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1000. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Il ignorait, certainement, quel personnage j’étais, pour me faire une pareille proposition, et ma surprise fut aussi grande que ma colère. […] … On plaignait la nourrice d’être obligée de supporter un pareil démon. […] Qu’est-ce que ces gens pouvaient bien faire là à une pareille heure ? […] On le tirait par les pieds… il manqua de faire tout échouer… plutôt que d’en abandonner un seul, aucun ne serait parti… on n’oublie pas un pareil quart d’heure. […] À trois des parois était fixée une barre de bois, pareille à une rampe d’escalier, à laquelle on se tenait pour les exercices.

1001. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Et la bataille se passait au milieu d’un cercle de ses pareils, observant une parfaite neutralité, et se reculant et se rangeant pour laisser le champ aux coups de poing. […] Et pendant ce travail de compression et d’étouffement, une vie de flamme est venue aux yeux du serpent, le terne de sa peau a disparu sous un vernissage comme produit par une petite suée, qui fait les squames de son dos pareilles à de l’écaille blonde, semée çà et là, de ronds noirs semblables à des armoiries de shoguns japonais, tandis que les squames jaunâtres du ventre se nuancent du beau jaune impérial d’un émail chinois. […] Et je m’enfonce au milieu de ces effigies d’une humanité antérieure à Jésus-Christ de 2 500 ans, je m’enfonce parmi ces femmes jaunes, à la taille menue, aux hanches peu développées, aux cuisses charnues, à la chevelure pareille à celle de la fille de Seti II, dont le noir des cheveux était le noir de la nuit , vêtues d’une robe-chemise ouverte en triangle au milieu de la poitrine, les bras ornés de bracelets composés de douze anneaux, et qui, coquetterie bizarre, ont le dessous des yeux maquillés d’une bande de couleur verte. […] C’est extraordinaire, mon œil a été transformé en un cliché de photographie coloriée, et aucun spectacle de ce monde ne laisse en moi une image pareille. […] Une demoiselle, à laquelle j’ai fait la cour, dans les temps passés, arrivant dans un grand manteau de deuil, de la traîne duquel sortait soudain, un petit prêtre, pareil à ces diablotins jaillissant d’une boîte, qui, un papier à la main, l’étendait sur mon lit, et me faisait signer un mariage in extremis.

1002. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Sur la houle sauvage du chaos, dans l’air de plomb, il n’y a que des flamboiements brusques d’éclairs révolutionnaires ; puis rien que les ténèbres, avec les phosphorescences de la philanthropie, ce vain météore ; çà et là un luminaire ecclésiastique qui se balance encore, suspendu à ses vieilles attaches vacillantes, prétendant être encore une lune ou un soleil, —  quoique visiblement ce ne soit plus qu’une lanterne chinoise, composée surtout de papier, avec un bout de chandelle qui meurt mal-proprement dans son cœur. » Figurez-vous un volume, vingt volumes composés de tableaux pareils, reliés par des exclamations et des apostrophes ; l’histoire même, son Histoire de la Révolution française, ressemble à un délire. […] Le public européen s’étonnait de voir tant d’imagination et si peu de bon sens, des prétentions si ambitieuses et des théories si vides, une pareille invasion d’êtres chimériques et un tel regorgement d’abstractions inutiles, un si étrange manque de discernement et un si grand luxe de déraison. […] Une pareille habitude bouche les yeux sur la moitié des choses. […] Pour bâtir le temple d’Éphèse, il avait fallu le travail de bien des têtes sages et de bien des bras robustes, pendant des vies entières ; et ce même temple a pu être détruit par un fou en une heure. » Voilà d’assez gros mots ; nous n’en emploierons pas de pareils. […] Je voudrais que toute histoire fût, comme celle-ci, un choix de textes munis d’un commentaire ; je donnerais pour une histoire pareille tous les raisonnements réguliers, toutes les belles narrations décolorées de Robertson et de Hume.

