— Ô temps où des peuples sans nombre Attendaient, prosternés sous un nuage sombre, Que le ciel eût dit oui ! […] Voici la première, celle de la fin, l’avant-dernière ; on commence peut-être à la savoir : Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ; Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ; Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre Brillait à l’occident, et Ruth se demandait. […] — Ô temps où des peuples sans nombre Attendaient, prosternés sous un nuage sombre, Que le ciel eût dit oui ! […] Par une secrète, par une ardente anticipation intérieure, par une secrète prise de possession antérieure de ses palmes, humble, chrétienne, secrète, mais si évidente, pour tous, pour lui-même, par une secrète prise de commandement antérieure, par une secrète saisie antérieure de sa future, de sa prochaine autorité de béatitude il parle, il prie déjà pour sa femme comme un martyr dans le ciel prie pour sa femme qui est restée sur terre. […] Cet amour, cette piété, cette religion de la terre, d’une terre devient l’amour, la piété, la religion du ciel.
Pour mon compte, je n’ai jamais mieux saisi la sublimité du ciel qu’en gravissant avec effort une haute montagne, alors que je me sentais entrer pour ainsi dire dans le ciel même, le conquérir à chaque pas avec effort, et que le désir d’infini semblait devoir être rassasié sans cesse à mesure qu’il s’éveillait en moi plus intense. […] Le bleu du ciel lui-même, si impalpable qu’il soit, acquiert parfois une apparence du velouté, qui augmente son charme en lui prêtant une douceur indéfinissable. […] Fechner, Méphistophélès, cet habitant du feu éternel, vêtu d’azur, la couleur du ciel, ou un berger d’idylle drapé dans un manteau rouge ? […] La science, parce qu’elle a l’œil fixé sur la nature, n’est pas nécessairement terre à terre : le ciel n’est-il pas aussi dans la nature ? […] Et le ciel ne voit point — d’amant plus heureux (Voiture.)
Il demande au ciel et à la terre des espaces non explorés encore, un coin où mettre sa statue comme dans un cimetière encombré. […] Dans la première forme de société, chez les Klephtes, chez les montagnards des Asturies, par exemple, chacun plus ou moins était poëte, chacun exhalait au ciel sa romance ou sa chanson, et n’en vivait que mieux et plus allègrement de toutes les saines et énergiques facultés de l’âme et du corps : ici, à cette autre phase extrême de la société, il se crée une situation inverse : la faculté poétique qui, aux époques intermédiaires, s’était successivement amortie et calmée dans beaucoup d’organisations occupées ailleurs, et s’était tenue à part et distincte en quelques hautes organisations couronnées, cette faculté revient avec une sorte de recrudescence, et se remue, se loge dans un nombre croissant de jeunes âmes. […] Au milieu de ce calme général, solennel, il se passe en un clin d’œil des mouvements prodigieux qui mesurent deux fois l’infini, comme dans ce vers sur l’aigle blessé : Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend. […] Nisard a dit récemment, en parlant d’Érasme : « Dans ce temps-là on ne connaissait pas le poëte, cet être tombé du ciel et qui meurt sans enfants, et pour qui le monde contemporain n’est qu’un piédestal d’où il s’élance, et où il vient replier de temps en temps ses ailes fatiguées. » Or c’est précisément ce poëte, contesté par l’homme de lettres et par le mondain, que M. de Vigny a voulu, non pas justifier dans des actes de frénésie28, mais plaindre, expliquer et venger aussi d’une oppression que peut-être la défense exagère.
maintenant reviens et descends encore. » Volontiers aussi notre tendre élégiaque, les mains levées au ciel, se fût écriée en sa naïve démence, avec une autre âme aimante, une autre muse voilée, sœur de la sienne49, et dont l’écho seul m’a, par hasard, apporté la voix : Secrets du cœur, vaste et profond abîme, Qui n’a pitié ne connaît rien de vous ! […] Jeune, à vingt ans, les cheveux au vent, le front au ciel, le bâton d’Oberman ou d’Ahasvérus à la main, on ferait le tour du monde en les récitant. […] Elle a rempli tous ses devoirs envers Dieu, envers nous. — Épargnons-nous ce remords de frapper cet esprit pur et divin. » Et après la mort : « (11 septembre 1850)… La volonté du Ciel est terrible, quand elle s’accomplit sur des êtres si faibles et si tendres que nous. » Mais tout à coup, dans ce ciel si lourd, si chargé, si sombre, un éclair inespéré a lui : « (14 janvier 1851)… Ondine se marie ! […] Mais quelle différence, me disais-je, entre les douleurs de l’une et celles de l’autre : l’une, la noble châtelaine du Cayla, sous son beau ciel du Midi, dans des lieux aimés, dans une médiocrité ou une pauvreté rurale qui est encore de l’abondance, avec tous les choix et toutes les élégances d’un intérieur de vierge : l’autre, dans la poussière et la boue des cités, sur les grands chemins, toujours en quête du gîte, montant des cinq étages, se heurtant à tous les angles, le cœur en lambeaux et s’écriant par comparaison : « Où sont les paisibles tristesses de la province ?
