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1675. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Par exemple : la principale destination de la préposition à, est de marquer la relation d’une chose à une autre, comme, le terme où l’on va, ou à quoi ce qu’on fait se termine, le but, la sin, l’attribution, le pourquoi. […] Pendant que d’un côté les hommes en punition du péché sont abandonnés à l’ignorance, d’un autre côté ils veulent savoir & connoitre, & se flattent d’être parvenus au but quand ils n’ont fait qu’imaginer des noms, qui à la vérité arrêtent leur curiosité, mais qui au fond ne les éclairent point. […] D’abord les symboles ou figures hiéroglyphiques se présenterent à l’esprit : mais ces signes n’étoient ni assez clairs, ni assez précis, ni assez univoques pour remplir le but qu’on avoit de fixer la parole, & d’en faire un monument plus expressif que l’airain & que le marbre.

1676. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Oui, pour le but, c’est-à-dire la simplicité ; mais non pour la forme, qui a dû varier souvent. […] Prenez-vous les écrivains du dix-huitième siècle, ce n’est qu’un concert de paroles méprisantes sur cette folie sauvage qui précipitait tant de peuples en Palestine, et les envoyait mourir sans raison et sans but.

1677. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Voilà, en même temps que la pensée de Corneille, le secret de sa force dramatique ; et voici peut-être, dans une autre citation, le secret de la faiblesse d’Hugo : …………………… Tu me crois, peut-être, Un homme comme sont tous les autres ; un être Intelligent, qui court droit au but qu’il rêva. […] Et, enfin, le Menteur n’est pas une comédie de caractère, si ce n’est pas, proprement, un « caractère », mais seulement un « défaut » ou un « vice » que d’être menteur, et de l’être surtout comme Dorante, « pour rien, pour le plaisir », comme qui dirait gratuitement, par complaisance pour la fécondité de sa propre imagination, sans motif et sans but. […] Beaumarchais ne conçoit évidemment pas que le poète se puisse proposer « la réalisation de la beauté » pour but ; et ne serait-ce pas pour cela qu’il a fait de si mauvais drames, son Eugénie, ses Deux Amis, sa Mère coupable ? […] Du bon père Noé j’ai l’honneur de descendre, Noé… qui, sur les eaux, fit flotter sa maison, Quand tout le genre humain but plus que de raison.

1678. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Car le but de l’univers, ce n’est point la production de la beauté plastique, mais de la bonté. » Ceci, il est vrai, sent un peu le mysticisme chrétien. […] Il multiplie, par faiblesse, les détours pour aller à son but : mais ces détours ne le déshonorent point, et il n’y laisse pas sa conscience. […] Il rampe néanmoins vers son but, avec une lenteur tenace, cependant qu’il exhale son désespoir en ironies forcenées sur les autres et sur lui-même, sur l’humanité, et sur ce qu’on nomme la liberté, et sur ce qu’on nomme la justice et sur ce qu’on nomme Dieu.

1679. (1903) La pensée et le mouvant

Une connaissance de l’esprit, dans ce qu’il a de proprement spirituel, nous éloignerait plutôt du but. […] Ce ne sera pas un détour ; on ne fera qu’aller droit au but. […] L’homme est organisé pour la cité comme la fourmi pour la fourmilière, avec cette différence pourtant que la fourmi possède les moyens tout faits d’atteindre le but, tandis que nous apportons ce qu’il faut pour les réinventer et par conséquent pour en varier la forme. […] La méthode va donc contre le but : elle devait, en théorie, étendre et compléter la perception ; elle est obligée, en fait, de demander à une foule de perceptions de s’effacer pour que telle ou telle d’entre elles puisse devenir représentative des autres. — Mais supposez qu’au lieu de vouloir nous élever au-dessus de notre perception des choses, nous nous enfoncions en elle pour la creuser et l’élargir. […] Les difficultés inhérentes à la métaphysique, les antinomies qu’elle soulève, les contradictions où elle tombe, la division en écoles antagonistes et les oppositions irréductibles entre systèmes, viennent en grande partie de ce que nous appliquons à la connaissance désintéressée du réel les procédés dont nous nous servons couramment dans un but d’utilité pratique.

