De là les jugements sommaires, les mots vagues, dont on remplit ses discours et ses écrits. […] Souvent cependant on ne se contente pas de ces mots trop simples. […] Grâce à ce merveilleux vocabulaire, une dizaine de mots suffisent à tout. En réalité ces mots sont des étiquettes sur des fioles vides. […] Que de narrations, que de discours et de dissertations d’écoliers où coule le développement, gris et mou, où les mots suivent les mots, ternes et flasques, avec une désespérante insignifiance !
La sensation ou les sensations que nous marquons par le mot résistant, semblent être les seules qui soient connotées par le mot étendu. […] Nous appliquons aussi ce mot l’étendue par le même procédé. […] Espace est un mot compréhensif, renfermant toutes les positions ou la totalité de l’ordre synchronique. Temps est un mot compréhensif, renfermant toutes les successions ou la totalité de l’ordre successif. […] Par exemple, les faits connotés par le mot père et connotés aussi par le mot fils, forment une longue série de phénomènes dont père et fils sont des parties : de là vient qu’il y a un rapport entre eux.
Aboutir à cette conséquence, n’est-ce pas réfuter par l’absurde l’argumentation relative aux groupes de mots ? […] On me dira que ce dernier parti pris n’est pas philosophique, et qu’il faut laisser aux historiens cette acception grossière du mot fait. […] Nous proposerions volontiers, n’était son allure un peu étrange, le mot pseudo-sensation, qui s’entend de lui-même et ne prête à aucune équivoque. […] II, § 6], et de toutes les autres localités que les mots pouvaient posséder, lors de leur première apparition comme états forts, par suite d’associations avec des visa ou des tacta. […] Dans le chapitre précédent, nous avons employé le mot imagination dans un sens différent.
, ce n’est plus une science de mots, mais d’idées ! […] Du haut de sa parémiographie, — et c’est très haut pour moi, — il prononce ce mot de « sagesse des nations », qu’il applique, avec toutes ses conséquences, à ses proverbes. […] Seulement, si cet esprit, qu’on aime toujours trop, avait laissé beaucoup de mots pareils dans l’histoire, Quitard ne le citerait pas, car ce ne serait plus Rivarol. […] S’il n’avait fait simplement qu’un dictionnaire, j’aurais pesé son Dictionnaire ; j’aurais dit : Il jauge tant de mots. […] Mais Quitard n’est pas du tout un Job de dictionnaire, pauvre de tout excepté de mots et de patience philologique.
On employe ce mot dans la Sculpture & dans la Peinture. […] Ce mot désigne un caractere inégal & brusque. […] ) ce mot a été transporté du simple au figuré. […] Le mot de Ménage n’en a pas moins réussi. […] il n’en dit pas un mot.
On ne Dense pas sans mots, et cependant les mots trahissent la pensée. […] Le mot plaisir est de trop. […] Les mots ont une grande importance ; échapper au mot, c’est entrer dans la voie de la libération. […] Une même orthographe convient à deux mots qui ne se sont, en réalité, qu’un seul et même mot. […] Le mot est un signe ; le mot est un dessin.
Comme sonorités, le mot rocher, sec et dur, où l’on voit l’aigle comme cramponné ; le mot perçant rappelé par le mot yeux qui dessine si fortement, surtout pour les contemporains de Condé, le trait essentiel de la figure du prince ; le mot attaque, brusque et éclatant ; le mot inévitables qui donne l’impression d’un grand filet où le général enveloppe l’ennemi. Comme silences enfin, la pose de la voix après la première demi-période et après le mot inévitables. […] Et je n’ai pas besoin d’ajouter qu’ici, comme il doit être, le nombre et l’harmonie concourent, l’harmonie ne contrarie pas le nombre et au contraire s’associe avec lui intimement et la voix s’arrête, selon le nombre, sur le mot inévitables, comme, selon l’harmonie, le mot inévitables doit être vigoureusement accentué. […] Le texte est : « Je donne des avis », qui est le mot propre. […] Le texte est : « Ne fait pas l’esprit obtus », qui est le mot nécessaire.
et les mots, quelle intensité expressive n’auront-ils pas, isolés dans l’esprit ! […] Simple encore apparaît l’origine de l’art littéraire, si l’on consent à se rappeler ce qu’est fondamentalement le mot. Un mot est une abstraction ; l’art littéraire ne peut être que l’art des abstractions ; un mot ne représente pas un objet, il représente une généralisation ; le mot « arbre » est un mot abstrait, étant collectif, le mot « grandeur » est abstrait, étant qualificatif ; un « arbre » n’existe pas plus que de la « grandeur », il ne désigne à l’esprit rien de concret ; car quelle espèce d’arbre exprime-t-il ? et si l’on précise l’espèce, et si l’on énumère les feuilles, l’on ne fait qu’accumuler les qualificatifs ; dans « arbre » il n’y a rien autre que a-r-b-r-e ; les mots sont les signes des idées ; les signes des objets sont de la peinture ; quiconque sous les mots voit les objets, transpose ; une phrase n’est qu’une combinaison d’abstractions, et les mots ne sont que des mots. […] Et de là est sortie la musique : en même temps que les lignes et les couleurs répondaient à la forme des choses, les mots aux idées abstraites d’elles issues, l’harmonie des sons née de l’imitation des bruits de la nature atteignait ce où échouaient lignes et mots, l’impression sentimentale découlée de la nature.
Et ici le mot Action est tout simplement la traduction littérale du mot grec δράμα. […] C’est la réduction de la phrase aux seuls mots essentiels et qui évoquent une image précise. […] Ces trois mots suffisaient. […] Il en est de même des derniers mots : « Hoechste Liebeslust » (suprême volupté d’amour). […] Il s’agit, en un mot, de comprendre le « symbole » contenu dans cette œuvre.
Or les phrases sont composées de mots et les mots de syllabes. […] Il est encore dans une langue une autre source d’harmonie ; c’est celle qui résulte de l’arrangement des mots. […] Il ne dépend pas de moi de changer les mots d’une langue, il dépend de moi, au moins jusqu’à un certain point, de les disposer de la manière la plus harmonieuse. […] De même une langue qui permet l’inversion, et par conséquent où l’arrangement des mots est libre jusqu’à un certain point, donne certainement plus de facilité pour l’harmonie du discours, qu’une langue où l’inversion n’est pas permise, et par conséquent où l’arrangement des mots est forcé. […] Nous avons seulement lieu de croire, que l’inversion leur donnait plus de facilité qu’à nous pour être harmonieux dans leurs phrases ; mais l’espèce d’harmonie qui résulte des mots pris en eux-mêmes et de la suite des mots, il faut convenir de bonne foi que nous ne la sentons guère.
… Voici aujourd’hui le Mot de l’énigme, et cela va continuer. […] Le Mot de l’énigme l’est aussi. […] Le Mot de l’énigme qu’on cherchera, sans le trouver, car il n’y a dans le livre de Mme Craven ni énigme, ni mot (il n’y a que des mots, à moins que ce mot de l’énigme ne soit pourtant de se faire dévote, lorsque votre mari vous trompe), le Mot de l’énigme est un roman de la même pauvre inspiration ou du même parti pris que Fleurange. […] Le Mot de l’énigme, tout analyse et tout récit, sans aperçu, sans caractères, presque sans visages, car les personnages de ce roman ressemblent à des comparses, est du bavardage sans légèreté, sans le moindre petit mot pour rire, ah ! […] Le Mot de l’énigme.
Mais comme les traducteurs françois rendent ces deux mots par celui de danse, cet équivoque a donné lieu à bien des idées fausses. […] Ils l’appelloient souvent chironomie, et ce mot traduit litteralement signifie la regle de la main. […] La preuve qu’ils ne sont que des signes artificiels, c’est que comme les mots ils ne sont entendus que dans un certain païs. […] L’orateur doit assortir son geste avec le sentiment qu’il exprime, et non pas avec la signification particuliere du mot qu’il prononce. […] Nous verrons même par un passage de Cassiodore, que le mot grec avoit été latinisé.
La même illusion fit prescrire l’emploi de mots composés à la manière de la langue grecque, et ce qu’il appelait le provignement des vieux mots. […] Pour enrichir la langue poétique, ce n’était pas assez des emprunts faits à tous les patois, que Ronsard appelle des dialectes, ni des mots composés, ni des vieux mots rajeunis, ni des mots grecs ou latins francisés ; il conseilla d’en aller chercher jusque dans la boutique des artisans. […] Il s’agit de multiplier les mots ; tout ce qui peut en grossir le vocabulaire est de bon aloi. […] Mais que la forme des armes vienne à changer, voilà des mots hors de service, comme les vieilles armures. […] Seulement il demandait aux mots ce que les choses seules peuvent donner.
Lorsque j’entends prononcer ce mot : lord Palmerston, ou que je lis les quatorze lettres qui le composent, il se forme en moi une image, celle du grand corps sec et solide, vêtu de noir, au sourire flegmatique, que j’ai vu au Parlement. De même, lorsque je lis ou j’entends ce mot Tuileries, j’imagine plus ou moins vaguement, en formes plus ou moins tronquées, un terrain plat, des parterres encadrés de grilles, des statues blanches, des têtes rondes de marronniers, la courbe et le panache d’un jet d’eau, et le reste. […] Entre les deux opérations sont une infinité d’états intermédiaires qui occupent tout l’intervalle ; ces états relient la demi-vision intense à la notation sèche, par une série de dégradations, d’effacements, de déperditions, qui peu à peu ne laissent subsister de l’image complète et puissante qu’un simple mot. […] Mais avant qu’elle apparût, vous aviez éprouvé dans le mot lui-même une résistance. Cette résistance n’a fait que de se répéter plus forte quand l’image a reparu. — Prolongez et variez l’épreuve : vous trouverez dans le mot un système de tendances toutes correspondantes à celles de l’image, toutes acquises par lui dans son commerce avec l’expérience et l’image, mais à présent spontanées, et qui opèrent tantôt pour le rapprocher, tantôt pour l’écarter des autres mots ou groupes de mots, images ou groupes d’images, expériences ou groupes d’expériences. — De cette façon, le nom tout seul peut tenir lieu de l’image qu’il éveillait, et, par suite, de l’expérience qu’il rappelait ; il fait leur office et il est leur substitut.
On a pu sourire et plaisanter des petits alinéas de M. de Girardin, mais ici, dans cet article qui était une action, chaque phrase, chaque ligne, chaque mot portait et faisait programme et ralliement pour les honnêtes gens et les bons citoyens. […] Chance et risque, c’est le même mot. […] Mais pourtant vous ne sauriez nier la puissance des mots, ni des plumes habiles, adroites, éloquentes, qui savent en user à propos, et de celles qui ont l’art d’en abuser. […] Un mot heureux a souvent suffi pour arrêter un armée qui fuyait, changer la défaite en victoire et sauver un empire… « Il y a des mots souverains : tel mot fut plus puissant que tel monarque, plus formidable qu’une armée. Il y a des mots usurpateurs : tel mot, se décorant d’une fausse acception, appelant pouvoir ce qui est abus, ou liberté ce qui serait excès, disant la gloire pour la guerre, ou la foi pour la persécution, peut semer la propagande, égarer les esprits, soulever les peuples, ébranler les trônes, rompre l’équilibre des empires, troubler le monde, et retarder de cent ans la marche de la civilisation !
