S’imaginer qu’ils deviendraient plus heureux parce qu’ils changeraient de cocarde, blanche, rouge, ou tricolore, pure absurdité ; erreur sur la nature de leur être et sur leur destin. […] Il connaissait chaque plante par son nom, et il était familier avec l’histoire et avec la manière d’être de chaque production de la terre ; il était capable d’interpréter sans erreur tout ce qui apparaissait dans le ciel ; les phénomènes variés du ciel et de la terre le remplissaient d’une émotion profonde. […] Et réelles, en ce sens, elles l’ont été pour tout être humain qui, par suite de quelque erreur des sens, s’est cru à un moment quelconque sous l’empire d’une puissance surnaturelle. […] Mais il faudra qu’il triomphe d’abord d’une longue, d’une épuisante erreur ; il faudra qu’il paie douloureusement le prix de la confusion qu’il a commise, et qu’il se dégage du fatras de l’histoire, de la philologie, de l’érudition, pour arriver au lyrisme. […] Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables ; viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé36… » De toutes ces manières ; par ces appels, ces désespoirs, ces violences ; par ces enchantements et par ces tortures ; par ces vols et par ces plongées ; au prix d’une multiplicité d’hésitations, d’erreurs, de folies, de vies perdues ; toujours menacée, comme le bien le plus frêle et le plus précieux ; toujours près de mourir d’épuisement, de desséchement, la poésie est aussi toujours près de renaître.
Lui aprirent les dogmes de la religion catholique, et lui découvrirent les erreurs de l’hérésie, s’exprime en ces termes : « tombez, tombez, voiles importuns etc. ? […] Les persones peu instruites croient que les latins n’avoient pas cette délicatesse : c’est une erreur. […] Ce fou rempli d’erreurs etc. […] L’hypallage ne prète pas son nom aux contre-sens et aux équivoques ; autrement tout seroit confondu, et cette figure deviendroit un azile pour l’erreur et pour l’obscurité. […] C’est peut-être ce qui a doné lieu à un grand nombre d’erreurs où les homes sont tombés, faute d’avoir reconu que les mots dont ils se servoient en ces ocasions n’étoient que les signes des afections de leur esprit, en un mot, de leurs abstractions, et non l’expression d’objets réels ; delà l’ordre idéal confondu avec l’ordre physique ; delà enfin l’erreur de ceux qui croient savoir ce qu’ils ignorent, et qui parlent de leurs imaginations métaphysiques avec la même assurance que les autres homes parlent des objets réels.
Ce tour d’esprit l’induit à une erreur plus grave que ces omissions, auxquelles, à la rigueur, on supplée. […] Et il faut rapporter, sans doute, à sa science toute de cabinet, à son inexpérience du monde, sa grande erreur de philosophe et d’historien. […] Ne nous choquons pas trop de ces erreurs. […] Il y a les erreurs de son imagination, celles de sa passion. […] L’erreur de Taine est d’étendre aux lois physiques le caractère nécessitant des lois mathématiques.
Que de souffrances et de crimes, et d’erreurs fatales, quoique innocentes ! […] Schlegel, dont les jugements sur Shakespeare méritent toujours beaucoup de considération, me semble cependant tomber dans une légère erreur lorsqu’il remarque que « le poëte a indiqué avec finesse la supériorité que donnaient à Cassius une volonté plus forte et des vues plus justes sur les événements ». […] Lanzetti, qui a cru que Paolo n’était autre que Nicuola déguisée, revient de son erreur et accorde aussi Catella au fils d’Ambrogio. […] La fable, inventée librement, n’est dressée que vers ce but ; Lusignan, Néresian, le rachat des prisonniers, tout a pour dessein de placer Zaïre entre son amant et la foi de son père, de motiver l’erreur d’Orosmane, et d’amener ainsi l’explosion progressive des sentiments que le poëte voulait peindre. […] Selon sa coutume, en empruntant à Rowley ce qui lui a convenu, Shakspeare a ajouté de grandes beautés à son orignal, mais il en a conservé presque toutes les erreurs.
Et si, comme personne ne le nie, la plupart des faits transmis, les sens sont sujets à l’erreur, qu’est-ce qu’un être normal qui n’agit que lorsqu’il est excité par des objets extérieurs et par des objets même dont les apparences sont souvent fausses ? […] Certes, ils auraient fait une déplorable découverte ceux qui auraient détrôné notre âme, condamné l’esprit à s’immoler lui-même, en employant ses facultés à démontrer que les lois communes à tout ce qui est physique lui conviennent ; mais, grâce à Dieu, et cette expression est ici bien placée, grâce à Dieu, dis-je, ce système est tout à fait faux dans son principe, et le parti qu’en ont tiré ceux qui soutenaient la cause de l’immortalité est une preuve de plus des erreurs qu’il renferme.
