Un des orateurs qui ont célébré Madame à l’époque de sa mort, son aumônier (l’abbé de Saint-Géry de Magnas), a dit à ce sujet : Demandée en mariage pour Monsieur par Louis XIV, la condition principale fut qu’elle embrasserait la religion catholique. […] Au contraire de la nature des femmes, elle n’a aucune envie de plaire, aucune coquetterie : « Nulle complaisance, dit Saint-Simon, nul tour dans l’esprit, quoiqu’elle ne manquât pas d’esprit. » On lui demandait un jour pourquoi elle ne donnait jamais un coup d’œil au miroir en passant : « C’est, répondit-elle, parce que j’ai trop d’amour-propre pour aimer à me voir laide comme je suis. » Le beau portrait de Rigaud nous la rend d’une parfaite ressemblance dans sa vieillesse, grasse, grosse, à double menton, aux joues colorées, avec la dignité du port toutefois et la fierté du maintien, et une expression de bonté dans les yeux et dans le sourire. […] Cela dit et ces éclaircissements donnés sur la communion particulière dans laquelle Madame avait été d’abord élevée, je demande à maintenir le nom et la trace de Luther dans les endroits où je le cite : il est certain que la princesse semble tenir de lui pour un reste de franche liberté, de large interprétation et d’indépendance, plutôt que de l’esprit rigoureux de Calvin.
Mais, pour prendre l’idée la plus agréable de ces premiers essais et travaux de Daru, tous inédits, excepté la traduction de l’Orateur publiée en 1788 ; pour les voir à leur point de vue comme les voyaient alors ses amis et ses maîtres, je demande à citer quelques passages charmants d’une correspondance qu’entretenait avec lui un digne oratorien, le père Lefebvre, le même à qui M. […] On le guette, on l’aborde au moment où il s’y attend le moins ; on lui demande avec douceur, et, s’il résiste, on va lui prendre de force ce vêtement nécessaire qui doit être l’instrument de la cure merveilleuse. […] Mérault), lui demandait avec instance ce petit conte que l’auteur lui avait toujours refusé, et il ajoutait agréablement : « Je crois avoir tout ce qui est à vous et de vous, Horace et Venise.
Revenons à ma promenade solitaire… Il s’interroge alors sur les causes de ce bonheur ; il se demande à quoi tient cette impression d’intime contentement : il sent que c’est qu’il est dans sa voie et qu’il est rentré dans une situation d’accord avec toute son organisation physique, laquelle a été faite pour le repos plus que pour les passions. […] Il passe sa vie à chercher un point d’appui en lui, à s’assurer que ce point central spirituel existe indépendant du dehors, qu’il n’est pas complètement à la merci des choses ou de la machine intérieure ; et quand il croit avoir trouvé ce point d’appui (arx animi), ce moi permanent, cette force et cette cause, il ne s’y tient pas, il le laisse et n’en fait rien ; il se repent « d’avoir trop compté sur lui-même » ; il va ailleurs, et demande secours, comme dans un naufrage, à l’esprit universel. […] En 1811, âgé de quarante-cinq ans, et plus lassé ou plus attentif que beaucoup d’autres, sentant la vie se décolorer et la scène intérieure pâlir, il se demandait avec tristesse si c’était là tout, si cette décroissance et cette décadence déjà sensible ne ferait que marcher plus ou moins vite, et s’il fallait se résigner, même dans l’ordre de l’esprit, à cette diminution physique et fatale de tout l’être.
Si j’avais jamais osé demander quelque chose, née avec une impétuosité toujours prête à m’entraîner au-delà, n’aurais-je pas été exigeante dans toutes mes relations ? […] Les premiers mots qu’elle vous disait, et par lesquels elle croyait vous honorer, concernaient votre croyance et l’état de votre âme : elle essayait d’un premier grapin à jeter sur vous. — « Quand on a fait Volupté, me dit-elle la première fois que je la vis, on a une responsabilité. » Je m’inclinai en silence. — J’ai beaucoup vu, dans un voyage qu’elle fit à Paris, cette charmante Roxandre, cette amie de jeunesse de Mme Swetchine et qui était devenue la comtesse Edling : elle s’est plainte à moi bien souvent (j’en demande bien pardon à ceux qui ont écrit le contraire) d’un certain fonds de froideur ou de réserve qu’elle rencontrait désormais dans son ancienne amie et qu’elle attribuait à la différence de communion. […] Ce qu’elle disait à trente ans, elle put le répéter à soixante-dix : « J’éprouve, j’inspire de la bienveillance ; mon besoin d’estime est satisfait ; j’ai rencontré les êtres les plus distingués. » On me demande quel est mon avis sur ses œuvres : je le dirai avec toute l’attention et la déférence dont je suis capable, mais un autre jour.
