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1838. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Il est bon qu’il reste quelque chose de leur texte authentique, pour donner plus tard à juger l’intelligence du parti conservateur et catholique — du journalisme de notre bord, à mon frère et à moi : « Un chef-d’œuvre d’infatuation en ce genre, c’est le Journal des Goncourt.

1839. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Balzac a échappé par l’énormité de son génie à cette prise de parti mais Michelet et d’autres avaient porté la sensibilité dans l’histoire et dans la chaire ; Sainte-Beuve et M. 

1840. (1894) Textes critiques

L’être qui naît donne à son corps germe sa forme parfaite, baudruche de son âme, la sphère : puis le voilà parti en différenciations rameuses et compliquées, jusqu’à ce que, le beau ressouvenu, il libre derechef en sa primordiale (ou une pareille) sphéricité.

1841. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Tu as été trop indifférent aux causes publiques de ta patrie et du monde, et le choc des verres t’a empêché d’entendre le choc des idées, des opinions, des partis, qui germaient, combattaient, mouraient pour la cause du bonheur ou du progrès du peuple ?

1842. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Il faut en prendre son parti : la sensation est, par essence, extensive et localisée ; c’est une source de mouvement ; — le souvenir pur, étant inextensif et impuissant, ne participe de la sensation en aucune manière.

1843. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

De même, en politique, il ne voudra pas être chef de parti. […] Pendant ces six heures, on passa le temps comme on put ; on chanta, on mangea, et lorsque la rampe commença à s’allumer, le lustre à descendre, la salle à se remplir, les deux partis purent s’observer, se mesurer et se reconnaître.

1844. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Ils se cantonnent, ils se jalousent ; même lorsque Darius et Xerxès viennent envahir leur pays, ils ont de la peine à s’unir ; Syracuse refuse tout secours parce qu’on ne lui accorde pas le commandement ; Thèbes se range du parti des Mèdes. […] Callinos, Alcée, Théognis exhortaient, en vers qu’ils chantaient eux-mêmes, leurs concitoyens ou leur parti.

1845. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

L’Université et les Jésuites tiennent encore son parti contre la Cour et contre l’Académie. […] Cependant, il ne tarda point à endosser de nouveau son harnais de rebelle ; et, un beau matin, mécontent de ceux de son parti, et abreuvé d’amertume, il voulut prendre du service en Allemagne. […] Mais, hélas, mon devoir aux deux partis m’attache, Nul espoir d’aucun d’eux, nul effort ne m’arrache Et je trouve toujours dans mon esprit confus, Et tout ce que je suis et tout ce que je fus.

1846. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Dans ces trois études, je n’ai pris parti pour aucune de ces trois directions hostiles, et, ne vivant chacune que modérément, mais les vivant toutes presque également, j’ai sympathisé avec toutes trois. […] Au commencement de son second et plus important voyage, celui de 1847, il écrit : « J’entends, tu le comprends, tirer un double parti de ce voyage : d’abord faire mon éducation de peintre dans ce long et étroit contact avec la nature. […] Le 28 octobre 1870, en pleine guerre franco-allemande, il écrit : « Je rends grâce à Dieu d’appartenir à un pays et d’avoir une situation qui me permettent de dépouiller mon âme de ces emportements et de ces préjugés vulgaires, et de ne chercher que la justice comme un homme calme. » Malheureusement, cette belle médaille a son revers, cette indépendance Amiel l’emploie surtout comme un prétexte à s’abstenir, et cette neutralité passive l’écœure quand il y voit une manière de ne pas être, une timidité devant l’existence positive et le parti franc, analogue à sa timidité devant l’amour.

