Aventurier de lettres, il prit assez bien le vent qui soufflait ; mais aventurier sans hardiesse, il tâta l’eau, avant de s’y jeter !
Donc l’archiduc, fort empêtré, commence à faire à la petite duchesse un verre d’eau sucrée car cela lui fait gagner du temps. […] Elle le raille méchamment : « Un Juif boire de l’eau d’un puits samaritain ? […] » Et je veux citer les vers qu’elle lui dit en cet endroit : car ces vers sur une cruche d’eau fraîche, ces vers d’un « rendu » surprenant, sont, à mon sens, les meilleurs de cet « évangile » : Tu vois cette eau, cette eau limpide, si limpide Que lorsqu’il en est plein le vase semble vide, Si fraîche que l’on voit en larmes de lueur, En perles de clarté ruisseler la sueur, La sueur de fraîcheur que l’amphore pansue. […] pour toi, cette eau, — c’est la loi, la loi dure, — Cette eau pure, cette eau si pure, elle est impure ! […] À l’ivrogne qui s’accuse de n’avoir pas aimé l’eau, il réplique : Je l’ai changée en vin aux noces de Cana.
— Va dire à ton maître, répondit Maillard, que j’arriverai plus tôt au ciel par eau que lui avec ses chevaux de poste. […] Le citoyen Prudhomme, qui, moyennant 52 livres, lava le sang des victimes sur la place de la Révolution, avait eu beau verser l’eau et le sable. […] On voit bien qu’il est d’un pays où l’on vit de dattes et d’olives, et où il est doux de boire l’eau du torrent dans le creux de la main. […] » Il prenait les âmes non par violence et à grandes secousses, dans le filet d’un système, mais avec la douce force des eaux bienfaisantes qui fécondent les terres. […] Le bon saint François la retrempa dans ses eaux originelles, l’humilité et la pauvreté.
Nous vous apportons cette explication. » L’exemple, bien souvent cité par la psychologie élémentaire, du bâton plongé dans l’eau et qui paraît brisé, peut être présenté aussi comme le type de l’argumentation dirigée par ces historiens contre le dogme. […] Le paysage qu’il évoque devant nous est celui du lac italien de Némi, avec son eau paisible, dans sa coupe de rochers que cerne une adorable chevelure d’arbres aussi vieux que le monde. […] C’est, appliquée à des choses morales, la méthode d’un géographe qui détermine d’après des compositions et des plis de terrain une carte de distribution des eaux. […] Voilà l’ironie de l’Eau de Jouvence, de Caliban, du Prêtre de Némi. […] C’est là ce que lui répond George Sand, avec son heureuse spontanéité de génie, elle qui s’est complu dans ses livres comme l’arbre se complaît dans le déploiement du tissu souple de ses feuilles, le fleuve dans la libre expansion de ses eaux, le soleil dans la prodigalité de ses lumières.
Et quand un sourire de toi entre en moi. ce n’est pas le dessin seulement de la couleur de tes lèvres qui se peint sur l’eau fragile de mon âme. […] Je me bornerai à citer ici l’Hymne à la Vie, qui est parmi les plus purs et les plus radieux de ce livre : Salut, Père des bois, des eaux et des charrues, Vers qui va la chanson des justes et des purs. […] Car n’est pas naturiste quiconque aime la nature, simule ou ressent devant elle quelque émotion (tout poète, dans ce cas, serait naturiste), mais quiconque la perçoit sous son angle d’éternité, quiconque dans le moindre frisson d’herbes ou d’eau reconnaît une manifestation divine, quiconque envisage toutes choses, selon leur caractère permanent, eurythmique et profond. […] Le poète y dévoile ses paysages intérieurs, peuplés de souvenirs antiques : des ruisseaux mythologiques font roucouler leurs eaux dans des sites pastoraux, la brise en filtrant dans les roseaux des rives module des airs païens et l’écho transmet les rires furtifs des nymphes de Théocrite et des Belles d’Autrefois. […] Il aura compris la nature sous son aspect synthétique et symphonique ; il aura laissé entendre les échos musiciens, les sonorités inconnues et troublantes qu’éveillent dans le cœur du poète les plaintes balbutiées des plantes et des eaux, tous les sanglots des choses, qui s’efforcent, sans doute, de révéler dans leur confuse mélopée : L’obscur secret du rêve où sont nés les vivants.
