On leur représenteroit en vain qu’ils peuvent gagner beaucoup à surprendre le public : que le public auroit bien plus de véneration pour eux, s’il ne les avoit jamais vû des apprentifs : que des chef d’oeuvres inesperez, contre lesquels l’envie n’a point eu le temps de cabaler, font bien un autre progrès que des ouvrages attendus long temps, qui trouvent les rivaux sur leurs gardes, et dont on peut définir l’auteur par un poëme ou par un tableau médiocre. […] Le plan d’un long ouvrage, dont la disposition pour être bonne, veut être faite dans la tête de l’inventeur, ne peut être produit sans le secours de la mémoire ; ainsi ce plan doit se sentir de l’affoiblissement de cette faculté : suite trop ordinaire de la vieillesse.
La seule chose qui soit évidente, c’est que, fantaisiste d’occasion plus encore que de nature, il incline vers les détails et les entortillements de la vignette bien plus sympathiquement que vers les généralités types, et que la longue galerie de petits tableaux de genre qu’il nous dresse n’est rien de plus, en dernière analyse, que les mille hasards de ses rencontres et de ses coureuses observations. […] Nous ne nous sommes jamais soucié de ce pays, fait avec le bric-à-brac de Pierre le Grand, couvé par la philosophie et qui traîne encore par un bout (le bout le plus long !)
Le poète, qu’il le veuille ou non, qu’il y pense ou qu’il n’y pense pas, est un lakiste, un lakiste attardé qui mêle la description, la description éternelle à l’éjaculation lyrique, et qui malgré ses prétentions à la force, à l’expression simple et à pleine main, a parfois les gaucheries et les vulgarismes de Wordsworth sans en avoir la longue et magnifique rêverie… M. de Laprade veut être naïf ; mais on ne veut pas être naïf, on l’est quand on peut. […] C’était le prince de Ligne qui disait de je ne sais plus qui : « Il a beaucoup d’esprit, mais sans profondeur et sans surface ; il en a en long et il finit par une pointe comme un obélisque. » Eh bien, c’est sur cette pointe que M.
Au bout d’un long temps, ceux qui étaient restés dans les plaines, sentirent les maux attachés à la communauté des biens et des femmes, et vinrent se réfugier dans les asiles ouverts par les pères de famille. […] Comme la souveraineté devait avec le temps être étendue à tout le peuple, la Providence permit que les plébéiens rivalisassent longtemps avec les nobles de piété et de religion, dans ces longues luttes qu’ils soutenaient contre eux, avant d’avoir part au droit des auspices, et à tous les droits publics et privés, qui en étaient regardés comme autant de dépendances.
LONG, [Jacques le] Oratorien.
Qui est-ce qui ne connaît pas la longue persévérance avec laquelle un père attend le retour d’un enfant égaré ? […] Puisque Thraséas a pris et gardé la robe sénatoriale pendant le long avilissement de la magistrature, donc il en a partagé la bassesse et les vices. […] Cette lâche et cruelle indiscrétion peut-elle semer le trouble dans des familles unies, et allumer de longues haines entre des gens qui s’aiment ? […] — Un trône usurpé sur l’héritier légitime par une longue suite de forfaits ! […] Homme nouveau, tu brilles entre les nobles, parmi les citoyens décorés d’une longue illustration !
Préférons, toutefois, un vocabulaire de meilleure et plus longue ascendance. […] Le mystère a, au long des âges, revêtu bien des costumes divers. […] Il mourut « de vieillesse », parce que les neuf années qui s’étaient accumulées sur lui avaient été plus longues que des années, plus longues et plus lourdes. […] Alors, sa voix traînait sur les phrases et le discours était une mélopée un peu longue. […] Poincaré la considère comme le signe manifeste d’un long travail inconscient.
Vaney, dont il nous donne une longue analyse. […] Ce jour-là, il me parla surtout de l’intérêt qu’offraient ses longues séances aux Archives. […] J’ai sous les yeux une longue lettre de M. […] Autre siècle de résistances, enfin brisées par un long siège qui marquera la sujétion définitive. […] La liste serait longue des précieuses et belles œuvres ainsi disparues.
