosophes chargés du soin du gouvernement.
Il faut distinguer deux temps très différents, deux époques, dans les jugements de Goethe sur nous et dans l’attention si particulière qu’il prêta à la France : il ne s’en occupa guère que dans la première moitié, et, ensuite, tout à la fin de sa carrière. […] Mes relations avec lui avaient un caractère de tendresse tout particulier ; c’étaient celles de l’écolier avec son maître, du fils avec son père, de l’âme avide d’instruction avec l’âme riche de connaissances. […] Au contraire, Schiller, qui, entre nous, était bien plus un aristocrate que moi, mais qui bien plus que moi pensait à ce qu’il disait, Schiller avait eu le singulier bonheur de passer pour l’ami tout particulier du peuple.
Toute sa doctrine sort de la constitution particulière de son moi, et des conditions où ce moi a pris le contact de la société. […] A prendre le premier discours à la lettre, il paraît douteux que les lettres et les arts soient des agents de corruption ; et la lettre à Dalembert provoque bien des objections, soit dans ses conclusions générales, soit dans ses jugements particuliers, comme lorsque Molière est convaincu d’avoir rendu la vertu ridicule par le personnage d’Alceste. […] Aussi l’a-t-il mise dans son œuvre à la place d’honneur ; et, dans le sens particulier où nous prenons ici le mot, on peut dire qu’il a ramené son siècle à la nature.
Il faut chercher la part du tour d’imagination particulier à cette époque, et la part de ce bon sens, commun à toutes les époques de notre histoire, et qui, d’un siècle à l’autre, se développe et se perfectionne, en demeurant le même. […] Je lui en fais un mérite particulier, parce qu’à chacun des nouveaux personnages qu’il introduit sur la scène, répond ou quelque sentiment vrai omis par ses prédécesseurs, ou quelque nuance mieux observée, ou une gradation plus exacte. […] Ce sont toutes ses dispositions particulières et ses humeurs, tristes ou gaies, le plus souvent imitées de la poésie italienne et de Pétrarque en particulier, dont les sonnets avaient mis à la mode le raffinement dans l’amour.
Bossuet sait le rapprocher de nous en nous élevant vers lui, et l’employer, sans le commettre, à l’œuvre de notre correction particulière, réussissant tout à la fois à ne pas nous enorgueillir par le prix auquel il nous estime, et à agrandir l’idée que nous avons de Dieu. […] Il sort de tout cela une première morale, plus forte et plus efficace peut-être que toutes les prescriptions particulières : c’est un sentiment profond de la misère de l’homme et de l’impossibilité pour nous de n’en pas chercher le remède. […] Il est admirable avec quelle simplicité sévère Bourdaloue moralise ; le goût lui en était venu du devoir, du sentiment de l’utilité, bien plus que d’un tour d’esprit particulier.
Alors intervient un motif qui sous cette forme semble tout à fait étranger au premier ; c’est un appel puissant et large des cuivres doucement répété en hauteur par les flûtes ; puis un troisième motif qui semble également particulier, que nous analyserons à son tour, et à la fin duquel (p. 5, lignes 2, 5, 6), réapparaît la terminaison E du motif fondamental. — Celui-ci revient alors et forme toute la fin de l’ouverture, et successivement toutes ses fractions se mettent en évidence : d’abord A, B et C ensemble, puis B, qui s’altère de différentes façons ; et le motif A, B, C, revient encore trois fois, toujours arrêté par B qui se représente obstinément de plus en plus altéré, jusqu’à ce que D arrive à son tour ; E apparaît ensuite et semble une réponse à D et prend même à un moment un développement considérable ; et, à plein orchestre, une complication expressive met en valeur les notes finales qui se trouvent ici n’être plus autre chose que la répétition de B, au point d’être suivies enfin de D. qui s’affaisse bientôt, tandis que les bois reprennent, faiblement et de plus en plus en hauteur, le motif ascensionnel qui semble ici fuir, en se dissipant dans les hauteurs de l’orchestre, le milieu sonore encore troublé par les successifs déchirements et les vertigineuses éducations du motif fondamental. […] Nous avons sous les yeux un catalogue complet de chacun des motifs que l’on trouvera sur notre tableau et de quelques autres qui n’ont pu y trouver place ; la page et l’appréciation du rôle dramatique de chaque motif à chacune de ses apparitions y sont notées avec soin, mais nous épargnerons à nos lecteurs ce long catalogue qui n’intéresse que pour la poursuite d’un détail particulier et qui encombrerait notre exposé. […] On se reportera à la traduction de Tristan par André Miquel (Paris, Gallimard, « Folio Théâtre », 1996) et, particulièrement, à la préface dans laquelle le traducteur analyse le style particulier de l’écriture du livret de Tristan.
