L’éducation trop soigneuse qu’il a reçûë lui devient même nuisible, parce qu’elle lui a été l’occasion de prendre l’habitude dangéreuse de laisser penser d’autres pour lui.
Le public ne sçait pas si le general n’a pas amené lui-même en resserrant l’ennemi ou bien en lui donnant des occasions de tomber dans une confiance témeraire, le hazard qui semble avoir été l’unique cause du succès de ce general, et si l’avantage qu’il tire de ce hazard n’est pas dû aux précautions que sa prévoïance avoit prises d’avance pour en profiter.
Des auteurs citez par Aulugelle avoient écrit que des cens comédies composées par Menandre, il n’y en avoit eu que huit assez heureuses pour remporter le prix que les anciens donnoient au poëte qui avoit fait la meilleure piece de celles qui se représentoient à l’occasion de certaines solemnitez.
On était alors dans la première année de la Régence ; Mazarin essayait son pouvoir, et ce fut pour lui la première occasion de démêler les intrigues de cour, de mettre de côté les amis de Mme de Montbazon, Beaufort et les Importants : Mme de Motteville déduit tout cela en perfection. […] Pour moi, je lui souhaite la mort, ne comprenant pas qu’elle puisse vivre après une pareille perte. » Et sept jours après cette lettre (27 juin) : « J’ai vu enfin Mme de Longueville ; le hasard me plaça près de son lit : elle m’en fit approcher encore davantage, et me parla la première, car pour moi, je ne sais point de paroles dans une telle occasion ; elle me dit qu’elle ne doutoit pas qu’elle ne m’eût fait pitié ; que rien ne manquoit à son malheur ; elle me parla de Mme de La Fayette, de M. d’Hacqueville, comme de ceux qui la plaindroient le plus ; elle me parla de mon fils, et de l’amitié que son fils avoit pour lui : je ne vous dis point mes réponses ; elles furent comme elles devoient être, et, de bonne foi, j’étois si touchée que je ne pouvois pas mal dire : la foule me chassa. […] « On y pouvoit remarquer ces qualités également estimables selon Dieu et selon le monde : elle ne médisoit jamais de personne, et elle témoignoit toujours quelque peine quand on parloit librement des défauts des autres, quoique avec vérité ; « Elle ne disoit jamais rien à son avantage, cela étoit sans exception ; « Elle prenoit autant qu’elle pouvoit sans affectation toutes les occasions qu’elle trouvoit de s’humilier.
On voit souvent ce phénomène dans les révolutions au moment où les partis fatigués ou impuissants ont besoin de se mentir à eux-mêmes et aux autres, pour feindre une transaction nécessaire à tous, et pour attendre une occasion de rompre la trêve. […] Madame de*** m’a bien dit : Allez-y si vous voulez, je comprends qu’un jeune homme de votre âge et qui fait des vers se prive avec peine de l’occasion de voir cette femme de génie ; mais je ne puis vous y conduire moi-même, on croirait ici et à Genève que je change de religion. Mais si vous ne tenez qu’à la voir sans lui parler, vous en aurez très-souvent l’occasion en vous promenant sur la route de Coppet à Morges.
Une amnistie habile, dictée par Murray, pardonna, à l’occasion de cette naissance, aux conjurés et fit rentrer les proscrits dans leur patrie et dans leurs domaines. […] Elle éclata au dehors, pour la première fois, quelques semaines après cette entrevue, à l’occasion d’une blessure reçue par Bothwell en combattant pour la police des frontières, dont il était chargé. […] … » Elle avoue elle-même son anxiété dans des vers qu’elle composa à cette occasion : Pour lui aussi j’ai pleuré mainte larme Quand il se fit de ce corps possesseur Duquel alors il n’avoit pas le cœur !
Il ne manquait jamais l’occasion de placer devant moi son mot favori : « Un âne chargé de latin ! […] Toute circonstance de la vie intérieure de la maison, tout événement personnel au supérieur ou à l’un des élèves, était l’occasion d’un entretien rapide, animé. […] À la façon dont il prenait les choses, il n’y aurait personne qui n’eût, dans sa vie, vingt occasions de se faire fusiller.
