Toutes ces séries classifiées n’existent pas rigoureusement dans la nature ; mais on les suppose dans l’enseignement qu’elles facilitent, parce qu’elles secondent la marche de l’étude, autant que la démarcation des lieues dans les chemins sert à la mémoire et à la direction des voyageurs. […] Sur quel fondement diriez-vous qu’un ouvrage est bon ou mauvais, s’il n’existait pas des règles sensibles, fixes, et attestées par les expériences ? […] » Cette différence existe donc entre les deux maîtres de la scène, que Racine a bien peint les cœurs, et Corneille les grands cœurs. […] Les rapports qui nous frapperont entre les talents d’Euripide et de Racine n’existaient pas moins entre leurs âmes.
C’est à Paris, dans ce Paris nocturne que Gérard de Nerval, en ses promenades de curieux et ses errances de bohème, fréquentait jusqu’aux coins les plus ignorés et aux plus secrètes impasses ; c’est à Paris, dans un des vieux quartiers du Paris d’autrefois où les réverbères n’existaient pas et où les lanternes suspendues en tenaient lieu, dans une rue dont je ne saurais préciser le nom, une rue très longue, très droite et absolument déserte, aux maisons hautes, aux trottoirs étroits. […] L’appartement qui fut le sien n’existe plus. […] La jalousie n’existait pas à Venise. […] La maison qu’ils habitaient existe encore et sert de maison d’école 5.
Il existe une relation des Grands Jours d’Auvergne, autre que celle de Fléchier.
La plupart des défauts qui éclatent dans la seconde moitié de la vie existaient en nous tout formés bien auparavant ; mais ils étaient masqués, en quelque sorte, par la pudeur de la jeunesse.
Il existe des notions importantes qu’on ne peut acquérir que par la conversation.
Autrefois il existait deux sortes de notices littéraires : l’une toute sèche et positive, sans aucun effort de rhétorique et sans étincelle de talent, la notice à la façon de Goujet et de Niceron, aussi peu agréable que possible et purement utile ; elle gisait reléguée dans les répertoires, tout au fond des bibliothèques : et puis il y avait sur le devant de la scène et à l’usage du beau monde la notice élégante, académique et fleurie, l’éloge ; ici les renseignements positifs étaient rares et discrets, les détails matériels se faisaient vagues et s’ennoblissaient à qui mieux mieux, les dates surtout osaient se montrer à peine : on aurait cru déroger.
La bonne compagnie est née avec Marot, François Ier et sa sœur Marguerite, avec la Renaissance ; il y aura encore bien à faire pour la perfectionner, mais elle existe et ne cessera plus.
Nous voyons donc, non par conjecture et théorie, mais par des faits et des preuves historiques, que le concept de rapidité existait, avait été complètement élaboré au préalable, et que par lui la connaissance conceptuelle du cheval, distincte de la connaissance intuitive du cheval, s’effectua.
« Mais, avant de paraître devant celui pour lequel tu n’es qu’un indigne hommage », dit-il à son poème, « présente-toi d’abord à celui qui fut choisi par le ciel pour me donner, de son propre sang, la vie ; c’est par lui que je chante, que je respire, que j’existe, et, s’il y a quelque chose de bon en moi, c’est de lui seul que j’ai tout reçu !
Ce fut alors que Michel-Ange sculpta pour les sépulcres de Julien et de Cosme de Médicis les quatre statues du Jour et de la Nuit, du Crépuscule et de l’Aurore. « Statues, dit Vasari, qui, par la beauté accomplie des formes, par la majesté des attitudes, par la nature surhumaine des physionomies et par la perfection du travail du marbre devenu chair et muscles sous ses mains, suffiraient pour reporter l’art à son apogée, si les vestiges de l’antiquité n’existaient pas. » On reste frappé de stupeur en admirant, à côté de ces statues symboliques, les deux célèbres figures de Laurent et de Julien de Médicis ; l’une, appelée le Penseur, parce que jamais la mélancolie muette de la méditation ne fut gravée en ombres plus transparentes et plus mouvantes sur une physionomie humaine ; l’autre appelée le Guerrier parce que jamais la mâle beauté du soldat ne revêtit une expression à la fois plus calme et plus fière.
