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530. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Ce style provient d’une telle suite de sentiments en accord avec les vœux de tous les hommes honnêtes, d’une telle confiance et d’un tel respect pour l’opinion publique, qu’il est la preuve de beaucoup de bonheur précédent, et la garantie de beaucoup de bonheur à venir.

531. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Par bonheur, il restait à Verlaine quelque argent de poche. […] J’apprends que le manuscrit des Valentines, par bonheur retrouvé, est aux mains de l’éditeur Messein.

532. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Du point de vue même de cette interprétation purement intellectuelle de l’existence phénoménale, il faut donc faire place à la tendance de l’être humain qui s’exprime en ce vœu : fonder son bonheur sur la sensation. […] Les considérations précédentes nous avertissent qu’à côté de cette utilité de connaissance qui fut tout d’abord désignée comme cause de toute invention de réel, il est nécessaire de faire place à une autre utilité, qui s’exprime dans la recherche du bonheur par la sensation, et qui semble jusqu’ici avoir donné naissance à presque toute spéculation philosophique, ainsi qu’à toute conception religieuse, économique ou politique.

533. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Un bonheur bête est la solution. D’abord, ce bonheur, d’autres le nommeraient d’un autre mot.

534. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

celle qui les a écrites, qui a parlé avec tant d’enthousiasme des triomphants bonheurs de l’amour, un jour elle-même a été brisée. […] Au moment même où elle lui avait fait monter, de lettres en lettres et d’aveux enivrants en aveux enivrants, jusqu’au bonheur suraigu et coupable qui est le point fatal et final de l’amour heureux, jusqu’à ce ciel d’une minute qui est le ciel de l’amour, celui dont parle madame de Staël avec tant de poésie — et qui n’est souvent qu’un bourreau vulgaire — frappa, et la faute fut punie !

535. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Mais, ce qu’il y a de céleste et de divin, c’est d’avoir entre ses mains le bonheur des hommes, et de faire ce bonheur.

536. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Et c’est une allusion à la publication récente du volume de Verlaine, Bonheur, où le poète critique les essais des jeunes. […] Il ne peut s’empêcher d’avoir le sentiment de sa responsabilité, l’idée que le bonheur de sa vie désormais ne dépendra plus de lui seul. […] Un livre très dur, ce Bonheur ! […] Pour moi, c’est un bonheur qui m’étourdit : c’est une émotion physique. […] Entre temps, toute sorte d’aventures particulières ; et il s’y conduit avec plus ou moins de bonheur et d’adresse.

537. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Le hasard du génie y pourvoira… Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte du premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé.

538. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Klingsor, Tristan (1874-1966) »

Tristan Klingsor se montre un poète délicat et subtil, et, parmi les poètes nouveaux, l’un de ceux qui manient avec le plus de dextérité, d’invention et de bonheur le redoutable et difficile vers libre.

539. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

Inquiets et volages dans le bonheur, constants et invincibles dans l’adversité, formés pour les arts, civilisés jusqu’à l’excès, durant le calme de l’État ; grossiers et sauvages dans les troubles politiques, flottants comme des vaisseaux sans lest au gré des passions ; à présent dans les cieux, l’instant d’après dans les abîmes enthousiastes et du bien et du mal, faisant le premier sans en exiger de reconnaissance, et le second sans en sentir de remords ; ne se souvenant ni de leurs crimes, ni de leurs vertus ; amants pusillanimes de la vie pendant la paix ; prodigues de leurs jours dans les batailles ; vains, railleurs, ambitieux, à la fois routiniers et novateurs, méprisant tout ce qui n’est pas eux ; individuellement les plus aimables des hommes, en corps les plus désagréables de tous ; charmants dans leur propre pays, insupportables chez l’étranger ; tour à tour plus doux, plus innocents que l’agneau, et plus impitoyables, plus féroces que le tigre : tels furent les Athéniens d’autrefois, et tels sont les Français d’aujourd’hui.

540. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Plût à Dieu qu’un si bel exemple fût imité dans le reste de l’Europe, & qu’en désarmant la chicane par des bonnes loix, on assurât le bonheur & les possessions de tous les citoyens.

541. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

« Soyez tranquille sur tous les points », écrit-il à son amie qui avait sans doute manifesté quelque inquiétude à cet égard, « soyez tranquille ; la ressemblance n’est pas du tout parfaite, et, quand elle le serait, elle ne me rappellerait que des peines et le bonheur dont vous les avez effacées. […] Quel bonheur !  […] Aujourd’hui je ne puis vous parler que du bonheur de vous revoir jeudi. » Que cette commémoration est touchante, et qu’il y a de vraie sensibilité dans cette date ! […] Seulement Saint-Évremond n’avait jamais d’humeur ni contre les événements, ni contre les hommes, ni contre la fortune ; il se laissait amuser, il se prêtait même en philosophe anacréontique au bonheur qu’on voulait lui faire ; il était le complaisant de la belle Hortense. […] Ce récit rappelle bien cet homme qui avait écrit avec tant de justesse cette phrase immortelle dans René : « Si j’avais encore la folie de croire au bonheur, je ne le chercherais que dans l’habitude. » Il avait raison : l’amitié est une habitude du cœur, et l’habitude est l’amour des vieillards.

542. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Artiste eut-il jamais pareil bonheur ? […] Et on remarquera que non seulement le méchant « philtre d’amour » disparaît ainsi, mais encore, que cette attente d’une mort subite qui a provoqué l’aveu et qui a ainsi donné aux deux amants le seul bonheur que la vie pouvait leur accorder, devient le levier qui permet au maître de « reléguer le drame à l’intérieur ». « La vie et la mort, l’importance et l’existence du monde extérieur, tout ici dépend uniquement des mouvements intérieurs de l’âme. » dit Wagner (VII, 164) ; et, à partir de ce moment, cela est vrai. […] La mort leur avait donné l’unique minute de bonheur ; mais de bonheur indicible, absolu. […] Ernst, qu’il faille négliger les souvenirs personnels de ceux qui ont eu le bonheur d’entendre le maître ; mais nous ne les acceptons que quand, comme ici, ils viennent d’un témoin digne de foi et qu’ils sont datés.

543. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Réduits en termes précis, tous ces adjectifs heureux, pur, noble, élevé, plaisant, fort et doux, signifient que l’art idéaliste classique sait donner de la nature, du dehors et du dedans de l’homme une image où se trouvent réunis les traits corporels ou moraux qu’il est bon que l’homme possède pour son bonheur et pour le bien de sa race13. […] Ils donnent à l’homme un corps contrefait, mal bâti et souffreteux ou bouffi de chair et truculent, un visage déplaisant, vulgaire, hâve, douloureux ; ils se complaisent dans la description des lieux sales et pauvres ou lourdement fastueux ; ils analysent les passions basses, la luxure, l’avarice, la méchanceté, la fourberie, l’humiliation, la souffrance laide ; ils conçoivent l’homme comme méchant et malheureux, c’est-à-dire encore qu’ils le représentent dans les traits corporels et moraux qu’il est mauvais que l’homme possède pour son bonheur et celui de sa race. […] Dans une étude qui a paru ailleurs, nous avons marqué comment cette affection résulte chez la plupart des littérateurs de la constitution mentale même, qui ne saurait presque jamais exister en un état de santé, qui toujours est hypertrophiée de quelque côté et défectueuse d’un autre, de telle sorte que ses parties se nuisent et nuisent au bonheur de celui qui les possèdent. […] James Sully comme condition du bonheur, cette forte discipline de la volonté qui conduit à réaliser les désirs possibles et à se détourner des désirs insensés. […] La sociologie moderne se trompe en reconnaissant qu’il est légitime de perpétuer cet état de guerre quand la subsistance pouvant être assurée à tous sans qu’il soit nécessaire que l’on s’affame, l’homme uni à d’autres pourrait aspirer à ce que l’on s’associât pour le bonheur et non pour lutter encore à répartir inégalement la profusion des richesses.