Cette étude nous fournira l’occasion d’expérimenter la justesse de l’observation de Wagner sur la différence des mouvements brusques du sauvage avec ceux plus complexes de l’homme perfectionné. […] Léon Dommartin, Chronique du 14 mars), de prendre note de ce qui vient de se passer, afin de ne pas avoir à recommencer la querelle à la prochaine occasion. […] A l’occasion de la distribution des prix de l’école de musique de Verviers, le directeur de cet établissement, M.
Je n’ai pas voulu, en de pareilles circonstances, laisser aux adversaires de mon œuvre l’occasion de faire du bruit ; on aurait pu compromettre aussi les négociations du gouvernement et compliquer les difficultés de notre pays. […] En quelques occasions M. […] Je suis heureux de cette occasion d’affirmer qu’en de pareilles matières toutes divergences sont de détail ou d’interprétation, puisque l’idée essentielle s’impose hors toute discussion.
Il est vrai que son gendre est légitimiste ; mais il se dit qu’un gentilhomme qui s’est mésallié peut se rallier, par la même occasion, sans plus de scandale ; et il compte sur son éloquence pour le convertir. […] Pour toute réponse, il tire de sa poche le bout de son drapeau blanc, avec une négligence de dandy, laissant passer son foulard : — « Et maintenant, monsieur Poirier, que vous savez qui je suis, n’y revenez plus, je vous prie. » Poirier s’incline, rengaine sa harangue et se promet d’y revenir à la prochaine occasion. […] Adolphe, premier comique du théâtre français de Berlin, un pauvre diable de bénéficiaire qui vient offrir une loge à madame la Comtesse ; et madame la Comtesse de saisir au bond cette occasion de s’encanailler un peu plus encore.
On répondra que ces gens s’ennuyaient, que ces mœurs étaient une tradition, qu’un amusement est un accident, qu’au fond le cœur n’était pas vil : « Nanon, la vieille servante de madame de Maintenon, était une demi-fée à qui les princesses se trouvaient heureuses quand elles avaient occasion de parler et d’embrasser, toutes filles de roi qu’elles étaient, et à qui les ministres qui travaillaient chez madame de Maintenon faisaient la révérence bien bas. » L’intendant Voysin, petit roturier, étant devenu ministre, « jusqu’à Monseigneur se piqua de dire qu’il était des amis de madame Voysin, depuis leur connaissance en Flandre. » On verra dans Saint-Simon comment Louvois, pour se maintenir, brûla le Palatinat, comment Barbezieux, pour perdre son rival, ruina nos victoires d’Espagne. […] Saint-Simon, si fier, y met la main par occasion et en retire une augmentation d’appointements de 11,000 livres. […] Je lui parlai aussi de la longue absence que j’avais faite, de douleur de me trouver mal avec lui, d’où je pris occasion de me répandre moins en respects qu’en choses affectueuses sur mon attachement à sa personne et mon désir de lui plaire en tout, que je poussai avec une sorte de familiarité et d’épanchement… Je le suppliai même de daigner me faire avertir s’il lui revenait quelque chose de moi qui pût lui déplaire, qu’il en saurait aussitôt la vérité, ou pour pardonner à mon ignorance, ou pour mon instruction, ou pour voir si je n’étais pas en faute. » On parlait au roi comme à un Dieu, comme à un père, comme à une maîtresse ; lorsqu’un homme d’esprit attrapait ce style, il était difficile de le renvoyer chez lui.
Mais, croyez-le, à l’occasion, Michelet eût subordonné ses rêves d’apôtre à ses devoirs de citoyen. […] J’ai pris cette occasion pour rendre hommage à l’un des plus grands. […] Kipling, comme nous l’avons dit, n’est que par occasion un poète politique. […] Cette conviction le rend brutal à l’occasion avec ce qu’il faut d’hypocrisie pour paraître juste. […] Elle en attend l’heure et l’occasion.
