Il ne faut pas confondre l’impression causée par le silence des nuits étoilées au milieu desquelles le rossignol chante, avec celle qui est produite par le chant du rossignol lui-même.
Elle encourage les arts qui succèdent aux industries ; Florence se couvre de monuments, véritable diadème de l’Italie moderne ; elle semble gouvernée pour l’honneur de l’esprit humain par une dynastie de Périclès ; sa langue devient la langue classique de l’Italie régénérée ; ses mœurs s’adoucissent comme ses lois ; son peuple, déshabitué des guerres civiles, reste actif sans être turbulent ; il cultive, il fabrique, il navigue, il commerce, il bâtit, il sculpte, il peint, il discute, il chante, il jouit d’un régime tempéré et serein comme son climat ; les collines de l’Arno, couvertes de palais, de villages, de fabriques, d’oliviers, de vignobles, de mûriers, qui lui versent l’huile, le vin, la soie, deviennent pendant trois siècles l’Arcadie industrielle du monde !
« Une seule inquiétude le poignait, dit-il ; c’étaient des transes d’esprit de tout genre que la révolution qu’il chantait ne vînt, de jour en jour, par ses mouvements insurrectionnels qui éclataient dans Paris depuis la convocation des états généraux et la prise de la Bastille, l’empêcher de terminer ses éditions qui touchaient à leur fin, soit à Paris chez Didot, soit à Kehl chez Beaumarchais, et qu’après tant de peines et de lourdes dépenses, il ne fallût échouer au port.
En tout temps, néanmoins, lorsqu’il chante, il tient sa queue baissée.
C’est ainsi que Grain d’Or de Douay écrivait les événements de la première croisade, et que l’un des successeurs de Guillaume le Conquérant faisait chanter, par l’Anglo-Normand Robert Wace15, les guerres de la conquête.
Enfin, si les preuves manquent, cherche qui voudra à contenter la curiosité des hommes, s’épuise qui voudra à pénétrer les causes des secrets jugements de Dieu : pour lui il chantera à jamais ses miséricordes.
L’auteur de ce charmant petit poème qu’on appelle le Cantique des Cantiques pouvait-il se douter qu’un jour on le tirerait de la compagnie d’Anacréon et de Hafiz pour en faire un inspiré qui n’a chanté que l’amour divin ?
Plus tard, lorsque les passions nationales seront calmées, on pourra peut-être faire à Paris pour le drame allemand ce qu’on avait le bon sens d’y faire autrefois pour l’opéra italien : on le fera chanter en allemand.
Elle ne lui parlait, tout le temps, que de son corps, de son beau corps, chanté par les poètes, et qui ne pouvait et ne devait se donner comme le corps d’une autre.
* * * — Dans un sentier, sous de grands noyers, sur une route, au bord de laquelle chantent les sources, les torrents aux filets d’eaux brisés par les pierres, marche devant nous un couple étrange : une espèce de petite naine à la grosse caboche, coiffée d’un bonnet de femme, et habillée d’un camail qui lui tombe à la hauteur des jarrets, une petite fille comme rognée en bas, et ayant au bras un immense panier, et aux pieds des sabots, faisant flic flac dans les ruisselets, filtrant sur le chemin.
Les plus touchantes voix de l’Opéra chantent le Requiem de l’auteur de Gisèle.
Je ne puis trouver son choix mauvais, moi qui dans Manette Salomon, ai chanté ces deux professions, comme fournissant les plus picturaux modèles de femmes de ce temps, pour un artiste moderne.