1847. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Si les esthéticiens de la forme n’avaient à produire en exemple que des œuvres semblables, ils auraient de la peine à justifier leurs clients du banal reproche que le parti du fond leur adresse, d’être de simples amuseurs et de rabaisser l’art au jeu de la difficulté vaincue. […] Et maintenant, pauvre écrivain, quel parti prendras-tu ? […] Une dose extraordinaire d’intelligence ou, si l’on aime mieux, d’instinct, fait sans doute partie intégrante du génie : or, n’est-ce pas manquer d’intelligence ou d’instinct au premier chef que de comprendre, que de sentir imparfaitement le besoin de l’heure où l’on vit, que de laisser fuir l’occasion sans avoir su en tirer tout le parti qu’elle offrait ? […] Serait-ce que, pendant une centaine d’années, la supériorité du talent s’est rencontrée toute du côté de l’orthodoxie, jusqu’au jour où le génie et la fortune changèrent de parti et, pour une nouvelle période de l’histoire littéraire, fixèrent et retinrent l’éloquence, la poésie et L’art d’écrire dans le camp de l’incrédulité ?

1848. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

A peine est-il parti pour cette petite fête, voilà qu’un ancien amoureux, le musicien Alfred, que ses malheurs ont rendu Hongrois, s’introduit auprès de Mlle Gaillardin. […] Le courage devient presque facile quand il s’impose brutalement, comme une nécessité, et quand le meilleur parti qui s’offre, même au timide, est d’être brave. […] Jacques ne se défend pas plus qu’un Christ et personne ne prend son parti ; cela n’est guère naturel.

1849. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Il semble qu’il se soit tour à tour placé à quatre ou cinq points de vue fort distincts, parmi lesquels nous distinguons nettement une théorie du péché originel et des figures, puis un développement de la règle des partis. […] On objecte la célèbre formule : « Prenez de l’eau bénite, abêtissez-vous. » Il faut voir où elle est placée, et ceci nous mène à cette seconde série des Pensées qui se résume d’un mot : « La règle des partis. »‌ On connaît cette argumentation quasi insolente pour la religion dans sa témérité. […] Rarement antithèse plus étrangement et plus complaisamment prolongée n’a isolé davantage un homme dans les partis pris de son orgueil et de sa chimère. […] C’est bien un raccourci des mœurs d’une époque, et que l’on aime ou non ce singulier livre, exécuté avec un si vigoureux talent dans un parti de grisaille et de monotonie, il est impossible de ne pas se dire ; en le fermant, que l’on vient d’assister au détail d’une existence comme il s’en est produit des milliers de semblables à la même époque et sous le jeu des mêmes circonstances sociales.‌

1850. (1883) Le roman naturaliste

Si ce n’était qu’absence de talent, pauvreté de ressources, stérilité d’un jour qui tâcherait à se couvrir d’une apparence de doctrine, on en prendrait encore son parti, sauf l’espoir d’une renaissance ; mais c’est pis que cela : c’est préoccupation mauvaise et prétention systématique de bouleverser les lois éternelles de l’art. […] C’est que, dans l’école moderne, quand on a pris une fois le parti d’admirer, l’admiration ne se divise pas, et l’on a contracté du même coup l’engagement de trouver tout admirable. […] Celui-là, qui fut aussi dans son temps un conteur à la mode, et qui connut les ivresses de la popularité, quand on lui faisait observer « que ses ouvrages ne se vendaient qu’à raison des endroits libres », répondait que le propos était « d’un libraire borné ». — Mais on n’a pas tiré de la comparaison tout le parti qu’on en pouvait tirer. […] C’est madame Bovary, la mère, négociant le mariage de son fils : « Madame Dubuc ne manquait pas de partis à choisir. […] On y voit un de ces artistes en fourberies, comme il y en a beaucoup dans l’histoire de la Renaissance italienne, qui, débutant par une faute initiale, a beau prendre en toute circonstance, avec une rare perspicacité « le parti le plus raisonnable et le conseil le plus sage » ; non seulement il ne réussit pas à se décharger de la responsabilité de sa faute, mais il n’éloigne le châtiment que pour le subir à la fin plus complet et plus terrible.