On sait que le végétal emprunte directement à l’air, à l’eau et à la terre les éléments nécessaires à l’entretien de la vie, en particulier le carbone et l’azote : il les prend sous leur forme minérale. […] D’une manière générale, si l’on s’attache moins à la présence des caractères qu’à leur tendance à se développer, et si l’on tient pour essentielle la tendance le long de laquelle l’évolution a pu se continuer indéfiniment, on dira que les végétaux se distinguent des animaux par le pouvoir de créer de la matière organique aux dépens d’éléments minéraux qu’ils tirent directement de l’atmosphère, de la terre et de l’eau. […] Depuis l’Amibe, qui lance au hasard ses pseudopodes pour saisir les matières organiques éparses dans une goutte d’eau, jusqu’aux animaux supérieurs qui possèdent des organes sensoriels pour reconnaître leur proie, des organes locomoteurs pour aller la saisir, un système nerveux pour coordonner leurs mouvements à leurs sensations, la vie animale est caractérisée, dans sa direction générale, par la mobilité dans l’espace. […] Et, de bas en haut du règne végétal, ce sont les mêmes habitudes de plus en plus sédentaires, la plante n’ayant pas besoin de se déranger et trouvant autour d’elle, dans l’atmosphère, dans l’eau et dans la terre où elle est placée, les éléments minéraux qu’elle s’approprie directement. […] Qninton, L’eau de mer milieu organique, Paris, 1904, p. 435).
Jules Laforgue était alors à Berlin, ou aux villes d’eaux d’Allemagne, lecteur de l’impératrice Augusta. […] Qu’elle contient peu de types qu’on pourrait se représenter méditant, comme dans les panneaux des primitifs, aux fenêtres à croisillons d’où s’entrevoit un long canal rectiligne et muet, avec sa chaussée d’herbe rase broutée par de prospères moutons, et sur ses eaux, une lourde barque, ou bien le bateau de voyageurs, fumeux et poussif, glissant à travers les traînes recourbées que jettent, d’une rive à l’autre, les nénufars et tant de plantes d’eau. […] Homme, si tu cesses de limiter une chose en toi, c’est-à-dire de la désirer, si, par-là, tu te retires d’elle, elle t’arrivera, féminine, comme l’eau vient remplir la place qu’on lui offre dans le creux de la main. […] Il a vu et décrit les eaux rougeâtres, les fleurs vives, les coins des Venises du nord ; il a interprété des bousculades de nuages, et tenté de fixer les formes terrestres qu’ils affectent un instant (p. 179). […] Je regrette les temps où la sève du monde, L’eau du fleuve, le sang rose des arbres verts Dans les veines de Pan mettaient un univers.
Écrit sur de l’eau, le livre couronné, avait paru dans le Feu, une publication provençale2, et c’est un simple « tiré à part » de cette revue qui avait été envoyé aux membres de l’Académie Goncourt par les imprimeurs de Miomandre. […] Falque faisait faillite comme on déjeune, et si le nombre d’exemplaires d’Écrit sur de l’eau diminuait, ce n’était pas qu’il les vendît : mais c’est qu’il en perdait une centaine à chacun de ses déménagements. […] Écrit sur de l’eau exprime tous les dons de ce conteur de qui l’âme est celle d’un enfant ignorant le mal et la douleur, tous ces dons qu’il a développés ou dispersés dans la suite. […] Lorsqu’il ira, tout à l’heure, à la fontaine chercher de l’eau, c’est Charles-Louis Philippe qu’il abordera, soudain timide, heureux pourtant du ciel et des nuages, et, soudain, de parler à un ami. […] De temps en temps, de la portière, j’apercevais quelques petites filles immobiles sous des parapluies, champignons funèbres poussant aux bords des eaux bleues et grises.
II Molière, au contraire, est moins poëte, il n’est même pas poëte tragique du tout, ce n’est pas du sang qu’il verse de sa coupe, ce ne sont pas des larmes, c’est de l’eau, mais c’est de l’eau limpide et rythmée qui coule naturellement de sa veine, qui amuse l’auditeur ou le lecteur par le plaisir de la difficulté vaincue, mais qui ne lui est pas nécessaire ; la preuve en est que mettez en vers les Précieuses ridicules ou en prose le Misanthrope, vous aurez toujours le même Molière devant vous : sa force est en lui, non dans sa forme ; il est versificateur parfait ; il n’est pas poëte, bien qu’il ait fait des milliers de vers faciles et agréables. […] Le mérite est comme le Nil, nul ne connaît sa source ; il suffit qu’il coule et qu’il féconde ; on boit ses eaux sans leur demander leur nom ; ouvrier ou grand seigneur, on est grand homme et c’est assez. […] Il attirait les yeux de l’assemblée entière Par l’ardeur dont au ciel il poussait sa prière, Il faisait des soupirs, de grands élancements, Et baisait humblement la terre à tous moments ; Et, lorsque je sortais, il me devançait vite Pour m’aller, à la porte, offrir de l’eau bénite.