« Amélie, se jetant dans mes bras, me dit : « Ingrat, tu veux mourir, et ta sœur existe !
Dans ce va-et-vient de Français qui vont au-delà des monts, d’italiens qui viennent par deçà, il se produit une incessante infiltration des mœurs et de l’esprit d’une race plus raffinée, et même un renversement des rapports littéraires qui jusque-là avaient existé entre les deux pays.
La passion de Vanité anime de Maistre ; il hait tout ce qui sépare, tout ce qui distingue ; il ne conçoit pas l’harmonie d’éléments multiples ; il y a unité où il y a volonté unique, et elle n’existe que dans l’absolu despotisme.
Je n’ai pu prendre mon parti de ces séries de vocables qui, étant enchaînés selon les lois d’une syntaxe, semblent avoir un sens, et qui n’en ont point, et qui vous retiennent malicieusement l’esprit tendu dans le vide, comme un rébus fallacieux ou comme une charade dont le mot n’existerait pas… En ta dentelle où n’est notoire Mon doux évanouissement, Taisons pour l’âtre sans histoire Tel vœu de lèvres résumant.
… Oui, j’entends bien, il y a des moments où ce seul fait, que l’on est au monde, et que le monde existe, apparaît comme tout à fait incompréhensible, nous emplit d’une indicible stupeur.
… Les rêves tristes du passé n’existent plus pour moi.
Le monde est mauvais ; l’injustice y règne, et la douleur ; le monde comme il est serait une infamie si Dieu existait ; la nature est insensible et cruelle ; toute supériorité condamne à un plus grand malheur ceux qui en sont affligés… Donc il faut se taire, se résigner, demander à la nature non une consolation, mais un spectacle, avoir pitié de la vie — de très haut — sans jamais se plaindre pour son compte.
Il existe, pour ceux qui prisent les violentes secousses au théâtre, un genre de pièces où il n’est pas toujours prudent de conduire une femme grosse : c’est le mélodrame.
L’Église catholique s’oblige à soutenir que ses dogmes ont toujours existé tels qu’elle les enseigne, que Jésus a institué la confession, l’extrême-onction, le mariage ; qu’il a enseigné ce qu’ont décidé plus tard les conciles de Nicée et de Trente.
Plusieurs de nos biographes modernes ont contesté qu’elle eût jamais été jouée en province, et faite contre des femmes de province : ils affirment qu’elle a été faite à Paris, contre l’hôtel de Rambouillet qui n’existait plus, contre la marquise de Rambouillet qui, selon eux, venait de changer son nom en celui d’Arthénice qu’elle portait depuis plus de 50 ans, et Molière la désigne, disent-ils, par sa Madelon qui veut absolument être appelée Polixène.
. — La même hostilité native devait exister entre ces vieilles sorcières venimeuses et le jeune Dieu, beau comme le jour, sain comme la lumière, vainqueur et tueur du serpent Python.
Il est certain, par exemple, qu’on ne sait rien de ce qu’était Homère ; celui-ci a poussé la prudence jusqu’à même ne pas exister.
Pour arriver plus tard jusqu’à Rome, on devait d’abord passer sur le cœur des enfants de Loyola ; on devait diminuer Rome partout où elle était, et elle existait partout où il y avait des Jésuites.
Alphonse Daudet n’a pas été épouvanté par cette immensité, et quoique sa fresque, à lui, porte fatalement les reflets de cet homme, qui est la Lumière, et dont tous ceux qui touchent aux mœurs du temps et du Paris moderne semblent plus ou moins les caméléons, il sera lu, pourtant, après Balzac, comme quelqu’un qui existe par lui-même.