Une fois la dette de l’honneur et du sang payée par quelque affaire de guerre valeureuse et heureuse qu’on vantait sans cesse, on ne leur demandait plus rien que d’être aimables. […] Comme il soupait trois ou quatre fois la semaine chez Mme de Boufflers, et que j’étais logé chez elle, s’il ne me voyait pas au souper, il envoyait demander de mes nouvelles ; si j’étais dans mon appartement, incommodé, il venait quelquefois en prendre lui-même. » Dutens, quand il arriva à Paris avec le caractère de diplomate anglais, et chargé de lettres pour Mme de Boufflers, avait d’abord rencontré chez elle le prince de Conti auquel elle le présenta. […] Un jour que le comte de La Marche, fils du prince de Conti, demandait à M. de Choiseul, alors ministre de la guerre, la croix de Saint-Louis pour un officier, comme M. de Choiseul refusait de la donner en disant que le sujet ne la méritait pas encore, le comte de La Marche insista ; M. de Choiseul tint bon, quoiqu’il ne fût pas d’usage de refuser là-dessus un prince du sang.
Rien n’est cependant plus du sien, et Sa Majesté est persuadée qu’il convient tout à fait à son service, de faire entrer son armée en Piémont la campagne prochaine… Vous devez avoir reçu une lettre de Sa Majesté par laquelle elle vous marque que, voulant absolument que son armée entre en Piémont la campagne prochaine, elle ne vous rendra en aucune façon responsable des événements de la campagne, et c’est ce qu’elle m’a encore ordonné de vous confirmer… Comme je crois que vous voulez bien me compter au nombre de vos amis, j’ai cru ne pouvoir vous donner une plus grande marque que j’en suis que de vous avertir pour vous seul, s’il vous plaît, que Sa Majesté est persuadée que, si votre goût n’était point aheurté à une guerre défensive, il ne se trouverait peut-être pas tant de difficultés à en faire une offensive cette année : ainsi, quoique je ne sois pas capable de vous donner des conseils, cependant je crois devoir vous donner celui de renouveler de soins et d’attentions pour essayer de rendre facile, par l’avancement de la voiture (du voiturage) des farines, une chose que le roi désire aussi ardemment. » Catinat répondait en remerciant Barbezieux de cet avis amical, et il protestait que la défensive n’était point chez lui un parti pris et que son goût n’était point aheurté à ce genre de guerre ; qu’elle lui tenait, au contraire, l’esprit dans une continuelle inquiétude dont il aimerait mieux se décharger en agissant ; il ajoutait : « Le roi me demande des mémoires sur les dispositions de l’offensive : je ne puis que me donner l’honneur de les lui envoyer aussi détaillés qu’il m’est possible avec les difficultés qui se rencontrent dans leur exécution, afin qu’il lui plaise de donner ses ordres pour les surmonter. » Louis XIV se rendait en dernier ressort aux raisons et démonstrations de Catinat ; mais il se formait de lui peu à peu une idée qui n’était plus aussi avantageuse qu’auparavant, ni aussi brillante. […] Il fit demander au roi que, tout en restant à l’armée pour la fin de cette campagne, il lui fût permis de se retirer après, et il en donna les raisons suivantes, ne craignant point de fournir lui-même des motifs d’excuses et presque des armes à la sévérité dont il était l’objet : « Je ne suis.plus jeune, écrivait-il à Chamillart (28 août), je suis près d’entrer dans ma soixante-quatrième année. […] Dès qu’il s’agissait du Piémont et de la frontière d’Italie, le souvenir de ses anciens succès, de son expérience et de sa spécialité en pareil sujet, ramenait à lui ; on lui demandait des mémoires détaillés, et il se faisait un plaisir de les donner.
Marie-Thérèse, qui se contente d’abord, après un espoir si longtemps stérile, de voir la jeune reine déguignonnée, dût-elle n’avoir la première fois qu’une fille, finit cependant par s’insurger ; elle demande à cor et à cri un garçon, un dauphin : « J’étais indiscrète, mais à la longue je deviendrai importune… il nous faut un dauphin… il nous faut absolument un dauphin (juin 1780). » Après dix ans d’attente, ce n’était pas trop. […] Elle doit apprendre de bonne heure à s’occuper de choses sérieuses et se rendre capable d’être utile à son époux, s’il lui demandait un avis et lui parlait amicalement des affaires. […] mais je veux que vous demandiez conseil à Mercy de préférence à eux, que vous le voyiez plus souvent, que vous lui parliez de tout et que vous ne rendiez rien de ce qu’il vous dira aux autres ; que vous commenciez à agir par vous-même.
Le père, Pierre de La Mennais, négociant, avait mérité d’être anobli sur la demande même des États de Bretagne, réunis à Rennes en 1786. […] En obéissant au démon intérieur, il s’efforce donc d’entraîner son frère, de le déraciner de sa Bretagne ; il cherche les raisons les plus émouvantes ; il lui demande si, antérieurement à tout autre engagement, il n’est pas lié envers lui, son enfant d’adoption, son frère à la fois selon le sang et selon l’esprit : « Quand tu es allé t’établir à Saint-Brieuc, n’espérions-nous pas nous y réunir ? […] « J’ai peu de talent, écrit-il (26 octobre 1814), et pourtant en regardant dans ma tête il me semble qu’il y a là quelque chose qui ne demande qu’à sortir. » Les événements politiques pourront encore retarder La Mennais un ou deux ans ; l’écrivain dès lors se sentait prêt, en mesure et de force pour le combat.
