Quand ce sont les académies qui encouragent, c’est une sorte de protection encore, protection fort adoucie et ornée, assez imposante toujours, et qui peut même intimider quelquefois le talent par l’idée qu’on attache à des conventions de rigueur ou à des doctrines régnantes. Mais il est une forme d’encouragement à la fois bien noble et plus accueillante, et qui s’inspire de l’esprit de confraternité pour faire appel à tous, — bien réellement à tous, sans acception d’idées, de systèmes, de genres littéraires ; et ne demandant que cette moralité saine qui vient de l’âme, et la marque du talent. […] Une pièce de poésie qui répondît à une idée très à l’ordre du jour, mais diversement comprise : Les Chercheurs d’or. […] Le discours sur les lettres et sur l’homme de lettres au xixe siècle, semble, au contraire, avoir trouvé des concurrents tout préparés, il s’en est présenté jusqu’à trente-huit dont plusieurs ont fait preuve de connaissances étendues et d’idées. […] L’ouvrage qui a obtenu le premier prix parmi les 129 présentés, et qui a paru le plus s’approcher de l’idée qu’on se pouvait faire d’une nouvelle excellente, a pour titre Cécilie.
On avait tiré de ses courts et inachevés ouvrages la plus haute idée qu’on se pût faire de l’homme. […] Il s’est donc mis à la recherche de tout ce qui pouvait compléter les Œuvres et ajouter à l’idée de l’homme. […] Cette dernière, provenant de la Bibliothèque du Louvre, où très peu de personnes avaient eu l’idée de la consulter jusqu’ici, est la moins importante, ou pour parler plus exactement, la moins agréable, et si on l’avait donnée seule et sans l’autre, on courait risque de prendre Vauvenargues par un aspect qui aurait pu le diminuer, ou du moins qui ne le grandissait pas. […] Gilbert, faisant à merveille son devoir d’avocat et d’ami de Vauvenargues, observe d’ailleurs avec justesse qu’on ne doit pas prendre trop au sérieux une idée en l’air, et dont Vauvenargues avait été le premier à faire bon marché et à rire. — La seule conclusion que je veuille tirer, c’est que nous avons désormais en Vauvenargues un sujet plus compliqué qu’on ne l’imaginait, un sujet plus mélangé et plus humain, et moins pareil (au moral) à une belle statue d’éphèbe. […] La correspondance avec Saint-Vincens finit pourtant sur des impressions plus satisfaisantes et plus conformes à l’idée première et dernière qu’on doit prendre de Vauvenargues.
Longtemps premier commis de Colbert, il prit part à tous les grands travaux de ce ministre et dut lui donner bien des idées : car c’était proprement une tête à idées. Si on lit les intéressants petits Mémoires qu’il a laissés, on en trouvera, de ces idées neuves, qu’il sème à chaque pas, et des plus pratiques. […] La vraie et juste disposition à leur égard est un premier fonds de respect, et tout au moins beaucoup de sérieux, de circonspection, d’attention, une patiente et longue étude de la société, de la langue, un grand compte à tenir des jugements des Anciens les uns sur les autres, ce qui nous est un avertissement de ne pas aller à l’étourdie, de ne pas procéder à leur égard avec un esprit tout neuf en partant de nos idées d’aujourd’hui. […] La manière dont il eut l’idée de recueillir ces Contes achève de nous faire voir à l’œuvre cette aimable, facile et fertile nature. […] Et il n’est guère probable que Perrault lui-même connût ce recueil. » Ainsi donc, il est bien entendu que ce n’est nullement d’invention qu’il s’agit avec Perrault ; il n’a fait qu’écouter et reproduire à sa manière ce qui courait avant lui ; mais il paraît bien certain aussi, et cela est satisfaisant à penser, que ce n’est point dans des livres qu’il a puisé l’idée de ses Contes de Fées ; il les a pris dans le grand réservoir commun, et là d’où ils lui arrivaient avec toute leur fraîcheur de naïveté, je veux dire à même de la tradition orale, sur les lèvres parlantes des nourrices et des mères.
« Ô vous, compagne de ma vie, dont l’amitié est mon plus cher trésor, qui avez embelli tous les bons moments de mon existence et partagé toutes mes peines ; vous, dont l’esprit éminent a entretenu l’activité de mon âme, et dont l’imagination riche et brillante a souvent fait éclore mes idées ; à qui je dois enfin la meilleure partie de mon être, recevez l’hommage de ces Souvenirs dont le récit fut entrepris par votre désir. […] La liberté entière que s’accorde M. de Senfft, dans l’idée qu’ils resteront longtemps secrets, nous ouvre des jours sur bien des intrigues. […] Ne manquant ni d’idées ni d’une certaine hardiesse qui fait souvent réussir dans une position subalterne, il avait acquis du crédit auprès de M. de Talleyrand qui se servait de lui pour ses affaires d’argent avec les princes d’Allemagne. […] L’idée que le ministre saxon s’est formée et qu’il veut nous donner du spirituel et pétulant abbé est faite pour surprendre un peu et paraîtra assurément exagérée. […] Trop épris peut-être de quelques idées brillantes qui, n’étant point appuyées sur des bases assez solides pour entrer dans les plans des cabinets, ne méritaient que le nom de projets, et manquant en général de fixité dans ses principes, ses conceptions portaient néanmoins l’empreinte du génie.
Le maniement poétique des concepts n’est pas le fait de nous poètes familiers, qu’aussi bien les idées générales « n’étouffent pas »… Ils auraient tort, dit-on, de s’adresser aux facultés logiques, c’est à la sensibilité, etc. — Mais qui dit ou qui fait le contraire ? […] Elle n’a trois idées nettes ni sur l’oxygène, si sur le budget, ni sur Darwin, ni sur Molière, ni sur Périclès. […] Or un lettré n’agite pas les mêmes idées, ne rencontre pas les mêmes images, ne profère pas les mêmes termes qu’un illettré. […] Après les faits ce sont les idées qu’on a le plus souvent à formuler. Et je ne vois pas les idées enchevêtrées d’un Ibsen (encore un que Tolstoï inclut dans les décadents) habillées d’un style plus aisé !