Rien de plus commun que de trouver tous les mots propres à la guerre, à l’histoire et à la morale, et d’ignorer le nom d’une fleur, d’une plante potagère ou d’un ustensile domestique ; on sait le mot latin d’un bouclier, on ne sait pas le mot latin d’un éteignoir, mot qui n’exista peutêtre pas ou qui ne nous est pas parvenu, la perte des auteurs ayant consommé avec le progrès de nos connaissances l’appauvrissement des langues anciennes. […] Et puis un mot sur les poètes et je finis. […] Le mot propre se supplée, l’harmonie ne se supplée jamais. […] Du mot grec aOpô, médecin. […] Sans doute le travail du thème est de chercher un mot latin pour rendre le mot français ; mais s’ensuit-il de ce travail que le mot qu’on trouvera sera nécessairement celui qui convient ?
Vous ne considérez, n’est-ce pas, que la valeur musicale des mots, sans tenir compte de leur sens ? […] Il ignore souvent le sens étymologique des mots et les significations précises qu’ils ont eues dans le cours des âges ; les mots sont donc pour lui des signes plus souples, plus malléables qu’ils ne nous paraissent, à nous. […] Il donne ingénument aux mots des sens inexacts. […] Que veut dire ici le mot logique, je vous prie ? […] Il y a dans tout cela bien des mots mis au hasard Justement, Ils ont le sens qu’a voulu le poète, et ils ne l’ont que pour lui.
L’Anglois croiroit qu’il n’y a point de mot pareil dans toute sa langue. […] Richelet a retranché de plusieurs mots les lettres qui ne se prononcent point. Il a substitué le petit i à l’y grec, excepté dans les mots tout-à-fait grecs : encore ces changements n’ont-ils pas été conservés dans les éditions de son dictionnaire, faites après sa mort. […] De serviles compilateurs de phrases, d’une langue qu’on a bien de la peine à entendre, plus amateurs des mots que des choses, osèrent se donner pour des oracles en fait de prononciation. […] Est-il vrai que les gens qui parlent bien prononcent les mots terminés par une consonne articulée, tels que rival, desir, mer, comme s’il y avoit rivale, desire, mere ; en sorte qu’on put ranger ces mots parmi les rives féminines ?
La beauté de la rime n’est qu’une beauté de rapport qui consiste en une conformité de désinance entre le dernier mot d’un vers et le dernier mot du vers reciproque. On n’entrevoit donc cette beauté qui passe si vîte, qu’au bout de deux vers, et après avoir entendu le dernier mot du second vers qui rime au premier. […] C’est la conformité de son plus ou moins parfaite entre les derniers mots des deux vers qui fait son élégance. […] On trouve des embarras à chaque mot lors qu’on veut faire des vers nombreux et harmonieux. […] En un mot la langue naissante se vit asservie à rimer ses vers, et la rime passa même dans la langue latine dont l’usage s’étoit conservé parmi un certain monde.
Si on bannissait de telles locutions, la littérature deviendrait une algèbre qu’il ne serait plus possible de comprendre qu’après de longues opérations analytiques ; si on les récuse parce qu’elles ont trop souvent servi, il faudrait se priver encore de tous les mots usuels et de tous ceux qui ne contiennent pas un mystère. […] Les mots les plus ordinaires et les locutions courantes peuvent faire figure de surprise. […] Très souvent dans le cliché, un des mots a gardé un sens concret, et ce qui nous fait sourire, c’est moins la banalité de la locution que l’accolement d’un mot vivant et d’un mot évanoui. […] Cependant il y a des clichés où tous les mots semblent vivants : une rougeur colora ses joues ; d’autres où ils semblent tous morts : il était au comble de ses vœux. Mais ce dernier cliché s’est formé à un moment où le mot comble était très vivant et tout à fait concret ; c’est parce qu’il contient encore un résidu d’image sensible que son alliance avec vœux nous contrarie » Dans le précédent, le mot colorer est devenu abstrait, puisque le verbe concret de cette idée est colorier, et il s’allie très mal avec rougeur et avec joues.
Mais le gros du poème resta tel quel, littéralement ; pas un mot n’y fut changé. […] Mais les mots de Wagner ne sont point tels ; ils sont des mots spéciaux, tous des mots essentiels », Mittleid, Wissend, Rein, Thor », libres de vocables parasites, seuls, comme des cîmes ; en outre, dans la musique, chacun est souligné de son accordance émotionnelle, donc nécessairement à sa place, et immuable. […] … Traduire en une parfaite exactitude le mot par le mot doit rester — mais combien difficile ! […] Par les mots des langages, la littérature recréa les notions. […] Le mot est une image : à chaque mot doit répondre une image, une notion nette, unique.
Elle le chasse d’un mot qui tombe sur lui comme un coup de fouet. […] Le choc que vous donne ce mot est celui que produirait la vue d’un mystère du corps dévoilé. […] Une femme de bien, dans la plus ardente expression du mot. […] » s’écrie Valmoreau, le mot sort de la situation : il fait rire, on est désarmé. […] Elle en dit trop : son dévouement passe les bornes ; un mot de plus, on se méfierait.
Le geste accentuera le mot. […] Les mots y sont, le reste vous regarde. » Les mots sont, mais ne sont pas encore. […] Il sera tenu d’ordonner non seulement des sentiments et des idées, mais des mots et des gestes, le mot lié au geste, le geste au mot. […] La tragédie a dit son dernier mot au grand public. […] Un public fouetté par les mots et qui prend les mots pour des choses, ébloui par les images et qui les prend pour des êtres.
Ne pourrait-on pas dire que les uns restreignirent leur langue aux onomatopées, les autres aux mots à inflexions, plus favorables à la mémoire, les autres aux mots sans inflexions ? […] Il est évident que les deux explications sont fondées, et qu’il faut établir d’abord la vraie filiation des mots pour arriver aux rapports qu’il veut, à l’origine, entre les mots et les choses. […] Verrius Flaccus avait composé un traité de la signification des mots. […] Comment donner de vraies et justes définitions de chaque mot ? […] Pour définir, il faudrait employer des mots qui auraient besoin eux-mêmes d’être définis.
Et voilà ce qui est le vers : un mot. Dans ce mot de six, huit, douze syllabes, la césure n’est que l’accent inhérent à un mot. […] (Contemplations) De tous les éléments du vers français, la césure fixe est le plus caduc et le moins regrettable ; il faut au moins un temps fort sur un mot, sur un mot de douze syllabes, il en faut plusieurs ; sur un mot à voyelles variables, comme le vers, il est insensé d’exiger un accent fixe. […] Si discrète qu’il faut la chercher, redevenue fleur, sous le feuillage des mots. […] Sur un total d’environ trente mille mots français, il n’ylurait qu’un tiers au plus de rimes purement masculines, et encore il faut compter tous les adverbes, tous les participes présents, et tous les mots en tion, si laids.
C’est le mot qui les avait mises en déroute. […] Les mots dont il s’est servi sont consacrés. […] … Le marquis a des mots. […] Ce mot obsède la pensée du pauvre Arnolphe. […] Les mots de ce genre abondent dans le rôle.
Ils ont mis les culottes de leur Empereur… Ils ont crocheté… son dictionnaire, pour parler de lui avec ses propres mots. […] La magie des mots n’empêche pas le déchet des choses… Elle n’en comble pas l’absence non plus. […] Si on ouvrait celui de Hugo, on le trouverait peut-être noyé dans des mots. […] C’est cette imagination, devenue funeste, qui lui fait, à toute page, entasser les mots sur les mots et sur les idées que ces mots étouffent. […] Personne plus que Hugo ne se cogne aux mots.
Cela est sobre, juste, fort, exactement proportionne et solidement équilibré : en un mot, cela est complet. […] » Malherbe s’était donné pour tâche de nettoyer la langue française : il voulait mettre dehors les archaïsmes, les latinismes, les mots de patois, les mots techniques, les créations arbitraires, mots composés ou dérivés, enfin tout ce dont l’ambition du siècle précédent avait surchargé, encombré la langue. Il voulait la réduire aux mots purement français, comme disait Du Bellay. […] A l’usage encore il demandait de prononcer sur l’arrangement des mots, sur leurs alliances, leurs rapprochements, leurs dépendances, sur la structure et l’ordonnance des propositions. […] Régnier, avant elle, dans sa Satire IX, avait méprisé ce grammairien, ce regratteur de mots, qui mettait le génie à la gêne et ne savait qu’éplucher le détail.
Un peu de patience suffit pour relever le nombre de mots que contient une tragédie. […] Ces mots favoris, très indiscrets, décèlent chez celui qui les répète à chaque instant une qualité ou une préoccupation dominante. […] Des mots l’on passera tout naturellement aux phrases. […] Pivotent-elles sur un mot ou sur une pensée ? […] Le mot de style est si vaste, si imprécis qu’on peut se poser encore à ce propos une foule d’autres questions.
Il est plus facile de comprendre le sens exact du mot poésie que de l’exprimer. […] Des mots hélas ! […] D’un bond ils sautent dans l’absolu et leur âme éclate en chaque mot. […] Le mot ne peut se concevoir l’esclave ou le substitut de l’idée. […] Guy de Maupassant dit quelque part : « Les mots ont une âme.
M. de La Motte en sera quitte, après tout, pour quelques bons mots pédantesques qu’il lui faudra essuyer de la part de nos scholiastes. […] — Ils auraient imaginé des figures variées : voilà nos lettres ; ils auraient différemment combiné ces figures entre elles : voilà nos mots ». […] Il n’y a, selon lui, aucun rapport entre les mots des langues et les pensées dont ces mots sont les signes. Un mot n’est pas plus beau par lui-même qu’un autre mot ; une expression n’est ni plus noble ni plus brillante qu’aucune autre. […] Il y a des mots pleins de lumière et de splendeur ; il y en a qui ont la suavité du miel.
nous autres, nous montrons ce que vous cachez. » Et le mot était accompagné d’une petite tape significative sur l’épaule. […] Pour être juste, je prendrai le mot épigramme dans le sens un peu étendu où le prenaient les anciens. […] Beaucoup de ses fables semblent être faites exprès pour ce trait qui les termine : elles sont données à l’auteur par le bon mot et pour le bon mot. […] On ferait de ses bons mots et de ses ripostes tout un petit chapitre. […] j’aime bien à me f… du monde, mais je n’aime pas que les autres se f… comme ça de moi. » Il avait le fin mot, mais il ne se refusait pas le gros mot.