Avec eux, il est naïf, vrai, plein de verve ; il touche le ciel. […] L’homme mûr ne peut plus croire ce que croit l’enfant ; l’homme ne peut plus croire ce que croit la femme ; et ce qu’il y a de terrible, c’est que la femme et l’enfant joignent leurs mains pour vous dire : « Au nom du ciel, croyez comme nous, ou vous êtes damné. » Ah ! […] ne vaudrait-il pas mieux nous asseoir les uns et les autres à côté de la pauvre humanité, assise, morne et silencieuse, sur le bord du chemin poudreux, pour relever ses yeux vers le doux ciel qu’elle ne regarde plus ? […] I, p. 345 Comparez, dans le poème de saint Brandan, la peinture de cette île merveilleuse, où les moines ne vieillissent pas et reçoivent leur pain du ciel, où les lampes s’allument d’elles-mêmes pour les fêter ; vie de silence, de liberté, de calme, idéal de la vie monastique au milieu des flots.
Toutes les fables éparses du monde hellénique viennent, d’Argos ou de Thèbes, de Delphes ou de Corinthe, se transfigurer sous le ciel d’Athènes, et s’élever à la vie de l’art. […] Au lieu de l’échappé de la défaite qui se lamentait tout à l’heure, on croit entendre un héraut radieux, lancé par une armée victorieuse, qui tombe, comme du ciel, sur la place publique, et raconte sa délivrance au peuple resté dans la ville, en jetant au pied d’un autel des faisceaux de palmes. […] C’est alors que se déploie, sous la lumière d’un chant rayonnant, la plus belle bataille navale de l’antiquité. — Le Jour se lève, poussant ses chevaux blancs dans le ciel, et son premier rayon fait jaillir par mille voix, de la flotte hellène, le Pœan sacré. […] Le rêve réalisé de l’industrie moderne, perçant des isthmes, desséchant des mers, éventrant ou renversant des montagnes, n’aurait été pour un Grec qu’un abus monstrueux de la force humaine, défiant la revanche irritée du ciel.
Le ciel, qui veillait sur votre ami, n’a pas voulu qu’il entrât dans cette carrière où il ne se trouvait qu’un peu d’honneur parmi beaucoup de dangers. […] Je ne sais ce que le ciel me destine ; mais jamais il n’a versé tant de joie dans mon âme. […] Puisse le ciel me rapprocher un jour de vous et me donner bientôt l’occasion de m’acquitter des services que vous m’avez rendus ! […] Cette 2e édition s’écoule donc un peu lentement, mais elle s’écoule, et j’ai lieu de bénir le ciel qui a permis qu’en un an et demi j’aie tiré du fruit de mes travaux de quoi payer mes dettes, acquitter tous les frais de la présente édition qui m’appartient, et acquérir une petite maison qui sera, s’il plaît à Dieu, la retraite de ma vieillesse.
Pourquoi pas la vie entière de saint Antoine, qui ne fut pas qu’un homme tenté, mais un des plus grands hommes du christianisme naissant, un de ces puissants contemplateurs qui, du désert ou du ciel qu’ils portaient dans leur cœur, regardaient le monde et l’ont quelquefois gouverné ? […] Après le vigoureux hoquet panthéiste à travers lequel saint Antoine s’écrie qu’il « voudrait se mêler à tout, voler, nager, aboyer, beugler, hurler, souffler de la fumée, avoir une carapace, porter une trompe, s’émanier avec les odeurs, couler comme l’eau, se développer comme la plante, briller comme la lumière, pénétrer les atomes, Être la matière » , tout à coup, on ne sait pourquoi, le ciel se découvre dans les nuages d’or, « et on voit dans le disque même du soleil la figure rayonnante de Jésus-Christ ». […] Nous n’avons qu’à prier le ciel de l’arracher à la voie littéraire — si cela peut s’appeler une voie littéraire — dans laquelle il s’est engagé et morfondu. Il n’y a certainement que le ciel qui puisse le tirer de ce mauvais pas.
Ensuite le monde agrandi par les découvertes sur la terre et dans le ciel. […] Il n’y a pas plus de temps que les hommes savent que la terre est ronde, qu’elle est petite et que le ciel est infini. […] Le monde tout petit du moyen âge, avec son ciel très bas et Dieu tout près, cela a disparu presque brusquement. […] Et ce sont là, comme l’histoire le prouve, les seuls vœux que le ciel tienne pour justes. […] Si l’on fait l’acte bon pour mériter le ciel, il n’est plus bon.