La science se présente toujours à l’homme comme une terre inconnue ; il aborde souvent d’immenses régions par un coin détourné et qui ne peut donner une idée de l’ensemble. […] Ceux qui se sont occupés de ces recherches savent combien ils sont tous insuffisants pour donner une idée exacte du contenu du manuscrit, combien ceux de la Bibliothèque nationale, par exemple, fourmillent de fautes et de lacunes. […] Un volume pour une idée ! […] On ne se fait pas d’idée de la largeur avec laquelle devrait se faire le travail de la science dans l’humanité savamment organisée. […] On conçoit d’après cela un état où écrire ne formerait plus un droit à part, mais où des masses d’hommes ne songeraient qu’à faire entrer dans la circulation telles ou telles idées, sans songer à y mettre l’étiquette de leur personnalité.
Nietzsche va donc créer et, lui qui jadis critiquait durement l’idée de sacrifice, il aimera ses créations plus que lui-même. « Est-ce que je recherche le bonheur ? […] Et c’est ce que doit être l’homme pour le surhomme ; une dérision ou une honte douloureuse. » Il y a aussi un résidu plotinien dans l’idée de cette tendance à créer quelque chose de mieux que nous-même. […] Remy de Gourmont n’a pu s’amuser longtemps au jeu de « la dissociation des idées » sans constater que la plupart des hommes, cerveaux paresseux soumis à des ventres exigeants, sacrifient la vérité au « bonheur » et « qu’ils ont bien plus souci de raisonner selon leur intérêt que selon la logique ». […] « Il ne faut pas mêler l’idée de gloire à l’idée de beauté. »« Tout à fait dépendante des révolutions de la mode et du goût », la première est méprisable. […] Dans le plus riche de ses livres, La culture des Idées, Remy de Gourmont intitule un chapitre important Du Style ou de l’Écriture.
Prise dans son idée exacte et précise, l’histoire de la philosophie n’est pas la philosophie, et même à la rigueur ne fait point partie de la philosophie, pas plus que l’histoire de la physique ne fait partie de la physique, si ce n’est à titre d’annexé ou d’appendice. […] Jusqu’à l’époque où la géologie positive a été fondée, l’idée d’un passé de la nature, d’une évolution dans son développement, était reléguée parmi les hypothèses philosophiques. […] Sans doute les événements extérieurs ont un éclat qui frappe tous les yeux ; mais pour ceux qui aiment la pensée, quel plus grand événement qu’une grande idée, une vue originale sur la nature des choses ? […] L’établissement, l’interprétation, la coordination des textes, la détermination précise des vrais caractères de chaque école, une intelligence de plus en plus exacte des théories les plus éloignées en apparence de nos idées actuelles, le sens du passé, le discernement des vrais rapports entre les systèmes ainsi que de leurs oppositions, tels sont les gains que l’histoire de la philosophie a faits de nos jours, et qui lui assurent une place durable parmi les sciences historiques. […] Lévêque ; l’Histoire des idées morales dans l’antiquité, de M.
Une idée acquise est une vraie conquête ; et, une fois entrée dans le monde, cette idée ne peut plus y périr. […] Bonaparte s’était mis à la tête de la révolution, mais seulement de la révolution, et non point à la tête des idées du siècle, ce qui est bien différent ; ou, en d’autres termes, à la tête de la révolution faite par les hommes, et non à la tête de la révolution faite par le progrès du temps. […] Les dynasties chrétiennes ne font qu’un avec les peuples chrétiens, et n’ont qu’une vie avec eux : ceci tient au perfectionnement introduit par le christianisme dans les sociétés humaines comme dans tous les ordres d’idées et de sentiments. […] Je n’ignore point tout ce que les idées nouvelles présentent d’opposition au sentiment que je viens d’exprimer ; mais je sais aussi que nulle base de la société ne peut être enlevée sans danger : je sais que lorsqu’une de ces bases vient à manquer, la Providence se hâte toujours de la remplacer ; je sais enfin que ce qui a été, même lorsqu’il n’est plus, est encore la raison de l’existence pour ce qui est. Toutes ces choses seront expliquées à mesure que mes idées pourront se développer.
On a beaucoup comparé entre eux les historiens anciens et les historiens modernes, sous le rapport du but, de la direction des idées, de l’intérêt. […] Bossuet seul, parmi ceux qui ont écrit en prose, donne l’idée du véritable historien. […] Je n’ai pas besoin de répéter ce que j’ai dit dans la première partie du chapitre précédent, pour peu que mes lecteurs se soient approprié mes idées. […] Un sujet ancien transporté dans nos conceptions modernes doit changer tout entier de sphère d’idées et de sentiments ; mais il faut que dans la nouvelle sphère où il est introduit il y arrive avec les mêmes proportions et la même harmonie d’ensemble. […] Il a jeté dans l’empire de l’imagination toutes les idées et tous les sentiments qu’il devait y jeter.
Cependant cette exagération même lui donna une idée de grandeur d’où résulta beaucoup de bien. […] On voit que le bien et le mal de ce règne célèbre tient à une seule idée, une idée de grandeur, tantôt exagérée et tantôt vraie. […] Il faut, pour le bonheur d’un peuple, que l’industrie soit exercée et ne soit pas fatiguée ; il faut qu’il soit encouragé au travail par le travail même ; que chaque année ajoute à l’aisance de l’année qui la précède ; qu’il soit permis d’espérer quand il n’est pas encore permis de jouir ; que le laboureur, en guidant sa charrue, puisse voir au bout de ses sillons la douce image du repos et de la félicité de ses enfants ; que chaque portion qu’il cède à l’État, lui fasse naître l’idée de l’utilité publique ; que chaque portion qu’il garde, lui assure l’idée de son propre bonheur, que les trésors, par des canaux faciles, retournent à celui qui les donne ; que les dépenses et les victoires, tout, jusqu’au sang versé, porte intérêt à la nation qui paie et qui combat ; et que la justice même, en pesant les fardeaux et les devoirs des peuples, n’use pas de ses droits avec rigueur, et se laisse souvent attendrir par l’humanité, qui n’est elle-même qu’une justice. […] Jusqu’alors les Français, moins grands que factieux, ayant besoin d’agiter et d’être agités, plus capables d’un mouvement prompt et rapide que d’une application et de vues suivies, n’avaient encore appris à gouverner ni leur caractère, ni leurs idées.