Ce ne sont pas les occasions de nous indigner et de haïr d’une haine impuissante qui nous manquent aujourd’hui, n’avons-nous pas Colmar et la Grèce ? […] D’ailleurs une fois ce genre toléré, quelle belle occasion de flatterie agréable et de dédicaces bien basses ! […] Après un coup si fatal, ce corps qui ne peut avoir d’existence que par l’opinion, a eu la maladresse de laisser échapper toutes les occasions de la reconquérir. […] J’ai voulu non seulement être lucide, mais encore ôter aux gens de mauvaise foi l’occasion de s’écrier : Grand Dieu ! […] … Le premier corps littéraire de la France appréhendera-t-il de se compromettre… Cette solennité a paru l’occasion la plus favorable pour déclarer les principes dont l’Académie est unanimement pénétrée… pour essayer de lever les doutes, de fixer les incertitudes, etc. », (page 3 du manifeste.)
Il n’a pas eu tort de citer lui-même, et à sa propre occasion, le nom de Bonald, qui, dans le premier chapitre de sa Législation primitive, a écrit du Décalogue : « Cette loi paraît, dans son énoncé, plutôt relative à l’état domestique qu’à l’état public de société, parce qu’elle a été donnée à un peuple naissant, et qui sortait de l’état domestique. […] Il n’y en eut qu’un seul, et dont l’autorité est d’autant plus grande que l’on peut dire qu’il a témoigné en faveur de la vérité sociale, au rebours de tous ses intérêts (on sait les colères dont les Origines furent et sont encore l’occasion de la part de ses premiers admirateurs) ; et j’y insiste, au rebours de toutes ses préventions. […] Puis elle m’offre, en y répondant, l’occasion de préciser quelques idées auxquelles je ne suis pas seul à attacher de l’importance. […] N’est-ce pas l’occasion de rapprocher et de distinguer ces deux génies, très pareils à la fois et très différents : l’un, demeuré si germanique dans son prétendu parisianisme ; l’autre, si vraiment national, si profondément raciné dans le terroir gaulois ? […] La légende a si bien déformé cette physionomie, pourtant frappante, que la plus simple exactitude a fait défaut aux neuf dixièmes des articles publiés à son occasion.
Et cela prouve que la rêverie peut avoir à l’occasion un charme exquis. […] En toute occasion où nous éprouvons une impression vraiment poétique, nous pourrons constater que notre état mental est caractérisé par une tendance à la pure rêverie, d’autant mieux marquée que le sentiment de poésie est plus intense. […] Nous profiterons de cette occasion qui nous est donnée de mettre en jeu notre imagination. […] Le poète, reclus en lui-même, n’a plus aucune occasion de se renouveler, de se développer ; il tourne dans un cercle d’idées et de sentiments de plus en plus étroit. […] Il est encore une occasion où la méthode d’inspiration s’impose : c’est dans le développement de l’action dramatique.
M. de Choiseul épiait (et sincèrement, on peut le croire,) les occasions de l’obliger en cour et de le servir : il eut de bonne heure l’idée de lui faire avoir la résidence de Rome ; mais il fallait préparer les voies : De mon côté, lui écrivait Bernis (14 mai 1759), je ne songe qu’à m’attacher à mon état et à mettre dans les partis que je prendrai à cet égard le temps, les réflexions et la droiture qui conviennent à mes principes et à mon caractère… Je serai toujours prêt à servir le roi quand vous croirez que je puis lui être utile. […] Notons-y seulement au passage cette main invisible qui n’est pas dans Horace et à laquelle Bernis se confie, et sachons que, lorsque viendront les heures d’adversité sérieuse et de ruine, le cardinal-archevêque, de ce séjour à Rome où il apprend les dépouillements successifs et rigoureux dont il est menacé ainsi que tout le clergé de France, écrira à M. de Montmorin : Vous avez pu remarquer, monsieur, que, dans cent occasions, il n’y a jamais eu d’évêque ministre du roi à Rome plus modéré que moi, plus ami de la paix, ni plus conciliant ; mais, si on me pousse à bout par des sommations injustes et peu délicates, je me souviendrai que, dans un âge avancé, on ne doit s’occuper qu’à rendre au Juge suprême un compte satisfaisant de l’accomplissement de ses devoirs.