Il me dit que l’habitation à Asnières lui a fait beaucoup de bien, que le voisinage de l’eau l’a calmé, et que, tous les matins, il va faire un tour de dix minutes, au bord de la Seine, et qu’il revient de cette promenade avec un singulier bien-être. […] Et avec Daudet, nous disons, qu’il faudrait renouveler la pantomime, jeter à l’eau tous les gestes rondouillards, tous les gestes qui racontent, et ne garder que les gestes de sentiment, les gestes de passion, auxquels Margueritte mettrait les grandes lignes de sa pantomime, — et nous parlions d’une pantomime sur la peur, dont ses traits savent si éloquemment rendre l’expression. […] Enfin le feu d’artifice, et l’on part, et sur les grands espaces bitumés, que font tout lumineux les illuminations, se voient de petites flaques d’eau, laissées par les femmes, en leurs émotions de la fête du 14 Juillet. […] D’un flacon de cyanure qu’il vient d’enlever à une maîtresse qui voulait se suicider, par suite du désespoir d’être quittée par lui, il verse quelques gouttes dans un verre d’eau que lui a demandé la duchesse, mais au moment où elle va boire, il lui dit, pris d’un remords soudain : « Ne bois pas !
Les nœuds ont éclaté : les roses envolées, Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées ; Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir.
Il y avait près de là un vase plein de la boisson ordinaire des soldats romains, mélange de vinaigre et d’eau, appelé posca.
Dumas, la Vierge n’est que « l’éternelle curieuse qui a fait changer l’eau en vin par Jésus (sic), comme elle a voulu (on croyait que c’était Ève) faire manger le fruit défendu à Adam ».
Le dernier exploit de la divine Arthénice fut l’établissement d’un jet d’eau.
Comme l’histoire ne s’improvise pas et qu’elle appartient à tout le monde, autant que l’eau et la lumière, l’honneur de l’historien est de puiser à des sources pures, et son mérite, de se servir, avec intelligence, de tout ce qu’il y a puisé.
oratoires qui ne sortent pas de la poitrine, mais de la plume de l’historien, comme la goutte d’eau de savon sort du fuseau, sous le souffle de l’enfant, pour être une bulle qui s’en va crever tout à l’heure.
On dirait un flacon d’essence extrait de je ne sais combien de philosophies, — une eau de Mille fleurs philosophique, dans laquelle on reconnaît bien, quoique affadies les unes par les autres, toutes les erreurs qui portent aux têtes faibles et qui se confondent dans une petite infection très satisfaisante : ainsi le matérialisme français et le naturalisme du xviiie siècle, et l’humanisme du xixe et l’idéalisme allemand et l’hégélianisme, mais l’hégélianisme en gouttelettes, dosé homéopathiquement, à peu près comme dans le petit flacon si bien bouché à l’émeri du baron de Feuchtersleben !
Je ne sache pas de livre meilleur que le sien pour jeter la goutte d’eau glacée sur les fronts échauffés par le bonnet rouge, — pour rasseoir et paralyser l’enthousiasme imbécilement ou épileptiquement révolutionnaire… Peu de temps avant sa mort, est-ce que Victor Hugo — un égaré aussi par l’histoire de la Révolution française — n’écrivait pas cette phrase, chargée, croyait-il, d’une prophétie : « Le dix Août est à la Révolution ce qu’aujourd’hui est à demain… » ?
Les préoccupations modernes et ce que j’ose appeler la fausse indulgence de ce temps, cette espèce d’étendue qui peut voir tout, mais qui ne doit pas accepter tout, ont, sinon fêlé, au moins rayé cette glace de Venise dans laquelle devrait nous apparaître Madame de Créqui, cette femme qui avait mis à tremper un esprit à la La Rochefoucauld dans les eaux attendrissantes et vivifiantes des pensées chrétiennes, probablement pour qu’il ne se pétrifiât pas de douleur, de misanthropie et de mépris !