On peut trouver à redire au pêle-mêle, désirer plus de discernement dans cette pêche miraculeuse de chaque matin, demander trêve pour les plus jeunes, qui ont besoin d’attendre et de grandir, pour les plus mûrs, dont cette impatience puérile interrompt souvent la lenteur fécondante ; mais enfin il semble qu’au prix de quelques inconvénients on obtient au moins cet avantage de ne rien laisser échapper qui mérite le regard. […] Ainsi livrés à tout ce qui s’agite et se succède autour de nous, affectés par l’oiseau qui passe, la pierre qui tombe, le vent qui mugit, le nuage qui s’avance, modifiés accidentellement dans cette sphère toujours mobile, nous sommes ce que nous font le calme, l’ombre, le bruit d’un insecte, l’odeur émanée d’une herbe, tout cet univers animé qui végète ou se minéralise sous nos pieds ; nous changeons selon ses formes instantanées, nous sommes mus de son mouvement, nous vivons de sa vie. » Cette abdication de la volonté au sein de la nature, cette lenteur habituelle d’une sensation primordiale et continue, il la trouve si nécessaire au calme du sage en ces temps de vertige, qu’il va jusqu’à dire quelque part que, plutôt que de s’en passer, on la devrait demander aux spiritueux, si la philosophie ne la donnait pas. […] L’amour est ce feu paisible et fécond, cette chaleur des cieux qui anime et renouvelle, qui fait naître et fleurir, qui donne les couleurs, la grâce, l’espérance et la vie… Lorsqu’une agitation nouvelle étend les rapports de l’homme qui essaye la vie, il se livre avidement, il demande à toute la nature, il s’abandonne, il s’exalte lui-même, il place son existence dans l’amour, et dans tout il ne voit que l’amour seul.
On ne devra pas demander de pensée de ce genre à un Spectacle dans un Fauteuil, que M. de Musset vient de publier, bien que ce livre classe définitivement son auteur parmi les plus vigoureux artistes de ce temps ; mais l’esprit de l’époque, en ce qu’elle a de brisé et de blasé, de chaud et de puissant en pure perte, d’inégal, de contradictoire et de désespérant, s’y produit avec un jet et un jeu de verve admirables en toute rencontre, et qui effrayent de la part d’un si jeune poëte. […] Le plus beau passage du volume, ces stances du milieu de Namouna, que nul ne se chantera sans larmes, ce Don Juan vraiment nouveau, réalisé d’après Mozart, qu’est-ce encore, je le demande, sinon l’amas de tous les dons et de tous les fléaux, de tous les vices et de toutes les grâces ; l’éternelle profusion de l’impossible ; terres et palais, naissance et beauté ; trois mille71 noms de femmes dans un seul cœur ; le paradis de l’enfer, l’amour dans le mal et pour le mal, un amour pieux, attendri, infini, comme celui du vieux Blondel pour son pauvre roi ? […] Bien qu’un poëte ne soit pas nécessairement un critique, que mille éléments suspects animent les jugements littéraires qu’il laisse tomber d’un ton d’oracle, et qu’on ne doive pas lui en demander un compte trop scrupuleux, pourtant la préface en vers de M. de Musset renferme, entre autres opinions contestables, un rapprochement entre Mérimée et Calderon, qui m’a semblé dépasser toutes les bornes de la licence poétique en pareille matière : L’un, comme Calderon et comme Mérimée, Incruste un plomb brûlant sur la réalité, etc.
Les indifférents, les empressés qui surviennent chaque jour ne demanderaient pas mieux que de les fouler. […] Je ne suivrai point le pauvre poëte en peine dans la quantité de petits journaux oubliés auxquels, çà et là, il payait et demandait l’obole. […] Le poëte est comme la giroflée qui s’attache frêle et odorante au granit, et demande moins de terre que de soleil.
Plus elle est monstrueuse, plus elle est vivace, accrochée aux plus frêles vraisemblances et tenace contre les plus fortes démonstrations Sous Louis XV, pendant l’arrestation des vagabonds, quelques enfants ayant été enlevés par abus ou par erreur, le bruit court que le roi prend des bains de sang pour réparer ses organes usés, et la chose paraît si évidente, que les femmes, révoltées par l’instinct maternel, se joignent à l’émeute : un exempt est saisi, assommé, et, comme il demandait un confesseur, une femme du peuple prend un pavé, crie qu’il ne faut pas lui donner le temps d’aller en paradis, et lui casse la tête, persuadée qu’elle fait justice739 Sous Louis XVI, il est avéré pour le peuple que la disette est factice : en 1789740, un officier, écoutant les discours de ses soldats, les entend répéter « avec une profonde conviction que les princes et les courtisans, pour affamer Paris, font jeter les farines dans la Seine ». Là-dessus, se tournant vers le maréchal-des-logis, il lui demande comment il peut croire à une pareille sottise […] Et d’ailleurs comment empêcher des gens à l’aumône de demander l’aumône Sans doute l’effet en est lamentable, mais il est infaillible.