Placé comme un arbitre impartial entre ses facultés, le même homme qui était parvenu à penser sans l’aide de ce qu’on avait pensé avant lui, tenait comme éloignés de lui, et sous une sorte de surveillance jalouse, son imagination et ses sens, afin de se préserver de leurs erreurs, et de se réduire à sa seule raison. […] Celui qui croit la garder pour soi ne l’a pas trouvée ; c’en est quelque ombre dont il se leurre, et il n’y a pas de plus grande erreur en critique que de dire d’un écrivain qui n’est pas vrai, qu’il lui était libre de l’être, et qu’ayant dans une main la vérité, et le mensonge dans l’autre, il lui a plu de laisser échapper le mensonge et de retenir la vérité.
Par une erreur qui me surprend d’un si grand esprit, il crut qu’il y avait plus d’invention dans les pièces embarrassées, comme il les appelle ; qu’il fallait plus d’esprit pour les imaginer et plus d’art pour les conduire36; et il fit des pièces embarrassées. […] Ces erreurs de jugement, dans un si grand homme, prouvent à quel point le poète dramatique est dépendant du tour d’esprit et des mœurs de son temps.
Cependant, malgré cette erreur et un chevrotement trop prononcé, l’artiste tient le rôle avec courage et mérite. […] C’est par erreur que nous avons annoncé dans notre dernier numéro que notre correspondant de Bruxelles avait publié son article sur la Valkyrie dans la Réforme, il faut lire : dans la Flandre libérale.
Ils mettent surtout la victoire de leur côté, parce que Racine, à la fin de sa vie, reconnut ses erreurs, crut avoir manqué l’objet du théâtre, & qu’après avoir embrasé la scène de tant de feux, il tourna son talent à des sujets plus chastes & plus nobles. […] Mithridate ; point de ce retour éternel & rebutant des mots crime, forfaits, vertu, amour, jalousie, désespoir, fureur, vengeance, tendresse, poison, fer & poignard ; point de ces vers boursoufflés & vuides de sens, tels que ceux-ci : Tu ne sçaurois penser jusqu’où ma barbarie, De ma jalouse erreur, a porté la folie.
Par un contraste singulier, elle règne encore dans le style au moment où le poète veut qu’elle ne règne plus dans les idées : De la cour d’Apollon, que l’erreur soit bannie. […] Une des plus graves erreurs du poète, à mon avis, c’est le choix qu’il a fait de rythmes trop savants, trop particuliers, trop limités.
Mais il me semble qu’il y a ici une source de graves erreurs. […] — On pourrait penser qu’il doit nécessairement exister quelque distinction essentielle entre les espèces et les variétés, et qu’il ne peut manquer de s’être glissé quelque erreur dans les observations qui précèdent, puisque les variétés, quelque différentes qu’elles soient les unes des autres dans leur apparence extérieure, croisent avec la plus grande facilité et donnent une postérité parfaitement féconde.
Il avait voulu fonder une secte, et quand tout fut prêt, il s’aperçut qu’elle était orthodoxe, De la vérité d’une légende ou de l’erreur d’un système philosophique, il tirait des conceptions déjà connues du catéchisme. […] Mais c’est encore une erreur que de diviniser, à l’instar de Nietzsche, la volonté, en la substituant à la raison.
La table rase est faite, l’erreur épuisée. […] Il reste, évidemment, pour qui les rapproche, de grandes différences dans l’affirmation de ces deux esprits aux principes contraires, dont l’un n’a jamais aberré (Bonald), et dont l’autre (Proudhon) n’est sorti de l’erreur de ses doctrines que sur cette seule question de la Famille.
Nous le prendrons dans la fosse commune de l’erreur où il a roulé et nous chercherons ce que le poète — le poète uniquement — est devenu dans sa chute, et s’il est présentement quelque chose de plus que le Quasimodo de son génie. […] Seulement, sur cette vieille erreur de la métempsychose, il pouvait trouver de beaux vers.
À tout seigneur tout honneur, même dans l’erreur ! […] Du moins, je le croyais, et je me trompais, à ce qu’il paraît ; mais je ne suis pas humilié de mon erreur.