Il décrit l’influence du séjour d’un beau cavalier dans le château des Bolkonsky sur la sœur recluse, laide et pure du prince André, ou l’émoi profond dans lequel la présence de cet homme à bonnes fortunes jette Natacha fiancée, mais délaissée et tendue à se briser dans l’impuissant désir de son fiancé absent ; le romancier marque la bizarre jouissance de Nicolas Rostow, ruiné au jeu, rentrant dans le salon de sa famille et entendant sa sœur chanter une note particulièrement claire ; toujours est révélée la merveilleuse faculté de l’âme humaine à se prêter aux formes que lui imposent les variations de son ambiance ; en de plus hautes conjonctures, c’est le prince André, dangereusement blessé à Austerlitz, et qui, tombant, distingue de son regard distrait des férocités humaines la profondeur de l’inaltérable ciel bleu, développant sa silencieuse voûte au-dessus du fracas fumeux de la canonnade dans la haute paix de l’infini ; c’est le prince Pierre résolu à assassiner.
Les poètes, qui ne sont pas tenus d’être conséquens avec eux-mêmes, chantent également et l’ascension glorieuse de l’humanité, d’abord sauvage, à la vie civilisée, et l’inévitable décadence qui fait sortir de générations pires que leurs ancêtres une postérité plus vicieuse encore.
Mon cœur chantait dans le bruit lumineux des houles.
On sortait de l’Empire, de cette époque de silence sous les armes où le canon parlait seul et disait si tristement le mot imputé aux pères de la Trappe : « Frères, il faut mourir. » La vieille alouette des Franks, échappée à son terrible rétiaire, se prit à babiller et à chanter, comme un seau délivré.
Un serin qui chante quand nous pleurons, qui lisse avec son bec ses plumes d’or quand nous déchirons le papier avec notre plume de fer… J’ai donc un serin… Il s’agit d’une jeune fille nommée Claire, etc. » Non, M. […] S’il existe encore des gens qui s’obstinent à ne voir dans la critique qu’un passe-temps de pédant s’amusant à relever des fautes de grammaire, qu’ils lisent des passages comme celui-ci25 : « Cherchez par le monde les bois mystérieux, les rivières qui chantent dans la vapeur blanche du matin autour de leurs îles fleuries ; voyez du haut des montagnes neigeuses bondir de cime en cime la rose aurore ; attendez dans un vallon ombreux la paix du soir ; contemplez la terre et le ciel ; partout, torride ou glacée, la nature ne vous montrera rien que l’amour et la mort. […] Il est vrai que Lamartine disait de la poésie à venir : « Elle sera de la raison chantée », ce qui est précisément le contraire.
Le coq chante joyeusement après l’acte d’amour et je pense que beaucoup d’hommes sont coqs sur ce point. […] Assurément, il y a eu en ces dernières années, une réaction en faveur de la vie et de son épanouissement, la joie a été chantée avec une ferveur religieuse, trop religieuse, peut-être, mais pas avec assez d’éclat pour faire encore oublier les mélancolies baudelairiennes ou verlainiennes. […] Le paradis, selon les classes sociales : un salon où l’on est présenté au roi, la cour ; un théâtre où l’on fait, dans les coulisses, connaissance avec les acteurs du destin ; un cirque sans façons où l’on fraternise avec les héros du paillon ; une « société » où l’on chante en chœur les éternels refrains, etc.
Et, dans ce but, il voulait l’arracher à l’étreinte du romanisme — représenté par les princes et les évoques, tyrans et flétrisseurs, suppôts d’une idée anti-nationale — et réveiller sa conscience profonde endormie. « Ma nation jadis si grande, disait-il, chantée par les Romains eux-mêmes, et connue par ses hauts faits, est misérablement esclave, manquant du pain spirituel aussi bien que du pain matériel… Les véritables Turcs sont en Italie ; le Sultan, c’est le pape, et son armée, c’est le clergé. » L’entreprise de Hutten en elle-même, qui était d’unir les bourgeois des villes, la petite noblesse et le peuple contre la féodalité d’esprit romain, échoua à la vérité : mais le succès de ses innombrables pamphlets contre Home et en faveur de la réforme morale et sociale de l’Allemagne prouve du moins qu’un sentiment correspondait au sien dans les profondeurs de la nation. […] Si le Gallo-Romain a de loin déterminé la nature du Français contemporain, c’est le « bel animal blond hyperboréen », chanté par Nietzsche, qui a donné au Germain d’aujourd’hui ce caractère de primitivité, de santé et de robustesse qui détermine le succès dans la lutte vitale. […] La race fameuse par ses larges épaules, ses bras musculeux, ses infatigables jarrets, sa vaste poitrine, son sang bouillant comme un jeune vin, s’est épuisée à détruire toutes les races antérieures, à façonner la terre conquise, à dompter la nature elle-même, à lui arracher ses secrets, et à chanter aussi en la divinisant par les religions, les lettres et les arts.