Un grand besoin d’ordre et de paix s’est à la longue éveillé, surtout dans le peuple et dans la bourgeoisie : on se réfugie dans la monarchie absolue, à qui l’on demande le salut de l’État et la protection des intérêts privés. […] Montaigne a bien délimité l’inconnaissable : mais s’il vit à l’aise dans son positivisme, tous les esprits qui ne peuvent se passer de certitude demandent à la foi de parler où la raison se tait. […] Le tendre François de Sales, sous l’aménité fleurie de ses discours, arme la volonté, et lui donne tout, pour lui tout demander.
Dans les yeux qui se fondent et les rates qui se gonflent, cherchons la raison, le secret et le prix de cet art étrange, qui provoque, pour quelque argent, l’excitation nerveuse qu’on lui demande. […] — Par contre, si, évoquant le vieux sens mythologique et liturgique, on veut désigner par ce vocable une faculté mystérieuse, une force semi-divine, un don accordé à quelques élus qu’on peut nommer et compter, je demanderai, de bonne foi, sur qui est descendue cette grâce et à quelle auréole on la reconnaît. […] Oserons-nous maintenant demander si notre vie a droit à ces épithètes, alors qu’il n’y a pas d’exemple d’une conduite plus personnelle que celle de nos contemporains ?
Dans les yeux qui se fondent et les rates qui se gonflent, cherchons la raison, le secret et le prix de cet art étrange, qui provoque, pour quelque argent, l’excitation nerveuse qu’on lui demande. […] — Par contre, si, évoquant le vieux sens mythologique et liturgique, on veut désigner par ce vocable une faculté mystérieuse, une force semi-divine, un don accordé à quelques élus qu’on peut nommer et compter, je demanderai, de bonne foi, sur qui est descendue cette grâce et à quelle auréole on la reconnaît. […] Oserons-nous maintenant demander si notre vie a droit à ces épithètes, alors qu’il n’y a pas d’exemple d’une conduite plus personnelle que celle de nos contemporains ?
Mais ce qui serait à désirer, c’est que les savants les plus spéciaux eussent le sentiment intime et vrai de leur œuvre et que les esprits philosophiques ne dédaignassent pas de s’adresser à l’érudition pour lui demander la matière de la pensée. […] Mais, quand les sources originales existent et ne demandent qu’à être explorées, il y a quelque chose de grotesque dans cet ajustage de lambeaux épars, inexacts, sans suite, que l’on systématise à sa guise et sans aucun sens de la manière dont le font les indigènes. […] Il serait puéril de se demander comment elle se fera.
Avec Haüy et Malus, vous demandiez d’abord au cristal le secret de ses caprices apparents. […] Biot vous demandait et que vous lui avez fournies, — d’une de ces preuves telles que vous les exigez de vos contradicteurs et que rarement ils peuvent vous fournir. […] Il leur exposa son état et leur demanda la permission de sortir d’une vie qui allait finir bientôt, et d’abréger ainsi la durée de ses souffrances… Cette véridique histoire m’est revenue bien souvent en l’esprit, sans que je prémédite rien de semblable à la résolution d’Atticus, sachant qu’aucune permission ne me serait donnée !
Mamignon aime Cyprienne : il se déclarait ; il va sans doute demander sa main. « Touchez-là, mon neveu ! […] La vénalité, chez la femme galante, peut ne pas exclure une certaine fierté ; chez l’épouse tombée, elle se contrefait en mendicité sentimentale et plaintive : l’une réclame le prix de son corps, l’autre en demande humblement l’aumône. […] Autour d’elle chuchotent les insinuations et les médisances ; on se demande quelle fée lui file les dentelles qu’elle a sur le corps.
Un jour Grimm, qui écrivait à plusieurs souverains du Nord des nouvelles de la littérature et des beaux-arts, demanda à Diderot de lui faire un compte rendu du Salon de 1761. […] Ne quitte ton atelier que pour aller consulter la nature… » On se demande ce que vient faire là cette compagne du jeune Loutherbourg. […] C’est le cas, ou jamais, je le crois, d’appliquer ce mot que le chevalier de Chastellux disait à propos d’une autre production de Diderot, et qui peut se redire plus ou moins de presque tous ses ouvrages : « Ce sont des idées qui se sont enivrées, et qui se sont mises à courir les unes après les autres. » Diderot vieillissant se demandait s’il avait bien employé sa vie et s’il ne l’avait point dissipée.