On se rappelle cet acteur qui, dans Dupuis et Desronais, escamote par sa prononciation le mot de cette petite, ste-p-tite fille. […] Ces mots si simples, si usités, deviennent plaisans ici, parce que cette solitude était un vaste fromage. […] Un goût sévère n’en effacerait qu’un seul mot, c’est celui d’argent dans le récit du voyage des députés. […] Ce mot est employé si naturellement qu’on ne songe pas qu’il est nouveau, et peut-être de l’invention de La Fontaine. […] Il est aisé de voir qu’il y a ici, dans les mots, une contradiction qui nuit à la liaison des idées.
Qu’on nous passe le mot ! […] On y sent la vie observée, la vie vraie, qui battra toujours la vie rêvée, et la poésie des réalités, qui l’emportera toujours sur la poésie de seconde main, la poésie des mots et des livres. […] Au risque de compromettre le Dei gesta per Francos, nous crûmes un moment, tant l’influence de certains mots est puissante ! […] L’Empire eut de si grands revers après de si prodigieuses victoires, que le mot de Voltaire resta toujours, — même après Napoléon, — comme s’il était une vérité. Eh bien, heureusement, aujourd’hui ce mot n’est plus !
c’est l’affaire des historiens de nous l’expliquer en détail : deux mots suffisent ici. […] Les terminaisons latines sont tombées ; les mots se sont ramassés autour de la syllabe accentuée ; le sens des flexions s’est oblitéré, réduisant la déclinaison à deux cas. […] L’apport des Francs est représenté par quelques centaines de mots, qu’ils ont jetés dans la langue gallo-romaine. […] Puis ce sont les listes de mots des glossaires de Reichenau et de Cassel, les Serments de Strasbourg (842), la Séquence de sainte Eulalie (vers 880). […] On ira reprendre dans le riche fond de la latinité ce que l’on y avait d’abord laissé ; et les mots savants viendront presque dès le premier jour s’ajouter aux mots populaires : de ces deux classes de mots, formés ceux-ci sous l’influence et ceux-là hors de l’influence de l’accent latin, ceux-ci par la bouche et l’oreille du peuple, et ceux-là par l’œil des scribes, de ces deux classes se fera une langue plus riche, plus souple, plus fine, plus intellectuelle.
D’autre part, dans cet entassement de mots tirés de tant de sources diverses, ils ont fait un choix. […] Il fallait, en un mot, non le corriger, mais le renier. […] Il prit au mot ce dédain du profane vulgaire, dont se vante Horace ; et, pour rendre la poésie d’autant plus inaccessible, il la hérissa de mots pédantesques, qui la protégeaient en effet contre les regards de la foule. […] Ronsard ayant à choisir entre le grec et le latin pour en tirer ses doctes obscurités, avait préféré au mot âme le mot entéléchie comme plus savant, et parce qu’aucune analogie ni ressemblance quelconque avec notre langue ne l’exposait à être compris de la foule. […] Quant à la langue des vers, il fit voir où en était la véritable noblesse, en la transportant des mots d’où Ronsard la voulait tirer, aux choses d’où elle se communique naturellement aux mots.
Immensément remueuse du cœur elle fut, et remueuse de strophes amoureusement lancées et de mots tumultueux et éclatamment nés. […] Un mot de M. […] Étant donné tel état de l’esprit à exprimer, il n’est donc pas seulement à s’occuper de la signification exacte des mots qui l’exprimeront, ce qui a été le seul souci de tout temps et usuel : mais ces mots seront choisis en tant que sonores, de manière que leur réunion voulue et calculée donne l’équivalent immatériel et mathématique de l’instrument de musique qu’un orchestrateur emploierait à cet instant, pour ce présent état d’esprit : et de même que pour rendre un état d’ingénuité et de simplesse, par exemple, il ne voudrait pas évidemment dès saxophones ou des trompettes, le poète instrumentiste pour ceci évitera les mots chargés d’O, d’A et d’U éclatants. […] Quel dessin d’onde troublé donneront, par exemple, les sauts brusques successifs de mots accumulant des i, à d’autres des ou, à d’autres des a, etc. […] Mais à quelles mesures me fallait-il astreindre cette infinité d’ondes rythmiques, cette diffusion sonnante et idéale des mots ?
Les mots contiennent des idées. Les idées contenues dans les mots s’enchaînent d’après les règles d’une logique intérieure, et forment des phrases ou des sens plus complets. […] Elle est la répercussion du son, du signe, du mot, de la pensée, jusqu’à l’infini. […] La parole est si inconcevable, qu’il faut ces deux mots contradictoires pour en donner seulement l’idée : Le corps de l’esprit. […] Mais pour que la définition soit juste et complète, il faut y ajouter un mot.
« Amoureux de mots, aligneurs d’épithètes », MM. de Goncourt le sont au plus haut point et souvent avec une grande puissance ; et c’est peut-être parce qu’ils étaient « amoureux de mots » qu’ils ont été amoureux de choses concrètes. […] On le louait avec des mots qui rendent justice à un caractère. […] Flaubert n’invente pas un mot nouveau, Gautier n’en invente qu’un petit nombre ou se contente de ressusciter des mots anciens. […] C’est que les auteurs, en proie à cette inquiétude, à ce désir inassouvissable d’une expression égale à leur impression, ont trouvé (là est l’affectation) que les mots connus étaient usés, n’accrochaient pas assez l’attention, et aussi (là est la part de sincérité) que ces mots ne rendaient pas tout ce qu’ils voulaient. […] Obscurant ne pourrait être remplacé que par plusieurs mots.
Les mots que biffe M. […] Très souvent, dans le cliché, un des mots a gardé un sens concret et ce qui nous fait sourire c’est moins la banalité de la locution que l’accolement d’un mot vivant et d’un mot évanoui. […] Aucun mot n’est plus mal défini ni plus vague. […] Ainsi employé seul, le mot est peut-être une déformation du mot Idéal ; peut-être aussi le qualificatif est-il sous-entendu ? […] Le mot est impératif.
les mots se pressent, suggestifs d’étonnements grandissants. […] De confiance, le mot est assez heureux. […] Dès lors le sourire surgit au mot blâmé, à l’enfantillage critique. […] On y glane toujours quelque chose, ne fût-ce qu’un mot qu’on ne connaissait pas. […] La sensation du raffiné est étrangère à l’autre ; des mots différents ne l’aideraient en rien.
Le mot qu’on sçait fait deviner le mot qu’on ne sçait pas, et celui-là fait à son tour deviner un autre mot. […] On conçoit bien comment les pantomimes pouvoient venir à bout de décrire intelligiblement une action, et de donner à entendre par le geste les mots pris dans le sens propre, comme le ciel, la terre, un homme, etc. […] Mais, dira-t-on, comment pouvoient-ils donner à entendre les mots pris dans le sens figuré, qui sont si fréquens dans le stile poëtique. Je répondrai en premier lieu, que le sens de la phrase donnoit quelquefois l’intelligence de ces mots pris au sens figuré. En second lieu, Macrobe nous donne l’idée de la maniere dont les pantomimes s’y prenoient lorsqu’ils avoient quelqu’un de ces mots à exprimer.
Dans ces quelques mots, parfois ce mot unique, il y a tout un programme, toute une théorie, et aussi des engagements exprès et des promesses attirantes. […] Si l’on écrit la vie de Charlemagne ou de Napoléon, ce sont ces mots qu’on écrira en tête du livre. […] Ainsi, actuellement, une vogue qui paraît ne devoir pas de sitôt cesser, s’est emparée du mot Aventure. […] Quels mots plus obscurs que ceux-ci : le Repas du Lion, placés par M. de Curel en tête du drame qu’il fit jouer l’an dernier ? […] On a donné bien des explications différentes à ces mots que l’auteur ne prit pas la peine d’éclaircir lui-même.
Eh bien, en quatre mots, voilà Villemain· ! […] L’art des mots, réduit à lui-même, a préoccupé tellement, toute sa vie, ce bel esprit frivole, qu’il n’a jamais vu dans la critique et dans l’histoire qu’une occasion de les arranger. […] Artistes en mots, et, puisque nous avons écrit ce mot-là, modistes de phrases, l’un est la modiste pur sang, l’autre n’est que l’industrielle. […] Homme de mots, qui vit par les mots et pour eux, a-t-il jamais senti la nécessité de ces notions premières, qu’il écrit aujourd’hui à la tête d’un nouvel ouvrage — comme il écrit tout — pour obtenir un effet de phrase ou un effet de lecture ? […] Ce n’était pas un orateur dans la largeur et la fougue du mot, mais il eut des mots d’orateur.
Quand on n’écrivait plus, quand on ignorait l’orthographe du mot, quand on ne démêlait plus bien les cas, les désinences, le mot s’est altéré, s’est déformé, s’est tronqué. […] Car, en beaucoup de cas, les mots ne dérivent que médiatement du latin, et il a existé un mot qu’on peut appeler bas-latin et qui sert d’intermédiaire. […] Quand je parle de l’accent latin déterminant le point essentiel des mots dans le travail de transformation, il n’est pas question, bien entendu, des mots qui ne s’introduisirent que tard depuis la Renaissance, et qui sont copiés et pris du latin lu et non parié. […] Ces mots-là sont des mots morts qu’on a calqués à plat sur le papier30. […] Et non pas néo-latins qui est un mot hybride.
Le mot est un produit analytique. […] L’enfant balbutie des mots avant de connaître les objets dont ces mots sont le signe. […] que le mot est aussi horrible que la chose. […] Ce mot est mis à dessein. […] Ne soyons pas dupes des mots.
On a trop répété le mot de Vauvenargues : « Les grandes pensées viennent du cœur ». […] Mais ces mots éclatants, historiques, cités, sont de rares trouvailles, sur lesquelles il ne faut pas trop compter pour soi. […] L’admirable mot du confesseur de Louis XVI : « Fils de saint Louis, montez au ciel », n’a jamais été dit que par M. de Lacretelle, historien. […] Mais je me méfie surtout des mots sublimes que la passion a, dit-on, arrachés à des natures vulgaires ou incultes. […] Une fois le mot écrit, qui est la notation exacte du sentiment, le cœur qui déborde ne trouve plus rien à dire.
Tout changement raisonnable qui peut arriver dans une langue dès que sa syntaxe est devenuë reguliere, ne sçauroit plus tomber que sur des mots. […] L’usage est toujours le maître des mots, mais il l’est rarement des regles de la syntaxe. Or, des mots vieillis ne font point abandonner la lecture d’un auteur qui a construit ses phrases regulierement, ou qui même s’est approché dans leur construction de la régularité. […] Les étrangers se plaignent même que notre langue envahisse, pour ainsi dire, les langues vivantes en introduisant ses mots et ses phrases à la place des anciennes expressions. Les allemands et les hollandois disent que l’usage que font leurs concitoïens des mots, et principalement des verbes françois, en parlant hollandois et allemand, corrompt leurs langues comme Ronsard corrompoit le françois par les mots et par les locutions des langues sçavantes qu’il introduisoit dans ses vers.