Charpentier, toute particulière personnalité, poète scientifique, critique d’unique valeur en la génération montante. […] Kahn énonçait que le Vers-Libre « doit exister en lui-même par des allitérations de voyelles et de consonnes parentes » : ce qui dérive de mes valeurs de timbres-vocaux. « L’évolution de l’idée génératrice de la strophe crée le poème particulier ou chapitre en vers d’un poème en vers », disait-il encore. […] Et constamment, il pourra et devra suggérer sa présence innombrable et ses lois, et signifier émotivement toute chose particulière en rapport, donc, avec la Signification totale.
Plutôt ayant tout vu, senti, appris, il s’en déleste par l’oubli, qui est pareillement mémoire, et de la synthèse du complexe se refait la simplicité première (Filiger, Bernard…), uniprimauté qui contient tout, comme l’un insexué engendre tous les nombres, portraiturant de chaque objet au lieu de la vie l’être, ou synonymes : le principe de synthèse (incarné particulier), l’idée ou Dieu. […] Il est vrai (très) que l’éternel est recelé en chaque particulier, que chaque particulier est l’éternel avec quelque épiderme de masque, et que j’aime mieux l’artiste qui, au lieu d’éternel abstrait offert, se contente d’accentuer — si peu — l’éternel âme versé : du ciel et de la mémoire ; dans ces transparents, corps de contingence.
Déterminer la nature, le nombre, l’intensité de ces causes, c’est affaire aux sciences particulières, météorologie, chimie, physiologie, ethnologie, économie politique, etc. […] Il ne cesse de répéter qu’il faut d’abord observer scrupuleusement les êtres, déterminer ce qui est particulier à chaque espèce avant de rechercher ce qui est commun à un grand nombre ou à toutes. […] Ce sont, semble-t-il, pour les animaux pourvus de sang (vertébrés) : les animaux vivipares, quadrupèdes (ζωοτοχούντα έν αύτοίς), à côté desquels sont placées comme γένος particuliers, les baleines ; les oiseaux ; les quadrupèdes ovipares (τετράποδα ή αποδα ώοτοχούντα) ; les poissons. — Pour les animaux exsangues (invertébrés) : les mollusques (céphalopodes) ; les crustacés (μαλαχόστραχα) ; les insectes, les testacés (δοστραχοδέρματα, gastéropodes, lamellibranches).
Tout le long de la côte occidentale, habitée par une faune marine toute particulière, les couches tertiaires sont si peu développées, que plusieurs des faunes marines successives, toutes spéciales aux diverses formations de cette période, ne laisseront probablement aucune trace de leur existence aux âges géologiques futurs. […] C’est, du reste, un inconvénient inévitable de la forme logique des langues où le signe, moins particulier et moins analytique que l’idée, la remplace en l’altérant toujours plus ou moins. […] Il faudrait donc, pour vider le débat avec toute connaissance de cause, recourir à des expositions ou à des congrès généraux ou particuliers de fossiles où chaque musée et chaque amateur enverrait ses collections, afin qu’il fût fait un classement général des espèces dans les genres, des variétés dans les espèces et des individus dans les variétés.