Si vous me daignez faire cette faveur, vous aiderez beaucoup à contenter la curiosité de l’esprit d’un jeune médecin de Paris, qui, en récompense, vous servira en toute occasion… Dans une autre lettre, ayant appris de M. […] Ce qui est à noter, c’est que lui qui parle de la sorte, il sera prodigue de pareils mots insultants et grossiers, non pas avec ses amis, il est vrai, mais avec les adversaires qu’il rencontre en mainte occasion.
Elle fut sans doute écrite à l’occasion des premiers troubles civils et religieux qui déchirèrent la France (1560) ; elle ne s’adresse pas à Montaigne seul, mais aussi à un autre ami, M. de Bellot : Montaigne, toi le juge le plus équitable de mon esprit, et toi, Bellot, que la bonne foi et la candeur antique recommandent, ô mes amis, ô mes chers compagnons, s’écrie le poète (je traduis en resserrant un peu sa pensée), quels sont vos desseins, vos projets, vous que la colère des dieux et que le destin cruel a réservés pour ces temps de misères ? […] Entre hommes et femmes, il y a moins de grandes et moins de petites rivalités qu’entre des personnes du même sexe : il y a, par conséquent, beaucoup moins d’occasions de se heurter et de se blesser.
Est-ce à dire, comme l’illustre historien de l’Empire l’a écrit à l’occasion de la rédaction de l’Acte additionnel, que sa plume était la meilleure du temps, comme celle de Napoléon était la plus grande ? […] I, p. 346) qu’étant allé voir Béranger, prisonnier à Sainte-Pélagie, et lui ayant dit que Benjamin Constant se proposait aussi de venir : — : « Oui, répondit Béranger, je suis sûr qu’il viendra ; il ne néglige pas une occasion de popularité.
Quelle plus belle occasion pourtant de le connaître presque tout entier que la traduction de ses Œuvres, due à la plume élégante et consciencieuse de M. […] Mais toutes les poésies doivent être des poésies de circonstance, c’est-à-dire que c’est la réalité qui doit en avoir donné l’occasion et fourni le motif.
Elle eut une petite éclipse de faveur en 1743, à l’occasion de la disgrâce de M. de Belle-Isle, et elle fut assez longtemps sans souper dans les Cabinets. […] Un jour qu’elle avait écrit à Voltaire une longue lettre à l’occasion de sa tragédie d’Oreste, il paraît qu’elle avait écrit Èlectre avec deux t, et Voltaire, pour toutes raisons, lui aurait répondu : « Madame la duchesse, Èlectre ne s’écrit pas par deux t.
Gachard, instituant le contraste et l’antithèse, trace, de Philippe II, à cette occasion, un portrait développé, que j’appellerai admirable dans son impartialité. […] En un mot, on put apercevoir, à cette occasion, comme flottants dans l’air, les germes de ce qui serait devenu en d’autres temps une légende, mais qui ne purent éclore qu’imparfaitement à cause du climat un peu froid et rigoureux qu’impose le régime de l’histoire.
Il m’est échappé de dire, il y a quelque temps, en parlant de la Grèce et à l’occasion d’une Dissertation de M. […] Les habiles critiques qui ont étudié et éclairé ses œuvres ont remarqué combien, en cela, il fut peu favorisé du sort, combien sa faculté poétique ne rencontra guère que de chétives occasions, et ils ont répondu pour lui, et à sa décharge, en alléguant l’exemple de Martial, à qui l’on demandait, sur des riens, des épigrammes pleines de feu : « Tu me demandes, ô Cæcilianus, des épigrammes toutes piquantes et toutes vives, et tu ne m’offres que des thèmes froids et morts.
L’illustre maître Auber, averti par Mme Duchambge, avait déposé un jour un témoignage d’intérêt chez Mme Valmore, à l’occasion d’un de ses derniers deuils : « (À Mme Duchambge, 29 novembre 1854)… Ta lettre m’a émue d’autant plus que tu m’amenais presque de force un consolateur dont le nom est puissant sur moi. […] Il est bon et obligeant, mais, comme tous les hommes d’un grand talent littéraire, impossible à cultiver : il appartient à trop de monde, à tous les mondes. » Avec le seul Musset, il n’y avait jamais eu d’occasion, de rencontre, et partant de sympathie établie, pas le moindre petit fil tendu à travers l’air, et elle le supposait de loin plus avantageux certainement, plus plein de lui-même qu’il ne l’était, lui, l’indifférent passionné, éperdument livré au torrent de la vie ; elle avait à son sujet de la prévention, faute de l’avoir connu à une heure propice.