Par exemple, tout ce qu’on répétait à la maîtrise, tout ce qu’on chantait au chœur, tout ce qu’on y faisait, le bel et noble habit des chanoines, les chasubles des prêtres, les mitres des chantres, la figure des musiciens, un vieux charpentier boiteux qui jouait de la contrebasse, un petit abbé blondin qui jouait du violon, le lambeau de soutane qu’après avoir posé son épée, M. le Maître endossait par-dessus son habit laïque, et le beau surplis fin dont il en couvrait les loques pour aller au chœur ; l’orgueil avec lequel j’allais, tenant une petite flûte à bec, m’établir dans la tribune pour un petit bout de récit que M. le Maître avait fait exprès pour moi ; le bon dîner qui nous attendait ensuite ; le bon appétit qu’on y portait ; ce concours d’objets vivement retracé m’a cent fois charmé dans ma mémoire, autant et plus que dans la réalité. J’ai gardé toujours une affection tendre pour un certain air du Conditor alme siderum qui marche par ïambes, parce qu’un dimanche de l’Avent j’entendis de mon lit chanter cet hymne avant le jour sur le perron de la cathédrale, selon un rite de cette église-là… etc. […] Puisque les musiciens, puisque les savants ne chantent pas à votre unisson, changez de corde et voyez les femmes. […] Il travaillait alors à la musique du Devin du Village et il nous chantait au clavecin les airs qu’il avait composés.
Deux veuves, aussi, se rencontrent dans le cabinet de travail du même homme qu’elles ont aimé ; toutes deux commencent par se chanter pouilles avec une certaine animosité, et puis elles s’attendrissent, pleurent ensemble et enfin se donnent rendez-vous : « Demain sur son tombeau. » Le mort peut dire comme Liszt, qui était fat comme un pianiste : « On s’aime en moi ». […] — Et comme eux vous chantiez, vous me disiez des vers. […] Elle n’a pas de noblesse ; mais elle a une dignité touchante ; elle n’a pas de poésie, mais elle indique au moins les parties poétiques du rôle ; elle ne sait pas faire chanter le vers, mais elle le déploie largement et amplement comme une grande voile qui se gonfle au vent ou qui claque.
Ils ne chantent point le Christ. M. de Chateaubriand l’a plus chanté qu’eux. […] Chantez votre Dieu. » Ils n’ont point beaucoup pris cette habitude ; mais ils en ont perdu de mauvaises. […] Et, en dernière analyse, c’est bien pour cela que Mme de Staël aime ce système, et que dans toute cette révolution de faits et d’idées, c’est encore la liberté qu’elle voit presque constamment, qu’elle appelle, qu’elle chérit, qu’elle salue, qu’elle chante, aux dernières pages de son livre, dans une conclusion qui est un hymne. […] La plupart des hommes qui ont ce vice secret sont les pontifes d’un Dieu intime, assez discrets pour ne se point chanter un Te Deum public, mais qui ne peuvent se refuser de se dire à eux-mêmes une messe basse.