A moins d’être bien succinct sur cette affaire, j’aurais, en la traitant, démesurément étendu un livre déjà trop long. […] charmes secrets et ineffables d’une âme jouissant d’elle-même, c’est au sein des déserts d’Amérique que je vous ai goûtés à longs traits ! […] Il était incapable de longues colères, de ressentiment et d’envie. […] La Chute d’un ange est infiniment trop longue, il faut le reconnaître. […] Il aime beaucoup les longs couplets en vers de cinq syllabes, dont il semble prendre le modèle dans la cantate de Circé de J.
Tous ces souvenirs ont été rédigés de longues années après les événements. […] Il épousa, après d’assez longues fiançailles cachées, une Anglaise du même âge que lui, pas très jolie mais avec de beaux yeux pourtant, de beaux cheveux et une belle taille, et qui, enfin, l’adorait. […] Saules contemporains, courbez vos longs feuillages Sur le frère que vous pleurez. […] Voilà comme cette longue main féminine et languissante sait frapper les vers. […] Arrivé au bout de cette longue et aventureuse étude, c’est tout ce que je trouve à dire de lui.
Aucune tenure dans cette longue race. […] Elle eut à rompre cette longue habitude. Elle eut à remonter cette longue mémoire. […] Inhabituée elle eut à rompre cette longue habitude. Immémorée elle eut à remonter cette longue mémoire.
Sa vie devient un long martyr, une humiliation perpétuelle, avec la peur que le roi ne fasse quelque grosse sottise. […] Mais que tout cela fut long à bégayer, quelles mains tremblantes il avait, cet homme, pour débarrasser la table et mettre le couvert de sa maîtresse. […] Je la vois encore : Elle a une tache de vermillon sur chaque joue, des bras mous et courts, d’horribles mains de bois et de longues jambes écartées. […] Le corps en sait parfois plus long que la pensée ! […] Elle se reconnaît au plaisir qu’ils trouvent à construire de longues périodes, lourdes, embrouillées.
« La route du précepte est longue, celle de l’exemple est courte. […] Il lui envoie soixante à quatre-vingts pages de laborieux et longs raisonnements pour lui prouver qu’il n’est pas malheureux ; et là-dessus il lui cite toutes les colonies qui se sont formées dans le monde. […] Sénèque s’est laissé éblouir des victoires du peuple romain ; son indignation s’exhale contre les conquêtes d’Alexandre, et il ne s’aperçoit pas, ou se dissimule, que celles des Romains ont été plus longues, plus sanglantes et plus injustes. […] XXXIII) à qui l’on demandait comment il était parvenu à une si longue vieillesse (et comment, pouvait-on ajouter, il avait conservé une aussi constante faveur), et qui répondit : En recevant des outrages et en en remerciant. […] « Quand on est inaccessible à la volupté, on l’est à la douleur… » Voilà un de ces corollaires de la doctrine stoïcienne auquel on n’arrive que par une longue chaîne de sophismes.
Firmin Roz Son dilettantisme alterna complaisamment des impressions fraîches et simples qu’il traduit dans Plein air, aux sensations émouvantes d’un long voyage en Italie.
Eugène Manuel C’est, à l’âge du recueillement, le long regard jeté en arrière, le salut attristé à tout ce qu’aima l’épouse, la mère, l’aïeule.
De là plusieurs contradictions, qu’il serait trop long de relever. […] Les individus de ce tempérament sont opiniâtres et ambitieux ; ils supportent avec facilité les travaux longs et fatigants. […] A la longue, tout l’organisme se modifie d’une manière analogue. […] On y voyait tracés en longues raies noires les fréquents services qu’elle m’avait rendus ! […] Ils ont aussi vingt pieds de haut et trente de long.
