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902. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Je veux qu’on fasse célébrer pour le repos de mon âme, dans le plus bref espace de temps qu’il sera possible, deux mille messes, destinant une aumône de cinq paoli pour chaque messe célébrée en présence de mon corps, soit à la maison, soit à l’église, et de trois paoli pour chacune des autres messes à célébrer à Saint-Laurent hors des murs, à Saint-Grégoire et dans d’autres églises où se trouvent des autels privilégiés avec indulgence spéciale, selon l’indication de mon héritier. […] « Je ne crois pas pouvoir mieux disposer des tabatières précieuses qui, durant le cours de mon ministère, m’ont été données par divers souverains, et que j’ai conservées par respect et reconnaissance envers les augustes donateurs, qu’en en faisant autant de legs en faveur des maisons et établissements qui sont le plus dans la nécessité. […] La seconde duchesse de Devonshire jouissait de l’immense domaine de cette maison, et le duc l’avait épousée après la mort de sa première et célèbre épouse.

903. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Ils devaient sans doute s’opposer dans une opposition définitive pour se pouvoir enfin regarder plus librement, au-delà de la comédie politique, pour se regarder jusqu’à ce qu’ils se soient reconnus frères d’une même maison. […] L’homme naît seulement dans une famille, une maison, une nation, une race ; à ces origines il appartient corps et âme ; et tout homme qui appartient à une autre origine est séparé de lui par des barrières que la nature seule ne pourrait jamais aplanir. […] En ce que, s’ils diffèrent par la famille, la maison, la nation, ils sont au moins sortis d’une race commune.

904. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Un grand rameau couvert de lichen blanc qui semble un spectre, et là une coulée de marguerites fleuries et si pressées qu’elles simulent un linceul déroulé. » Avant que le condamné ait pu regagner sa maison, le soir est venu, et les « miasmes fantômes, semences ailées de la mort qui montent dans l’humidité nocturne ». […] Maintenant, dans la maison, au fond de la cheminée, assis parmi le caprice des lueurs, un mendiant, un peu sorcier, un peu poète, un peu philosophe, « trace des cercles dans les cendres du bout de son bâton ». […] Pas plus que le grand méditatif de La Maison du Berger, l’auteur d’Eternité ne vient rêver seul devant la nature.

905. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

bien, il faut en agir avec eux comme avec une maison de commerce, une manufacture. […] Personne n’ignore que Louis XIV, lors de la création du Théâtre-Français, soutint l’entreprise de Molière par des secours pécuniaires ; mais, comme indemnité de cet argent, il voulut qu’on accordât à ses pages et à tous les officiers de sa maison les entrées du théâtre. […] Si les jeunes pages et les officiers de la maison du roi avaient pris, dans l’habitude de fréquenter le théâtre, des formes aimables et un genre d’esprit qui avait la couleur de la littérature de ce temps, nos jeunes gens, déjà éclairés sur leurs droits par une première éducation, achèveraient, par des représentations de pièces fortes, morales et constitutionnelles, d’acquérir les nobles qualités qui font l’honnête homme, et le grand citoyen.

906. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

La vie à la campagne me semble être la plus normale, la plus féconde pour travailler, la plus propice pour offrir aux miens un véritable foyer, une demeure qui ne soit pas un appartement d’occasion, la plus hygiénique pour le physique et le moral d’une famille, celle enfin où l’on peut donner à sa maison le plus de sens. […] Mais par réserve et pour ne pas parler de ceux qui sont trop mes parents, je m’en tiendrai à une maison où l’on professait la doctrine extrême de Charles Maurras, en même temps qu’on gardait, je le sais, une ardente amitié pour les formes premières du nationalisme.‌ […] Cela a été très dur, le 13 et le 14 ; nous sommes restés dans les tranchées à 30 mètres des Boches, sous le feu des bombes qu’ils envoient avec des canons à ressort et qui font des trous comme des maisons.

