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658. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères A-t-on à faire agir ou parler des personnages, soit dans une narration, soit dans le cadre d’un discours ou d’un dialogue ? […] S’il s’agit d’un personnage réel, vous l’étudierez dans ce qu’on a écrit sur lui et dans ce qu’il a pu écrire lui-même.

659. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Il s’agit toujours dans ces problèmes, de savoir où cesse le droit de l’individu et où commence celui de la société ou inversement. […] Le caractère absolutiste de la loi est atténué par plusieurs causes qui ont joué un rôle dans le passé et qui continuent encore à agir dans le présent. — L’une de ces causes est l’influence de la jurisprudence qui est une sorte de casuistique judiciaire, une adaptation du droit aux individus et aux cas particuliers.

660. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Il s’agit des ravages de la peste : Tout meurt dans le bercail, dans les champs tout périt ; L’agneau tombe en suçant le lait qui le nourrit ; La génisse languit dans un verd pâturage ; Le chien, si caressant, expire dans la rage ; Et d’une horrible toux les accès violens Etouffent l’animal qui se nourrit de glands. […] Qui ne voit qu’il s’agit de la bayonnette, quand Piron dit que les Soldats, Se font jour avec l’arme à Bayonne inventée ?

661. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Au surplus, il faut toujours supposer qu’il s’agit de la science unie au bon sens ; car, comme a dit Molière : Un sot savant est sot, plus qu’un sot ignorant. […] Il me semble que ce qui rend excusable ici cette expression populaire, c’est qu’elle fait allusion à une fable où il s’agit de boire une rivière.

662. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Voilà le véritable ouvrage du philosophe, quand il a réellement pour but d’être utile ; ce n’est pas de se déchaîner contre les maux, c’est d’y chercher des remèdes, et, s’il ne peut faire autrement, des palliatifs ; il ne s’agit pas de battre l’ennemi, il est trop avant dans le pays pour entreprendre de l’en chasser ; il s’agit de faire avec lui la guerre de chicane.

663. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Il ne s’agira plus que d’étudier des monuments positifs, ou de suivre des vestiges certains. […] Je ne veux parler que de la musique telle que nous la connaissons, parce qu’il paraît que la musique ancienne, celle qui opéra tant de prodiges, d’après le témoignage même des plus graves historiens ; celle qui pénétrait également tous les hommes et non point quelques hommes mieux organisés que d’autres ; celle qui agissait sur l’âme au lieu de n’ébranler que les sens ; il paraît, dis-je, que la musique des âges primitifs avait le secret d’une harmonie essentielle.

664. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Il a l’empêchement dirimant, le vice rédhibitoire de sa condition d’académicien quand il s’agit d’une histoire de l’Académie. […] Catalogués et numérotés par leur date d’admission à l’Académie française, tous ces esprits, qui, dans les lettres, expriment ce que Napoléon appelait de la chair à canon dans la guerre, et forment, pour ainsi parler, l’humus d’une littérature, comme la masse des soldats tués forme celui des champs de bataille, tous ces esprits n’auraient pas l’honneur de la place qu’ils occupent au petit soleil du livre de Livet s’il s’agissait individuellement d’eux, au lieu du corps dont ils ont fait partie.

665. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

… une espèce de domino, très silencieux et très drapé, qui passe ici dans l’attrait voilé et singulier de son mystère, mais qui lève son loup quand il s’agit de littérature et nous montre alors ce qu’il est. […] et que les bénéfices du temps et la gloire pour l’historien ou le critique littéraire, c’est de voir ce que les hommes comme Malherbe, Vaugelas, le cardinal de Richelieu, pour agir comme ils ont fait, ne pouvaient pas regarder !

666. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Les grâces d’Hérodote, ses finesses, ses malices, car il est malicieux, tous les divins commérages de cette histoire qu’Hérodote n’appelle pas une Histoire, mais ses Histoires, échappent à Rollin et devaient lui échapper, quand il s’agissait de les reproduire. […] Et, de fait, la langue du seizième siècle allait d’elle-même, faceva da se, quand il s’agissait de traduire les ondoyances, la force tempérée de grâce, la gravité riante, toutes les poésies, tous les ionismes de ce poète en prose qui était d’Ionie, de cet Homère de l’Histoire à qui les Grecs firent cet honneur, qui fut une justice, de nommer du nom de chaque Muse les neuf chapitres de ses Histoires, pour eux, un Parnasse tout entier !

667. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

Seulement, le vers plaisant et fameux : À mon gré le Corneille est joli quelquefois, nous revenait à la mémoire ; car il s’agissait ici d’un sublime encore plus touchant que celui du vieux Corneille. Il s’agissait de ce sublime de grandeur morale, de pathétique et de beauté, qui, dans le drame de l’Histoire, a précisément commencé par ce joli inconnu à Corneille, — le charme et la grâce de la vie !

668. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

Seulement le vers plaisant et fameux : À mon gré le Corneille est joli quelquefois, nous revenait à la mémoire, car il s’agissait ici d’un sublime encore plus touchant que celui du vieux Corneille. Il s’agissait de ce sublime de grandeur morale, de pathétique et de beauté, qui, dans le drame de l’histoire, a précisément commencé par ce joli, inconnu à Corneille, — le charme et la grâce de la vie !

669. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Mais c’est, surtout, quand il s’agit de l’homme redoutable envers lequel il était si facile à un écrivain comme Prescott d’être injuste, que ses paroles deviennent, à force d’impartialité, d’un grand poids : « Nous frémissons, — (je ne crois pas qu’il frémisse beaucoup, cet homme de race anglo-saxonne, fils de boucanier et de flibustier, mais passons-lui ce petit sacrifice à la rhétorique), — nous frémissons en regardant un tel caractère, — (il s’agit du monstrueux duc d’Albe), — mais, nous devons l’avouer, il y a quelque chose qui provoque notre admiration dans cette rigueur, dans cette inflexibilité, dans ce mépris de toute crainte et de toute faveur avec lesquels cette nature indomptable exécute ses plans !!! 

670. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

l’effet est produit, et il s’agit peut-être plus pour M.  […] L’ennui n’est pas une garantie, et n’avoir pas de talent du tout en voulant qu’il n’y ait plus du tout de religion, est un moyen d’agir sur la reconnaissance des hommes, et c’est la seule chose d’esprit peut-être dont on puisse, dans son système, louer M. 

671. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

En si haute matière, il s’agit vraiment bien de cela ! […] avoir pris le ton qu’il fallait prendre du reste ; avoir été prêtre jusque-là, touchant, poignant, d’une gravité, d’une pénétration…, — mais dans cette généralité que nous avons notée, cette généralité de l’enseignement catholique que le premier venu peut avoir comme le dernier ; — et puis tout à coup, lorsqu’il s’agit du conseil exprès, de la vue précise, se montrer… — comment dirons-nous ?

672. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

De Tartufe profond à charlatan grossier, il n’y avait que l’épaisseur et la vulgarité de l’intelligence de Gibbon, ce camard d’esprit comme de nez, cet affreux Hun de l’Histoire quand il s’agit, de près ou de loin, du Christianisme. […] Les rieurs qui souillaient de leurs rires polissons les extases de sainte Thérèse, continuèrent de ricaner, mais moins haut et moins malproprement, quand il s’agit de Mahomet, l’extatique ; car si pour nous il n’était pas chrétien, il l’était pour eux à demi !

673. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

C’est de beaucoup plus que de la société en surface ; c’est du fond d’elle-même, — de son axe, — de son être enfin, qu’il s’agit. […] Et quand il s’agit de se prononcer sur la valeur du système représentatif qui règne à présent sur le monde, Armand Hayem, qui sera quelque jour un homme politique, se dérobe une fois de plus, si bien qu’en résumé et partout, sur toutes les questions, son Mémoire, fait pour une académie devant laquelle il savait bien qu’il parlait et dont il a fait un livre après coup, n’est absolument rien de plus qu’une vaste pierre d’attente à base tremblante, et pourrait s’appeler, pour la peine de l’avoir écrit, la philosophie et la politique de l’ajournement.

674. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

… Pour elle, il ne s’agissait ici que de littérature. Pour elle, il ne s’agissait que de déterminer, une fois pour toutes, la valeur littéraire d’un homme sur lequel on a brouillé le sens public, et de planter là le bon Gérard, — dont on nous a tant rebattu les oreilles, — pour s’occuper de Gérard l’écrivain, qui, comme écrivain, n’était pas si bon !

675. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Malassis, un dauphin qui connaît le Pirée, et qui, quand il s’agira d’éditer, ne prendra point des singes pour des hommes comme le maladroit de la mer Égée, a eu l’heureuse idée de donner, du fond de sa province, à la librairie parisienne, un exemple qui est une leçon. […] Quand l’Inspiration, dont le caractère semble être d’agrandir notre âme aux dépens de notre corps, ne nous a pas, comme dans le livre dont il s’agit ici, allégé le poids de nos organes, et qu’on a été soumis au martelage tellement appuyé de ce double coup, la sensibilité en est comme stupéfiée, on est accablé de cette matérielle perfection, et on éprouve le désir de retourner à quelque négligé divin, à quelque mal rimé, puissant ou exquis, comme Alfred de Musset ou Maurice de Guérin, par exemple.

676. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

quand il s’est agi de juger la France et les valeurs françaises. […] V C’est que le poète, je l’ai dit, est la grande affaire, la grande réalité dont on doive se préoccuper quand il s’agit de Henri Heine, tellement poète qu’il emporte tout dans le tourbillon de sa création ou de son expression poétique.

677. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Il ne s’agit ici ni des traditions qui peuvent plus ou moins éclairer le berceau des peuples, ni des ressemblances de récit qui attestent les analogies intellectuelles du genre humain. […] il s’agit simplement pour nous des Contes d’un vieil enfant 30 à des enfants plus jeunes, et surtout d’impression profonde et sincère, et voilà pour quoi nous croyons que les contes en question auraient gagné à avoir une origine plus obscure et moins savante ; car, en fait de récits merveilleux et de légendes, tout ce qui nous vient par les livres nous vient diminuant.

678. (1929) Dialogues critiques

Il ne s’agit pas de cela. […] Pierre De quoi s’agit-il ? […] Il s’agit donc bien d’une conjuration contre la liberté et d’une entreprise de tyrannie. […] Quand il s’agit de littérature, chose sacrée, c’est de la simonie. […] Quand il s’agit des lettres d’un grand écrivain, c’est un crime contre l’esprit.

679. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

  La musique a parfois agi à distance sur la littérature. […] C’est elle qui à son tour agit sur sa rivale. […] La musique, de son côté, triomphe, dès qu’il s’agit d’imiter les bruits de la nature ; elle peut atteindre en cela une perfection refusée à sa sœur. […] Mais agissent-ils sur elle ? […] … Il s’agit bien de montrer ici un homme qui passe ; là un pâtre qui conduit ses bestiaux ; ailleurs un voyageur qui se repose ; en un autre endroit, un pêcheur, la ligne à la main et les yeux attachés sur les eaux ?

680. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Pour être un homme supérieur en affaires, — a dit Chateaubriand, — il ne s’agit pas d’acquérir des facultés, il ne s’agit que d’en perdre ; — et entendait parler des affaires politiques. […] Seulement, pour agir avec fruit sur l’opinion de la Grande-Bretagne, il fallait à la hideuse chronique de Henri VIII, de ce César de la décadence romaine, tombé, on ne sait comment, dans les temps modernes, ajouter cette discussion de doctrines dont l’Angleterre a plus besoin que tous les autres pays protestants, en raison du peu d’épaisseur de ce qui la sépare de la vérité. […] La faute de Léon  X fut précisément de « parlementer » au lieu de frapper comme la foudre ; ce fut d’oublier qu’il ne s’agissait pas seulement de Luther, un pécheur de plus, mais que Jean Huss avait prédit qu’un « cygne merveilleux sortirait des cendres de l’oie », phénix supérieur au premier ! […] … Du reste, malgré ces fléchissements de la raison d’Audin, quand il s’agit de la gloire d’un siècle qui a dupé l’Histoire elle-même, — car l’Histoire dit « le siècle de Léon X » et elle l’a placé entre celui de Périclès et celui de Louis XIV, — ce livre rentre, par des côtés nouveaux et courageux, dans l’ensemble des travaux accomplis par Audin contre les idées et les thèses du Protestantisme. […] Nous avons dû lui consacrer un chapitre plus long qu’à personne, car il s’agissait, non d’un livre, mais des œuvres complètes de toute une vie, et d’une vie méconnue par la Gloire, cette vieille aveugle, comme la Fortune et comme l’Amour !

681. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Telle est la vie secrète d’un esprit curieux, tourné au raisonnement, qui se possède par méthode philosophique, et qui veut posséder de même tout ce qui l’environne… Qui voudrait à tout moment s’assurer qu’il agit par raison, et non par passion et par humeur, perdrait le temps d’agir, passerait sa vie à anatomiser son cœur, et ne viendrait jamais à bout de ce qu’il chercherait. […] Fénelon eût par moment désiré peut-être qu’il en fût piqué, afin que cela le fît agir différemment.

682. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Sans doute il est vrai que l’homme agit toujours en vue ou en vertu d’un principe qui est en lui et qui le pousse à chercher sa satisfaction, son intérêt et son bonheur. […] Le mouvement de l’amour-propre nous est si naturel, que le plus souvent nous ne le sentons pas, et que nous croyons agir par d’autres principes. » La Rochefoucauld, de même, a dit avec plus de grandeur : « L’orgueil, comme lassé de ses artifices et de ses différentes métamorphoses, après avoir joué tout seul tous les personnages de la comédie humaine, se montre avec un visage naturel, et se découvre par sa fierté ; de sorte qu’à proprement parler, la fierté est l’éclat et la déclaration de l’orgueil. » Un des hommes qui ont le mieux connu les hommes et qui ont su le mieux démêler leur fibre secrète pour les gouverner, Napoléon, a fait un jour de La Rochefoucauld un vif et effrayant commentaire. […] Charles Lenormant. — Et puisque j’y suis, j’épuiserai sur le compte du scientifique personnage les notes à la La Bruyère, que provoquait journellement l’audace ou le sans-gêne de sa suffisance : « Lenormant est de la race de ceux qui ne doutent de rien, qui tranchent sur tout et qui sont sûrs de leur fait en toute matière, qu’il s’agisse de l’ère de Nabonassar, de l’abbaye de Thélème ou de la transsubstantiation. » — Et encore : « Le mot que répète le plus souvent Lenormant dans son cours est celui d’important : Il est important, il serait important, un fait de la plus haute importance, etc. — C’est ce qu’on appelle en Italie un facilone, disait de lui Gérard le peintre, comme qui dirait un facilitateur (qui trouve tout facile, qui ne voit de difficulté à rien).

683. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Il y a des hommes qui ne savent être qu’une chose, que de bonne heure une seule idée et une seule fumée remplit, et en qui une faculté irrésistible agit dès la jeunesse avec la force, la sagacité et aussi l’aveuglement d’un instinct. […] « — Et ne croyez pas, jeune homme, que dans ce premier vers la césure qui manque soit un défaut ; c’est la fatigue de monter, c’est la respiration inégale des Nymphes qu’il s’agissait de rendre. » — Santeul a dû bien des fois faire remarquer cette beauté d’harmonie à quelque écolier qui passait devant la fontaine ; et si l’écolier avait été un peu émancipé déjà et un peu précurseur de l’âge futur, ou seulement s’il avait eu pour mère une d’Hervart ou une La Sablière, il aurait pu lui répliquer aussi tôt, en le narguant ; Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé. […] Une autre influence, et plus intime que celle de Pellisson, agit et opéra en ces années sur Santeul, ce fut celle de M. 

684. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Le grade obtenu non sans peine, il ne s’agit plus que de choisir un lieu où il ira exercer. […] Le poison n’agira qu’avec lenteur, mais il est entré dans ses veines et il n’en sortira plus. […] Bournisien, nature épaisse et vulgaire, qui est à cent lieues de deviner de quel mal moral il s’agit.

685. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Ce regret doit être en partie consolé, me dira-t-on, par la publication même dont il s’agit en ce moment. […] En Allemagne, on est trop occupé du but et du résultat sérieux, et, dans toute discussion, de la conclusion même ; on ignore l’art d’agir, de parler sans but et pourtant avec intérêt. Or, le maître et l’oracle en telle matière l’a observé, « le genre de bien-être que fait éprouver une conversation animée ne consiste pas précisément dans le sujet de cette conversation ; les idées ni les connaissances qu’on peut y développer n’en sont pas le principal intérêt ; c’est une certaine manière d’agir les uns sur les autres, de se faire plaisir réciproquement et avec rapidité, de parler aussitôt qu’on pense, de jouir à l’instant de soi-même, d’être applaudi sans travail, de manifester son esprit dans toutes les nuances par l’accent, le geste, le regard ; enfin, de produire à volonté comme une sorte d’électricité qui fait jaillir des étincelles, soulage les uns de l’excès même de leur vivacité, et réveille les autres d’une apathie pénible ».

686. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

C’était l’étude de la nature qui lui avait appris la large méthode ; la nature avait été son livre : « Avec elle, disait-il, nous avons affaire à la vérité infinie, éternelle, et elle rejette aussitôt comme incapable tout homme qui n’observe pas et n’agit pas toujours avec une scrupuleuse pureté. […] Il est pour moi bien intéressant de voir commencer à agir chez eux ces éléments qui nous ont déjà depuis longtemps pénétrés. […] Il s’agit de faire des œuvres qui soient vraiment bonnes et solides, et ce seront aussi des œuvres classiques ! 

687. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Quand on parle de liberté, au risque d’étonner et de formaliser un peu ceux qui ne prononcent ce nom qu’avec frémissement, je demande aussitôt laquelle, — de quelle liberté il s’agit. […] elle a atteint l’âge de majorité et de raison ; elle trouve désormais tous ses stimulants et ses motifs d’agir en elle-même ; les lumières circulent, chacun a droit de parler et d’être écouté ; la somme totale de tous les avis, la résultante de toutes les contradictions est, en fin de compte, la vérité même ! […] Il y a quelques années, il s’agissait d’achever le Louvre : le pouvait-on, ne le pouvait-on pas ?

688. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

C’est un système où l’État prend et empiète le moins possible sur l’individu, lequel se développe et agit dans la plus grande latitude et la plus entière liberté. […] J’accorde que, dans ce qui paraît si redoutable de loin, il y a beaucoup de fantômes qui s’évanouissent si l’on ose s’approcher et souffler dessus ; qu’il n’y a pas un si grand nombre de libertés possibles à donner ; qu’on les a déjà en partie ; qu’il ne s’agirait que d’être conséquent, d’étendre et de consacrer le droit ; sans doute, le principe qui consiste à inoculer le vaccin révolutionnaire pour éviter les révolutions, à donner d’avance et à la fois plus qu’elles ne pourraient conquérir, ce principe est d’une analogie séduisante ; mais ceci suppose déjà une médecine bien hardie, et le corps social n’est point partout le même ni capable de porter toute espèce de traitement. […] Et par exemple, pour ne prendre qu’un trait du caractère national, nous sommes un peuple qui se plaît ou s’est beaucoup plu à la guerre, qui aime le clairon et le pompon ; cela diminue sans doute, mais peut-on agir et raisonner absolument comme si cela n’était plus, comme si cette forme de notre imagination et tout notre tempérament étaient changés subitement, du soir au matin, comme si le tempérament et les intérêts des nations rivales ou jalouses avaient changé aussi ?

689. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Ce qui devient comique, c’est que Paris lui semblait, au point de vue du Gouvernement, un tel embarras et un tel fléau, qu’il ne trouvait rien de mieux à conseiller à un monarque qui veut agir librement et en dehors d’une sphère d’influences délétères, que d’abandonner Paris, « l’égout de l’Europe », à sa destinée de cloaque et de Babel, et de transférer le siège de l’empire à Bourges. […] Il s’agit, selon M.  […] Il s’agit de renoncer à quelques-unes des idées qui, mises en avant dans la lutte, n’étaient que des armes de guerre.

690. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

On dirait que le tempérament littéraire de l’époque sommeille, attend, se refait sourdement, qu’il passe par l’un de ces lents efforts de recomposition intérieure dans lequel il y a lieu d’agir, et plus lieu assurément qu’à aucun des instants qui ont couru durant ces dix dernières années. […] Certes, s’il ne s’agit que d’apprécier les ressources et la portée du génie individuel, l’étendue de ressort qu’on lui pouvait supposer, les applications plus ou moins larges qui s’en pouvaient faire, nous dirons que M. de La Mennais dans son ordre, et M. de Lamartine dans le sien, ont témoigné une flexibilité, une vigueur ou une grâce, une amplitude en divers sens, que leurs premières œuvres ne démontraient pas. […] Il s’agirait d’y rendre aujourd’hui, sous l’empire d’un sentiment moral tout pratique, le mouvement, le concert et l’action.

691. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Car voilà le trait dominant et comme la source profonde de tout son génie : il a aimé la vie, plus largement, plus souverainement qu’aucun de ses ancêtres ou descendants intellectuels, comme on pouvait l’aimer seulement en ce siècle, et à cette époque du siècle, dans la première et magnifique expansion de l’humanité débridée, qui veut tout à la fois, et tout sans mesure, savoir, sentir, et agir. […] Panurge, dans la tempête, ceint, crie, prie, et ne fait rien : c’est bien, car il agit par naturelle poltronnerie. […] Les maux particuliers s’évanouiront dans la sensation fondamentale d’être et d’agir ; et du respect des formes de la vie hors de soi comme en soi découlera la douceur à l’égard des hommes et des choses, indulgente sociabilité ou résignation stoïque.

692. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

C’est ainsi que récemment le Suisse Amiel nous a été découvert après sa mort : type remarquable d’impuissance pratique et d’activité interne, esprit tout occupé à l’analyse de soi, perdant à s’étudier le temps et la faculté d’agir, subtil, pénétrant, triste de clairvoyance aiguë, et, il faut bien le dire, quelquefois insupportable par sa manie de tout compliquer pour décomposer tout933. […] Il a agi, plus que bien d’autres qui se sont bruyamment agités. […] Mais il a agi sur quelques intelligences, quelques âmes d’élite, et par elles passe, par elles surtout passera dans le domaine commun de la pensée le meilleur de l’œuvre du maître.

693. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Sa réputation mondiale comme physicien chimiste suffit pour écarter toute idée de mystification ; Il ne s’agit plus ici de hâbleries. Il s’agit de faits réels, dûment constatés et enregistrés, dont force est aux esprits les plus méfiants de tenir compte et, alors, se crée la Société psychique de Londres qui se propose de soumettre tous les phénomènes d’apparitions spectrales et de matérialisation au contrôle rigoureux du jugement et de la raison. […] Elle est douée de facultés lui permettant d’agir en dehors de la sphère sensuelle, se communiquer à distance, dans les phénomènes télépathiques, de voir à travers les corps opaques de traverser l’espace et le temps, de lire le livre du Passé, comme le livre non écrit de l’Avenir. » À ceux qui s’étonneraient de la hardiesse de cette affirmation, M. 

694. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Je n’ai été tout à fait sûr que c’était de Mme de Necker qu’il s’agissait, que lorsque ayant lu l’éloge de Corvisart dans Cuvier, j’ai trouvé cette dame désignée clairement d’après son mari, car Cuvier lui-même ne va pas jusqu’à la nommer. […] C’est ce sentiment de réalité et de vérité qu’il s’agit d’introduire de plus en plus, bien qu’avec discrétion toujours et avec goût, dans l’éloge historique. Je voudrais qu’on en vînt là, même à l’égard des gens de lettres qu’on célèbre au sein des académies : à plus forte raison, quand il s’agit des hommes qui ont cultivé des sciences ou des arts sévères.

695. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

» L’orateur proclame comme un asile les principes imprescriptibles du droit des gens : les lois pénales de l’émigration ne sont point applicables à l’émigré naufragé ; l’émigré dans les conditions de bannissement accepté où il s’est placé, n’est plus un Français, c’est toujours un homme : Des hommes naufragés ne sont donc proprement justiciables d’aucun tribunal particulier ; il ne s’agit pas de les juger, mais de les secourir. […] Il est, dans ces crises de salut, un premier moment où l’on peut tout, et qu’il s’agit de ne point manquer : Il faut venir avec un plan fait, qui serait adopté dans le premier moment qui sera celui de la lassitude, et qui ne le serait plus dans le second. […] Tout a été détruit, tout est dissous : En cet état, il ne s’agit pas uniquement de rétablir, il faut régénérer ; il faut s’occuper des hommes encore plus que des choses, et créer, pour ainsi dire, un nouveau peuple. — Un libérateur, dit-il encore, doit donner des lois raisonnables, et non des lois de passion ou de colère.

696. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Mais dans cette poursuite, il s’agissait vraiment bien de littérature. […] Et il y avait des relations non encore brisées entre Rouland et les Passy, qui parlaient chaudement en notre faveur, et le samedi 19 février, le président de la 6e chambre donnait lecture, à la fin de l’audience, du jugement dont voici le texte : « En ce qui touche l’article signé Edmond et Jules de Goncourt, dans le numéro du journal Paris, du 11 décembre 1852 ; « Attendu que si les passages incriminés de l’article présentent à l’esprit des lecteurs des images évidemment licencieuses et dès lors blâmables, il résulte cependant de l’ensemble de l’article que les auteurs de la publication dont il s’agit n’ont pas eu l’intention d’outrager la morale publique et les bonnes mœurs ; « Par ces motifs : « Renvoie Alphonse Karr, Edmond et Jules de Goncourt et Lebarbier (le gérant du journal) des fins de la plainte, sans dépens. » Nous étions acquittés, mais blâmés. […] … Oui, oui, je crois qu’il est dans les données probables qu’un jour on expliquera scientifiquement la pensée, comme on a expliqué le tonnerre… Qu’est-ce qu’une chose immatérielle sur laquelle un coup de pied dans le c… agit ?

697. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Si l’on demande à quoi cette activité est bonne, on peut répondre d’abord qu’elle est bonne à répandre dans la société plus de bien-être, plus d’instruction, plus de jouissances de toute espèce ; mais on peut dire surtout que l’activité est bonne par elle-même, parce qu’agir, c’est vivre. […] « Il ne s’agit plus, dit-il, de retenir les avantagesparticuliers que l’inégalité des conditions procureaux hommes, mais de s’assurer les biens nouveaux que l’égalité peut nous offrir. […] Il ne s’agit, selon lui, que de les conjurer le plus longtemps possible, et lorsque enfin ils se présentent, il n’y a plus qu’à se couvrir la tête de son manteau et à se soumettre à sa destinée.

698. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

— dans l’ordre le plus aristocratique de la pensée ; car il s’agit dans ce livre de poètes, d’artistes, d’êtres exceptionnels, dont la cause est plaidée dans un langage exquis contre la société que Vigny accuse. […] Or, il ne s’agit plus, même ici, de talent et de littérature. […] Il s’agit d’âme, et de la peine la plus haute d’une âme.

699. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Il s’agit en effet, de peindre les choses et non les idées. […] Vous me direz : « L’office de l’artiste est de ne pas rendre servilement la réalité, mais d’y ajouter son tempérament. » Je suis d’accord avec vous, mais il s’agit alors de savoir si l’art a pour but le mensonge ou la vérité. […] Et lorsqu’il s’agit d’un homme tel que Carlyle, qui ne comprend l’étrange anomalie d’un tel procédé ?‌

700. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Dans de semblables conditions on ne peut pas accuser le romancier de mensonge : il cite des hommes et des faits, il prend les hommes tels qu’ils sont, les fait agir et parler comme ils agissent et comme ils parlent, et c’est le lecteur qui conclut. […] On ne nous veut que cela, il ne s’agit pour nous que de mettre contours, lumière et ombre à leur place et de faire dessous des choses de pédantisme ou de puérilité. […] On ne connaît pas son père ni son voisin qu’on voit agir, parce qu’ils renferment en eux leurs secrets moraux ; mais on connaît son arrière-grand-père par les lettres qu’il laisse. […] Tous leurs actes, toutes leurs amitiés, toutes leurs haines découlent de leur caractère, ils ne peuvent pas agir autrement qu’ils n’agissent. […] Donc quand un personnage agit et parle autrement qu’il ne devrait agir et parler, il y a contradiction entre le caractère et l’action.

701. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Il s’agit d’une cause à gagner, et plus la cause est importante, plus l’orateur doit s’oublier lui-même pour l’intérêt supérieur qu’il vise. […] Qu’il s’agisse du ciel ou du souvenir des hommes, la vie est une conquête ; tous ceux qui voudraient vivre ne vivront pas, mais tous ceux qui veulent mourir mourront. […] Il s’agit de la vie : l’ouvrage le plus vivant lui-même n’est-il pas celui qu’il faut savoir par cœur, ou mourir ? […] Le grand homme est, dans sa pensée, l’homme que Dieu a fait pour agir sur les autres hommes, pour les dominer et les diriger. […] Ce n’est plus ici, remarquez-le bien, à un artiste que nous avons affaire, et il ne s’agit point d’une vaine forme ni d’un jeu il s’agit de la vérité divine et du salut des âmes.

702. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Même lorsqu’il s’agit d’un écrivain contemporain, voyez plutôt ce que M.  […] Infatués qu’ils sont aujourd’hui d’eux-mêmes et de leur « sens propre », comme on disait jadis, si la critique ne peut pas agir immédiatement sur les auteurs, elle peut agir, elle agit tous les jours efficacement sur l’opinion, dont ils ne sont que l’expression, quand ils n’en sont pas les humbles serviteurs. […] Est-ce donc vraiment agir que de satisfaire ses instincts ? […] Agir, c’est lutter, et lutter c’est avant tout se combattre soi-même. […] Ou encore, et en deux mots, le propre des uns, c’est d’être agis, et celui des autres, d’agir.

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