Saint-Évremond demanderait une étude à part ; aujourd’hui nous ne voulons de lui que la faveur d’être introduits dans l’intimité de celle qui, pendant une si longue vie, renouvela tant de fois le charme, et dont l’esprit se perfectionna jusqu’à la fin. […] J’ai quelquefois entendu demander pourquoi j’aimais tant à m’occuper de ces femmes aimables et spirituelles du passé, et à les remettre dans leur vrai jour. […] Elle parle volontiers, elle rit aisément, elle se fait un grand plaisir d’une bagatelle, elle aime à faire une innocente guerre à ses amis… Mais, parmi toute cette disposition qu’elle a pour la joie, on peut dire que cette aimable enjouée a toutes les bonnes qualités des mélancoliques qui ont l’esprit bien fait, car elle a le cœur tendre et sensible, elle sait pleurer avec ses amies affligées ; elle sait rompre avec les plaisirs quand l’amitié le demande ; elle est fidèle à ses amis ; elle est capable de secret et de discrétion ; elle ne fait jamais de brouillerie à qui que ce soit ; elle est généreuse et constante dans ses sentiments, et elle est enfin si aimable qu’elle est aimée des plus honnêtes personnes de la Cour, de l’un et de l’autre sexe, mais de gens qui ne se ressemblent ni en condition, ni en humeur, ni en esprit, ni en intérêts, et qui conviennent pourtant tous que Clarice est très charmante, qu’elle a de l’esprit, de la véritable bonté et mille qualités dignes d’être infiniment estimées.
Ce gros amoureux, appelé sir Marmaduke, avait formé un projet des plus galants : « C’est dans quinze jours les courses d’Ipswich, écrivait miss Marianne à Lauzun ; il a fait faire une coupe d’or plus lourde que moi, qui sera gagnée par un cheval qui lui a coûté deux mille louis. » Il ne demandait que la faveur de mettre la coupe d’or aux pieds de sa belle. […] La reine avait porté cette plume dès le jour suivant ; « et lorsque je parus à son dîner, dit Lauzun, elle me demanda comment je la trouvais coiffée ? […] Lauzun avait commencé à lui être infidèle avant même de l’avoir épousée car dans le temps où il allait lui faire sa cour au parloir de Port-Royal, ayant eu occasion d’y rencontrer Mlle de Beauvau (depuis princesse de Poix), il se prit de goût pour celle-ci et lui fit une déclaration par lettre ; il sollicitait son aveu pour rompre l’union projetée et la demander à ses parents « Elle eut horreur de la proposition du duc, et lui renvoya immédiatement sa lettre recachetée.
C’est ce que se demande un jour la muse de Jasmin, à une heure de rêverie où l’image de cette pauvre fille, avec sa grâce de vierge sous les haillons, lui revenait en pensée, et, après avoir bien quêté de ses nouvelles à travers champs, s’être bien enquis « à travers vignes et pâquerettes », voici ce qu’elle a trouvé : Un jour, près des bords que la rivière du Lot baise fraîchement de son eau claire et fine, dans une maisonnette cachée sous les ormes touffus, tandis qu’à la ville prochaine les jeunes garçons tiraient au sort, une jeune fille pensait, puis priait Dieu, puis se levait et ne savait tenir en place. […] Laissons de côté les improvisations obligées et les compliments en madrigaux qu’il est obligé de répandre sur son chemin, en retour de chaque hommage et de chaque hospitalité triomphale qu’il reçoit : lui-même il se juge sur ce point aussi sévèrement qu’on pourrait le faire, et quand la reconnaissance chez lui est sérieuse, il demande du temps et du recueillement pour l’exprimer : « On n’acquitte pas, dit-il, une dette poétique avec des impromptus ; les impromptus peuvent être la bonne monnaie du cœur, mais ils sont presque toujours la mauvaise monnaie de la poésie. » Prenons donc Jasmin par ses côtés charmants et sérieux, tout à fait durables. […] Masson, voyant son église en ruines et la ferveur de son troupeau s’en ressentir, s’adressa, en 1843, à Jasmin pour lui demander de l’aider, dans une tournée, à recueillir des souscriptions.
Mais, à côté de ces travers tout à fait désagréables du dialecticien, on aime à dégager de belles et justes pensées comme celle-ci, qu’il ne faut pas que la loi conspire avec les passions de l’homme contre sa raison : « Ainsi, du côté que l’homme penche, la loi le redresse, et elle doit interdire aujourd’hui la dissolution à des hommes dissolus, comme elle interdit, il y a quelques siècles, la vengeance privée à des hommes féroces et vindicatifs. » La conclusion de ce traité Du divorce, adressée sous forme d’allocution aux législateurs du Code civil, est d’une grave et réelle éloquence ; l’âme de l’homme de bien et du bon citoyen s’y fait jour par des accents qui ne se laissent pas méconnaître ; on y entend ce cri vertueux et ce vœu de réparation qui s’élève de la société après chaque grand désordre, et qui ne demande qu’à être régulièrement dirigé : Commandez-nous d’être bons, et nous le serons. […] Il se demandait encore, et c’est surtout aujourd’hui le cas de nous demander tous avec lui : Que s’est-il donc passé dans la société, qu’on ne puisse plus faire aller qu’à force de bras une machine démontée, qui allait toute seule, sans bruit et sans effort59 ?