Il est vrai que, si cette caractéristique existe pour les représentations d’ordre complexe et élevé, on doit en retrouver quelque chose dans des états plus simples.
Quelques-uns des médaillons de dix vers qu’il a intitulés Promenades et intérieurs sont de petits chefs-d’œuvre, et telle est la puissance de la forme, que cela existe et palpite de vie et resplendit dans la lumière, bien que la matière qu’il a mise en œuvre se réduise au dernier minimum possible ; mais l’artiste n’est-il pas le créateur qui tire des êtres du néant ? […] Quand la forme manque, rien n’existe, les choses qu’on a voulu exprimer ne sont point ; ce n’est pas assez de dire qu’elles mourront, elles ne sont pas même nées. […] M. de Laprade aime aussi les siens, mais non pas comme ses créations, non pas comme les enfants de son esprit ; il les aime et il les honore comme des êtres qui ont existé, auxquels il a une foi pleine et entière, et qu’il propose à notre admiration et à notre imitation. […] Ce n’est pas la forme pure, ce n’est pas l’art en soi, indépendamment de la matière ; car l’une de ces deux choses n’existe pas sans l’autre ; on ne les sépare point ; elles composent une harmonieuse et vivante unité. […] Un tel côté existe toujours : il est aujourd’hui évident.
Ni les actions ni les discours de l’homme sauvage, ou récemment en société, ne seront pareils à ceux de l’homme policé : ces différences entre les individus existent entre les races humaines par la suite des temps, et entre les nations par l’empire dei gouvernements établis. […] Le nomade n’existera point comme le colon sédentaire, ni l’habitant des campagnes comme l’habitant des cités, ni celui des villes comme celui des cours. […] Mais les peuplades restées encore entre la première barbarie et la civilisation dernière, incessamment poussées par la nécessité de l’agression et de la défense ; forcées à combattre, pour exister ou s’agrandir, contre les voisins qui les menacent ou qui les pressent ; mues par des passions ardentes, ces peuplades adorent les dieux avec fanatisme, embrassent les vertus avec enthousiasme, fondent leurs droits sur l’audace et les armes, suppléent à la justice incomplète de leurs lois par la promptitude des vengeances, punissent les outrages par des crimes, et les férocités par de sanglantes représailles : la raison n’oppose qu’un frein léger à l’instinct véhément qui les entraîne ; amour, amitié, dévouement, haine, orgueil, colère, cruauté, tout en elles est extrême ; et le passage subit de leur âme aux plus violentes agitations multiplie en leurs caractères les contrastes perpétuellement variés des transports à l’abattement, de l’excès de la crainte à l’excès de la témérité, et de la tendresse ou de la pitié profonde à la plus atroce fureur, sources du pathétique et du terrible. […] ne retrace-t-elle pas généralement la différence qui existe toujours entre le fort et le faible, entre l’heureux et le malheureux ? […] Sans doute le Tasse serait le plus varié des modernes épiques, si l’Arioste n’existait pas ; mais la nature de l’épopée badine se prêtait plus facilement à ce prompt changement d’objet auquel l’inépuisable esprit du chantre de Roland ajouta tant de force, de splendeur, et de vivacité.
Il existe, il est vrai, deux autres traductions du même ouvrage, assez littérales et assez complètes, l’une de M. […] On peut raisonnablement contester la convenance et l’opportunité de mettre aux prises, dans l’enceinte d’un théâtre les haines des partis, lorsqu’il existe tant d’autres voies paisibles et assurées pour la libre manifestation de la pensée. […] Le lendemain, c’est un interprète qui met son esprit à la place du texte, qui oublie le dauphin de la fable, et donne l’étymologie anglaise d’un mot qui n’a jamais existé que dans le latin universitaire. […] Mais sa pensée est aujourd’hui arrivée à un tel point de satiété, que le faux et le vrai n’existent plus pour lui ! […] Quant à la biographie de Prosper Mérimée, elle est comme l’histoire des peuples heureux, elle n’existe pas.