Et nous autres critiques, obligés d’avaler les premiers, pour les déguster, de telles choses, nous qui, par état, sommes exposés à cette torture d’eau, — la pire des tortures, disait la Brinvilliers, n’avons-nous pas le droit d’élever des digues contre de pareilles inondations ?
Elle ne s’appuyait sur la vie que comme une feuille de saule tombée s’appuie sur l’eau… Elle n’avait d’esprit que celui-là que Rivarol exigeait des femmes et des roses, mais c’était assez pour que Madame de Staël, son amie, aimât à le respirer et en embaumât son génie !
Ses Philosophes français sont un éclat de rire dans l’eau.
Nous ne voulons imiter personne, ni Voltaire, dont les remarques sur Pascal ne sont qu’un verre d’eau claire dans lequel il y a de petites raisons qui ressemblent à des animalcules !
Et pourtant, malgré tous ces motifs de sécurité, je ne trouve pas le caractère germanique à ce livre de l’Hygiène de l’âme, à ce petit traité, gros comme rien et clair comme un verre d’eau, dont le succès, en France, ne m’étonnerait pas, — car, en France, on aime tant la clarté, qu’on aime même celle des verres vides !
Il a embrassé le Matérialisme contemporain tout entier, — le Matérialisme de la minute présente, — dans toute l’étendue de son progrès et sur tous les sommets où il est monté et où il s’est établi, couvrant tout, comme l’eau d’un déluge… Le Dr Athanase Renard compte, un par un, ses envahissements victorieux ; car il est victorieux sur toute la ligne !
Fleuve magnifique et pur dès sa source, il entra aisément et fortement dans l’existence, comme ces fleuves qui roulent sur des pentes et qui n’ont pas besoin de surmonter des résistances pour creuser un lit à leurs eaux.
Écueil de l’histoire de saint Vincent de Paul que cette humilité, pour qui ne saurait pas combien cette goutte d’eau du diamant catholique est belle.
La thèse orthodoxe de l’auteur des Esprits est trop savante, trop étoffée, trop imposante ; l’auteur est trop au courant des sciences naturelles et médicales de son époque ; il a même, ici et là, trop de cette puissance de plaisanterie qui ne manque jamais en France aux écrivains supérieurs, et qui circule au sein des graves discussions auxquelles il se livre comme l’Esprit dormait sur les eaux, pour que la risée qui peut accueillir sa thèse soit bien forte.
Il a conquis la naïveté qu’on ne conquiert pas d’ordinaire, ce verre d’eau de source que le plus brillant ou le plus charmant talent n’a pas toujours à nous offrir, et qui est le meilleur breuvage, pour nos esprits et pour nos âmes, que le génie lui-même puisse nous donner !
III Ainsi, de l’aveu même de l’auteur, forme petite et contractée, l’infini dans un point, la lumière arrêtée ou versée dans une goutte d’eau condensée, et pour Muse la Patience enflammée, pour Génie la rageuse Volonté, telles sont les caractéristiques de la poésie de M.
Dans cette préface, qu’il serait bien fâché qu’on ne lût pas, et avec raison, car c’est ce qu’il y a de meilleur dans les trois volumes, l’auteur fait une passe d’armes, fastueuse et inutile, en l’honneur de l’art pour l’art, disant, du reste, de très bonnes choses, claires comme de l’eau, contre les moralistes camards, qui ne voient pas plus long que leur nez et qui piaillent pour la morale en quatre points, la prêcherie et la pédagogie catéchisante en littérature !
La tête tourne de songer ce que deviendrait ce pays, travaillé par nos machines, et sous les eaux et les feux dont nous disposons.
Folantin, que nous voyons dans À vau l’eau à la recherche d’un bifteck mangeable et d’une gargote pas trop répugnante. […] Il sert à expliquer la philosophie, la peinture, la religion, la musique et la littérature. » Et voici les médecins de villes d’eaux. […] Scribe a, dans le Verre d’eau, formulé la théorie d’une façon qui, ne laisse rien à désirer. […] Encaissés entre de profondes murailles, des canaux lents, des canaux dormants, dont l’eau inutile ne sert qu’à refléter le visage des maisons neuves ou le tremblement des feuilles. […] Et l’eau, dont on voit se crisper la surface, mais dont le cœur reste impénétrable, l’eau dormante a des langueurs de malade, l’eau pâmée où le ciel se réfléchit rêve un rêve étoilé.