1680. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Or, ce dernier but semble désormais le seul que poursuivent la plupart de nos grands auteurs. « Ne me lisez pas, dit Lamartine à quiconque lui parle des Girondins, je n’écris pas pour vous, mais pour les ateliers, pour le peuple. » Et tutti quanti… CXLVII S…, suborné par le style de Lamartine, se tue à me dire que son Histoire est pleine de talent et que cela aurait eu le plus magnifique succès en feuilletons ; que cela est composé, coupé admirablement en vue du feuilleton, de manière à satisfaire un jour celui-ci, un autre jour celui-là, à tenir tout le monde en suspens. […] C’est souvent au moyen d’injustices particulières qu’elle va à son but, c’est sur des débris qu’elle se fonde.

1681. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Il semble que les anciens se soient plus attachés à exciter la terreur directe que l’autre ; et que leur but ait été même de guérir plutôt de la pitié et de la terreur qu’ils regardaient comme des faiblesses, que de donner des leçons de morale par leur moyen. […] Le double intérêt de la crainte et de la pitié doit donc être l’âme de toute la tragédie : c’est là le but qu’il faut frapper.

1682. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Mais, dans une certaine mesure, et pour le but spécial que je poursuis, je puis admettre que les choses se passent comme si le groupe eau-casserole-réchaud allumé était un microcosme indépendant. […] C’est dans ce sens tout spécial que l’homme est le « terme » et le « but » de l’évolution.

1683. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Encore qu’il sache, comme personne, que le théâtre vit d’action, il se demande si l’on ne pourrait pas réduire et ramener à son minimum cet élément de l’action, qui n’est que le moyen, au profit de l’étude morale, qui est le but. […] Une société toute neuve, sans passé, sans traditions, sans croyances et même sans préjugés ; un pays d’égalité où la richesse est devenue le but de toutes les ambitions depuis qu’elle est devenue la seule inégalité possible45. » C’est dire que le mélange des classes est le grand fait du monde moderne. […] Sardou, et les insuffisances de son art, peut-être sommes-nous arrivé — et c’était notre but — à indiquer de quel côté il faut chercher les meilleurs titres de l’auteur à la renommée. […] C’est l’amour vrai, l’amour passion, celui qui va à son but en dépit de tout, semant sur sa route les trahisons, les désespoirs et les deuils. […] Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d’un homme à un autre homme. » Et récemment, dans l’Œuvre, Pierre Sandoz, parlant aux nom et place de l’auteur, reprenait et complétait sans les modifier ces mêmes théories ; et il terminait son exposé dogmatique par une invocation à la nature et à la terre : « C’est toi seule qui seras dans mon œuvre comme la force première, le moyen et le but, l’arche immense où toutes les choses s’animent du souffle de tous les êtres… Est-ce bête, une âme à chacun de nous, quand il y a cette grande âme ! 

1684. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Je vous suis profondément reconnaissant de m’avoir donné ce plaisir unique, qui est pour un artiste, amoureux de la beauté profonde et vraie de son art, la récompense suprême, le laurier royal de toutes ses angoisses, la conscience désintéressée de sa vie et qui, mille fois mieux que tous les succès et les applaudissements vulgaires, lui fait comprendre par un mot qu’il a touché le but rêvé et conquis la vraie gloire, celle qu’il s’était choisie. […] … Flaubert a méprisé les bourgeois et n’a jamais été qu’un bourgeois… »‌ Les Halles étaient le but favori des promenades nocturnes de Moréas. […] En dehors de son influence littéraire, son programme de revendications décentralisatrices a le mérite de résumer les aspirations de toutes nos provinces françaises, puisque son but est de maintenir la tradition, les coutumes, les mœurs et la langue de chaque région. […] Vous me permettrez de ne pas vous accompagner. » Nous passâmes dans la salle à manger ; on servit le champagne et on but à la gloire de la Provence. […] Ses démarches, lettres et visites n’ont qu’un but  : assister un malheureux, soulager une infortune.