2° En fait, l’image idéale est toujours ou le résultat d’une longue recherche ou la rencontre heureuse d’une imagination bien douée ; les grands artistes sont des hommes exceptionnels, ou par la patience de la réflexion ou par la promptitude du génie. […] Les images qui se détachent le plus naturellement dans la conscience ne sont pas toujours les plus faciles à représenter par des mouvements musculaires ; souvent une des images secondaires peut être imitée promptement et sans effort, tandis que l’image principale ne saurait l’être qu’au prix d’un travail assez long et assez délicat. […] Enfin, pour toute entreprise difficile et nouvelle de la pensée, pour celles qui doivent compter dans l’histoire de l’esprit humain ou seulement dans l’histoire économique ou politique des peuples, il faut des idées encore jeunes et vivantes, aux contours saillants, et dont les couleurs n’aient pas été ternies par un trop long usage. […] Non seulement les idées, — concepts et jugements, — s’usent en nous par la répétition, mais aussi les concepts et les jugements nous arrivent en quelque mesure du dehors tout formés et déjà usés par une longue répétition ; l’habitude individuelle ne fait qu’aggraver un mal déjà réel et confirmer les effets de l’habitude collective du milieu qui nous entoure. […] Toute libre invention qui n’a pas été préparée de longue date et réglée dans sa forme générale par de longs efforts d’assimilation patiente et d’examen méthodique, est condamnée d’avance à manquer le but qu’elle poursuivra.
Ses fréquentes courses & son long séjour aux Indes, où il fut pendant plusieurs années Médecin d’un Sultan, lui firent donner le surnom de Mogol.
Bayle a jugé à propos de consacrer à cet Auteur obscur un article assez long dans son Dictionnaire critique.
Léonce Depont, l’auteur des Sérénités , pur, grave et noble livre, qui est, on le sent, le résultat d’un long travail, d’un choix sévère parmi beaucoup de pages condamnées.
Nous ne parlons pas de ses qualités épiscopales ; il suffit de dire qu’après s’être engagé dans quelques débats théologiques, il les termina par sa soumission, & finit sa longue carriere avec la réputation d’être un des plus vertueux Préats de son temps.
Le jeune mort lui-même est désigné par cette légende : Celui qui doit vivre de longs jours. […] le dernier des sacristains d’Isis en sait plus long qu’elles… On parle bas dans le pays des tombeaux ! […] La vie de Cellini ne fut qu’un long accès de colère entrecoupé d’inspirations ravissantes. […] En somme, ils le laissaient, pendant de longues trêves, vivre et commercer à sa guise. […] Les historiens des grands chemins n’en savent guère plus long que le caporal.
Quel récit complet, intéressant, spirituel, moqueur, récit de longue haleine s’il en fut, la Vigie de Koat-Ven d’Eugène Sue ! […] À peine eût-elle dénoué ses longs cheveux noirs, qu’elle se mit à s’agiter dans sa chambre ; elle avait la fièvre, son pouls battait outre mesure. […] Tout cela est un peu long, ce me semble. — Le chemin de fer de Saint-Germain tient à peine une page ; le nouvel éclairage du boulevard, à peine une ligne. — Mais qu’une troupe de singes vienne à passer dans la rue, gravement assis à cheval sur un chien, vous allez savoir tout au long comment ces messieurs sont vêtus. […] À peine a-t-il indiqué les endroits faibles de ses premières années ; il s’arrête, et vous ne trouvez plus que de longues pages blanches dans ce chapitre dont il devait être le héros. […] Ce long intervalle entre la Restauration et l’Empire, M.
Vincent de Paule n’a point été surpassée par la longue & ennuyeuse rapsodie du casuiste Collet, qui porte le même titre.
Mais telle est l’ingratitude commune, qu’une seule faute dans la plus longue et la plus difficile besogne, fait oublier cent bonnes choses et le plaisir qu’on eut à les entendre. […] Il est une foule d’hommes, d’un mérite particulier, qui n’ont pas appliqué leur attention à ces matières : elles exigent une longue habitude de les connaître pour les bien goûter. […] Son existence ne fut qu’un long témoignage de sa sagesse et de son désintéressement. […] On descendait, pour la fondre, la statue équestre de Louis XIV, érigée sur la place Vendôme ; de gros câbles soutenus par de longues perches, étaient tendus de haut en bas. […] La limite qu’ils ont posée est d’autant plus sage, qu’une plus longue mesure de temps entraîne nécessairement une succession de faits détachés, destructive de l’unité de la fable.