907. (1894) Critique de combat

Lemaître doit beaucoup cette fois à la maison d’Autriche ! […] Que faites-vous du proverbe : On ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu ? […] Un obus fait sauter le toit d’une maison : tiens ! […] La maison paternelle, ce n’est plus qu’un séjour d’été ou un pied-à-terre du dimanche. […] Malauve est repris d’un désir fauve et, dans la maison funèbre, c’est une folle nuit d’amour.

908. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Écoutez à présent un cri de joie de son intolérance fanatique : c’est dans le Sermon sur la Vaine Gloire ; il cite un exemple de ce qu’il appelle la gloire véritable : « Ayant détruit la maison d’Achab, suivant le commandement du Seigneur, Jéhu fait un sacrifice au Dieu vivant de l’idole de Baal, et de son temple, et de ses prêtres, et de ses prophètes ; il n’en laisse pas un seul en vie. […] Il m’a déshonoré et avili, il a éteint en moi toute la fierté naturelle au génie, il m’a moins rassasié de pain que d’opprobre, et la vie que j’ai menée dans sa triste maison m’a fait cent fois désirer la mort. […] C’est que, quand la saison ne leur permettait pas d’errer dans les prairies et dans les polders, au bord des canaux ou de l’Océan, ils étaient obligés, ces Hollandais, pour se garantir du froid de la mer et du vent du nord, si cruel, de se tenir clos dans leurs maisons et d’en calfeutrer hermétiquement les fenêtres à petits vitraux ; c’est là, étroitement renfermés pendant le long deuil de l’hiver, c’est là qu’ils ont trouvé le clair-obscur. […] Il légua sa maison, située près du Vatican, au cardinal Bibiena, dont il devait épouser la nièce. […] Nous, modernes, trop vêtus et mal, nous vivons dans des boîtes que nous nommons maisons, et dans des tiroirs de commode que nous nommons appartements.

909. (1887) Essais sur l’école romantique

On prenait une licence de poète, comme une licence d’avocat ; puis on s’établissait, on tenait maison. […] Victor Hugo a rebâti tout le Paris de ce temps, hommes et maisons. […] Pendant plus d’un siècle, les maisons se pressent, s’accumulent et haussent leur niveau dans ce bassin, comme l’eau dans un réservoir. […] Ces-joyeuses maisons qui s’épandent dans la campagne, pour y chercher de la verdure et de l’air, ou peut-être pour échapper à quelques droits d’octroi du temps, ne sont-elles pas charmantes ? […] Les maisons de santé ont dû venir ensuite, dans le voisinage des abbayes, parce que celles-ci ont toujours eu soin de se placer en bel air ; et, après, les maisons de campagne des riches et des rentiers, race timide et renfermée, les derniers qui s’exposent à sortir de l’enceinte fortifiée des villes, surtout à des époques si guerroyantes.

910. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

 » Faut-il donc mettre sur la scène tout ce qui se passe communément dans une maison ? […] Une fougue imprudente n’est pas l’ardeur d’un héros ; un jeune homme de seize ans, qui s’enfuit de la maison paternelle, n’est pas un héros. […] Ce marquis va tous les jours dans la maison où demeure Mélanide, sans la reconnaître, sans en être reconnu : il y a dans tout cela de quoi exercer la foi des fidèles du Théâtre-Français. […] Seulement on peut observer qu’il n’y a qu’un fou qui puisse mettre toute sa maison dans la confidence d’un mystère qui touche de si près à son honneur. […] Enfin, qu’y a-t-il de plus insensé que d’imaginer un bal dans une maison dont le maître est au désespoir, et la maîtresse prête à partir pour aller ensevelir sa douleur dans le cloître ou dans la solitude ?

911. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Jusqu’à la mort de Louis, il ne quitta pas la maison du roi, à peine sa chambre. […] Maison de ville y construit belle et bonne, Les lieux publics devise tout nouveaux, Entre lesquels au milieu de Sorbonne, Doit, ce dit-on, faire la place aux veaux. […] C’était moins gai, nullement triste pourtant, grâce au désordre qui régnait alors dans ces maisons-là. […] L’homme doit connaître soi-même et sa maison, sa maison surtout. […] Il passa alors dans la maison du nouveau dauphin, Henri, qui devait devenir Henri IL Ronsard était alors un grand garçon de seize ans.

912. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

« Nous avons élevé cet enfant pour le roi », écrivait sa mère au ministre de la guerre en 1814 ; elle demandait l’admission de son fils dans les gendarmes de la Maison rouge ; il y entra avec brevet de lieutenant le 1er juin 1814, à l’âge de dix-sept ans. […] La Maison du Berger, dédiée à Éva, débute par un beau mouvement : Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie, Se traîne et se débat comme un aigle blessé, Portant comme le mien, sur son aile asservie, Tout un monde fatal, écrasant et glacé ; S’il ne bat qu’en saignant par sa plaie immortelle, … si tu souffres trop enfin, viens, lui dit-il ; laisse là les cités ; la nature t’attend dans son silence et ses solitudes […] Il revient, vers la fin, à sa maison de berger, qui est, il faut en convenir, un véhicule plus poétique que commode ; mais de beaux vers font tout pardonner. Il promet à Éva de lui lire ses propres poèmes, assis tous deux au seuil de la maison roulante : Tous les tableaux humains qu’un Esprit pur m’apporte S’animeront pour toi quand, devant notre porte, Les grands pays muets longuement s’étendront.

913. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

La Champmeslé ne compte pas ; elle était trop près de lui et faisait partie de la maison. […] De retour à Soisy, son premier soin est de faire visite à la maison qu’habitait son cher voisin : « J’ai été aujourd’hui (12 juin 4763), pour la première fois, à Montmorency ; ma première visite a été pour vos tilleuls. […] La maison de Verdelin, originaire d’Écosse et établie au Comtat Venaissin dès le xiiie  siècle, distinguée par ses services militaires, et qui a donné plus de quinze chevaliers ou commandeurs à l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, s’était alliée déjà deux fois directement à la maison de Bremond d’Ars, — en 1630 et en 1669.

914. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Alors il décampait de la maison paternelle, sans un sou, et laissant derrière lui une ébauche d’amour avec une jeune Espagnole. […] Il nous esquisse le portrait d’un ivrogne qui, pour boire son verre d’eau-de-vie du matin, s’était marié à une fille de maison, pour vingt kopecks, un ivrogne dont il a fait éditer une comédie remarquable. […] Il se trouve chez la mère, pendant trois jours de fête donnés par cette russe pour la naissance de sa fille, qui les passait seule chez elle, ayant laissé à la maison un mari malade, hypocondriaque. La mère était une femme folle de plaisirs, et la maison toute pleine de joie et de danses.

915. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Il se détournait de sa route, en voyage, pour aller feuilleter, dans la maison de Cléophile, les poëmes d’Homère, déposés là en souvenir de l’hospitalité qu’Homère, disait-on, avait reçue jadis dans cette maison. […] Dans sa ville, dans sa maison, il se fait lier de cordes, et reste muet. […] Ce que c’est qu’être de la maison !

916. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Ab re divinâ : après le service divin, après l’office, au sortir du Temple, ils viendront à la maison. […] On voit donc que le annonce toûjours un objet considéré individuellement par celui qui parle, soit au singulier, la maison de mon voisin ; soit au pluriel, les maisons d’une telle ville sont bâties de brique. […] Nous avons en France de grandes maisons qui ne sont connues que par le nom de la principale terre que le chef de la maison possédoit avant que les noms propres de famille fussent en usage. […] Telle est la maison de France, dont la branche d’aîné en aîné n’a d’autre nom que France. Nous avons aussi des maisons très-illustres & très anciennes, dont le nom n’est point précédé de la préposition de, parce que ce nom n’a pas été tiré d’un nom de terre : c’est un nom de famille ou maison.

917. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il ne le revit point jusqu’en mai de l’année 1708, où, retournant pour commander l’armée de Flandre, il le vit un moment encore à la maison de la poste de Cambrai, où il dîna. […] Les religieuses sont pourtant séparées, mais j’occupe une partie de leurs logements… » Interrogé sur un cas de conscience lorsqu’il venait de donner un conseil royal et de politique, Fénelon souffre évidemment ; il rassure en deux mots son élève : « Vous ne devez avoir aucune peine, lui dit-il, de loger dans la maison du Saulsoir : vous n’avez rien que de sage et de réglé auprès de votre personne ; c’est une nécessité à laquelle on est accoutumé pendant les campements des armées. » Mais il fait précéder sa réponse sur ce point-là de bien des avis plus généraux que le duc de Bourgogne devait être capable d’entendre : « On dit que vous êtes trop particulier, trop renfermé, trop borné à un petit nombre de gens qui vous obsèdent.

918. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Mais c’est à Reims, sa dernière et véritable patrie, c’est au benoît préau qu’il en revient toujours, à la jolie maison qu’il se fait arranger et qu’on lui prépare (« Car j’aime la jeunesse, dit-il, aussi bien en maison qu’en autre chose ») ; c’est à son jardin, à ces allées qu’il y veut « toujours propres, toujours nettes et sablées comme celles de Versailles pour le moins » ; c’est à tout cela que va de lui-même son désir et son vœu : « La contrainte n’est pas mon fait, je n’aime que la liberté ; je ne l’ai pas haïe jusques ici, je l’aimerai à l’avenir encore davantage. » Il le redit de mille agréables façons : Somme toute, notre cher, les honneurs sont beaux, mais la liberté est admirable.

919. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Il dit qu’il partirait dans huit jours, et à ce terme précis il se mit en route, se traînant jusqu’à Montpellier et passant outre, malgré les médecins de la Faculté qui lui prédisaient qu’il n’arriverait pas en vie jusqu’à Marseille : « Mais quelque chose qu’ils me sussent dire, je me résolus de cheminer tant que la vie me durerait, à quelque prix que ce fût ; et, comme je partais, m’arriva un autre courrier pour me faire hâter ; et, de jour à autre, je recouvrais ma santé en allant, de sorte que quand je fus à Marseille, je me trouvai sans comparaison mieux que quand j’étais parti de ma maison. » Montluc débarqua en Italie pendant l’été (1554). […] Le jour suivant, il convoqua tous les grands de la cité pour leur faire en italien une déclaration semblable et leur demander de réduire la ration de pain des habitants à quinze onces, c’est-à-dire un peu moins que pour les soldats : car il était naturel qu’il y eût dans les maisons des bourgeois des ressources que les soldats n’avaient pas.

920. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Peu de maisons qui n’entre de sa porte dans son petit bateau. […] Le charme pour elle n’existe plus du tout, et elle prend l’habitude, dans son irritation, d’annoter les lettres qu’elle reçoit de Henri et de les charger dans les interlignes de contradictions piquantes et moqueuses ; par exemple, à cet endroit où il est dit qu’il se propose de faire venir bientôt près de lui Mme Catherine, sa sœur, et qu’il la prie de l’accompagner, elle ajoute ironiquement : « Ce sera lorsque vous m’aurez donné la maison que m’avez promise près de Paris, que je songerai d’en aller prendre la possession, et de vous en dire le grand merci. » Il perce dans ce reproche un coin d’intérêt et de calcul qu’on ne voudrait pas en elle.

921. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Il s’agissait du prochain mariage du roi avec une princesse de Florence, et comme Henri IV le lui annonçait, le digne président répondit par une comparaison érudite avec la lance d’Achille, disant que cette maison réparerait ainsi les blessures qu’elle-même avait faites à la France par la personne de Catherine de Médicis. […] Henri, avant Coutras, disait à ses cousins, le prince de Condé et le comte de Soissons, qui commandaient les deux ailes de la bataille : Vous voyez, mes cousins, que c’est à notre maison que l’on s’adresse.

922. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Nous nous en allons vers notre vraie patrie, vers la maison de notre père : mais, à l’entrée, il y a un passage où deux ne sauraient marcher de front, et où l’on cesse un moment de se voir : c’est là tout. » A Mme de Senfft encore, au moment où il agitait de publier les Paroles d’un Croyant (19 février 1834) : « Vous allez entrer dans le printemps, plus hâtif qu’en France dans le pays que vous habitez (Florence) : j’espère qu’il aura sur votre santé une influence heureuse : abandonnez-vous à ce qu’a de si doux cette saison de renaissance ; faites-vous fleur avec les fleurs. […] Je courus chez lui ; il demeurait à l’extrémité de la rue de Vaugirard, dans une grande maison qu’il occupait avec quelques-uns de ses amis.

923. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Il y avait, au XVIIe siècle, un terrible et savant docteur de la maison de Navarre, Launoi : bon chrétien, mais singulier, mordant, original, paradoxal, il était un ennemi déclaré de la légende, et il faisait la guerre à quantité de saints qu’il estimait suspects. […] Il y a, Jésus l’a dit, plus d’une demeure dans la maison de mon père.

924. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

M. de Merle me menait souvent avec lui chez les princes et les ministres, de sorte que j’ai eu occasion de voir fréquemment le fameux marquis de Pombal, qui n’était pas un grand ministre, comme le disent ses panégyristes, mais qui avait plus d’esprit et surtout plus de caractère que tout ce qui était à la cour de Portugal, où la maison royale, le ministère et le palais, ne présentaient pas un personnage marquant… » Il avait beaucoup écrit sur ce qu’il avait vu et observé en Portugal durant les dix-huit mois qu’il y passa ; ses notes se sont perdues : l’essentiel, c’est qu’il y avait surtout acquis un commencement d’observation et d’expérience. […] La maison de Verberie, où Malouet avait misses deux filles en partant pour son long voyage, appartenait aux Chabanon.

925. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Étienne ; mais certainement, lorsqu’il retraçait les caractères de la première famille, et à mesure qu’il en dépeignait à nos regards le type accompli, on sentait combien M. de Vigny parlait de choses à lui familières et présentes, combien, plus que jamais, il tenait par essence et par choix à ce noble genre, et à quel point, si j’ose ainsi parler, l’auteur d’Éloa était de la maison quand il révélait les beautés du sanctuaire. […] Ils sont aussi déraisonnables qu’un architecte qui, voulant changer une prison en maison de plaisance, se bornerait à refaire la façade de l’édifice, et qui conserverait les cachots dans l’intérieur du bâtiment. » Ne dirait-on pas que quelques années auparavant, au plus beau temps de son crédit et de sa faveur, quand il siégeait en son cabinet du ministère, M. 

926. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

. — Il est évident que l’hiver, par exemple, aujourd’hui que les hommes savent se bâtir des maisons munies d’épaisses murailles, de doubles fenêtres, de tapis mœlleux, de tableaux ou d’étoffes qui égaient les regards, de lampes et de grands feux qui suppléent le soleil absent, de fleurs et de verdures qui donnent l’illusion du printemps, n’a plus d’effets aussi redoutables sur l’organisme humain qu’au temps où nos ancêtres, à demi nus, vivaient dans des cavernes froides, humides et obscures. […] Bernardin de Saint-Pierre, qui habita l’île de France, qui rêva d’aller établir une colonie en plein cœur de l’Asie, sur les bords de la mer d’Aral, avait à peine huit ans qu’il s’enfuyait de la maison paternelle pour vivre de racines et d’eau pure, comme les Pères du désert, dont il avait lu ou entendu lire les légendes.

927. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Si Duhamel invente un appareil pour le dessèchement des grains, et s’il place cet appareil dans une tour qu’il surmonte d’ailes toutes semblables à celles d’un moulin à vent, Vicq d’Azyr y verra « un monument élevé par le patriotisme, vraiment digne de décorer la maison d’un philosophe, et bien différent de ces tours antiques… » Suit une petite sortie contre les tours gothiques et féodales. […] Pariset, pauvre, inconnu, protégé par Riouffe, qui lui procura une place de précepteur dans une maison riche, fut si reconnaissant de ces marques d’affection, qu’il épousa la mère de Mme Riouffe, ne voulant plus avoir d’autre famille que celle de son ami.

928. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

L’indépendance de Mallet du Pan dans les conseils qu’il donne aux princes de la maison de Bourbon est donc manifeste : elle n’éclate pas moins dans son attitude et son procédé à l’égard des ministres étrangers qui le consultent. […] Si quelque chose doit affliger, c’est l’accès qu’on leur donne, et le tort qu’ils font à la cause de ceux qui les accueillent avec tant de légèreté ; il n’est pas un révolutionnaire qui ne doive rester tel, en apprenant de quelle indigne manière sont traités ceux qui ont défendu avec le plus de constance et de courage les intérêts de la maison de Bourbon.

929. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Un jour qu’il pleuvait fort, Patru se mit à couvert tout à cheval sous l’auvent de la boutique (on allait alors à cheval dans Paris comme on est allé depuis en cabriolet, comme on va maintenant en petit coupé) : mais, pour être plus commodément, Patru descendit de cheval et entra dans l’allée de la maison. […] Infirme, retiré dans une petite maison du faubourg Saint-Marceau, il allait voir ses livres devenir la proie d’un dur créancier, quand Boileau, généreux comme un souverain, et devançant Colbert, les lui acheta en exigeant qu’il en gardât la jouissance.

930. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

La femme ne doit pas courir les églises quand son mari a besoin d’elle à la maison. […] Incapable de se conduire elle-même, ce qu’elle a de mieux à faire est de rester à la maison. […] Damis, fils de bonne maison, était étudiant en droit à Paris. […] Socrate médite dans la cour de sa maison. […] Ils se rencontrent, la nuit, dans une maison écartée.

931. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Puisse-t-il, ainsi servi en enfant de grande maison, possesseur de tant d’instruments exacts et commodes, muni de toutes les facilités, de toutes les promptitudes, en faire le meilleur usage !

932. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Voici ce passage : « Je dirai mon sentiment sur la Trappe avec beaucoup de franchise, comme un homme qui n’a d’autre vue que celle que Dieu soit glorifié dans la plus sainte maison qui soit dans l’Église, et dans la vie du plus parfait directeur des âmes dans la vie monastique qu’on ait connu depuis saint Bernard.

933. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Et d’abord elle veut payer ses dettes ; Léopold s’y oppose avec énergie, et il ne cède même pas lorsque les huissiers cernent la maison, et vont s’emparer de lui.

934. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les legs de l’exposition philosophie de la danse »

À preuve, qu’elle m’a mise trois fois dans une maison de correction pour m’empêcher de faire la noce !

935. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moréas, Jean (1856-1910) »

Jean Moréas, qui est philologue et curieux de langage, n’invente pas un grand nombre de termes ; mais il en restaure beaucoup, en sorte que ses vers, pleins de vocables pris dans les vieux auteurs, ressemblent à la maison gallo-romaine de

936. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

Il se fit arracher plusieurs dents, visita les “maisons”, tenta d’y emmener des amis très jeunes, goûta le vice et y trouva des charmes.

937. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IV »

La vénerie et le blason possèdent des langues entièrement pures et d’une beauté parfaite ; mais il m’a semblé plus curieux de choisir comme type de vocabulaire entièrement français celui d’une science plus humble, mais plus connue, celui de l’ensemble des corps de métier nécessaires à la construction d’une maison.

938. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

C’était le nom d’un jeu de cartes apporté de Hollande (la Maison des Jeux).

939. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

Avec ce même ton d’assurance, dont Scioppius déclaroit tous les Scaligers roturiers, il se disoit lui-même né gentilhomme, & sorti d’une des premières maisons du Palatinat.

940. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

Il y a dans nos maisons royales, des tableaux d’animaux de cet artiste peints avec beaucoup de vigueur.

941. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 20, de quelques circonstances qu’il faut observer en traitant des sujets tragiques » pp. 147-156

D’ailleurs Melpoméne se plaît à parer ses victimes de couronnes et de sceptres ; et les maisons souveraines sont aujourd’hui tellement enlacées les unes avec les autres par les mariages, qu’on ne sçauroit faire monter présentement sur la scene tragique un prince qui ait regné depuis cent ans dans un état voisin, sans que le souverain du païs où la piece seroit répresentée, s’y trouvât interessé comme parent.

942. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

Enfin il se dérobe de la maison paternelle, comme fit Sixte-Quint, et comme ont fait encore tant d’autres, pour venir dans une ville voisine.

943. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Renan sortit de Saint-Sulpice, ce qu’il emportait de cette austère maison, c’était un sentiment ardent des choses de la conscience ; c’était aussi une solide méthode intellectuelle que lui avaient faite ses travaux de philologie.

944. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

. —  Un autre jour, chez le comte de Burlington, en quittant la table, il dit à la maîtresse de la maison : « Lady Burlington, j’apprends que vous chantez. […] Tout était changé dans la maison de Swift. « À mon arrivée, dit-il, je crus que je mourrais de chagrin, et tout le temps qu’on mit à m’installer, je fus horriblement triste. » Des larmes, la défiance, le ressentiment, un silence glacé, voilà ce qu’il trouvait à la place de la familiarité et des tendresses. […] Sa maison lui était un enfer ; on soupçonne qu’une infirmité physique s’était mêlée à ses amours et à son mariage. […] On m’a conté l’histoire d’un homme qui voulait vendre sa maison, et pour cela portait un morceau de brique dans sa poche, et le montrait comme échantillon pour encourager les acheteurs ; ceci est justement le cas pour les vérifications de M.  […] Enfin un successeur est venu s’établir aux environs, « disant dans ses prospectus qu’il habite dans la maison de feu M. 

945. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Dimanche, qui dans cette maison envahie attend son créancier des heures entières, cela veut dire : Allons, monseigneur, la dette, à son tour, monte et menace de tout engloutir ! […] Plaisanteries de bon goût qui ne se conçoivent guère dans cette éclatante et spirituelle maison. […] Bragelone est rentré dans sa maison pour prendre ses armes, et il s’entretient avec Bertrand, son écuyer. […] Et, pour votre maison séparée, qui nécessite un surcroît de dépense, notre trésorier vous comptera cent mille couronnes. […] Tout ceci posé, et quand ce père infortuné s’est éloigné de cette maison maudite, en maudissant monsieur son fils, que nous fait la statue du Commandeur ?

946. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Cet Ucalegon du poëte, c’est vous, c’est moi : on ne pense guère à la maison d’autrui, quand le feu est à la nôtre. […] Voilà la maison qu’il habitait, on la visite encore. […] De la manière dont on vivait, entrer dans une maison sans se faire annoncer, c’était prendre le maître ou la maîtresse en flagrant délit. […] En approchant du seuil de la maison que le philosophe habitait, il défend de frapper à la porte selon l’usage ; il y fait déposer les faisceaux. […] Que chacun d’eux ait dans sa maison, au bout de son champ, à côté de son métier, à côté de sa charrue, son fusil, son épée, et sa baïonnette.

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