Évidemment le titre d’un ouvrage anglais, les Réminiscences d’Horace Walpole, l’a séduit ; mais, en laissant à la charge de l’auteur anglais le mot de Réminiscences pris en ce sens, je nie qu’en français ce soit le mot juste. […] Coulmann se hâte de l’appeler, d’un mot de Delatouche, « un papillon en bottes à l’écuyère. » En général, M. […] Presque tout ce qu’on citait comme bons mots nous arrive bien frelaté, bien éventé. […] Je n’approfondis pas, mais quand on nous donne des lettres intimes sans un mot d’explication, on nous livre à nos propres conjectures. […] Coulmann rapporte bien des mots qui marquent la causticité de Béranger et son peu de bienveillance dans le propos.
Le mot voix n’a pas échappé à cette règle générale. […] Fouillée (p. 284 à 287, 313-314) proteste en vain contre le mot hallucination, qui implique pour lui l’extériorité apparente. […] Fouillée que des critiques de mots. […] » qui passe pour un mot sublime et qui est attendu au passage par tous les spectateurs. […] Nous avons dû traduire avec une certaine liberté ; le mot à mot eût été inintelligible. — Cf.
Pour lui trouver de l’esprit (et il en avait), il faut ne le prendre qu’à toutes petites doses et sur des mots qui lui sont échappés. […] » — On sait son mot à Mme Geoffrin qui, après une soirée passée entre eux deux en tête-à-tête, et où elle avait tiré de lui tout le parti possible, lui faisait compliment : « Je suis un mauvais instrument dont vous avez bien joué. » — Âgé de quatre-vingt-cinq ans et près de sa fin, il répondit à Voltaire qui lui demandait comment il considérait ce passage de la vie à la mort : « Comme un voyage à la campagne. » — Avec une suite de ces mots-là on ferait de lui un portrait agréable et un peu menteur. Sa religion mérite bien qu’on en dise un mot. […] On cite de lui, par-ci par-là, des phrases et des mots ; cela suffit. […] On aimerait, pour inscription ou pour épitaphe, à en rester avec lui sur le mot charmant de Saint-Simon : « Il avait de l’esprit, des lettres et des chimères ».
Il essayait des dizains, des ballades, des rondeaux, des virelais ; il revenait à la source gauloise, au style naïf, au petit vers leste et campagnard, qui aime les mots francs, qui dit en courant toutes les choses vraies. […] Vous pouvez croire qu’en semblable occasion un conteur ne fait pas de longues phrases et ne cherche pas les mots d’apparat. […] Tout le monde l’entend ; ce sont nos mots de tous les jours, même nos mots de ménage et de gargote, comme aussi nos mots de salon et de cour. […] Un petit mot de son éclair fuyant leur dévoile tout un tableau ou tout un caractère ; une clarté prolongée et forte émousserait leur regard. […] » Cette morale est celle du pauvre, de l’opprimé, en un mot, du sujet.
Tranchons le mot, tout cela est misérable. […] D’abord ajustement n’est pas le mot propre. […] Cependant ce jeu de mots est plus supportable que tous ceux qui se trouvent dans la réponse de la fourmi. […] La Fontaine ôte le piquant de ce mot, en commençant par en faire l’application aux grands. […] Avecque… Ce mot, dans La Fontaine, se trouve souvent de trois syllabes, ce qui rend le vers pesant.
Ainsi que les mots sont les signes arbitraires de nos idées, de même les differens caracteres qui composent l’écriture sont les signes arbitraires des sons dont les mots sont composez. Il est donc necessaire, quand nous lisons des vers, que les caracteres des lettres réveillent d’abord l’idée des sons dont ils se trouvent être les signes arbitraires, et il faut ensuite que les sons des mots, qui ne se trouvent être eux-mêmes que des signes arbitraires, réveillent les idées attachées à ces mots. […] C’est ce qui arrive dans la récitation où le mot que nous entendons réveille immédiatement l’idée qui est liée avec ce mot. […] Ce plaisir cesse même dès qu’on applique son attention à la lecture, et l’on ne s’apperçoit plus alors de la beauté de l’impression que par la facilité que les yeux trouvent à reconnoître les caracteres et à rassembler les mots. […] En un mot les hommes ne se prêtent pas d’aussi-bonne grace que les femmes aux sentimens du personnage qu’ils veulent joüer.
Un mot de plus du pauvre enfant, et il était assommé sur place. […] se dit-il, mot sublime de caractère, répondu dans sa conscience par un mot plus sublime encore : Dieu ! […] Il n’y a pas deux mots pour exprimer cela : c’est le mot du capitaine de vaisseau clouant au mât son pavillon qu’il ne veut point amener ; c’est le mot le plus sublime de toute une guerre française, l’héritage que l’armée mourante lègue à l’armée qui renaîtra de son sang. […] Alors il cherche un mot comme on cherche une épée. Il lui vient de l’écume, et cette écume, c’est le mot.
Où l’unanimité manquait, Vaugelas s’en rapportait à la majorité : par exemple, si la cour et les gens savants en la langue s’accordaient à laisser mourir quelque mot employé par les bons auteurs, dût ce mot se recommander de monsieur Coeffeteau, il reconnaissait l’empire de l’usage, et il y déférait, regrettant, mais ne défendant pas le mot sacrifié. […] Le sens de Vaugelas était si sûr et si impartial, qu’en même temps qu’il laissait mourir, sans protester, certains mots rejetés par l’usage, fussent-ils de Coeffeteau, il hasardait quelques vœux timides en faveur de mots que l’usage n’avait pas encore autorisés. […] Trop de louange donnée au mérite du nombre et de la cadence détourne les esprits des choses, pour les attacher aux mots. […] L’imagination se mit dans la grammaire, où elle sied si mal ; et l’admission, comme le rejet des mots, se décida par la passion. […] L’imagination n’y est le plus souvent qu’une mémoire heureuse, qui lui fournit à point pour chaque pensée le mot le plus juste.
Mais de littérature, pas un mot. […] Alors la forme est devenue tout pour elle, son premier et son dernier mot, son alpha et son oméga. […] des mots ! des mots ! […] La docte compagnie se voit constamment forcée d’employer des mots qu’elle n’a pas admis.
Ce mot de buter est sec et peu agréable à l’oreille. […] Mot que Vaugelas, Ménage et Thomas Corneille ont condamné. […] Gésine… Mot vieilli, qui ne s’emploie guère que dans les tribunaux. […] Aragne, vieux mot conservé pour le besoin de la rime ou du vers. […] Mot de style burlesque, qui s’emploie, comme on le sait, pour louveteau.
À cet égard, plus le genre est élevé, plus le scrupule est fort ; tout mot propre est banni de la poésie ; quand on en rencontre un, il faut l’esquiver ou le remplacer par une périphrase. […] Un des mots les plus fréquents chez Mlle de Scudéry est la conjonction car. […] En effet, c’est l’idéologie, dernier produit du siècle, qui va donner de l’esprit classique la formule finale et le dernier mot. […] Dans le plus beau roman du dix-septième siècle, la Princesse de Clèves, le nombre des mots est réduit au minimum Le Dictionnaire de l’ancienne Académie française contient 29 712 mots ; le Thesaurus grec de H. […] On le voit pour Tartufe, mais par un mot de Dorine et non directement.
Mais, l’histoire étant à mes yeux toujours un peu monumentale, toutes les fois qu’il se présente à ma plume de ces mots signifiant la même chose, je choisis de préférence le mot le plus classique, le mot à étymologie latine. J’avais fait là ce que je fais toujours, j’avais pris le mot latin pudeur au lieu du mot moderne réserve ou convenance. […] Ce n’est pas lui qui demanda le premier la guerre et qui prononça le premier le mot de république ; mais il prononça le premier et souvent le mot dictature ; le mot république appartient à Brissot et aux Girondins. […] Son premier regard, son premier mot mettait une distance entre l’homme et l’orateur. […] Le mot d’homme principe, qui s’applique à Robespierre, est un scandale de mot qui peut faire douter de mes principes à moi-même.
Or, l’entière suggestion dont nous parlons, et qui pour les persuasions ou les saillies en vertige de l’Idée, tient au sens idéographique des mots mais en même temps à leur phonétisme, ne peut naître que si la langue est traitée en son origine phonétique retrouvée et arrivant à une Musique des mots : matière, d’identique qualité, de la pensée qui agit et possède. […] Et si le poète pense par des mots, il pensera désormais par des mots redoués de leur sens originel et total, par les mots-musique d’une langue-musique. — Donc, devons-nous admettre la langue poétique seulement sous son double et pourtant unique aspect, phonétique et idéographique, et n’élire au mieux de notre re-créateur désir que les mots où multiplient les uns ou les autres des timbres-vocaux : les mots qui ont, en plus de leur sens précis, la valeur émotive en soi, du Son, et que nous verrons spontanément exigés en tant que sonores par la pensée, par les Idées, qui naissent en produisant de leur genèse même leurs musiques propres et leurs Rythmes. […] Cette image est le mot. » Et, — c’est aux poésies de l’Inde pourtant, encore ainsi qu’aux sources de tout Émoi, que nous remonterons pour avoir, non plus d’hésitants et partiellement entendus et presque étonnés avisements qui ne paraissent venus que d’elles, mais la mise en œuvre, en un art supérieur aux secrètes et intenses Beautés, où, — correspondance des sons et des idées, un sens adventice suggéré en sonorités appropriées, vient en prolongement du sens des mots précisément exprimé. […] Donc, étant donné le dessein d’exprimer émotions, sentiments et idées s’apparentant à tel ordre d’idées génératrices : pour d’Autres, souhaitons que, aussi spontanément que pour nous-même (qui ainsi exprimons la genèse même de notre manière-d’être pensante et poétique), les Idées à l’état naissant de modes sonores instrumentalement distingués en tons des timbres, immédiatement se produisent en les mots et les groupes de mots au sens idéographique précis, — mais où, phonétiquement et en rapport exact, de leurs valeurs idéales et suggérantes et augmentés de leurs appropriés compléments de lettres-consonnes, les sons essentiels des Voyelles mènent les dominantes du Rythme. Encore qu’il soit de mon devoir d’avertir qu’on n’apprend pas à penser ainsi : car, ainsi, l’on ne pense point par des mots seulement en valeur d’idéogrammes que l’on voudrait, ensuite, ainsi que traduire en d’autres mots de musique-Verbale.
On s’attachera donc aux mots ; et pour prendre à Bouhours ses figures, on s’occupera plus des enjolivements que de l’édifice, de la taille que de la qualité du diamant. […] Au contraire, pour travailler sur les mots, tout le monde y est prêt, les uns par la médiocrité de leur fonds, les autres parce que la mode est d’ordinaire aux mots travaillés. […] Apprendre à penser, chercher le vrai, même chose sons des mots différents. […] Dans la doctrine du vrai orné, il y a du moins le mot, et le mot peut encore faire songer à la chose. […] Mot de Voltaire sur Marivaux.