544. (1926) L’esprit contre la raison

D’ailleurs, si nul ne peut même songer à en vouloir aux beaux animaux de sang assez riche, de chair assez confusément opulente pour opposer une tête et un corps en toute spontanéité victorieux des pièges sentimentaux et des méchancetés de l’intelligence, quel moyen d’accepter les calembredaines et syllogismes truqués des anémiques, sots et pédants qui, à grand fracas, se réclament de civilisationl, parlent avec ostentation de vie morale et, en fait, se contentent d’user de principes à double fond pour composer un bonheur dont la source n’a point jailli de ce morceau d’eux-mêmes où il eût été, sinon héroïque, du moins décent qu’ils tentassent de la faire sourdre. […] Que l’individu agisse en vue d’un bonheur grossier, qu’il se fasse de la science, de la raison autant de remparts d’égoïsme, que peut-il contre une simple, une toute petite phrase de poète: Terre arable du songe ! […] Au contraire, nous savons à quelle pourriture se condamnait l’individu qui, non satisfait de sa créature terrestre, mais tout de même incapable d’assigner à cette créature un simple rôle relatif, non seulement ne la limitait point, mais encore pour donner, vis-à-vis de soi-même et des autres, illusion de bonheur ou de dignité quotidienne, pour étouffer les cris du doute, chantait la Marseillaise de sa médiocrité, se galonnait de mensonges éthiques, esthétiques et autres. […] C’est là et non dans le coma paisible, le radotage sans fin des après déjeuner et, comme le constate André Breton dès la seconde page du Manifeste du surréalisme : « Réduire l’imagination en esclavage, quand bien même il y irait de ce qu’on appelle grossièrement le bonheur, c’est se dérober à tout ce qu’on trouve au fond de soi de justice suprême. […] Ainsi l’homme libre dédaigneux de la conscience et de son joug aspire à la nuit, son bonheur, sa liberté.

545. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Pour ton bonheur (s’il est quelque bonheur ici-bas), il était égal à ta bonté, car la fortune avait bâti ton nid sur des lieux élevés. […] Il veut quelle lui vante le bonheur dont il jouit, et qu’elle y applaudisse en le partageant. […] Peut-on jamais trop inspirer l’amour des devoirs et de la vertu aux princes d’où dépend le bonheur de tant d’hommes ? […] J’ai le bonheur ou le malheur de rencontrer mon nom assez souvent dans des ouvrages polémiques, des pamphlets, des satires. […] Un moment de vanité peut lui enlever le bonheur de toute sa vie.

546. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

. —  Ses succès et son bonheur. […] Le moraliste. —  Ses essais sont tous moraux. —  Contre la vie grossière, sensuelle ou mondaine. —  Cette morale est pratique, et partant banale et décousue. —  Comment elle s’appuie sur le raisonnement et le calcul. —  Comment elle a pour but la satisfaction en ce monde, et le bonheur dans l’autre. —  Mesquinerie spéculative de sa conception religieuse. —  Excellence pratique de sa conception religieuse. […] Il faut voir avec quelle complaisance il peint dans sir Roger et dans le Freeholder les sérieux contentements du citoyen et du propriétaire : « J’ai choisi ce titre de franc-tenancier, dit-il, parce qu’il est celui dont je me glorifie le plus, et qui rappelle le plus efficacement en mon esprit le bonheur du gouvernement sous lequel je vis. […] Au fond de sa morale est une balance qui pèse des quantités de bonheur. […] C’en est assez, je n’y veux point aller. —  La même précision littérale et lourde lui fait rechercher quelle espèce de bonheur auront les élus921.

547. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Il ne sentira pas que le bleu et le rouge, la ligne droite et la ligne courbe, suffisent pour composer des concerts immenses qui, parmi tant d’expressions diverses, gardent une sérénité grandiose, et ouvrent au plus profond de l’âme une source de santé et de bonheur. […] Le fond du caractère anglais, c’est le manque de bonheur. […] Il va chercher de pauvres ouvriers, des bateleurs, un enfant trouvé, et accable sous leur bon sens, sous leur générosité, sous leur délicatesse, sous leur courage et sous leur douceur, la fausse science, le faux bonheur et la fausse vertu des riches et des puissants qui les méprisent. […] Dans un pays où il est scandaleux de rire le dimanche, où le triste puritanisme a gardé quelque chose de son ancienne animosité contre le bonheur, où les critiques qui étudient l’histoire ancienne insèrent des dissertations sur le degré de vertu de Nabuchodonosor, il est naturel que l’apparence de la moralité soit utile. […] Personne, selon Dickens, ne sent aussi vivement qu’eux le bonheur d’aimer et d’être aimé, les joies pures de la vie de famille.

548. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Lamartine.] » pp. 534-535

En choisissant et indiquant les points élevés et lumineux, vous avez obéi à cette noble nature qui va, comme le cygne, se poser à tout ce qui est limpide, éclatant et pur ; et vous m’avez ainsi, rien que par le bonheur amical de vos citations, élevé à ta fois et idéalisé à votre exemple.

549. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

Cette pensée, il voulait la revêtir de grâce et de charme, sachant bien que le but de la poésie c’est, avant tout, de satisfaire le besoin de la beauté ; mais il pensait, sans le dire, que le travail de la forme pour elle, même, permis aux arts plastiques, risque de réduire la poésie au rôle de simple amusement… Vers la lumière respire le bonheur partagé, mérité et permis.

550. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — France, Anatole (1844-1924) »

. — Au Petit Bonheur, comédie en un acte (1898). — Le Lis rouge, pièce (1899). — Pierre Nozière (1899). — Clio, choix (1900).

551. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 497-500

C’est elle qui corrompt les mœurs & les maximes, Ravale des vertus, & couronne des crimes, Selon son intérêt regle les sentimens, Juge des actions par les événemens, Méprise un vertueux que le Ciel abandonne, Révere un scélérat que le bonheur couronne, Aux Peuples inquiets vante les nouveautés, Et leur fait un Héros d’un Chef de Révoltés, &c.

552. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre V. Ruines des monuments chrétiens. »

S’il est parmi les anges, comme parmi les hommes, des campagnes habitées et des lieux déserts, de même que vous ensevelîtes vos vertus dans les solitudes de la terre, vous aurez sans doute choisi les solitudes célestes pour y cacher votre bonheur !

553. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Petit perfide, je te reconnais ; puissé-je pour mon bonheur, ne te plus rencontrer.

554. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Il avait perdu cette première épouse par la mort ; il n’avait renoncé ni au bonheur ni à l’amour. […] Il accomplit sa mission sévère, récompensé par le bonheur. […] Quant à sa femme, elle portait dans son regard et dans les traits de sa bouche tout le cœur à la fois si tendre et si sublime de son premier mari, et tout le bonheur qu’elle devait au second. […] Heur pour bonheur. «Heur, dit la Bruyère, se plaçait où bonheur ne pouvait entrer ; il a fait heureux, qui est si français, et il a cessé de l’être.

555. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Autour de tes bonheurs, autour de tes désastres, Autour de tes serments à bras tendus prêtés, Et de tes jugements et de tes vérités, Les constellations colossales se lèvent ; Les dragons sidéraux s’accroupissent et rêvent Sur toi, muets, fatals, sourds et tu te sens nu Sous la prunelle d’ombre et sous l’œil inconnu. […] Un homme d’esprit s’est amusé à résumer comme il suit les pièces d’Hugo : — « On s’amuse et la mort arrive (Noces et festins) ; Nous allons tous à la tombe (Soirée en mer) ; Il faut être charitable pour gagner le ciel (Pour les pauvres) ; Le bonheur pour les jeunes filles est dans la vertu (Regard jeté dans une mansarde) ; L’amour n’a qu’un temps, mais on s’en souvient toujours avec plaisir (Tristesse d’Olympio), etc. […] Seulement, à cette vie immuable, à ses bonheurs et à ses tristesses nous apportons, pour les faire nôtres, cette nuance indéfinissable qui est la personnalité. […] Il y a sur la terre peu de fonctions aussi importantes que celle-ci : être charmant… Avoir un sourire qui, on ne sait comment, diminue le poids de la chaîne énorme traînée en commun par tous les vivants, que voulez-vous que je vous dise, c’est divin. » Il a aussi des peintures admirables du dévouement féminin, du dévouement de chaque jour : « Etre aveugle et être aimé, c’est en effet, sur cette terre, où rien n’est complet, une des formes les plus étrangement exquises du bonheur. […] Le suprême bonheur de la vie, c’est la conviction qu’on est aimé malgré soi-même ; cette conviction, l’aveugle l’a… Ce n’est point perdre la lumière qu’avoir l’amour.

556. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Le « bonheur » à la Saint-Preux, c’est, a dit M.  […] Déplorable passe-temps que de demander au clair de lune des promesses de bonheur pour cœurs insatisfaits ! […] L’objet de la discipline stoïcienne, c’est le bonheur. […] Ce n’est peut-être qu’une inévitable erreur de termes de la part d’une femme, que de demander le bonheur. […] Il aborde la société convaincu que les hommes sont bons, c’est-à-dire que le bonheur de Jean-Jacques est leur principale affaire.

557. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

L’accueil que je reçus fut cordial dans cet aimable milieu, où tout respirait le bonheur. […] Quel grand bonheur est celui-là !! […] … Mais, comme a dit un poète russe : notre bonheur est dans notre misérable ignorance. […] Maman et nous tous sommes enchantés de ton bonheur, car je présume que tu es heureuse. […] Je t’embrasse de tout mon cœur et te souhaite tout le bonheur possible et impossible.

558. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Véron.] » pp. 530-531

Vous avez dit ce qui était à dire : il aimait l’esprit et il en avait ; il avait un grand sens, — ce bon sens qui se trouve au fond de tout bonheur : il y mêlait, comme vous l’observez très bien, quelque légèreté (mot qui étonne à première vue) et de l’inconstance.

559. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Celui-ci avec du génie, de l’éloquence & une Littérature étendue, a prouvé combien un homme sage doit se défier de ses préventions, & combien il est essentiel, pour le bonheur & la véritable gloire, de savoir les réprimer, lorsqu’elles nous emportent trop loin.

560. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

« J’ai eu le bonheur de ne point déplaire aux ames sensibles & honnétes.

561. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Et, dans ce travail qui voulait avant tout faire vivant d’après un ressouvenir encore chaud, dans ce travail jeté à la hâte sur le papier et qui n’a pas été toujours relu — vaillent que vaillent la syntaxe au petit bonheur, et le mot qui n’a pas de passeport — nous avons toujours préféré la phrase et l’expression qui émoussaient et académisaient le moins le vif de nos sensations, la fierté de nos idées.

562. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Et, dans ce travail qui voulait avant tout faire vivant d’après un ressouvenir encore chaud, dans ce travail jeté à la hâte sur le papier et qui n’a pas été toujours relu — vaillent que vaillent la syntaxe au petit bonheur, et le mot qui n’a pas de passeport — nous avons toujours préféré la phrase et l’expression qui émoussaient et académisaient le moins le vif de nos sensations, la fierté de nos idées.

563. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre X. Machines poétiques. — Vénus dans les bois de Carthage, Raphaël au berceau d’Éden. »

» Il s’avance dans le jardin du bonheur, au travers des bocages de myrtes, et des nuages de nard et d’encens ; solitudes de parfums, où la nature, dans sa jeunesse, se livre à tous ses caprices… Adam, assis à la porte de son berceau, aperçut le divin Messager.

564. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

Il n’en est pas de même pour la comédie : les caractères de la nouvelle comédie à Athènes furent tous imaginés par les poètes du temps, auxquels une loi défendait de jouer des personnages réels, et ils le furent avec tant de bonheur, que les Latins, avec tout leur orgueil, reconnaissent la supériorité des Grecs dans la comédie.

565. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Le bonheur n’existe pas, mais il y a des bonheurs : et les bonheurs ne peuvent être pleinement sentis que s’ils sont coupés d’états neutres ou même pénibles. […] Suivant son tempérament et suivant son développement physique et moral, il y a un maximum de bonheur que l’homme ne peut dépasser. […] Mais bonheur ou anéantissement, le nirvâna, comme le paradis, donne à l’existence humaine un but extérieur à la vie même. […] Pour lui le but de la vie, c’est la recherche du bonheur. […] A bonheur, il ne dit rien, signe que la prononciation est normale.

566. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Quelle satisfaction pouvons-nous donner à l’instinct qui nous incline vers la recherche du bonheur ? […] Qu’y a-t-il de réel dans le bonheur, sauf peut-être les déceptions dont il s’accompagne ? […] C’est cela même qu’on appelle le bonheur. […] Jouira-t-il de ce bonheur acheté au prix d’un acte que sa conscience lui reproche comme un crime ? […] En demandant à la foi le bonheur présent et la félicité terrestre on méconnaît donc ce qui en fait le principe.

567. (1888) Poètes et romanciers

Chaque fois qu’il rencontre l’écueil, il l’élude avec un bonheur, une aisance incomparables. […] Vivre seul, faire des vers tout à son aise, c’était pour lui le bonheur. […] Mais il y avait un autre écueil sur lequel pouvait se briser ce fragile bonheur : c’était la conscription. […] Et l’on confie avec bonheur le succès de l’auteur et de son livre aux gens de goût et aux honnêtes gens. […] Il est de plein droit, et nous le saluons avec bonheur, partout où l’émotion vraie a passé.

568. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Il a eu le rare bonheur de se trouver dans des circonstances en harmonie avec son genre de talent : il était né pour écrire des feuilletons. […] Pour quoi admirera-t-on un prince, si ce n’est pour avoir fait le bonheur de sa nation, surtout si cette nation est l’univers ? […] L’opinion sur Auguste est une affaire de calcul : il a fait pendant trente ans le bonheur du monde ; il a épargné infiniment plus de sang qu’il n’en a répandu. […] On ne cesse de répéter qu’Octave fut heureux : disons plutôt qu’il fut habile, et voyons dans son bonheur la suite naturelle de sa conduite. […] Dira-t-on qu’on est fâché que Zamore insulte et brave Gusman, parce qu’au dénouement Gusman se trouve un héros qui pardonne sa mort à Zamore, et qui fait son bonheur ?

569. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

Va, mon enfant chéri, d’une famille à l’autre, Emporte le bonheur et laisse-nous l’ennui.

570. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Me serrer à ton côté, c’était un doux, un charmant bonheur, mais je ne le ressentirai plus ; il me semble que j’ai besoin de me faire violence pour aller à toi, que tu me repousses loin de toi. […] si j’avais le bonheur de la ramener avec moi ! […] Herman, soutenu par sa mère et par les voisins, s’avance vers Dorothée et lui dit d’une voix tremblante d’émotion et d’amour : « “Ne regrette pas ces larmes et cette douleur passagère, car elles ont assuré mon bonheur et le tien aussi. […] Mais le prince, tout en préparant ainsi le bien-être rural de son ami, s’était réservé d’employer plus utilement son rare génie et sa sagacité politique au bonheur de ses peuples et à l’éclat littéraire de sa cour.

571. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

— Je souhaiterais, lui dit la reine, que ma parole pût agir sur vous, comme la vôtre agit sur l’Écosse, nous nous entendrions, nous serions amis, et notre bonne intelligence serait la paix et le bonheur du royaume ! […] Elle donnait certainement en ceci à sa sœur d’Écosse, Marie Stuart, le plus sage conseil qui pût assurer, avec son repos, le bonheur de son peuple et l’amitié entre les deux couronnes. […] Les récits adressés par l’ambassadeur français à sa cour représentent ce mariage comme l’union de deux amants s’effaçant l’un l’autre par leurs charmes, et s’enivrant dans des fêtes prolongées du premier bonheur de leur vie. Les presbytériens seuls et Knox, à leur tour, faisaient discordance à ce bonheur par leurs murmures : « Soyons contents, disait ironiquement le comte de Marton, nous allons être gouvernés par un bouffon Rizzio, un enfant imbécile Darnley, et une princesse au cœur faible Marie Stuart ! 

572. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Cette fois il avait, non pas exécuté définitivement l’abdication de son intelligence, mais trouvé la vérité supérieure qui pouvait mettre l’unité dans sa vie intellectuelle et morale, la vérité où étaient compris toute certitude et tout bonheur. […] Mais il avait conquis le bonheur avec la vérité : il était serein et souriant. […] L’homme a naturellement le désir du bonheur. […] Je ne sais trop, mais assurément Pascal a touché plus juste, quand il a saisi ensuite le fondement naturel et psychologique de la foi, ce désir du bonheur que l’homme ne peut retrancher de son cœur et qui, sans cesse déçu par la réalité, se recule toujours plus loin, jusqu’à ce qu’il ne trouve plus d’autre moyen de subsister que de s’élancer hardiment dans l’inconnaissable, plaçant son espérance en sûreté hors de la vie et du temps.

573. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Quant à ceux qui veulent étudieriez différentes manières de Wagner, de tels programmes leur sont des bonheurs précieux autant que rares. […] Tous ces maîtres ont prouvé que la peinture pouvait, avec un égal bonheur, être descriptive de sensations réelles, ou suggestives de réelles émotions. […] Elle arrive les bras étendus, comme pour jeter sur tous les objets environnants, le brillant éclat de son bonheur, le rayonnement de sa félicité expansive et généreuse. […] Même absorption dans le bonheur présent, même chaste abandon, même aveu simple et entier d’une passion profonde, même reprise d’un thème toujours varié et toujours identique, d’un thème d’amour si heureux qu’on le croirait, écho des célestes liesses, ne pouvoir jamais être interrompu ou brisé !

574. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Il a dit avec un charme nuancé les caresses : Nous ne mêlerons pas nos deux enchantements, Et nous ne serons pas ensemble des amants Trop enivrés tous deux pour songer l’un à l’autre ; Mais le plaisir de l’un tour à tour sera nôtre ; Nos corps épuiseront le bonheur de savoir Tour à tour seulement donner ou recevoir. […] ……………………………………………………… Mon Despax, croyez-vous que ce soit le bonheur ? […] Ton geste sacrilège a tué le bonheur. […] Vous me jurez votre bonheur initial, Et que de moi vous vient la force et la noblesse Du génie, et qu’en vous mon seul sourire laisse Comme un dépôt sacré tout l’espoir nuptial.

/ 1939