Zola, je relèverai dans son livre une idée qui me paraît au moins discutable : l’auteur nous montre l’Empire vieilli, acclamé encore au plébiscite, mais « ayant affaibli l’idée de patrie, en détruisant la liberté ». […] C’est de cette idée qu’est né le dernier ouvrage de M. […] Une courte citation pour donner idée du charme qui enveloppe l’ensemble de ce roman. […] La mode est aujourd’hui de transmettre au public ses moindres idées, les songes les plus fugitifs. […] Lockroy, où l’enchaînement et la déduction des idées sont bien faits aussi pour me donner des doutes.
C’est, après tout, la même idée qu’on sait familière à Horace et aux poètes épicuriens : Eheu ! […] La première pièce, qui est la plus considérable, a de la profondeur, et si le poète n’avait réservé qu’à de tels sujets sa plus grande vigueur et sa crudité de tons, on n’aurait que peu de reproches à lui faire ; ici du moins, il y a proportion entre l’expression et l’idée. […] Si elle reproduit tout à fait la mythologie et le fantastique des moralités et des peintures du moyen âge, elle n’en est pas un simple pastiche ; le manque absolu de foi et l’idée de néant qu’y jette l’auteur, en deviennent l’inspiration originale ; après tout, cette image physique de la mort, horrible, détaillée, continuelle, obsédante, ce n’est que celle qu’avaient les chrétiens de ces âges pieusement effrayés ; mais le poète, en prenant les images sans la foi, les éclaire d’une lueur plus livide, et qui les renouvelle suffisamment.
Quand on a l’esprit plein d’une idée ou d’une passion, on y rapporte tout : il n’est rien qu’on ne trouve moyen d’y rattacher ; tout y ramène. […] Je conseillais plus haut de décomposer le groupe en ses individus : il s’agit ici de réaliser l’idée même du groupe en une forme personnelle, vivante, individuelle. […] On n’en tirera une véritable utilité que si l’on se condamne au labeur pénible de convertir il chaque moment l’image en idée, le symbole en abstraction, de passer de la métaphore au mot propre, enfin si l’on refait en sens inverse le chemin déjà parcouru.
Mais une idée qu’ils ont, idée digne d’eux, la plus absurde et la plus antiesthétique des idées, c’est que la beauté d’une Exposition se mesure premièrement au nombre d’hectares qu’elle couvre.
Du feu, de la vie dans les tableaux, de grandes idées dans les images, des mouvemens rapides dans les sentimens, des élans d’imagination qui étonnent, des traits sublimes dans le langage, qui séduisent, sont pour lui des ressorts familiers qui font éprouver à l’ame des secousses qui la maîtrisent, la captivent, l’arrachent à elle-même, & la remplissent de cet enthousiasme que le vrai génie peut seul communiquer. […] Dans tous ses Ouvrages on remarque une plénitude de savoir qui donne du nerf à ses idées, de la vigueur à ses raisonnemens, de l’embonpoint à son style, & lui fournit ces preuves abondantes & solides qui naissent du concours des autorités. […] Mais cet Ecrivain a hasardé tant de faits, & ces faits sont si opposés aux idées reçues, que cette anecdote ne trouvera pas plus de créance dans les esprits raisonnables, que mille autres de cet Auteur, que personne n’a voulu adopter.
En effet, Michelet, qui a une passion malheureuse pour les idées générales, Michelet, qui veut toujours aller du fait à l’idée, — ce qui est un glorieux chemin, mais dans lequel il tombe toujours, — Michelet se préoccupe beaucoup, dans son histoire des Femmes de la Révolution, de la destinée future de la femme, et nous vous dirons qu’à plus d’une page il n’est pas médiocrement embarrassé. […] partout où les idées philosophiques s’obstinent aujourd’hui à la voir, et où elle est si profondément déplacée.
De la morale poétique, et de l’origine des vertus vulgaires qui résultèrent de l’institution de la religion et des mariages La métaphysique des philosophes commence par éclairer l’âme humaine, en y plaçant l’idée d’un Dieu, afin qu’ensuite la logique, la trouvant préparée à mieux distinguer ses idées, lui enseigne les méthodes de raisonnement, par le secours desquelles la morale purifie le cœur de l’homme. […] Incapables d’atteindre encore une telle idée par le raisonnement, ils la conçurent par un sentiment faux dans la matière, mais vrai dans la forme.
* Dans ce feu d’idées qui enveloppe le jeune Amiel, quelle idée est reine ? […] Une société où l’on rit haut, que peut-elle avoir de commun avec l’idée de changer un pays ? […] Ne peut-on posséder les idées comme les femmes ? […] Le mollusque doit obéissance à l’idée de la coquille qu’il est appelé à former. […] une idée ?
Sans prétendre devancer cette idée finale qu’il laissera après qu’on aura publié ses Mémoires au complet, je voudrais ici parler un peu du prince de Ligne comme de quelqu’un qui a beaucoup écrit, et, sans le traiter précisément comme un auteur, m’appuyer de ce qu’il a fait imprimer pour donner quelques remarques et sur l’homme et sur le temps. […] Mais on n’aime pas à donner un avis là-dessus. » Voulant faire entendre qu’on aime mieux rester exposé à un péril, même inutile. — Je ne cite ces passages que pour donner idée du ton du prince de Ligne parlant de ces choses de guerre avec rapidité et avec goût. […] Au reste, le prince de Ligne, qui s’y connaît mieux que personne, va nous développer tout ce qui convient à son idée, et nous raconter ces divers degrés et, pour ainsi dire, ces saisons successives de l’homme aimable : Je connais des gens, dit-il, qui n’ont d’esprit que ce qu’il leur faut pour être des sots. […] Tout le monde a de l’esprit à présent, mais, s’il n’y en a pas beaucoup dans les idées, méfiez-vous des phrases. […] Vous remarquerez que, pour l’achever et la couronner, il a cru essentiel de mêler à son idée de l’homme aimable un sentiment d’humanité, d’affection, et presque de détachement sincère au milieu du succès : c’est qu’il sait bien que l’écueil de ce qu’on appelle ordinairement l’amabilité dans le monde et de l’usage exclusif de l’esprit, c’est la sécheresse et la personnalité.