Mais s’il n’est pas apte, de nature, à traduire Shakespeare, Guizot l’historien, qui a fait sa fortune par l’histoire, est apte au moins à nous écrire une Vie de Shakespeare, — une Vie de Shakespeare comme il nous a écrit une Vie de Washington, car il y a des hommes si grands que leur vie seule, leur simple biographie est de l’histoire dans le sens le plus majestueux du mot. […] Il y a un mot heureux de Guizot, et que je souligne parce que Guizot, que je voudrais entraîner, ne se permet guère l’imagination : « Comme un fanal, dans la nuit, brille au milieu des airs sans laisser apercevoir ce qui le soutient, même l’esprit de Shakespeare nous apparaît dans ses œuvres, isolé de sa personne. » Mais c’est justement à cause de la difficulté de saisir la vie de Shakespeare, d’empoigner le pied du fanal caché sous sa lumière, que la pensée la veut, cette vie, et qu’elle s’y obstine. […] Et si ce congé aux historiens n’était qu’un mot de désespoir, un mot de renard qui regarde la grappe et la trouve bonne pour les goujats, je n’en tiendrais que le compte qu’il faudrait ; mais ce n’est pas cela, c’est bien autre chose, c’est tout un système que la Critique doit dénoncer et flétrir, parce qu’il est mauvais et funeste et qu’il peut devenir populaire. […] Shakespeare, seul biographe de Shakespeare, équivaut à la phrase de Voltaire : « La vie des hommes de lettres est seulement dans leurs écrits », et de pareilles phrases sont de ces mots ( des mots, des mots, des mots ! […] Si l’espace dont je dispose le permettait, j’aimerais, par exemple, à citer un aperçu sur la comédie que ne pouvait écrire Shakespeare en Angleterre, et que Molière a pu écrire en France, qui me paraît une de ces pages crevant d’idées où il y a certainement plus de choses qu’il n’y a de mots.
Mot ancien. […] — Forme verbale du mot peur. […] Mot ancien. […] mots à vertiges ! […] — Du mot somnambule.
Depuis Aristote qui disait : « Nous ne pensons pas sans images, et ce sont des images que les mots », jusqu’au groupe presque contemporain des idéologues, l’école sensualiste a compris de tout temps l’importance du langage. […] Quelques mots suffiront. […] C’est que toutes les fois qu’il se présente, il éveille un nombre infini d’idées de ces individus ; et comme il les éveille en combinaison étroite, il en forme une espèce d’idées complexe. » « De là résulte que le mot homme n’est ni un mot répondant à une simple idée, ce qui était l’opinion des réalistes ; ni un mot ne répondant à aucune idée, ce qui était l’opinion des nominalistes ; mais un mot éveillant un nombre infini d’idées, par les lois irrésistibles de la sensation et en formant une idée très complexe et indistincte, mais non pas intelligible pour cela. » C’est dans le but de dénommer, et de dénommer avec une plus grande facilité, que nous formons des classes : et c’est la ressemblance qui, quand nous avons appliqué un nom à un individu, nous conduit à l’appliquer à un autre et à un autre, jusqu’à ce que le tout forme un agrégat, lié par le commun rapport de l’agrégat à un seul et même nom. […] Cette croyance implique d’abord la croyance en mes sensations, et croire en mes sensations, c’est purement et simplement un autre mot pour dire avoir des sensations. […] Ex. : L’homme est un animal raisonnable. » « Ou bien on applique à la même chose des noms ayant l’un moins, l’autre plus d’extension : L’homme est un animal. » Dans le premier cas, l’équivalence des deux mots est reconnue par l’association : homme et animal raisonnable sont deux mots pour un même état de conscience ; ils s’associent comme marques à un même groupe d’idées.
Madame : mot qui donne de l’importance à la génisse. […] La Fontaine se contente d’indiquer d’un seul mot le point d’où sont partis tous les maux de l’humanité. […] Mot créé par La Fontaine, mais employé si heureusement, qu’on croirait qu’il existait avant lui. […] La Fontaine, par ce mot de la bouche des dieux, indique leurs représentans, qui avaient soin de choisir les victimes les plus belles et les plus grasses. […] C’est le style de la pratique ; et ce mot de chacune, au lieu de chaque, fait très-bien en cet endroit.
Singulier génie toujours en suspens et en peine, qui se peint en ces mots : « Le Ciel n’a mis dans mon intelligence que des rayons, et ne m’a donné pour éloquence que de beaux mots. […] En un mot, ce ne sont en littérature aujourd’hui que vocations factices, inquiètes et surexcitées, qui usurpent et font loi. L’élite des connaisseurs n’existe plus, en ce sens que chacun de ceux qui la formeraient est isolé et ne sait où trouver l’oreille de son semblable pour y jeter son mot. […] Voici qui nous touche de plus près : « Avant d’employer un beau mot, faites-lui une place. » Avec la quantité de beaux mots qu’on empile, sait-on encore le prix de ces places-là ? […] nos Phalarîs ne font-ils pas mugir les pensées dans les mots façonnés et fondus en taureaux d’airain ?
Je ne sais par quelle raison tant d’écrivains modernes nous parlent de l’éloquence des choses, comme s’il y avait une éloquence des mots. […] La prononciation seule lui fera aisément distinguer les mots doux et sonores, de ceux qui sont rudes et sourds, et par la même raison les mots dont la liaison est harmonieuse et facile, de ceux dont l’union est dure et raboteuse. Mais il est dans l’harmonie une autre condition, non moins nécessaire que le choix et la succession des mots, et qui demande une oreille plus délicate et plus exercée. […] L’arrangement harmonique des mots ne peut quelquefois se concilier avec leur arrangement logique ; quel parti faut-il prendre alors ? […] En un mot, la vérité, la simplicité, la nature, voilà ce que tout écrivain doit avoir sans cesse devant les yeux.
Des Livres de facéties, des recueils d’anecdotes & de bons mots. […] Le comique tombe souvent sur des querelles entre l’Eglise anglicane & la presbytérienne, & sur des jeux de mots particuliers à la langue angloise. […] Les compilateurs de bons mots ont cherché dans les Ana des matériaux pour leurs recueils. […] Personne n’a plus compilé de bons mots ; personne n’étoit plus incapable d’en dire. […] Applications heureuses de passages connus, historiettes, apologues, contes, bons mots, naïvetés, saillies, reparties ingénieuses, apophtegmes, sentences, maximes, proverbes, pasquinades, jeux de mots, pointes, équivoques, quolibets, turlupinades, tout s’y trouve réuni & avec beaucoup de clarté & de méthode.
Nous oserons regarder dans cette gloire pour en chercher le mot, s’il y en a un au succès d’un livre universellement accepté par les gens pieux et même par les impies. […] De plus, avec tout son esprit, Fontenelle disait deux bêtises dans son mot fameux, si ce n’est trois, ce pauvre Tyrcis ! […] et par ce côté, le mot de Fontenelle est pourpré et faux comme l’est un madrigal. […] S’il avait parlé en ces termes de l’Internelle Consolation dans sa langue artiste et populaire, le mot aurait peut-être été vrai, mais appliqué au texte latin de l’original, un tel mot n’est plus que poétique. […] L’écrivain de l’Internelle Consolacion, qui a partagé la destinée de l’auteur de l’Imitation (l’anonyme convenant comme le silence de leur règle à ces hommes humbles qui ne vivaient, comme disent les saintes Chroniques, que sur la montagne de l’éternité, in monte æternitatis), l’écrivain ignoré de l’Internelle Consolation ne s’est point attaché à la glèbe du mot à mot de son auteur.
Les anciens poètes grecs avaient un seul mot pour dire lumière et homme (φώς), comme si l’homme était réellement le phare de la création. […] Duveyrier sans me rappeler et en quelque sorte m’expliquer cette confusion de mots, cette association d’idées. […] Le mot et même l’idée, selon M. […] Je suis d’accord pour le mot ; pour l’idée, je conteste. […] Il paraît que le mot de civilisation ne se rencontre guère pour la première fois, au sens où on le prend aujourd’hui, que dans les œuvres de Turgot, un digne parrain.
Raynouard érudit perce dans ce seul mot cependant. Il était de son pays aussi par la gaieté, par le trait, par le petit mot pour rire. […] » On n’a jamais plus abusé des mots. […] » sont un des mots mémorables du théâtre. […] C’est là un mot spirituel qui manque au traité de rhétorique pour définir le « Moi !
Où le travail de l’esprit fait éclore une métaphore, c’est qu’elle est plus propre en ce lieu que le mot propre : comment cela se peut-il faire ? On le concevra sans peine, si l’on songe que souvent l’expression propre ne rend que l’idée, tandis que dans l’esprit l’idée est doublée d’un sentiment, d’une impression quelconque, qui en sont inséparables, qui doivent se manifester avec elle et par les mots même qui la rendent. […] Ce ne sont que des mots. […] Les figures sont ainsi bien souvent des consolations que l’impuissance offre à la vanité, et que les grands mots déguisent à nos yeux. […] Il faut que la réduction de la figure au mot propre soit une véritable amputation qui laisse la phrase, l’idée, l’émotion incomplètes et mutilées.
A force d’accentuer le mot dans sa propriété, il lui arrive de le rendre dur. […] Un tel mot cité me paraît la juste médaille du style de M. […] Je n’en citerai qu’un seul petit échantillon : après un mot sur Amyot et ses grâces françaises, « Ronsard cependant, dit M. […] Pas un mot qui ne soit ainsi mesuré et proportionné. […] Commençant par ces mots : Le caractère de Voltaire, etc., etc.
Ce trident n’était qu’un croc pour arrêter les barques ; le poète l’appelle dent par une belle métaphore, en ajoutant une particule qui donne au mot le sens superlatif. […] L’ingénieux écrivain s’est servi du plus faible des trois mots employés par les jurisconsultes pour désigner la possession, habere, tenere, possidere. […] Lorsque les philosophes ou les historiens parlent des premiers temps, ils prennent le mot peuple dans un sens moderne, parce qu’ils n’ont pu imaginer les sévères aristocraties des âges antiques ; de là deux erreurs dans l’acception des mots rois et liberté. […] Tout ceci prouve combien les modernes se sont mépris sur le sens du mot célèbre : les barbares n’ont point sur leurs enfants le même pouvoir que les citoyens romains. […] De même que les Grecs, du mot χείρ, la main, qui par extension signifie aussi puissance chez toutes les nations, tirèrent celui de χύρια, dans un sens analogue à celui du latin curia.
Hope dans l’ordre de la critique littéraire : c’est, en un mot, un esprit généralisateur. […] S’il n’a pas de métaphysique bien et dûment articulée, et qui donne à toutes ses opinions le timbre imposant que les opinions d’un homme doivent avoir ; s’il n’a pas, qu’on me passe le mot ! […] Là, il a été moderne dans le vrai sens du mot, que les modernes actuels sont en train de fausser. […] Le mot dit tout ensemble le défaut et la qualité. […] Cette grâce résiste à cette violence, mais cette violence va parfois jusqu’à une petite épilepsie de la sensibilité et du mot, qui ne me fait point peur, à moi !