Lorsque l’auteur de Simiane nous montre Juliette s’enivrant des douces paroles amoureuses dont la musique se môle à l’oscillation du bateau, quand il nous murmure un peu longuement quelques-unes de ces tendresses infinies : « A quoi servirait au ciel d’être la plus étincelante merveille qui soit sortie des mains du créateur, s’il ignorait lui-même sa beauté ? […] Étendu tout du long, il écoutait les sons que Juliette tirait de son clavecin, et en même temps il suivait des yeux les nuages qui flottaient au gré du vent dans l’azur du ciel.
Nous ne craignons vraiment que la chute du ciel, et, même quand le ciel croulerait, nous nous endormirions tranquilles encore sur cette pensée : l’Être, dont nous avons été l’efflorescence passagère, a toujours existé, existera toujours.
… au lieu du coup de tonnerre du Christianisme tombant du ciel, de ce coup de tonnerre comme le monde n’en avait jamais entendu. […] Dieu descendit du ciel, et pour qu’on le vît mieux par le repoussoir de cet épouvantant contraste, il se fit attacher à la croix des scélérats.
Enfin, comme tous les utopistes de ce temps et de tous les temps, qui ont renversé le grand aperçu chrétien, M. l’abbé Mitraud semble prendre la société pour un état définitif, au lieu de la concevoir comme un état de passage, et alors la question devient pour lui ce qu’elle fut, par exemple, pour Fourier, Saint-Simon et tant d’autres réformateurs, c’est-à-dire — qu’elle consiste à trouver des institutions qui établissent le ciel sur la terre, — ce qu’on cherchera probablement longtemps encore, — au lieu de faire monter la terre dans le ciel, comme la Religion nous l’enseigne, et, dans son affranchissement des âmes, sait l’exécuter tous les jours !
Œil épanoui, Je peins, ébloui Ou triste, Le ciel radieux, Et, mélodieux Artiste, Près du fleuve grec Murmurant avec Les cygnes Fiers de leur candeur, Je dis la splendeur Des lignes. […] La nature et ses grands spectacles, — car pour les poètes qui manquent de cœur il y a encore la nature, — la nature et ses grands spectacles : la mer, le ciel, les paysages, n’arrivent à la perception de Banville que de seconde main, par l’intermédiaire de quelque peintre dont il a vu les toiles ou de quelque poète dont il a lu et admiré les vers.
Au moment même où elle lui avait fait monter, de lettres en lettres et d’aveux enivrants en aveux enivrants, jusqu’au bonheur suraigu et coupable qui est le point fatal et final de l’amour heureux, jusqu’à ce ciel d’une minute qui est le ciel de l’amour, celui dont parle madame de Staël avec tant de poésie — et qui n’est souvent qu’un bourreau vulgaire — frappa, et la faute fut punie !
En passant des Grecs aux Romains, nous éprouvons à peu près le même sentiment qu’un voyageur, qui, après avoir parcouru les îles de l’Archipel et le climat voluptueux de l’ancienne Ionie, serait tout à coup transporté au milieu des Alpes ou des Apennins, d’où il découvrirait un horizon vaste et une nature peut-être plus majestueuse et plus grande, mais sous un ciel moins pur, et qui ne porterait point à ses sens cette impression vive et légère qu’il éprouvait sous le ciel et dans la douce température de la Grèce.
Que de poésie dans ces vapeurs bleuâtres tourbillonnant dans un ciel serein pour se mêler aux nuées diaphanes qui cachent la cime du Péguère et du Cabaliros ! […] Déjà l’orage gronde sur la colline, déjà le ciel s’obscurcit, déjà les flocons de neige se précipitent sur l’aile de l’ouragan. […] Que le ciel te conserve avec ton noir museau ! […] Nous assistons à ces complots de petite ville plate et bête, qui empoisonnent l’air le plus pur et voilent le ciel le plus riant. […] — Oui, je l’aime, je l’aime, et le ciel, qui m’entend, — ferait un miracle, je l’aime et ne me soucie de rien autre que de lui !
Les Anglais ont l’esprit public, et nous l’honneur national ; nos belles qualités sont plutôt des dons de la faveur divine que les fruits d’une éducation politique : comme les demi-dieux, nous tenons moins de la terre que du ciel.
Alors, par un jeu de l’optique, l’horizon recule et les galeries suspendues en l’air se découpent sur les fonds du ciel et de la terre.