Après avoir chaulé les mignons de Henri III, Desportes, renonçant même à chanter ses dernières maîtresses, paraphrase ou traduit les Psaumes dans sa maison de Vanves. […] De celle source une Naïade Tous les soirs ouvre le portal De sa demeure de cristal Et nous chante une sérénade… « Comme ce brusque début vous transporte loin du monde, au milieu du calme, du silence et de la fraîcheur ! […] On peut s’inspirer des mystères de la foi pour en chanter la profondeur ou l’obscurité dans une ode ; on ne peut pas en faire des « machines poétiques » ; et quiconque se le permettra sera toujours suspect d’avoir une religion plus sentimentale que solide. […] Cependant, je voudrais bien savoir ce qu’elle répondrait aux faits suivants : « Un portrait percé de plusieurs coups de couteau par la jalousie d’une femme qu’elle a quittée pour s’attacher à Mme de Nantiat, autre femme du dernier dérèglement… Cette femme, logée chez elle, est l’objet de ses adorations continuelles en présence même de ses valets ; … « Les jurements exécrables proférés au jeu, et les discours infâmes tenus à table ; … « Des chansons dissolues chantées à toutes les heures du jour et de la nuit ; … « Sa conversation audacieuse avec M. le curé de Saint-Cosme, aussi éloignée de la pudeur que de la religion ; … « J’ajouterai que Mme de Murat et ses complices sont tellement redoutées dans leur quartier que personne n’ose s’exposer à leur vengeance… » Et le mari, demandera-t-on, que faisait-il pendant ce temps-là ?
C’est de La Mort du loup : Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ; c’est de La Maison du berger : J’aime la majesté des souffrances humaines ; c’est de La Bouteille à la mer : Le vrai Dieu, le Dieu fort est le Dieu des idées ; que se sont comme envolés tous les vers de lui qui chantent dans nos mémoires. […] Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle, S’il n’a l’âme, et le cœur, et la voix de Néron. […] Son âme… que le Dieu qu’il adore, Mit au centre de tout comme un écho sonore, écoute en lui chanter la voix ; — murmurer la plainte ; — ou pleurer les larmes des choses. — Il les « orchestre » alors ; — et on veut dire par là qu’il en soutient, qu’il en développe et qu’il en amplifie le chant ; — par les ressources d’une harmonie où concourent à la fois la nature, l’histoire et la passion [Cf.
Le héros n’écoute pas ; son historien rétrospectif chante son nouveau triomphe dans un bulletin et marche en avant, tantôt au meurtre du duc d’Enghien, surpris dans l’inviolable asile de la terre étrangère ; tantôt à l’enlèvement du pape, chez qui les gendarmes entrent nuitamment par les fenêtres ; tantôt à la trahison de Bayonne, où l’Espagne, prise au piège dans la personne de ses rois, se venge par l’extermination de quatre cent mille Français ; tantôt à l’incendie de Moscou ; tantôt au cirque de Leipsick ; tantôt au dernier soupir de l’armée à Mayence, tantôt, enfin, à la double invasion de la France par le reflux des peuples, et à l’expiation de Sainte-Hélène.
Il est artiste, il n’est pas moraliste ; tant pis pour ceux qui ne comprennent pas que l’art est tout dans son délicieux poème d’Hermann et Dorothée, il change les notes de son clavier et il chante à demi-voix les divines naïvetés de l’amour innocent et domestique.
Cependant, elle va mourir, tandis que la nature au dehors chante ses hymnes de fête.
Pourquoi chanter devant lui, pauvre chevalier Walther, n’a-t-il pas contre toi les traditions, l’idéal, et le patriotisme ?
Le condamné, apparaissant au seuil de la porte de la Roquette, comme une figure de cire, avec son apparence de vie figée, et dans le silence qu’il appelait formidable, toujours un oiseau qui chante, et dont le chant est dans ce silence, comme le bourdon de Notre-Dame, et au loin, au loin, l’entre-claquement imperceptible de branches d’arbres.