Mais ces mâles considérations, qui simplifient tout dans l’histoire de la Saint-Barthélemy et qui couvrent les faits particuliers, les horreurs de détail, le massacre à l’heure, et toute cette frauduleuse mise en scène des partis vaincus, ont échappé au jeune historien. […] Il ne voit pas même ce qu’il y a de vrai et de révélateur sur l’état exaspéré des partis en 1572 dans les lettres de Charles IX à ses gouverneurs et aux Ligues : « C’est un accident advenu ces jours passés dans la ville de Paris à la suite d’une querelle particulière arrivée à telle rage, etc. » Et cependant il cite ces paroles à la fin de son volume, mais il les cite comme des justifications après l’évènement. […] Sans ces connaissances générales, il n’est pas d’histoire particulière dans l’histoire du catholicisme que l’historien pût toucher, tant les mailles de ce magnifique réseau rentrent profondément les unes dans les autres, tant le fil électrique de la tradition, remué à une place, tressaille et vibre dans toute sa longueur, de l’une à l’autre de ses plus distantes extrémités !
Aussi ne faut-il pas s’étonner si les mêmes penseurs qui considèrent tout mouvement particulier comme relatif traitent de la totalité des mouvements comme d’un absolu. […] Établir ces rapports tout particuliers entre des portions ainsi découpées de la réalité sensible est justement ce que nous appelons vivre. […] Mais si vous supprimez ma conscience, l’univers matériel subsiste tel qu’il était : seulement, comme vous avez fait abstraction de ce rythme particulier de durée qui était la condition de mon action sur les choses, ces choses rentrent en elles-mêmes pour se scander en autant de moments que la science en distingue, et les qualités sensibles, sans s’évanouir, s’étendent et se délayent dans une durée incomparablement plus divisée.
C’est la désespérance la plus complète, sous la forme ironique, la forme particulière au désespoir français. « Nous y sommes ! […] Je me reposais de la composition d’un bouquin, par la composition originale d’une collection particulière, d’un meuble, d’une reliure. […] J’avais lu dans un journal que c’était le bruit particulier des boulets pleins. […] Puis, par ces zigzags, particuliers aux conversations vagabondes, la parole de Renan va au prince Napoléon, et à son voyage dans les mers du Nord. […] Ces hommes ont une pâleur particulière, avec un regard vague qui m’est resté dans la mémoire.
La crise de l’héritage Or l’idée qui justifie politiquement les intérêts particuliers ne peut être que celle de l’intérêt général, non seulement de l’intérêt général actuel, coupe faite par la génération présente, mais de l’intérêt général durable, héréditaire, l’intérêt de la richesse plus que l’intérêt des riches, l’intérêt du fonds plus que l’intérêt du revenu. […] Ce mouvement de démocratie interne modérée et d’adhésion à la démocratie externe, en lui-même, ne gêne pas beaucoup l’Église, dont l’organisation est si souple, qui n’est liée à aucun système particulier de gouvernement, et qui a, pour s’accommoder en France au régime démocratique, toutes sortes de raisons, dont l’une tient dans la définition célèbre : la démocratie est le nom qu’on donne au peuple quand on a besoin de lui. […] Bossuet, dans la Politique tirée de l’Écriture sainte, rappelle que Jésus a eu une pensée particulière pour son pays, et qu’il a pleuré en annonçant la ruine de Jérusalem comme en perdant son ami Lazare. […] Cela d’ailleurs n’est pas si méchant qu’il le paraît au soupçonneux Martégal, et signifie surtout que chacune des familles spirituelles de la France, y compris la jacobine (qu’on ne peut pourtant pas tuer) a ses raisons particulières de se sentir fière d’être française : les unes en regardant la Colonne, les autres en invoquant la Révolution, et ceux-là en pensant au roi de France. […] L’idéal socialiste n’est jamais épuisé par la réalisation d’un but particulier, alors que l’idéal radical a subi, du fait de la séparation, une crise qui dure encore : pas plus que l’idéal chrétien n’est épuisé par une réussite particulière, soit par la vie d’un saint.