On lui mit, suivant les rites, trois grains de riz sur les lèvres, comme pour reporter au ciel (le Tien) le plus grand bienfait qu’il eût accordé à l’empire chinois dans cet aliment qui devait multiplier à l’infini le nombre des hommes sur la terre d’Asie. […] En présence de tous ses courtisans il se reprocha le tort qu’il avait eu de ne pas l’employer assez, et dit en peu de mots tout ce qu’on pouvait dire de plus honorable en faveur de celui qu’il regrettait. « Le ciel suprême, dit-il, est irrité contre moi ; il m’a enlevé le trésor le plus précieux de mon royaume en m’enlevant le sage qui en faisait la principale gloire et le plus bel ornement. » Ce magnifique éloge, tout mérité qu’il était, aurait pu être regardé comme un tribut que ce prince payait à la coutume, s’il ne l’eût fait suivre par quelque chose de plus durable que les paroles. […] J’en prends à témoin le ciel, la terre et mes ancêtres. […] « Ô ciel ! […] C’est un paysage qui n’a point de ciel ; c’est un temple qui n’a point de mystères ; c’est un jour qui n’a point de songes dans sa nuit !
Grâce au duc de Laval-Montmorency, qui y résidait alors comme ambassadeur de France, et grâce à la duchesse de Devonshire, madame Récamier y avait retrouvé en partie son salon de Paris dans les ruines de la ville neutre entre ciel et terre. […] Le ciel était aussi bien triste. […] C’est moi, souvenez-vous-en bien, qui dois partir avant vous. » Et quelques jours plus tard : « Ne parlez jamais de ce que je deviendrais sans vous ; je n’ai pas fait assez de mal au ciel pour qu’il ne m’appelle pas avant vous. […] morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris.
Quand le plus grand homme de l’Allemagne moderne eut vieilli sans perdre une seule des facultés de son âme et sans perdre un seul des cheveux blanchis de sa large tête, le ciel lui envoya Eckermann, comme le soir envoie au voyageur son ombre prolongée qui le suit dans sa route afin de lui certifier son image. […] Puis je le revoyais, et je retrouvais un jour d’été avec tous ses sourires ; je croyais entendre dans les bois, dans les buissons, dans les haies, tous les oiseaux me saluer de leurs chants ; le ciel bleu était traversé par le cri de coucou, et dans la plaine en fleurs bruissait l’eau du ruisseau. […] Un jour, il me sonna au milieu de la nuit ; j’entre, il avait roulé son lit de fer près de la fenêtre, et, de son lit, couché, il contemplait le ciel. « — N’as-tu rien vu au ciel ? […] « Je courus, personne, n’avait rien vu, ce que je rapportai à mon maître, que je retrouvai dans la même position, toujours couché, toujours regardant le ciel.
Songeons donc, au nom du ciel, à ce que nous avons entre les mains et travaillons à déchiffrer cette médaille des anciens jours. […] Lors même que le toit serait percé à jour et que l’eau du ciel viendrait mouiller la face du croyant agenouillé, la science aimerait à étudier ces ruines, à décrire toutes les statuettes qui les ornent, à soulever les vitraux qui n’y laissent entrer qu’un demi-jour mystérieux, pour y introduire le plein soleil et étudier à loisir ces admirables pétrifications de la pensée humaine. […] À entendre certains rationalistes, on serait tenté de croire que les religions sont venues du ciel se poser en face de la raison pour le plaisir de la contrecarrer ; comme si la nature humaine n’avait pas tout fait par des faces différentes d’elle-même ! […] L’école philosophique a sa patrie sous le ciel de la Grèce et de l’Inde : le temple et la science sacerdotale, s’expliquant en énigmes et en symboles, voilant la vérité sous le mystère, atteignant souvent plus haut, parce qu’elle est moins inquiète de regarder en arrière et de s’assurer de sa marche, tel est le caractère de la race religieuse et théocratique des Sémites. […] On prétendait qu’il avait été enlevé au ciel sur une colonne de feu, etc.
