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652. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Mêmes destinées, même histoire, même évolution, même cycle. […] Michelet était républicain dans l’histoire. […] Vous m’auriez replongé, par l’intérêt énorme d’un tel livre, dans l’histoire naturelle et je suis tout au cœur de l’histoire humaine. […] Corso e ricorso, c’est toute l’histoire. […] Heureux les hommes qui n’ont pas d’histoire !

653. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 120-121

« L'Histoire ancienne de M.  […] Cette Histoire est en effet écrite avec pureté, avec noblesse, & de ce ton sensible & communicatif, qui fait passer, avec l'instruction, l'amour de l'objet qu'on présente. […] On peut en dire autant de l'Histoire Romaine, poussée jusqu'à la fin de la République, avec cette différence que dans celle-ci l'Historien est plus judicieux, moins diffus, & plus animé.

654. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Victor Hugo d’aller chercher son histoire dans des livres inconnus, au lieu de la prendre dans les ouvrages où tout le monde puise. […] [Histoire du romantisme (1858).] […] [Histoire de la littérature dramatique (1858).] […] [Études d’histoire et de littérature (1859).] […] Toutes les catégories de l’histoire littéraire sont en lui déjouées… … M. 

655. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Je n’ai pas à résumer ici la grande Histoire de la critique de M.  […] Je sais bien que la critique et l’histoire littéraire, cela aussi fait deux rives distinctes ; mais le critique qui ignore l’histoire littéraire n’a aucune chance de durer lui-même dans l’histoire littéraire, et l’historien de la littérature qui manque de goût critique tombe à plat dans un morne pédantisme. […] Pour nous au contraire l’histoire du goût se sépare de celle de la critique. […] Et il s’agit bien de critique, non d’histoire littéraire. […] Faire de l’histoire littéraire, c’est enregistrer un ordre, celui du temps.

656. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il a dans l’histoire politique et dans l’histoire littéraire un très grand nombre de représentants, depuis Lamennais jusqu’à Pierre Leroux. […] Rapprochements forcés, histoire torturée, digressions vertigineuses, composition nulle. […] C’est en quoi Dumas père avait raison quand il disait : « Lamartine a élevé l’histoire à la dignité du roman. » Le roman à son tour fit l’histoire, ou contribua à la faire. […] Elle est dans la plus antique histoire de l’humanité, dans la Bible. […] En histoire, en archéologie, il deviendra le philosophe de la couleur locale.

657. (1881) Le naturalisme au théatre

Eh bien, toute l’histoire du drame romantique est là. […] Sans doute, cette histoire a été faite, et plusieurs fois. […] L’histoire de la Comédie-Française est là pour répondre. […] Talray s’est absolument moqué de l’histoire. […] Emile Moreau, dit-on, a suivi l’histoire le plus strictement possible.

658. (1925) La fin de l’art

Mais ce n’est pas l’acquéreur qu’il faut admirer dans cette histoire, c’est l’amateur auquel il le repassera avec un bénéfice inconnu. […] C’est là que figura sans doute L’histoire d’Isménie et d’Agésilan dont M.  […] Pierre Louys retrouve le nom véritable et esquisse pour la première fois l’histoire encore incertaine. […] L’auteur n’a trouvé que défunt son chien à qui dédier cette bonne histoire. […] Histoire, géographie, contes, légendes et traditions, il résume tout cela dans une manière sûre et agréable aussi.

659. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

En tout cas, il faut distinguer, dans l’histoire de sa pensée, deux périodes. […] Son histoire en paraît tout imprégnée, comme d’une amertume étrange et douloureuse. […] Voici l’histoire de son premier mémoire, qui traitait des fonctions fuchsiennes. […] L’abbé Duchesne nous raconta mille histoires. […] Il y a, de place en place, des châteaux illustres et tous pleins d’histoire.

660. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

L’histoire, quand elle aura déchiré ses derniers voiles, en donnera des preuves irrécusables. […] L’histoire est la conscience du genre humain. […] Le pathétique de ce récit dans les Girondins n’est que la justice de l’histoire, qui en appelle au cœur des férocités de l’esprit. […] L’histoire ne lit que dans la conscience des partis. […] Ces renseignements irrécusables lui firent insérer de suite une rectification dans le livre LVI du huitième volume de l’Histoire des Girondins.

661. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Suite de l’histoire des pertes. — La tragédie au dix-huitième siècle. — Les premiers imitateurs de Corneille et de Racine. — Le Manlius de Lafosse […] Suite de l’histoire des pertes. — La tragédie au dix-huitième siècle. — Les premiers imitateurs de Corneille et de Racine. […] Une certaine image des arts et de la civilisation, à l’époque et dans le pays où se passe l’action, ajoute à l’effet dramatique le profit d’une notion d’histoire. […] Ce que l’esprit humain tient pour vraisemblable, ce que le cœur humain tient pour vrai, voilà l’histoire. […] Les événements n’y sont pas nécessaires comme dans l’histoire, et la moralité n’en a rien de plus imposant que celle d’un roman.

662. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

laissez-nous de grâce, à nous autres critiques, l’histoire littéraire et ce qui en dépend. L’histoire littéraire est une branche de savoir, émancipée depuis Bacon, lequel a là-dessus une belle page. […] Merlet : Extraits des Classiques français 9, et qui vient tout naturellement en aide à l’entreprise que nous recommandons ici, est un progrès marqué et offre comme un modèle en fait de choix ; mais l’enseignement même, le cours d’études lié et continu, ce qui constitue, à proprement parler, le corps de l’histoire littéraire ; ce corps vivant, animé, brillant, il faut nécessairement le chercher ailleurs, autre part que dans des extraits et des notices succinctes, même les plus exactes : or M.  […] Le tombeau de Jésus-Christ retombera entre les mains des infidèles, mais les membres de Jésus-Christ seront libres. » Et c’est ainsi que renseignement secondaire initie les jeunes filles au sentiment vrai de nos origines modernes, et les émancipe, les aguerrit par degrés en leur donnant sous cette forme agréable la clef des vicissitudes et des révolutions de l’histoire générale : c’est quelque chose déjà que de les guérir d’un convenu dans le jugement des œuvres de l’esprit et de l’imagination. […] Paul Albert, quand je pense à tout ce que j’y trouve de connu déjà et aussi de neuf, d’exact et de tout récemment démontré (car l’histoire littéraire est en marche, et elle avance sans cesse), je ne puis m’empêcher de m’écrier : Heureuses les jeunes filles d’aujourd’hui !

663. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

À Rebours est l’histoire d’une âme en peine qui raconte ses impuissances de vivre, même à rebours ! […] Huysmans a écrit l’histoire) est soumis, dans toute la durée du roman, à cette fatalité terrible des nerfs, plus forts que la volonté et ses maîtres. […] Rappelez-vous l’histoire de la tortue dont il fait dorer l’écaille et dans laquelle il incruste des pierres précieuses ! […] Il y a eu dans l’histoire d’autres décadences que la nôtre. […] Huysmans n’est pas l’histoire de la décadence d’une société, mais de la décadence de l’humanité intégrale.

664. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Et voici la contrepartie de l’histoire. […] Est-ce _ là l’équité de l’histoire ? […] Mais l’histoire nous enseigne le contraire. […] Le style arrange l’histoire à son gré, consacre la légende, change en vérités tous les mensonges. « Bien fou qui croit à l’histoire ! » s’écrie Chateaubriand ; « l’histoire est une pure tromperie.

665. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

À toutes les histoires qu’on a écrites sur la Restauration, il manque, à ce point de vue, un complément nécessaire : l’histoire de la littérature française pendant cette phase de seize années qui s’écoulèrent de 1814 à 1830. […] Lutte des deux écoles constatée dans l’histoire d’un journal. […] Seulement on aperçoit bien qu’il y a dans l’histoire générale, et dans l’histoire de son siècle en particulier, un point qui l’embarrasse. […] Guizot dans sa chaire d’histoire, M.  […] Guizot dans l’histoire et M. 

666. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Faut-il fermer désormais le livre de la conscience, et n’ouvrir à la curiosité des moralistes que les annales de l’histoire ou les relations des voyageurs ? […] Mais, de l’histoire ou de la conscience, qui en fait foi ? […] Comment se reconnaître dans cette psychologie si concrète qu’on appelle l’histoire, si l’on n’a pas d’autre flambeau que l’expérience historique elle-même ? […] Quant aux lois qui régissent cette histoire, elle n’emploie pas, pour les connaître, d’autre méthode que l’induction, absolument comme on fait dans les sciences physiques et naturelles. […] C’est ce que veulent dire les philosophes anglais quand ils définissent la psychologie tantôt la physique, tantôt l’histoire naturelle de l’esprit.

667. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Flourens, l’un des deux secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences, a eu l’idée heureuse d’écrire avec quelque détail l’histoire de ses devanciers, non pas leur biographie, mais l’histoire de leurs travaux et de leurs vues. […]  » Et il raconte cette fameuse histoire de la dent d’or qui était poussée à un enfant de Silésie en 1593. Tous les savants se mirent à disserter, à disputer sur cette dent d’or ; on en écrivit deux ou trois histoires. […] La question littéraire se trouvait ainsi réduite, au grand scandale des érudits, à une question de physique et d’histoire naturelle. […] Dans les deux préfaces qu’il a mises à l’Histoire de l’Académie des sciences (l’Histoire de 1699 et celle de 1666), il a atteint à une véritable perfection, encore agréable et presque sévère.

668. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

L’Histoire, sur ce point, ne nous donne pas de démenti. Il y a bien, ici et là, quelques monstruosités en histoire, mais celle-là nous a été épargnée. […] Mais elle existe et à un degré qui étonne, même quand on est le plus accoutumé à ces ressemblances de manière que l’histoire, littéraire constate à chaque pas. […] C’est l’histoire de la femme qui a écrit les Horizons prochains. […] Voilà l’histoire de Mme de Gasparin.

669. (1886) Le roman russe pp. -351

Ils oublient donc toute notre histoire littéraire ? […] Ses lettres nous instruisent de son histoire morale. […] C’est une histoire très simple, la vieille histoire de Philémon et Baucis. […] Accroupis autour du brasier, ces enfants se racontent des histoires, de ces histoires qu’on raconte après minuit. […] On sait que ce livre marque une date dans l’histoire des idées.

670. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Ce que la fable a inventé, l’histoire le reproduit parfois. […] Ainsi, — pourvu néanmoins qu’on ne cherche pas dans des pays et dans des faits qui appartiennent à l’histoire, ces impressions surnaturelles, ces grossissements chimériques que l’œil des visionnaires prête aux faits purement mythologiques ; en admettant le conte et la légende, mais en conservant le fond de réalité humaine qui manque aux gigantesques machines de la fable antique, — il y a aujourd’hui en Europe un lieu qui, toute proportion gardée, est pour nous, au point de vue poétique, ce qu’était la Thessalie pour Eschyle, c’est-à-dire un champ de bataille mémorable et prodigieux. […] Des châteaux qui sont sur ces collines, sa méditation passa aux châtelains qui sont dans la chronique, dans la légende et dans l’histoire. […] Quel que soit le drame, qu’il contienne une légende, une histoire ou un poème, c’est bien ; mais qu’il contienne avant tout la nature et l’humanité. […] Ainsi l’histoire, la légende, le conte, la réalité, la nature, la famille, l’amour, des mœurs naïves, des physionomies sauvages, les princes, les soldats, les aventuriers, les rois, des patriarches comme dans la Bible, des chasseurs d’hommes comme dans Homère, des titans comme dans Eschyle, tout s’offrait à la fois à l’imagination éblouie de l’auteur dans ce vaste tableau à peindre, et il se sentait irrésistiblement entraîné vers l’œuvre qu’il rêvait, troublé seulement d’être si peu de chose, et regrettant que ce grand sujet ne rencontrât pas un grand poëte.

671. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

Ils périrent, dit un bel esprit, comme ces vastes Empires, dont l’histoire nous raconte la chûte, accablés sous le poids de leur propre grandeur. […] On prétend que ce Roman, ainsi que celui du grand Cyrus, renferme des histoires véritables sous des noms déguisés. […] Les Mémoires d’un homme de qualité, le Clevetand, l’histoire du Chevalier des Grieux, l’histoire d’une Grecque moderne, le Monde moral, sont remplis de ces situations attendrissantes ou terribles qui frappent & qui attachent le lecteur dans les livres à aventures. […] J’en ai indiqué quelques-uns, en citant le Sage ; mais celui de tous qui a eu le plus de réputation, chez tous les peuples qui se piquent d’esprit, est l’Histoire de l’invincible Don Quichote de la Manche. […] Il le désavoua, & pour qu’on ajoutât foi à ce désaveu, il réfuta son propre ouvrage dans une assez plate production intitulée : l’Histoire justifiée contre les Romans.

672. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Seulement, est-ce à nous à la vouloir et à la provoquer avec cette furie imprudente, nous qui n’ignorons pas l’histoire et qui avons appris, en la lisant, que l’histrionolâtrie a souillé de ses farces grotesques les derniers moments des plus grands peuples et déshonoré leur agonie ? […] Singulier spectacle, que l’histoire n’a pas vu encore ! […] Sous la plume de leurs historiens enthousiastes, le comédien et la comédienne deviennent des légendes et des poèmes, et les paillasses mêmes ont leur histoire. […] Tout ce qui a en soi une force quelconque de pensée doit s’attacher à réprimer, dans la mesure de cette force, cet histrionisme envahisseur, qui va nous déborder demain et qui a fait toujours suivre, dans l’histoire du monde, les saltimbanques par les Barbares. […] Entre le tabac, qui narcotise l’esprit des modernes dans des proportions que la science et l’histoire constateront plus tard, et le théâtre, cette passion de gens fatigués et de nation en décadence, l’esprit meurt, la conversation s’éteint.

673. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Louis Vian Histoire de Montesquieu, sa vie et ses œuvres, par Louis Vian, avocat. […] Être un biographe à cette heure, — dans une époque d’analyse et d’individualité, — c’est être un historien à la taille même de cette époque qui doit aimer mieux les portraits que les tableaux, et dont la triste histoire ne permet même plus le tableau ! […] Encore un rapport avec Goethe, cet autre grand sec : il aimait la physique, la médecine, l’histoire naturelle. […] C’est un discours sur la cause de l’écho ; un mémoire sur la Transparence des corps, sur le Mouvement relatif ; un Projet d’histoire physique de la terre. […] La religion est ici respectée, Michelet démenti en ses histoires.

674. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Saint-Bonnet ne s’est pas contenté de poser une question d’histoire et d’établir superficiellement un rapport de cause à effet entre la moralité des auteurs païens, dont les œuvres sont livrées trop tôt à de sympathiques admirations, et la moralité des hommes nés dans le sein du christianisme et qu’a lavés, même intellectuellement, le baptême. […] Saint-Bonnet nous en fait l’histoire. […] Saint-Bonnet a prouvé à quelle race d’esprits il appartenait, en donnant pour base à une question de réforme dans l’éducation publique cette histoire de l’affaiblissement de la raison en Europe, qui serait la plus sûre prophétie de notre prochaine décadence, si le livre où elle est annoncée ne renfermait pas les meilleurs moyens de l’éviter ! […] Il y parviendrait presque, si l’on ne s’en rapportait qu’aux faits qu’il cite, si l’on oubliait que ces faits recueillis et morts dans l’histoire sont séparés de leur racine, c’est-à-dire de l’époque à laquelle ils se sont produits, et de l’esprit qui l’animait. […] Mais, selon nous, si les faits cités sont incontestables, nous croyons que le savant jésuite en a tiré de fausses conclusions ; et c’est surtout quand on a lu cette histoire des Études classiques que M. 

675. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

III Le livre de Sainte Marie-Madeleine n’est pas une histoire à la manière des chroniqueurs et des légendaires, lesquels prennent simplement les faits et les rapportent, en les sentant et en les exprimant, chacun avec le genre d’âme et d’éloquence qu’il a. […] C’est l’histoire intime et interprétée des sentiments humains de sainte Madeleine pour N. […] Lacordaire, inventée peut-être après coup, dans l’intérêt de son histoire, ou plutôt de son roman d’amitié. Et j’ai dit le mot : Roman d’amitié, car il est impossible de voir là une histoire, et malgré le fil délié de ses analyses à la Sainte-Beuve, le Père Lacordaire n’est sûr de rien. L’histoire, la vraie et la seule histoire des relations de Notre-Seigneur et de sainte Madeleine, c’est l’Évangile, l’Évangile si sobre d’interprétation, si vivant de la seule vie du fait, l’Évangile dans lequel l’âme divine et humaine de N.

676. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

… Comme tous les esprits distingués d’une société assez avancée pour n’avoir plus peut-être à écrire que de l’histoire et à juger que des résultats, Dargaud, l’auteur connu de Marie Stuart, est entraîné vers les études historiques par la double tendance de son esprit et de son temps. […] Des bégueules littéraires, des vierges sages, nous savons pourquoi, ont pu reprocher à Dargaud la vivacité de ses couleurs quand il a écrit l’histoire. Il est d’usage et de tradition de donner à Clio une plume de fer, comme si l’histoire ne devait pas avoir toutes les variétés de la vie ! […] Leur histoire n’est pas longue et peut s’écrire en quelques mots. […] Nous sommes arrivés à un point si avancé de l’histoire, qu’il n’y a plus rien de profond nulle part en dehors du catholicisme.

677. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Un jour Michelet, pour se défatiguer de ses quarante volumes d’histoire, fit, de sa main la plus légère et la plus fine, l’Insecte et l’Oiseau, deux petits culs-de-lampe assez gentillets d’histoire naturelle. […] Toujours frères et amis, Michelet et Quinet, ces historiens de la démocratie et de la libre pensée, qui se sont fait trente ans pendant l’un à l’autre, comme le fifre et le tambour sur le même panneau d’une salle à danser, se sont improvisés également les historiens de la nature pour avoir lu, de hasard, quelques bouquins d’histoire naturelle. […] Sur le premier homme, qui est une question quand on parle de la Création, ce naturaliste de quatre jours et de quatre sous donne sa démission et confond l’homme avec l’histoire.  Il prend la Création du pied des faits où elle n’est pas, car elle est le principe générateur de tous les faits, et sa Création, quand elle serait tout ce qu’il dit, ne serait pas encore la Création, mais l’histoire des choses créées, ce qui est différent. […] Il voit des sauts dans la nature, comme une vieille femme qui verrait des trous dans ses bas et ne saurait comment s’y prendre pour les remmailler. « Tout n’est pas progrès — dit-il — dans la nature et dans l’histoire. » Qu’il s’en souvienne pour une autre fois !

678. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

C’est là sa pensée et c’est là son histoire. […] Il s’est un instant reposé de l’éjaculation des Épopées, dont il est le volcan, en nous racontant l’histoire des Épopées françaises qui n’étaient pas les siennes. […] Non content de cette promenade à travers le monde, il le fait promener même en dehors de ce monde, comme le Dante, et de cette promenade éternelle, le but est de nous dérouler toute l’histoire, légendaire et poétique, du passé comme de l’avenir, car l’enchanteur Merlin, qui entre aux limbes, comme il entre partout, par la vertu de sa petite baguette de coudrier, n’a pas beaucoup de peine ni de mérite à nous prophétiser ce qui est de l’avenir pour lui, du temps du roi Arthur, et ce qui est du passé pour nous, Charlemagne, Hugues Capet, la Saint-Barthélemy, Louis XIV, la Révolution française, la tête coupée de Louis XVI, Robespierre et Napoléon. […] Quinet voudrait faire aujourd’hui les affaires, sous couleur de poésie, de légende et d’histoire ! […] Croira-t-on qu’à propos de cette interminable légende de Merlin, bonne pour faire dormir forcément les enfants trop éveillés, quand ils ne sont pas sages, on a parlé d’un Essai d’histoire idéale, qui doit féconder et transfigurer le champ épuisé de l’histoire réelle ?

679. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 346-348

Son Histoire universelle, qui ne renferme que l'espace de soixante-deux ans, est beaucoup plus estimable par le style que par l'expression. […] C'est pourquoi il a fallu joindre à cette Histoire une espece de Vocabulaire, pour éclaircir l'obscurité de ces noms, qui eussent été méconnoissables sans ce secours. […] Ces sentimens, trop marqués en différens endroits dans son Histoire, firent naître des doutes sur sa catholicité, & le firent accuser par plusieurs Ecrivains, d'être secrétement du parti pour lequel il montroit tant d'indulgence.

680. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Il m’a été fourni par Élien (Histoire des Animaux) et par Polyen (Stratagèmes). […] Notez d’ailleurs que l’âme de cette histoire est Moloch, le Feu, la Foudre. […] L’incendie qui suit m’a été inspiré par un épisode de l’histoire de Massi-nissa, par un autre de l’histoire d’Agathocles et par un passage d’Hirtius, — tous les trois dans des circonstances analogues. […] « Par amour de la clarté, j’ai faussé l’histoire quant à sa mort. […] Pons, ancien professeur de rhétorique, professeur d’histoire, et qui maintenant est placé à ce titre au lycée de Digne, sa patrie.

681. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

L’événement d’hier est déjà de la chronique, de la poésie ou de l’histoire ; l’œuvre de demain s’anticipe impatiemment, et la curiosité la dévore. […] Cette alternative de doute et de foi a fait longtemps de ma vie un mélange de désespoir et d’ineffables délices. » Voilà en ces deux mots l’histoire religieuse d’une âme qui est le type complet de beaucoup d’âmes venues depuis. […] L’illustre auteur s’occupe en ce moment, je pense, à compléter cette dernière partie de sa narration par l’histoire des deux ou trois années écoulées entre juillet 1830 et son premier départ pour Prague. […] Il y a là, à ce sujet, la délicieuse histoire d’un nid de pies déniché malgré les défenses de l’abbé Egault ; l’abbé furieux se venge en condamnant au fouet le coupable. […] Il y a un épisode développé sur les États de Bretagne, sur la constitution et les troubles de cette province : les lignes majestueuses de l’histoire apparaissent.

682. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Ce bref jugement sur Desportes et Bertaut n’est pas moins exact que le portrait de Ronsard ; là encore l’histoire de la poésie ne doit être qu’un commentaire de Boileau. […] Mais n’est-ce pas sortir du plan de cette histoire, que d’y donner place à des noms si évidemment secondaires ? […] De même que dans l’histoire politique il y a des hommes de second ordre, sans lesquels certaines choses nécessaires et qui subsistent pouvaient ou ne pas s’accomplir sitôt, ou ne pas s’accomplir du tout ; de même, dans l’histoire de la littérature, il y a tels écrivains qui, pour n’avoir pas eu le don du génie, ont néanmoins senti les premiers, à certaines époques, le progrès qui se préparait, et ont en quelque sorte dégrossi le public pour les hommes de génie. […] L’histoire politique ne doit omettre que ceux qui ont subi les événements sans les comprendre, et qui ont ignoré et leur temps et eux-mêmes ; l’histoire de la littérature n’est fermée qu’aux écrivains qui n’ont fait que suivre, et qui ont porté la livrée soit d’un homme supérieur, soit de quelque mode littéraire aussi passagère qu’une mode d’habits. […] Parmi les traditions de l’antiquité, il n’employa que les plus populaires, et, dans la mythologie comme dans l’histoire, il s’en tint aux noms connus de la foule.

683. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Son histoire est le récit de son émancipation à l’égard de la théologie et de sa transformation en science. […] Nous allons donc courir à travers cette histoire, laissant l’érudition pour les idées, celles surtout qui sont du domaine de la psychologie. Dans son histoire de la philosophie ancienne, M.  […] « Son célèbre éclectisme n’est qu’une fausse interprétation de l’histoire de la philosophie de Hégel, fortifiée de quelques arguments plausibles. […] Est-ce une histoire ordinaire de la philosophie que celle dont l’exposition précède ?

684. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Partout où elles ont régné, — qu’on interroge l’histoire !  […] Devant l’histoire comme ailleurs, le principe théologique devait triompher. […] Quand on presse les faits de l’histoire d’Angleterre, on sait combien dans la haine de Rome il entrait de haine pour les Stuarts. […] Villemain, Histoire de Cromwell. […] Alzog, Histoire de l’Église universelle.

685. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

L’histoire racontée est bien une histoire vraie. […] Celui-ci commença par vouloir faire pour l’histoire de France ce que l’Écossais avait fait pour toute une partie de l’histoire d’Angleterre. […] C’est écrit à la va-vite, inventé au rebours de l’histoire. […] Il a grandi dans cette histoire. […] C’est l’histoire de tant de destinées !

686. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Plus haut, j’ai déjà indiqué ce rapprochement ; mais maintenant que j’ai tâché de le justifier par l’histoire, il me paraît tout à fait incontestable. […] Quant à l’esprit humain, il n’a point de ces lacunes dans le vaste ensemble de son histoire, et la science du mouvement en particulier ne présente pas d’interruptions ni de solutions de continuité. […] Le plan de l’Histoire des animaux, dit M.  […] Une pareille histoire n’est-elle pas infiniment préférable à de sèches nomenclatures, quelque bien rangées qu’on les suppose, par ordres, classes et genres ? […] L’Histoire des animaux fut ravivée par un bénédictin du Brabant, Thomas de Cantimpré.

687. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Bonstetten y obtenait du succès ; les hommes les plus sérieux de ces salons littéraires, Thomas, l’abbé de Mably, s’attachaient à lui et s’étaient mis dans la tête de lui faire faire une histoire de la Suisse, — cette même histoire dont l’honneur était réservé à l’illustre ami de Bonstetten, Jean de Muller. — Bonstetten, dont ce n’était pas la vocation, éludait, les laissait dire, et les entendait pendant des heures développer leurs plans patriotiques, emphatiques ; lui, qui craignait déjà les ennuyeux, il ne savait bientôt plus comment fuir ces prédicateurs acharnés qui voulaient faire de lui un Raynal suisse ; il en était poursuivi jusque dans le parc de Saint-Ouen, chez Mme Necker ; jusque dans le château de La Rocheguyon, chez ses amies les duchesses de La Rochefoucauld, qui elles-mêmes se mettaient de la partie et devenaient complices : Ce qui ajoute à l’envie de me retrouver chez moi, écrivait-il de La Rocheguyon, c’est que voilà quatre jours que je me trouve avec l’abbé de Mably. « Et quand verrons-nous cette histoire de la Suisse ? […] » Et puis le voilà qui s’échauffe sur ce sujet ; enfin il nous en a tant parlé, que toutes les duchesses sont à épousseter les vieux bouquins et toutes les histoires de Suisse qu’il y a dans la bibliothèque. […] L’influence de Bonstetten sur son jeune ami fut salutaire et bienfaisante : il contribua à le confirmer dans cette courageuse entreprise d’une histoire de la Suisse, à laquelle lui-même, convié il y avait peu d’années, il ne s’était pas jugé suffisant. […] Bonstetten, dans son court séjour à Paris en 1770, est prêché, chapitré, tourmenté, mis presque à la question sur l’histoire de la Suisse par Thomas, Mably, tous ces sublimes ennuyeux dont il s’est plaint. — Oui, ennuyeux tant que vous voudrez ; ils parlaient de ce qu’ils ne savaient pas bien, ils entreprenaient un jeune homme qui y était peu propre, ils allaient comme sont allés si souvent nos théoriciens prêcheurs, tout droit devant eux et à tort et à travers ; mais l’idée pourtant, l’idée française d’une histoire suisse à faire, — du besoin qu’on avait d’une histoire suisse, — restait attachée à l’imagination et enfoncée dans l’esprit de Bonstetten ; il emportait sans y songer l’aiguillon ; et lorsque trois ans après, il rencontre Jean de Muller au seuil de sa magnanime entreprise, mais encore incertain sur la forme, sur l’étendue, sur la plénitude du dessein, Bonstetten se souvient à l’instant et se sert de l’aiguillon qu’il a reçu, et, devenu prêcheur à son tour, il pousse, excite et soutient son ami dans la grande carrière.

688. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

. — Soyez tout, excepté Dieu. » Et mon ami continuait très-vivement ; il s’emportait contre cette philosophie de l’histoire qui est une si grosse et si mystérieuse affaire, une si merveilleuse production en même temps qu’un si commode instrument au sens et au gré des nouveaux doctrinaires : ils font de l’histoire quelque chose de sacré, et ils n’admettent pas cependant qu’il y ait un plan primitif tracé, et une Providence qui y ait l’œil et qui y tienne la main : c’est une inconséquence. « L’histoire, me disait mon ami, qui n’est pas inconséquent et qui tient fort de Hume et de Fontenelle, n’est le plus souvent, et surtout à cette distance, qu’une fable convenue, un quiproquo arrangé après coup et accepté, une superfétation réelle portant sur une base creuse et fausse. […] J’ai cependant rencontré dans ma jeunesse deux hommes au moins qui s’étaient dit que l’histoire des origines du christianisme était un grand sujet, et qui se promettaient de le traiter quelque jour dans l’esprit du XIXe siècle, c’est-à-dire avec respect et science. […] Il est arrivé ainsi à faire un livre d’art autant et plus que d’histoire, et qui suppose chez l’auteur une réunion, presque unique jusqu’ici, de qualités supérieures, réfléchies, fines et brillantes. […] L’histoire de son succès serait tout un chapitre littéraire à écrire, et des plus curieux.

689. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Histoire de la littérature anglaise par M.  […] La tentative est la plus hardie qu’on ait encore faite dans cet ordre d’histoire littéraire, et l’on ne saurait s’étonner qu’elle ait soulevé tant d’objections et de résistances chez des esprits prévenus et accoutumés à des manières de voir antérieures. […] L’auteur eût diminué peut-être le nombre des contradicteurs s’il avait donné au livre son vrai titre : Histoire de la race et de la civilisation anglaises par la littérature. […] Mais, en abordant directement et de front l’histoire des œuvres littéraires et des auteurs, sa méthode scientifique non ménagée a effarouché les timides et les a fait trembler. […] Il faut que l’histoire soit respectueuse et que l’art soit original.

690. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

J’étudiai l’histoire de la marine militaire, celle de sa gloire et de sa décadence. […] L’histoire de Malouet, à cette époque et depuis, se compose presque tout entière des abus, des iniquités dont il est témoin, contre lesquelles il lutte, même quand il en est en partie l’instrument ; des bons conseils qu’il donne et qu’on ne suit pas ; des utiles réformes qu’il propose, qu’il consigne dans des rapports et qui restent la plupart sur le papier. […] Dans les deux ou trois années passées à Paris depuis son retour de Saint-Domingue, Malouet avait beaucoup vu de gens de lettres en renom : il connaissait d’Alembert, Diderot, Condorcet ; il se lia intimement avec l’abbé Raynal, très curieux et avide de tout ce qui intéressait le commerce et l’histoire des colonies : mieux que personne il saura nous le montrer au naturel. […] On sait la touchante histoire de Montesquieu à Marseille, délivrant, sans se faire connaître, le père du jeune batelier Robert, esclave à Tétouan : Malouet a une histoire toute pareille et à faire le pendant de celle de Montesquieu dans la Morale en action. […] Cette histoire de Malouet, racontée par lui-même à M. 

691. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Sous le règne d’Auguste même, quelques écrivains, Tite-Live surtout, montrent souvent dans leur manière d’écrire l’histoire, un esprit républicain ; mais pour analyser avec justesse le genre distinctif de ces trois époques, il faut examiner leurs couleurs générales, et non les exceptions particulières. […] On ne cite même dans leur histoire aucune femme, aucun homme connu, dont la raison ait été dérangée par le malheur. […] Les Romains n’auraient point voulu qu’on représentât sur le théâtre ce qui pouvait tenir à leur histoire, à leurs affections, à leur patrie27. […] L’histoire de Salluste, les lettres de Brutus28, les ouvrages de Cicéron, rappellent des souvenirs tout-puissants sur la pensée ; vous sentez la force de l’âme à travers la beauté du style ; vous voyez l’homme dans l’écrivain, la nation dans cet homme, et l’univers aux pieds de cette nation. […] Posthumus Albinus, romain, écrivit une histoire de Rome en grec ; Fabius Pictor, une autre en latin, etc.

692. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Qu’y a-t-il donc dans ces histoires de Loti ? […] Souvent il se glisse dans descriptions de Pierre Loti des visions géologiques, des ressouvenirs de l’histoire du globe. […] Les sujets ne pouvaient guère être que des histoires d’amour avec les femmes des différents pays que traverse le poète : amour sensuel et rêveur, amour absolu chez la femme ; amour curieux, orgueilleux, parfois cruel chez l’homme. […] Pêcheur d’Islande, c’est encore, comme Loti, comme le Spahi, comme Aziyadé, l’histoire d’un amour et d’une séparation : l’histoire du pêcheur Yann et de la bonne et sérieuse Gaud, qui s’aiment et qui se marient, de Yann qui s’en va et ne revient plus, et d’une vieille femme dont le petit-fils s’en va mourir là-bas, « de l’autre côté de la terre ». Mon frère Yves, c’est l’histoire d’un matelot qui s’enivre à chaque descente à terre, et qui se marie, et qui devient père, et qui peut-être se corrigera ; et c’est l’histoire de l’étrange et touchante amitié de ce matelot et de Pierre Loti.

693. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Elle sait la mythologie, l’histoire ; elle cite couramment Burrhus, Pyrrhus, Timon, le centaure Chiron et le reste. […] Marguerite aime et affecte encore les comparaisons empruntées à une histoire naturelle fabuleuse. Elle les varie par des souvenirs d’histoire ancienne. […] On réserve ces aveux pour le tribunal de la confession ; on ne les destine pas à l’histoire. » Tout au plus, en effet, quand on est averti par l’histoire et par les pamphlets du temps, peut-on deviner quelques-uns des sentiments dont elle ne fait que nous offrir la superficie et le côté spécieux. […] [NdA] Édition publiée par la Société de l’histoire de France et donnée par M. 

694. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

Dans une histoire de la littérature anglaise, on donne une place à Bède et Alcuin ; dans une histoire de la littérature française, nous mettons Grégoire de Tours et Abélard. Ce n’est pas certes que nous méconnaissions l’action de Rome dans l’histoire de la civilisation, pas plus que nous ne méconnaissons l’action arabe. […] Ces sortes de distinctions sont nécessaires, si l’on ne veut pas que l’histoire soit un tissu d’à peu près et de malentendus.

695. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

C’est un fatras d’histoire & de mythologie, compilé par un homme sans goût, sans esprit, sans critique. […] Le second est intitulé : Dictionnaire des dits & faits mémorables, de l’histoire ancienne & moderne, en deux volumes in-8°., par M. […] Les faits particuliers que quelques esprits superficiels affectent de dédaigner, sont quelquefois préférables aux faits les plus brillans de l’histoire. […] Il faut prévenir pourtant le public que presque tous les faits & toutes les anecdotes rapportées par les deux écrivains, se trouvent dans le Dictionnaire historique, ou histoire abrégée des hommes qui se sont fait un nom par le génie, les talens, les vertus, les erreurs, &c. dont nous avons parlé dans l’alinéa précédent.

696. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 20, de quelques circonstances qu’il faut observer en traitant des sujets tragiques » pp. 147-156

major è longinquo reverentia, dit Tacite ; il est plus facile de nous inspirer de la veneration pour des hommes qui ne nous sont connus que par ce qu’on lit d’eux dans l’histoire, que pour ceux qui ont vêcu dans des tems si peu éloignez du nôtre, qu’une tradition encore recente nous instruit exactement des particularitez de leur vie. […] Si nous sçavions l’histoire domestique de Cesar et d’Alexandre avec autant de détail, que nous sçavons celle des grands hommes de notre siecle, les noms du grec et du romain ne nous inspireroient plus la même veneration qu’ils nous inspirent. […] Le théatre est, pour ainsi dire, un livre destiné à être lû en public, et les bienséances doivent être observées, tous les égards doivent être gardez dans les pieces qu’on y répresente, avec encore plus de severité que dans l’histoire la plus grave. […] Je n’ajouterai plus qu’un mot à cette observation : c’est qu’à l’exception de Bajazet, et du comte d’Essex, toutes les tragedies écrites depuis soixante ans, dont le sujet étoit pris dans l’histoire des deux derniers siecles, sont tombées, leurs noms mêmes sont oubliez.

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