Si une personne est interrompue quand elle chante ou quand elle récite quelque chose de mémoire, elle est presque toujours obligée de revenir en arrière pour retrouver la suite d’idées qui lui était accoutumée.
… Bossuet chante le triomphe.
J’ai d’ailleurs pour moi le grand Condé qui disait que la guerre de la Fronde n’était bonne qu’à être chantée en vers burlesques. » Il écrit encore à Mme du Deffand un mois après : « Vous avez brûlé, Madame, tout ce qu’on a écrit Sur les Parlements. […] Ces jurés n’au-raient jamais fait rouer Calas, ni conclu, comme Riquet, à faire brûler sa respectable femme ; ils n’auraient pas fait rouer Marin sur le plus ridicule des indices ; le chevalier de La Barre, âgé de dix-neuf ans, et le fils du président d’Etallonde, âgé de dix-sept, n’auraient point eu la langue arrachée par un arrêt, le poing coupé, le corps jeté dans les flammes pour n’avoir pas fait la révérence à une procession, de capucins et pour avoir chanté une mauvaise chanson de grenadiers. […] Leurs rabbins avaient beau dire aux chrétiens dans leurs livres : « Nous sommes vos pères ; nos Ecritures sont les vôtres ; nos livres sont lus dans vos églises, nos cantiques y sont chantés », on leur répondait en les pillant, en les chassant, en les faisant pendre entre deux chiens.
« Cette nuit encore, comme la fatigue avait écarté de moi le sommeil, j’ouvris à l’aube la fenêtre du grenier où je reçois l’hospitalité comme les voyageurs d’Homère : à travers le feuillage pâle des oliviers, j’apercevais les eaux du port, le double rocher qui en ferme l’enceinte, et derrière eux le mont Nérite que ne couronnent plus, comme au temps d’Ulysse, de vertes forêts… Aucun bruit ne troublait le silence de la nuit… Peu à peu l’aurore éclaira de lumières plus vives ce paysage si simple et si calme, les coqs chantaient, et des portes entrouvertes, les gens du faubourg s’en allaient lentement achever la vendange dans les champs de pierres où le vieux Laërte cultivait de ses mains de jeunes arbres… « Adieu !
Mais, en sortant du temple, il aperçoit un esclave qui en sort aussi, et il entend chanter un corbeau à gauche.
Quand un verset lui plaît, il le chante une demi-minute encore après que la congrégation l’a fini.
« Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort !
Et le plus vieux conseiller chante la dernière strophe : « Oui, ce fut un héros !
… V’là que ça illumine, des lanternes dans les arbres, des ballons rouges en l’air, et ça saute, et ça file…. des fontaines partout, des cascades, de l’eau qui chante, oh !
Ingres tenait plus à son archet qu’à son pinceau, et mademoiselle Mars à sa voix chantée, qui était médiocre, plus qu’à sa voix parlée, qui était divine.
Il faut voir avec quel soin religieux il recueille tous ces chants de rhapsodes inconnus et comme ces membres dispersés de l’éternel Homère : « Ils chantent (dit-il de ces modernes chanteurs ambulants), ils chantent en s’accompagnant d’un instrument à cordes que l’on touche avec un archet, et qui est exactement l’ancienne lyre des Grecs, dont il a conservé le nom comme la forme.