L’histoire qu’il essaye, à cette occasion, de tracer de notre ancienne poésie française est courte et défectueuse, comme le sera celle que plus tard donnera Boileau : le Roman de la Rose est son bout du monde. […] Mais Fénelon n’a rien d’inutile : Du Bellay a quelques inutilités et même quelques puérilités érudites, à l’occasion des anagrammes et des acrostiches.
Pour nous, il nous a semblé que dans ce grand dépouillement du passé, qui se fait de toutes parts et sur toutes les existences, c’était peut-être l’occasion de confier au public ce que depuis longtemps nous savions de la vie première, de l’enfance, des débuts et de l’éducation morale du poëte, notre ami, dont le nom se popularise de jour en jour. […] Il ne demanda rien, ne voulut rien, et voici à quelle occasion seulement il reçut une pension du roi.
Mais, encore un coup, il n’y a rien là sur quoi l’on ait prise immédiate, et cela est si vrai que la société récemment fondée à l’occasion même du débat, la Société des Gens de Lettres, après avoir posé le principe général, a dé appliquer son activité vers des détails plus intérieurs. […] Je ne puis m’ôter de la pensée que le spirituel académicien n’avait accepté cette charge que pour avoir occasion, avec ce bon goût qui ne l’abandonne jamais et avec ce courage d’esprit dont il a donné tant de preuves dans toutes les circonstances décisives, de rappeler et de maintenir devant cette démocratie littéraire les vrais principes de l’indépendance et du goût.
L’homme d’esprit inventif a souvent une infinité de manières possibles de se produire et de faire ; l’occasion décide ; à moins d’une volonté très-haute, on se jette du premier côté qui prête ; les envieux, les routiniers, les admirateurs même, vous y confinent ; on va toujours, et on les dément. […] La Rochefoucauld l’a dit : « Les occasions nous font connaître aux autres, et encore plus à nous-mêmes. » Combien d’aperçus comiques ainsi dépensés, que l’étude et un lieu meilleur auraient pu agrandir !
Magnin de se trop souvenir peut-être dans quelques occasions, et de reprendre trop juste les choses où elles étaient hier. […] Mais combien d’autres, dans sa position, sans lâcher le mot, auraient pensé la chose, et, à l’occasion, se seraient efforcés indirectement de la démontrer !
Ainsi les volontés, dans le théâtre de Corneille, se créent à elles-mêmes, et les unes aux autres, par leurs actes, des situations qui leur donnent occasion de changer non leurs essences, mais leurs formes, de renouveler, de diversifier, et de croître leur effort. L’intrigue pour l’intrigue, le fait pour le fait, le pur intérêt de curiosité, de surprise, enfin la conception mélodramatique du théâtre n’existe pas dans Corneille, quoi qu’on en dise : il est rigoureusement vrai que l’intrigue est chez lui occasion, soutien, ou effet du mécanisme psychologique.
C’est l’occasion pour lui d’écrire un Traité sur la Tolérance (1763) : mais ce livre même n’est qu’un moyen de frapper l’opinion et les juges. […] Il attaquait dans l’Homme aux quarante écus (1768) les chimères d’un économiste ; mais il en prenait occasion d’indiquer l’abus des dîmes, de réclamer la suppression des couvents.
Le duc est le parrain des deux jeunes filles ; il vient signer au contrat de Julie, et il profite de l’occasion pour demander à la marquise la main de Philiberte. […] Voilà ce faquin qui se prend à rougir de sa fiancée maintenant, et qui se demande si elle est digne d’entrer dans sa baronnie d’occasion.
