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759. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Turiello ne cite qu’avec indignation le nom de M.  […] Plusieurs de ces routes ont encore conservé ce nom : le pavé du Roi. […] Mais alors quel nom magnifique donner à Monet ? […] C’est faux pour l’anglais où les noms d’animaux s’appliquant aux deux genres sont neutres. […] Les noms nouveaux sont traités selon un principe où l’état du nom, sa longueur, sa composition, semblent jouer un rôle.

760. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Bernard Jullien Millevoye, poète digne à plusieurs égards de l’attention de la postérité, s’est exercé assez souvent dans la narration poétique, et malheureusement il l’a toujours fait sans le moindre succès ; tellement que si l’on voulait juger de son mérite par ses travaux dans ce genre, on le mettrait avec raison au rang de ceux dont le nom est devenu ridicule. […] Charles Asselineau Malgré tant de défauts, malgré tant de faiblesses, le nom de Millevoye vivra.

761. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Remy de Gourmont Le beau nom de poète, Clair Tisseur, et que noblement lyonnais ! On en connut déjà un de ce nom, Jean Tisseur, dont les vers furent publiés en ce même Lyon, l’an 1885.

762. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

C’est ce qu’on appelle fauve attrapeur d’hommes (morhoméné-ouâra) ou plutôt ouan-dialanga, ce dernier nom étant employé dans les récits pour épargner aux auditeurs l’épouvante que leur inspire le premier. L’autre nom : ouan-dialanga, signifie le puissant par excellence.

763. (1883) Le roman naturaliste

Il me suffit, où Eugène Fromentin sous-entendait le nom de Gustave Courbet, de mettre lisiblement le nom de M.  […] Il aime, — sans se douter qu’il a ce trait de commun avec Boileau, — que les choses soient nommées par leur nom. […] Daudet méritait qu’on les soulevât sur son nom. […] Là pourtant, et nulle autre part ailleurs, est l’épreuve d’un écrivain vraiment digne de ce nom. […] Zola, le nom de Restif de la Bretonne.

764. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Au lieu de cela, après toutes sortes de dégoûts et d’ennuis, la lutte terminée, il ne se voyait en position que de demeurer un grand consultant militaire sur le pied de paix, et de redevenir ce qu’il avait été tout d’abord, un écrivain tacticien, ce nom qu’on lui avait jeté si souvent à la tête en manière de raillerie ! […] Il y eut une Réplique adressée au lieu et place du général Jomini par son frère ayant titre de colonel, à lord Londonderry, qui avait fait les dernières guerres sous le nom de général Stuart. […] Quoiqu’il n’y eût pas mis son nom, il ne défendait pas qu’on le devinât ; et comment ne pas le deviner tout d’abord quand il disait : « A les en croire, il suffirait désormais des caprices du Conseil aulique de Vienne ou du comité militaire de Paris pour qu’un injuste agresseur décidât de l’existence d’une nation de deux millions de braves, qui peut mettre plus de soldats sur pied que Frédéric le Grand n’en avait en montant sur le trône de Prusse. […] Et d’abord il garda l’anonyme, — un anonyme assez transparent, il est vrai, — mais enfin il n’attacha point son nom au titre de l’ouvrage ; puis surtout il imagina de mettre toute cette relation sur le compte et dans la bouche de Napoléon lui-même, qui serait censé plaider sa cause aux Champs Élysées au tribunal de César, d’Alexandre et de Frédéric… Une fiction surannée, dira-t-on, imitée et réchauffée de Lucien et de Fontenelle, ou encore une manière de Dialogue de Sylla et d’Eucrate, un dialogue ou plutôt un monologue agrandi, démesuré et poussé jusqu’à quatre gros volumes, un bien long discours de 2,186 pages et bien invraisemblable assurément. […] L’auteur, parlant en son nom, n’aborde pas seulement la guerre, il traite aussi la question politique ; il s’y abandonne même sur ce terrain à plus de digressions qu’on n’en trouve dans ses précédents ouvrages ; il y fait de la polémique : c’est un tort et un défaut.

765. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

1839 Nous avons eu occasion déjà, dans cette série d’écrivains français, d’en introduire plus d’un qui n’était pas né en France, et d’étonner ainsi le lecteur par notre louange prolongée autour de quelque nom nouveau. […] Procédant d’Amyot en style bien plus que Seyssel, le délicieux écrivain François de Sales, né au château de son nom, résidait à Annecy ; avec son ami le président Antoine Favre, jurisconsulte célèbre et père de l’académicien Vaugelas, il fondait, trente ans juste avant l’Académie française, une académie dite Florimontane, où la théologie, les sciences et aussi les lettres étaient représentées : leur voisin Honoré d’Urfé en faisait partie28. […] Parmi les ancêtres du Lépreux, en remontant vers le moyen âge, je ne rappellerai que le touchant fabliau allemand du Pauvre Henry : c’est le nom d’un noble chevalier tout d’un coup atteint de lèpre. […] Il a peu lu nos auteurs modernes ; en arrivant, il ne les connaissait guère que de nom, même le très-petit nombre de ceux qui mériteraient de lui agréer. […] Nom d’un torrent de Savoie.

766. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Le nom de Scribe n’était pas d’abord sur l’affiche, par respect pour la robe future d’avocat ; on ne nommait que M. […] Bonnet, l’honorable tuteur, se crut autorisé par le succès à laisser courir les choses et le nom. […] On se retranchait moins habituellement dans l’ancien répertoire ; les pièces nouvelles, les noms d’auteurs nouveaux abondaient ; le chant d’opéra-comique osait s’y faire entendre. […] Le moment d’entière fraîcheur pour le genre ne dura que tant que Madame donna au théâtre son nom. […] Au milieu de tant de grandes secousses et de grandes ruines, le théâtre honoré du nom de Madame reçut un certain ébranlement.

767. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

La série entreprise, il y a quelques années, dans cette Revue 130, un peu au hasard d’abord et sans un si grand dessein, est arrivée à compter déjà bien des noms. […] Il est vrai qu’en fait de poëtes chacun veut être admis, chacun veut être roi, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages, et qu’admettre tant de noms, c’est presque paraître ingrat envers chacun. […] Une urne cinéraire, placée sur un tertre de gazon, porte le nom de Tibulle, et sur l’écorce du bouleau voisin on lit ces deux vers de Domitius Marsus : Te quoque Virgilio comitem non æqua, Tibulle, Mors juvenem campos misit ad Elysios. […] Auguste Barbier, avec lequel il n’a d’ailleurs que peu de rapports, vient d’apprendre au public le vrai nom de l’auteur, jusqu’ici pseudonyme. […] … Son nom sur mes lèvres expire ; Quel vent a moissonné la rose de l’Empire ?

768. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

L’évêque de Genève, qui connaissait le nom, l’esprit, la fortune, la piété célèbre déjà de la jeune veuve, s’était empressé de donner à madame Guyon la direction, à Gex, d’un couvent de jeunes filles converties, par ses soins, du schisme de Calvin. […] Pendant que cette objurgation au pape partait, Louis XIV, devançant la condamnation, se faisait apporter solennellement le tableau des officiers de la maison du duc de Bourgogne, effaçait, de sa propre main, le nom de Fénelon du rang de précepteur, supprimait ses appointements et faisait fermer sa chambre à Versailles. […] Des traits charmants, ramenés chaque jour par les misères qui les multiplient en se multipliant, font bénir le nom de Fénelon et surtout sa présence. […] Son nom est resté populaire et plus immortel encore que ses œuvres, parce qu’il répandit plus d’âme encore que de génie dans ses ouvrages et dans son siècle. […] Son nom est son immortalité.

769. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

C’est justement que les anciens avaient donné à Eschyle le grand nom de « Père de la tragédie ». […] L’Hymète et le Pentélique qui, depuis qu’un nom leur a été donné, ne peuvent nourrir que quelques essaims d’abeilles, défrayaient des hordes de monstres. […] Le passé devient le présent, le fait éloigné se rapproche, la bataille envahit la scène, les mots se font hommes et coursiers, flots et poussière, armes et navires ; le sépulcre même rend ses morts. — Les Evocateurs, c’était le titre d’une des tragédies disparues d’Eschyle, et c’est le nom que pourraient porter tous ses Messagers et tous ses Héraults. […] La pluie qui tombe du Ciel générateur féconde la Terre ; alors elle enfante, pour les mortels, la pâture des bestiaux et le grain de Déméter. » — Ailleurs, il pousse ce cri qui dissout l’Olympien sculpté par Phidias, et disperse dans l’infini son corps et son âme, sa foudre et son sceptre, sa barbe pluvieuse et sa chevelure rayonnante ; « Zeus est l’air, Zeus est le ciel, Zeus est la terre, Zeus est tout ce qu’il peut y avoir au-dessus de tout. » Dans un Chœur de l’Orestie, le Dieu qu’on invoque semble invité à choisir lui-même son nom, dont le poète n’est pas sûr. — « Zeus ! qui que tu sois, si ce nom t’agrée, c’est sous ce nom que je t’implore ! 

770. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Victor, duc de Broglie, celui dont nous parlons, né en novembre 1785, petit-fils du maréchal de Broglie, descend d’une race toute guerrière, dans laquelle on distinguait des gens d’esprit, dont quelques-uns ont eu un nom dans la diplomatie ou dans l’Église ; mais il ne s’y trouverait aucun philosophe ni écrivain proprement dit. […] Prudhomme (le nom est assez singulier pour un Espagnol), qui est à la fois lieutenant de roi et médecin ; de plus, philosophe avancé et très curieux de lire une histoire de la révolution des colonies anglaises et quelques volumes de l’abbé Raynal. […] L’Empereur aurait assez aimé sans doute à compter un de Broglie dans ses armées, à pouvoir citer ce nom historique dans ses bulletins, et il se peut qu’il le lui ait fait entendre ; mais M. de Broglie fut de bonne heure de ceux qui ont l’oreille sourde à la séduction, de ceux qui suivent leur idée et ne se laissent pas dévoyer de leur vocation intérieure. […] Indépendamment de l’intérêt tout particulier qui s’attachait au nom glorieux de Ney et de la question d’humanité même, il y avait dans ce vote autre chose encore, il y avait une théorie. […] Qui est-ce qui ose entrer dans une salle de spectacle, quand il ne connaît la pièce que de nom ?

771. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Aujourd’hui pourtant, je parlerai de deux poètes qui ont chanté avec quelque nouveauté ; dont l’un a déjà un nom, un nom consacré par une mort lamentable, et dont l’autre qui, heureusement, est plus en voix que jamais, obtient une sorte de vogue en ce moment : Hégésippe Moreau et Pierre Dupont. […] La fille de celui-ci, Mlle Louise Lebeau (aujourd’hui Mme J.), est celle même qu’il a célébrée si purement et si chastement sous le nom de ma sœur dans quelques-unes de ses plus jolies pièces, et à laquelle il a dédié ses Contes. […] On n’aurait point parlé convenablement de Moreau, si l’on ne rappelait chaque fois à son sujet ces vers délicieux, où il a comme rafraîchi son talent et son âme : S’il est un nom bien doux, fait pour la poésie, Oh ! dites, n’est-ce pas le nom de la Voulzie ? […] Non ; Mais, avec un murmure aussi doux que son nom, Un tout petit ruisseau coulant visible à peine ; Un géant altéré le boirait d’une haleine ; Le nain vert Obéron, jouant au bord des flots, Sauterait par-dessus sans mouiller ses grelots.

772. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Chacun paraissait d’accord sur la chute de l’Empereur : le nom des Bourbons était déjà prononcé par quelques-uns. […] Il y avait cette magie du nom de Napoléon enflammant la masse et les rangs inférieurs de l’armée, et restant pour elle synonyme de France ; enfin, pour répéter un mot que je viens d’employer et qui dit tout, il y avait une religion. […] Pour prendre des noms très purs et presque consacrés qui représentent l’un et l’autre de ces deux aspects de la France, je nommerai comme expression de la raison publique alors, des hommes tels que M.  […] Il semblait naturellement être désigné pour la commander, et lui-même il se crut nommé jusqu’au jour où il vit le nom du général Bourmont, qui n’avait rien négligé pour le tromper, inséré, au lieu du sien, dans Le Moniteur 3. […] Il allègue que M. de Bourmont, dans la liste de présentation au roi, avait placé le nom du maréchal Marmont en tête.

773. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Jean Viollis s’est exercé, sous son nom et sous divers pseudonymes, à une critique violente, un peu étroite, critique de combat, souvent dogmatique, parfois purement scolastique. […] Rappelons encore les travaux de M. de Gourmont et les noms de MM.  […] Jean Mélia, devraient être compris dans cette étude, mais nous retrouverons ailleurs tous ces noms et d’autres — car les limites de l’essai sont vagues et le domaine de l’érudition se subdivise en tant de districts qu’il nous serait impossible de les connaître tous. […] Paul Acker et Albert Flament, se sont fait un nom. […] Éloquence Nous aurions peu de noms ou trop à citer en dehors de J. 

774. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Vingt ans il a fouillé les bibliothèques publiques ; vingt ans il a épelé — ligne par ligne — Monstrelet, Lachesnaye des Boys, d’Hozier — nulle part le nom des Maillet n’était inscrit dans le livre d’or de la noblesse. […] Il s’est décoré, — non pas publiquement, il est lâche, — mais auprès de quelques niais, d’un nom qu’il a volé et d’une réputation qui appartient légitimement à un autre : Il laisse entendre qu’il fait la critique dramatique du Figaro , sous le pseudonyme de Jouvin. […] 1º Jouvin n’est pas un pseudonyme, c’est un nom ; 2º je connais M.  […] Minoret lui a emprunté son nom, — parce qu’il ne voulait pas signer… Vous comprenez, les convenances ! […] — Il est facile de conclure de cette inscription à l’un des caractères le plus fortement accusés de la population toulousaine : le pédantisme. — Ne serait-ce pas à cette inscription que Toulouse doit d’être connue, à Villefranche et dans le reste de l’Europe, sous le nom flatteur de Toulouse la savante ?

775. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Abstenons-nous donc, pour la sûreté de notre personne, de ce nom si cher au peuple, et qui révolterait le monde contre nous. […] Le second livre des Amours de Pierre de Ronsard célèbre une jeune fille du nom de Marie. […] Faustine que le poète appelle aussi du doux nom de Columba, était blanche comme la déesse de Paphos et d’Amathonte. […] L’ouvrage fut publié en 1673 ; il était dédié au cardinal de Bouillon, celui qui avait porté le nom d’abbé duc d’Albret. […] Il s’agissait de rétorquer les arguments qu’un critique du nom de Fremy cherchait à faire valoir aux dépens du poète.

776. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Ou encore, si Moïse n’était pas l’auteur des livres qui nous sont parvenus sous son nom ? […] Heureux en France les écrivains, pour ne rien dire des hommes politiques, dont un nom de femme est inséparable ! […] Et, tôt ou tard, conseils, préceptes, injonctions, finissent par perdre ce caractère de fixité sans lequel une morale est indigne de son nom. […] File s’en consola en affichant une passion indécente pour le comédien Baron, et c’est elle que La Bruyère a peinte sous le nom de Césonie. […] Déjà, sous le nom de « préjugés », c’est la « tradition » à peu près tout entière que l’on commence d’attaquer.

777. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

La nouvelle apologétique qu’on pourrait déduire des Pensées de Pascal, telles qu’on les possède actuellement, ne saurait s’adresser en réalité qu’à un petit nombre d’esprits et de cœurs méditatifs ; et elle mériterait moins le nom d’ apologétique que de s’appeler tout simplement une forte étude morale et religieuse faite en présence d’un grand modèle. Quelque nom qu’on lui donne, cette étude ne peut s’entreprendre désormais en compagnie d’un auxiliaire plus utile et plus sûr que ne l’est M.  […] Je lui ai dû, pour mon compte, une des plus vives et des plus sérieuses impressions que j’aie éprouvées, et que ce nom de Bourdaloue réveille en moi.

778. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Il appelle les choses par leur nom. Seulement, dans une société où le sophisme et la lâcheté ont appris à tant de personnes cet art des nuances qui change tout sans faire rien crier, dans une société où la netteté de l’expression passe pour une indécence ou pour une tyrannie, appeler les choses par leur nom est une hardiesse qui doit honorer un écrivain. […] Il a appelé la chose par son nom, et il a ajouté : « Des militaires jugeront plus sévèrement que nous ne le faisons nous-même la conduite de M. de Raguse.

779. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

I Ces deux têtes dans un bonnet qu’on appelle d’un seul nom, fait avec les deux leurs, Erckmann-Chatrian, pour l’appeler comme ces deux têtes s’appellent, vient de publier de nouveaux Contes fantastiques. […] Comment un tel esprit, rond et éveillé, qui se tient entre deux vins (le nom d’un de ses contes joyeux), et qui ne boit ni d’éther comme Hoffmann, le grêle et le pointu, ni d’opium comme ce frénétique, sombre et froid d’Edgar Poe ; comment ce peintre de genre littéraire, attendri souvent malgré sa gaîté, et qui pleure au fond de son sourire, comme dans cette chose émouvante et charmante : Les Fiancés de Grinderwald ; comment ce moraliste, qui dans dix ans sera bonhomme, la qualité la plus enviable très certainement pour un conteur, a-t-il pu se croire ou voulu être un fantastique, c’est-à-dire le peintre du sinistre, du mystérieux, du morbide et de l’incompréhensible humain ? […] Si Erckmann-Chatrian avait eu la moindre puissance fantastique, il l’aurait prouvé dans cette histoire si bien commencée, entre cet homme atteint d’une maladie sans nom, qui hurle comme un loup blessé au fond de son château féodal, et dont les crises deviennent de plus en plus épouvantables à mesure que s’avance dans la plaine, à travers les neiges, la vieille sorcière, ou plutôt la vieille inconnue, que la terreur de tout le pays a surnommée la Peste Noire.

780. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

De côté, sur ces tablettes odorantes, voilà les livres choisis, les maîtres essentiels du goût et de l’âme, et quelques exemplaires somptueux où se retrouvent encore tous les noms de l’amitié, les trois ou quatre grands noms de cet âge. […] Cette idée de noblesse et d’antique naissance est surtout nécessaire pour expliquer le caractère et la physionomie du père de M. de Chateaubriand, de l’homme ardent, rigoureux, opiniâtre, magnanime et de génie à sa manière, dont toute la vie se passe à vouloir relever son nom et sa famille ; espèce de Jean-Antoine de Mirabeau dans son âpre baronnie. […] On le voulut sauver en lui filant une corde : « Je suis prisonnier sur parole, » s’écrie-t-il du milieu des flots ; et il revient à terre, où il est fusillé avec Sombreuil. — Gesril, vous êtes mort en héros, vous avez égalé Régulus et surpassé d’Assas ; et qui connaît votre nom cependant ? […] Si le poëte est capricieux de nature, s’il lui plaît parfois d’immortaliser des chimères, des êtres rencontrés à peine, des jeunes filles dont il ne sait le nom et auxquelles il sourit comme la fée, le poëte aussi est reconnaissant ; il prend dans la nuit l’ami qu’il préfère, et il lui dresse un trône. […] Flins a beau être mort de toute la mort d’une médiocrité spirituelle, une goutte d’ambre est tombée sur son nom et le conserve ; il y a quelque chose de lui enchâssé dans la base de marbre de cette statue immortelle.

781. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Son nom, qui servait ainsi tous les ennemis des Bourbons, grandissait comme une arme à deux tranchants propre à toute main. […] Il ne m’aimait pas ; il évitait de prononcer mon nom pendant sa vie, et, comme ministre des affaires étrangères, il nuisait à ma fortune. […] Le nom de M. de Talleyrand, dit M. de Marcellus, ne tombe jamais de la plume de M. de Chateaubriand sans y avoir été marqué d’un fer chaud à son passage. […] C’est ici l’ancien golfe de Pharmakia, où l’on dit que Médée, partie de la Colchide, déposa des poisons, en y laissant leur nom. […] Il fuyait la colère de son père, et dans son trajet il laissa tomber sa sœur Hellé, menacée comme lui par une marâtre, dans le détroit qui porte encore aujourd’hui son nom.

782. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Chez nous, il arrive quelquefois encore qu’un personnage, en se présentant sur la scène, commence par décliner son nom ; plus souvent, il nous explique pourquoi il entre, pourquoi il sort. […] Zaïre n’a été fournie à Voltaire par aucune chronique : quelques noms à peine ont passé de l’histoire dans cet immortel ouvrage. […] Le genre romantique est si vague de sa nature, que nous ne savons pas même quelle est la signification précise du nom qu’il porte. […] Qu’est-il donc enfin, et d’où a-t-il pris le nom qui le désigne ? y a-t-il dans ce nom du romain ou de l’antique, et comment se fait-il que la réunion de ces syllabes équivaille à septentrional, à sentimental, à transcendantal ?

783. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il a laissé un nom et bien des mots qu’on répète. […] Né en 1741 dans un village près de Clermont en Auvergne, il se nommait d’abord Nicolas ; c’est sous ce nom qu’il fit ses études à l’université de Paris, au collège des Grassins, en qualité de boursier, et qu’il remportait tous les prix. […] C’est un homme à qui on dit : Tu vivras pauvre, et trop heureux de voir ton nom cité quelquefois ; on t’accordera, non quelque considération réelle, mais quelques égards flatteurs pour ta vanité, sur laquelle je compte, et non pour l’amour-propre qui convient à un homme de sens. […] Trop maladif et trop irrité pour mériter jamais d’obtenir une place dans la série des véritables moralistes, son nom restera attaché à quantité de mots concis, aigus, vibrants et pittoresques, qui piquent l’attention et qui se fixent bon gré mal gré dans le souvenir. […] Il attachait beaucoup d’importance au nom.

784. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

… Le dégoût l’avait-il pris de la scandaleuse gloire qui se fit un jour autour de son nom, et qui s’en est allée de plus en plus s’éteignant à chacun de ses livres qui suivirent le premier ? […] … La science philosophique, ou ce qu’on appelle de ce nom, n’aboutissant, par tous ses rayons, qu’à un scepticisme inévitable, les philosophes ne sont guère plus que des gymnastes dans un exercice de l’esprit… Leur effort seul et la mesure de leur force, font tout leur mérite et leur gloire. […] Un ou deux siècles partout, en Allemagne quelques années, suffisent pour effacer de l’estime des hommes leurs systèmes, qui n’existent plus alors qu’au mince et puéril état de curiosités intellectuelles, et ne conservent, quand ils furent puissants, que le nom de leurs inventeurs. […] Il pourrait très bien se dispenser d’avoir trois noms au lieu d’un seul. […] Assurément, s’il n’y avait dans ce volume que la personnalité de Marc-Aurèle, dont il porte le nom, l’examen serait bientôt fait d’un livre qui partage la niaiserie d’un Sganarelle impérial, trompé et content, digne, dans ses mœurs privées, de la comédie, mais dans ses mœurs publiques, tout aussi vulgairement atroce que les empereurs qui voulurent empêcher de croître, en l’arrosant de sang, le chêne catholique qui à chaque versée poussait et croissait d’un empan de plus !

785. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

Maurice Bouchor Pour avoir la joie d’écrire un nom qui m’est cher et qui, je pense, n’a pas figuré encore dans votre enquête, je déclare que je donnerais toutes les productions à moi connues de nos symbolistes, pour n’importe laquelle des chroniques rimées de Raoul Ponchon. […] À quoi bons des noms ?

786. (1890) Dramaturges et romanciers

Leurs caractères et leurs mœurs sont en parfait accord avec leurs noms. […] Ce qui vous choque, convenez-en, c’est le nom de l’Église à laquelle Sibylle appartient ; mais écartons les noms et les étiquettes, et prenons la donnée en elle-même : nous la trouverons fondée sur la vérité morale et sur la nature. […] Sibylle fait au nom de l’amour ce que nous faisons chaque jour au nom des affections les plus frivoles. […] Quel nom je viens d’écrire là ! […] Je veux pouvoir le mesurer de mon regard, le toucher de ma main, le nommer par son nom.

787. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Il y avait bien des degrés dans les anciens noms ; mais celui de Vergennes était connu, était historique, et tenait à l’ancien régime. […] Dans un cahier de souvenirs, dans un de ces albums alors plus rares qu’aujourd’hui et plus intimes, où on lit inscrits les noms des amis, et où l’on recherche de chacun d’eux, avec une curiosité mêlée de tristesse, quelques témoignages particuliers et déjà lointains, je saisis avec bonheur et je dérobe une page toute lumineuse signée du nom de Chateaubriand. […] Ces divinités résolurent d’écrire l’histoire de leur voyage et le nom des hommes qui leur donneraient l’hospitalité. […] Le lendemain matin, à leur départ, la Gloire ne put parvenir à graver mon nom sur son marbre ; l’Amour, après l’avoir tracé sur ses tablettes, l’effaça bientôt en riant : l’Amitié seule me promit de le conserver dans son livre. […] On peut y ressaisir sous d’autres noms le calque ou le reflet de ses propres impressions successives dans sa vie de palais.

788. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

En dépit de quelques noms éclatants, de quelques curieuses ou grandes œuvres, le xive  siècle et le xve font un trou entre les richesses du moyen âge et les splendeurs de la Renaissance. […] Le nom qui désormais va désigner la poésie, le nom qui peint merveilleusement celle de ces deux siècles, depuis Machault et Deschamps jusqu’à Crétin et Molinet, c’est le xive  siècle qui l’adopte et le consacre : et ce nom est rhétorique. […] On conçoit tout ce que cette méthode d’investigation, réduite à ce que le jargon contemporain appelle interviews et reportage, entraîne d’erreurs de chronologie, de topographie, de confusions et d’altérations de noms : ce n’est pas la peine de s’y arrêter. […] Au xiiie  siècle encore, avec l’expansion des deux grands ordres mendiants, dont l’un est voué par son nom même à la prédication, l’éloquence chrétienne a encore de beaux jours. […] En somme, outre quelques sermons du xiiie  siècle, la prédication en langue vulgaire n’est représentée que par deux recueils qu’on a sous les noms de Maurice de Sully110, évêque de Paris, et de saint Bernard.

789. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

On peut dire que les deux hommes peut-être que Fauriel a le plus tendrement aimés furent Cabanis et Manzoni : il y a bien à rêver, comme dirait Mme de Sévigné, sur le rapprochement de ces deux noms. […] J’aime d’ailleurs les noms propres : j’ai toujours été bien aise de porter un nom à moi, et je ne saurais vous dire combien de plaisir il me fait que personne ne s’appelle Fauriel, hors mon ami… Pour ce qui regarde ma Violette, j’y renonce dès à présent dans tous les actes publics, mais rien au monde ne m’y fera renoncer dans les cas privés. […]  » N’ai-je pas fait planter une quantité innombrable de violettes au pied de la butte que je viens de faire moi-même dans le jardin, uniquement pour justifier ce nom ? […] Fauriel, nous l’avons assez marqué, ne visait en rien à l’effet, ou plutôt l’effet qu’il désirait produire était exactement l’opposé de ce qu’on appelle ordinairement de ce nom. […] Joignez-y, si vous voulez, Villers, Vanderbourg ; je cherche en vain d’autres noms.

790. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Parmi les jeunes et ceux qui briguent la palme dans un prochain avenir, je suis forcé de négliger un groupe de jeunes amis : Catulle Mendès que son prénom oblige et qui ne paraît pas d’humeur à y déroger, qui se fait un jeu de mêler dans ses composés subtils Gautier, Musset et Benserade, nectar et poison ; — Emmanuel des Essarts que son nom oblige aussi, fils de poëte, un de mes élèves à moi (car j’en ai eu à l’École normale), et qui sait allier la religion de l’antiquité aux plus modernes ardeurs : qu’il ne les sépare jamais ! […] Sous le titre Avril, Mai, Juin, j’ai reçu il y a deux ans un recueil de sonnets41, où deux jeunes amis se sont mis à chanter de concert tout un printemps et sans livrer au public leur nom ; je ne l’ai moi-même appris qu’à grand’peine (Léon Valade et Albert Mérat). […] Plus je tarde et plus il me vient à la pensée de noms qui se pressent et qui auraient droit de se plaindre de l’oubli. […] Je me hâte d’en venir aux trois ou quatre noms qui me sont imposés par des circonstances particulières et que je me suis donné pour sujet aujourd’hui.

791. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Je vous aime, poète, et je vous remercie d’avoir sculpté mon nom dans ce marbre et dans ce bronze, et je vous embrasse. […] Émile Faguet À propos du Baiser : Malgré tout le talent de M. de Banville et malgré toute la considération qui s’attache à son nom, on ne l’aurait pas écouté bien longtemps, et il le sait parfaitement. […] Anonyme Il nous revient de tous côtés que le nom de Chevillard, qui figurait sur un récent programme des concerts Lamoureux, abriterait de son pseudonyme transparent un des vétérans des lettres françaises, M.  […] Néanmoins l’humanité retiendra le nom du divin poète qui chanta dans un jardin de joie, Erynna, le Festin des Dieux et l’Âme de Coelio, et qui écrivit aussi le Forgeron.

792. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

La caste sacerdotale s’était séparée à tel point du sentiment national et de la grande direction religieuse qui entraînait le peuple, que le nom de « sadducéen » (sadoki), qui désigna d’abord simplement un membre de la famille sacerdotale de Sadok, était devenu synonyme de « matérialiste » et d’« épicurien. » Un élément plus mauvais encore était venu, depuis le règne d’Hérode le Grand, corrompre le haut sacerdoce. […] Sous le nom de Boëthusim 618, se forma ainsi une nouvelle noblesse sacerdotale, très mondaine, très peu dévote, qui se fondit à peu près avec les Sadokites. […] Ce nom ne se trouve que dans les documents juifs. […] Le nom des Boëthusim s’échange souvent dans les livres talmudiques avec celui des Sadducéens ou avec le mot Minim (hérétiques).

793. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

La conscience publique l’a bien senti lorsqu’elle a salué certaines époques des noms de Périclès, d’Auguste, de Médicis, de François Ier, d’Élisabeth. […] Il y avait quelque chose qu’on appelait autrefois la censure pour les théâtres, vilain nom, nom odieux, et qu’il faut dans tous les cas supprimer. […] Quelles que soient les apparences contraires, et même après tous les naufrages, pourvu qu’on n’y périsse point, il y aura toujours de l’écho en France pour ces noms et ces choses-là.

794. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

C’est ainsi que tous les disciples d’un professeur de l’université qui auroit enseigné que les déclamations que nous avons sous le nom de Quintilien valent mieux que les oraisons de Ciceron, secoueroient ce préjugé dès qu’ils seroient capables d’entendre ces deux ouvrages. […] Le nom de Virgile n’imposoit point alors, et son livre étoit exposé à tous les affronts qu’un livre nouveau peut essuïer. […] L’esprit philosophique qui n’est autre chose que la raison fortifiée par la refléxion et par l’expérience, et dont le nom seul auroit été nouveau pour les anciens, est excellent pour composer des livres qui enseignent à ne point faire de fautes en écrivant, il est excellent pour mettre en évidence celles qu’aura faites un auteur, mais il apprend mal à juger d’un poëme en general. […] Il n’y a point d’auteurs célebres que quelque critique n’ait entrepris de dégrader, et nous avons vû même soûtenir que Virgile n’avoit point fait l’éneïde, et que Tacite n’avoit point écrit l’histoire et les annales qui sont sous son nom.

795. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Il faudrait également que je caractérisasse à la fois et Delille que nous venons de perdre, et M. de Chateaubriand qui est encore dans la force du talent, doués, l’un d’une immense richesse de détails poétiques, l’autre d’une imagination vaste et féconde, placés tous les deux sur les derniers confins de notre ancien empire littéraire, et venant terminer d’une manière admirable toutes les traditions de notre double langue classique dont le règne va finir : ce qu’il y a de plus remarquable dans l’association que je fais ici de ces deux noms, c’est que leurs ouvrages, honneur éternel de cette époque, sont à la fois des monuments littéraires et des monuments de nos anciennes affections sociales. […] Nous ne connaissions point jusqu’à présent de genre classique ; nous appelions auteurs classiques ceux qui ont fixé la langue, et qui font autorisé sous ce rapport ; ensuite, par extension, nous donnions encore le nom de classiques aux auteurs qui sont restés fidèles au génie de la langue et à toutes les convenances de notre littérature nationale. […] Il ne faut pas cesser de le répéter, parce qu’il ne faut pas cesser d’entourer de respect ce qui a été : venir en son propre nom, pour employer une expression heureuse de Bacon, suppose une haute vanité, une présomption condamnable, un orgueil qui doit être réprimé. […] Pour introduire de suite le lecteur dans le sens intime d’une pareille discussion, je vais le mettre aux prises avec le plus grand nom des lettres françaises, avec Bossuet : encore ne prendrons-nous pas Bossuet tout entier.

796. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Mais je me soucie de Lamartine ; et quand on fait un livre qui porte son nom, on est tenu à ne voir que lui, — à ne parler que de lui, — à ne creuser que dans cette âme et dans ce génie. […] Mais l’esprit de parti et l’esprit moderne sont plus forts que tout, — l’esprit de parti et l’esprit moderne, qui ont furieusement usurpé leur nom et qui ne sont pas l’esprit du tout ! […] Après ces premières Méditations, qui ravirent le monde charmé et qui apprirent à la distraction hautaine de lord Byron l’orthographe d’un nom qui allait devenir aussi éclatant que le sien, Lamartine donna les Secondes Méditations, aussi belles que les Premières, quoi qu’on en ait dit, — car l’admiration fatigue vite l’âme faible et basse des hommes. […] Voilà, pour moi, le Lamartine que j’aurais voulu voir, dans un livre étoilé et aimanté de son nom !

797. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Rationalistes, sceptiques, éclectiques, et, par-dessus le marché, païennes de tendance, de portée et de volonté, — c’est-à-dire, sous des noms différents, ennemies de l’Église catholique et n’ayant de préoccupation et d’intérêt que pour les travaux qui la diminuent, — les Académies, et en particulier l’Académie française, dont il est seulement question ici à propos du livre de M.  […] Gaston Boissier ne voit pas tout à fait cette croix comme nous la voyons, nous… Pour lui, elle n’est guères qu’un agrément assez touchant dans l’histoire du Christianisme ; mais, selon lui, le Christianisme précédait cette croix dans l’humanité, et aurait pu, sous quelque nom que ce fût, exister. […] On a la chose avant d’avoir le nom. […] Gaston Boissier a touché, à travers celui qui donnait le nom à son livre, un sujet pour lequel il n’avait pas les mains qu’il fallait, — des mains savantes d’une autre science que la sienne, compétentes, théologiennes.

798. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Ces inventeurs, sans réflexion, n’ont pas vu ou n’ont pas voulu voir que, dans toute critique digne de ce nom, se trouvait précisément l’emploi des deux facultés à l’aide desquelles l’esprit invente : l’observation qui cherche et l’intuition qui devine. […] Louvet n’a jamais rien observé que ce qui fait baisser les yeux à un honnête homme, et le nom qu’il mérite ne peut s’écrire en littérature, tandis que Monselet, qui a sans doute pour Louvet l’indulgence d’un biographe de Rétif de la Bretonne, ne manque point d’observation réfléchie, et « la bonne humeur » dont il nous parle aussi dans sa préface et dont nous aurions souhaité qu’il eût voilé quelques éclats, est de cette bonne humeur à la façon des satiriques, qui ont une manière de rire à eux, comme rirent, de leur temps, Johnstone et Le Sage… Monselet s’est calomnié gratuitement en se comparant au plat et indécent auteur de Faublas. […] Monsieur de Cupidon — comme dit la vieille petite nudité de ce nom — est, on s’en doute bien, cet Amour que le xviiie  siècle avait conçu et réalisé, dont la monographie est depuis longtemps trop connue pour que nous la recommencions, et qui, revenu après sa mort sous la forme d’un dandy moderne, traverse le monde et retrouve tous les personnages de sa vie antérieure, affublés comme lui de formes nouvelles : Voici monsieur Dubois plaisamment fagoté ! […] Qu’il ne soit plus désormais qu’un conteur, en son propre et privé nom, qui dit ce qu’il a vu, observé, inventé (mêmes choses !)

799. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

, les meubles rocaille, les tapis et les châles turcs, le cigare, la mythologie païenne prise à la Renaissance, les Callipyges, comme dit le poète, et toutes les Vénus avec leurs noms grecs ; ôtez, enfin, l’univers de papier peint du théâtre de Pierrot, et c’est fini ! […] Sa poésie, quelque nom qu’elle porte : Cariatides, Stalactites, Erato, Sang de la coupe, etc., n’est jamais de la poésie sentie ou pensée ; mais c’est de la poésie peinte ou sonore, et encore plus sonore que peinte. […] Il n’en est rien, d’ailleurs, et voici un reproche qui affectera plus Banville que tous ceux que jusqu’ici nous lui avons adressés… Quand on n’a rien « sous la mamelle gauche  », — comme disait Diderot, un matérialiste, mais qui n’avait pas la conception de la poésie de Banville, — quand on ne pense qu’à la langue et qu’on ne se préoccupe, avec passion, que de la rime, on ne laisse pas subsister des vers comme ceux-ci dans l’écusson de ses œuvres complètes, et il y en a beaucoup de pareils : Comment dire ton nom, ton nom, géant Homère !

800. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Est-ce pour Athènes, près de laquelle se pressaient volontiers les peuples du nom grec ? […] Jamais ne meurent sou noble souvenir ni son nom ; mais, sous la terre qui le couvre, il est immortel celui que, dans le feu de la victoire, de la résistance, du combat pour la patrie et la famille, le terrible Mars a frappé. […] Pour un homme ainsi banni nul souci de lui-même, nulle pudeur sur son nom dans l’avenir. […] Stésichore cependant s’était toujours montré peu docile à ce pouvoir suprême, personnifié de son temps, il est vrai, par un odieux oppresseur dont les crimes et le nom semblent fabuleux, tant ils font horreur !

801. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Elle pense que la protestation du dernier héritier du nom suffira. […] La jeune génération n’a connu Henry Monnier que de nom. […] nom d’un… tiens, … tu la vois, là-bas, la guillotine ? […] Y a-t-il des femmes, nom d’un ! […] Il y avait là deux enfants inscrits à l’état civil sous deux noms différents.

802. (1888) Poètes et romanciers

Suivez Herman dans le poème qui porte son nom ; suivez-le dans son périlleux voyage. […] Je nommai le cochon par son nom. […] On a même cité un nom, celui de Mlle Judith. […] Tout au plus un nom apparaît-il dans un certain vague et comme dans le lointain. Ce nom pourrait être un sérieux péril.

803. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Töpffer, comme le nom l’indique, sont d’origine allemande, et on pourra, si l’on veut, en retrouver quelque trace dans le talent naïf et affectueux de leur fils. […] Prévère ouvre la Bible et y lit ces mots comme texte du discours qu’il va prêcher : Quiconque reçoit ce petit enfant en mon nom, il me reçoit. […] Le nom s’écrit avec l’ö tréma ; il suffira de le remarquer une fois sans avoir à s’y astreindre durant tout l’article. […] du grand poëte de ce nom et fille elle-même de l’aimable poëte Browles, une toute petite pièce qui me paraît compléter la pensée de M. […] Son nom manque dans toutes nos biographies ; il n’est connu que des protestants.

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