Si vous longez la mer du Nord depuis l’Escaut jusqu’au Jutland, vous vous apercevrez d’abord que le trait marquant du pays est le manque de pente ; marécages, landes et bas-fonds : les fleuves, péniblement, se traînent, enflés et inertes, avec de longues ondulations noirâtres ; leur eau extravasée suinte à travers la rive, et reparaît au-delà en flaques dormantes. […] L’heureuse poésie d’Homère se développe abondamment en amples récits, en riches et longues images. […] Quand les habitudes sédentaires eurent livré leur âme à de longs loisirs, et diminué la fureur qui soutenait leur religion meurtrière, ils inclinèrent d’eux-mêmes vers une foi nouvelle. […] Ils n’en disent guère plus long ; ils ne font que répéter coup sur coup quelque mot passionné, profond, avec une véhémence monotone. « Tu es, dans le ciel, — notre aide et notre secours — resplendissant de félicité ! […] Parmi ses bois, ses boues et ses neiges, sous son ciel inclément et triste, dans sa longue barbarie, les instincts rudes ont pris l’empire ; le Germain n’a point acquis l’humeur joyeuse, la facilité expansive, le sentiment de la beauté harmonieuse ; son grand corps flegmatique est resté farouche et roide, vorace et brutal ; son esprit inculte et tout d’une pièce est demeuré enclin à la sauvagerie et rétif à la culture.
Une position était jadis le résultat d’une longue persévérance ; elle est maintenant une faveur officielle. […] Les longs chœurs des prologues sont certainement ce que M. […] En s’en allant avant l’heure elle épargna à Chateaubriand les remords d’une ingratitude trop longue. […] L’amour n’était plus pour lui qu’un entr’acte toujours trop long. […] Zola n’ait pas la vie longue.
Quant au poème lui-même, il est mouvementé, éloquent, plein de ces longues, vastes, vibrantes périodes avec lesquelles M.
Le long séjour qu’il fit dans le Levant, le mit sans doute à portée de s’instruire par lui-même de tout ce qui concerne les cérémonies & pratiques religieuses des Peuples qui l’habitent.
Si en effet quelques traits de style et de pinceau, aux endroits particulièrement descriptifs et littéraires, dénotent plus de fermeté et d’habitude qu’il n’est naturel d’en accorder à une femme toute seule, dans un premier essai d’aussi longue haleine, une foule d’observations fines et profondes, de nuances intérieures, de sensations progressives ; l’analyse du cœur d’Indiana, de ses flétrissants ennuis, de son attente morne, fiévreuse et désespérée, pauvre esclave ! […] Je conçois bien qu’à l’âge d’Indiana, et malgré la blessure d’une si furieuse passion, on s’adoucisse, on vive, on oublie un peu, et qu’après un intervalle assez long, on finisse même par aimer ailleurs ; mais ici le passage est brusque, la guérison magique ; sir Ralph joue le rôle d’un véritable Deus ex machina, qui, déguisé jusqu’alors en quelque rustre, et demeuré témoin insignifiant du drame, se révèle soudain, reprend sa haute beauté et ravit à lui l’Ariane : l’histoire réelle finit comme un poëme mythologique.