Quelques années plus tard, quand la France se reprend d’amour pour l’azur du ciel, pour la verdure des prés, pour la mystérieuse obscurité des forêts ; quand la rêverie, ce breuvage grisant et assoupissant, enivre et endort les cœurs ; quand une mélancolie douce se complaît au murmure des sapins agités par la brise ou au clapotis des vagues expirant sur la grève ; alors aussi, par une coïncidence logique, la société française s’éprend de la fumée du tabac, des chimères de l’illuminisme et des voluptés d’une musique plus large et plus profonde. […] Mais il veut dire aussi que les Eglises sont des livres de pierre où les générations d’autrefois écrivaient leur pensée pour l’éternité ; qu’elles ont été des symboles compliqués, où le plan, les sculptures, les plus minces détails exprimaient des idées ; que, parlant ainsi aux initiés un langage mystérieux, elles parlaient en même temps aux yeux de la foule par leurs vitraux, leurs fresques, leur peuple de statues ; qu’elles ont matérialisé durant des siècles le génie poétique et les aspirations populaires ; que les cathédrales gothiques en particulier, par leur élan vers le ciel, par la hardiesse de leurs lignes verticales, ont rendu à merveille les espérances et les envolées mystiques d’un âge de foi tourné presque tout entier vers l’au-delà ; seulement que, l’imprimerie étant inventée, la pensée, au lieu de se pétrifier, devient oiseau, vole d’un bout du monde à l’autre, se rit du temps et de l’espace, sûre qu’elle est de pouvoir se multiplier à l’infini ; que désormais la Bible de marbre et de granit est vaincue et destinée à être remplacée par la Bible de papier, plus claire, plus mobile et, malgré l’apparence, plus durable. […] Et la description reprend : « Ce soir, au bord de l’eau, la crécelle lointaine des rainettes ; par instants, le cri guttural du tire-arache dans les roseaux ; un poisson qui saute ; des arbres qui font dans le ciel une ombre mouillée comme dans l’eau, et dans toute cette nature la paix de la nuit, de la mort. […] Si elle est brune, elle fera songer à Mignon aspirant au ciel ; si elle est blonde, elle sera mélancolique et pâle comme Ophélie, ou semblable A quelque ange pensif de candeur allemande (Il était convenu en ce temps-là qu’on était toujours candide en Allemagne). […] On peut le voir encore dans ces spectacles grandioses qu’en Suisse une ville ou un canton déroule sous la voûte du ciel, tantôt en l’honneur de l’agriculture, tantôt en souvenir de l’indépendance conquise et assurée.
Déjà, des astres anxieux s’accrochent au ciel banal des nuits. […] J’ai vu un tableau de Joan Miróca où un cœur rouge battait à même un ciel bleu. […] Avenues insensibles d’une cité creusée au centre même de la terre, son ciel ignorant du chaud et du froid, l’ombre de ses arcades, de ses cheminées, en nous donnant le mépris des apparences, des phénomènes, déjà, nous rendaient plus dignes du rêve absolu où un Kant put sentir son esprit s’amplifier en plein vertige nouménalcc. […] Des oiseaux alors s’allument en plein ciel, la terre tremble et la mer invente ses chansons nouvelles. […] C’est, en plein ciel, un récit aux couleurs plus persuasives, plus périlleuses que le chant légendaire des sirènes.
Et cette Bellone, est-ce la déesse horrible qui ne respire que le sang et le carnage, dont les dieux retiennent les bras retournés sur son dos et chargés de chaînes, qu’elle secoue sans cesse, et qui ne tombent, que quand il plaît au ciel irrité de châtier la terre. […] Devant elle, une vérité, son aînée de quelques années, toute nue, sèche, blafarde, sans tétons, le corps homasse, le bras et l’index de la main droite dirigés vers le ciel et ce bras dont le racourci n’est pas assez senti de trois ou quatre ans plus jeune que le reste de la figure ; derrière cette vérité, un petit génie renversé sur un nuage. […] Elle a les regards tournés vers le ciel. […] L’un montre une femme couronnée de laurier, la tête et les regards tournés vers le ciel ; dans un accès de verve. à sa droite un bout de cheval Pégase assez mal touché. […] Je veux dire que la vraie scène, c’étoit la scène de séparation du père, de la mère et des enfants ; scène de désolation au milieu de laquelle je n’aurois pas désapprouvé que ce petit revenant descendît du ciel par un angle de la toile, apportant la couronne immortelle à son père.
Le livre qu’il publie aujourd’hui est le reflet poétique de la vie sage et voluptueuse qu’il mène, — existence paisible, soutenue par une nature robuste et saine, embellie par les rêves d’une âme lyrique, que pénètrent la suavité du ciel provençal et la splendeur de sa lumière, qu’exalte et que contient la sévère beauté des grands paysages classiques de la Méditerranée. […] Tout le ciel a la belle couleur d’ambre des raisins d’automne. […] On médite, on regarde autour de soi : ce ciel, ces marbres, cette blancheur des pierres, ces reflets des eaux dormantes sous le pâle soleil d’arrière-saison ! […] Gigantesques miroirs créés tout exprès pour refléter sa magnificence, les parterres d’eau répètent et prolongent dans leurs ciels illusoires la vaste ordonnance du palais avec ses statues, ses trophées de cuirasses et de drapeaux, ses pilastres et ses colonnes au mol ionique fleuri de guirlandes, ses hautes fenêtres au cintre épanoui comme pour accueillir plus abondamment la lumière. […] Une grande lueur vineuse envahit tout l’occident du ciel.