1003. (1925) Dissociations

Il n’y en a de pareille que dans les coffres de ceux qui font le commerce de l’or. […] Cependant, l’homme sera toujours pareil à lui-même, pourvu du même corps, de la même âme, des mêmes passions, des mêmes désirs, du même ennui. […] Les lacunes du passé nous donnent une sorte d’effroi ; les hommes de l’avenir ressentiront sans doute, à considérer notre époque, une impression pareille. […] Cela prouve qu’on est doué d’une intelligence pareille à celle des enfants ou à celle des sauvages. […] Les journaux ont dit que cette température fut pareille en février 1887, mais je n’en ai aucun souvenir.

1004. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Mais la nature, qui dispose d’un nombre incalculable de vies, n’est point astreinte à de pareils sacrifices. […] Nous sommes loin d’un pareil résultat. […] Qu’il s’agisse de traiter la vie du corps ou celle de l’esprit, elle procède avec la rigueur, la raideur et la brutalité d’un instrument qui n’était pas destiné à un pareil usage. […] Comment attendre du hasard un pareil remaniement ? […] Personne ne soutiendra que le hasard puisse accomplir un pareil miracle.

1005. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Ce qui est à noter, c’est que lui qui parle de la sorte, il sera prodigue de pareils mots insultants et grossiers, non pas avec ses amis, il est vrai, mais avec les adversaires qu’il rencontre en mainte occasion. […] Prudhomme (le Prudhomme d’Henri Monnier) avait été docteur en médecine, il aurait fait de pareilles notes.

1006. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Cet exemple paraît à Montaigne devoir consoler de tout mécompte d’ambition si on en avait ; mais on ne voit point que La Boétie ait nulle part exprimé un regret pareil en ce qui le concernait. […] Lorsqu’ils se rencontrèrent, leurs deux âmes étaient à la fois déjà faites et encore jeunes : elles sentirent à l’instant leur pareille et s’y portèrent avec une énergie adulte qu’elles n’avaient encore nulle part employée.

1007. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

De pareils matériaux qui volent comme d’eux-mêmes à l’incendie ne sont plus de simples ingrédients, ce sont aussi des causes. […]  » La fin de cette réponse me paraît un peu faible, je crois qu’on sera de mon avis, et inconséquente ; et Publius Syrus, en pareil cas, est une petite autorité.

1008. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Les mots y sont presque toujours dans une attitude contrainte et forcée ; il faut souvent aider à la lettre pour les entendre, et je suis persuadé que s’ils avaient la liberté de se plaindre, ils avoueraient qu’ils se trouvent bien plus en presse et plus mal à leur aise dans sa prose et dans d’autres ouvrages pareils, qu’ils ne le sont dans les bons vers. […] Son verbe ne manque pas de marcher derrière, suivi d’un adverbe, etc. » L’abbé de Pons rend la pareille de cette moquerie au latin et aux phrases à la Cicéron, « à ces périodes immenses dont le sens vaste, mais confus, ne commence à se développer que lorsqu’il plaît au verbe dominant de se montrer, verbe que l’orateur romain s’obstine à faire marcher à la suite de toutes les idées qu’il aurait dû précéder selon l’ordre de nos conceptions ».

1009. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Quand on songe à toute la peine que ce pauvre petit oiseau a dû prendre pour construire un pareil édifice sans autre instrument que son bec et ses deux petites pattes, quand on pense à l’activité incessante qu’il est obligé de déployer pour nourrir une si nombreuse famille, on est partagé entre l’admiration et l’attendrissement. Et dire qu’il y a des gens assez stupides pour oser porter la main sur un pareil chef-d’œuvre, assez cruels pour porter la désolation dans une si charmante famille !

1010. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Le fond de ces volumes, et ce qui en fait le sujet principal, est donc l’histoire d’un régiment ; le général duc de Fezensac avait déjà fait avec succès pareille chose pour le sien. […] À la manière dont il parle de la mort de ce général et de sa tombe « pareille à celle du pauvre », on voit poindre chez Pelleport un sentiment qui se développera de plus en plus, le respect et presque la piété pour les chefs qui l’ont bien mené dans la carrière.