L’abbé Galiani quitta Paris, pour n’y plus revenir, dans l’été de 1769, et c’est à cette date que commence sa Correspondance avec Mme d’Épinay ; c’est par elle dès lors qu’il se rattache presque uniquement à ses amis de Paris, et il aura l’occasion de lui répéter bien souvent : « Je suis perdu si vous me manquez. » Ce petit Machiavel, qui faisait l’insensible, qui se vantait de n’avoir pleuré de sa vie, et d’avoir vu d’un œil sec s’en aller père, mère, sœurs, tous les siens (il se calomniait lui-même), pleurait et sanglotait en quittant Paris, en quittant « cette nation aimable, disait-il, et qui m’a tant aimé ». […] À l’occasion d’une exposition au Louvre et de je ne sais quelle critique qu’on en avait faite : Je remarque, dit-il, que le caractère dominant des Français perce toujours.
Dès l’abord, à l’occasion du décret dit du marc d’argent, qui posait certaines conditions de cens à l’éligibilité, Camille déclare que ce décret constitue la France en gouvernement aristocratique, « et que c’est la plus grande victoire que les mauvais citoyens aient remportée à l’Assemblée : pour faire sentir, ajoute-t-il, toute l’absurdité de ce décret, il suffit de dire que Jean-Jacques Rousseau, Corneille, Mably, n’auraient pas été éligibles ». […] Deux ans auparavant, il avait été moins poli envers cet énergumène, lorsqu’il lui disait, dans une occasion où il était en polémique avec lui : Tu auras beau me dire des injures, Marat, comme tu fais depuis six mois, je te déclare que, tant que je te verrai extravaguer dans le sens de la Révolution, je persisterai à te louer, parce que je pense que nous devons défendre la liberté, comme la ville de Saint-Malo, non seulement avec des hommes, mais avec des chiens 12.
Que les réflexions sont touchantes quand les occasions de mal faire sont éloignées ! […] Sous air de missionnaire, il est tout à fait de cette race de Français d’autrefois, qui ne doutaient de rien, s’en allaient au bout du monde à l’étourdie, à l’aventure, que leur gaieté soutenait dans les traverses, et qui s’en remettaient de leur salut, en chaque occasion, à Dieu, à leur étoile, à la première inspiration du moment.
Qu’on juge de l’attente en pareille occasion : Cette belle et courageuse personne, écrit Mme de Sévigné, fit cette action comme toutes les autres de sa vie, d’une manière noble et charmante : elle était d’une beauté qui surprit tout le monde ; mais ce qui vous étonnera, c’est que le sermon de M. de Condom (Bossuet) ne fut point aussi divin qu’on l’espérait. […] [NdA] On lit dans les Mémoires du chanoine Maucroix, à l’occasion d’un voyage qu’il fit à Fontainebleau, au mois d’août 1671 : M.
Dans cette vie de solitude et de silence à laquelle il était condamné, il avait besoin de causer, de s’épancher comme il pouvait, et de verser en toute occasion, et par toutes les issues, le trop-plein de ses pensées sur toute matière. […] Je sais qu’une prochaine occasion se prépare de parler du Mirabeau politique et définitif, et je compte bien ne pas la manquer.
Le roi passa par Provins, et, à cette occasion, Moreau fit sa chanson patriotique qui a pour titre : Vive le Roi ! […] Lebrun, toujours à l’occasion du même volume de vers (Les Deux Anges, 1844), le proposa et le fit agréer à l’Académie française pour le prix fondé par M. de Maillé-La Tour-Landry.
En voyant les gens de lettres si assidus chez elle, et Messieurs de l’Académie y dîner deux fois par semaine, ses envieux ne manquèrent pas de l’accuser de tenir bureau d’esprit : C’était, dit Fontenelle, à un petit nombre d’exceptions près, la seule maison qui se fût préservée de la maladie épidémique du jeu, la seule où l’on se trouvât pour se parler raisonnablement les uns les autres, et même avec esprit selon l’occasion. […] Elle répondait fièrement : « Je n’ai jamais eu besoin d’en faire. » On ajoutait qu’elle avait trahi par là une âme tendre et sensible : « Je ne m’en défends pas, répondait-elle ; il n’est plus question que de savoir l’usage que j’en ai su faire. » Cet usage est assez indiqué par ces conseils mêmes, si finement démêlés et si fermement définis : elle éleva son cœur, elle prémunit sa raison, elle évita les occasions et les périls ; elle ménagea ses goûts, et prit sur sa sensibilité pour la rendre durable et aussi longue que la plus longue vie : Quand nous avons le cœur sain, pensait-elle, nous tirons parti de tout, et tout se tourne en plaisirs… On se gâte le goût par les divertissements ; on s’accoutume tellement aux plaisirs ardents qu’on ne peut se rabattre sur les simples.