D’autres œuvres vaudront par la profondeur du sentiment, comme ce pauvre pêcheur qui regarde si tristement dans l’eau, ou cette tête de Charles Ier à l’expression si tragique. […] Un dauphin vomira l’eau d’une fontaine. […] Voici que l’on entrevoit deux arcs, l’un vert d’eau, l’autre incarnat, premier espoir, pressentiment d’amour. […] Des peupliers se reflètent dans un étang : s’il me plaît d’agiter l’eau pour voir onduler et vaciller leur image, dira-t-on que je déforme la nature ? […] Selon Winckelmann, la beauté parfaite serait comme l’eau pure, qui ne doit pas avoir de saveur particulière.
Ces eaux rapides, confiantes, indifférentes à leur souillure prochaine, cette vie de l’eau dans la plus complète liberté le justifiait de s’être libéré de tout lien dogmatique. […] De ces eaux courantes mêlées à ses pensées hérésiarques et à ses souvenirs, Léopold faisait spontanément des prières… Et M. […] Du philosophisme assez vigoureux sous sa traduction symbolique : « Eau captée, vous êtes comme la sagesse des hommes. […] Narcisse, se mirant dans l’eau courante, ne saurait toucher son image sans en brouiller les contours et ne peut que la contempler à distance. […] Mon domaine à moi est celui du soleil, et vous ne détruirez ni l’eau, ni les palmiers, ni la fleur du rosier, ni l’ombre du cyprès.
L’air, les eaux, les arbres, les fleurs, les cygnes, toute la création chante à la femme sa bienvenue au jour. […] Toute la grande poésie romantique se réfléchit dans ses vers, non effacée, mais adoucie, comme dans une eau limpide et un peu dormante ; mais, si elle ne dormait pas, elle ne réfléchirait rien du tout. […] Vivant dans la campagne, nous prenons plaisir aux images qu’elle nous offre d’une vie plus simple que la nôtre et qui glisse par degrés jusque dans la vie inconsciente : vie des animaux, vie des arbres et des fleurs, vie des eaux et des nuages. […] Jésus n’impose les mains sur le grand réel que pour en troubler les lois, pour bouleverser les attributs simples et déterminés des choses, pour marcher sur les eaux, pour ressusciter les morts, etc. […] Ce style paraît précis et en réalité fuit comme l’eau entre les doigts.
Aujourd’hui, c’est de l’eau — de la belle eau claire — qu’on promet au Parisien ; mais il est en défiance, et il se dit qu’il en sera de la belle eau comme des trop belles maisons, qu’on la fera passer dans des tuyaux d’or, et qu’il lui faudra la payer vingt sous le litre. […] La sage lenteur que met l’administration à trancher cette question doit même donner de certaines inquiétudes à ceux qui croient que l’eau de la Seine est réellement insalubre. […] Ils ont tous les deux été favorables à l’eau de la Seine, prise en amont de Paris bien entendu, et avant la réunion du fleure avec la Marne. […] En attendant nous consommons bravement la même eau — avec l’adjonction, il est vrai, de quelques égouts — que buvaient, il y a dix-huit siècles, les habitants de Lutèce, au risque de nous empoisonner, nous dit-on, tous les jours. […] Les vies russes se perdent dans les sables du doute et de l’irrésolution, comme des fleuves aux eaux trop paresseuses.
Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel Tant va la cruche à l’eau, qu’enfin elle se brise. […] « Pour se procurer l’ordinaire soutien de la vie, personne, parmi les hommes n’avait d’autre peine à prendre que celle d’étendre la main, et de cueillir sa nourriture aux branches des robustes chênes, qui les conviaient libéralement au festin de leurs fruits doux et mûrs ; les claires fontaines et les fleuves rapides leur offraient en magnifique abondance des eaux limpides et délicieuses ; dans les fentes des rochers et dans le creux des arbres, les diligentes abeilles établissaient leurs républiques, offrant, sans nul intérêt, à la main du premier venu, la riche moisson de leur doux labeur225. […] « Winckelmann, dit-il, compare la beauté à l’eau qui, puisée à sa source, est regardée comme d’autant plus salutaire qu’elle a moins de goût.