1011. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

M. de Serre, dès le début de son discours, attaquant de front cette singulière théorie des amendements qui allait à transformer tous les projets présentés et à transporter dans la Chambre l’initiative du pouvoir législatif souverain, força la majorité à entendre malgré elle la longue série de ses méfaits en pareil genre, et de ses continuelles tentatives d’usurpation sur la prérogative royale depuis le premier jour jusqu’au dernier. […] Le moment politique était des plus critiques à cette heure ; on était la veille de l’avènement du parti déjà tout-puissant, et la philosophie ainsi que l’université n’avaient guère faveur, comme on sait, auprès des royalistes : une pareille conduite connue et dénoncée compromettait l’Université au plus haut degré.

1012. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

J’appelle inventer en pareil cas, venir supposer, après coup, à un vieil auteur de qui l’on n’avait jamais entendu parler, un talent dont les preuves, tardivement produites, sont plus que douteuses, et une signification, une importance qu’il n’a jamais eue à aucun moment parmi ses contemporains. […] Dans sa colère, elle souhaite quelque pareil méchef à tous ceux qui aimeront.

1013. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Les gens de bien, d’honneur, bons juges en pareil cas, et témoins de tout ce qui s’est passé, me feront peut-être plus d’honneur que je n’en mérite, par l’approbation qu’ils donneront à ma conduite. […] J’ai assurément reçu, Sire, cette nouvelle avec tout le trouble de joie qu’elle mérite, et je ne puis exprimer à Votre Majesté combien l’on est agité de sentiments d’obligation et de reconnaissance, quand on reçoit une pareille marque de l’honneur de son estime et de son affection. » Le trouble de joie !

1014. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il est vrai qu’on s’en dispense trop souvent pour les juger ; toutefois, en voyant un tableau, en entendant un beau morceau, tout le monde ne se croit pas capable plus ou moins d’en faire un pareil. […] Il n’y a pas lieu à une pareille accusation, si la méthode est bien comprise et si elle est employée comme elle doit l’être ; car, quelque soin qu’on mette à pénétrer ou à expliquer le sens des œuvres, leurs origines, leurs racines, à étudier le caractère des talents et à démontrer les liens par où ils se rattachent à leurs parents et à leurs alentours, il y aura toujours une certaine partie inexpliquée, inexplicable, celle en quoi consiste le don individuel du génie ; et bien que ce génie évidemment n’opère point en l’air ni dans le vide, qu’il soit et qu’il doive être dans un rapport exact avec les conditions de tout genre au sein desquelles il se meut et se déploie, on aura toujours une place très-suffisante (et il n’en faut pas une bien grande pour cela) où loger ce principal ressort, ce moteur inconnu, le centre et le foyer de l’inspiration supérieure ou de la volonté, la monade inexprimable.

1015. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

 » Le livre du comte Vitzthum a de quoi couvrir de honte le petit-maître en question, si on le connaissait, et de quoi réfuter amplement d’Argenson qui n’a l’air de le désapprouver qu’à demi et qui, ayant eu affaire au comte de Saxe, précisément dans une négociation où tous deux prenaient la plus grande part, a donné en un pareil jugement la mesure et les bornes de sa perspicacité13. […] Son mari Favart se dérobait dans le même moment pour échapper à une pareille lettre de cachet.

1016. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Bureaux de Pusy, au reçu du manuscrit, ne se dissimula point l’orage qu’il allait exciter en allant donner lecture d’une pareille lettre. […] Malouet, écrivait, à cette même date, miss Burney, qui a le singulier courage de s’offrir pour plaider la cause du monarque déchu, au milieu de ses féroces accusateurs ; et comment M. de Chauvelin se hasarde-t-il à transmettre une pareille demande101 ? 

1017. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Le bon Corneille y manqua de mesure et de convenance ; il insista lourdement là où il devait glisser ; lui, pareil au fond à ses héros, entier par l’âme, mais brisé par le sort, il se baissa trop cette fois pour saluer, et frappa la terre de son noble front. […] Malherbe seul et Corneille peuvent s’en permettre un pareil.

1018. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Quel ascendant un pareil livre ne devait-il pas prendre au premier pas sur un monde renversé, bouleversé, dépouillé, égorgé, qui ne savait plus que croire, que sentir, que dire, et qui attendait une voix d’en haut pour reprendre haleine ? Jamais une pareille réaction n’avait été mieux préparée ici-bas.