1685. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Cette brusque et brève évocation, presque hallucinatoire, est son but. […] Il s’y cache souvent toute une philosophie. » Notons aussitôt que cette recherche du type, indiqué par Balzac comme le but suprême de l’art du roman, fut constante chez Flaubert. […] Ces gens-là n’en ont aucune, pas de boussole, pas de but. […] Il avait fondé avec ses amis la Société américaine de Recherches psychiques, dans le but d’étudier tous ces phénomènes anormaux : la télépathie, le somnambulisme, la double vue, les désintégrations de la personnalité, jusqu’au spiritisme, inclusivement. […] Mais quelque éloignés qu’aient pu être vos chemins, ils convergeaient vers le même but.

1686. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

On dirait qu’il procède par une espèce d’élimination de tout ce qui sert d’objet à l’espérance des hommes, de but à leur activité, d’attrait et de soutien à leur énergie. […] C’est qu’on songe alors à la grandeur de la destinée humaine et qu’on mesure la distance qui nous sépare du but aperçu là-bas, si loin ! […] Dans la critique ainsi conçue, la jouissance est le but unique, la jouissance personnelle et, pour autant dire, égoïste : c’est de quoi tout dépend et à quoi tout revient. […] Dans la Jeunesse du grand Frédéric et Trois Empereurs, il montre comment l’État prussien s’est constitué sous l’action continue de princes travaillant à une même œuvre, en vue d’un même but, et pour ainsi dire sous l’œil d’un même maître : « Je suis, disait Frédéric-Guillaume, le général en chef et le ministre des finances du roi de Prusse. » C’est ce roi de Prusse, idéal et perpétuel, qui préside aux destinées de la nation.

1687. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Bref, en 1891, publiant le Pèlerin passionné, il désavouait les Cantilènes ; et il déclarait mort le symbolisme, « école poétique éphémère et qui fut légitime », il préconisait « ce renouement de la tradition, qui est le but de l’École romane ». […] Il a écrit : « L’histoire manquerait à son but, si elle ne cherchait dans le passé des avis et des leçons. » Cela, on l’avait déjà dit. […] Relisons maintenant ces lignes d’Henri Poincaré : « La recherche de la vérité doit être le but de notre activité ; c’est la seule fin qui soit digne d’elle. » Elles sont stoïquement belles, ces lignes. […] Ils galopent, certes, et tendent les bras vers le but.

1688. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Il n’a plus qu’un pas à faire pour arriver au dénouëment, et on l’arrête par des jeux qui, au lieu de le délasser, le fatiguent en l’éloignant du but qu’il étoit prêt d’atteindre. […] Il n’y a qu’un chemin pour arriver au but, il y en a mille pour s’en écarter. […] Cependant en tout tems et en tout pays, le but d’une comparaison est de donner une idée vive d’une chose, par les rapports qu’elle a avec d’autres.

1689. (1893) Alfred de Musset

Desherbiers, en lui envoyant son volume : « Tu verras des rimes faibles ; j’ai eu un but en les faisant, et sais à quoi m’en tenir sur leur compte ; mais il était important de se distinguer de cette école rimeuse, qui a voulu reconstruire et ne s’est adressée qu’à la forme, croyant rebâtir en replâtrant » (janvier 1830). […] Le même critique déclare dans un second article (23 février) qu’il y a « plus d’avenir » dans M. de Musset « que dans aucun des poètes de notre époque », compliment qui a trop l’air d’avoir été mis là dans le seul but d’être désagréable à Victor Hugo ; mais il faut, ajoute le journal, que l’« enfant » se mette à l’école s’il veut arriver à quelque chose. […] Parce qu’il sentait avec une violence douloureuse, il a tout rapporté à la sensation, et donné le plaisir pour but à la vie.

1690. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Mais un tel don, une telle faculté est périlleuse si l’on s’y abandonne, et elle est sujette à outrer sa poursuite et à passer le but.