Or, voici que depuis trois ans environ, depuis que, d’une part, le bon ton rangé et le vernis moral de la Restauration ont disparu, et que, d’autre part, le Saint-Simonisme a fait entendre ses cris d’émancipation et ses appels multipliés, voici que l’esprit d’indépendance a remué les femmes comme le reste, et qu’une multitude d’entre elles prenant la parole, dans des journaux, dans des livres de contes, dans de longs romans, sont en train de confesser leurs peines, de réclamer une part de destinée plus égale, et de plaider contre la société. […] Les jours où je me sentais agitée au point de ne pouvoir plus reconnaître la ligne de démarcation imaginaire tracée autour de ma prison, je l’établissais par des signes visibles ; j’arrachais aux murailles décrépites les longs rameaux de lierre et de clématite dont elles étaient rongées, et je les couchais sur le sol aux endroits que je m’étais interdit de franchir : alors, rassurée sur la crainte de manquer à mon serment, je me sentais enfermée dans mon enceinte avec autant de rigueur que je l’aurais été dans une bastille. » J’indiquerai encore dans le début toute cette promenade poétique du jeune Sténio sur la montagne, la description si animée de l’eau et de ses aspects changeants, et, au sein de la nature vivement peinte, les secrets surpris au cœur : « Couché sur l’herbe fraîche et luisante qui croît aux marges des courants, le poëte oubliait, à contempler la lune et à écouter l’eau, les heures qu’il aurait pu passer avec Lélia : car à cet âge tout est bonheur dans l’amour, même l’absence. » On pourrait, chemin faisant, noter dans Léliaune foule de ces douces et fines révélations, dont l’effet disparaît trop dans l’orage de l’ensemble.
Fiévée ; mais au fond il est essentiellement logique ; il pénètre dans les choses, et durant sa vie politique, déjà longue et passablement variée, il a eu occasion de faire en si grand nombre d’observations de détail fines et vraies, qu’en les rejoignait sans effort, il saisit parfaitement aujourd’hui l’ensemble et l’esprit de la révolution qui vient de s’achever. […] Trois jours de combat, et les ateliers se rouvrirent avec la certitude d’une longue sécurité ; c’est ce que voulait un peuple qui craint le joug du besoin, mais qui a accepté la nécessité du travail depuis qu’il jouit d’un peu d’aisance et d’un peu d’instruction qui doivent tendre à s’accroître, dès que des habitudes nouvelles lui ont fait comprendre qu’il n’y a rien de plus moral que le travail pour ceux qui ont leur fortune à commencer, et que la vie publique pour ceux dont la fortune est faite. » Après ce qui s’est passé dans les rues, l’auteur de la brochure comprend et indique très-bien ce qui doit se passer dans le gouvernement par rapport à la société.
A moins d’y être préparés par des voyages, par un long séjour et toutes sortes de renseignements qui équivalent à une naturalisation, que peuvent dire ces étrangers, sinon que d’approchant plus ou moins et de provisoire ? […] On a vu pourtant des natures d’élite plus réfractaires malgré un long séjour.
Un écrivain dramatique de notre temps, qui certes a su donner à ses caractères une rectitude et une consistance merveilleuse à travers les surprises de l’intrigue et les incohérences de la passion, nous a fait quelque part la confidence qu’il se faisait la biographie de chaque personnage qu’il voulait introduire dans une pièce, qu’il le dotait d’une existence antérieure, d’un long passé, où son tempérament et ses habitudes étaient minutieusement décrits. […] Une année de la vie la moins accidentée, si on la suivait comme des naturalistes ont étudié une espèce de chenille ou une variété de fourmi, jour par jour et comme minute par minute, nous en dirait long sur l’homme.
Voilà le joyeux soleil de la vieille Gaule qui, après une longue nuit, remonte à l’horizon. […] L’Aiglon est long et touffu ; mais comme je préfère cette prodigalité au défaut contraire : l’économie.
Les Espagnols fanfarons, maîtres de la plus grande partie de l’Italie, firent ressusciter le Miles gloriosus de Plante, le capitan, le matamore, qui jouit d’une si longue popularité. […] Les acteurs de la Comédie de l’art n’avaient pas seulement, pour vaincre les difficultés de l’improvisation, l’avantage d’une longue préparation, d’une préparation de toute leur vie.
« Il avait, dit Rachilde, l’aspect d’un gentil Arlequin, narines retroussées, lèvres goulues et rouges, cheveux furieux, pas de moustaches, toute sa finesse dans sa main, une main longue et fluette, une petite batte. » Ses chansons plaisaient par leur persiflage léger, leur malice sans fiel et leur tour d’esprit bien parisien. […] Tout en marchant, il me conte ses longs espoirs et ses vastes pensées.
