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595. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Quelle fraîcheur de ne plus trouver des débuts de chapitre de cette grâce : « Après une douleur intense, physique ou morale, l’homme éprouve une stupeur très douce où il semble qu’il abdique sa volonté et qu’il s’abandonne à sa chance. […] Aujourd’hui… nous savons de quelle encre on écrit les billets doux !

596. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

C’est un esprit doux. […] Il m’eût été si doux de dauber d’importance sur ces immortelles erreurs ! 

597. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que vous retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage, sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour. […] Guy Livingstone, ce Samson, victime de sa force comme l’autre Samson ; Guy Livingstone, ce dandy héroïque, qui efface d’un trait tous les dandys connus dans l’histoire des mœurs de l’Angleterre, finit par la douceur de l’humilité sous la plus mortelle injure, parce qu’il a promis à la femme qu’il a aimée et perdue d’être doux, et qu’il veut la revoir dans le ciel !

598. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

il avait fait trouver doux enfin ce pain si amer à la bouche de l’homme. […] Lui, le doux prêtre, ne remue pas violemment le monde ; il ne le bouleversera pas, comme saint Vincent, pour le régénérer.

599. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Elle n’a pas cette douce furie d’humilité contenue et inassouvie qu’avait Vincent, et qui, même à l’heure où les nimbes allument leur or autour de la tête de nos saints, semble avoir éteint le sien jusque dans le ciel ! […] — ont repris, dans un journal fameux, l’abbé Maynard d’avoir parlé, dans un livre sur le doux Vincent de Paul, de Jansénius et de ses erreurs avec une rigueur méritée.

600. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Seulement, par un privilège de ces adorables natures poétiques quelquefois délicieusement fondues, de temps à autre le muscle de la Force peut saillir tout à coup dans le doux contour de la Grâce, et créer alors cet hermaphrodisme divin dont les Grecs, moins prudes que nous et plus connaisseurs, faisaient deux beautés réunies, et non pas une monstruosité ! […] On pourrait faire une anthologie, à l’usage des âmes qui ont souffert et qui se souviennent, avec beaucoup de vers de Jules de Gères, trempés, imbibés et parfumés de mélancolie, ayant la séduction amère et douce de la mélancolie : Cette séduction intime, sœur des larmes, Et qui va droit au cœur de quiconque a pleuré.

601. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Seulement, ce que je veux exclusivement vous faire entendre pour vous prouver que nous avons ici affaire à un poète, ce n’est pas l’expression réussie de la haine qui se croit victorieuse, mais c’est l’accent éternellement cruel et doux de la vie passée, qui, finie, crée immédiatement l’infini du souvenir dans nos cœurs. […] J’ai nourri le songe vainqueur ; J’ai brûlé des plus douces fièvres Il m’en reste un parfum au cœur, Il m’en reste du miel aux lèvres !

602. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Lui, qu’on pouvait croire faible parce qu’il était doux, n’a point eu cette faiblesse, et ses derniers poèmes, à cet homme tendre, fils de Virgile et de Racine, qui avait inventé des anges qui tombaient du ciel par pitié, ne sont ni des plaintes, ni des pleurs. […] À une époque encore où les poètes les plus chrétiens d’inspiration introduisent dans leur Christianisme poétique je ne sais quel lâche élément épicurien, car la douleur elle-même a sa sensualité, rien de plus frappant que de voir ce que jusque-là on n’avait pas vu : le Stoïcisme en poésie nous écrivant, par la main la plus douce qui ait jamais existé, des vers de cette virilité d’idées et de cette simplicité d’expression : Hélas !

603. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Jules Sandeau est un esprit doux, et il vient de prouver une fois de plus que c’est aux doux qu’appartient l’empire de la terre.

604. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que TOUS retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour. […] Guy Livingstone, ce Samson, victime de sa force comme l’autre Samson, Guy Livingstone, ce dandy héroïque, qui efface d’un trait tous les dandys connus dans l’histoire des mœurs de l’Angleterre, finit par la douceur de l’humilité sous la plus mortelle injure, parce qu’il a promis à la femme qu’il a aimée et perdue d’être doux, et qu’il veut la revoir dans le ciel !

605. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Et le jeune Gustave Escande, de la Fédération Universelle des Étudiants chrétiens, écrit à ses amis : « Il m’est très doux de penser que des centaines de milliers de jeunes gens dans le monde luttent comme moi pour arriver à l’idéal que nous nous sommes composé : “Faire le Christ Roi”. » Mais la voix de ces jeunes lévites du droit n’est nulle part mieux persuasive que dans la prière que voici, d’un petit soldat protestant du pays de Monthéliard, qui mourait à l’ambulance de la gare d’Ambérieu. […] Humainement, nul ne saurait trouver comment, en ce métier que nous allons faire, on pourra être fort comme un lion et doux comme un agneau… Qu’importe ?

606. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Lui seul peut aussi vous inspirer un véritable attrait, non de quelques instants, mais constant et soutenu, pour des œuvres et des occupations qui seraient, en effet, bien appropriées à la bonté de votre cœur, et qui rempliraient d’une manière douce et utile beaucoup de vos moments. […] Ce fut aussi, il faut en convenir, un vrai mérite à madame Récamier de deviner l’âme de Ballanche sous cette forme disgraciée et presque grotesque, et de se laisser aimer et suivre jusqu’à la mort par ce doux Socrate lyonnais. […] On peut juger du charme d’une telle société ; madame Récamier n’y cherchait que le mouvement doux de sa vie, elle y trouva bientôt l’importance de situation et la célébrité littéraire qu’elle n’y cherchait pas. […] La conversation y était aimable, souple, à demi-voix, un peu froide, d’un goût très pur, d’un ton de cour, rarement animée, mais d’une tiédeur toujours douce qui enseignait à bien écouter plus qu’à bien parler. […] Que ces larmes durent être douces à son esprit transfiguré sur son propre cercueil de la chapelle de l’Abbaye-aux-Bois !

607. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Mais elles se dépouillèrent de toute amertume en passant par cette âme douce. […] Souvent l’émotion, très douce, s’atténue au point que la poésie retournerait au ton de l’épître classique, n’étaient l’ampleur sonore des vers et la splendeur rayonnante des images. […] Mieux vaut le souvenir, qui seul est à nous et dure avec nous : le bonheur fuit, et le souvenir du bonheur reste ; le malheur passe, et le souvenir du malheur persiste, intimement doux, et plus doux que le souvenir même du bonheur. […] Voici des primitifs allemands : Les Vierges sur fond d’or aux doux yeux en amande, Pâles comme le lis, blondes comme le miel, Les genoux sur la terre et le regard au ciel784.

608. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

De la sorte, il mangea le peu qu’il avait, une petite aisance, et devint un pur vagabond ; ce qui ne l’empêchait pas d’être doux, excellent, incapable de faire du mal à une mouche. […] Mon père était plutôt doux et mélancolique. […] Les plus cruels inquisiteurs du moyen âge, Conrad de Marbourg, par exemple, étaient les plus doux des hommes. […] Elle était sceptique sur l’issue de mes tentatives. « Ernest, me disait-elle vous ne réussirez pas, vous voulez mettre tout le monde d’accord. » Cette enfantine collaboration pacifique qui nous attribuait une imperceptible supériorité sur les autres, établissait entre nous un petit lien très doux. […] On a découvert au chef-lieu du département que certains usages anciens de l’île ne sont pas conformes à je ne sais quel code ; on a réduit une population douce et aisée à la révolte et à la misère.

609. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Isocrate qui vint après eux, charma par un discours nombreux & cadencé, & sur-tout par cette douce harmonie qui a tant de pouvoir sur les ames. […] Nous avons eu plusieurs traducteurs des harangues de Ciceron : du Rier dont le style a vieilli ; Gillet dont la version est foible ; l’Abbé de Maucroix qui s’étant presque toujours exercé sur des sujets où il ne falloit qu’un style doux & tempéré, n’avoit pu prendre un style plus oratoire & plus nerveux ; enfin l’Abbé d’Olivet dont nous avons fait connoître la traduction des Catilinaires & qui nous a donné aussi quelques morceaux des Verrines ou des oraisons contre Verrés. […] Il mit à la place de ces faux ornemens, une éloquence douce & naturelle, qui n’a rien de contraire à la sainteté du ministère évangélique. […] Terrasson, contemporain du Pere de la Boissiere, a une éloquence douce & naturelle ; l’expression est nette ; il n’y a ni rudesse, ni obscurité. […] Son éloquence est aussi agréable que variée ; elle sçait se proportionner aux sujets qu’elle traite ; sublime dans les causes majeures, douce & insinuante dans les autres, & toujours ornée de traits ingénieux & délicats.