Tenant de Latour de ses soins, et, relisant couramment ce petit volume, disons quelques-unes des idées littéraires et autres qu’il nous suggère. […] Si Bernier, dans cette lettre, ne se réconcilie pas nettement avec Descartes qu’il continue de considérer comme un philosophe trop affirmatif en ses solutions, il y rétracte du moins aussi formellement que possible les doctrines de Lucrèce et d’Épicure et toutes les assertions purement matérialistes nées de la théorie des atomes ; il y insiste particulièrement sur l’impossibilité d’expliquer par la matière seule et par le mouvement de corpuscules, si petits qu’on les fasse, des opérations d’un ordre aussi élevé que celles qui constituent l’intelligence, le raisonnement, la perception de certaines idées, la conscience qu’on a d’avoir ces idées, la volonté, le choix dans les déterminations, etc. ; en un mot, il y combat au long et avec détail l’épicuréisme, auquel il sait bien que Chapelle incline et est d’humeur, soit en théorie, soit en pratique, à s’abandonner : Je me promets, lui dit-il, que vous donnerez bien ceci à ma prière, qui est de repasser un moment sur ces pensées si ingénieuses et si agréablement tournées qu’on a su tirer de vos mémoires (apparemment quelques écrits et cahiers de philosophie et de littérature de Chapelle), sur tant d’autres fragments de même force que je sais qui y ont resté, et généralement sur tous ces enthousiasmes et emportements poétiques de votre Homère, Virgile et Horace, qui semblent tenir quelque chose de divin. […] À la duchesse de Bouillon, qui lui demandait un jour s’il n’avait jamais eu l’envie de se marier, il répondait : « Oui, quelquefois le matin. » Il n’eut jamais aussi que le matin cette idée de revenir à l’étude, de se mettre aux choses sérieuses. […] Nous n’avions pas une voile, et cependant le navire faisait trois lieues par heure, Peins-toi réunis le sifflement du vent et de la pluie, les éclats du tonnerre, le mugissement des flots qui venaient se briser avec impétuosité contre le vaisseau, et un bourdonnement sourd et continuel dans les cordages ; ajoute à tout cela l’obscurité la plus profonde et un brouillard presque solide que l’ouragan chassait avec violence, et tu auras une légère idée de ce que j’observais alors tout à mon aise. […] Ils ont l’œil si clairvoyant qu’ils aperçoivent le faible de toutes les idées et de tous les styles, aucun prestige ne les éblouit, aucune renommée ne les abuse ; leur goût est un crible qui ne laisse passer que le pur froment ; c’est une de ces balances d’une sensibilité infinie qui ne pèsent que l’or.
Franklin tenait tant à cette idée, qu’il l’exprimait toutes les fois que l’occasion s’en présentait, en variant légèrement son apologue48. […] Fortoul a présenté aux maîtres en chaque branche une idée nette du genre de services qu’on attend d’eux, et, qui plus est, comme un spécimen et un modèle de la classe même qu’ils ont à faire, avec tout ce qui doit y entrer. […] Ces promenades sont, de tous les sujets de composition à donner aux élèves, les meilleurs… Il me semble qu’il n’y a dans de telles études, entremêlées aux leçons les plus élevées des lettres, rien d’accablant, rien qui émousse le sentiment de l’admiration ni qui jure avec l’idée du beau. […] Après quelques idées et souvenirs personnels relatifs aux études mathématiques de l’empereur Napoléon : « Permettez-moi de terminer par un dernier aperçu philosophique, dit le prince. […] Fortoul est mort subitement à Ems, le 7 juillet 1856, et l’on peut dire qu’en disparaissant si tôt, il a laissé son idée orpheline.
L’abbé de Caumartin eut l’idée assez naturelle que l’évêque de Noyon, du moment qu’il entrait à l’Académie, ne devait pas être reçu comme un autre, et oubliant la gravité du rôle auquel il n’était pas encore accoutumé, il osa songer à le railler en face, et presque au nom de la compagnie, du droit que les délicats croient si aisément avoir sur la vanité et sur la sottise qui vient s’étaler. […] Nous avons d’ailleurs les discours qui furent prononcés de part et d’autre, et nous sommes en mesure non point d’en rabattre, mais de nous faire une idée parfaitement nette de la comédie et d’en bien juger. […] Faisant allusion à cette première idée d’Académie française qui lui avait été suggérée par Louis XIV : Il est vrai, je l’avoue, et qui ne le sait pas ? […] Le public, alors tout littéraire, et très occupé de ces sortes de querelles, s’était fait de La Harpe une idée très malicieuse, peu favorable, et qui ne répondait point aux mérites étendus qu’il a déployés depuis. […] Ce sont des esquisses au naturel, faites sans idée de satire et selon l’opinion courante : « François de Clermont, évêque comte de Noyon, à qui tout le Vermandois est soumis, tire son illustre origine du tonnerre.