J’avais demandé cet arrangement, afin de pouvoir connaître mes élèves, saisir leur prononciation et m’accoutumer promptement à ma nouvelle profession, tandis qu’entre temps, je me préparerais à donner d’efficaces leçons particulières suffisamment rémunératrices. […] Par la suite, je donnai des leçons particulières, dans le voisinage, à un jeune homme qui préparait l’École militaire de Wolwich, puis au vicaire de Sibsey, homme jeune encore, calme, instruit, très orthodoxe dans son anglicanisme, et qui vivait en toute dignité, avec ses enfants et ses livres. […] Un citadin de Boston eût pris beaucoup d’agrément à ces leçons données à un Allemand par un Français, dans un langage que nous comprenions tous deux, mais que nous prononcions également mal, avec un accent particulier et du professeur et de l’élève. […] Aussi c’est le fait d’être un conte, tragique, grotesque, philosophique ou fantastique, attribut particulier au drame Shakespearien, qui le rend perpétuellement amusant, d’autant plus que, bien entendu, la grille du maître s’y retrouve toujours. […] Mais en ce moment, je ne puis trop le dire, j’éprouve une émotion bien particulière, et je voudrais vous demander instamment votre bienveillante attention.
De-là le droit particulier & le droit public, que l’ambition seule a distingués, & qui ne sont l’un & l’autre que le droit naturel plus ou moins étendu, mais soumis aux mêmes principes. […] Il a cela de particulier, qu’il exige à la rigueur la plus exacte vraissemblance, & qu’il n’a pas besoin d’être imprévû ; souvent même il n’est comique, qu’autant qu’il est annoncé. […] Encore est-ce peu que chaque scene ait son intérêt particulier, il faut qu’elle concoure à l’intérêt général de l’action ; que ce qui la suit en dépende, & qu’elle dépende de ce qui la précede. […] Quelque bien adapté que soit l’exemple à la moralité, l’exemple est un fait particulier, la moralité une maxime générale ; & l’on sait que du particulier au général il n’y a rien à conclure. […] Nous les réléguons dans des mémoires particuliers, comme peu dignes de la majesté de l’histoire.
Dieu l’a pétri d’une matière rare et particulière. […] De là, cette conclusion : quand on veut faire du théâtre, il s’agit d’oublier la vie et de manœuvrer ses personnages d’après une tactique particulière, dont on apprend les règles. […] Certainement, j’admets une éducation de l’oreille, un sens particulier du beau musical ; je veux bien même qu’on ne puisse pénétrer les grands maîtres qu’avec un raffinement extrême de la sensation. […] Cela est un art tout particulier, qui regarde le peindre décorateur et le machiniste. […] Elle est la conséquence de toute une série d’études, la constatation finale d’un critique qui s’est mis à un point de vue particulier.
Je n’étais jamais complètement d’accord, ni avec l’un ni avec l’autre, car mon Christ avait aussi moulé sa forme particulière selon celle de mon esprit. […] Une fois pour toutes, il a pris la résolution « de laisser agir selon ses tendances particulières sa nature, et de laisser la nature extérieure agir sur lui selon ses qualités ». […] Les prévenances dont il la combla la flattèrent sans qu’elle en fut plus troublée que son fiancé, étant, « selon sa nature, plus disposée à une bienveillance générale qu’aux inclinations particulières ». […] Malheureusement, tu étais, à mon arrivée, dans un état d’esprit particulier, et je dois avouer que la manière dont tu me reçus, et dont d’autres me reçurent, m’a été extrêmement sensible. […] Une des originalités de Goethe, c’est, une fois cette transformation constatée, d’en avoir fait à la fois la méthode de son esthétique et le principe essentiel de sa morale particulière.
Tourguénef a surtout peint avec un soin particulier un type adorable de jeune fille, qui se retrouve dans plusieurs de ses compositions. […] quel talent particulier nous avons pour finir ainsi, nous autres Russes ! […] Il n’est pas jusqu’au goût si naturel et si instinctif des femmes pour la parure, qui n’ait pris dans ces derniers temps un caractère tout particulier. […] C’est une succursale de la cassette particulière, à laquelle le public sera admis à porter son offrande. […] Cette question a d’autant plus d’importance pour l’Exposition anglaise, qu’elle est, comme on le sait, une entreprise particulière.