1691. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

(Depuis que nous tracions ce rêve d’idylle, la réalité, comme il arrive trop souvent, a cessé d’y répondre ; toute une partie des rivages de ce beau Léman a été troublée ; notre cher canton de Vaud surtout s’est vu le théâtre d’une révolution sans but (février 1845) qui a fait prévaloir les instincts brutaux et grossiers.

1692. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

La journée de M. de Chateaubriand n’avait plus qu’un but, ses pas qu’une route : l’Abbaye-aux-Bois.

1693. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Un personnage tout à fait fantastique, un agent de la police, nommé Javert, homme droit comme l’éclair dans son but, serpentant comme lui dans ses moyens, ferme dans son devoir comme la conscience, ancien garde-chiourme, chasseur de bêtes fauves pour en défendre la société, a cru reconnaître dans Valjean, qu’on lui a signalé, un ancien forçat de sa connaissance à Toulon ; il le dénonce à Paris, à l’autorité protectrice des honnêtes gens.

1694. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il le questionne et apprend qu’il est joaillier de profession ; qu’il se fait batelier les fêtes et les dimanches pour gagner quelque argent et seconder les efforts de sa mère et de ses sœurs ; que tous quatre travaillent et économisent dans le but d’amasser deux mille écus pour racheter leur père esclave à Tétouan.

1695. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Une ferme et souple logique mène le sermon à son but ; Bossuet raisonne loyalement, solidement ; il excelle à résoudre les plus rudes objections, à mettre en lumière la vérité qu’elles recèlent, pour s’emparer de cette vérité et en faire un argument à son usage.

1696. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

On y prit le goût des livres qui vont à un but, et qui, au lieu d’être les jeux d’esprit d’un érudit solitaire, comme la plupart de ceux de Balzac, sont les actes les plus considérables d’un homme qui veut persuader aux autres les vérités dont il est convaincu.

1697. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

C’est ainsi que la plupart de ses inventions primitives, celles de l’habillement, celles qui touchent à l’alimentation, ont eu pour but, par des modifications artificielles des circonstances ambiantes, de lui permettre de conserver ses dispositions organiques, son aspect, ses habitudes, en dépit de certaines variations contraires naturelles des mêmes circonstances14.

1698. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Le Mercure du 1er germinal an IX disait : « Le roman n’est que le prétexte, le but est de parler de soi ; c’est une arène où l’on attaque, où l’on se défend.

1699. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Alors commençait entre ces trois hommes, d’âge, d’esprit et de condition si divers, un entretien d’abord familier comme le voisinage et nonchalant comme le loisir sans but ; mais bientôt après l’entretien sortait des banalités de la simple conversation ; il s’élevait par degrés jusqu’à la solennité d’une conférence sur les plus graves sujets de la philosophie, de la politique et de la littérature.

1700. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

La tentative phrénologique de Gall et de son école eut ceci de scientifique qu’elle avait pour but de substituer à une juste, mais vague affirmation des rapports entre l’homme physique et l’homme moral, une classification des organes cérébraux exactement correspondants aux facultés, aux capacités, aux instincts, aux appétits de l’âme humaine, de manière que cette classification pût servir de base à une véritable théorie des faits psychologiques.

1701. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Son but n’est pas de prouver telle ou telle théorie. […] La discussion peut-être n’en laissera pas grand-chose, mais comme c’est elle-même qui est le but de ces lignes, je m’y résigne et m’en applaudis. […] Pour effet, non pour but. Le but est la pureté, l’absolu de l’œuvre d’art, l’évangile de Gautier et de Baudelaire qui forme plus ou moins liaison du romantisme au réalisme et assurera plus tard, avec Remy de Gourmont par exemple, la même liaison du naturalisme au symbolisme.

1702. (1898) La cité antique

Il n’avait pas pour but le plaisir, son objet principal n’était pas l’union de deux êtres qui se convenaient et qui voulaient s’associer pour le bonheur et pour les peines de la vie. […] C’était là l’important ; fixer les dieux avec eux était ce que ces hommes avaient le plus à cœur, et l’on peut croire que la cérémonie religieuse n’avait pas d’autre but. […] Il ne marque pas lui-même sa route et son but ; il se laisse diriger par la divinité : Italiam non sponte sequor. […] Mais ils triomphent de tout et arrivent au but marqué : Fata viam inveniunt.