1851. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Écartez ces roses, ces tubéreuses, ces violettes immodestes (car Boccace ôte sa virginité même à la fleur) et, tout au fond de ce parterre agité par le vent qui vient de l’Arno, vous rencontrez plus d’une douleur vive et bien sentie, plus d’une tragédie sanglante, plus d’un soupir parti du cœur. […] Ainsi, des deux partis, des deux armées littéraires, il a recueilli les blessés ; il a ramassé les morts sur le double champ de bataille de la poésie ; il a été le témoin affligé de tous ces suicides ; il a assisté à tous ces duels ; il a vu des hommes, amoureux de leur gloire et de leur renommée à ce point qu’ils s’appelaient des dieux, et qu’ils se dressaient à eux-mêmes des autels ! […] Ce bel esprit trop heureux n’a pas le temps de tirer d’un personnage le parti qu’il en pourrait tirer ; il veut vivre, il veut obéir à la fantaisie, à la poésie, à la fortune, au rire intérieur ; prends garde, il arrive le tourbillon ! […] L’un, Moncade, reçoit à son lever une montre d’Araminthe, une agrafe en diamants de Cidalise ; il donne son congé à la femme d’un conseiller, parce qu’elle n’est pas assez riche ; il se laisse aimer de Lucinde, qui est assez riche pour qu’il l’épouse, mais il ne l’épousera que s’il ne trouve pas un meilleur parti ; et cependant il est logé, nourri et vêtu chez cette dame, par cette dame.

1852. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Là, également, est l’explication de la vivacité avec laquelle, dans plusieurs lettres adressées à l’évêque de Castorie, et à un disciple de Malebranche, il a pris parti contre l’auteur de la Recherche de la vérité ou plutôt du Traité de la nature et de la grâce. […] En un mot, la vérité perdrait hautement sa cause, si elle était décidée à la pluralité des voix… La justice, la raison, la prudence sont du côté du petit nombre en cent occasions et tel, qui est seul de son avis, opine plus sagement que tout le reste de la compagnie… Et si vous exceptez les choses qui concernent le gouvernement, parce qu’il n’a pas été possible de se servir de la méthode de peser les voix et non pas de les compter, vous trouverez que rien n’oblige à se soumettre à l’autorité du grand nombre, et qu’on doit prendre l’autre parti, dans les matières historiques ou philosophiques, si la raison le demande, et dans les matières de religion, si la conscience le veut. » (Continuation des Pensées diverses, édition de 1727, p. 193, 191, 195.) […] Mlle de la Force prit le second parti, qu’elle dut tenir onze ou douze ans, de 1702 à 1713. […] Le vieux roi, « élevé dans l’opinion que ce que l’on appelait jansénistes — c’est Saint-Simon qui parle — était un parti républicain dans l’Église et dans l’État », n’avait pas d’ailleurs cessé, depuis les débuts de son règne entier, de persécuter le jansénisme.

1853. (1911) Études pp. 9-261

Une mémoire tourmente l’âme déchue26 Elle s’afflige à la pensée de la dignité d’où elle se voit descendue : Une Idée, une Forme, un Être Parti de l’azur et tombé Dans un Styx bourbeux et plombé Où nul œil du Ciel ne pénètre ; Un Ange, imprudent voyageur Qu’a tenté l’amour du difforme, Au fond d’un cauchemar énorme Se débattant comme un nageur27. […] C’est simplement que Gide est attaché à tout ce qu’il ressent ; il aime ses goûts, il prend le parti de ses préférences, il insiste un peu sur ses penchants ; tant il les trouve agréables, il ne peut s’empêcher de les conseiller aux autres ; il les voit par mille délices récompensés, et se félicite de les éprouver, et invite le lecteur à les essayer à son tour. […] Sans doute il est impossible de ne pas tenir compte d’un assez grand nombre de poèmes révoltés ; la révolte est le sujet même de certains. — Baudelaire s’engage si fort dans le parti de l’imparfait qu’il finit par se tourner contre la perfection.

1854. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

. — Mais c’est un fort bon parti pour elle, a dit madame, cette fille n’a rien ; que pouvait-elle faire de mieux ? 

1855. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Naudé avait toujours admiré et vénéré Campanella (ardentis penitus et portentosi vir ingenii, comme il l’appelle sans cesse), Campanella novateur et investigateur en toutes choses, en philosophie, en ordre social, conspirateur et chef de parti un moment239, et qui du fond d’un cachot obscur retraçait et rêvait sa Cité du Soleil.

1856. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

À la tête d’une poignée d’« hommes tels que lui », c’est-à-dire de huit brigands, le voilà parti pour réaliser son rêve.

