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676. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Il répétait sans cesse que ce serait une surprise comme du temps de Noé et de Lot ; qu’il fallait se tenir sur ses gardes, toujours prêt à partir ; que chacun devait veiller et tenir sa lampe allumée comme pour un cortège de noces, qui arrive à l’improviste 793 ; que le Fils de l’homme viendrait de la même façon qu’un voleur, à l’heure où l’on ne s’y attendrait pas 794 ; qu’il apparaîtrait comme un éclair, courant d’un bout à l’autre de l’horizon 795. […] Le jour de grâce, si longtemps attendu par les âmes pures de Galilée, était devenu pour ces siècles de fer un jour de colère : Dies iræ, dies illa !

677. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Les disciples s’attendaient à voir apparaître bientôt le signe dans les nues. […] Quant à Jésus, on est porté à croire qu’il connaissait la trahison de Juda, et qu’il se doutait du sort qui l’attendait.

678. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Une telle passion ne perd jamais de vue le but qu’elle veut atteindre, elle marche toujours ; sans se presser, mais sans se détourner ; elle sait attendre, mais ne néglige rien ; elle n’avance pas toujours d’un pas égal, mais ne recule jamais. […] Non, il ne faut pas s’attendre ici à l’emploi de semblables moyens.

679. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Strophios attend leur réponse. — Son récit est fait du ton indifférent d’un message, quoiqu’il y glisse ce sombre sarcasme : « Ce que j’ai entendu, je le redis, j’ignore si je parle à ceux que cela concerne ; mais il importe que le père le sache » — Clytemnestre écoute, impassible. […] La mort l’attend debout derrière la porte où il l’a embusquée dix années avant : Égisthe entre et il est frappé.

680. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Quelques femmes distinguées, avec ce tact qu’elles tiennent de la nature, n’avaient pas non plus attendu La Bruyère pour montrer leur vive et inimitable justesse dans les genres familiers. […] « Cet ouvrage, a dit Voisenon en parlant des Mémoires de Grammont, est à la tête de ceux qu’il faut régulièrement relire tous les ans. » C’est là un conseil qui vaut mieux qu’on ne l’attendrait de Voisenon.

681. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

On y a trouvé certainement quelque chose de très intéressant encore, mais non pas le dessous de masque auquel on s’attendait un peu et auquel on avait eu grand tort de s’attendre ; car, au bout d’un certain temps, le masque qu’on porte adhère au visage et ne peut plus se lever !

682. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

On y a trouvé certainement quelque chose de très-intéressant encore, de très-piquant, de très-instructif, mais non pas le dessous de masque auquel on s’attendait un peu, et auquel on avait eu grand tort de s’attendre ; car, au bout d’un certain temps, le masque qu’on porte adhère au visage et ne peut plus se lever.

683. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Lorsque, il y a cent ans, la Russie était à peine connue, que les descendants des anciens Scythes étaient encore à demi sauvages, et que le lieu où est aujourd’hui située leur capitale, n’était qu’un désert, on ne s’attendait pas alors qu’avant la fin du siècle, l’éloquence dût y être cultivée, et qu’un Scythe, au fond du golfe de Finlande, et à quinze degrés au-delà du Pont-Euxin, prononcerait un tel panégyrique dans une académie de Pétersbourg. On ne s’attendait pas davantage qu’en 1771, un orateur prononçât sur le tombeau même du czar Pierre un remerciement à l’âme de ce grand homme, pour une victoire remportée par une flotte russe dans la Méditerranée, et au milieu des îles de l’Archipel.

684. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Il y avait ici des circonstances aggravantes : le feuilleton de Janin était léger, inexact, hostile ; la rapidité même avec laquelle on l’a inséré (sans attendre le lundi d’habitude) était une hostilité et une désobligeance de plus ; mais un auteur a toujours mauvaise grâce à venir défendre son ouvrage critiqué et à dire : mon sonnet est fort bon.

685. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note II. Sur l’hallucination progressive avec intégrité de la raison » pp. 396-399

Et le plus doucement possible, avec lenteur et circonspection, déplaçant sous le drap celui de ses bras qui se trouvait le plus éloigné de la figure imaginaire, il l’allongea avec précaution dans la direction opposée, afin de sortir sa main aussi loin que possible de celle qu’il contemplait et de revenir sur celle-ci par un détour fait en l’air, bien lentement, comme on fait quelquefois pour atteindre un papillon ; il s’attendait à voir la main s’envoler avant de l’avoir touchée ; mais pas du tout, les légers plis de la couverture qui se firent malgré ses soins pendant cette grande opération ne modifièrent en rien l’apparence de cette main charmante : voilà que la sienne en est tout près et va pouvoir la saisir.

686. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre premier. Rapports de l’invention et de la disposition »

Le passage d’un plan rigoureusement arrêté aux idées qui doivent s’y distribuer est singulièrement difficile : les choses ne se présentent pas ainsi à notre appel ; on ne les a pas à commandement ; elles ne sont point là qui nous attendent, prêtes à passer à leur tour.

687. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

Mais… « la justice du peuple » est souvent tardive, surtout en matière littéraire, et je ne l’attendrai certes pas pour saluer en M. 

688. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

Il a l’art de dire la chose à laquelle on ne s’attend pas et qui, cependant, est celle qu’il fallait dire.

689. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

Il a attendu, il a persisté.

690. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

Nous avions donc le droit d’attendre beaucoup de M. de La Tailhède. — Voici la victoire.

691. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

On s’attend peut-être ici que je vais faire la critique des histoires aujourd’hui existantes de la littérature française.

692. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — X. Service de nuit. »

Je dis au lieutenant : « Mon lieutenant, je ne puis vous attendre car on m’a donné l’ordre de me dépêcher. » Je m’en retourne.

693. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Attendons. […] Attendons. […] Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre ma réponse. […] attendez ! […] Mais il faut attendre, on ne verra que plus tard.

694. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Si vous vous y fussiez attendu, vous n’auriez pas souri, si ce n’est par politesse. […]  » On s’attendait à un rythme régulier ; il est soudainement rompu ; il y a surprise ; on rit. […] Par ce dernier trait elle rejoint, à quoi elle ne s’attendait guère il y a un siècle, le gemuth allemand. […] Il est impossible de dire à un drame : « Répétez-moi ça », ou « Attendez un instant ». […] Je t’aimais dans le sourire de ta mère qui t’attendait.

695. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Il est rare de trouver un dénouement aussi peu attendu et en même temps aussi naturel. […] Il semblait qu’un spectacle si doux N’attendait en ces lieux d’autre témoin que vous. ……………………………………………………………………………                       Allez, dites-lui que demain J’attends, avec la paix, son cœur, de votre main. […] Il ne faut jamais attendre que le théâtre soit dans la chaleur et l’activité de l’intrigue, pour faire ces délibérations, parce qu’elles la ralentissent et en étouffent les beautés. […] Une mère m’attend, une mère intrépide, Qui défendra son sang contre un père homicide ; Je verrai mes soldats, moins barbares que moi, Respecter dans ses bras la fille de leur roi.

696. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Mais je me disais : Attendons que ma jeunesse soit revenue, que mon front soit essuyé, qu’un peu d’éclat y soit refleuri, pour avoir quelque chose à offrir à Dieu et à lui sacrifier ; et dès qu’un peu de cette fleur de ma jeunesse me semblait reparue, je ne la lui portais pas. » Cependant l’automne de 1805 commençait. […] Il attendit, il attendit longtemps ! […] Jacquemont, humilié d’attendre si longtemps l’aumône législative, résolut enfin de partir. […] Je tins mon sérieux superbement devant cette farce impériale, attendu qu’il n’y avait point de glace dans la salle du trône, et que je ne voyais de ma mascarade que mes grandes jambes en pantalon noir sortant de dessous ma robe de chambre turque. […] Qu’elle attende seulement que Runjet-Sing soit mort ; mais qu’elle ne s’y fie pas !

697. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Formées de molécules très complexes qui renferment, à l’état potentiel, une somme considérable d’énergie chimique, elles constituent des espèces d’explosifs, qui n’attendent qu’une étincelle pour mettre en liberté la force emmagasinée. […] Porté par l’ensemble de l’organisme, il attendra qu’un excédent de potentiel chimique lui ait été fourni pour accomplir du travail. […] Elle n’attendait d’ailleurs que cette occasion. […] Comment attendre du hasard un pareil remaniement ? J’accorde qu’une modification accidentelle du germe se transmettra héréditairement et pourra attendre, en quelque sorte, que de nouvelles modifications accidentelles viennent la compliquer.

698. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

La vérité veut qu’on la cherche, mais qu’on l’attende ; qu’on aille au-devant d’elle, mais jamais au-delà. […] Une vérité attend pour éclore la réunion de ses élémens. […] Quelle modération attendez-vous d’Orosmane ? […] Il l’attend à l’autel pour la sacrifier. […] Je suis condamné, dira-t-il, & pour graver ma honte en airain on n’attend plus que ma ruine.

699. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

Cette solennité, retardée depuis près d’un an, était attendue avec une impatience extrême qu’un si long intervalle n’avait pas lassée.

700. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Pour le coup, monsieur, vous vous attendez à des révélations sincères : patience, elles sont manuscrites encore ; jusqu’ici nul aveu éclatant qui motive cette boutade de repentir ; on sent que la chasteté et la dévotion de 1800 ont passé là-dessus, et que madame de Genlis a effacé ses fautes avec ses larmes.

701. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Nous espérons qu’on s’y attendait.

702. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Chœur. » pp. 21-24

De plus, il n’est pas naturel que des gens intéressés à l’action, et qui, en attendent l’issue avec impatience, restent toujours sans rien dire.

703. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Quand la veuve d’Hector, dans l’Iliade, se représente la destinée qui attend son fils, la peinture qu’elle fait de la future misère d’Astyanax a quelque chose de bas et de honteux ; l’humilité, dans notre religion, est bien loin d’avoir un pareil langage : elle est aussi noble qu’elle est touchante.

704. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Malheureux de ne pouvoir accorder ses opinions et sa conduite, il éprouva, jusqu’à sa dernière heure, qu’il vaudrait mieux n’être pas né que de ne rien attendre de Dieu, et de ne pas oser se fier aux hommes. […] Une maladie de poitrine nous annonçait sa fin prochaine: il l’attendait avec cette religieuse résignation à la nature qui laissait sa bouche sourire à la mort. […] » Bernardin de Saint-Pierre n’en veut pas entendre davantage ; il cesse de défendre son rapport, et se tournant vers ce nouvel adversaire, il lui dit froidement: « Votre maître Mirabeau eût rougi des paroles que vous venez de prononcer. » À ces mots il se retire sans attendre de réponse, et l’assemblée continue de délibérer, non s’il y a un Dieu, mais si elle permettra de prononcer son nom. […] Il oppose à l’athéisme réfléchi de ses collègues l’assentiment involontaire des représentants du peuple, de ces hommes couverts de crimes, qui n’osèrent pas nier le Dieu vengeur qui les attendait. […] Mais que savez-vous si l’objet de qui vous deviez attendre un bonheur si pur n’eût pas été pour vous la source d’une infinité de peines ?

705. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

D’après cela, nous ne pouvons nous attendre à rencontrer actuellement de nombreuses variétés transitoires dans chacune de ces régions, bien qu’elles y aient certainement existé un jour, et qu’elles puissent y être enfouies à l’état fossile. […] En pareil cas, les variétés intermédiaires entre ces diverses espèces représentatives, ainsi que leur parent commun, doivent avoir existé antérieurement dans l’une quelconque de ces stations séparées ; mais ces formes de transition ont été exterminées et supplantées par les procédés de sélection naturelle, de sorte qu’on ne peut plus s’attendre à les rencontrer vivantes. […] Conséquemment, on ne peut s’attendre à trouver des preuves de leur existence antérieure que parmi les débris fossiles qui se sont conservés jusqu’à nous par des moyens extrêmement imparfaits et intermittents, ainsi que nous essayerons de le démontrer dans un prochain chapitre. […] Puisque l’on voit quelquefois certains individus d’une espèce affecter des habitudes très différentes de celles qui sont propres à leurs semblables ou même à leurs congénères, on peut s’attendre, d’après ma théorie, à ce que ces individus donnent accidentellement naissance à de nouvelles espèces, ayant des habitudes anormales et une organisation légèrement ou même considérablement différente de celle de leur type. […] De sorte qu’on ne saurait s’attendre à rencontrer de pareils êtres autre part que dans des dépôts formés au fond de vastes mers ; et comme ils ont dû n’avoir qu’un poids spécifique assez faible pour leur permettre de se soutenir aisément dans l’air ou sur l’eau avec des organes de vol ou de natation très imparfaits, leurs cadavres flottants ont dû nécessairement être rapidement dévorés ou décomposés et dispersés par suite du seul mouvement des vagues.

706. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Nous ordonnâmes à nos enfans de s’asseoir et de nous attendre et pour nous assurer qu’ils n’abuseraient point de notre absence, le plus jeune eut pour tâche deux fables de Phèdre à apprendre par cœur, et l’aîné l’explication du premier livre des géorgiques à préparer ; ensuite nous nous mîmes à grimper par ce chemin difficile. […] Je l’attendais, et nous voilà partis avec les deux petits compagnons de nos pèlerinages, et précédés de deux valets qui se relayaient à porter un large panier. […] C’est qu’ils ont moins de raison et d’expérience ; attendez l’âge, et vous les verrez sourire de mépris à leur bonne. […] Le vieillard est moins pressé, il attend, il choisit : le jeune homme veut une femme, le sexe lui suffit ; le vieillard la veut belle. […] Ce sont ces idées accessoires nécessairement liées à la nuit et aux ténèbres qui empêchent de porter la terreur dans le cœur d’une jeune fille qui s’achemine vers le bosquet obscur où elle est attendue ; son cœur palpite, elle s’arrête, la frayeur se joint au trouble de sa passion, elle succombe, ses genoux se dérobent sous elle ; elle est trop heureuse de rencontrer les bras de son amant, pour la recevoir et la soutenir, et ses premiers mots sont : est-ce vous ?

707. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Par exemple, tant que vous serez sous ma garde, je ne vous lâcherai pas, il ne faut pas vous y attendre ; je vous couperais plutôt le cou comme à deux pigeons. […] en regardant de travers du côté de la lettre. — J’attendis jusqu’au soir, au coucher du soleil. […] Nous arrangerons la chose sans qu’elle s’y attende, ni vous non plus, soyez tranquille ; ça me regarde. […] attendez. — Hô ! […] Il attendit patiemment sa propre fin, qui ne pouvait tarder beaucoup.

708. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Mais, depuis le moment où le roi de Bavière lui a accordé cet appui qu’il attendait, Wagner, pouvant enfin s’occuper pratiquement au théâtre rêvé, voit, de plus en plus, un autre aspect de la question artistique : la destination morale de l’art. […] Il croit que Wagner attendait plus d’une France ennemie de l’Allemagne que d’une Allemagne dont le génie germanique est affaibli. — Il découvre le second motif dans le trait essentiel du caractère allemand, lequel est le penchant prononcé pour la critiqué, tandis que l’amour de l’action est plus marqué dans les races latines. « En règle générale, c’est l’Allemagne qui pense, et la France qui réalise la pensée allemande. » — Enfin, M. de Letamendiau a la conviction que chaque race humaine produit des grands hommes de deux catégories opposées : les uns sont la quintessence de leur race, les autres en sont la contradiction absolue. […] Voilà donc, pour le triomphe prochain du répertoire de Richard Wagner, un interprète sur lequel on peut compter à l’avenir, et que la gloire attend peut-être dans le rôle de Wotan de la Walkure et de Kurwenal de Tristan et Yseult. […] Angleterre. — Le mois passé n’a offert que peu d’événements ; mais maintenant que la saison va bientôt commencer à Londres, nous pouvons attendre, certainement, plus d’activité parmi les musiciens. […] Il voit en Mallarmé, le poète wagnériste par excellence, l’artiste complet attendu en poésie.

709. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Chronique du mois C’est dans un mois et demi, le 23 juillet, que vont être reprises les Fêtes de Bayreuth ; tous les bruits qu’on a fait courir dans les journaux, — manque d’argent, absence des artistes attendus, cessation des préparatifs, — sont autant de manœuvres que les faits démentent absolument. […]   Ces derniers jours, quelques privilégiés viennent de prendre, à Paris, par la grâce du Petit-Bayreuth, un peu d’encouragement à attendre la réconfortation du grand, du vrai Bayreuth. […] Ce drame entier n’est qu’un dénoûment, Wotan, le centre de l’action psychologique, a disparu dès le début, les Nornes nous apprennent qu’il attend, silencieux, la Fin ; avec lui disparaît l’élément réfléchissant, la Pensée ; il ne reste que les émotions, la Passion, — ce que la musique exprime. […] « Instruit par la force de la compassion, l’homme pur et simple, attends-le, lui que j’ai élu. » M.  […] En revanche, nos artistes ont perfectionné la forme du roman, l’ont bellement préparé à devenir ce roman attendu.

710. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Attendre signifie proprement tendre à ; attendre l’eau qui va désaltérer, c’est tendre à l’eau qui va désaltérer. […] Quand vous attendez pour l’unique plaisir de savoir ce qui va arriver, vous désirez encore ce plaisir ; quand vous contemplez l’objet prétendu indifférent, vous désirez le connaître, vous tendez encore à lui. […] Faire attention, c’est attendre quelque chose qui va apparaître, c’est tendre à une représentation qui va venir. […] Tout animal porte déjà le temps dans le plus humble de ses appétits, qui attend sa propre satisfaction.

711. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Une lettre qu’il attend avec une impatience douloureuse court après son frère, qui est en voyage. […] Attendons-les à l’usage qu’ils feront de leur privilège. […] Elle aime l’égalité pour le bien qu’elle en a reçu, et plus encore pour le bien qu’elle en attend. […] » s’écrie-t-il. « Qui ne s’y serait pas attendu ?  […] Avais-je donc attendu, pour aimer ma patrie, qu’elle fût vaincue et démembrée ?

712. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

(Car le « piéton » attendait ma lettre et m’a obligé de la finir brusquement.) […] Mais pour cela j’aurais été obligé d’attendre longtemps, debout, dans la foule. […] Nous attendons maintenant notre ancien hôte le shah de Perse et nous lui préparons de fort belles fêtes. […] Et alors, malgré nous, nous attendons un peu de retour. […] personne, excepté les pauvres, les résignés, ceux qui sont patients, ceux qui savent attendre.

713. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

On a laissé passer la date funèbre du 17 février sans la fixer, sans la marquer par une sorte d’apothéose, et Molière doit attendre les fêtes qu’organise M.  […] Il leur suffit d’attendre. […] Il attendit un an ; il lisait alors son œuvre, comme en cachette, dans des maisons amies, devant un public trié et d’esprit libéral. […] Je sais bien toutefois que vous attendez autre chose de moi que des soupirs et des larmes, mais le moyen de s’empêcher d’en répandre un torrent ! […] Il faut attendre ce travail de M. 

714. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Malgré le soin que Molière avait eu d’attendre, le monarque lui fit faux bond les premières semaines. […] Molière, après les avoir lus, dit qu’il ne les entendait pas non plus, “Mais attendez, dit-il à Baron, M.  […] On a lieu de s’attendre à voir Racine, pénétré de gratitude pour tant de bienfaits, les proclamer hautement de tous côtés. […] Molière n’attendit pas ce second procédé pour apprécier le premier comme il devait le faire ; et dès ce moment, il cessa de voir Racine. […] La première permission ayant été donnée verbalement, on se trouva dans l’impossibilité de la produire, et force fut d’attendre un nouvel ordre de Sa Majesté.

715. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

C’est donc un poète semi-sérieux, comme disent les Italiens de nos jours ; ne vous attendez pas à autre chose, vous seriez trompés ; aussi ne l’ouvrez qu’à un certain âge et dans les heures oisives où votre âme, libre de grandes passions et vide de hauts enthousiasmes, cherche à se bercer elle-même sur les vagues apaisées de la vie, en un mot, quand vous voulez vous amuser avec des vers comme avec des osselets. […] Une belette lui cria de loin : “Veux-tu sortir de là : attends que tu maigrisses ; maigre tu es entré, maigre tu sortiras ! […] Attendez la saison d’hiver où un livre est une société toujours bienvenue au coin du feu ; attendez surtout la saison d’été, où un compagnon est agréable pour répercuter en vous les douces sensations du soleil, de l’ombre des bois, des eaux, de la montagne, de la mer ; achetez cette délicieuse miniature d’Horace illustrée par les Didot ; asseyez-vous à la lisière de vos bois au bord du ruisseau, sous les saules où les oiseaux gazouillent à l’envi de l’onde, et lisez, et prenez les heures comme elles viennent, et dites, comme Horace : Carpe diem, saisissez le jour, tout est pour le mieux, pourvu qu’on ait les pieds au soleil et la tête à l’ombre !

716. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

De plus, la plupart des variétés qui ont donné lieu à des expériences ont été produites à l’état de domesticité ; or, comme la domesticité, et je ne veux pas parler ici seulement de la réclusion, paraît tendre à diminuer la stérilité, nous ne pouvons nous attendre aussi à ce qu’elle la produise. […] À l’égard des formes vivantes, nous devons nous rappeler que nous ne pouvons nous attendre, sauf en des cas très rares, à découvrir les liens qui les unissent directement les unes aux autres, mais seulement ceux qui les rattachent à quelque forme éteinte et déjà supplantée. […] De même, nous pouvons comprendre comment il se fait que, dans toute région où plusieurs espèces d’un genre ont été produites et où elles florissent actuellement, ces mêmes espèces présentent de nombreuses variétés ; car, où la formation des espèces a été active, nous pouvons nous attendre, en règle générale, à la trouver encore en action : or, tel est en effet le cas, si les variétés ne sont que des espèces à l’état naissant. […] À mon point de vue, au contraire, c’est que cet organe a subi une somme inaccoutumée de modifications depuis que les diverses espèces du genre se sont séparées de leur ancêtre commun ; et nous pouvons nous attendre en général à ce qu’il soit encore très variable.

717. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Bignon, qui étaient arrivées presque en même temps, disait : « Notre Académie défile, j’attends mon heure. » Duclos n’était pas de la bande ni du bataillon ; il n’obtint pas du chef d’autre oraison funèbre. Ce n’est pas qu’à l’Académie il n’eût rendu des services, et plus même qu’on ne supposerait d’après cette ligne de conduite que j’ai indiquée ; mais chez Duclos il faut s’attendre à une ligne toujours très brisée et pleine de saccades.

718. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

On finit par s’y attendre ; on le voit venir de loin et s’y préparer. […] Sous ses airs de naïveté et de bonhomie, ne le jugez pas trop modeste : il avait une haute idée de sa supériorité ; il ne pardonna jamais à l’Académie française de l’avoir fait attendre.

719. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Napoléon, qui découvre des ressources là où les autres n’en soupçonnent pas, n’a rien perdu de sa confiante certitude pendant les jours suivants. « Point troublé, point déconcerté, point amolli surtout, supportant les fatigues, les angoisses, avec une force bien supérieure à sa santé, toujours au feu de sa personne, l’œil assuré, la voix brusque et vibrante », il porte fièrement son fardeau ; il attend, il espère une faute des ennemis qui ne peuvent manquer d’en faire. […] Mais qu’on mette en regard, d’un côté ce livre si souverainement conduit et si harmonieusement terminé, et, de l’autre, quelques années d’un pouvoir semblable à ce qu’on voyait trop souvent par le passé, — d’un pouvoir partagé, disputé, insulté, parfois calomnié d’en bas, parfois déjoué d’en haut et du côté où l’on devait le moins s’y attendre, — d’un pouvoir le plus souvent aussi paralysé dans l’action que magnifique et brillant par le discours, mais par un discours encore qui s’envolait et ne se fixait pas en des pages durables : — et qu’on me dise, au point de vue de la gloire solide, ce qui vaut le mieux !

720. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

N’attendez rien que de vous-mêmes. […] Il tint bon et attendit que l’ennemi, après avoir pris de petites places de médiocre importance, et Bellegarde même qui était une place très-forte, vînt l’affronter dans sa position retranchée et lui livrer bataille sous Perpignan.

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