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896. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Myriel, et, convenons-en, il l’a fait avec une généreuse intrépidité dans un moment où la littérature, disons le mot, une littérature médiocre, scolastique, sans feu, sans ailes, sans imagination, se retourne niaisement vers l’athéisme, cette bêtise sans fond, et croit avoir inventé quelque chose en inventant le néant ! […] Il faut convenir que ce pauvre évêque avait peu de présence d’esprit contre les paradoxes du terrorisme, et l’on ne doit pas s’étonner qu’il tombe, comme saint Paul sur le chemin de Damas, atterré et sans paroles, aux genoux de celui qui daigne l’instruire des droits de la colère et de la sublimité des vengeances du peuple, pour adorer le révélateur du mystère de l’échafaud et pour montrer, le lendemain, le ciel comme le seul séjour digne de ce prophète du comité de salut public ! […] Il convient aussi de rectifier, aux yeux du peuple, les idées très faussement populaires sur l’impôt.

897. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Il demeurait donc bien convenu que, dans ces trois fameuses représentations, tout se passerait entre amis, en famille … On ignore trop ce que peuvent pour la gloire d’un seul grand homme deux cents amis dûment groupés et qui manoeuvrent sous l’infatigable direction de huit ou dix journalistes jouant du fifre et du tambour. […] C’est ce qu’il convient d’examiner. […] Il ne croyait pas dire aussi vrai quand il avouait « avoir oublié toute théorie en composant Tristan et Iseult et n’avoir senti que ce jour-là combien son essor créateur brisait les barrières de son système écrit. » Il faut le bien préciser : cette discussion est purement musicale et ne tend à prouver autre chose, sinon que, pour rendre l’amour en musique, il convient de s’en tenir aux « lieux communs de morale lubrique « dont parle Boileau.

898. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

L’auteur des Ducs de Guise n’a reçu le coup, on ne peut pas dire de soleil, de l’influence de Guizot, que sur le titre de son ouvrage ; Mais, par ailleurs, il a échappé à la trop vaste influence de l’homme qui a rayonné, sans rayons, sur tous les historiens de son temps ; qui a, j’en conviens, ravivé en France l’enseignement et les études historiques, mais qui, pour son compte, quand il a écrit l’Histoire, l’a roidie dans un doctrinarisme insupportablement étroit et pédant, — et Forneron, du reste, n’y a pas toujours échappé. […] Et on n’était pas moins Français, quand on était catholique, pour s’appuyer sur l’Espagne, qu’on ne l’était, quand on était protestant, pour s’appuyer sur l’Angleterre… Mais c’est la vérité, pourtant, — et mon catholicisme est assez ferme pour en convenir, — qu’ils ne sont pas si grands dans cette histoire qu’on aurait pu s’y attendre et que l’opinion catholique trop reconnaissante les avait faits, ces Guise, qui ont mêlé aux intérêts éternels qu’ils eurent l’honneur de représenter leurs passions, leurs ressentiments et leurs vices, — passions, ressentiments et vices d’un temps terrible où chacun, même les femmes, avait sur les mains du sang de quelqu’un. […] VIII Et, en effet, pour cet historien catholique, qui n’est pas venu, comme pour l’historien politique que voici, le règne de Philippe II, — malgré sa foi, qu’admire encore la nôtre, et qui le tenait par la dernière fibre de ses entrailles, devenues cruelles et corrompues, — le règne de Philippe II, il faut bien en convenir, fut un temps affreux.

899. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

., définitions qui, même si elles convenaient réellement à toutes les formes du comique, n’expliqueraient pas le moins du monde pourquoi le comique nous fait rire. […] Imaginons une certaine inélasticité native des sens et de l’intelligence, qui fasse que l’on continue de voir ce qui n’est plus, d’entendre ce qui ne résonne plus, de dire ce qui ne convient plus, enfin de s’adapter à une situation passée et imaginaire quand on devrait se modeler sur la réalité présente. […] Elle convient sans doute à des cas élémentaires, théoriques, parfaits, où le comique est pur de tout mélange.

900. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il arrêta les frais ; mais il faut convenir que, pendant soixante-dix ans, il s’était joliment amusé. […] Et ne convins-tu pas tout à l’heure qu’après elle aussitôt venait l’amitié ? […] Il a très bien pris le genre de style qui convenait à ce genre d’adaptation. […] Il convient de rappeler la femme à ses vrais emplois, c’est-à-dire à ses vraies vertus. […] L’argument est fort, et je ne fais aucune difficulté d’en convenir.

901. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Mais taisons-nous, il est de ces douleurs inconsolables, de ces irréparables pertes, auxquelles le silence seul saurait convenir. […] Il convient de ne point oublier l’excentrique Castil-Blaze21. […] Cependant, nous ne croyons pas devoir écarter entièrement cette tradition ; il convient d’imiter la réserve de MM.  […] Dans cette langue hybride, il était difficile de rester à la hauteur des maîtres passés ; mieux convenait, pensa-t-il, répudier leur héritage et aller à la dérive après les maîtres madrilènes. […] Aussi bien aucun des trois, ni le romancier, ni le poète, ni l’historien, n’était un Maître, et sur la lauze d’une tombe, ce n’est que des Maîtres qu’on peut parler comme il convient.

902. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Quant à Sterne, j’en conviens, il peut bien avoir suggéré à Mackenzie, non pas l’idée, mais la forme de son premier livre. […] À la bonne heure, j’en conviens. […] C’est rarement, comme on pourrait s’y attendre, les images douces et modestes qui pourraient convenir à l’élégie. […] La sobriété contenue de Goldsmith, la lenteur savante et didactique de Wordsworth, la crudité âpre et impitoyable de Crabbe ne convenaient pas au poète français. […] C’est un bon garçon, j’en conviens ; mais le type n’en est pas tout à fait perdu chez nous.

903. (1927) Approximations. Deuxième série

La « note » convient bien aux approches « familières » et à leur sensibilité visuelle. […] A l’œuvre de qui conviendrait mieux ce qu’elle dit de l’héroïne d’Esclave : « … Grâce, au joli nom qui lui seyait si bien ! […] Aussi en son cas surtout convient-il de ne pas fausser, en en majorant la portée, le passage du soliloque au dialogue. […] Martineau conviendrait sans doute avec moi que pas plus que l’homme en général l’homme de génie ne doit parler comme un livre, — fut-ce comme un de ses propres chefs-d’œuvre. […] Dans quelle mesure en revanche convient-il de ne pas outrepasser à cet égard ?

904. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Et je conviens qu’elles l’ont fait ! […] Leurs façons de dire n’ont été que l’expression de leur manière de penser ; et le jugement qu’il convient d’en porter ne relève pas tant de la linguistique ou de la philologie que de la psychologie. […] Il convient d’ajouter que tout ce travail se fait en commun, non seulement entre gens de lettres, mais entre « honnêtes gens » ou « gens du monde » ; et sans doute c’est pour cette cause que la « préciosité », d’une manière générale, n’a pas eu le même sort en France qu’en Angleterre, en Espagne, et en Italie. […] Je me suis demandé quelquefois s’il ne conviendrait pas d’attribuer une part dans cette transformation à ce retour offensif de l’influence espagnole, qui coïncide, entre 1700 et 1714, avec l’avènement d’un petit-fils de Louis XIV au trône de Charles-Quint, ou plutôt qui en est la suite. […] Il convient d’ajouter que, de 1710 à 1820, peu d’auteurs ont été plus réimprimés que Jean-Baptiste Rousseau.

905. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Sue se noue et se dénoue avec une simplicité qui peut convenir à l’histoire, mais qui, à coup sûr, ne convient pas au roman. […] D’ailleurs, les motifs qui décident Nazelles à trahir le secret de Latréaumont ne conviennent qu’au mélodrame. […] Évidemment le style de l’ode ou du roman ne convient ni à la physiologie, ni à la géométrie. […] Le talent de M. de Vigny se distingue surtout par la grâce, la délicatesse, et semble convenir expressément à la plainte. […] À des caractères complexes quel langage peut convenir, si ce n’est un langage complexe ?

906. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Génies faciles, forts et féconds, leurs principaux traits sont dans ce mélange de fertilité, de fermeté et de franchise ; c’est la science et la richesse du fonds, une vraie indifférence sur l’emploi des moyens et des genres convenus, tout cadre, tout point de départ leur étant bon pour entrer en matière ; c’est une production active, multipliée à travers les obstacles, et la plénitude de l’art fréquemment obtenue sans les appareils trop lents et les artifices. […] Le Dépit amoureux, à travers l’invraisemblance et le convenu banal des déguisements et des reconnaissances, offre dans la scène de Lucile et d’Éraste une situation de cœur éternellement renouvelée, éternellement jeune depuis le dialogue d’Horace et de Lydie, situation que Molière a reprise lui-même dans le Tartufe et dans le Bourgeois Gentilhomme, avec bonheur toujours, mais sans surpasser l’excellence de cette première peinture : celui qui savait le plus fustiger et railler se montrait en même temps celui qui sait comment on aime. […] Sganarelle, chétif comme son grand-père Panurge, a pourtant laissé quelque postérité digne de tous deux, dans laquelle il convient de rappeler Pangloss et de ne pas oublier Gringoire7. […] Il se retira et laissa Molière, qui rêva encore fort longtemps aux moyens d’amuser sa douleur. » Cette touchante scène se passait à Auteuil, dans ce jardin plus célèbre par une autre aventure que l’imagination classique a brodée à l’infini, qu’Andrieux a fixée avec goût, et dont la gaieté convient mieux à l’idée commune qu’éveille le nom de Molière. […] Le jugement qui suit, sur Walter Scott, revient assez naturellement ici : « C’était, dans le roman, un de ces génies qu’on est convenu d’appeler impartiaux et désintéressés, parce qu’ils savent réfléchir la vie comme elle est en elle-même, peindre l’homme dans toutes les variétés de la passion ou des circonstances, et qu’ils ne mêlent en apparence à ces peintures et à ces représentations fidèles rien de leur propre impression ni de leur propre personnalité.

907. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

On aura donc de bonnes comédies chez les Grecs, sous la république de Périclès, et de bonnes comédies chez les Français, sous la monarchie de Louis XIV ; j’en suis convenu : mais les meilleures pièces d’Aristophane ne ressembleront pas aux meilleures pièces de Molière, leur espèce sera différente autant que diffère le gouvernement qui les a permises. […] Le subtil et éloquent Mercure, dieu du vol et des procès, étant le seul qui convienne aux Athéniens, s’intéresse encore à leur sort : gagné comme eux par les présents, il indique à Trygée la caverne où la Paix a été renfermée par la Guerre. […] Ici, les ressorts de la haute comédie ont l’aisance, la simplicité, le lustre qui lui conviennent : là, les ressorts de la seconde ont toute la vivacité, le vernis brillant, et l’impulsion excessive qui pousse au dernier terme l’extravagante gaîté du sujet. […] Par les raisons déduites de chaque genre, le fait imaginé sera grand, majestueux, touchant, terrible, et triste en sa catastrophe, pour convenir au but de la tragédie : il sera commun, vrai, plaisant et sérieux à la fois ; satirique et heureux en son dénouement, pour se conformer en tout à la fin de la comédie. […] En effet je trouve qu’il a raison : car, pourquoi vouloir, je vous prie, appliquer tous ses gestes et toutes ses paroles, et chercher à lui faire des affaires, en disant hautement, il joue un tel, lorsque ce sont des choses qui peuvent convenir à cent personnes ?

908. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Convenez cependant que ces grands esprits lui pourraient appartenir de plus près ; enfin, je vous prie, qu’a-t-elle gagné à contenir ces grands sceptiques ? […] Vous êtes plus cruel que Sganarelle ; Sganarelle convenait qu’il y avait fagots et fagots, vous ne voulez pas convenir, vous, qu’il y a livres et livres, romanciers et romanciers, conteurs et conteurs ! […] Comboulas”, disait-il au prévôt, qui assistait avec ses archers au tirage de la milice, “d’après les ordonnances, vous devez me passer un domestique. — J’en conviens”, disait M.  […] — C’est convenu. » Les deux amis se séparent, et, le dimanche suivant, l’ami retrouvé s’en va d’un pied léger à Passy. […] Il reçut donc une de ces réponses banales qui conviennent à tous, et qui ne sont faites pour personne. « On regrettait… on ne pouvait pas ; on n’avait pas de fonds !

909. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Il alléguera, je pense, pour sa défense, que peu de gens, même de ceux qui en ont parlé, semblent avoir lu le théâtre d’Alexandre Hardy ; et je conviens avec lui qu’il y paraît assez, rien qu’à la manière dont ils en ont parlé. […] Mais cela ne nous empêchera pas de louer comme il convient M.  […] Et je ne doute pas enfin qu’il ne convienne que celui-là serait cruellement désappointé, qui voudrait lier avec Hardy des rapports plus étroits, une connaissance plus intime, un commerce plus familier. […] Quand vous voudrez savoir ce qu’il convient de penser de la moralité d’une époque, dispensez-vous de le demander aux historiens secrets et aux anecdotiers du temps : vous trouveriez, vous prouveriez qu’elles se valent toutes. […] Il convient seulement de ne rien exagérer : et, à ce propos, M. 

910. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Paul Heyse en a ramassé toute l’argumentation, comme il convenait au théâtre, dans ce monologue haletant d’Edouard : « Ai-je bien entendu ? […] La fable est toute simple, et les moyens dramatiques ont une sorte d’ingénuité, comme il convient dans une « moralité » qui est aussi un « mystère ». […] Il ne vous échappera pas que cet omnibus est un symbole, et que c’est le char qui convient à ces morts-vivants. […] Il convient que nous nous remettions ensemble, la marquise et moi. […] L’amie d’Aline, qu’il rencontre après cet esclandre dans le salon de l’hôtel, l’oblige presque à en convenir.

911. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

La clarté qui convient à la prose convient-elle également à la poésie ? […] Il est moins facile, j’en conviens, de saisir le lien qui unit à notre poète Rabelais et Régnier. […] L’inaction du cœur ne convient qu’aux natures indigentes, et Raphaël ne tarde pas à l’éprouver. […] J’indique franchement ce que j’aperçois de poétique dans la vie de Toussaint Louverture, ce qui me semble convenir au théâtre. […] Hugo de ce dernier morceau ; il conviendrait cependant de l’abréger un peu.

912. (1876) Romanciers contemporains

Chaque personnage tient le langage qui convient à sa situation. […] Assurément il y a dans le caractère du héros du livre certains traits qui conviennent à toutes les époques. […] Pour les maudire, pour les frapper comme il conviendrait, il ne faudrait pas la plume légère de M.  […] Les diverses parties de ce roman admirable sont distribuées dans la mesure qui convient. […] Ferdinand Fabre a obtenu l’originalité comme il convient, sans la poursuivre.

913. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Le style en est simple et uni : La simplicité du style, pense avec raison l’auteur, convient seule lorsque l’expression ne peut atteindre à la grandeur des objets. […] C’étaient deux débris politiques qui se consolaient par l’esprit, et dont le moins caduc, le plus ferme et le plus élégant, encore debout, disait à l’autre : Vous n’auriez convenu qu’à moi si, au lieu d’être un petit souverain de quatre ou cinq lieues en carré, j’en avais été un grand.

914. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il entend cette langue mauvaise dans le sens de l’éloquence et de l’élocution, qui ne répond pas au reste ; et comme c’est en partie affaire d’habitude, il convient que lui et son frère s’en tirent mieux que le reste de la famille. […] Cependant il faut convenir que la faculté y manque, aussi bien que l’étude et l’acquis.

915. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

D’Argenson, on le voit de reste, est un philosophe, mais il l’est à sa manière, comme il convient quand on l’est, et sans se laisser influencer par aucune école ni cabale. […] Ces dernières réflexions ont l’air d’illusions si vous voulez, mais convenons que les apparences sont grandes, qu’il y a quelque chose de caché sous cette disproportion réelle et sensible ; nous avons l’air de rois détrônés et emprisonnés.

916. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Il préférait le titre de Legs, probablement à cause du jeu de mots et de la double entente qui leur convenait parfaitement. […] Pour moi, sans me faire plus indifférent ni plus sévère qu’il ne me convient sur Villon, je me contenterai, après cette lecture, de reconnaître en lui un des plus frappants exemples de ces natures à l’abandon, devenues étrangères à toute règle morale, incapables de toute conduite, mais obstinément douées de l’étincelle sacrée, et qui sont et demeurent en dépit de tout, et quoi qu’elles fassent, des merveilles, presque des scandales de gentil esprit, et, pour les appeler de leur vrai nom, des porte-talents ; car ne leur demandez pas autre chose, elles ne sont que cela.

917. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Le mariage entre Rodrigue et Chimène, malgré la rivalité de don Sanche qui n’est là que pour la montre, semble convenu d’avance ; le comte y donne les mains. […] Il faut convenir que l’épreuve est plus naturelle et plus parlante aux yeux : chez Corneille, on n’a que l’idée, — la pensée de la chose plus que la chose même.

918. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Mme Roland répondait à toutes avec une affectueuse bonté, elle ne leur promettait pas son retour, elle ne leur disait pas qu’elle allait à la mort ; mais les dernières paroles qu’elle leur adressait étaient autant de recommandations touchantes ; elle les invitait à la paix, au courage, à l’espérance, à l’exercice des vertus qui conviennent au malheur. […] Il convient de laisser aux organes passionnés des réactions ces représailles et ces injustices ; mais nous, dont les origines sont d’hier, dont les sentiments ont leurs racines dans un principe d’égalité, ne nous fatiguons pas de voir en elle une belle et glorieuse figure ; ne nous ennuyons pas de l’honorer.

919. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Je suis, avec la soumission la plus profonde, Sire, etc. » Il y revient, la guerre entamée, dans une des lettres suivantes (6 septembre 1741) : « J’ai eu l’honneur d’écrire à Votre Majesté que la France voulait terminer rapidement cette affaire, et je crois qu’elle lui rendra un service agréable de s’emparer de la Bohême, quoique cette puissance ne puisse en convenir, vu les engagements qu’elle a avec l’Électeur de Bavière. […] Dans un passage des Rêveries que le comte Vitzthum a rétabli exactement selon le manuscrit, on lit cet hommage rendu à la valeur française : « C’est le propre de la nation française d’attaquer… La valeur et le feu qui animent cette nation ne s’est jamais démenti, et, depuis Jules César, qui en est convenu lui-même, je ne sais aucun exemple qu’ils n’aient bien mordu sur ce que l’on leur a présenté.

920. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

On dira, et on l’a dit, qu’il n’y a rien de littéraire dans le genre, qu’il ne saurait y avoir rien de sérieusement vrai dans une comédie qui s’entremêle de roulades et se couronne par le couplet convenu, par le flon-flon militaire ou sentimental : Du haut des cieux, ta demeure dernière, Mon colonel, tu dois être content68… Ou encore : Que j’suis heureux ! […] Depuis que Voltaire a été détrôné sans retour par la philosophie de l’histoire, et qu’il est convenu que la Fronde ne saurait se reproduire sous d’autres formes, nous succombons sous les grandes causes qu’on met en avant, et selon lesquelles on fait manœuvrer après coup l’humanité : le présent seul fait défaut jour par jour à cette grandeur.

921. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Il faut tout voir sur M. de Lamartine, et, en étant sévère là où il convient, ne pas chicaner en détail une si noble nature. […] L’autre manière est plus pastorale et rappelle mieux l’âge d’or, je le sais ; mais celle-ci me convient davantage, et d’ailleurs je suis d’avis qu’on ne peut plus trouver l’âge d’or que chez soi. » Quand sa muraille est élevée, il s’occupe du dedans ; il dispose son jardin anglais, groupe ses arbres, fait tourner ses allées, creuse son lac, dirige ses eaux, n’oublie ni le pont, ni les kiosques, ni les ruines ; c’est alors qu’il exécute un projet favori, et dont nul ne s’est avisé encore.

922. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Mais quand la pensée et l’âme y tiennent la place qui convient à ce nom d’amour, quand les souvenirs déjà anciens et en mille façons charmants se sont mêlés et pénétrés, quand les cœurs sont restés fidèles, un accident, une froideur momentanée ne sont pas irréparables. […] On y verra, en une situation simple, toute l’ardeur et toute la subtilité de ce sentiment éternel ; on y verra surtout la force de vie et d’immortalité qui convient à l’amour vrai, cette impuissance à mourir, cette faculté de renaître, et cette jeunesse de là passion recommençante avec toutes ses fleurs, comme on nous le dit des rosiers de Pœstum qui portent en un an deux moissons.

923. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Je conviendrai sans peine qu’il est de plus belles morts que celle du prince de Ligne ; mais, à moins de se placer au point de vue de l’éternité (chose toujours rare), on devra convenir aussi qu’il est peu de morts plus aisées et plus douces.

924. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Ces sveltes amazones rencontrées dans les bois, si capricieuses et si énigmatiques ; ces jeunes hommes si beaux, si tristes et si prompts aux actes héroïques ; ces vieilles châtelaines et ces vieux gentilshommes si dignes, si polis et si fiers ; tout ce monde supérieurement distingué de ducs, de comtes et de marquis, cette vie de château et cette haute vie parisienne, ces conversations soignées où tout le monde a de l’esprit ; et, sous la politesse raffinée des manières, sous l’appareil convenu des habitudes mondaines, ces drames de passion folle, ces amours qui brûlent et qui tuent, ces morts romantiques de jeunes femmes inconsolées…, amour, héroïsme, aristocratie, Amadis, Corysandre et quelquefois Didon en plein faubourg Saint-Germain, tout cela me remplissait de l’admiration la plus naïve et la plus fervente, et m’induisait en vagues rêveries, et me donnait un grand désir de pleurer. […] Il a quelque chose de superficiel, de convenable et de convenu.

925. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ricciardo demande si Pandolfo est content de ce qui a été convenu ; Tebaldo lui dit qu’il est très satisfait, et qu’il les prie tous de se rendre chez lui. […] Mais il convenait de reconnaître la part considérable que l’art antérieur de l’Italie occupe dans les commencements de sa carrière, pour montrer combien cet art avait contribué à son éducation dramatique.

926. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Or cette ceinture ne pouvoit être donnée qu’à Vénus ; elle ne pouvoit convenir à la beauté majestueuse de Junon, car la majesté demande une certaine gravité, c’est-à-dire une contrainte opposée à l’ingénuité des graces ; elle ne pouvoit bien convenir à la beauté fiere de Pallas, car la fierté est opposée à la douceur des graces, & d’ailleurs peut souvent être soupçonnée d’affectation.

927. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Il est convenu que « le moi est haïssable ». […] Seulement autre chose est la méthode qui convient à la recherche des faits, autre chose la méthode qui doit présider à leur exposition.

928. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Question wagnérienne et question personnelle Est-il convenu que, l’affaire de Lohengrin étant close aujourd’hui, il est permis de juger en toute impartialité les faits qui se sont accomplis ?  […] — Je raconte les faits, tels qu’ils sont, tels qu’il convient que le fasse un journal totalement dévoué au wagnérisme véritable, non à tel ou tel wagnériste, mais au wagnérisme.

929. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle n’avait qu’un défaut, c’était de faire trop bien, de trop aller au cœur par certains accents : « On continue à représenter Esther, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (11 février 1689) : Mme de Caylus, qui en était la Champmeslé, ne joue plus ; elle faisait trop bien, elle était trop touchante : on ne veut que la simplicité toute pure de ces petites âmes innocentes. » Mme de Caylus passe pour avoir été la dernière personne, la dernière actrice qui ait conservé la déclamation pure de Racine, le degré de cadence et de chant qui convenait à ce vers mélodieux, tout fait exprès pour l’organe d’une Caylus ou d’une La Vallière. […] Sur ce principe, il fut conclu que le roi viendrait chez Mme de Montespan ; mais, pour ne pas donner à la médisance le moindre sujet de mordre, on convint que des dames respectables, et les plus graves de la Cour, seraient présentes à cette entrevue, et que le roi ne verrait Mme de Montespan qu’avec elles.

930. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

… Si ce ne sont pas là des vertus, je ne sais ce que vous appellerez ainsi ; et si vous convenez avec moi que ce sont des vertus, etc. […] Je vous adresse des vérités respectueuses, mais hautes et fortes, et il est digne de vous de les entendre et d’en convenir.

931. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Il y a des jours où elle est grammairien, académicien, où elle disserte sur la synonymie des mots et en démêle avec soin les acceptions ; en quoi diffèrent la joie et l’enjouement ; si la magnificence n’est pas plutôt une qualité héroïque et royale qu’une vertu, car la magnificence ne convient qu’à quelques personnes, tandis que les vertus doivent convenir à tout le monde ; comme quoi la magnanimité comprend plus de choses que la générosité, laquelle ordinairement a des bornes plus étroites, tellement qu’on peut être quelquefois très généreux sans être pourtant véritablement magnanime.

932. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Cent boutiquiers de Gênes me feraient moins, d’impression sur ce qui convient ou ne convient pas dans leur patrie, que la seule maison Brignole.

933. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

C’était la forme et le cadre qui lui eût convenu le plus naturellement. […] Il faut par de grands objets donner un grand ébranlement à l’âme, sans quoi elle ne se mettrait point en mouvement… Rien ne convient moins à un jeune homme qu’une certaine modestie, qui lui fait croire qu’il n’est pas capable de grandes choses.

934. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Quand on veut pourtant bien apprécier les qualités propres du talent de Beaumarchais, et ses limites du côté de la poésie et de l’idéal, il convient de lire, après ces scènes de la comtesse et de Chérubin, celles du premier chant du Don Juan de Byron, où ce jeune Don Juan à l’état de Chérubin engage sa première aventure avec l’amie de sa mère et la femme de Don Alfonso, avec Doña Julia. […] Mais bientôt, si l’on remontait à la source, on s’apercevait que la lettre n’était point adressée à un duc et pair, et Beaumarchais en convenait lui-même, ce qui rabattait fort de la hardiesse et de l’insolence ; elle était tout simplement adressée au président Dupaty, ami de l’auteur, et écrite « dans le premier feu d’un léger mécontentement ».

935. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

M. le comte Jules de Cosnac a été un éditeur tel qu’il convenait de l’être à notre date, comptant les intérêts du public lettré avant ceux même qui ne touchaient qu’à la gloire de son ancêtre et à l’amour-propre de sa maison. […] Je n’avais aucune part ni dans les affaires publiques, ni dans les secrets de mon maître : cela ne convenait ni à mes vues ni à mon caractère.

936. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Lorsque je rentre chez moi, je compare naturellement mon état avec tout ce qui m’environne, et je vois que je ne suis rien et qu’il faudra bientôt renoncer à tout cela ; un ami solide et accrédité conviendrait mieux à mon caractère et à ma fortune ; je l’aurai trouvé en vous si votre amitié s’acquiert par de l’amitié. […] Il le confesse dans son préambule de L’Arcadie, et, quand il n’en conviendrait point, sa correspondance avec M. 

937. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

L’espèce de délit social dont l’auteur des Ruines et du Catéchisme de la loi naturelle s’est rendu coupable y est apprécié avec sévérité, mais sans virulence, comme il convient aujourd’hui que ces tristes livres ont fait leur temps et que l’intérêt général s’en est retiré. […] L’analogie et la vérité des descriptions étaient frappantes ; elles conviennent encore à ce pays, après tant de siècles et de vicissitudes. » Là est le côté étroit, le côté fermé chez Volney.

938. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Si l’on convient de cette loi, signalée plus haut, que dans la nature l’inférieur est la condition du supérieur, on ne s’étonnera pas de voir la vie liée à des conditions mécaniques sans se réduire à un pur mécanisme, de même que la pensée est liée à des faits physiologiques et organiques sans être en elle-même et dans son essence un fait organique et physiologique. […] Or, on conviendra aisément que, si les actions de l’âme sont gouvernées par les mêmes lois que la chute des pierres, on ne voit guère par où elles mériteraient d’être appelées libres.

939. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Fernand Gregh précise : — Oui, le nom rajeuni d’humanisme me paraît convenir, précisément, parce que, les nouveaux poètes veulent réaliser un art humain. […] À ce jour, il n’y a pas de théorie précise du régionalisme ou, du moins, il y en a mille ; c’est un groupement d’opposition qui convient au caractère français et qui obtiendra d’importants succès de détail.

940. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Il convient d’insister. […] Ernest-Charles est le critique qui convient aux époques où l’on gouverne avec la gauche radicale.

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