1857. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Lui parti, arrive le marchand Corvino, qui apporte une perle d’Orient et un diamant superbe. « Suis-je héritier ?

1858. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

La controverse religieuse et les querelles de parti retentissent autour de lui ; il s’en écarte soigneusement ; au milieu de tous ces chocs, son principal souci est de préserver son écritoire ; c’est un catholique déteint, déiste à peu près, qui ne sait pas bien ce qu’est le déisme ; là-dessus il emprunte à lord Bolingbroke des idées dont il ne voit pas la portée, mais qui lui semblent bonnes à mettre en vers. « J’espère, écrit-il à Atterbury, que toutes les Églises sont de Dieu, en tant qu’elles sont bien comprises, et que tous les gouvernements sont de Dieu, en tant qu’ils sont bien conduits.

1859. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Cette timidité l’a forcé d’user des petits ressorts de la magie, tandis qu’il pouvait tirer un parti immense du tombeau de Jésus-Christ qu’il nomme à peine, et d’une terre consacrée par tant de prodiges.

1860. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

On n’ignore pas quel parti merveilleux l’auteur des Mousquetaires et de Monte-Cristo tirait des mots comme ceux-ci : Oui, non, damnation !

1861. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Les chiens, qui n’avaient pas connu Ulysse, parti avant leur naissance, le reconnaissent et le flattent.

1862. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

D’autres Ecrivains parurent dans cette dispute ; mais ce fut pour se mocquer des deux partis.

1863. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Enfin les guerres civiles des romains, sous leurs cinquante premiers empereurs, étoient des guerres que les armées faisoient les unes contre les autres pour se disputer l’avantage de donner un maître à l’empire, et les deux partis ménageoient les provinces avec autant de soin qu’on ménage dans les guerres, que nos princes chrétiens ne se font que trop souvent, les païs qu’on espere de conquerir et de garder.

1864. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Il est évident que cette idée de la sainteté de la famille purifie l’esprit qui la proclame avec cette vaillante sincérité, surtout au moment où dans le parti qu’on s’est choisi, une telle idée est impopulaire.

1865. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Les ennemis du catholicisme n’avaient pas manqué de voir le parti qu’ils pouvaient tirer, dans l’intérêt de leurs passions et de leurs idées, de ces hommes si romanesquement, si surnaturellement historiques, et dont la gloire trempait, par en bas, dans des calomnies qu’il s’agissait de faire monter toujours plus haut.

1866. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Comme on pouvait s’y attendre, il y prenait le parti des vierges folles ; repoussées par l’Époux, elles marchent en chantant au-devant du soleil, de la joie.

1867. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Les deux partis s’obstinant, la congrégation se retira et laissa le cadavre.

1868. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

» Enfin, voyant tous ses gens perdus, il se retira dans sa tente et prit le parti de sonner son cor ; il monta à la cime des monts, au lieu dont il a été parlé plus haut11, pour que Charles pût entendre, et on dit qu’il sonna si fort que Charles l’entendit. […] Giano di Duccio, comme on l’a vu, y rentrait sans crainte, croyant le parti des Guidotti dépourvu de toutes chances de revanche : Giovanni lui annonça que dans dix jours les exilés seraient redevenus maîtres de la ville ; mais en même temps il lui donna des conseils et un « bref » grâce auxquels il n’aurait rien à craindre d’eux, et tout se passa comme il l’avait prédit. […] Il est probable que le prétendu Buttadeo, qui parcourait sans cesse l’Italie, observait pas mal de choses et savait en tirer parti à l’occasion, ce qui explique à la fois qu’on l’ait traité à Florence avec tant de ménagements et qu’on ait voulut le pendre comme espion à Vicence.