Pour nous, qui sommes incompétent sur le fond de ces doctes matières, nous nous bornerons ici à ce qui est de notre portée et de notre coup d’œil, et aussi à ce que nous demandent nos lecteurs, je veux dire à tâcher de saisir et de marquer la forme de l’esprit de M. […] En relisant aujourd’hui cette pièce, on se demande à quoi a tenu un tel succès, et on sent le besoin de se l’expliquer. […] Raynouard, auteur d’ailleurs fort estimable et d’un grand talent, nous le représente comme un homme froid, impassible ami de la justice, qui n’a aucune raison d’aimer ou de haïr les Templiers, qui tremble devant un inquisiteur et qui ne semble demander que pour la forme aux Templiers un acte de soumission et de respect.
« J’ai souvent remarqué avec étonnement, dit encore Mme de Motteville, que dans ses jeux et dans ses divertissements ce prince ne riait guère. » On a une lettre par laquelle il demande au duc de Parme (5 juillet 1661) de lui faire venir un Arlequin pour sa troupe italienne : il le demande dans les termes du plus grand sérieux, et sans le moindre petit mot de gaieté. […] [NdA] En réimprimant cette étude, le mot de La Bruyère m’est souvent revenu à la mémoire : « Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain. » l.
Gourville, en effet, de retour en France, et au terme de ses aventures, demanda au prince de Condé de lui accorder la jouissance, sa vie durant, de la capitainerie de Saint-Maur, et il y fit de la dépense en bâtiments et en jardins : ce genre de folie, remarque-t-il en s’en confessant légèrement atteint, était une des maladies qui couraient de ce temps-là. […] Il est en toutes choses ce que les Quinola sont à la petite prime ; et, quand j’aurai besoin de canon, je vous demanderai encore Gourville… Le tout signé : « Armand de Bourbon. » Et on lit au post-scriptum : Nous marchons après demain pour aller attaquer une place en Cerdagne, appelée Puycerda : j’attends Gourville pour en faire la capitulation. […] C’est le gouverneur en personne, M. de Bachelière, qui se présente chez lui : Il vint pour cela à mon appartement, accompagné de quelques gens ; et, ayant trouvé mon laquais à la porte de ma chambre, il lui demanda si j’étais là, et ce que je faisais.
Quand celui-ci est arraché à l’armée des Alpes et se voit à regret nommé au commandement de l’artillerie dans l’armée de l’Ouest, il emmène avec lui Junot et Marmont : « Quoique je ne fusse retenu auprès de lui qu’extraordinairement sur sa demande, dit Marmont, il me proposa de le suivre, et je me décidai à l’accompagner sans autre ordre que le sien. » En passant par la Bourgogne, Bonaparte s’arrête dans la famille de Marmont. […] Marmont, qui avait, gardé tout son feu, et qui ne perdait pas un commandement en chef, demanda à être employé au siège de Mayence : c’était une grande école pour un officier d’artillerie. […] Mes blessures étaient encore ouvertes, mon bras sans aucun mouvement, et soutenu par une écharpe ; il me demanda comment je me portais, et quand je lui eus dit que je souffrais encore beaucoup, il répondit : « Il faut vous faire couper le bras1. » Je lui répliquai que je l’avais payé assez cher par mes souffrances, pour tenir aujourd’hui à le conserver ; et cette singulière observation en resta là.
Clavier, et en jetant les yeux autour de lui : « Il me semble que tout ce que j’aime est ici » ; et il demande en mariage la fille aînée de son ami, laquelle était encore dans la première jeunesse. […] Ne demandons point à Courier une théorie politique constitutionnelle un peu élevée et compliquée, qui concilie jusqu’à un certain point les souvenirs anciens avec les intérêts nouveaux, et qui cherche à donner un point d’appui social à toutes les gloires. […] Et s’emparant des bruits de guerre qui circulaient alors (1822), il finit par une image belliqueuse, et se demande « s’il est temps d’obéir aux moines et d’apprendre des oraisons, lorsqu’on nous couche en joue de près, à bout touchant, lorsqu’autour de nous toute l’Europe en armes fait l’exercice à feu, ses canons en batterie et la mèche allumée ».
On n’est pas juste pour Grimm ; on ne prononce jamais son nom sans y joindre quelque qualification désobligeante : j’ai moi-même été longtemps dans cette prévention, et, quand je m’en suis demandé la cause, j’ai trouvé qu’elle reposait uniquement sur le témoignage de Jean-Jacques Rousseau dans ses Confessions. […] On lui demanda s’il était homme à en livrer autant dans quinze jours. […] Ne demandons pas plus que cet aveu échappé à l’un des hommes qui se piquaient le plus d’être sans préjugés : cette seule plainte mal étouffée est un hommage au devoir.