C’est ce qui lui fait dire que le christianisme seul a connu notre nature tout entière, l’erreur des quiétistes étant de supprimer la liberté avec l’action, tandis que l’erreur des stoïciens est de s’en tenir à cette vie de lutte et d’effort qui ne comporte pas la paix de l’âme, vainement cherchée par leurs sages.
Écrire l’erreur avec opiniâtreté, c’est commettre un crime, digne des plus honteux châtiments, et dont le succès ne fait qu’accroître la grandeur !
Comme ce vieillard de Térence qui se punit d’une erreur et qui se venge d’un secret chagrin, il se donnait bien de la peine et de la sueur à remuer la terre et à labourer son champ ; mais, pour cela, il n’était nullement devenu misanthrope.
Les Chroniques de France, publiées en 1829, furent pourtant jugées, en général, comme une erreur honorable d’un talent élégiaque et intime, trop docile cette fois aux conseils de quelque ami, savant historien.
Il faut, sans doute, un certain degré de développement dans l’esprit humain pour atteindre à la hauteur de la poésie ; mais cette partie de la littérature doit perdre néanmoins quelques-uns de ses effets, lorsque les progrès de la civilisation et de la philosophie rectifient toutes les erreurs de l’imagination.
Les femmes sensibles et mobiles, donneront toujours l’exemple de cette bizarre union de l’erreur et de la vérité, de cette sorte d’inspiration de la pensée, qui rend des oracles à l’univers, et manque du plus simple conseil pour soi-même.
. — Cette erreur de conscience est très fréquente et dérive d’une loi générale.
Pascal, dans ses Provinciales, voulant adoucir pour les gens du monde l’amertume de la théologie et en rendre agréable l’austérité, s’y est pris de telle sorte que, faisant une démonstration de l’injustice, des erreurs et des scandales de ses adversaires, il n’a rien dit qui ne serve à cette démonstration : il n’a point mis l’agrément dans son sujet, il l’en a tiré ; ce qui est ornement est aussi argument, et ce qui plaît, prouve.
Étalant à nos yeux son ample collection de petits faits significatifs, il a encore ici fait jouer ses trois forces, race, milieu, moment, avec une étonnante vigueur d’imagination philosophique : quelques erreurs dans l’estimation des sources, de violents partis pris dans l’interprétation de l’enchaînement des faits, ne diminuent pas la solidité de l’œuvre, ni surtout sa richesse suggestive867 Taine est un des grands esprits de ce siècle : il a eu au suprême degré l’intelligence et la volonté.
Ferdinand Brunetière Depuis quelque temps on découvre non seulement que le politique avait vu plus loin qu’on ne croyait, mais encore que, dans ses erreurs mêmes, il n’y avait rien eu que de noble et de généreux comme lui, de libéral et de prodigue, de magnifique et de fastueux.
Tes erreurs ne tiennent-elles qu’à ton extrême sensibilité.
« Comme l’avide guerrier de Tarse, renversé de son cheval, se releva touché de repentir et ne désirant que la croix avec le Christ, ainsi Genest, au moment où il va se jouer du baptême, a reconnu son erreur véritable dans des eaux feintes.
Erreur : les petits perfectionnements gâtent l’œuvre ; la force native disparaît ; tout se pétrifie.
Peut-être était-ce là l’erreur des autres plutôt que la sienne, et s’il est vrai que lui-même ait partagé l’illusion de tous, qu’importe, puisque son rêve l’a rendu fort contre la mort, et l’a soutenu dans une lutte à laquelle sans cela peut-être il eût été inégal ?
Ce n’était pas le festin rituel de la pâque, comme on l’a supposé plus tard, en commettant une erreur d’un jour 1074 ; mais pour l’Église primitive, le souper du jeudi fut la vraie pâque, le sceau de l’alliance nouvelle.
Ce sont deux erreurs.
Dans cette erreur, beaucoup de gens prirent le soin de me le dire.
Aussi singuliers l’un que l’autre dans leurs idées extravagantes de mysticité, dans leurs rafinemens d’amour pur, en se communiquant leurs erreurs, ils les réduisirent en système.
On ne peut pas dire la même chose de la Géographie d’Hubner, qu’on a tant vantée ; ce livre germanique fourmille d’erreurs de toute espêce ; & si l’on excepte ce qui regarde l’Allemagne, c’est un assez mauvais ouvrage.
Au cours de ces comparaisons étendues, se commet souvent une erreur qui en fausse les résultats.
mais nous dîmes que le livre vivait avec tous ses défauts, ses erreurs, ses troubles, ses défaillances, et que Marie Stuart était là, — et pour la première fois — ressuscitée !