1019. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

De pareilles affectations, vous le savez, ne sont pas dans mon âme. » La persécution de Bossuet contre le plus doux des disciples a entaché sa mémoire. […] Ses courtisans, en lui montrant son image dans le faible et dur Idoménée, fléau de ses peuples, lui dirent « qu’il fallait être son ennemi pour avoir peint un pareil portrait. » On vit une satire sanglante des princes et du gouvernement dans les récits et dans les théories du païen.

1020. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Le xvie  siècle s’ouvrît et l’esprit du moyen âge dominait encore : les logiciens méprisaient les grammairiens ; la dispute fut en honneur Jusqu’après 1531 : « on n’entendait parler, dit Ramus, que de suppositions, d’ampliations, de restrictions, d’ascensions, d’exponibles, d’insolubles, et autres chimères pareilles ». […] Tourner un compliment ou une épi-gramme, quémander ou remercier, causer ou conter, voilà sa sphère : et dans tout cela il n’a pas son pareil.

1021. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Pareil au chat divin qui combattit les impies dans Héliopolis pendant la nuit du grand combat, tu défends contre de vils rongeurs les livres que le vieux savant acquit au prix d’un modique pécule et d’un zèle infatigable. […] Le papier du petit salon où joue Pierre Nozière est semé de roses en boutons, petites, modestes, toutes pareilles, toutes jolies : Un jour, dans le petit salon, laissant sa broderie, ma mère me souleva dans ses bras ; puis, me montrant une des fleurs du papier, elle me dit : — Je te donne cette rose.

1022. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

., etc. » Quoi qu’on doive leur accorder de crédit, il y a toujours quelque chose de significatif dans l’existence seule de pareils récits. […] Comment décider en pareil cas jusqu’à quel point il a été imitateur ou bien il a été lui-même imité ?

1023. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Le dôme de Saint-Pierre est immense ; on sait que Michel-Ange voyant le panthéon, qui étoit le plus grand temple de Rome, dit qu’il en vouloit faire un pareil, mais qu’il vouloit le mettre en l’air. […] Ces sortes de surprises font le plaisir que l’on trouve dans toutes les beautés d’opposition, dans toutes les antithèses & figures pareilles.

1024. (1890) L’avenir de la science « II »

La science, en effet, ne valant qu’en tant qu’elle peut remplacer la religion, que devient-elle dans un pareil système ? […] Certes une pareille tentative ne pouvait être de tout point irréprochable.

1025. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

L’un, le bombyx en main, l’enflamme sous ses doigts, en fait jaillir la note frénétique, la note qui allume les colères : l’autre s’étourdit de l’airain vibrant des cymbales… L’hymne bondit, le formidable Alala pareil à la voix caverneuse du taureau ! […] Les unes, dépouillées de toute forme, n’ont rien gardé que leur titre, pareilles à ces « têtes vaines des morts » dont parle Ulysse, dans l’Odyssée.

1026. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Personne n’a mieux parlé que lui de Voltaire même, ne l’a mieux défini et compris comme le type excellent et complet du génie français ; tâchons à notre tour de lui rendre la pareille en le comprenant, lui le type accompli du génie allemand. […] De Munich où elle est alors, elle suit du regard, avec une anxiété sans pareille, toutes les phases de cette sainte et patriotique levée des Tyroliens, se sacrifiant à leur empereur qui les abandonne, et qui finit par les livrer.

1027. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

C’est à un tel homme, et qui promettait tant, que Mme de Maintenon, par principes, et de préférence à tout autre, crut devoir donner une jeune fille qu’elle avait élevée avec autant de soin et dont tous les témoins font des descriptions enchantées : Jamais, s’écrie Saint-Simon, un visage si spirituel, si touchant, si parlant, jamais une fraîcheur pareille, jamais tant de grâces ni plus d’esprit, jamais tant de gaieté et d’amusement, jamais de créature plus séduisante. […] Le roi vint donc chez Mme de Montespan, comme il avait été décidé ; mais insensiblement il la tira dans une fenêtre ; ils se parlèrent bas assez longtemps, pleurèrent, et se dirent ce qu’on a accoutumé de dire en pareil cas ; ils firent ensuite une profonde révérence à ces vénérables matrones, passèrent dans une autre chambre ; et il en advint Mme la duchesse d’Orléans, et ensuite M. le comte de Toulouse.