J’espère bien, pour le coup, que Votre Altesse Royale ne me demandera pas de qui je parle ; ou, si quelque chose pouvait encore la retenir en doute, ce ne pourrait être que sa modestie. […] Après quoi, il n’eût pas mieux demandé que de redevenir le roi pacifique, humain et administrateur qu’il avait d’abord rêvé d’être et qu’il fut en définitive. […] On se demande ce que serait devenue cette incomparable amitié si M. de Suhm avait vécu, ce qu’il aurait pensé de son ami le philosophe en le voyant devenu guerroyeur et conquérant, ce qu’il aurait dit des soupers de Potsdam, des entretiens de Sans-Souci, des licences philosophiques que certains convives y apportaient, et si l’idéal premier, au milieu de l’admiration persistante, n’aurait pas subi un déchet inévitable ?
En poussant jusqu’au bout cette opposition, nous finissons par nous, demander s’il ne peut exister un objet séparé du sujet, existant en lui-même et non plus seulement pour nous ; et nous formons ainsi la notion problématique d’une réalité en soi, par opposition à l’être pour nous, d’une réalité indépendante par opposition aux phénomènes dépendants de notre cerveau. […] Mais l’intelligence en vient à se demander s’il n’y a pas de l’inconnu qui ne serait ni phénomène ni loi de phénomènes, et qui, à ce titre, serait inconnaissable en vertu de sa nature et de la nôtre. […] Enfin on peut aller plus loin encore et se demander s’il n’y a pas une réalité inconnaissable non seulement pour nous, mais en soi et pour toute intelligence, une réalité qui existerait parce qu’elle existerait, sans qu’on en pût donner aucune raison, sans qu’on pût en aucune manière rendre son existence intelligible.
Comme ce jeune Jérusalem dont il nous parle quelque part, et sans lequel (j’en demande bien pardon à Goethe !) […] puisque Henri Heine voulait désaltérer un esprit, divinement souffrant, qui n’aurait dû boire que ses larmes, dans les eaux troubles et courantes de ces philosophies qui passent si vite en Allemagne et tout à coup y tarissent, on peut se demander pourquoi il n’est pas allé à M. de Schelling, attiré par la sympathie des grandes facultés fraternelles ? […] Elle sait qu’elle a un deuil à porter… La Critique, — qui voit le ravage fait par les idées fausses et les négations infécondes dans une de ces merveilleuses organisations, une de ces lyres humaines accordées pour vibrer sous l’Affirmation infinie, comme dit M. de Schelling, — la Critique a le droit de demander compte à Heine des dons exquis d’originalité profonde et souveraine qu’il a sacrifiés à des idées, des théories et des passions parfaitement indignes de son génie.
Je me demande ce qu’ils trouvent de soutien patriotique dans leur religion. […] Il le demande à M. […] Âgé de quarante ans, affecté au service des étapes, il demande à passer dans l’active. « J’attends impatiemment de faire mon devoir comme je le désire et le comprends ; comme Français et Juif, je dois le faire doublement.
Après avoir écouté attentivement, il prit la parole et s’exprima à peu près en ces termes : « Tout ce que vous dites m’intéresse beaucoup, mais je vous demande de réfléchir avant de tirer une conclusion. […] Eh bien, le moment est venu de regarder cette hypothèse en face et de se demander ce qu’elle vaut. […] Je me suis demandé quelquefois ce qui se serait passé si la science moderne, au lieu de partir des mathématiques pour s’orienter dans la direction de la mécanique, de l’astronomie, de la physique et de la chimie, au lieu de faire converger tous ses efforts sur l’étude de la matière, avait débuté par la considération de l’esprit — si Kepler, Galilée, Newton, par exemple, avaient été des psychologues.
On leur demande, autour du roi, ce que font les Grecs. Sur leur réponse, que les Grecs célèbrent les fêtes d’Olympie et regardent des combats d’athlètes et des courses de chevaux, un des seigneurs perses demande quel était le prix disputé dans ces luttes. […] Rien de plus beau que cette puissante prière, qui fait apparaître l’ombre de Darius dans le palais désolé de son fils : « Ô femme royale118, dit le chœur, vénérable aux Perses, envoie tes offrandes dans les demeures souterraines : et nous, nous allons demander, dans nos hymnes, la faveur des Dieux qui sont les conducteurs des défunts sous la terre !
Ayant à écrire de la littérature française et à la suivre dans son développement à travers les siècles, il s’est demandé tout d’abord au début ce que c’est que l’esprit français ; il s’en est fait préalablement une idée, il s’en est formé comme un exemplaire d’après les maîtres les plus admirés, d’après les classiques le plus en honneur et en crédit ; il a présenté aux lecteurs français un portrait tout à fait satisfaisant de l’esprit français vu par ses beaux côtés et en ses meilleurs jours. […] que de propositions leur sembleraient trop fortes et trop brèves, et sur lesquelles ils demanderaient à réfléchir un moment avant de se risquer à y adhérer !