1869. (1925) Comment on devient écrivain

Il y a en critique un mauvais style, le style contourné, qu’il faut fuir à tout prix, tel qu’on le trouve, par exemple, dans les phrases suivantes : « Il ne fallait pas voir dans cette méthode une raison de mépriser une culture qui avait fait ses preuves intellectuelles et qu’avaient adoptée, à travers la vicissitude des luttes et des partis, les hommes les plus éminents par leurs œuvres et leur position sociale, auxquelles tout le monde, à quelque opinion qu’il appartint, rendait hautement justice. » Ou cette autre encore : « Cette théorie séduisit un certain nombre d’écrivains, qui eussent cru manquer au respect des idées de progrès et de démocratie, en défendant les doctrines d’un passé auquel ils devaient une renommée, qu’ils ont le dépit de voir aujourd’hui mépriser par une élite ayant adopté des idées de plus en plus en faveur par la jeunesse toujours avide de nouveautés. […] Il faut donc en prendre son parti ; et, puisqu’on ne peut briser le cadre, tâcher du moins de sauver le sermon par le style. […] Il s’agit de tirer parti d’une inclination impérieuse et de vous créer une notoriété dans un monde composé de personnes profondément indifférentes aux questions d’art et de perfection.

1870. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

C’est qu’il n’y a pas ailleurs que dans les imaginations des philosophes deux bottes de foin toutes pareilles ; et c’est encore qu’un chacun se sent porté, qu’il le veuille ou non, plutôt vers la droite ou plutôt vers la gauche par un instinct secret ; et c’est enfin qu’il faut bien prendre un quelconque parti, quand on est en présence d’une alternative impérieuse. […] Thiers et du maréchal de Mac-Mahon : il a vu naître les mots en iste et les mots en ard, — les uns respectueux, les autres méprisants, — qui désignent le parti auquel on appartient et le parti auquel on n’appartient pas.

1871. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il est saisi par la noble ivresse de l’Intelligence, et cette fièvre d’esprit le travaille d’aller à la véritable raison, à cette assurance très sereine de la raison bien assise… » Cette certitude, le héros de Charleroi, tué sur son canon le chapelet au bras, l’avait rencontrée en suivant la même voie que son grand-père, la voie nationale, mais en allant plus avant, et sans partis pris préalables. […] Si libéral que soit un jury chargé de découvrir ce talent, ceux qui le composent ont leurs partis pris s’ils sont des professionnels, et alors ils favoriseront telle ou telle sorte de manière et d’inspiration. […] Il est permis de prévoir qu’elle n’ira pas très loin et qu’il se formera dans le prolétariat un parti de l’intelligence.

1872. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

» Champcourtier et sa femme raccommodés et partis, le baron arrive enfin. […] Le parti de la reine Juana, d’abord victorieux, l’a, pour quelques semaines, réinstallée sur le trône, puis les rebelles ont été domptés par Charles-Quint ; don Juan, leur chef, décapité, et Juana ramenée au château de Tordesillas. Mais le parti vaincu reste un danger pour l’État.

1873. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Il va se charger lui-même de le dissiper : « Il est absurde, dit-il dans le même livre, de se prescrire une règle de conduite, quand le hasard seul se charge de nous éclairer sur le meilleur parti à prendre. […] je saurais maintenant que le succès va, non à celui qui le mérite, mais à celui qui le mendie, et que pour tirer parti de l’existence il faut être un de ces hommes de liège qui flottent avec l’écume à la surface de tous les événements… « Je croyais qu’avec le sentiment du bien dans le cœur, on était assez fort pour porter le monde… Folie ! […] tout roses et rubis… Fais comme moi, je te dis ; prends le bon parti, bois… bois à crédit, au comptant, comme tu pourras ; mais bois toujours, tu ne penseras plus à rien270… » En face de ce chiffonnier ivrogne mais vertueux, le drame place un misérable comme le banquier des Deux Serruriers, la baron Hoffmann, enrichi par le vol et l’assassinat, type achevé de scélératesse et d’infamie, et sa fille non moins infâme, et digne en tout de lui. […] La spéculation aidant, chaque journal eut son roman en dix ou vingt volumes, qui, auxiliaire complaisant des partis et des sectes, devint ou un dissolvant moral ou un instrument de propagande socialiste.