1028. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

La nation sera purgée, et les étrangers, les mauvais citoyens, tous ceux qui préfèrent leur intérêt particulier au bien général, en seront exterminés… Camille ajoute, il est vrai, aussitôt après : « Mais détournons nos regards de ces horreurs. » Il les en détourne néanmoins si peu, que, dans une note de sa brochure, il s’arrête avec complaisance sur l’exécution sommaire des malheureux de Launay, Flesselles, Foulon et Berthier : « Quelle leçon pour leurs pareils, s’écrie-t-il, que l’intendant de Paris rencontrant au bout d’un manche à balai la tête de son beau-père ; et, une heure après, que sa tête à lui-même, ou plutôt les lambeaux de sa tête, au bout d’une pique !  […] J’avouerai que je n’ai pu voir sans étonnement une pareille imbécillité de la part d’un homme qu’on m’avait assuré n’être pas dépourvu de quelque esprit.

1029. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Et en effet, qu’on veuille y réfléchir un peu, à part l’honnête Thomas, avec qui elle fit connaissance tout d’abord, et qui répondait aux parties sérieuses et un peu solennelles de son âme ; à part Marmontel encore, qui eut le mérite de la bien sentir, et plus tard Buffon, qui sut apprécier son hommage et qui lui rendait la pareille en admiration30, quels étaient les gens de lettres à qui elle avait affaire, et qu’elle avait à cœur de traiter habituellement et de grouper autour d’elle ? […] La plus haute de ces amitiés, et qui était pareille elle-même à un culte, fut celle qui l’attacha à M. de Buffon, qu’elle peut contribuer mieux que personne à nous faire connaître et apprécier par les côtés intimes et encore élevés, car elle n’est pas femme à entrer jamais dans rien de familier avec ce qu’elle admire.

1030. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

« On ne peut attaquer par trop d’endroits à la fois une production pareille, disait Carrel en concluant sur Hernani, quand on voit par la préface des Consolations la déplorable émulation qu’elle peut inspirer à un esprit délicat et naturellement juste. » L’éloge ici rachète certes la critique, et, venant d’un esprit aussi rigoureux, il honore. […] ) — Et encore : « Celui qui le 26 juillet, aux premiers coups de fusil tirés dans la rue Saint-Honoré, eût assuré que le peuple de Paris pouvait sentir, vouloir, soutenir jusqu’à la mort toutes ces choses, n’eût pas été cru ; on l’eût pris pour un fou, et peut-être il l’eût été, car personne ne pouvait avoir encore les données d’une pareille conviction. » (1er septembre 1830.)

1031. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Par une évolution pareille et simultanée, l’histoire va du héros à l’homme, de l’action au mobile, du corps à l’âme ; et elle se tourne vers cette biographie que Montaigne appelle « l’anatomie de la philosophie, par laquelle les plus abstruses parties de notre nature se pénètrent ». […] Pour une pareille histoire, pour cette reconstitution entière d’une société, il faudra que la patience et le courage de l’historien demandent des lumières, des documents, des secours à tous les signes, à toutes les traces, à tous les restes de l’époque.

1032. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

À Guernesey, au bord de la mer, sur un promontoire, une haute colonne, pareille à un phare, presque une tour. […] La France, disons-le, n’est pas, dans des cas pareils, beaucoup plus rapide.

1033. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

l’amitié abandonnée, la fierté opulente, l’ennemi idolâtre. nous sentons si bien que la collision du son de ces voyelles qui s’entrechoquent est desagréable dans la prononciation, que les regles de notre poësie défendent aujourd’hui la combinaison de pareils mots. […] Il y a peu de personnes capables d’une pareille épargne.

1034. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

pas écrit, dans les Études d’histoire et de littérature, les pages sur Bossuet, Bourdaloue, Massillon, les plus belles pages, sans aucun doute, qu’aient encore inspirées ces grands hommes, car qui n’est que littéraire n’aura jamais le sens réel et profond d’hommes pareils. […] On ne croirait jamais, en le voyant, que pareil livre ait pu sortir de ce front-là.