J’ai écrit à Fontanes pour lui demander des détails, mais il ne me les donnera pas, et jusqu’ici je n’ai rien su que par vous seul. […] Tous les autres, et ceux qui sont nés et venus trop tard pour connaître M. de Chateaubriand, et ceux qui, ne l’ayant connu que tard, ne l’ont vu que sous sa dernière enveloppe moins transparente qu’autrefois, ne sauraient demander mieux ni davantage, ce me semble : le Chateaubriand primitif, et aussi le Chateaubriand social est expliqué, après qu’on a lu cette lettre ; et d’après ce qu’on y lit même, on voit qu’il gardait jusque dans son égoïsme naïf bien du bon encore, surtout de l’aimable, du séduisant ; je ne l’ai jamais nié.
Il y a longtemps que, dans un de ses dialogues, Vauvenargues faisait demander par Pascal à Fénelon ce que c’est qu’un certain évêque qu’on a égalé à Bossuet pour l’éloquence ; et Fénelon répondait en des termes fort durs pour Fléchier, parlant de lui comme d’un rhéteur déjà au déclin de sa réputation. […] Cette double action du récit fait d’abord un peu l’effet de la fameuse lettre de madame de Sévigné, lorsqu’elle badine sur les émeutes et les exécutions en Bretagne : Nous ne sommes plus si roués… On se demande si ce n’est pas montrer quelque légèreté que de prendre ainsi le côté sombre et sanglant de la justice comme matière ou contraste à divertissement.
Est-il plus sérieux, je te le demande, ne se joue-t-il pas bien davantage, celui qui vient me décrire le festin du cruel Térée ou la crudité de ton horrible mets, ô Thyeste ? […] Qu’on se demande, au contraire, où n’irait pas un talent vrai, fortifié par des habitudes saines, et recueilli, au sortir de la jeunesse, au sein d’une vertueuse maturité.
Ceux qui croyaient qu’il faut aux jeunes gens une philosophie quelconque comme une rhétorique, n’avaient rien de mieux à demander et devaient être contents. […] En revoyant cette première partie du Cours ainsi rajustée et heureusement rajeunie, on pouvait se demander si les leçons de 1828-1829, que nous possédons saisies et fixées par la sténographie, mais saisies au vol et dans toute la rapidité de l’improvisation, si ces leçons, jusqu’ici très-goûtées et plus que suffisantes, n’allaient pas souffrir quelque peu du voisinage et réclamer de l’auteur une retouche légère à leur tour.
L’auteur ne fait pas plus mal qu’à son début, mais on lui demande davantage. […] Si nous n’avions pas les deux Chambres, et si nous en étions encore à la monarchie de Louis XIV ou de Louis XV, qu’aurions-nous à réclamer de mieux, je le demande, que les admirables analyses sentimentales de Racine ou les drames philosophiques de Voltaire ?
L’attente était grande, bruyante, mais non orageuse ; des sentiments divers planaient en rameur sur cette multitude passionnée ; on demandait le Chant du Départ, on chantait la Marseillaise ; puis la toile, se levant avec lenteur, découvrit une vue merveilleuse de Venise que saluèrent mille applaudissements : « Admirable jeunesse, me disais-je, qui trouves place en toi pour toutes les émotions, qui aspires et t’enflammes à tous les prestiges ; va, tu seras grande dans le siècle, si tu sais ne pas trop t’égarer, si tu réalises bientôt le quart seulement de ce que tu sens, de ce que tu exhales à cette heure ! […] Une fois son drame accepté, applaudi, autorisé, le poëte est bien plus à l’aise pour en modifier, en assouplir l’esprit et les formes ; il lui est plus facile de se relâcher quand il a vaincu, que quand il lutte ; or, ce qu’on demande surtout à M.
J’ai entendu demander souvent quelle est l’unité de cette Revu. […] Par la conception de l’art, par la recherche philosophique, il appartient tout entier à l’avenir, et ne s’enchaîne au passé par aucun préjugé d’école ; mais en même temps, c’est au passé surtout étudié positivement et avec impartialité, qu’il demande ses conjectures et ses espérances sur la destinée du siècle.
Votre spectateur parisien voit à sept heures précises Agamemnon réveiller Arcas ; il est témoin de l’arrivée d’Iphigénie ; il la voit conduire à l’autel où l’attend le jésuitique Calchas ; il saurait bien répondre, si on le lui demandait, qu’il a fallu plusieurs heures pour tous ces événements. […] Leur âme étant susceptible d’impressions vives, le plaisir peut leur faire oublier la vanité ; or, c’est ce qu’il est impossible de demander à un homme de plus de quarante ans.
Et l’on se demande : A quoi bon ? […] Il sait, lui aussi, ce que demandent et ce qu’attendent ses lecteurs, l’immense multitude des badauds.