» Pour avoir longuement médité l’œuvre de ses devanciers, Mme de Noailles sait la place qu’y tient cette conception particulière de l’amour fondée sur le culte de la sensation exclusive, absorbante et asservissante. […] Mais qui donc serait habile à le présenter ainsi, s’il n’était doué, au préalable, de ce genre particulier de vision ? […] Tâchons de reconstituer en elle la série des étapes qui aboutissent à cet effet particulier de condensation poétique, grâce à quoi l’on enferme, en la traduisant, une émotion vécue. […] Et ce n’est pas seulement impénétrabilité particulière, difficulté d’adaptation, qui fait que deux âmes rapprochées par la vie ne sont pas plus rigoureusement pareilles que deux feuilles assemblées aux souffles de la forêt. […] Je reviens à cette forme particulière de la lutte pour la vie qu’est un livre imprimé.
S’il n’y a pas une seule ligne de son livre unique qui, depuis le premier instant de la publication, ne soit venue et restée en lumière, il n’y a pas, en revanche, un détail particulier de l’auteur qui soit bien connu. […] Il résulte d’une note écrite vers 1720 par le Père Bougerel ou par le Père Le Long, dans des mémoires particuliers qui se trouvaient à la bibliothèque de l’Oratoire, que La Bruyère a été de cette congrégation137.
Circonstances particulières qui évoquent à tel moment telle image plutôt que telle autre. — Exemple. — Soit par contiguïté, soit par similitude, l’image qui renaît a déjà commencé à renaître. — Pourquoi la renaissance partielle provoque la renaissance totale. […] Il en est alors de nous comme d’une dissolution où se construit un cristal ; les particules qui d’abord étaient indifférentes à toute structure particulière se prennent en bloc dans un ordre fixe ; à leur équilibre instable succède un équilibre stable dont la direction précise et rigide résiste aux diverses agitations de l’air et de la liqueur.
En d’autres termes encore, nous imaginons la sensation tactile particulière qui correspond d’ordinaire à cette sensation visuelle, et que nous donnerait une canne effectivement courbée. […] Lorsque le paysage, la figure agissante, le geste et la voix du personnage commencent à surgir et à se préciser, on attend, on retient son souffle ; quelquefois alors, tout apparaît tout d’un coup ; d’autres fois, c’est lentement, après des intervalles de sécheresse. — Mais, dans les deux cas, ce qui apparaît est attendu, voulu, ou du moins compris dans le cercle lâche des images attendues et voulues, puis tout de suite employé, mis à profit par la main qui écrit et note, partant suivi à l’instant de sensations répressives, en tout cas marqué dès sa naissance d’un caractère particulier qui est la propriété d’éclore par un effort personnel, dans une direction prévue, après une recherche préalable, comme un effet du dedans et non comme une impression du dehors ; de sorte que, après un éclair et un éblouissement, les sensations habituelles, tactiles, musculaires ou visuelles, peuvent sans difficulté reprendre leur ascendant normal, et, jointes à la file des souvenirs positifs, refouler le fantôme affaibli dans le monde imaginaire. — Une suite d’hallucinations très courtes qui, étant voulues, peuvent être et sont effectivement rompues et niées à chaque instant par la perception plus ou moins vague du monde réel, voilà la vision pittoresque ou poétique, très différente, comme le dit M.
Rabelais, outre la poésie, où il passait pour exceller, s’occupait aussi de théologie, mais, à ce qu’on peut croire, sans vocation particulière, et seulement comme d’une des branches de la science universelle. […] Tant de savoir dans des ordres d’idées si divers, tant de langues mêlées ensemble, tout cet amalgame de l’ancien et du moderne, de la matière et de l’esprit, de l’universel et du particulier, produisit dans cette tête vaste et active une sorte de fermentation d’où naquit cet ouvrage extraordinaire, dans lequel l’érudition est une ivresse, et le génie une débauche d’esprit.
A qui croit-on, par exemple, qu’il fasse allusion dans les lignes qui suivent : « Et ici, Ménandre, avant que de passer outre, admirons ensemble les moyens dont Dieu se sert pour procurer le repos du monde, et le soin qu’il a de trouver quelquefois le bien public dans le malheur des particuliers. […] La cour eût été un autre sujet non moins pratique, soit que l’on considérât les nouveaux rapports de la noblesse avec la royauté victorieux de toutes les souverainetés particulières, soit qu’on l’observât en moraliste et sur le lieu même.