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723. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Peut-être même faudrait-il dépasser encore cet horizon trop étroit et ne chercher la justice, la grande paix, la solution définitive, la complète harmonie que dans un plus vaste ensemble, auquel l’humanité elle-même serait subordonnée, dans ce [en grec] mystérieux, qui sera encore quand l’humanité aura disparu. […] Je n’admets pas comme rigoureuse la preuve de l’immortalité tirée de la nécessité où serait la justice divine de réparer, dans une vie ultérieure, les injustices que l’ordre général de l’univers entraîne ici-bas.

724. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Un autre Prophete qui auroit ajouté : « Et alors, les mots signifieront chose contraire à ce qu’ils avoient signifié auparavant ; les actions produiront un effet opposé à celui qu’elles doivent produire ; quand on prêchera la licence, on croira qu’il s’agit de subordination ; quand on armera le fort contre le foible, le fripon contre l’honnête homme, le valet contre son maître, on criera vive la justice ; quand on bouleversera tout, qu’on encouragera tous les vices, qu’on brisera tous les liens de la Société, chacun s’écriera, voilà le rétablissement de l’ordre, tous les hommes vont être heureux ». […] C’est, je pense, une détermination opiniâtre à blâmer contre toute justice, ou à louer sans aucun fondement ; c’est une prévention décidée qui ne permet de voir dans un Ouvrage que les défauts ou les bonnes qualités ; c’est juger plutôt l’Ecrivain que l’Ecrit ; c’est être enfin volontairement injuste : or, si je prouve qu’aucune de ces dispositions n’a dirigé mes jugemens, il sera démontré que ceux qui m’accusent de partialité ignorent ou feignent d’ignorer la véritable signification de ce terme.

725. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Madame Caverlet Toute justice rendue au talent qui éclate dans quelques belles scènes de Madame Caverlet, à l’esprit un peu gros de quelques parties du dialogue, il m’est impossible de classer au rang des bons ouvrages de l’auteur cette pièce morose et inanimée. […] La justice est intervenue et elle a reconnu le bon droit de la femme, en lui confiant l’éducation de ses deux enfants.

726. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Jeudi 18 décembre Tous les jours, par 15 ou 16 degrés de froid, au Palais de justice, à dix heures du matin. […] Dimanche 28 décembre Près de trois semaines, où du matin, où depuis mon retour du Palais de Justice à midi, je m’enterre dans le travail jusqu’à minuit, sans voir âme qui vive, et je travaille dans un état de corps vague, bizarre, dans lequel il ne me semble pas avoir la conscience d’être réveillé.

727. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Dieu a fait l’homme à son image  : l’homme refait le monde à la sienne, et par conséquent à celle de Dieu ; il introduit la discipline parmi les forces de la nature, la justice dans la société. […] Qu’elle se garde bien de les combler de ces écrasantes distinctions que Napoléon Ier, par un sentiment de justice posthume, rêvait pour le grand Corneille !

728. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Au temps où parurent les Misérables, Louis Veuillot, après avoir fait les réserves les plus légitimes, les plus nécessaires, reconnaissait, dans le roman de Hugo, ce qu’il appelle « un souffle de justice, un souffle de foi chrétienne, et catholique par conséquent, souffle court et mêlé, mais brûlant, parfois sublime ». Parlant encore de la scène où Jean Valjean, pour sauver un accusé innocent, va se livrer à la justice et paraît en cour d’assises, il disait encore : « La scène est d’une extraordinaire beauté.

729. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Le droit de posséder, de contracter, d’ester en justice n’est accordé aux sociétés qu’avec parcimonie. […] La Cour de Cassation reconnaît à toute société autorisée, sinon la capacité de recevoir des libéralités, du moins la capacité d’ester en justice, — d’où suit la capacité de contracter.

730. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Ils ont fait entrer dans l’héroïsme des premiers âges, trois idées naturelles à des esprits éclairés et adoucis par la civilisation : l’idée d’une justice raisonnée, et conduite par les maximes d’une morale socratique ; l’idée de cette gloire qui récompense les bienfaiteurs du genre humain ; enfin, l’idée d’un noble désir de l’immortalité. […] cette justice au milieu d’une si grande inégalité ?

731. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Le chevalier était fort incommodé d’une chute qui ne lui permettait pas d’être spadassin : il prit le parti de faire donner, en plein jour, des coups de bâton à Voltaire, lequel, au lieu de prendre la voie de la justice, estima la vengeance plus noble par les armes.

732. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

J’ai rendu une dernière justice à cet homme excellent et supérieur malgré ses défauts, à propos de sa Correspondance(voir les Nouveaux Lundis, tome I).

733. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Le gouvernement qui veut leur parler le langage de la justice et des lois leur devient bientôt insupportable, et plus il a été modéré, plus ils le méprisent, comme faible et impuissant.

734. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Il jugeait l’usurpateur de brumaire au point de vue des républicains et idéologues français, comme un grand capitaine peut-être, mais comme un dévastateur au civil, comme un ignorant et audacieux pirate des libertés, dénué de tout sens moral de droit et de justice.

735. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Bonaparte rendit, au reste, justice à Georges, et l’admira ; il lui offrit un régiment de sa garde, dit-on, et de le faire un de ses aides de camp ; mais, au point où il en était venu, le poste d’honneur pour Georges ne pouvait être qu’en Grève, et la tête haute, il y marcha.

736. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Il s’est donné pour tâche de reconstituer la famille, sur l’égalité, la justice, et l’amour.

737. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Les sentiments qui nous la rendent douce naissent d’un mensonge et se nourrissent d’illusions. » À chaque page, même négation résignée et souriante, qu’il parle du jeu, de la jalousie, de l’art ou de la justice.

738. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Combien la précision toujours croissante des prédictions astronomiques a-t-elle contribué à faire justice d’une telle erreur qui aurait rendu la Nature inintelligible !

739. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Il n’y a ni âme ni justice, ni devoir, ni vie future, ni art d’écrire, ni travail, ni formation du style, ni vérité, ni méthode, ni enseignement.

740. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

nous portons tous plus ou moins la chaîne de quelque indigne camaraderie ; mais nous devons savoir la briser lorsque nous prétendons à l’honneur de rendre la justice littéraire.

741. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Esprit de juste milieu qui se démène, — rendons lui cette justice, — pour être juste, il reste milieu, mais non juste, à peu près en toutes choses, et c’est par là qu’il a triomphé !

742. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Enfantin représente la foi, la volonté, le consentement de plusieurs, en faisant la déclaration scandaleuse qu’il vient d’opposer tout à coup à l’enseignement d’un prêtre catholique, orthodoxe et respecté, nous dirons qu’il nous importe, à nous chrétiens, de savoir le danger qui nous menace, et si tout cela, comme nous le pensons bien plutôt, n’est que rêverie de visionnaire attardé qui ne peut guérir de son mal de jeunesse, il importe qu’on le sache aussi, afin que justice soit faite encore une fois de cette folie qui repousse, après vingt-trois ans, comme un polype indestructible, dans les têtes dont on le croyait arraché, et qu’enfin on n’y revienne plus !

743. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

IV L’idéal entrevu, auquel je n’ai pas renoncé tant que Beauvoir vivra, m’a empêché d’appuyer sur tous les détails d’un talent que j’aime trop peut-être, et avec lequel, pour cette raison, je crains de manquer de force et de justice.

744. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

… Le succès à faux finit par avoir l’air si bête que tôt ou tard l’esprit et la justice sont vengés de cette mortelle impertinence.

745. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

L’orateur parle avec éloquence de tous les maux que nos ancêtres ont soufferts sous ce tyran ; il peint les brigandages et les rapines, les riches citoyens proscrits, leurs maisons pillées, leurs biens vendus, l’or et les pierreries arrachées aux femmes ; les vieillards survivant à leur fortune ; les enfants mis à l’enchère avec l’héritage de leurs pères ; le meurtre employé comme les formes de justice, pour s’enrichir ; l’homme riche invoquant l’indigence, pour échapper au bourreau ; la fuite, la désolation ; les villes devenues désertes et les déserts peuplés ; le palais impérial, où l’on portait de toutes parts les trésors des exilés et le fruit du carnage ; mille mains occupées jour et nuit à compter de l’argent, à entasser des métaux, à mutiler des vases ; l’or teint de sang, posé dans les balances, sous les yeux du tyran ; l’avarice insatiable engloutissant tout, sans jamais rendre, et ces richesses immenses perdues pour le ravisseur même qui, dans son économie sombre et sauvage, ne savait ni en user, ni en abuser ; au milieu de tant de maux, l’affreuse nécessité de paraître encore se réjouir ; le délateur errant, pour calomnier les regards et les visages, le citoyen qui de riche est devenu pauvre, n’osant paraître triste, parce que la vie lui restait encore, et le frère, dont on avait assassiné le frère, n’osant sortir en habit de deuil, parce qu’il avait un fils.

746. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Rendons-lui d’ailleurs cette justice que, tel il est chez lui, tel il se montre chez les autres. […] J’accorde, non par civilité, mais par justice, qu’ils ont aimé la liberté poux eux et pour les autres. […] Le faible, dans ses contestations avec le fort, sait qu’il peut compter sur la justice. […] C’est un avocat de cette grande école des jurisconsultes, qui préparent à la fois les arrêts de la justice et les tempéraments de l’équité. […] Après la paix de Villafranca, il restait encore un souverain très habile. » Un peu plus, la justice toucherait à l’apologie.

747. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Mais si je rends à ces humbles serviteurs de la chose publique la justice qui leur est due et l’hommage lointain de mon admiration, je me déclare profondément incapable de sentir, sinon d’agir, comme eux ; aussi bien qu’eux peut-être je saurai m’acquitter des formes extérieures de tous mes devoirs, mais jamais avec leur désintéressement sublime. […] C’est la doctrine de Boileau : la justice humaine finissant par s’établir avec une nécessité fatale. […] Comme les Athéniens n’étaient point des sots, il faut absolument et à toute force que nous parvenions à nous convaincre de la parfaite justice des grands triomphes d’Aristophane dans la capitale de la civilisation et de l’esprit. […] La jalousie, le parti pris, les disputes d’école, le culte aveugle de la routine, la fureur révolutionnaire : autant dépassions qui égarent en littérature la justice des esprits individuels, mais que ne connaissent guère les masses ignorantes, peu intéressées par les doctes querelles et n’ayant, en critique, d’autre critérium que leur plaisir. […] Dans la multitude immense des œuvres mortes avec justice, parce qu’elles n’étaient point viables, n’en est-il pas quelques-unes qu’un accident de fortune a supprimées, qu’une fortune heureuse rappellerait à la vie ?

748. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

La justice de ce blâme et l’infériorité de Lucrèce s’expliquent naturellement par l’influence de la philosophie qu’il a chantée. […] Milon, mêlant la violence et la justice, repoussa Clodius par les armes, et en même temps l’accusa devant les tribunaux. […] Des idées d’humanité, de bienfaisance, de justice, sortent du milieu de ce fatras de révélations et de récits merveilleux. […] Tel est un drame d’Appius et Virginie, où la Conscience et la Justice figurent comme personnages. […] Milton publia successivement quatre dissertations violentes pour prouver la justice et la nécessité du divorce.

749. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

« S’il arrivait que quelqu’un dans ses terres fût accusé d’assassinat, il lui promettait sûreté en justice, à condition qu’il lui ferait obligation de telle somme. […] Certains juges essayaient de faire justice ; les seigneurs traitaient ces insolents comme ils le méritaient. […] regardez, le roi de justice est venu ! […] Mais l’amour de la justice, naturel à l’homme, est au fond de leur cœur, et ils y reviennent d’eux-mêmes. […] Empiéter sur leur juridiction, c’est prévenir les guerres privées, réprimer le vol armé, imposer la justice, diminuer l’oppression, alléger la misère.

750. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Il les invite à plus de modestie et à plus de justice. […] Le pasteur, confiant au milieu des ruines, enseigne qu’aucune extrémité n’autorise à douter de la justice de Dieu ni des bons instincts de l’homme ; il retient le blasphème sur les lèvres du vieux juge. […] Un soir, Hippus tombe chez Itzig, haletant, effaré, regardant derrière lui avec des yeux hagards, comme s’il avait un spectre sur les talons : il vient de rencontrer la justice dans sa rue. […] En attendant, le lecteur a le cauchemar aussi bien qu’Itzig, lorsqu’il voit le flot prendre l’aspect d’un impitoyable créancier, et le vent qui hurle se transformer en messager de justice. […] Il faut voir son ébahissement lorsqu’Antoine l’appelle scélérat et le menace de la justice.

751. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Elle peut hériter, posséder, léguer, paraître dans les cours de justice, dans les assemblées du comté, dans la grande assemblée des sages. […] Ainsi que chacun fasse justice, s’il le peut, avant sa mort. » Regardez à côté de lui ces monstres qu’il détruit, derniers souvenirs des anciennes guerres contre les races inférieures et de la religion primitive, considérez cette vie dangereuse, ces nuits passées sur les vagues, ces efforts de l’homme aux prises avec la nature brute, cette poitrine invaincue qui froisse contre soi les poitrines bestiales, et ces muscles colossaux qui, en se tendant, arrachent aux monstres un pan de chair ; vous verrez, dans le nuage de la légende et sous la lumière de la poésie, reparaître les vaillants hommes qui, à travers les folies de la guerre et les fougues du tempérament, commençaient à asseoir un peuple et à fonder un État. […] La société, en se formant, amenait avec soi l’idée de la paix et le besoin de la justice, et les dieux guerriers languissaient dans l’imagination des hommes, en même temps que les passions qui les avaient faits. […] Ce sont là les rudiments et les éléments d’une civilisation plus tardive, mais plus saine, moins tournée vers l’agrément et l’élégance, moins fondée sur la justice et la vérité74.

752. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Des idées et des sentiments étrangers au génie homérique, empruntés aux poètes postérieurs, à Euripide surtout, novateur de décadence, spéculant déjà sur l’expression outrée et déclamatoire des passions, ont été insérés dans une traduction dialoguée du dénouement de l’Odyssée ; tentative malheureuse, où l’abondance, la force, l’élévation, l’éclat d’une langue merveilleuse ont disparu sous des formes pénibles, traînantes et communes, et dont il faut faire justice dans un sentiment de respect pour Homère. […] En effet, les grands écrivains du dix-huitième siècle avaient déjà répandu en Europe notre langue et leurs idées émancipatrices ; ils nous avaient révélé le génie des peuples voisins, bien qu’ils n’en eussent compris entièrement ni toute la beauté, ni toute la profondeur ; ils avaient surtout préparé et amené ce soulèvement magnifique des âmes, ce combat héroïque et terrible de l’esprit de justice et de liberté contre le vieux despotisme et le vieux fanatisme ; ils avaient précipité l’heure de la Révolution française dont un célèbre philosophe étranger a dit, dans un noble sentiment de solidarité humaine : « Ce fut une glorieuse aurore ! […] L’autre épopée, les Misérables, fut écrite à une époque plus avancée de sa vie, durant les années de l’exil, années immortelles qui ont produit tant de chefs-d’œuvre, où sa pensée se dirigea plus spécialement vers la destinée faite aux déshérités et aux victimes de la civilisation ; où, du haut du rocher de Guernesey, illustre désormais, il répandit sur le monde, en paroles enflammées, ses protestations indignées, ses appels multipliés au droit, à la justice, à la liberté ; où il stigmatisa, dans le présent et dans l’avenir, tous les attentats, toutes les tyrannies, toutes les iniquités. […] Or, Dieu, selon le Poète, étant toute justice et toute bonté, et les âmes qu’il crée n’étant déchues et corrompues que par l’ignorance de la vérité, ignorance où elles se complaisent ou qui leur est infligée, a voulu que toutes fussent appelées, si elles le désirent, à la réhabilitation définitive ; mais leur immortalité est conditionnelle, et beaucoup d’entre elles, sont condamnées à l’anéantissement total.

753. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Celui de tous ces témoins qui lui rend la justice la plus étroite, et qui serait plutôt suspect de retrancher que d’ajouter, Saint-Simon, rappelle ces audiences où il écoutait avec patience, avec bonté, avec envie de s’éclairer et de s’instruire, et où il n’interrompait que pour y parvenir. […] Quand on sut que le roi se faisait lire les satires et goûtait l’Art poétique, l’approbation d’un souverain, à la fois si judicieux et si obéi, donna aux jugements du satirique la force d’arrêts de justice, aux doctrines du législateur littéraire l’autorité de lois de l’Etat. […] Boileau, — on lui en a rendu la justice, — n’a loué dans ce roi que ce qui est du grand roi. […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures.

754. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Je n’en dis pas autant des morts ; mais la haine contre les morts n’est pas de la haine contre les hommes, c’est la haine de la vérité contre le mensonge, de la justice contre l’iniquité, de la liberté contre la tyrannie. Une telle haine n’est pas de la passion, c’est de la justice. […] Rocher, qui a été depuis secrétaire du ministère de la justice et membre de la cour de cassation, et qu’une maladie heureusement guérie a éloigné passagèrement des grandes affaires. […] Des calomnies, qu’il avait malheureusement couvertes de son dédaigneux silence, ont circulé comme des vérités acceptées ; le temps a déjà fait justice de plusieurs de ces calomnies.

755. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Delmare trouve l’occasion heureuse pour secouer son ennui, et voyant que l’aventure prend une tournure guerrière, il sort, malgré la pluie et ses rhumatismes, avec son fusil de chasse, décidé à se faire justice.

756. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Et puis, il y avait bien des femmes du monde, charmantes, spirituelles, bonnes au fond et même très indulgentes quelquefois, mais railleuses au dehors et très prononcées contre tout scandale de la scène ; elles n’eussent pas été si fâchées d’en voir un, et elles espéraient bien en faire justice à coup d’épigrammes, avec cette espèce de cant si naturel et si facile au beau monde de tous les pays.

757. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Aucune parité ne peut donc être établie avec justice entre l’Iliade et le poëme de Fingal.

758. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Par-delà ce qui est commandé, tout ce qu’on refuse, est légitime ; la justice dégage de la bienfaisance, la bienfaisance de la générosité, et contents de solder ce qu’ils croient leurs devoirs, s’il arrive une fois dans la vie où telle vertu clairement ordonnée exige un véritable sacrifice ; il est des biens, des services, des condescendances de tous les instants, qu’on n’obtient jamais de ceux qui ayant tout réduit en devoir, n’ont pu dessiner que les masses, ne savent obéir qu’à ce qui s’exprime.

759. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Comme la royauté mettait sa justice au service du dogmatisme catholique, et par politique dénonçait les victimes comme des factieux à ses alliés protestants, Calvin se crut obligé de protester dans la fameuse lettre à François Ier.

760. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Entre nous, c’est justice : ce qu’il fait est autrement difficile que ce que nous faisons tous, nous autres… Indéfiniment, des bravos sanctionneront la gloire de l’Aiglon qui se leva, ce soir, si haute, si pure, extraordinaire.

761. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

» sans être accusé « de braver la justice du ciel54 ! 

762. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Sur cela, Tirannus fut traduit en justice & avoua tout.

763. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Après avoir exposé la justice de sa cause, il crut que le plus court moyen d’achever de triompher seroit d’opposer cahiers à cahiers.

764. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Sa justice ou celle de Dieu, ou des livres inspirés, est celle des circonstances.

765. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Croit-on que les bustes de ceux qui ont bien mérité de la patrie, les armes à la main, dans les tribunaux de la justice, aux conseils du souverain, dans la carrière des lettres et des beaux-arts, ne donnassent pas une meilleure leçon ?

766. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

D’ailleurs, Auguste étoit tenu de faire un bon usage de son autorité naissante pour la mieux établir, et par consequent de ne la confier qu’à des ministres amis de la justice, et qui se servissent de leur pouvoir avec pudeur.

767. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Jugements sur Rousseau Jugement sur la Nouvelle Héloïse S’il est vrai que le meilleur livre est celui dont il y a le plus à retenir, cet ouvrage peut avec justice être placé au nombre des bons : il m’a paru bien supérieur à tout ce que je connaissais jusqu’ici de l’auteur.

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