Le type a existé, il existe, mais c’est une exception, et il faut le dire bien vite, pour que la postérité ne prenne pas trop en mépris ou en pitié notre pauvre monde d’aujourd’hui. […] Richepin crie à Dieu : Tu n’existes pas ! […] Il existait aussi peu pour leur pensée que le cocher qui, juché haut par derrière et invisible, conduisait le léger cab où ils se trouvaient en tête à tête, le long de la route de Folkestone à Sandgate et à Hythe. […] Autrement la promiscuité et les alliances qui existent de toute éternité dans les familles de lapins resteraient, pour la postérité, le spécimen humiliant de nos soi-disant « mœurs contemporaines ». […] je sais ce qu’on dit souvent, : — Un homme nie Dieu quand il s’est mis par sa conduite dans le cas de souhaiter que Dieu n’existe pas… On le rend ainsi coupable et responsable en quelque sorte de son incrédulité… Pour moi, Monseigneur, j’ai consulté ma conscience avec la plus entière sincérité, et quoique ma jeunesse ait été mauvaise, je suis certain que mon athéisme ne procède d’aucun sentiment d’intérêt personnel.
Une œuvre d’art n’existe que par l’émotion qu’elle nous donne ; il suffira de déterminer et de caractériser la nature de cette émotion ; cela ira de la métaphysique à la sensualité, de l’idée pure au plaisir physique. […] » Grâce à ce don, l’art est complet, parfait, absolu, existe enfin. » Sans doute, tout cela est plutôt, au fond, une philosophie qu’une théorie de l’art, et je me méfierais de l’artiste, même supérieurement doué, qui s’appliquerait à la réaliser par des œuvres ; mais c’est une philosophie très haute et possiblement féconde : quelques artistes en seront peut-être touchés même à travers leur cuirasse d’inconscience. […] Hello n’entre jamais au cœur des problèmes, ces troupeaux d’idées ; il les cerne, il les ceint d’un cercle d’où il leur défend de sortir, puis il leur parle ; ses discours sont uniformes : problème, tu es simple, trop simple pour que je m’attarde autour de toi, si simple que tu n’existes pas.
« Si les nudités causent naturellement ce qu’elles expriment, combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre, où tout paraît effectif, où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui existent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres, ou plongés dans la passion ; de grandes larmes dans les acteurs, qui en attirent d’autres dans ceux qui regardent, et puis de vrais mouvements qui a mettent en feu le parterre et toutes les loges ! […] Chaque saison de la littérature a son genre de critique ; pour chaque époque il existe une langue que cette époque comprend à merveille ; plus le chef-d’œuvre dont vous parlez est accepté, plus c’est pour vous une nécessité de ne copier personne, quand vous en parlez, et d’obéir tout simplement à votre goût particulier, à votre impression personnelle. […] Enfin, deux ou trois fois depuis ce temps, la dynastie de Louis XIV a été effacée du livre d’or de la France ; Molière cependant, debout au milieu de tant de ruines, après que tous les bronzes et tous les marbres à l’effigie impérissable, à l’honneur éternel des rois de France ont été fondus et brisés, obtient, au beau milieu de Paris, les honneurs d’une statue de marbre et de bronze ; quant à la dynastie des Noblet, elle existe ; il n’y a pas déjà si longtemps que l’on disait : Les trois Noblet !
On ne succombe au regret que lorsqu’il n’existe plus aucun sentiment capable de vous en distraire ; et celui qui perd ce qu’il aime le mieux n’en mourra point, s’il aime encore quelque chose. » (12 prairial an XII, à propos d’un conte de Mme de Genlis.)
Ayant manié la machine, ils savent comment elle joue, ce qu’elle vaut, ce qu’elle coûte, et ne sont point tentés de la jeter au rebut, pour en essayer une autre qu’on dit supérieure, mais qui n’existe encore que sur le papier.