1703. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Ghil parlait un peu en détail du but poétique qu’il vise, mais quel artiste ne succombe pas à la tentation de revenir sans cesse à l’objet de ses travaux ? […] Et tous, nous devons défendre ce que nous estimons vrai, de toutes nos force, et nettement, sans donner prise à des interprétations fausses. » (Albert Lantoine, février 92) — Du pur évocateur des réalités quotidiennes en tels prolongements de suggestion et de rêve, de Max Elskamp : « Dans le bon combat pour lequel vous combattez, avec des forces accrues, je voudrais vers votre but, être parmi ceux de bonne volonté qui marchent vers lui pour l’atteindre.

1704. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Mais je doute qu’ils atteignent leur but, parce qu’enfin, quelque opinion particulière que l’on ait sur Pascal, il faut convenir au moins que, dans les Pensées, telles qu’elles nous sont parvenues, la misère de la condition humaine et les motifs de désespoir sont marqués d’un trait bien autrement fort, bien autrement original et saisissant que la félicité des élus. […] Il put croire un moment qu’il allait toucher le but et qu’une grande fortune commençait pour lui. […] « Expliquer ou atténuer les rigueurs de la postérité par l’enquête des causes qui la justifient » ; et par suite, sous l’apparente et uniforme pauvreté des œuvres, découvrir et noter les symptômes de la renaissance prochaine, remonter pas à pas jusqu’aux sources inconnues de ces grands courants qui traversent la littérature du siècle, marquer enfin les origines de la prose et de la poésie contemporaines, tel est le but qu’il s’est proposé. […] La veille encore, pour devenir de rien ou de peu ce quelque chose ou ce quelqu’un qu’ils ambitionnaient d’être, il fallait passer par la littérature : il est désormais inutile d’entreprendre cette voie pacifique et trop longue : la politique les conduira plus droit et plus vite au but.

1705. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Nous approchons ici du but, et nous sommes en état de fixer la formule d’un sermon de Massillon. […] Je dis qu’il oublie tout simplement que, pour vouloir trop prouver, c’est comme si l’on ne prouvait rien ; que passer le but, c’est une manière de le manquer ; et qu’encore un pas, il va perdre la confiance de son auditoire : « Vous avez entendu parler de Judas, mon cher auditeur ; le nom de ce traître n’est jamais venu frapper vos oreilles qu’avec de nouvelles horreurs, mais votre rechute après les gémissements de la pénitence me paraît bien plus noire70 » Non ! […] On ne peut même pas nous dire : « Agis en toute circonstance, ou selon ton intérêt, ou selon ton plaisir », que ce conseil n’implique une certaine façon, je veux dire une façon certaine, déterminée de concevoir la vie, et le sens, et le but de la vie. […] Le but qu’ils se proposaient était l’extinction d’un journal où je respecte aussi peu leur doctrine détestable que leur style emphatique, et où, faible roseau, j’ai l’insolence de ne pas plier devant ces cèdres majestueux151. » Il est permis de regretter que Malesherbes n’ait pas mieux compris ce qu’il y avait en Fréron d’audace et de générosité même, et qu’au contraire, comme on l’a vu, ce soit toujours ou presque toujours, contre Fréron, et du parti de la philosophie, qu’il ait cru devoir se ranger. […] Il n’y a de lois favorables à l’art d’écrire que celles qui sont tirées du fond même de l’art d’écrire, j’entends celles qui se proposent d’aider l’écrivain à toucher plus facilement et plus à plein le but de L’art d’écrire, qui est la communication, non pas même de la vérité, car qui possède la vérité ?

1706. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Argus (c’est le nom de l’aîné des fils de Chalciope) commence en médiateur ; il essaye de disposer son grand-père en faveur des étrangers ; il raconte les services que lui et ses frères en ont reçus, le but de l’expédition, la qualité et la race divine de cette élite de héros ; que Jason ne vient que pour satisfaire aux ordres d’un tyran jaloux, et que, s’il obtient de plein gré la toison désirée, il est prêt, lui et ses amis, à payer ce bienfait par tous les services. — Éétès s’emporte à cette nouvelle, il met en doute la bonne foi des arrivants, il menace.