Lisuart, Florisel et Ephéramond ; chevaliers de Phœbus, de l’Ardente Épée, de la Sylve ; belles demoiselles, blessées par le dard de l’amour ; duègnes rancuneuses ou désolées ; reines et impératrices de régions étranges, d’îles lointaines, de contrées des antipodes, où quelque dragon ailé transportait en un clin d’œil le chevalier errant ; nains, géants, mores et mages, monstres et spectres, savants avec des barbes qui leur baisaient les pieds, et princesses enchantées avec des poils qui leur couvraient tout le corps ; châteaux, cavernes, riches salles, lacs de poix qui renfermaient des cités d’or et d’émeraude ; tout ce qu’enfanta la poésie de l’Arioste, tout ce que Torquato Tasso chanta en de mélodieuses octaves, Garcia Ordonez de Montalvo, Feliciano de Sylva, Toribio Fernandez, Pelayo de Ribera, Luis Hurtado le contèrent en prose castillane, abondante, enflée, entortillée, bourrée de jeux de mots et d’affectations amoureuses. […] Jeune fille, Mme de Staël lisait assidûment Rousseau ; le jeune émigré breton qui lui dispute la souveraineté de cette période était aussi disciple du Genevois, et disciple plus fidèle, parce que, tandis que Mme de Staël se montra assez indifférente à la nature, muse de l’auteur des Confessions, Chateaubriand se précipitait en Amérique par désir de connaître et de chanter un paysage vierge, de décrire avec plus de poésie que son maître les magnificences des bois, des rivières et des montagnes.
Capoul chante cette Marseillaise sur le haut d’un omnibus, place de la Bourse, et sur le boulevard, Marie Sasse la chante debout dans sa voiture, sa voiture presque soulevée par le délire d’un peuple.
Il est douteux que Corneille ait appris à danser, à chanter, à dessiner, à jouer du violon ; mais il est incontestable qu’il apprit à penser, à raisonner, à réfléchir ; ce qui n’est guère aujourd’hui à la mode.
Songez qu’au xvie siècle, où certes les moralistes ne manquent point, on est moraliste ou l’on est poète ; il y a d’un côté ceux qui étudient l’âme humaine et de l’autre ceux qui font des vers ; et je dirai presque : d’un côté ceux qui réfléchissent et de l’autre côté ceux qui chantent. […] On y chantait des cantiques dont je me souviens encore : « Salut, étoile de la mer… reine de ceux qui gémissent… rose mystique… tour d’ivoire… étoile du matin. » Tiens, déesse, quand je me rappelle ces chants, mon cœur se fond… Pardonne-moi ce ridicule ; lu ne peux le figurer le charme que les magiciens barbares ont mis dans ces vers. […] André Chénier était à moitié Grec et venait chez nous chanter en français ; M. de Heredia est de sang espagnol, mêlé de sang français. […] Le sens pittoresque est devenu en lui cette couleur grosse et criarde qui fait comme hurler les objets au lieu de les faire chanter, comme disent les peintres, dans une harmonie et comme une symphonie générale selon leurs rapports avec les autres objets qui les entourent. — L’objet matériel inanimé d’une vie mystérieuse, qui est peut-être l’invention la plus originale des romantiques et d’où est venue toute la poésie symbolique, est devenu chez Zola, souvent, du moins, une véritable caricature lourde, grossière et puérile, et la « solennité de l’escalier » d’une maison de la rue de Choiseul a défrayé avec raison la verve facile des petits journaux satiriques. — La simplification de l’homme, réduit à une passion unique et dépouille de sa richesse sentimentale et de sa variété sensationnelle, est devenue, chez Zola, une simplification plus indigente encore et plus brutale ; chaque homme n’étant plus chez lui qu’un instinct et l’homme descendant, en son œuvre, on a dit jusqu’à la brute et il faut dire beaucoup plus bas, tant il s’en fallait que l’animal soit une brute et que chaque animal n’ait qu’un instinct.
Les couplets à chanter sont de Quinault. […] Mais on prend plaisir à se chantera soi-même, avec un délicieux plaisir de l’oreille et même de l’esprit, des vers comme ceux-ci : Est-ce que l’on consulte au moment qu’on s’enflamme ? […] Mais elle est spirituelle et même madrée ; avec Cléante faisant le rôle de maître à chanter, elle improvise un petit opéra qui lui permet de faire des déclarations à Cléante et d’en recevoir de lui à la barbe de son père, de Monsieur Diafoirus, de Thomas Diafoirus et de tous les Diafoirus du monde.