Ses développements avaient peu d’étendue, et formaient des espèces de surates à la façon du Coran, lesquelles cousues ensemble ont composé plus tard ces longs discours qui furent écrits par Matthieu 481. […] Comme exemple de la folie humaine, Jésus aimait à citer le cas d’un homme qui, après avoir élargi ses greniers et s’être amassé du bien pour de longues années, mourut avant d’en avoir joui 492 !
On note si l’ouvrage est disposé en chapitres ; longs ou courts, à peu près de même longueur ou fort inégaux ; si la pensée offre une continuité visible et avance à pas réguliers, suivant les habitudes classiques, ou si elle marche d’une allure capricieuse et vagabonde, sans autre souci que de laisser une unité d’impression, comme il arrive en plus d’un écrit romantique. […] Il reste, pour en finir avec cette longue dissection, à réunir et à mettre en regard dans une espèce de tableau les résultats acquis.
Ce censeur, judicieux à d’autres égards, ne vouloit pas comprendre que la voie qu’il recommandoit étoit la plus longue ; qu’on n’avoit que trop entassé de tout temps des puérilités pédantesques dans la tête d’un jeune homme qui veut se former à l’éloquence ; que les exemples en disent plus que les maîtres ; qu’un seul morceau choisi de Démosthène, de Cicéron & de Bossuet, rend plus éloquent celui qui est né avec du génie, que toutes les règles & tous les préceptes d’Aristote, de Cicéron, de Quintilien & de tous leurs commentateurs. […] Il s’étend beaucoup sur la nécessité d’apprendre le Grec : il entre, là-dessus, dans de longs détails, & ne dit rien de ce qui est le plus essentiel à l’éloquence.
Elle garde sa quenouille, et je crois bien qu’étant obligée d’aller à cheval, le seul mode de transport qu’il y ait en ces longues pérégrinations d’Asie, si son cheval, dont elle est un peu enfant, n’allait pas si vite, elle la piquerait à l’arçon de sa selle comme une bergère des Alpes la pique à sa ceinture, et filerait tout en s’en allant. […] Dans ce long voyage de onze mois, pendant lequel elle a traversé l’Asie Mineure presque tout entière, Mme de Belgiojoso a pénétré dans beaucoup de harems, et ce quelle y a vu, au physique comme au moral, l’a profondément dégoûtée.
Puisque de tels règnes ont des histoires, nous parlerons du plus long et du plus beau de tous peut-être. […] Un grand artiste, qui écrivait, mais qui ne parlait pas, Chateaubriand, a écrit sur Ninon deux ou trois pages excellentes, dans lesquelles il lève, du bout de sa plume, ce falbala qui cache un squelette, avec le dédain de Charles Ier quand il toucha, de sa longue badine, la masse d’armes placée devant l’Orateur du Parlement.
… C’est que Barthélemy Saint-Hilaire, sous l’écrivain d’Académie et à travers son caparaçon, montre un homme qui n’a pas que les opinions d’une Compagnie, mais des convictions à lui, faites de longue main par la réflexion indépendante et solitaire. […] La Bible et l’Évangile l’ont mis au monde et l’ont bercé, ce rêveur qui a fini sa longue rêverie par la réalité d’un monde !
C’est un poëme d’haleine longue et de touche franche, — trop forte pour être un effort, — et qui a douze chants pleins, ni plus ni moins qu’une épopée ! […] Écrite en provençal, dans ce langage qui semble l’écho de tous les dialectes du monde italique, cette longue bucolique, où l’air qui vient de Grèce sur les flots de la Méditerranée a déferlé et se maintient grec sur les larges pipeaux de ce singulier pâtre du pays des Troubadours, peut soulever plus d’une question, mais non celle du talent.
Il est trop long pour que nous puissions le citer dans la variété de toutes ses modulations, mais dites si depuis les roucoulements des chœurs d’Esther ou d’Athalie vous avez vu des strophes de cette transparence tomber, avec ce mouvement de vapeur, dans un air léger : Une Vierge de Galilée Du nom de Marie appelée En ses deux lianes vous portera, Et dans une étable naîtra Le roi de la sphère étoilée ! […] mais, encore une fois, ce n’est pas long ; quand ces taches n’empâtent pas l’œuvre légère et diaphane, M.