Elle est, si l’on peut ainsi dire, la plus belle constellation de notre ciel. […] Viens combattre et mourir ensemble ; et que des champs français nos deux âmes s’envolent ensemble vers le ciel ! […] De cette main, il est vrai, j’ai pu toucher le ciel ; mais que m’en revient-il, si c’est parce que le ciel est tombé, et non parce que j’ai été élevé jusqu’à lui ? […] Le grand arbre eût poussé sans gêne et sans contrainte ses racines dans notre sol et sa tête dans notre ciel. […] Celles d’en haut, qu’on appelle les herses, éclairent si bien les ciels, qu’elles y mettent le feu de temps en temps, et brûlent les théâtres avec les spectateurs.
C’est l’heure bizarre et douteuse où les rideaux du ciel se ferment, où les cités s’allument. […] Feuilles des arbres, vent du ciel, que dites-vous, que commandez-vous ? […] Priez le ciel que bientôt une femme lui garde cette foi ! […] Qu’attendez-vous du ciel ou de la sottise du public ? […] La contemplation suggestive du ciel occupe une place immense et dominante dans les derniers ouvrages du poëte.
C’est le cœur qui voit le ciel ; si vous voulez m’y faire croire, comme vous me faites croire aux antipodes par des récits et des vraisemblances géographiques, j’y croirai mal ou je n’y croirai point. […] Cette netteté et cette étroitesse vont jusqu’à décrire le ciel. « Il est un endroit où la Divinité se dévoile par une gloire supérieure et visible. […] « On rapporte de Socrate, dit-il, qu’il fit descendre la philosophie du ciel pour la loger parmi les hommes. […] À travers les discrètes moqueries ou les intentions morales, on sent que son imagination est heureuse, qu’elle se plaît à contempler les balancements des forêts qui peuplent les montagnes, l’éternelle verdure des vallées que vivifient les sources fraîches, et les larges horizons qui ondulent au bord du ciel lointain. […] D’autres avaient les yeux vers le ciel, dans une attitude pensive, et au milieu de leur contemplation trébuchaient, et on ne les revoyait plus.
Or, aucun des mouvements du ciel, observés jusqu’à ce jour, ne suffit à résoudre ce problème, et l’on en est réduit à rechercher parmi les hypothèses celle qui présente le plus de vraisemblance. […] Les grandes distances qui séparent les étoiles les unes des autres et leur dissémination, en général, assez régulière dans le ciel ne permettent pas de supposer que la différence de température des espaces qu’elles traversent toutes plus ou moins rapidement soit capable d’influer sensiblement sur la chaleur propre de ces astres et sur celle qu’ils reçoivent les uns des autres. La présence dans le ciel de nombreux astres obscurs ne saurait non plus en changer la température moyenne ; car si l’on en juge par notre système, des astres obscurs, qui ne recevraient la chaleur d’aucun soleil voisin, n’exerceraient aucun rayonnement sensible, même à la petite distance qui sépare la terre des autres planètes du système solaire. […] Les lois générales du ciel n’offrent ainsi aucune cause possible d’une diminution ou d’une augmentation de chaleur à la surface de notre globe ; car, à la distance où notre système est placé de toute étoile, la chaleur, même des plus prochaines, figure pour une quantité absolument nulle en comparaison de la chaleur solaire. […] Babinet, il faut leur supposer une nature sui generis, en vertu de laquelle ils seraient soustraits à toutes les lois physiques qui gouvernent la matière sur la terre et dans le ciel.
Nous ne saurions peindre l’émotion que nous causèrent ces chants religieux ; nous crûmes ouïr une voix du ciel qui disait : « Chrétien sans foi, pourquoi perds-tu l’espérance ?
Une fleur aperçue dans un terrain vague ou sur le rebord d’une fenêtre, à un étage proche du ciel, un coin joyeux du faubourg, un pauvre intérieur étudié d’un coup d’œil qui en fait sentir la noire misère, un enterrement par la pluie, tout est bon aux rêves du poète.
Tout phénomène psychique ou physiologique a sa correspondance dans un aspect réalisé ou possible du ciel.
Le ciel est bien d’accord avec le tout ; il est colorié, vigoureux et fuyant.
Nous le voyons, ce François-René, croître et se former dans le milieu le plus sauvage, mais le plus inspirateur, en pleine Bretagne, devant la poésie puissante et profonde d’un ciel souvent triste et d’une mer fréquemment désolée. […] contre la patrie, il charmait ses rares loisirs par la lecture d’Homère et voyait déjà se dessiner à l’horizon l’apparition d’un Eudore exilé des « paysages éclatants de la Grèce sous un ciel sans lumière qui semble nous écraser sous sa voûté abaissée ». […] Il les atteste dans le symbole alors voilé de nos triomphes épiques, le « vieux drapeau », que ses vers ont relevé et fait flotter dans le ciel de l’Art plus haut que les tours et les clochers des villes. […] Béranger, c’est l’alouette lançant vers le ciel matinal son aubade claire et joyeuse, l’alouette choisie pour emblème par la vieille Gaule, dont le chant est lumière, et qui semble, avec ses refrains d’aurore, dire aux sommeils de la liberté comme aux éclipses de la gloire : « Courage, espérance, réveil ! […] La cigogne fait son nid sur le toit qu’elle aime le mieux ; le sable est d’or, l’ombre sent la myrrhe ; au fond des citernes le ciel pur se désaltère en s’y mirant tout le jour.