Placée, dès les premiers mois de son arrivée en France, à la tête d’une maison où elle recevait ce qu’il y avait de plus en vogue parmi les gens de lettres de Paris, jalouse d’y suffire et y parvenant, émule et disciple de Mme Geoffrin, elle eut à prendre sans cesse sur elle, sur sa santé, sur ses habitudes chéries, sur ses autres goûts : Je dois à cette occasion vous faire un aveu, écrivait-elle en 1771 à une amie de Suisse, c’est que, depuis le jour de mon arrivée à Paris, je n’ai pas vécu un seul instant sur le fonds d’idées que j’avais acquises ; j’en excepte la partie des mœurs, mais j’ai été obligée de refaire mon esprit tout à neuf pour les caractères, pour les circonstances, pour la conversation. […] Le premier ministère de son mari, ou, comme elle disait moins familièrement, de son ami, lui fournit l’occasion de développer et de pratiquer en grand ses vertus.
Le maréchal ne lui en donna pas l’occasion. […] Il se demandait si c’en était fait pour lui de la grande gloire, si l’avenir lui réservait encore quelque occasion, et, comme il le disait amoureusement, « si la Fortune aurait encore pour lui un dernier sourire ».
Il y a, de jadis, un opuscule grotesque, maintes fois réimprimé et encore colporté ; c’est un Sermon en proverbes ordonné pour satiriser soit les gens qui évoquent trop, par la sagesse des nations, leur propre niaiserie, soit les prédicateurs qui répétaient toujours les mêmes exhortations vaines comme le vent qui égrène l’herbe des cimetières ; le pauvre auteur enfile donc avec un certain soin les proverbes les plus connus, jusqu’à faire quatre pages dont le sens est fort bien suivi et que l’on comprend, pourvu qu’on ne soit pas devenu hébété dès la première : « Prenez garde, n’éveillez pas le chat qui dort ; l’occasion fait le larron, mais les battus paieront l’amende ; fin contre fin ne vaut rien pour doublure ; ce qui est doux à la bouche est amer au cœur, et à la chandeleur sont les grandes douleurs. […] Il s’emmagasine dans notre cerveau une multitude de petits « négatifs » qui, à l’occasion, se reproduisent instantanément en exemplaires plus ou moins nets.
Une sorte de parti pris gigantesque, la mesure habituelle dépassée, le grand partout, ce qui est l’effarement des intelligences médiocres, le vrai démontré au besoin par l’invraisemblable, le procès fait à la destinée, à la société, à la loi, à la religion, au nom de l’Inconnu, abîme du mystérieux équilibre ; l’événement traité comme un rôle joué et, dans l’occasion, reproché à la Fatalité ou à la Providence ; la passion, personnage terrible, allant et venant chez l’homme ; l’audace et quelquefois l’insolence de la raison, les formes fières d’un style à l’aise dans tous les extrêmes, et en même temps une sagesse profonde, une douceur de géant, une bonté de monstre attendri, une aube ineffable dont on ne peut se rendre compte et qui éclaire tout ; tels sont les signes de ces œuvres suprêmes. […] Lear, c’est l’occasion de Cordelia.
Remarquez que, dans une foule d’occasions, la Bible aussi est improper, et l’Écriture sainte est shocking. […] Sachons, dans l’occasion, dire leur fait aux peuples.
Ceux qui écrivent par humeur, sont sujets à retoucher à leurs ouvrages ; comme elle n’est pas toujours fixe, et qu’elle varie en eux selon les occasions, ils se refroidissent bientôt pour les expressions et les termes qu’ils ont le plus aimés. […] Ces gens laissent échapper les plus belles occasions de nous convaincre qu’ils ont de la capacité et des lumières, qu’ils savent juger, trouver bon ce qui est bon, et meilleur ce qui est meilleur.