Ceux de ses écrits qui ont été publiés après sa mort n’ont pu que confirmer cette idée ; les Considérations sur le gouvernement de la France, qui parurent en 1764 dans, une édition très fautive, et dont on refit en 1784 une édition qui passe pour meilleure, justifièrent aux yeux du public les éloges de Rousseau et de Voltaire, et montrèrent M. d’Argenson comme le partisan éclairé et prudent d’une réforme au sein de la monarchie et par la monarchie, d’une réforme sans révolution. […] René d’Argenson ; en un mot, qu’il y a lieu, en revenant à la source, de se faire une idée non pas autre, mais plus particulière, plus singulière même, et plus caractéristique, de cet homme de bien original. […] Il fut alors le premier à proposer et à mettre à exécution l’idée de distribuer simplement le grain aux troupes, pour être ensuite donné par les soldats mêmes à la mouture et converti en pain : On cria contre mon idée, comme on fait toujours en toute nouveauté ; les vieux commissaires des guerres disaient que c’était parce que je sortais du collège et que j’y avais lu que les Romains donnaient ainsi le blé à leurs légions. […] Sur quoi le refrain continuel du garde des sceaux était « de se tenir prêt à tout » et, en attendant, « de se fourrer hardiment dans le monde plus qu’il n’y était. » Une de ces idées favorites de M. de Chauvelinj, à la date de 1732, et qui fut même accueillie un moment du cardinal, était de faire de d’Argenson un premier président du Parlement. […] Une des idées favorites de M. de Chauvelin
Il ne tient qu’à vous d’y ajouter encore en me permettant de cultiver l’honneur de votre correspondance… » Ainsi Ducis ne savait pas l’anglais, et le progrès en toute chose est si boiteux, que l’idée ne lui vint jamais de l’apprendre ; mais il sentait de ce côté de Shakespeare un « attrait inexplicable » qui n’est pas la moindre singularité de cette nature candide. […] Et quant à l’idée qui lui appartient ici en propre, de faire un Hamlet modèle de piété filiale, et de travailler à ce beau portrait comme un peintre de sainteté ferait « à un tableau d’autel », c’est bien l’idée la plus contraire à l’original et la plus anti-shakespearienne qui se puisse concevoir ; c’est un contre-sens à la Greuze. — Voici la seconde lettre à Garrick ; dans chacune, d’ailleurs, il y a quelque mot remarquable : « A Versailles, le 15 septembre (1772). […] Il faudrait, pour me soutenir, de l’extraordinaire dans les situations. » Et continuant sa pensée, il explique à son ami pourquoi, entre autres choses, il ne saurait réussir à ces nuances de sentiment, à cette finesse et à ce délié de la passion où excelle Racine ; il a l’instinct, sans bien s’en rendre compte, d’un genre opposé à celui de Racine et qui procède autrement que par analyse, qui marche et se développe à l’aide de situations visibles, frappantes, extraordinaires : « Il me semble, dit-il ingénument, que je ne manquerais ni de chaleur ni de vérité ; mais il y a, dans cette passion, une certaine délicatesse fine qui m’échappe, peut-être parce qu’il m’a toujours été impossible de tromper une femme, et que toutes ces ruses d’amour ne me sont pas seulement venues dans l’idée. […] Toute la branche des lettres de Ducis qui s’adresse à lui est d’un charme douloureux et délicat, et je ne sais pas, dans les figures de second plan qui passent et repassent devant nous sans qu’on les remarque d’abord, de physionomie plus attrayante à la longue que celle de ce futur membre de la Convention et de l’Institut naissant, et à qui l’on dut même l’idée des fameuses Écoles normales. […] Voici pourtant un fait de plus qui témoigne de la préoccupation et de l’idée fixe de Rousseau, même dans ses meilleurs jours.
Quant à l’époque intermédiaire et aux alentours, à ce qui se prêchait un peu avant Bourdaloue ou à côté, les jugements de l’abbé Legendre aideront beaucoup à s’en faire une idée précise. […] Ce qui frappe en le lisant, c’est combien il considère la prédication purement et simplement comme un métier ; rien de moins, rien de plus ; toute inspiration de christianisme vif, toute idée d’un ministère supérieur et sacré est absente et lui demeure étrangère. […] Et pourtant quelle onction pouvait-on attendre d’un prédicateur abordant la chaire avec cette seule idée de faire fortune ? […] Agé de quarante-six ans à peine, dans toute la force et la maturité de l’ambition, Harlay ne vit d’abord dans l’archevêché de Paris qu’un degré à une fortune plus éminente encore : il se voyait déjà en idée ministre ou chancelier. […] L’idée du scandale attaché à son nom a pu en détourner jusqu’ici, je le conçois, les esprits sérieux ; on aurait tort pourtant de trop céder à ce scrupule.
Transportons-nous un peu en idée à ce moment-là et demandons-nous quelles étaient les conditions d’une publication pareille. […] L’idée récente encore et, pour ainsi dire, présente de son amie était si grande et si honorable, son image empreinte dans l’âme de tous les amis de la patrie et de l’humanité était si noble et si touchante, qu’il fallait, en quelque sorte, avoir pour elle un respect religieux et ne rien laisser paraître sous son nom qui pût mêler une idée de malignité d’esprit, de préventions et de petitesses féminines, à celle d’un si beau caractère, d’une telle virilité d’âme et d’un si auguste malheur. » Tel était le sentiment des contemporains immédiats, et il ne faut jamais le perdre de vue dans nos appréciations à distance. […] L’idée de Dieu était fort à la baisse en l’an iii ; il semblait que Robespierre l’eût compromise en la proclamant. […] Que ce soit agréable ou non à lire, ce n’est pas la question ; que l’effet de ces nouveaux passages doive être très favorable et ajouter en bien à l’idée qu’on a pu se faire de Mme Roland, surtout pour l’agrément, pour la grâce, je n’en réponds pas du tout ; mais c’est très remarquable et infiniment curieux. […] Mon mari, excessivement sensible et d’affection et d’amour-propre, n’a pu supporter l’idée de la moindre altération dans son empire ; son imagination s’est noircie, sa jalousie m’a irritée ; le bonheur a fui loin de nous ; il m’adorait, je m’immolais à lui, et nous étions malheureux.