… Car, ou dans le tronc, ou dans le rameau, l’oiseau vient s’abriter et construire son nid, et la bête féroce choisit sa tanière ; la nature les guide et leur offre les eaux pures, douces, rafraîchissantes, le pré, la colline, la montagne ; respirant l’air salubre et vital, le ciel libre et la lumière qui les enveloppe, les réchauffe, les ravive… « Ah ! […] pour me consoler moi-même, par la vue de notre mer et de nos jardins, pour m’envelopper de votre tendresse, pour boire de ce vin et de cette eau qui soulagèrent autrefois mes infirmités ! […] Le baptême et la mort de Clorinde, tuée dans un combat de nuit par la main de Tancrède qui l’adore, et de qui elle reçoit la mort au lieu de l’amour, ne le cède en pathétique à aucune scène des grandes épopées, et ici ce pathétique est chrétien par l’immortelle vie que l’amant meurtrier apporte à son amante avec l’eau du baptême dans son casque.
Leur chef déploie toute sa valeur, semblable à la baleine de l’Océan que suivent toutes les vagues émues sur sa trace, ou au fleuve qui roule toutes ses eaux sur le rivage. […] Elles souriaient aux grâces épanouies sur le visage du jeune héros ; mais la mort était dans ses mains : il était fort et terrible comme les eaux du Lora. […] Tu t’assis plus d’une fois près du murmure des eaux du Brannos ô fille de Toscar : là ton sein éblouissant de blancheur s’enflait et s’élevait, comme le duvet du cygne voguant doucement sur la surface du lac, lorsque les zéphyrs enflent ses ailes.
Si du polype, qui ne remue que quand on le touche, nous remontons aux mollusques articulés, aux vertébrés qui habitent l’eau, et de là aux animaux les plus élevés qui habitent un milieu plus raréfié, nous trouverons sous des formes et modifications variées, un appareil visuel plus complexe, et une distance croissante dans l’extension de la correspondance. […] Enfin (et l’hérédité joue ici son rôle) s’éveillent aussi probablement « certaines combinaisons qui existaient à l’état organique, dans la race humaine, aux temps barbares, quand toute son activité pour le plaisir se déployait surtout au milieu des bois et des eaux. […] Si nous exceptons ces animaux très inférieurs qui ne donnent aucune réponse visible aux stimulus externes, et ceux qui flottent passivement suspendus dans l’eau, il n’y en a point qui n’éprouvent, à chaque moment de leur vie, quelque impression de résistance, venant des surfaces sur lesquelles ils sont placés, ou de la réaction de leurs membres pendant la locomotion, ou de l’un et de l’autre.
L’affirmation que l’eau est glacée enveloppe, dit Clifford, un amas de résolutions et de volitions ; elle veut dire que, étant données certaines conditions, j’irai et marcherai sur cette eau. […] Richet, transformée par suggestion en archevêque de Paris, croit voir le président de la république, lui présente ses compliments de nouvel an et écoute la réponse du président en disant à voix basse : « Eau bénite de cour. » Une autre, transformée par suggestion en général d’armée, voit des chevaux, des aides de camp, donne des ordres, se sert d’une longue-vue.
Attendre signifie proprement tendre à ; attendre l’eau qui va désaltérer, c’est tendre à l’eau qui va désaltérer. […] La représentation purement imaginative d’une proie, chez l’animal qui a faim, produit bien un commencement de mouvements relatifs à l’acte de manger ; elle peut même faire venir, comme on dit, « l’eau à la bouche » ; mais cette représentation faible est tellement contredite par l’ensemble des représentations fortes, y compris la sensation même de la faim, qu’aucun animal ne concevra longtemps sa proie absente comme présente.
Il ne manque, à la débauche de ces vieillards de vingt ans, que de boire de l’eau forte. […] Gorgibus de ces essences, de ces pommades, de ces eaux de senteur… on nous a réduits à des exhalaisons d’ail, de tabac et de vieux fromage ! […] C’est le riche qui se pique, encore aujourd’hui, d’ouvrir une allée en pleine forêt, d’amener une eau courante à travers les sables en feu, de meubler une ménagerie ; aussi inhabile que les seigneurs d’autrefois, les autres, ceux de La Bruyère, le riche d’aujourd’hui, à rendre une âme contente, à remplir d’une douce joie un cœur blessé, à faire que la pauvreté soit apaisée, heureuse, et que le pauvre puisse mourir en paix.
Seigneur, que chacun sur sa route Trouve son eau dans le rocher ! […] Lamartine réfléchit volontiers les objets en sa poésie, comme une belle eau de lac, parfois ébranlée à la surface, réfléchit les hautes cimes du rivage ; Wordsworth est plus difficile à suivre à travers les divers miroirs par lesquels il nous donne à regarder sa pensée.