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39. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

On ne peut pas davantage le nier pour Racine. […] Puisse la mémoire de Racine pardonner ces comparaisons presque irrespectueuses ! […] Telle est sa « technique » ordinaire, telle est aussi la « technique » de Racine. Il a d’ailleurs des qualités d’ampleur que Racine ne possède pas, comme Racine a des qualités qui manquent à Molière ; la question n’est pas là. […] M. Racine ».

40. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Racine écrivait en prose avec une rare élégance. […] C’est ce que Corneille et Racine ont fait avec un art prodigieux, et chacun avec des procédés bien différents. […] Beaucoup de personnes s’imaginent que hors de la facture de Racine, il n’y a point de salut. […] Des vers ne sont point durs pour n’être pas composés dans le système harmonique de Racine. […] Voilà pourtant, de dégradation en dégradation où est tombée l’école de Racine.

41. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Cette théorie une fois admise, on accordait que Racine et surtout Corneille ne manquaient pas de génie, mais que ce génie avait été enchaîné et gâté par un faux système. […] Nisard sur Corneille et Racine. […] Dans l’une, l’homme est décrit tel qu’il doit être, dans l’autre tel qu’il est ; mais ni les passions ne sont absentes dans Corneille, ni la vertu dans Racine. […] S’il y a un poëte dans le monde qui ne ressemble à aucun autre, c’est le grand Corneille : j’en dirais autant de Racine, si Virgile n’avait pas existé. […] Chapelain, Conrart et tant d’autres oubliés auraient provoqué et dirigé les comédies de Molière et les tragédies de Racine ?

42. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? […] L’Académicien. — Voilà une métaphysique abominablement obscure ; et croyez-vous, avec cela, faire siffler Racine ? […] Quant à Racine, je suis bien aise que vous ayez nommé ce grand homme. […] Chénier, Lemercier, Delavigne, eussent osé s’affranchir des règles dont on a reconnu l’absurdité depuis Racine, ils nous auraient donné mieux que Tibère, Agamemnon ou les Vêpres siciliennes. […] Racine ne croyait pas que l’on pût faire la tragédie autrement.

43. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

(Racine.) […] (Racine.) […] (Racine.) […] (Racine.) […] (Racine.)

44. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Par les Jannart et par Marie Héricart, il y a plusieurs liens de parentage entre Racine et La Fontaine. […] Racine fils a su la chose de Racine son père, ou des amis de Racine le père, et Racine la savait de La Fontaine. […] La Fontaine avait évidemment une certaine familiarité avec Racine depuis assez longtemps, peut-être antérieurement même à 1660 ; en somme, ils étaient parents, ils étaient alliés plutôt, mais Racine et La Fontaine étant à Paris, ils se sont vus de bonne heure. […] Cette amitié se brisa assez vite, d’abord par le fait de la brouille de Racine et de Molière. […] Il y eut là une très vive querelle entre Racine et Molière ; par conséquent, ils ne pouvaient plus se trouver ensemble.

45. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Ce devait être l’œuvre de Racine. […] Pour Racine en particulier, le seul soupçon d’un refroidissement du roi dut être un malheur. […] Louis XIV n’a fait ni Molière ni Racine, mais il les a mis dans leur naturel et leur vérité. […] Lettre de Racine à Mne de Maintenon. […] On a nié la disgrâce ainsi que le chagrin mortel qu’en éprouva Racine.

46. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

M. Racine faisait des tragédies, Pradon en faisait aussi. […] Racine et celle de M.  […] M. Racine. […] M. Racine et M.  […] M. Racine, fit de grandes clameurs. « Quoi ?

47. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Les seuls poètes qui n’aient pas attaqué Boileau sont Molière, Racine et La Fontaine. […] Certes il ne sent pas comme Virgile, comme Molière, comme Racine. […] Molière et Racine révélaient les secrètes beautés du poème dramatique. […] Molière et Racine se brouillèrent à cause de l’Alexandre, que Racine eut le tort de retirer à la troupe de Molière. […] Dans ce passage l’éloge est commun à Racine et à Boileau.

48. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Homère, Dante, Pétrarque, Milton, Racine, Byron ont tous donné à leurs poésies des noms de femmes. […] Il promit la gloire durable à Corneille, à Racine, à Molière, à Bossuet. […] Racine, se ranimant à sa présence, essaya de se soulever sur son lit et de le serrer pour la dernière fois dans ses bras. […] » lui dit Racine, « ne me plaignez pas ! […] Racine, au reste, était son plus bel ouvrage.

49. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Corneille et Racine (et, par moments, Rotrou). […] Racine. […] Mais que ne pardonnerait-on pas pour une seule œuvre de Racine ! […] Comme Racine, il est au théâtre un créateur de génie ; et il a ce bonheur que n’a pas Racine, d’être aujourd’hui universellement admiré. […] Le lyrisme du siècle est dans Racine, dans Pascal et surtout dans La Fontaine.

50. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Également bien avec Boileau et avec Tallemant, il succédait aussi coulamment à Benserade dans l’Académie française qu’à Racine dans l’Académie des inscriptions. […] M. Racine en étoit la cause, car, pour M. […] M. Racine faisoit des tragédies, Pradou en faisoit aussi. […] Racine et celle de M. […] Celle de Racine fut promise et annoncée pour le premier jour de l’année 1677 ; celle de Pradon fut jouée quelques jours après à l’hôtel de Guénégaud.

51. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

. — Caractère moral du quatrumvirat de Molière, La Fontaine, Racine et Boileau. Le roi était tout-puissant sur la nation par sa gloire, par le noble usage qu’il faisait de sa gloire même : Molière était tout-puissant près du roi par le plaisir qu’il donnait à la cour, par la louange, par le concert de louanges que Racine et Boileau, ses jeunes amis, guidés par ses conseils et son exemple, prodiguaient à l’envi au monarque. Racine, en 1664, dans La Renommée aux muses, Boileau, en 1665, dans son Discours au roi, avaient porté l’art de louer au plus haut degré. […] Molière, La Fontaine, Boileau et Racine, furent des courtisans sans doute. […] Racine était courtisan quand Titus, se séparant de Bérénice, retraçait à Louis XIV le courage qu’il avait montré, l’empire qu’il avait eu sur lui-même, en éloignant Marie Mancini, dont il était fort amoureux et qu’il avait en la fantaisie l’épouser ; mais par cet acte de courtisan, il remplissait habilement un devoir de citoyen, et concourait avec Bossuet à dégager le jeune prince des chaînes de madame de Montespan, et à l’armer de sa propre vertu contre une passion désordonnée.

52. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

La littérature du xviie  siècle, la littérature de l’unité et de l’ordre, et même de l’ordre un peu dur, a commencé par l’indépendant génie de Corneille, impérieux et altier dans son indépendance, et la littérature du xixe  siècle, la littérature de l’indépendance et de la variété et même du dérèglement dans sa variété, a commencé par le doux génie de Racine, si suave dans sa correction, et c’est M. Alfred de Vigny, le précurseur du Romantisme, qui a été ce Racine-là ! […] Il ne s’agit que de la partie de ses Œuvres complètes où il a été ce que Racine est seulement dans les siennes, car, le poète ôté dans Racine, tout s’en va ; il ne reste rien. […] Mais de fait, il n’y a qu’un poète dans Racine. […] Eloa, c’est l’Athalie de M. de Vigny, c’est l’Athalie de ce Racine du Romantisme qui, comme le Racine classique, — on vient de le voir à propos de Moïse, — est plus idéal, plus inventif, plus personnel, — toutes choses qui disent à quel point on est poète, — qu’historique et local, et fidèle à la tradition !

53. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Quand nous disons : Racine a du goût, nous comprenons ce que cela signifie. […] Celui de Racine vaut celui de ma concierge. […] Ainsi, nous sommes tous à peu près d’accord sur les beautés de Corneille, Molière, Homère, Racine, Cervantès, Tacite, Virgile, Montaigne, Pascal, Bossuet, Chateaubriand et tant d’autres, et M. de Gourmont aura beau nier La Fontaine et se demander si c’est de la poésie, la beauté de La Fontaine reste fixe, et même éternelle, malgré M. de Gourmont. Le romantisme crut effacer Racine. Racine demeure.

54. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Cette même année, Racine touche 1 500 livres ; juste autant que Quinault et que le médecin Perrault ; Charles Perrault, qui va succéder à Chapelain dans la confiance de Colbert, est à 2 000 livres. […] Et dans les listes suivantes, on verra venir sur la même ligne les deux Perrault, avec Despréaux et Racine : tous les quatre recevant 2 000 livres. […] Quinault et Charles Perrault précèdent Bossuet et Racine, et la même année introduit le savant Huet avec l’ingénieux Benserade. […] Voyez la duchesse de Bouillon, pour qui La Fontaine fait ses Contes, protéger Pradon contre Racine, et Molière avoir pour défenseurs tous ces Turlupins de la cour, derniers adorateurs de la pointe. […] En général la société polie du temps de Louis XIV, qui n’est plus précieuse, cette société de goût exquis et pur, pour laquelle Boileau, Racine, La Bruyère écrivent, est bien pourtant l’héritière de la société précieuse : elle en a dépouillé les ridicules, redressé le goût, mais elle garde sa marque d’origine.

55. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 368

De vingt-deux Pieces de Théatre qu’il a composées, on ne se souvient plus que de Judith & de Jephté, deux Tragédies qui eurent du succès, mais qu’on ne joua plus dès que celles de Corneille & de Racine eurent paru. […] La Piece fut généralement applaudie ; Racine même, qui n’estimoit pas Boyer, se déclara en sa faveur. En voilà donc un qui réussit en dépit de M. Racine

56. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Il s’agissait moins, sur Racine et sur Molière, d’apporter du nouveau que de faire un triage dans l’amas des matériaux que depuis longtemps l’érudition parisienne ou provinciale entassait, de choisir le certain et l’important, de rejeter l’insignifiant et le douteux. […] Toutes ses sympathies sont acquises à Racine et à Molière : on le sent ; mais il ne cède pas une parcelle de la vérité à ses sympathies. Dans sa rapide étude sur Racine, il pouvait écarter simplement les témoignages auxquels sa critique n’ajoute pas foi : ce sont ceux-là au contraire qu’il transcrit avec soin ; il ne les rejette qu’après les avoir fait connaître. Nous pouvons, grâce à lui, conclure, si nous voulons, contre lui sur l’esprit courtisan de Racine ou sur la dénonciation dont il fut l’objet pour la mort de la du Parc. […] Elle n’agit plus, dès qu’il a un texte sûr : il n’essaie pas d’atténuer l’impression qu’on peut recevoir de la société de Racine avec la Champmeslé et tous ceux, mari et amants, avec lesquels il la partagea paisiblement.

57. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

On n’a plus à regarder la nature : il suffit de connaître Racine, Corneille et Quinault. Racine est pris pour un maître d’élégance et de noblesse. […] La qualité des matériaux lui est indifférente : il prend à La Calprenède, à Corneille, à Racine, des situations, des caractères, des sentiments ; il amalgame des lieux communs, il invente des férocités ou des héroïsmes sans exemple ; peu lui importe ; jamais il n’a jeté un regard vers la nature. […] Admirateur enthousiaste et timoré de Racine, il conservera scrupuleusement les formes léguées par le xviie  siècle ; il résistera de toutes ses forces aux doctrines subversives de La Motte qui voulait supprimer de la tragédie les confidents, les monologues, les récits, les unités, et le vers. […] Il a très bien vu dans Corneille et dans Racine que la tragédie est une action où se développent les types complets des caractères et des passions de l’humanité, dans lesquels tous les exemplaires imparfaits et les mélanges atténués, qui sont la réalité courante, se trouvent contenus.

58. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Continuez-vous à leur imposer l’armure gênante portée jadis avec tant de grâce par Racine et Voltaire ? […] Racine ne pouvait traiter la mort de Henri III. […] Racine et Corneille, au nom desquels vous parlez, n’ont rien à craindre de ce voisinage ; mais vous ! […] Ainsi que dans les cabinets littéraires de la rue de l’Odéon, on y lit bien plus La Harpe que Racine et Molière. […] Préface de la première partie de Racine et Shakspeare. — Bossange, 1823.

59. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

La Fontaine, de même que Boileau et Racine, était pour Furetière un ancien ami. […] Plus tard nous voyons La Fontaine tenter, de conserve avec Boileau et Racine, une démarche amicale pour réconcilier Furetière avec ses collègues de l’Académie, démarche que l’extrême irritation du lexicographe rendit inutile. Malheureusement La Fontaine, et en cela il se sépare de Boileau et de Racine, qui l’un et l’autre protégèrent jusqu’à la fin leur ami, au moins par leur silence, finit, dans la suite de la querelle, par épouser le parti de l’Académie. […] Cette conformité de tendance, dont on a eu soin de relever dans les notes toutes les preuves, justifie la liaison de Furetière avec Boileau et Racine, liaison attestée d’ailleurs par leur correspondance, par les mémoires de Racine le fils et par les anecdotes de Ménage ; elle assigne une date au livre et lui donne l’importance d’un document historique. […] M. Racine le jour que la chose devoit être décidée ; mais, voyant que le gros de l’Académie prenoit parti pour la négative, lui seul osa parler ainsi à cette compagnie : « Messieurs, il y a trois choses à considérer ici : Dieu, le public et l’Académie.

60. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Ainsi la gloire de Corneille, de celui que l’admiration passionnée des spectateurs du Cid et de Cinna avait baptisé le grand Corneille, décline à partir de 1660, pendant que celle de Racine monte à l’horizon comme un astre nouveau. […] Mais la Révolution est proche ; les caractères deviennent plus virils, les tragédies plus austères, témoin les œuvres de Marie-Joseph Chénier ; aussitôt Corneille remonte dans l’opinion générale, pendant que Racine, considéré comme trop courtisan et trop délicat, y descend. […] Racine a le tort d’être trop docile aux règles, trop classique : des exaltés le traitent de polisson. […] Aussi les rôles ont-ils été renversés : Racine a de nouveau grandi, pendant que Corneille était rabaissé par les juges attitrés de notre littérature  ; ils ont préféré la psychologie fine aux grands sentiments et à la force d’âme, preuve en soit les articles de MM. 

61. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

C’est dans ces années d’essai, de premier essor et, d’apprentissage de Saint-Cyr, que Mme de Maintenon demanda à Racine de lui composer des comédies sacrées, et qu’eurent lieu les représentations d’Esther. […] Fénelon y développa le goût de la dévotion fine, subtile, à l’usage des âmes d’élite ; Racine, sans le vouloir, y fit naître le goût des lectures, de la poésie et de ces choses dont le parfum est si doux, mais dont le fruit n’est pas toujours salutaire. […] Cet exemple de Racine mourant n’opérait pas. […] En définitive, les personnes de cette génération, qui avaient goûté Fénelon, Racine, et qui s’en ressouvenaient tout en s’en étant guéries, réalisèrent seules la perfection de l’éducation, de la grâce et de la langue de Saint-Cyr : après elles, on garda encore les vertus essentielles et les règles, mais le charme s’était envolé, et peut-être aussi la vie. […] C’est de la diction de Racine en prose, du Massillon plus court et plus sobre, toute une école pure, nette, parfaite, dont était le duc du Maine ; une jolie source, plus vive du côté des femmes, bien que peu fertile.

62. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Le sujet est le même que dans les pièces de Racine et de Molière : c’est l’homme tel qu’il est. […] Molière, Racine, Boileau, lisaient les anciens pour un objet particulier. […] Molière avait les soins de son théâtre ; Racine et Boileau, des charges de cour. En outre, la piété ôta bien des heures aux études profanes de Racine, la mauvaise santé à celles de Boileau. […] La Fontaine a eu plus de goût que Molière, Racine et Boileau.

63. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

C’est là un alexandrin qui est bien à lui autant que ceux de Corneille et de Racine leur appartiennent. […] M. Racine, racontait celui-ci, s’entretenait un jour avec La Fontaine sur la puissance absolue des rois. […] M. Racine lui voulait donner de cette puissance absolue et indéfinie. […] M. Racine, vous ne savez donc pas ce passage de l’Écriture : « Tanquam formicae deambulabitis coram rege vestro » ? […] Il mourut le 13 avril 1695, à l’âge de près de soixante-quatorze ans, dans l’hôtel de son ami M. d’Hervart, et assisté des soins pieux de Racine.

64. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Racine, Molière, La Fontaine, ces choix étaient un programme. […] Car c’est à Racine qu’il a constamment songé : Racine avait réalisé son idéal. […] Il a eu conscience de ce qu’on pouvait faire en son temps, et il a aidé de plus grands génies que lui, La Fontaine, Racine, Molière, à en prendre conscience. […] En 1677 il devient historiographe du Roi avec Racine. […] Il a laissé des lettres : ses principaux correspondants sont Racine et Brossette.

65. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Il fut donc plus jaloux de Molière et de Racine qu’il ne l’avait été de Mlle de La Vallière. […] oui… — Tragédie en cinq actes et en vers, de Racine ? […] Cavé, vous ne voyez pas Racine ! […] … Polyeucte, de Racine. […] Buloz pouvait penser que Polyeucte était de Racine.

66. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Mais, de plus, Boileau et Racine, et La Fontaine, et Molière étaient des artistes : ce que n’étaient ni les Chapelain, ni les Scudéry, ni les Desmarets, ni les Cotin, ni tous les prétentieux rédacteurs d’emphatiques épopées, ni tous les ingénieux rimeurs de petits vers, ni tous les pédants qui estimaient que l’usage des règles, par une vertu secrète, suffit sans la matière et sans le génie à la perfection des œuvres, ni enfin tous les inspirés qui écrivaient en courant, sans réflexion et sans retouches, au hasard de leur fantaisie. Au contraire Racine, Molière, La Fontaine ont tous dans l’esprit un idéal d’art, un type formel où la nature s’exprime dans son énergie et son caractère, mais de plus se revêt d’une absolue beauté. […] Charles Perrault ne sembla pas d’abord pressé d’accepter l’héritage de Desmarets, et la chose se passa d’abord en escarmouches entre ses deux frères et Despréaux ou Racine, jusqu’à ce que, rendu par la disgrâce à la littérature, il donna son Saint Paulin, orné d’une Préface où l’Art poétique était saisi par son côté faible, je veux dire par son insoutenable théorie du merveilleux païen. […] Jugez-en par Racine, un des deux ou trois écrivains du siècle à l’âme desquels la Grèce a vraiment parlé : qui s’attendrait que Racine voulût retrancher du Banquet de Platon, comme inutile et scandaleux, tout le discours d’Alcibiade, ce portrait de Socrate, ce pur chef-d’œuvre où l’enthousiasme et la moquerie se mêlent avec une grâce subtile ? […] C’était là le point faible des argumentations de Desmarets et de Perrault, qui opposaient plus volontiers les Benserade et les Scudéry que les Racine et les La Fontaine aux anciens.

67. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Racine, [Louis] de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Paris en 1692, mort dans la même ville en 1764, fils du précédent, & héritier d’une grande partie des talens de son pere. […] M. Racine n’a pas assez senti la différence des deux sujets qu’il a voulu traiter. […] Enfin Corneille, Despréaux, Racine, ont fait plus que Tibere * ; non seulement ils ont donné le droit de Bourgeoisie à des expressions ignobles dans leur temps, mais on peut dire encore qu’ils leur ont donné des Lettres de Noblesse. […] M. Racine, celui de tous nos Poëtes, qui, après son pere, a le mieux connu le mécanisme de notre Langue, se fût abandonné à son génie, dans le Poëme de la Grace, au lieu de s’engager dans des discussions déplacées, cet Ouvrage eût été un nouveau modele de Poésie didactique, & la réponse la plus complette à toutes les objections contre ce genre de Poésie. […] M. Racine a eu le mérite d’écrire en prose avec autant d’élégance que de pureté.

68. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Elle a gagné principalement, lorsqu’on n’a plus eu les grands écrivains du siècle de Louis XIV, Racine, Boileau, la Fontaine, Molière, la Bruyère, ces génies immortels que le sçavant Huet se félicitoit d’avoir connus, comme Ovide se fait gloire, dans une élégie, d’avoir vu Horace, Virgile, Tibulle, Properce & Gallus. […] M. Racine fils l’a réfuté. […] M. Racine, trouvent ses plaintes très-justes, mais non pas son raisonnement. […] M. Racine, & commençant par convenir qu’il y avoit encore dans ce siècle des écrivains dignes de l’autre, il a mieux saisi & marqué les causes véritables du contraste de ces deux siècles. […] Il est affreux d’imaginer qu’il faudra qu’un jour des François étudient la langue de Despréaux, de la Fontaine, & de Racine.

69. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

Boileau est un exemple à l’appui de la théorie, Racine contre. Boileau épuisant sa malignité sur les méchants ouvrages, était d’humeur aimable dans le cours ordinaire de la vie ; Racine, criblant d’épigrammes les mauvais auteurs, demeurait d’humeur maligne dans son domestique, même à l’égard de son meilleur ami. […] Elles donnent le goût du beau à ceux qu’elles ont intéressés, et ils ne songent plus qu’à retrouver des sensations d’art analogues à celles qu’ils ont éprouvées en lisant Horace, Virgile, Corneille et Racine, et c’est pour cela, disons-le en passant, qu’il faut toujours, au lycée, amener l’élève jusqu’aux auteurs presque contemporains, pour que, entre les grands classiques et les bons auteurs de leur siècle, il n’y ait pas une grande lacune qui les ferait désorientés en face des bons auteurs de leur siècle et qui les empêcherait de les goûter, par où ils seraient de ces humanistes qui ne peuvent entendre que les auteurs très éloignés de nous, gens respectables et peut-être même enviables, mais qui sont privés de grandes et saines jouissances. […] Il n’est pas impossible que Boileau, dans la lecture des Pradon, n’ait cherché des raisons d’admirer davantage Racine.

70. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 16, de quelques tragedies dont le sujet est mal choisi » pp. 120-123

L’historien, dont Monsieur Racine a tiré le sujet de sa piece, raconte seulement que Titus renvoïa Berenice, et qu’ils se separerent à regret. […] Quand même l’avanture seroit narrée par Suetone avec les circonstances dont Monsieur Racine a trouvé bon de la revêtir, il n’auroit pas dû la choisir comme un sujet propre à la scene tragique. […] Monsieur Racine avoit mal choisi son sujet, et pour dire plus exactement la verité, il avoit eu la foiblesse de s’engager à la traiter sur les instances d’une grande princesse.

71. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Quelquefois même le théâtre français a quelque chose de cela, non point ou presque jamais dans Racine, mais dans Corneille. […] Phèdre se lèvera donc tout à l’heure, et c’est pour qu’elle se lève avec vraisemblance que Racine fait lever Œnone, ce qu’il est naturel, du reste, que Phèdre lui commande, puisqu’Œnone, vieille femme, est à genoux, inclinée et dans une position incommode et fatigante. […] Non, c’est bien une conversation commencée qui continue, et c’est ainsi que l’a voulu Racine ; et donc il faut présenter Joad et Abner plus bourgeoisement, entrant par le fond, de front, et conversant déjà ensemble. […] Il y a un style de Corneille, un style de Racine, un style de Molière. […] Le style de Racine est le style de ses héroïnes, et l’on voit très bien que le style des hommes, chez lui, si savant qu’il soit, est plus tendu, plus voulu, j’hésite à dire plus artificiel, et semble lui avoir coûté plus de peine.

72. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Je n’hésite pas à avancer que Racine a été romantique ; il a donné, aux marquis de la cour de Louis XIV, une peinture des passions, tempérée par l’extrême dignité qui alors était de mode, et qui faisait qu’un duc de 1670, même dans les épanchements les plus tendres de l’amour paternel, ne manquait jamais d’appeler son fils Monsieur. […] Cette dignité-là n’est nullement dans les Grecs, et c’est à cause de cette dignité qui nous glace aujourd’hui, que Racine a été romantique. […] Ce qu’il faut imiter de ce grand homme, c’est la manière d’étudier le monde au milieu duquel nous vivons, et l’art de donner à nos contemporains précisément le genre de tragédie dont ils ont besoin, mais qu’ils n’ont pas l’audace de réclamer, terrifiés qu’ils sont par la réputation du grand Racine. […] Il y a du charme et de l’amour véritable dans la Francesca da Rimini du pauvre Pellico ; c’est ce que j’ai vu de plus semblable à Racine.

73. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Les ouvrages de Racine, devenant toujours plus purs à mesure que l’auteur devient plus religieux, se terminent enfin à Athalie. […] Nous avons déjà montré combien Voltaire eût gagné à être chrétien : il disputerait aujourd’hui la palme des Muses à Racine. […] On aura beau chercher à ravaler le génie de Bossuet et de Racine, il aura le sort de cette grande figure d’Homère qu’on aperçoit derrière les âges : quelquefois elle est obscurcie par la poussière qu’un siècle fait en s’écroulant ; mais aussitôt que le nuage s’est dissipé, on voit reparaître la majestueuse figure, qui s’est encore agrandie pour dominer les ruines nouvelles205. […] Si nous ne mettons pas Racine de ce nombre, c’est qu’il a un rival dans Virgile.

74. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Pradon durant un temps eut autant de spectateurs à l’hôtel de Guenegaud, que Racine en avoit à l’hôtel de Bourgogne. […] Despreaux après avoir vû la troisiéme, soutint à Racine, qui n’étoit point fâché du danger où la réputation de Moliere sembloit être exposée, que cette comédie auroit bien-tôt un succès des plus éclatans. […] Quant à la Phedre de Pradon, on se souvient encore qu’une cabale composée de plusieurs autres, dans lesquelles entroient des personnes également considerables par leur esprit et par le rang qu’elles tenoient dans le monde, avoit conspiré pour élever la Phedre de Pradon et pour humilier celle de Racine. […] Elle fit aller un peu plus de monde à la tragédie de Pradon qu’il n’y en auroit été, par le motif seul de voir comment le concurrent de Racine avoit traité le même sujet que ce poëte ingénieux.

75. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Il étoit réservé à Racine de faire de l’amour le fond de ses tragédies. […] L’écrivain qui s’éleva le plus contre le genre de Racine fut le célèbre abbé Villiers. […] Entre les mains de Racine, il eut peut-être gagné. […] Ils opposent à Esther & à Athalie, le reste des tragédies de Racine. […] C’est le Racine de la comédie.

76. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Racine va trouver sa voie, et La Fontaine se découvrir. […] Voilà le public qui résistera à Racine, et qui applaudira Perrault. […] Elle, la raison même, Racine était son poète, tandis que Mme de Montespan goûtait mieux Boileau : ces préférences mettent à nu le fond des âmes. […] Rien au contraire, ni dans le thème, ni dans la subtile précision des analyses, ne rappelle Racine. […] Furetière est un ami de Boileau et de Racine, un des compagnons de leur jeunesse, leur camarade de cabaret, le complice de leurs plaisanteries à l’adresse de Chapelain.

77. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Il est à 4 717 et Racine à 5 061. […] Pour Racine, pareille dépression. […] Il est vrai que de 1830 à 1840 il est 3. « Enfoncé Racine !  […] C’est la mort de Racine. […] Racine l’a fait tel.

78. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 47, quels vers sont les plus propres à être mis en musique » pp. 479-483

La seconde est de l’idille de Sceaux, par Racine. […] Les vers de Racine contiennent les images les plus magnifiques dont la poësie se puisse parer. Tous ceux qui pourront oublier un moment l’effet que font ces vers lorsqu’ils sont chantez, préfereront, avec raison, Racine à Quinault.

79. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

D’où vient que Corneille, Racine, Molière, et La Fontaine, ont gardé tant de pouvoir sur les esprits ? […] Notre Racine nous apprendra cet art de soumettre l’alexandrin, consacré à l’épopée, au langage noblement familier des passions théâtrales. […] Le fils de Racine, imbu longtemps des confidences de son père, éclairera notre goût par le livre exquis de ses réflexions. […] Ces nouveaux ressorts de la tragédie ne nous seront révélés que par Sophocle, Euripide, et Racine. […] (A) Mais Racine, Racine, Monsieur, le plus correct des auteurs… (B) Oh !

80. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Cette préférence, cet enthousiasme même, n’avoient rien d’humiliant pour Racine. […] Combien peu s’en est-il fallu que Pradon ne l’ait emporté sur Racine ! […] Les Boileau, les Racine eux-mêmes y auroient échoué. […] L’étoient-elles davantage du temps de Corneille & de Racine ? […] Les temps sont bien changés depuis Racine !

81. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Racine et Voltaire sont des modèles admirables en ce genre. C’est par là surtout que Racine a relevé la faiblesse de certains rôles d’amoureux. […] Avec quel art Racine la mêle à toutes les autres ! […] voilà comme Racine peint presque toujours. […] C’est que Racine a eu le grand art de faire espérer qu’Oreste serait aimé.

82. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

A-t-elle mal servi, à ces differents égards, Corneille, Racine, Molière, Despréaux, La Fontaine ?  […] Prenant le sujet de Titus et Bérénice dont Racine a fait une tragédie, il montre comment, en le traitant narrativement, on pourrait en faire aussi bien un poème épique. […] Mœurs, caractères, il traite tout cela avec le même esprit de simplification. « Le mot de mœurs, appliqué singulièrement aux personnages du poème, n’est autre chose que les penchants habituels et les sentiments qui constituent le caractère du personnage. » Le but moral comme l’entend Mme Dacier, le but d’instruction expresse, le dessein prémédité de former les mœurs, il ne le voit pas, — pas plus dans Homère que dans Racine : Racine, dit-il, n’a pas blessé la morale dans ses tragédies ; je vois bien des gens qui les envisagent comme des poèmes favorables aux mœurs, mais ils ne font pas pour cela honneur à Racine de ne s’être proposé aucune autre fin que l’instruction. La fin générale que s’est proposée Racine dans ses tragédies, c’est le plaisir de ses auditeurs : il a donc voulu plaire, en excitant dans les âmes ces émotions vives qui naissent de l’admiration, de la compassion, de la terreur. […] Le fait est, pour choisir un exemple qui parle à tous, que souvent les mots sont ou ont l’air plus à l’aise chez Racine que chez Montesquieu.

83. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Mais il ne put tenir contre Racine : il fut jaloux, et malheureux. […] C’est qu’on songe toujours trop à Racine en parlant de Corneille. La nature que peint Racine est plus vraie pour nous : ne pourrait-on pas dire que cette vérité date précisément de Racine ? […] La femme selon la définition moderne, lui est inconnue : c’est Racine, le premier, qui l’a « constatée ». […] Bernardin, Un précurseur de Racine, Tristan l’Hermite, in-8, 1895.

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