Mme Roland parle souvent de Buzot dans ses Mémoires, mais la manière même dont elle en parle me semble repousser cette idée. […] Pour me confirmer dans cette idée et dans cette bonne opinion, j’ai consulté dès longtemps et j’invoquerai le témoignage de tous ceux qui l’ont connue ou rencontrée. […] Je me souviens que la première fois que je la vis, elle réalisa l’idée que je m’étais faite de la petite fille de Vévay qui a tourné tant de têtes, de la Julie de J. […] On ne peut mieux nous donner l’idée de cette grâce correcte et parfaite, non pas affectée ni étudiée, et dans laquelle la nature et l’art semblaient ne faire qu’un. […] Je le connais à peine ; de quelles idées puis-je m’entretenir moi-même sur un pareil sujet ?
c’est par eux encore qu’on prend la plus parfaite et la meilleure idée de cette bonne, honnête, charitable, et assez spirituelle reine. […] Conclusion générale : après avoir vu ces trois portraits de la reine, toute idée de fadeur a disparu ; ces hommes de talent lui ont rendu le plus grand des services auprès de la postérité. […] Que ne nous dit-il pas, au reste, que ne nous apprend-il pas, de ces choses qu’on n’aurait jamais l’idée de demander ! […] Vous qui voulez prendre idée de ce malin esprit de Cour et d’ancien régime tel qu’on l’attribue sans cesse aux Richelieu, aux d’Ayen, aux Stainville, aux Maurepas, et aux femmes qui les égalaient au moins à ce jeu d’épigrammes, si elles ne les surpassaient point, lisez et relisez la page suivante qui en est le chef-d’œuvre. […] On en peut prendre idée dans le Journal de Luynes, où sont minutieusement relatés toutes les formalités des présentations et les moindres détails sur la serviette de la reine, sur le bouillon de la reine, sur les glaces de la reine ; les collations elles-mêmes étaient sujettes à pointilleries.
Réduction des idées à une classe d’images et des images à une classe de sensations. — Énumération des principales sortes de sensations. — Ce que signifie le mot sensation. — Distinction entre la propriété du corps extérieur qui provoque la sensation et la sensation elle-même. — Distinction entre la sensation brute et la position apparente que la conscience lui attribue. — Distinction entre la sensation et l’état du nerf ou des centres nerveux. — Caractères propres et primitifs de la sensation. […] Mais on l’a déjà, si l’on se souvient que nos images ne sont que des sensations renaissantes, que nos idées ne sont que des images devenues signes, et qu’ainsi la trame élémentaire subsiste plus ou moins déguisée à tous les étages de notre pensée. — Ces fils primitifs sont d’espèces diverses. […] Nous n’avons point ici ces éléments communs, images, représentations, idées générales, auxquels se réduisent les diverses inventions humaines et les diverses combinaisons sociales. […] Nous pouvons montrer comment avec elles nous formons les images, les représentations, les idées générales, comment avec elles nous formons les notions de grandeur, de position, de forme, de nombre ; mais, de quoi elles-mêmes elles se forment, nous ne le savons pas. […] Hamilton cité par Mervoyer, De l’association des idées, p. 337.
celui qui n’a pas senti, à la première idée de départ, une répugnance invincible, un soulèvement de tout lui que nul raisonnement n’apaiserait, n’avait pas l’âme courageuse. […] Il recommande : « Dites donc en peu de mots l’essence même des idées ». […] Je ne vous pardonne point vos périphrases à longue traîne ni les interminables et pédantesques discours dans lesquels vous noyez les idées les plus belles avec les plus indifférentes banalités. […] Frôleur d’idées, faiseur d’idées demi-vierges, tu ne fécondas jamais aucune de tes épouses d’une heure. […] Comme la servante Angélique, il a des idées respectueuses « à l’endroit de la nourriture humaine ».
Il conserva sous son habit nouveau les sentiments d’amour de la liberté qu’il avait puisés dès l’enfance dans l’air du siècle, et qu’il n’a jamais séparés depuis de l’idée vitale du christianisme. […] Jusque-là, on s’était accoutumé à confondre l’idée religieuse catholique avec l’idée de pouvoir politique et de légitimité. […] On était catholique et royaliste par le même train d’opinion, presque en vertu des mêmes idées et des mêmes intérêts. […] On peut dire qu’à la résumer dans cette idée, l’œuvre entreprise en 1831 par M. de Lamennais et ses disciples d’alors, même en étant sitôt interrompue, n’a pas totalement échoué, et qu’en effet, dès lors, la jeunesse a pu se convaincre que l’adhésion à un symbole religieux n’entraînait pas nécessairement l’adhésion à une forme politique. […] Il fit plus pourtant que de l’entrevoir dans des conférences qu’il prêcha en 1834 au collège Stanislas, et où la jeunesse s’étonna d’entendre pour la première fois en chaire une parole vive et jeune comme elle, svelte et hardie, abordant par leurs noms les idées neuves, en prenant souvent la couleur et l’accent pour les serrer de plus près et pour les rattacher par leur partie saine à l’antique tradition qui en semblait toute rajeunie.
On se demande quelle idée traverse l’esprit du narrateur, en ce moment où il devrait être tout entier à la chaste douleur du souvenir. Dans la supposition qu’une telle idée vienne, on ne devrait jamais l’écrire9. […] Il se représente, en une page trop vive pour être citée, comme aux prises, dans la solitude, avec un fantôme qui vient mêler l’idée de mort à celle du plaisir : « Mêlons des voluptés à la mort ! […] Horace, Pétrone, Salomon lui-même, qui était déjà de la décadence, ils aiment tous à mêler l’idée de la mort et du néant à celle du plaisir, à aiguiser l’une par l’autre. […] Mais ici, chez René, c’est plus que de la tristesse sentie, c’est une sorte de rage ; l’idée de l’éternité s’y mêle ; il voudrait engloutir l’éternité dans un moment.