Il y a quelques années qu’en visitant, ou, pour mieux dire, en furetant Notre-Dame, l’auteur de ce livre trouva, dans un recoin obscur de l’une des tours, ce mot gravé à la main sur le mur : ἈNΆГKH. […] Ainsi, hormis le fragile souvenir que lui consacre ici l’auteur de ce livre, il ne reste plus rien aujourd’hui du mot mystérieux gravé dans la sombre tour de Notre-Dame, rien de la destinée inconnue qu’il résumait si mélancoliquement. L’homme qui a écrit ce mot sur ce mur s’est effacé, il y a plusieurs siècles, du milieu des générations, le mot s’est à son tour effacé du mur de l’église, l’église elle-même s’effacera bientôt peut-être de la terre. C’est sur ce mot qu’on a fait ce livre.
Sans doute des mots bizarres, des tours forcés, des locutions étranges, furent hasardés dans les premiers temps ; mais qu’importe ? […] « L’on est, dit-il, esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française. […] Le mot d’obscénité, rebuté par Molière, est aujourd’hui vulgaire. On voit dans la première lettre de Balzac à la marquise de Rambouillet, qu’il a le premier hasardé le mot d’urbanité, pour opposer un caractère de la civilisation romaine à l’atticisme qui caractérisait l’esprit des Grecs. […] Enfin, on citait comme locution précieuse, cette modeste phrase : Je sais bien ce que je veux dire, mais le mot me manque.
Voici ce passage suivant la traduction latine de Daniel Heinsius, à laquelle je n’ai changé que deux mots pour la rendre plus conforme au texte. […] Mais Ovide dit mes vers, meos versus, parce que les pensées, l’expression, en un mot les vers considerez sur le papier, étoient entierement de lui. […] Mais carmen originairement signifioit autre chose, et d’ailleurs il étoit le mot propre pour signifier la déclamation, et détermine encore à sa premiere et veritable acception, par l’endroit même où il étoit emploïé. […] Un autre mot mal interpreté a beaucoup encore contribué à cacher aux auteurs modernes l’existence de cette déclamation. […] Ainsi avant que d’appuïer mon sentiment par de nouvelles preuves tirées de la maniere dont la déclamation composée s’executoit sur le théatre des anciens, je crois qu’il est à propos de faire voir que le mot de chant signifioit en grec comme en latin, non seulement le chant musical, mais aussi toute sorte de déclamation, même la simple recitation ; et que par conséquent on ne doit pas inferer de ce qu’il est dit dans les anciens auteurs, que les acteurs chantoient ; que ces acteurs chantassent, à prendre le mot de chanter dans la signification que nous lui donnons communement.
Le mot est essentiellement immobile et ne renferme de vertu mouvante que celle qui lui vient des idées suggérées. […] En un mot, il commencera à classer. […] En un mot, l’esprit n’est pas immobile sur une image immobile ou sur un mot immobile. […] Supposez une lettre écrite en écriture sympathique capable de devenir manifeste par la chaleur ; je projette un rayon de chaleur sur un point, un mot apparaît, mais, comme le calorique s’irradie, le mot contigu se dessine à son tour. Si la feuille était consciente, elle reconnaîtrait par ressemblance le mot actuellement échauffe que la plume avait tracé jadis, et elle sentirait le mouvement de la chaleur qui passe par contagion aux mots contigus.
Ne prenez pas Virgile au mot quand il vous parle, presque en rougissant, de son loisir sans honneur, ignobilis otî ; ou c’est qu’en latin le mot n’a pas ce sens-là. […] Conçoit-on que, dans une pièce de vers inspirée par un tableau de la Charité, la femme soit décrite avec des traits et des mots qui semblent réservés aux alcôves de nos romans modernes ? […] Le mot est d’usage en Orient, dira-t-on ; peu importe ! […] Tel mot, en effet, suffit pour tout gâter, comme un mauvais son, ou plutôt comme une mauvaise odeur dans un concert. […] Ce banquet est destiné précisément à fêter la vieille race, la tribu, la famille, la langue distincte, le contraire, en un mot, des dîners de l’ancienne Revue encyclopédique sous M.
Ainsi, pourquoi y a-t-il un rapport nécessaire entre le mot juste et le mot musical ? […] L’association des mots et des rimes peut donc avoir ici le pas. […] Le nombre des idées, en effet, se trouve diminué par cela seul qu’est diminué le nombre des mots ; il y a relativement peu de mots aux rimes pleines. […] Flaubert, qui se rattache si étroitement aux romantiques, n’avait pas un moindre culte du mot pour le mot même. […] Le vers ne peut pas vivre ainsi de sons et de mots vides.
Ce mot continue à s’appliquer à cette école. […] … Naguère la science avait biffé le mot : mystère. […] En France, ils ont donc trouvé pour lui le mot symbolisme. […] Nul mot humain de n’importe quelle langue n’est musical en soi. […] C’est le sens du mot, non le son du mot, qui détermine sa valeur.
Journalistes, chroniqueurs, tous les jaseurs de la publicité en ont déjà parlé, et vont continuer d’en parler pendant bien deux jours, de cet homme si peu fait pour être populaire, et dont ils ne disaient guères mot de son vivant. […] … À part le talent de ses œuvres, pour lequel on n’a trouvé que le mot de distingué, — ce qui n’est pas assez, — on n’a trouvé aussi pour caractériser l’esprit sur place de Gozlan que le mot banal de charmant causeur, et ç’a été à peu près tout, sauf les arabesques et les chatoiements de la phrase sur ces deux pauvres idées, l’aumône de la Superficialité émue un moment par la mort ! […] Il avait la grâce de savoir écouter longtemps, jusqu’au moment où, du fond de son silence attentif, partait le mot, l’éclair électrique, la balle d’argent de Robin des Bois ! […] C’est là qu’il a taillé tant de mots qui ressemblent à des diamants dont les angles coupent, et qu’il aurait dits, s’il ne les avait pas écrits, tout aussi bien qu’il les écrivait. […] Stendhal, si vigoureusement organisé, mais athée, dont la supériorité se rompait à l’athéisme comme l’épée se rompt à trois pouces de sa garde ; Stendhal, dont toute la moralité n’est que dans le mot terrible : « Ne se repentir jamais », n’en eut pas moins l’esprit social, profond et acéré.
Et vous venez de voir ce qu’elles sont sous cette plume d’un homme qui ne raisonne pas et qui n’enchaîne rien ; qui, pour autoriser ou défendre un athéisme vieux comme le monde, n’apporte pas une seule idée qui lui appartienne, un seul aperçu nouveau à la masse, et dont toute la puissance ou l’impuissance consiste à remplacer les mots par les mots, les mots anciens par les mots modernes, les mots de Diderot, par exemple, par les mots de Darwin, croyant que tout cela fait une idée, cette opération… Tête verbale, pour qui les mots scientifiques sont bien plus que la science elle-même, M. Renan se paye perpétuellement de mots. […] C’est, au reste, le mot du diable ; car M. […] — Nous aimons que l’homme vertueux dise de temps à autre : “Vertu, tu n’es qu’un mot ! […] Seulement, comme ils ont dit qu’il y avait un écrivain et un grand écrivain au fond du philosophe et que le sujet de l’Antéchrist prêtait à l’écrivain, je l’en ai ôté, je l’ai regardé… Et j’ai dit ce simple mot sur le grand écrivain, — ce mot qui ne voulait être qu’un mot, car il ne méritait pas plus !
Terribles mots, désagréables. […] Ce mot surprend. […] Elle emprunte des mots de toutes les époques ; elle forge des mots à l’aventure. […] Un mot bien vague, la justice ; le socialisme a le goût de ces mots bien vagues. […] Deviendront-ils des mots ?
Nous en avons vu bien d’autres : mais pour le temps, ce n’étaient pas là des mots familiers aux poètes en quête de rimes. […] Et entendons bien ce que veut dire ici le mot de réaliste : Boileau sait voir et rendre. […] En un mot, il couvrait la nature de sa personnalité ; et comment en sentir, comment en rendre le charme si l’on ne s’oublie soi-même en elle ? […] Vert-Vert est le modèle des contes spirituels ; il en reste des mots piquants, des idées ingénieuses et amusantes. […] Ce prétendu père de la poésie noble ne cherche pas les périphrases ni les mots élégants.
Il y a dans le second jugement un mot et une idée de plus que dans le premier. […] Une fois posé que cette fleur est rose, on peut par abstraction dégager du mot fleur l’idée de substance, et du mot rose l’idée de qualité, comparer ces deux termes, isoler entre eux par abstraction un rapport nécessaire, celui de substance à qualité, et tirer ainsi une vérité nécessaire d’une vérité contingente. […] Sous ce mot jugement ou proposition, vous confondez donc deux choses distinctes, les termes et leur rapport. […] Dans ce mot il faut vous voyez naître les propositions nécessaires. Réduisez les mots à leur valeur.
… C’est un livre d’exception, d’individualité, et, pour employer un mot que l’auteur cite dans sa préface, de paroxisme poétique et cérébral. […] Faut-il pleurer ou faut-il rire de voir un homme, qui était poète et qui l’a prouvé, se ravaler à de tels exercices de bateleur dans le maniement de cette langue poétique, qu’il aurait honorée, s’il l’avait aimée chastement, car les mots sont bien faits. […] Ce qu’en effet, depuis ces dernières vingt-cinq années, le théâtre a fait peser sur nos mœurs, sur les habitudes de notre pensée, sur toutes ses formes et tous ses langages, ne peut être dit en quelques mots. […] L’acrobatisme (qu’on nous passe le mot !) […] La rime à laquelle tiennent si fort tous les hommes pour qui la poésie consiste dans l’art d’échiquier de mouvoir et de ranger les mots, la rime touche ici presque à l’identité du son et donne à la phrase poétique des deux vers qui se suivent quelque chose de bicéphale et de monstrueux.
Mais comme ces mots et ces idées passèrent des Grecs aux Latins dans un temps où les nations, encore très sauvages, étaient fermées aux étrangers*, nous avons demandé plus haut qu’on nous passât la conjecture suivante : Il peut avoir existé sur le rivage du Latium une cité grecque, ensevelie depuis dans les ténèbres de l’antiquité, laquelle aurait donné aux Latins les lettres de l’alphabet. […] Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine. […] Les Grecs prenaient encore αρα dans le sens de vœu, action de dévouer, parce que les premières victimes saturni hostiæ, les premiers αναθήματα, diris devoti, furent immolés sur les premières Aræ, dans le sens où nous prenons ce mot. […] Le mot hara dut signifier chez les anciens Latins, non pas le lieu où l’on élève les troupeaux, mais la victime, d’où vint certainement haruspex, celui qui tire les présages de l’examen des entrailles des victimes immolées devant les autels. […] C’est aussi de ce mot Ara, prononcé et entendu d’une manière si uniforme par tant de nations séparées par les temps, les lieux et les usages, que les Latins durent tirer le mot aratrum, charrue, dont la courbure se disait urbs (le sens le plus ordinaire de ce mot est celui de ville) ; du même mot vinrent enfin arx, forteresse, arceo, repousser (ager arcifinius, chez les auteurs qui ont écrit sur les limites des champs), et arma, arcus, armes, arc ; c’était une idée bien sage de faire ainsi consister le courage à arrêter et repousser l’injustice.