610. (1897) Aspects pp. -215

Des journées douces commencèrent. […] Mis aux fers, attaché à une barre sur le pont, D’Axa vogue vers sa douce patrie. […] C’est la mère douce aux cheveux blancs dont tu es né. […] Doux pays ! […] D’autres sont doux comme mélasse.

611. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il la vit mourir, toujours pleine d’amour pour lui, mais toujours calme et résignée, avec le doux éclat de ses grands yeux. […] Le style même rachète ce qu’il a d’un peu monotone par une allure générale douce et tranquille qui n’est pas sans charme. […] Les yeux eux-mêmes, sous les grosses lunettes dorées qui les couvraient, avaient une expression douce et presque enfantine. Douce et enfantine était la voix d’Ibsen, et les choses qu’il nous dit en nous accueillant étaient aussi parfaitement enfantines et douces. […] C’est un homme doux et respectueux, que jamais personne n’a entendu émettre un mot de blâme sur qui ou quoi que ce soit.

612. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mariéton, Paul (1862-1911) »

Il se laisse aller à un courant de vague et douce tristesse, il s’absorbe dans des pensers amers, parce qu’une image de femme revient se dresser devant lui… Nous retrouvons, chez M. 

613. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 274-275

Il a su, par-dessus toutes choses, peindre ces passions tempérées, ces inclinations douces, ces goûts sensibles, cette charmante ingénuité, ces petites inquiétudes, qui caractérisent les mœurs des Bergers.

614. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 362-363

Les réflexions se présentent ici en foule à notre esprit : nous nous contenterons de remarquer qu’il n’y a peut-être pas d’homme de Lettres plus honnête, ni qui ait des mœurs plus douces, que celui que M. de Voltaire traitoit, peu de jours avant sa mort, de maraud & de monstre.

615. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

très doux et très bons, mais qui flambent, toute sa personne respire la vigueur et la crânerie. […] Regardant autour de lui les misères et les peines, il les dit, simplement, naïvement, avec une tendresse compréhensive et une résignation douce. […] Par la langue claire et noble, Fernand Séverin s’apparente à Racine, par l’inspiration douce, à Lamartine, mais son talent dévoile toujours les secrètes pudeurs, innocemment gracie uses, d’une âme délicate et loyale. […] L’auteur de Kaatje et de À Damme en Flandre sait maîtriser son émotion sans la restreindre ; il garde une noble énergie dans les abandons les plus doux. […] Récemment, en collaboration avec Jules Souguenet, Dumont-Wilden fit paraître la Victoire des Vaincus, un livre bien doux à tous les cœurs français.

616. (1913) Poètes et critiques

À ce vieux vagabond comme à ces petits va-nu-pieds la nature est plus douce que la société. […] Richepin n’était pas un marin d’eau douce. […] On destinait cet écolier, très doux et brillamment doué, à la prêtrise : une influence inattendue détourna cette vocation. […] Chante-moi ta chanson : chante-moi ton doux air, Qui sonne si gaîment dans mon palais désert ! […] Il leur demande la reprise d’un vieil air qui s’achève en mourant, et il le définit ainsi : « le souffle doux du vent qui a passé sur une rangée de violettes, dérobant et donnant l’odeur ».

617. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Ils appelaient « doux » ses traits invisibles. « Ô ma mère !  […] » dis, et mêle son doux nom au vin pur, pour que je boive ce nom adoré. […] Les navires filent comme des gondoles, chargés d’amours et de doux messages. […] La reine d’Espagne ne fut pas moins « douce envers la mort » que sa mère. […] — je ne puis encore le croire. — Ô vous, plus doux que le miel !

618. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delarue-Mardrus, Lucie (1874-1945) »

Les poèmes en sont simples, d’une pensée douce et un peu grave, d’une forme et d’un rythme sûrs… Mme Lucie Mardrus peut être rangée au nombre des meilleurs poètes.

619. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérardy, Paul (1870-1933) »

Voici un recueil de mélodies douces et harmonieuses, où l’influence de Verlaine n’empêche point une très personnelle sensibilité, un tact frileux, quelque hésitation devant la vie, et beaucoup d’art.

620. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Privas, Xavier (1863-1927) »

Voici le chansonnier gaulois aimant le franc rire, aimant aussi parfois à faire perler une larme, car, après, le rire en semble d’autant plus doux.

621. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre V. Sculpture. »

La mort pourrait y paraître, mais sous les traits d’un ange à la fois doux et sévère ; car le tombeau du juste doit toujours faire s’écrier avec saint Paul : Ô mort !

622. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Enfants, jouissez tous de vos douces folies… ! […] des plaintes, — si mélodieuses et si douces ! […] Et cela est d’une mélancolie assoupissante et douce, d’ailleurs parfaitement malsaine […] La chose, comme vous voyez, n’avait rien de désobligeant pour le doux écrivain. […] Un esclave entre avec une épée. « Frappe, Narsès, dit le doux jeune homme, frappe au cœur !

623. (1874) Premiers lundis. Tome II « X. Marmier. Esquisses poétiques »

Marmier a exprimé ces sortes de rêves avec une vérité douce et vive de fraîcheur.

624. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ajalbert, Jean (1863-1947) »

Vous levâtes tout à coup les yeux vers un cadre de bois laqué qui contient un mélancolique et doux pastel signé : J.

625. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gide, André (1869-1951) »

Qu’on ne les prenne pas cependant pour une œuvre philosophique… En pièces courtes composées de quatrains aux vers longs et inégaux comme des plaintes, discrets et sourds comme des soupirs, rimés souvent ou assonaucés, et quelquefois en dissonance, se murmurent des désirs ou des inquiétudes ; les paroles sont simples, douces, presque sans images ; … il y a dans cette sobriété quelque chose de poignant, qui rappelle parfois les complaintes de Laforgue.

626. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivoire, André (1872-1930) »

Pierre Quillard Le Songe de l’Amour : Ce sont ici des vers de l’amour, de plusieurs amours qui n’en sont qu’un, à cause du poète qui en ressentit la joie inquiète, réticente et farouche, se donnant et se reprenant avec une égale bonne foi et une égale fierté d’indépendance ; s’il a souffert, il n’a pas fait souffrir ; et, sans être dupe outre mesure du songe qu’il s’était créé, il a voulu en perpétuer l’illusion, parce qu’elle était noble, cruelle et douce.

627. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 334-336

Qu’on les lise, à l’exemple de l’illustre Archevêque de Cambrai, pour acquérir cet amour de la vertu, inséparable de celui de la Religion, ce naturel, ce ton de candeur, cet air de sérénité, si rares dans tous les Ecrits, & destinés cependant à en être le plus doux charme.

628. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre IX. Caractères sociaux. — Le Prêtre. »

L’ordre des vierges n’est ni moins varié ni moins nombreux : ces filles hospitalières qui consument leur jeunesse et leurs grâces au service de nos douleurs ; ces habitantes du cloître, qui élèvent à l’abri des autels les épouses futures des hommes, en se félicitant de porter elles-mêmes les chaînes du plus doux des époux, toute cette innocente famille sourit agréablement aux Neuf Sœurs de la Fable.

629. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Il est bien plus doux d’obéir que de commander à ce qu’on aime. […] Le plus souvent, sa poésie respire une émotion douce, saine et fortifiante. […] Qu’elle est douce la vie ! […] Lors son cœur entrait en une pensée douce et amoureuse. […] Il savait être modéré et généreux, doux envers les vaincus et les faibles.

630. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Elle veut des sentiments doux ou des aventures extraordinaires, la comédie optimiste ou le mélodrame. […] pas d’insulte, enfant, sur ce nom chaste et doux ! […] Peut-être que son amitié finira par vous être moins commode et moins douce s’il prend l’habitude de ne plus vous quitter. […] Il y avait d’autres moyens, plus doux, de lui mettre le nez dans son pharisaïsme. […] Charmantes, d’ailleurs ; Thérèse, plus spirituelle, plus active et plus pratique ; Alice, plus douce, plus fine, plus tendre, — et plus blonde.

631. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

les douces caresses ! […] Vertu, douce et cruelle idée ! […] Il y a de doux jeunes gens qui ont du génie. […] » de plaisir, un ravissement, un enchantement, une douce pâmoison, et ç’a été, finalement, une ovation enthousiaste. […] La voici venir, douce, plaintive, mélancolique, et il faut bien le dire, l’allure un peu étrange : en quoi elle a tort.

632. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Cent fois elle s’est appliquée et elle a réussi, ce qui est prodigieux, à convertir une passion violente en amitié douce et même pure et élevée. […] La passion de plaire mène à l’impuissance de diriger, à l’habitude de ne diriger point et à une sorte de douce résignation à cet égard. […] Les malades sont partagés entre la conscience qu’ils ont de leur état et l’Espérance, à peu près invincible, cette douce compagne, cette douce auxiliaire, cette douce « associée », cette Antigone au sourire clair dans la vie et jusqu’au seuil de la mort. […] De tout cela il résulte que la mort, non pas est douce, mais est beaucoup moins terrible que la plupart des hommes ne le croient. […] C’est une pensée douce.

633. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Puis, il s’allongea encore, prostré, tournant vers Miserey son œil souffrant et doux, toute la langue tirée hors de la bouche, avec de l’écume aux lèvres. […] Le contact des doigts de votre enfant vous sera si doux ! […] L’abat-jour de la lampe était baissé très bas, enveloppait la chambre d’une grande ombre douce. […] Elle renaissait, c’était elle-même qui sanglotait, qui le suppliait d’être doux à la passion. […] Et une voix nouvelle monta, douce, insinuante, nasillarde, cajoleuse comme un son de flûte.

634. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Elle appelle ses frères ; « le doux et solennel accent de sa voix vibrante s’élève comme une vapeur de riches parfums distillés, et glisse sur l’air dans la nuit », au-dessus des vallées « brodées de violettes » jusqu’au Dieu débauché qu’elle transporte d’amour. […] Elles vous l’ont débitée ; voici une scène de votre ménage : « Ainsi parla la mère du genre humain, et avec des regards pleins d’un charme conjugal non repoussé, dans un doux abandon, elle s’appuie, embrassant à demi notre premier père ; lui, ravi de sa beauté et de ses charmes soumis, sourit avec un amour digne, et presse sa lèvre matronale d’un pur baiser506. » Cet Adam a passé par l’Angleterre avant d’entrer dans le paradis terrestre. […] Un bachelier, dans son discours de réception, ne prononcerait pas mieux et plus noblement un plus grand nombre de sentences vides. « Ma belle compagne, l’heure de la nuit et toutes les créatures retirées à présent dans le sommeil nous avertissent d’aller prendre un repos pareil, puisque Dieu a établi pour les hommes le retour alternatif du repos et du travail, comme de la nuit et du jour, et que la rosée opportune du sommeil, par sa douce et assoupissante pesanteur, abaisse maintenant nos paupières. […] » Elle fabrique du vin doux, du poiré, des crèmes, répand des fleurs et des feuilles sous la table. […] Le roi présente son fils, « l’oint », le déclare « son vice-gérant. » « Que tous les genoux plient devant lui ; quiconque lui désobéit me désobéit », et ce jour-là même est chassé du palais. —  « Tout le monde parut satisfait, mais tout le monde ne l’était pas523. » Néanmoins « ils passèrent le jour en chants, en danses, puis de la danse passèrent à un doux repas. » Milton décrit les tables, les mets, le vin, les coupes.

635. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Rien n’est innocent et doux comme ses ruses et ses coquetteries naïves pour obtenir que le quaker lui parle de Chatterton. […] « Elle disait tout ça d’une voix si douce qu’on aurait cru que c’était une musique. […] « Il haussa les épaules en penchant la tête (avec un air si doux, le pauvre garçon !) […] « Je ne demande rien, capitaine, dit-il avec une voix aussi douce que de coutume ; je serais désolé de vous faire manquer à vos devoirs. […] J’appris qu’il était mieux, et peu de jours après je lus la nouvelle de sa belle et douce mort dans les journaux.

636. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Non point déesses de la mer, comme on pourrait croire, mais des sources, des fontaines, des lacs, des rivières, salutaires et douces comme les eaux qu’elles épanchent. […] Toutes les divinités des eaux douces venaient se fondre, comme des affluents, dans l’immense famille des Océanides. […] Alors sa frénésie s’apaise un instant : elle se reporte aux jours où elle se sentit secrètement troublée par les effluves du désir d’un dieu, et un doux chant d’élégie s’exhale de ses lèvres. La Francesca du Dante, cette autre damnée de l’amour, emportée elle aussi par une rafale éternelle, n’est pas plus mélodieusement plaintive, lorsqu’elle raconte « à quels signes, aux temps des doux soupirs, Amour lui permit de connaître ses désirs incertains. […] Ces douces Nymphes des eaux tranquilles s’irritent comme des vagues tourmentées par un mauvais vent ; il y a de l’écume dans l’apostrophe qu’elles jettent au vil conseiller : « Parle autrement, donne-moi des conseils que je puisse écouter.

637. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Son œil bleu, très doux, mais très éclairé d’arrières-lueurs, regarde timidement la foule et hardiment le ciel ; ses joues sont fraîches, de la fraîcheur du lait des montagnes où il est né et où il habite ; le frisson des Alpes court sur sa peau et la rend tour à tour, au souffle de l’inspiration, pâle ou vermeille. […] Et de quoi parle-t-il avec cette vive et douce animation qui colore les joues et qui enflamme le regard ? […] Il était né poète ; sa vie fut sa poésie ; il laissa tomber seulement, comme ses noyers de Saint-Lupicin livrent l’huile de leurs noix sous le vent d’automne, quelques pages succulentes de poésies intimes, recueillies par des amis et qui lui firent une de ces réputations de demi-jour plus douce, plus inviolable et plus durable que les gloires d’engouement parce que ce sont les gloires du cœur. […] Telle est la vie recueillie et cénobitique de ces heureux et rares esprits, jouissant de tout, cultivant tout, divinisant tout, qu’on appelle de ce doux nom : les dilettanti en Italie, les amateurs en France.

638. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Il était doux et lettré, il fit ses efforts pour capter Consalvi. […] Le Pape, si fidèle quand ses intérêts seuls étaient en question, fut doux et conciliant devant les caresses de l’Empereur. […] Nous jouissons à Rome de tous les droits de cité, et quand ma mère a appris de quelle manière si chrétienne le Pape et Votre Éminence se vengeaient de la prison de Fontainebleau et de l’exil de Reims, elle n’a pu que vous bénir au nom de son grand et malheureux mort, en versant de douces larmes pour la première fois depuis les désastres de 1814. […] Il s’y reposait encore une heure des fatigues du jour dans un doux et libre entretien, avec l’abandon de l’intimité et de la confiance.

639. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Rousseau et de Volney avait déteint sur ses pensées, mais son âme n’avait pas été altérée jusqu’au fond par ces doctrines décolorées et froides qui désenchantent l’esprit sans attendrir le cœur ; et, quand il rentra dans sa patrie, au milieu des ruines faites par l’incrédulité, et des efforts d’un gouvernement hardi et réparateur pour rattacher la France à ses anciens dogmes par des repentirs avoués et par des réconciliations politiques entre les armées et les autels, il ne lui fut pas difficile de renier le culte nouveau, qui n’était encore que doute, et de se rattacher aux douces habitudes de son imagination comme à d’anciens amis éprouvés avec lesquels on vient prier dans les mêmes temples et dans la même langue, après être rentrés sous les mêmes cieux. […] Les détails sont inconnus ; mais, quand on lit les doux repentirs qu’il confesse lui-même dans sa correspondance secrète avec madame Récamier, les fautes de fidélité sont manifestes. […] Cette mort fut douce et silencieuse comme le moment où l’âme confiante dans la miséricorde se jette avec tremblement dans le jugement de Dieu. […] Il est doux, mais puéril comme un enfant qui conte ses fables à sa mère ; on l’aime, mais on ne le croit pas.

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