Aujourd’hui il s’agit de sortir une bonne fois des petites idées d’une rhétorique par trop littéraire, de retrouver l’homme et le roi dans l’écrivain, et de saluer en lui l’un des meilleurs historiens que nous possédions. […] En France, en 1759, pendant la guerre de Sept Ans, on eut l’idée d’imprimer les Œuvres du philosophe de Sans-Souci (c’était le titre qu’avait pris Frédéric dans ses poésies et ses premiers essais littéraires). […] Ces motifs, tous puisés dans l’intérêt de sa cause et de sa nation, n’ont rien qui semble en désaccord avec les maximes de Frédéric et avec ses idées favorites ; en tant que philosophe et écrivain. […] Frédéric, du reste, ne varia jamais dans son opinion sur le caractère des Polonais comme peuple : cette opinion est énergiquement exprimée en dix endroits de ses histoires, et bien avant que l’idée de partage fût née. […] Dès l’avant-propos il est manifeste qu’on a affaire à un esprit élevé et ferme, qui a les plus nobles et les plus saines idées sur le genre qu’il traite.
Zola haussa les épaules en souriant, et trouva étrange l’idée même d’une pareille entreprise. […] Flaubert, que tous professent plus ou moins les mêmes idées. […] Les idées que M. […] Il vit grâce à l’air ambiant, il prend des idées qui volent autour de lui ; jamais une idée ne lui sort directement du cerveau. […] comme si les nouvelles idées, les nouvelles théories, ne faisaient pas leur chemin lentement !
Il n’en est pas à son coup d’essai ; c’est le troisième volume qu’il donne dans le même ordre d’idées religieuses. […] l’idée de traiter poétiquement les solennités diverses de la religion, de les traduire en hymnes, est de l’invention de l’auteur, et ouvre une ère nouvelle à l’art ? […] Turquety, il est vrai, suit cette idée avec un sentiment de composition et d’ensemble systématique : ainsi, son présent volume, qui commence par un hosannah au Père céleste, s’achève par un hymne à son terrestre représentant, le pape. […] Turquety, de le citer en ce que sa poésie a d’aimable, plutôt que d’insister sur ce qu’elle laisse à désirer pour l’idée.
Il portait longtemps son idée dans sa tête, sans en précipiter l’enfantement, et il ne la livrait au jour que sous une forme harmonieuse et parfaite. […] Il exécutait lentement et laborieusement, non certes pour un souci puéril et inintelligent de la forme, mais par un respect profond pour l’idée qui veut des vêtements décents et honnêtes… [Alfred de Vigny (1868).] […] Le poète méditait de donner à un nouveau recueil le titre d’Élévation, qui, par une mystérieuse ressemblance des mots, impliquait l’idée d’un office divin. […] Son expression, parfois incorrecte, est plus souvent encore obscure, trop elliptique ou trop dense, embarrassée, trop inégale à la grandeur ou à la délicatesse des idées qu’elle voudrait traduire.
Jusque-là tout était parfait, — un peu ardent peut-être, — mais enfin…, bien, et, catholique comme je le suis, je n’aurais été qu’édifié de cette conduite et je n’en aurais parlé que discrètement et pour l’édification des âmes, si la trop crâne dévote qui avait effarouché les Pères de la Terre-Sainte ne s’était pas avisée de publier le livre que je vous annonce ; livre qui tient tout à la fois des Mémoires et du Roman, et dans lequel, Mme Marie-Alexandre Dumas, nous parle d’elle-même sans guimpe ni voile, et de son couvent et de sa cellule et de ses communions, comme de choses officielles et connues, que tout le monde doit savoir, sans explication préalable, et si ce livre n’avait pas la portée voulue d’une prédication mauvaise à entendre, et compromettante pour qui la fait… Certes, je ne veux pas ici nier la pureté d’intention, ni même la ferveur d’âme de l’auteur d’Au lit de mort, mais je dis que, même après la péripétie de la conversion, on n’a peut-être point dans cette dramatique famille Dumas, une idée bien nette de la sainteté ! […] » Ce que ne dit pas une seule fois à sa maîtresse la femme de chambre de cette mondaine coupable qu’on appelle Mme Almaviva. — Dans ce livre d’Au lit de mort, que Mme Sand n’eût certainement pas écrit, je le reconnais, dans ce livre qui affecte l’accent chrétien, mais dans lequel la langue chrétienne est mal parlée ; où l’on sent l’âme troublée, l’idée fausse, l’esprit sans forte direction et sans guide, et cette religiosité corrompue par les sensibilités romanesques et morbides de ce temps, Mme Marie-Alexandre Dumas n’invente-t-elle pas un confesseur sans sacrement, sans fonction, sans autorité ; un confesseur qui n’est pas prêtre, un confesseur-femme, — elle-même ! […] L’idée du suicide s’était-elle imprégnée comme un miasme, comme une influenza, comme on ne savait quel effluve dans les planches de cette guérite que Napoléon fit brûler ? La maison Dumas, pour l’esprit qui l’a habitée, est la guérite de l’adultère, du duel, de toutes les rengaines dramatiques sur lesquelles cette grande pauvreté qui se croit un luxe, Je théâtre vit depuis des siècles, et quand on y a passé une partie de sa jeunesse, on reste imprégné de ces idées de duels et d’adultères, on les respire ; on les transpire ; on n’est plus capable de rendre autre chose, de créer autre chose que cela.
Il n’en est pas assez sorti pour rentrer dans l’idée du catholicisme et pour la comprendre, comme doit la comprendre même l’homme qui fait l’histoire de sa défaite. […] Le fanatisme religieux ôté de l’âme de Philippe II, il se fait à l’instant en lui le vide de l’homme qui a besoin de l’idée de Dieu pour être quelque chose, et Forneron, avec son regard exercé, voit, dans ce vide où l’idée de Dieu s’embrouillait avec les passions et les vices, ce qui reste de Philippe II, c’est-à-dire un des plus vulgaires despotes qu’ait corrompus la royauté. […] Prise longtemps par des catholiques, à distance, pour quelque chose de grand et de pur, la Ligue, étudiée de plus près, n’a été vaincue et n’a péri que parce qu’elle fut une démocratie, et son principe, tout religieux qu’il fût, ne la préserva pas de la corruption générale dont l’histoire de Forneron (et c’est là sa terrible originalité) nous a donné une si formidable idée.