La force est un mot abstrait, la main est chose sensible, et chez toutes les nations elle a signifié la puissance 109. […] Il en fut de même de la véritable usucapion, autre manière d’acquérir le domaine, mot qui répond à capio cum vero usu, en prenant usus pour possession. […] Par suite, les conditions (leges) auxquelles se rendaient les villes, étaient exprimées par des formules analogues, qui se sont appelées paces (de pacio) mot qui répond à celui de pactum. […] L’intelligence consiste ici à comprendre l’intention que le législateur a exprimée dans la loi, intention que désigne le mot jus. […] De là les χειροθεσίαι et les χειροτονίαι des Grecs : le premier mot désigne l’imposition des mains sur la tête du magistrat qu’on allait élire ; le second les acclamations des électeurs qui élevaient les mains.
Ces fatalités, disons-le tout de suite, un mot les résume : l’esprit critique. […] Parce que les mots appartiennent à tous, tous estiment justement apprécier le choix qu’en a fait le poète. […] En réalité le mot propre n’existe pas — le mot propre, c’est-à-dire le terme quelconque qui correspondrait d’une manière adéquate avec l’idée que nous voulons exprimer, — car l’adéquat et l’humain sont deux notions contraires. […] Oui, mais notre peine n’est pas perdue, car en chemin nous avons trouvé, çà et là, de belles syllabes qui, se résolvant en quelque belle alliance de mots, restent vibrantes du rêve que nous avions fait d’un mot propre imaginaire. […] L’Évangile est un mot de ralliement et d’union.
Les mots lui mangent son talent, et c’est d’autant plus exact que les mots sont bêtes quand ils n’expriment pas des sentiments ou des idées. […] Or, l’animal est, comme les mots, sans âme. […] le mot est plus sérieux que cela, il est plus profondément calculé. […] Bourbier, en effet : bourbier de choses, bourbier de mots, — un irrespirable bourbier ! […] Je l’ai dit plus haut, l’homme de L’Assommoir est le dernier mot du réalisme, mais ce dernier mot ne se répéterait pas.
Je ne parle pas des définitions de mots, dont ce n’est pas le lieu de parler ici. […] Tout le monde s’entend sur le mot : le superflu, c’est ce qu’on a de trop. […] Brisez ces mots où l’idée est pétrifiée, videz-les de leur contenu. […] Mais qui connaîtra la force de cc mot la jeunesse, qui saura les entraînements et les passions de cet âge, celui-là seul pourra juger le mérite du renoncement. […] En un mot, c’est le désert ; Buffon saisit le trait général, il l’appuie, l’enfonce, faisant abstraction de tout le reste.
Peut-être se récriera-t-il à ce mot : il s’en allait en guerre contre un parti d’athées, et le voici qui tombe dans une assemblée de poètes. […] Je ne serais pas étonné que ce mot d’« humanisme » fût celui même sous lequel on résumera plus tard l’effort confus et magnifique de notre temps. […] * * * Puisque les poètes d’une génération sont nécessairement amenés à se grouper sous une appellation commune, je crois que le mot le plus juste qui puisse qualifier le mouvement de la nouvelle génération est le beau mot, rajeuni et élargi encore à cette occasion, d’Humanisme. […] Comme c’est avec des mots qu’on gouverne les hommes, et que le jour où les dieux s’en vont, les mots restent — nomina, numina, — il faut d’abord définir l’humanisme, s’entendre sur l’humanisme. […] Vos intentions sont excellentes ; vous prêchez la solidarité, l’assistance mutuelle et réciproque, en un mot l’altruisme.
Ce mot, romantisme, a, comme tous les mots de combat, l’avantage de résumer vivement un groupe d’idées ; il va vite, ce qui plaît dans la mêlée ; mais il a, selon nous, par sa signification militante, l’inconvénient de paraître borner le mouvement qu’il représente à un fait de guerre ; or ce mouvement est un fait d’intelligence, un fait de civilisation, un fait d’âme ; et c’est pourquoi celui qui écrit ces lignes n’a jamais employé les mots romantisme ou romantique. […] La même observation peut être faite au sujet du mot socialisme, lequel prête à tant d’interprétations différentes. […] Ce mot, 93 littéraire, si souvent répété en 1830 contre la littérature contemporaine, n’était pas une insulte autant qu’il voulait l’être. […] Mais ce mot, 93 littéraire, avait cela de relativement exact qu’il indiquait, confusément mais réellement, l’origine du mouvement littéraire propre à notre époque, tout en essayant de le déshonorer. […] Aujourd’hui pour toute la terre la France s’appelle Révolution ; et désormais ce mot, Révolution, sera le nom de la civilisation jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot Harmonie.
Un convive — tout frais débarqué de son Paris — saisit au passage le mot de « jardin des plantes ». […] Vous aurez beau faire : ce mot « jardin des plantes » éveillera toujours une idée de ménagerie — plutôt qu’une idée de botanique. Depuis ce jour, je rêve aux souffrances secrètes des mots incompris. […] L’épreuve tirée, pas une lettre qui fût transposée, pas un mot qui grimpât sur le dos du mot voisin, pas une virgule qui ne fût à son poste. […] Alidor se fournit chez les autres, il prend publiquement la responsabilité des mots que les autres ont faits.
— un mot irrespectueux que cette chaire n’aurait pas accoutumé d’entendre ; mais, que dis-je ? […] On l’a fait passer moelleusement de la main à la main, sans qu’on ait jamais eu besoin d’écrire là-dessus le mot : fragile. […] Sa gloire elle-même est une conserve… Épicurien… mais l’épicuréisme est l’ennemi de tous les excès, dit Rigault, qui n’y répugne pas et nous lâche ce petit mot abandonné : « Eh ! […] Malgré la forme de ses vers, il était tout autre chose qu’un poète : il était un habile versificateur, un écrivain plein de sécurité, un linguiste, un artiste en mots ; mais ces mots n’étaient pas même poétiques, car, pour que les mots soient poétiques, a dit un adorable connaisseur, il faut qu’ils soient chauds du souffle de l’âme ou humides de son haleine. […] Joubert n’a qu’un mot, un seul mot sur Horace, mais sortant du fond d’un silence, il est expressif.
Il a réussi des carambolages de mots. […] Les mots sont en effet bien autre chose et ils sont même peut-être tout. […] De même l’emploi du mot connoté « ersatz » un peu plus loin. […] Il dénonce la conception ornementale du jeu verbal dans « Les mots sans rides », publié dans Littérature nouvelle série n°7, le 1er décembre 1922 : « Les mots du reste ont fini de jouer/ Les mots font l’amour. » O.C. […] 80 Crevel glose la conclusion de Breton, dans les « Mots sans rides » (« Les mots ont fini de jouer/ Les mots font l’amour »). mais reste, par le « divertissement », dans le fil de sa précédente référence à Pascal.
Telle, en quelques mots, l’histoire de ce grand métaphysicien, trop resté, pour être aperçu, dans la pure lumière de l’abstraction, intolérable à tant d’esprits ! […] Heureusement, un des caractères de la vérité est d’être inépuisable ; avec elle, les derniers mots ne sont jamais dits. […] La science, la seule science qu’il reconnaisse, avec raison, et qui importe à l’homme : la science de son être et de l’Être, il ne l’entend que dans le sens révélé du mot. Or, le mot ne représente pas pour Saint-Bonnet ce qu’il représentait pour Kant ou Hégel. […] Dans un seul mot, c’était le livre que j’ai là sous les yeux.
Une autre différence encore qu’il faut noter entre ces dîners, dont probablement un 1858 ne sortira pas, et les banquets dont 1848 est sorti, c’est que les dîneurs intellectuels d’aujourd’hui ont sur les orateurs politiques d’autrefois l’avantage d’être beaucoup moins longs, puisqu’ils ne sont tenus qu’à un mot. Un mot et dix francs ! […] Le fondateur des Dîners littéraires, à bon mot et à dix francs, n’est pas seulement un professeur d’hygiène intellectuelle aussi simple que cet ivrogne de Sheridan, qui disait : « Quand la pensée est lente à venir, un verre de bon vin la stimule, et quand elle est venue, un verre de vin la récompense », c’est un homme plus profond que cela : il connaît son temps et sait jouer du vice de son temps. […] Le journal, moniteur officiel du buffet de ces dîners, spiritualisés par le motif, ne nous a encore donné que le plan géométrique de la table, le nom des convives et leurs places, — plus deux à trois bons mots de quelques-uns de ces messieurs. […] Nous sommes persuadés qu’une fois les convives échauffés les uns par les autres les dîners littéraires seraient bien plus spirituels que leur petit mot de rigueur.
Il mentionnera la signification précise de tous les termes rares qu’on ne rencontre point dans les lexiques ordinaires et même celle des mots que délaissent d’habitude les pauvres vocabulaires de nos écrivains en renom. […] Verlaine et Mallarmé n’employèrent jamais un mot exclu des dictionnaires officiels et leurs noms se trouveront rarement au bas des exemples. […] Le mot officiel Assonance donne la marque-étalon qui justifie la tentative. […] Les mots officiels Égratignure, damassure, striure, brisure, etc., justifient. […] En un mot, ils font passer les radicaux par toutes les transformations légitimes et adéquates.
Faut-il le dire en quatre mots ? […] Il ne reste plus qu’à s’entendre sur le mot. […] A quoi donc riment tous ces grands mots ? […] Elles avaient été surprises en l’air, comme chacun sait, par la rigueur du précédent hiver, mais, « advenante la sérénité et tempérie du bon temps », elles fondaient ; et, si l’on en croit l’auteur, elles étaient ouïes toutes ensemble : « mots de gueule, mots d’azur, mots de sinople, mots de sable et mots dorés ». […] Faut-il absolument un mot pour le caractériser ?
À titre de remarque ; de même que l’emploi — à l’intérieur du vers — de mots à désinences féminines, rend plus immatériel le rhythme, ainsi les assonances féminines sont préférables aux assonances masculines trop lourdes et d’un dur relief. […] Quelques mots sont maintenant à dire au sujet des assonances internes du vers. Quelques mots, car Becq de Fouquières en a parlé si longuement — comme mathématicien, hélas ! […] Fut jadis proscrite l’allitération (succession des mêmes consonnes dans une suite de mots) comme principe destructeur de l’harmonie. […] J’ai remarqué dans la Walküre des séries d’une douzaine de vers où les mots presque tous commencent par des h.
Modeste et sûr, il s’avance ; pas un effort en vain, pas un mot de perdu ! […] Il les sonde d’un mot, mais il faut qu’aussitôt il s’en retire. […] C’est bien moins d’après tel ou tel mot détaché, que d’après l’habitude entière de son jugement, qu’il se laisse voir ainsi. […] Dans la disette des documents, on tire les moindres mots par les cheveux. […] On a le mot de remercîment que lui adressa La Bruyère (Nouvelles Lettres de Bussy-Rabutin, t.