1874. (1885) L’Art romantique

« C’est pour cette raison que, jusqu’aujourd’hui, les enfants d’Israël ne mangent point du nerf des bêtes, se souvenant de celui qui fut touché en la cuisse de Jacob et qui demeura sans mouvement. » De cette bizarre légende, que beaucoup de gens interprètent catégoriquement, et que ceux de la Kabbale et de la nouvelle Jérusalem traduisent sans doute dans des sens différents, Delacroix, s’attachant au sens matériel, comme il devait faire, a tiré tout le parti qu’un peintre de son tempérament en pouvait tirer. […] Il est impossible, à quelque parti qu’on appartienne, de quelques préjugés qu’on ait été nourri, de ne pas être touché du spectacle de cette multitude maladive respirant la poussière des ateliers, avalant du coton, s’imprégnant de céruse, de mercure et de tous les poisons nécessaires à la création des chefs-d’œuvre, dormant dans la vermine, au fond des quartiers où les vertus les plus humbles et les plus grandes nichent à côté des vices les plus endurcis et des vomissements du bagne ; de cette multitude soupirante et languissante à qui la terre doit ses merveilles ; qui sent un sang vermeil et impétueux couler dans ses veines, qui jette un long regard chargé de tristesse sur le soleil et l’ombre des grands parcs, et qui, pour suffisante consolation et réconfort, répète à tue-tête son refrain sauveur : Aimons-nous ! […] Aussitôt que les affiches annoncèrent que Richard Wagner ferait entendre dans la salle des Italiens des fragments de ses compositions, un fait amusant se produisit, que nous avons déjà vu, et qui prouve le besoin instinctif, précipité, des Français, de prendre sur toute chose leur parti avant d’avoir délibéré ou examiné. […] Il y a sans doute dans l’esprit une espèce de mécanique céleste, dont il ne faut pas être honteux, mais tirer le parti le plus glorieux, comme les médecins, de la mécanique du corps. […] Le pavé sera prochainement inondé de sang. — Vous rencontrez un animal plein de béatitude ; il a sous le bras des bouquins étranges et hiéroglyphiques. — Et vous, lui dites-vous, quel parti prenez-vous ?

1875. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Et c’est de quoi j’ai pris mon parti, et de quoi se sont émues certaines personnes « de la religion ».

1876. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Zola défendait les œuvres et les théories de ses amis littéraires plus encore que les intérêts de son éditeur : car enfin, il ne pouvait logiquement pas prendre le parti des auteurs qui professent des théories directement opposées aux siennes, qui d’ailleurs ont tous des organes pour se défendre quand on les attaque, et, le cas échéant pour attaquer eux-mêmes.

1877. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

» Pour Raoul Duval, la chose menée par des honnêtes gens et des sincères du parti, a été un piège tendu par les orléanistes à leur cousin.

1878. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Aujourd’hui, Daudet venant me voir et me trouvant assez souffrant au lit, il me contait l’ennui de Toudouze, de mon refus, ennui d’autant plus grand, que Daudet lui avait dit qu’il n’en serait, que si j’en étais… Et ma foi, à peine est-il parti que j’envoie un mot à Toudouze, revenant sur mon refus, et cela je puis le dire, rien que pour lui être agréable.

1879. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Si la présence des mêmes espèces en des points distants et séparés de la surface du globe peut, dans les cas les plus nombreux, s’expliquer par l’hypothèse que chaque espèce a émigré peu à peu d’un berceau unique ; alors, sachant d’autre part quelle est notre ignorance à l’égard des changements climatériques et géographiques qui ont eu lieu anciennement, ainsi que des moyens de transport accidentels et variés de chaque espèce, le plus sûr parti sera, ce me semble, de croire à l’universalité d’une telle loi.

1880. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— S’il faut motiver ma réponse, je dirai, probablement après d’autres, que Victor Hugo me semble notre plus grand poète parce qu’il a tiré le meilleur parti des ressources propres au vers.

1881. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Nous prétendons au contraire que la perception réfléchie est un circuit, où tous les éléments, y compris l’objet perçu lui-même, se tiennent en état de tension mutuelle comme dans un circuit électrique, de sorte qu’aucun ébranlement parti de l’objet ne peut s’arrêter en route dans les profondeurs de l’esprit : il doit toujours faire retour à l’objet lui-même.

1882. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Et pourtant il ne faudrait pas tirer parti de ce contraste pour déprécier des religions qui, nées du mysticisme, ont généralisé l’usage de ses formules sans pouvoir pénétrer l’humanité entière de la totalité de son esprit.

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