Histoire de Napoléon, de sa famille et de son époque, au point de vue de l’influence des idées napoléoniennes sur le monde. — Edmond de Beauverger. […] C’est une œuvre nulle d’idées générales et vulgaire de style. […] D’ailleurs, lorsqu’on n’a pas plus d’idées générales que de style, peut-on être pris par la postérité — et même par personne — pour le véritable historien de l’Empereur ? […] Puisqu’il voulait se mesurer avec un sujet qui doit casser les reins à de plus robustes que lui, pourquoi Émile Bégin n’intitulait-il pas simplement son livre : Histoire de Napoléon et de sa famille, ce qui était déjà bien assez pour intéresser, et pourquoi ajoutait-il si pompeusement : au point de vue de l’influence des idées napoléoniennes sur le monde 16 ?
Les bohèmes des petits journaux s’étaient livrés contre nous à leurs plaisanteries ordinaires, à ces pantalonnades en dehors des questions qui remplacent pour eux les idées. […] » Et Joseph de Maistre remarquerait avec raison que cette théorie de « l’honnêteté littéraire » n’est, après tout, qu’un vers de Voltaire délayé, pour faire quelques idées, dans l’écritoire de Μ. […] , comprendra. » La critique est maintenant une femme, — ajoute toujours, en surchargeant son idée, ce galantin de Rigault, — « une femme du monde, qui cause, qui sourit, qui pique et ne rudoie jamais. […] On en fait une femme qui sourit et ne rudoie pas, — une femme qui ne rudoie pas ceux qui outragent la vérité sous toutes les espèces : la vérité dans les idées, dans l’art, dans le style !
Le Caïn l’emporte sur le doux Abel dans ce talent et cette pensée ; le Caïn grossier, affamé, envieux et farouche, qui s’en est allé dans les villes pour boire la lie des colères qui s’y accumulent et partager les idées fausses qui y triomphent ! […] Pierre Dupont, nous déplorions le travail funeste que les philosophies modernes ou les idées politiques du jour pratiquaient jusque sur les airains les plus solides en fait de génie, et nous en montrions le ravage ; mais quelle ne doit pas être cette influence quand elle s’exerce sur des esprits plus délicats que forts, comme celui de M. […] Mais, je veux le lui répéter en finissant, la première condition de cet affranchissement que je souhaite, c’est le renoncement aux idées que je trouve dans la préface des Études littéraires et qui montrent bien à quel point le lettré diminue et gâte le paysan. […] Du sang verse dans les combats On ne fait pas la cochenille, ce qui est une vérité plate et une idée de teinturier.
C’est à la même idée que tenait l’apothéose de leurs prédécesseurs ; la fantaisie de se faire adorer de leur vivant ; les temples qu’on leur élevait dans toutes les parties de l’empire ; la multitude énorme de statues d’or et d’argent, de colonnes et d’arcs de triomphe ; le caractère sacré imprimé à leurs images et jusqu’à leurs monnaies ; le titre de seigneur et de maître que Tibère même avait rejeté avec horreur, et qui fut commun sous Domitien ; la formule des officiers de l’empereur, qui écrivaient, voici ce qu’ordonne notre Seigneur et notre Dieu 50 ; et quand les princes, par les longs séjours et les guerres qui les retenaient en Orient, furent accoutumés à l’esprit de ces climats ; la servitude des mœurs, l’habitude de se prosterner, consacrée par l’usage et ordonnée par la loi. […] Leur commerce y porta cette culture, et ce goût qui naît d’abord dans les capitales, parce que le goût n’est que le résultat d’une multitude d’idées comparées, et d’une foule d’idées qu’on ne peut avoir que dans l’oisiveté, l’opulence et le luxe. […] Un défaut naturel dans de pareils ouvrages, était le vide des idées ; on employait de grands mots pour dire de petites choses.
L’idée de M. de Chateaubriand, écrivant ses Mémoires, a été de se peindre sans descendre jusqu’à la confession, mais en se dépouillant d’une sorte de convenu inévitable qu’imposent les grands rôles joués sur la scène du monde ; c’est une des raisons qui le portent à n’en vouloir la publication qu’après lui. […] Béranger se vante d’être du peuple, M. de Chateaubriand revendique les anciens comtes de Bretagne ; mais tous les deux se rencontrent dans l’idée du siècle, dans la république future, et ils se tendent la main. […] Cette langue du moyen âge, qui se trouve condensée, refrappée en cet endroit avec un art et une autorité dont on ne peut se faire idée, laisse çà et là des traces énergiques dans tout le courant du récit de M. de Chateaubriand. […] Il la suivait, cette Sylphide, par les prairies, sous les chênes du grand mail, sur l’étang monotone où il restait bercé durant des heures ; il lui associait l’idée de la gloire. « Elle était pour lui la vertu lorsqu’elle accomplit les plus nobles sacrifices ; le génie, lorsqu’il enfante la pensée la plus rare. » Il y a à travers cela d’impétueux accents sur le désir de mourir, de passer inconnu sous la fraîcheur du matin. « L’idée de n’être plus, s’écrie-t-il, me saisissait le cœur à la façon d’une joie subite ; dans les erreurs qui ont égaré ma jeunesse, j’ai souvent souhaité de ne pas survivre à l’instant du bonheur. […] Ne pouvant à loisir tout embrasser, nous finissons, pour donner une idée des grandes perspectives qui s’y ouvrent fréquemment, par une citation sur l’avenir du monde, que la bienveillance de l’auteur nous a permis de détacher.
Mon idée sourit à Montigny qui s’en alla trouver M. […] Tu ne peux pas te faire une idée du bonheur que je me procure ! […] Qu’on ajoute à cela le grossissement voulu pour le pittoresque du récit, et on pourra avoir une idée juste de ce livre écrit avec une prodigieuse abondance d’idées et de détails, un grouillement de faits, un mouvement de personnages incroyables. […] En le fermant, l’idée persistante qui m’est restée est celle que M. […] Personne, au temps de saint Louis, n’aurait eu l’idée d’envoyer à la bataille un homme de savoir et d’entendement.