1707. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ampère lut dans le Moniteur le programme du prix de 60, 000 francs proposé par Bonaparte, en ces termes : « Je désire donner en encouragement une somme de 60, 000 francs à celui qui, par ses expériences et ses découvertes, fera faire à l’électricité et au galvanisme un pas comparable à celui qu’ont fait faire à ces sciences Franklin et Volta, … mon but spécial étant d’encourager et de fixer l’attention des physiciens sur cette partie de la physique, qui est, à mon sens, le chemin des grandes découvertes. » M. 

1708. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Ou encore, sans but aucun, c’est un assaisonnement perpétuel, le hors-d’œuvre à la fin d’un grand banquet, après une littérature finie.

1709. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Il s’enivre, paresseusement et sans choix, de lectures qui donnent le vertige à ses yeux et à son imagination ; il devient incapable d’aucun emploi honnête et sérieux de ses mains ; il s’évade de Genève sans avoir d’autre but que de fuir tout ordre réglé et tout travail utile d’une société laborieuse ; il veut de sa vie réelle faire un roman d’aventures semblables aux romans dont il est saturé.

1710. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

S’il prenait quelquefois la parole, c’était dans un intervalle de repos ; il relevait d’un mot une erreur ; il ramenait la discussion à son principe et à son but.

1711. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Leur unique but, leur désir unique, est qu’il soit glorifié en lui-même et dans tous les saints, par-dessus toutes choses.

1712. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Son sourire bienveillant donnait de la grâce au sérieux de ses pensées, et ses mots fins et à deux sens portaient d’eux-mêmes et touchaient avec justesse à leur double but, comme deux traits partis à la fois d’un même arc : l’un pour faire sourire, l’autre pour faire penser.

1713. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Mais, comme c’est un homme d’un esprit transcendant en fait de révolution, il avait déjà pour système de faire le moins de mal possible, la nécessité du but admise.

1714. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

C’est par là qu’Othello a séduit Desdémone, …These things to hear Would Desdemona seriously incline : But still the honse affaire would draw her thence Which ever as she could with has te dispatch She’d come again, and with a greedy ear Devour up my discourse (Othello, acte I, sc. 

1715. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Même les livres plus sombres de la dernière période, Les Temps difficiles, Les Grandes Espérances, L’Ami commun, ne sont pas entièrement dénués de ce comique sans fiel, de cette veine de drôlerie innocente et fine, de ce fun, comme disent les Anglais, qui a fait assurément beaucoup pour le grand succès populaire des livres de Dickens La raillerie n’est pas toujours aussi bénigne chez ce romancier, et souvent il emploie la caricature à son but propre, à tourner en dérision les choses qui l’indignent.

1716. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Si l’on note le caractère commun de « l’écriture artiste » chez des gens aussi dissemblables que les de Goncourt, Baudelaire, Leconte de l’Isle, Th. de Banville, Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam, Cladel, on remarquera que tous affectionnent une forme de phrase et une série de mots qui demeurent identiques à travers les sujets divers qu’ils traitent ; en d’autres termes, tous poursuivent deux buts, et non un seul en écrivant : exprimer leur idée  construire des phrases d’un certain type ;  en d’autres termes encore tous sont doués d’un certain nombre de formes verbales et syntactiques, dans lesquelles ils s’emploient avec une extraordinaire adresse à rendre les idées qui s’associent ou qui pénètrent dans leur esprit.

1717. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Elle le cherche, et commence à soupçonner le déguisement des dieux, qui, pour parvenir à leur but, veulent tromper son amour.

1718. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Parce que le livre est une œuvre d’art et de volonté, où l’auteur se propose un but, et où il se montre, non ce qu’il est, mais ce qu’il veut paraître.

1719. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

La religion à illustrer était son but ; c’est dans la religion qu’il devait chercher son texte.

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