Il avait concilié la vie de ce monde avec celle du ciel, il avait su être un joyeux et être un saint. […] L’âme est une fille du ciel et son voyage est une épreuve. […] Ils battent des mains aux incendies quand la flamme est très rouge sur le ciel bien noir. […] Dans ses paupières et dans son âme les ténèbres sont rentrées comme au ciel. […] Ces fils sont utiles à l’observation exacte des astres, mais ils sont de l’homme et non du ciel.
Caïn voit toujours cet œil qui le regarde ; il pousse des cris de colère et ses fils étendent des toiles entre sa tête et le ciel ; puis ils bâtissent des tours dont ils épaississent les murs ; puis ils construisent un caveau d’airain.
Au temps des vignes, ils ont chanté Mes yeux entreclos qui rayonnent, Mes yeux alanguis et voilés Comme des ciels d’automne.
Quand vous éteignez Dieu dans le ciel, comment verriez-vous la vérité sur la terre ? […] Ne faut-il pas en effet que le peuple existe, qu’il existe en sol, en population, en société, en connaissance de ses intérêts, de ses droits, de ses devoirs, en civilisation et en volonté, avant de convenir qu’il se rassemblera en comices pour délibérer sur son existence, sur son mode de sociabilité, sur ses lois, sur sa république ou sur sa monarchie, et de donner ou de refuser son consentement à ces juges tombés du ciel ou sortis des forêts, Moïse, Lycurgue, Numa, Montesquieu ou Rousseau, sauvages chargés d’improviser la société et de faire voter le genre humain ? […] Lisez les législations de Confutzée, de l’Inde antique, du christianisme sur la montagne, de l’islamisme même dans le Coran, et demandez-vous si vous ne vous sentez pas soulevé d’autant de vertus de plus au-dessus de la législation du Contrat social et de la civilisation matérialiste de nos temps, qu’il y a de distance entre l’égoïsme et le sacrifice, entre la machine et l’âme, entre la terre et le ciel. […] L’expulsion du toit et du champ paternels, la mendicité aux portes des seuils étrangers, la glane dans le sillon sans cœur, le vagabondage à travers la terre, la couche sous le ciel et sur la neige, la séparation des membres errants de la même chair, le déchirement de tous ces cœurs qui ne faisaient qu’un, la destruction de la parenté, cette patrie des âmes, cet asile de Dieu préparé, réchauffé, perpétué pour la famille ; les mœurs, l’éducation des enfants, la piété filiale et la reconnaissance du sang pour la source d’où il a coulé et qui y remonte par la mémoire en action qu’on appelle tendresse des fils pour leur père et leur mère ; tout cela (et c’est tout l’homme, toute la société), tout cela, disons-nous, périt avec l’hérédité des biens dans la loi.
Quelques rares toits gris, couverts de chaume, y fument le soir et le matin et indiquent la place des chaumières qu’on ne découvre au loin qu’à leur fumée dans le ciel. […] Il me semblait, en parcourant ces deux volumes, que je naviguais moi-même, comme dans ma jeunesse, sur ces flots classiques, et qu’au réveil des nuits pendant lesquelles le flot mouvant fait franchir les distances, le brouillard du matin, dissipé au souffle du vent d’été, tirait le rideau du ciel sur l’une ou l’autre de ces îles, et les faisait repasser sous mes yeux avec leur nom, leur histoire, leur poésie, leurs costumes, leur population : pittoresques étoiles de la mer bleue, resplendissantes au matin sur le fond clair de ce ciel d’eau. […] Quand on s’est lancé hardiment, avec une sainte pensée dans le cœur, au milieu d’un peuple en révolution, pour l’apaiser et le diriger vers des destinées plus hautes et plus surhumaines ; Quand on lui a dit : « Lève-toi et règne, mais montre-toi digne de régner par ta modération, par ta tolérance, par ton respect des libertés d’autrui ; tu n’auras d’autre maître que la raison, tu respecteras tout le monde, et toi-même » ; Quand ce peuple a été soulevé entre ciel et terre pendant quelques mois, et que toutes les nations étonnées se sont agenouillées pour le contempler dans sa liberté et dans sa sagesse ; ce peuple de France a été vraiment roi de lui-même, et digne de l’être.