“J’avais conçu peut-être, dit-elle, l’idée de devenir un jour digne de son choix ; mais vous me faites sentir ma folie, la différence irrémédiable de nos deux conditions, et la distance qui existe entre le jeune homme riche et la jeune fille pauvre.
Ce dogme vient évidemment du haut Orient ; il touche à ce qu’on appelle improprement panthéisme, panthéisme dont on pourrait également accuser le christianisme dans ces mots de saint Paul : Nous vivons en Dieu, nous nous mouvons en Dieu, nous sommes, nous existons en Dieu.
toi seul tu existes !
.… Et je conjure Votre Seigneurie, par l’ancienne amitié qui exista entre nous, par la grande affection qu’elle me porte et par sa charité chrétienne, d’agir envers moi, dans cette affaire, avec la même franchise qu’Elle m’a toujours montrée ; présentez ma supplique au cardinal de Pise ou à tout autre cardinal attaché à l’inquisition, et ne vous laissez dissuader par personne de présenter ma supplique, sous prétexte que je ne suis pas en parfaite santé d’esprit.… Mais présentez ma supplique au cardinal de Pise.… Employez toute votre influence, toute votre autorité à Rome !
Tout ce qui dépassait dans l’âme de la révolution ce cadre étroit et arbitraire n’existait pas pour ces familiers de M.
Sans prêter aux termes de la correspondance, vraie ou apocryphe, de Marie Stuart avec Bothwell plus d’autorité historique que cette correspondance contestée n’en mérite, il est évident qu’une correspondance à peu près de cette nature a existé entre la reine et son séducteur, et que si elle n’a pas écrit ce que contiennent ces lettres non autographes, par conséquent suspectes, elle a agi dans tous les préliminaires de cette tragédie de manière à ne laisser aucun doute sur sa participation au piége où elle s’était chargée de ramener l’infortuné et amoureux Darnley.
Les poésies philosophiques sont pleines de cette profession de foi du théiste, depuis ce vers le plus beau de vérité de tous les vers : Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer, jusqu’à ces vers si nombreux et si proverbiaux de son poëme sur la loi naturelle : Quoi !
Il est de la race, désormais éteinte sans doute, des génies universels, de ceux qui n’ont point de mesure, parce qu’ils voient tout plus grand que nature ; de ceux qui, se dégageant de haute lutte et par bonds des entraves communes, embrassent de jour en jour une plus large sphère par le débordement de leurs qualités natives et de leurs défauts non moins extraordinaires ; de ceux qui cessent parfois d’être aisément compréhensibles, parce que l’envolée de leur imagination les emporte jusqu’à l’inconnaissable, et qu’ils sont possédés par elle plus qu’ils ne la possèdent et ne la dirigent ; parce que leur âme contient une part de toutes les âmes ; parce que les choses, enfin, n’existent et ne valent que par le cerveau qui les conçoit et par les yeux qui les contemplent.
Mais si l’on considère ses ouvrages en eux-mêmes, et qu’on les compare à l’idéal du poème dramatique, tout en ne mettant aucun nom au-dessus du nom de Corneille, on peut croire qu’il existe des ouvrages plus parfaits que les siens.
Non, il n'exista jamais de Génie plus vaste, d'Esprit plus universel.
. — Un roman carlovingien raconte qu’un chevalier héritait de la force de tous les guerriers qu’abattait sa lance : Bacchus hérite des attributs des dieux qu’il supplante, mais non de leur force qui n’existait plus.
On en appelloit à la physique, pour démontrer que ces deux genres ne sçauroient exister ensemble ; que l’effet propre à chacun doit être arrêté, ou du moins affoibli par l’autre ; qu’on est mal disposé à rire quand on a pleuré, & à pleurer quand on a ri ; que notre ame n’étant affectée différemment que par dégrés, doit l’être beaucoup moins à mesure qu’elle passe continuellement des larmes à la joie, & de la joie aux larmes ; que le spectateur, dans l’impossibilité de se livrer longtemps à rien de touchant ou de risible, doit rester suspendu entre deux mouvemens alternatifs & opposés.