Matérialiste sans emphase, souterrain et fermé, il eut toute sa vie cette simplicité effrayante d’une erreur profonde qui, selon l’Église en son terrible langage, est le signe de l’impénitence finale de l’esprit.
Matérialiste sans emphase, souterrain et fermé, il eut toute sa vie cette simplicité effrayante d’une erreur profonde, qui, selon l’Église et son terrible langage, est le signe de l’impénitence finale de l’esprit.
Il y a là un véritable vice, et non pas seulement une erreur, un vice subtil, qui peut devenir très pernicieux. […] Je regrette dans ce livre si bien fait des erreurs ou négligences assez fortes. […] Quelquefois l’indication est tout à fait fausse et induirait l’interprète en forte erreur. […] Il faut que je tire tout de suite Britannicus d’erreur. » Le public a satisfaction. […] « L’esprit d’imprudence et d’erreur » est sur elle.
— Ne suivez point mes pas ou quittez vos erreurs. […] Je soupçonne que c’est là une erreur considérable ; mais je n’ai pas le courage de chercher à le démontrer. […] Je vous signalerai, au second acte, une erreur plus affligeante encore. […] Ce théâtre sera inévitablement une école d’erreur, un prêche de haine et de révolte. […] Ils sont condamnés, par les lois mêmes de l’art dramatique et par la bonté irréductible de toute multitude assemblée pour son plaisir, à exprimer autant de bons sentiments qu’ils enseigneront d’erreurs.
Pour trois erreurs parmi cent idées justes, Boileau est moqué depuis trois siècles. […] C’est une erreur. […] Il y a des choses exquises de langue et de style… Et, cependant, voyez donc comme personne, même où il s’applique et se surveille, ne peut répondre de ne pas tomber dans une erreur de rédaction, si grave même qu’elle en est comique. […] Je ne sais d’où vient cette erreur ; mais c’est une erreur. […] Le triste et froid accueil que le public a fait aux trois scènes sans action, sans vraisemblance morale ou immorale, de ce proverbe, si c’est même un proverbe, l’a trop averti de son erreur pour la lui reprocher davantage.
C’est la demi-mesure qui serait l’erreur forte. […] C’est une précaution que prenait Molière précisément contre l’erreur où il me semble que tombe M. Le Bidois, précisément contre cette erreur. […] Cette erreur, Monsieur, ne peut être la vôtre. […] Toutefois, quelque place qu’elle occupe dans la comédie et dans le cœur de l’homme aux rubans verts, ce serait une erreur, à mon sens, de considérer l’aventure de cette affection comme l’intrigue essentielle de la pièce.
C’est une erreur, partagée à la fois par les puritains et les catholiques, de croire que l’amour affaiblit l’homme. […] Huysmans, obscurcis par la superstition et par l’erreur, ceux qui voient la nature comme Monet, qui célèbrent l’esprit nouveau comme Léon Bazalgette, et qui, hâtant un peu la marche millénaire des races, s’occupent de les guider vers de nouvelles cathédrales de vérité, de science et de soleil. […] Aussi, le Figaro commettait-il une erreur naïve, en annonçant que cette mort allait remplir de deuil les poètes de la nouvelle école. […] Stéphane Mallarmé devait aboutir aux pires erreurs.
Là est la première erreur du finalisme. […] De la méconnaissance de ce point sont nées les erreurs et les puérilités du finalisme radical. […] L’erreur capitale, celle qui, se transmettant depuis Aristote, a vicié la plupart des philosophies de la nature, est de voir dans la vie végétative, dans la vie instinctive et dans la vie raisonnable trois degrés successifs d’une même tendance qui se développe, alors que ce sont trois directions divergentes d’une activité qui s’est scindée en grandissant. […] Quand on songe à l’intérêt capital, pressant et constant, que nous avons à conserver nos corps et à élever nos âmes, aux facilités spéciales qui sont données ici à chacun pour expérimenter sans cesse sur lui-même et sur autrui, au dommage palpable par lequel se manifeste et se paie la défectuosité d’une pratique médicale ou pédagogique, on demeure confondu de la grossièreté et surtout de la persistance des erreurs.
Je ne voudrais pas faire du romantisme le bouc émissaire de toutes nos erreurs. […] C’est une erreur. […] Quelles que fussent leurs erreurs, ils n’en ont pas moins droit à notre reconnaissance. […] Il sourit en pensant aux erreurs qu’il eût commises s’il s’en était tenu aux premières qui l’ont sollicité. […] On n’a jamais encore mieux mis à nu les plus tristes erreurs de ce cher et « malheureux » dix-neuvième siècle.