Elle fut insultée par les femmes en traversant les rues ; des affiches vengeresses couvraient déjà les murs, invoquant la paix sur l’âme de Darnley, la vengeance du ciel sur sa criminelle épouse. […] La soldatesque agitait devant son cheval un drapeau sur lequel était représenté le cadavre de Darnley, couché à côté de son page dans le verger de Kirkoldfield, et le petit roi Jacques à genoux, invoquant le ciel contre sa mère et contre l’assassin de son malheureux père. […] Elle décrit en termes pathétiques, à l’envoyé de Charles IX à Londres, les disgrâces de son avant-dernière prison : « Elle n’est que de vieille charpenterie, écrit-elle, entr’ouverte de demy pied en demy pied, de sorte que le vent entre de tous costez en ma chambre, je ne sais comme il sera en ma puissance d’y conserver si peu de santé que j’ay recouverte ; et mon médecin, qui en ha esté en extresme peine durant ma diette, m’ha protesté qu’il se déchargeroit tout à fait de ma curation, s’il ne m’est pourveu de meilleur logis, luy mesme me veillant durant ma dite diette, ayant expérimenté la froydure incroyable qu’il faisoit la nuit en ma chambre, nonobstant les estuves et feu continuel qu’il y avoit et la chaleur de la saison de l’année ; je vous laisse à juger quel il y fera au milieu de l’hyver, cette maison assise sur une montagne au milieu d’une plaine de dix milles à l’entour, estant exposée à tous ventz et injures du ciel… Je vous prye luy faire requeste en mon nom (à la reine Élisabeth), l’asseurant qu’il y a cent païsans en ce meschant villaige, au pied de ce chasteau, mieuz logez que moy, n’ayant pour tout logis que deux méchantes petites chambres… De sorte que je n’ay lieu quelconque pour me retirer à part, comme je peux en avoir diverses occasions, ni de me promener à couvert : et pour vous dire, je n’ay esté oncques si mal commodée en Angleterre... » Les serviteurs écossais et les compagnes de sa fuite et de sa captivité succombaient un à un à cette longue agonie des prisons. […] L’âme assez lâche pour ne pas accepter ce combat suprême sur la terre ne serait pas digne du ciel !
À une certaine hauteur d’Épopée, le vers exige même la foi des Prophètes, un cercle dans lequel il se meuve, surnaturel et national, le palier des temples, une chorégraphie, un front d’Aruspice levé vers le ciel, le cothurne et sa dignité, la magnificence liturgique et processionnelle des Chœurs. […] lui dis-je, et, quand au prêtre… En ce moment le ciel blanchit. […] Jusqu’aux portes visionnaires Du ciel sacré ! […] … L’auteur des Pauvres gens, cette poésie à la Crabbe, mais d’une touche bien autrement large et émue que celle du réaliste Anglais, le peintre de La Rose de l’infante, ce Vélasquez terminé et couronné par un poète, préfère peut-être à ces chefs-d’œuvre et à tant de pièces que nous avons indiquées déjà les deux morceaux qui terminent le recueil, intitulés Pleine terre et Plein ciel, ces deux morceaux dont je me tairai par respect pour cette Légende des siècles dans laquelle j’ai retrouvé vivant M.
Lui remarquant un air qui me parut extraordinaire et un visage qui me faisoit voir que la paix et la sérénité de son cœur étoient grandes (il avoit soixante ans), je lui demandai s’il prenoit plaisir à l’occupation dans laquelle il passoit ses jours : il me répondit qu’il y trouvoit un repos profond, que ce lui étoit une si sensible consolation de conduire ces animaux simples et innocents, que les journées ne lui sembloient que des moments ; qu’il trouvoit tant de douceur dans sa condition qu’il la préféroit à toutes les choses du monde, que les rois n’étoient ni si heureux ni si contents que lui, que rien ne manquoit à son bonheur, et qu’il ne voudroit pas quitter la terre pour aller au ciel s’il ne croyoit y trouver des campagnes et des troupeaux à conduire. […] Si l’histoire du saint personnage n’est écrite de main habile et par une tête qui soit au-dessus de toutes vues humaines, autant que le ciel est au-dessus de la terre, tout ira mal. […] » En vain, au début du livre, par manière de prélude, il se disait en une de ces paroles, telles que seul il les sut trouver : « La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est cachée ; elle ne découvre plus que le ciel. » À deux pas de là, il oubliait cette vieillesse que les dieux de la Grèce ne connaissaient pas, ou il ne s’en souvenait que pour s’écrier : « Ô Rome !
Regarde sous la voûte du ciel la lune errant en liberté. […] Qui lui assignera une place fixe dans le ciel ? […] Au ciel, pas un nuage.