1035. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

un homme pareil, qui tient une si grande place dans l’histoire littéraire et politique d’un temps où la littérature et la politique confluaient comme elles n’ont peut-être jamais conflué, n’est pas jugé dans l’ouvrage de M.  […] Si un talent pareil, sans grand ressort naturel, comme on vient de le voir, s’anime donc quelque part, et se met à vivre, comme dans cette histoire littéraire de la Restauration, par exemple, avec une intensité qui étonne, il faut chercher, dans la loyauté des convictions et la profondeur des croyances, le secret de cette vie soudaine et de cette inspiration sur laquelle, avec le talent, un peu cotonneux de l’auteur, on n’était pas en droit de compter.

1036. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

, joué mieux dans leur bagne, et depuis que la poésie moderne leur a permis de faire de leur boulet qui traîne un bilboquet qui saute, elles n’ont jamais engagé de pareille partie ! […] Le livre que voici et dans lequel la langue poétique, non pas déchaînée, mais comme parée des entraves de sa prosodie, danse dans toutes les mesures du rythme et du mètre, au bruit de la double cymbale de ses rimes, en des vers ardents, fourmillants, mouvementés, sensuels d’éclat, de lignes courbes, de torsions charmantes, d’allures folles, un pareil livre rappelle la kermesse de Rubens, mais comprenez-le bien et ne l’oubliez pas !

1037. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Jamais l’âme du prêtre n’a été scrutée à une telle profondeur, avec une pareille maîtrise, par un tel psychologue, triplé d’un penseur et d’un artiste de premier ordre. […] Ne sens-tu point la honte d’une pareille servitude ?

1038. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Et leur respect des décisions de la majorité ne s’explique-t-il pas parce que, comme le dit Tocqueville11, il leur paraît invraisemblable qu’ayant tous des lumières pareilles, la vérité ne se rencontre pas du côté du plus grand nombre ? […] L’histoire de la propriété est l’histoire des longs efforts de l’individu pour posséder enfin en propre. — Mais le gouvernement n’est pas réservé à une classe ; les décisions qui intéressent le peuple sont prises directement par l’assemblée du peuple. — Remarquons que là où de pareilles assemblées se rencontrent en effet, elles n’ont nullement la signification de nos assemblées électorales.

1039. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

. — Et sans doute la surface dans les limites de laquelle de pareilles vitesses peuvent être obtenues n’est encore qu’une petite portion de la surface terrestre ; mais c’est justement la portion envahie par la démocratie. […] Les grandes démocraties modernes n’offrent plus de pareils systèmes de compensation.

1040. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Il fallait nécessairement, à un pareil peuple, la liberté, le loisir, l’aisance ; il fallait des esclaves chargés de travailler pour eux, et de suppléer à tous les soins de la vie ; enfin, il n’y a peut-être jamais eu de grande éloquence que devant le peuple. […] Il donnait vingt mille de ses sujets pour acheter un pareil ennemi.

1041. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

C’est le droit et l’usage de l’Académie de ne dire jamais que Monsieur, à pareil jour, au nouveau membre qu’elle a élu ; on a dit monsieur tout court au duc de Noailles, on a dit monsieur et non pas monseigneur à l’évêque d’Orléans.

1042. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

D’un autre côté, les littérateurs établis d’alors, voyant un jeune homme plein d’espérance se faire si pareil à eux, ne se lassaient pas de l’admirer et le traitaient comme un égal.

1043. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Les moralistes français y sont l’objet d’un examen approfondi, et l’on pourra reconnaître dans le critique qui les juge le coup d’œil de leur égal et de leur pareil.

1044. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

On nous permettra donc de revenir un peu longuement sur une opinion si pleine d’autorité en pareille matière, d’autant plus, selon nous, que, bien comprise, modifiée en quelques points et réduite à ses vrais termes, elle nous semble fort recevable, sans que, pour cela, il en résulte rien de fâcheux pour les prétentions des traducteurs vulgaires, et encore moins pour l’honneur des traducteurs éminents comme M. 

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