Mais choisir les grandes circonstances, rejeter les superflues, en un mot dire ce qu’il faut, et ne dire que ce qu’il faut ! […] Le poète fait son œuvre avec des mots : la technique, pour lui, c’est donc d’abord le maniement de la langue. […] On se rappelle que pour justifier Homère et Pindare, Boileau ne trouvait rien, sinon qu’en grec les mots âne et eau sont très nobles. Tout cela nous inquiète : et quand il réclame ensuite partout la simplicité et le naturel, on craint qu’il ne mette pas sous ces mots la même chose que nous. […] Elles partent d’un sentiment très fin de la physionomie des mots et de leur valeur expressive, indépendamment du sens brut et littéral inscrit au dictionnaire.
Ce mot, ce ne fut pas vérité. […] Ce mot remplissait les imaginations et contentait les esprits les plus sévères. […] Les mots y avaient la valeur de chaque soldat dans une armée sans chefs. […] Les mots étaient plutôt comptés que pesés. […] Le défaut le plus choquant de Balzac, c’est ce manque de proportion entre les mots et les choses.
mot pompeux pour dire barbarie ! […] » C’est son dernier mot. […] La pensée sans les mots n’est rien ; les mots sans la pensée ne sont que de vains bruits. […] Littré définit chaque mot avec soin. […] Brachet de poursuivre l’étymologie des mots de la langue française jusqu’aux racines simples et irréductibles ; ils se sont arrêtés au mot étranger d’où le mot français tire son origine, mot le plus souvent latin, comme on sait.
Le sergent ébahi de cette audace ne souffla mot. […] La signification des mots s’élargit dans ce langage-là. […] Les mots seuls ne font rien à l’affaire. […] Mais dans cette scène chaque mot porte et touche le cœur. […] Avez-vous jamais suivi l’histoire d’un mot à travers les âges ?
Nous avons donc cette marche progressive : images génériques sans mot, images génériques avec mot, mot sans images. […] Ici, l’élément moteur ne peut se trouver que dans le mot. […] Mais on applique aussi le mot « distraction » à des cas tout différents. […] Le mot « être » le lançait dans une série métaphysique. […] Celui qui pense les mots en les articulant sans les entendre (Stricker) et celui qui pense les mots en les entendant sans les articuler (V.
Je résumerai en peu de mots l’état de la question et des études à son sujet, en remontant rapidement le cours de cette haute renommée. […] « Les mots d’une langue bien faite s’appellent l’un l’autre. » C’est ce que disait Laromiguière dans cette forme gracieuse et simple qui était la sienne ; M. […] Le mot de timide jure avec l’idée seule de Bossuet, écrivain et orateur ; c’est une impropriété, un contresens. […] Je sais de nos jours un bien spirituel adversaire de Bossuet, qui n’a cessé depuis des années de trouver et de semer sur lui des mots piquants et justes. […] Le mot est lâché, et c’est M. de Rémusat qui l’a dit.
— Un mot qui peint la politique présente de casse-cou et de sans lendemain : c’est le mot de Rouher à Vatry, fort effrayé de la situation. […] Taine arrive, commence par nous reprocher des mots, qui ne se disent pas, qui ne se trouvent pas dans le dictionnaire. — Lequel ? […] Ici qu’il me soit permis de dire un mot du portrait que mon frère et moi, faisons de Sainte-Beuve. […] Le mot éreintement, dans la langue familière du journalisme, est synonyme de critique et ne veut rien dire de plus. Mais Sainte-Beuve, je l’ai toujours vu avoir peur du mot, du mot qui n’était pas un mot pondéré.
J’articule en moi-même les mots que je lis. […] On ne pourrait que la désigner d’un mot spécial. […] Il faudra donc faire surgir autant que possible l’image d’un mot. […] Le mot juste est parfois si difficile à amener dans un vers ! […] Ne parlons pas toujours des mots et des phrases.
Ces harangues sont vives et assez courtes, animées de certains mots saillants qu’on retient et qui sont la signature de celui qui les a prononcées, on perdrait sa peine d’y chercher l’application des règles de la rhétorique ancienne et d’y vouloir vérifier les partitions oratoires. […] Je viens de faire le fol avec mes enfants, je m’en vais maintenant faire le sage avec vous et vous donner audience. » Et comme il s’agit de l’Édit de Nantes sur lequel on essaye de le chapitrer, il les remet en peu de mots au pas et à la raison. […] Le roi tenait ce grave discours à ses officiers et gens de justice le 24 ; la veille, il avait écrit ces mots plus lestes à Gabrielle : « Ce sera dimanche (après demain) que je ferai le saut périlleux. » Ce mot a scandalisé à bon droit ; mais il ne faut jamais oublier que Henri IV, nonobstant les sentiments, avait une manière gaie involontaire de prendre et d’exprimer même ce qu’il avait de plus à cœur et de plus sérieux. […] Jung, le mot célèbre de Mme de Sévigné à sa fille : « J’ai mal à votre poitrine » ; et l’expression la plus naturelle est celle de Henri. […] En deux endroits (pages 95 et 196) je vois le mot luxure appliqué couramment aux galanteries de Henri IV ou de sa femme, et ce mot, qui est du style ascétique ou biblique, n’est plus du langage ordinaire et bienséant.
L’interlocuteur, dérouté, revint à plus de courtoisie et l’on discuta sur l’opportunité du mot décadent. Le mot avait été prononcé pour la première fois par un critique du Temps, M. […] » Verlaine venait de réhabiliter le mot décadent. […] décadisme est un mot de génie, une trouvaille amusante et qui restera. […] « Bref, dès ce moment précis, “décadents” — un mot vaguement né où ?
Il pensait juste, s’exprimait noblement ; et ses réponses les moins préparées renfermaient en peu de mots tout ce qu’il y avait de mieux à dire selon les temps, les choses et les personnes. […] Mais il est des moments où le mot vrai se fait jour et où l’expression vive éclate. […] Est-elle tout entière dans la justesse et la brièveté d’un bon mot ? […] Voyons donc un peu ce que l’aimable abbé comprenait sous ce mot ; c’est nous occuper de Mme de Caylus toujours. […] À comparer sur ce point l’éducation de nos jours à celle des anciens, on est tout surpris qu’il reste encore chez nous quelque peu du mot et de la chose.
Il a des enfilades de mots, de ces litanies où le flux des paroles l’emporte. […] Il est très amusant sur certaines gens, mais il en est un trop grand nombre sur lesquels il est odieux et infâme : je ne sais pas un meilleur mot. […] Essayez de tracer une ligne de conduite entre ces deux mots-là. […] Dans une polémique avec La Harpe, il ne craindra pas de dire : Je m’efforce de réhabiliter ce mot délation… Nous avons besoin dans les circonstances que ce mot délation soit en honneur, et nous ne laisserons pas M. de La Harpe, en sa qualité d’académicien, abuser de son autorité sur le Dictionnaire, et charger d’opprobre un mot parce qu’il déplaît à M. […] Je n’ai plus qu’à dire un mot sur Camille Desmoulins.
Sur Malherbe, sur Boileau, sur Pope, sur Johnson, non content de les juger par leurs ouvrages, on a fait des livres, on a recueilli leurs moindres mots, on les a étudiés et poursuivis jusque dans le détail domestique de leur vie. […] Ce mot n’est qu’un outrage. […] — Ces mots n’ont rien qui soit cruel. […] Le mot d’échafaud est le perpétuel refrain. […] La scène est admirablement conduite de tout point ; il n’y a pas un mot inutile et qui ne tende à l’effet.
C’était peu pour la langue d’avoir perdu sa rudesse, il fallait encore qu’elle multipliât le nombre de ses mots. […] Seulement ces mots se déguisèrent sous une terminaison française, comme des étrangers qui prennent l’habit du pays qu’ils viennent habiter. […] Celle de Montaigne, par les tours, par les formes, par l’assemblage des mots et le caractère des images, a presque partout la physionomie des langues anciennes. Il semble le plus souvent qu’il n’y a que la terminaison des mots de français, et que l’usage qu’il en fait appartient à la langue d’Athènes ou de Rome. […] L’éloquence même, qui, dans sa marche soutenue, a le plus besoin de liaison, à celle des mots qui nous manquent, substitua celle des idées.
Aucun mot n’en était perdu. […] Il a dit à un certain jour ce mot qui doit lui être compté : “Je ne veux pas, ou je ne veux plus être, le bourreau de l’Europe. […] « J’aurais bien envie de connaître cette correspondance dont vous me citez des mots intéressants. […] On citait de lui, dès 1809, ce mot qui dispense de tous les autres : « Je ne connais pas de plus grande bête au monde que M. […] » — Ce mot de Talleyrand nous explique jusqu’à un certain point la mode religieuse, dont est comme saisie notre époque.
Des mots nouveaux y ont fait invasion par milliers. Mots bizarres parfois : mots formés du grec qui seraient des énigmes pour les grecs anciens (hypnotisme, électrothérapie, téléphone, etc […] ) ; mots à terminaison latine qui jetteraient Cicéron ou Virgile dans des abîmes de perplexité (aluminium, fuchsia, eucalyptus, etc.). Mots qui à force d’être savants deviennent barbares et sont en certains cas de vrais monstres ; tel le mot potassium, qui, semi-germanique et semi-romain, ressemble aux fabuleux centaures ; tel le mot centimètre, qui est le résultat d’un alliage imprévu entre Rome et la Grèce ; tels les mots kilomètre et myriamètre, enfants mal venus, estropiés en naissant par des accoucheurs maladroits. […] Les sciences mathématiques sont les plus abstraites et, si je puis hasarder le mot, les moins matérielles de toutes.
Ce mot est formé d’un mot grec, qui veut dire tenir le premier lieu : c’était, en effet, par là que s’ouvrait le drame. […] En un mot, partout il se faut laisser conduire par la vraisemblance, comme par la seule lumière du théâtre. […] Quatre mots seulement ; Après, ne me réponds qu’avec que cette épée. […] Le mot est lui-même une raison. […] De plusieurs volumes que ce la Menardière a faits pour le théâtre, c’est le seul mot qui soit resté.
… Le mot était dit ; nous le regrettâmes. […] — Non, ils n’auront qu’un mot : « Aimé, bien-aimé » mot de femme. […] Les choses s’abîment dans les mots ; les mots, au rebours, créent les choses. […] Le don des mots, il le possède, indéniable ; le choix des mots, nullement. […] Il faut que chaque mot y rende comme un son de bronze, et que plus rien ne flotte entre les mots.
Verhaeren, c’est le mot halluciné. […] Ce mot est le mot bien aimé du poète ; ses héroïnes sont fleuries de gemmes autant que ses jardins sont fleuris de lys. […] Le sacrilège est en actes ; le blasphème en mots. […] La puissance des mots, il l’admettait jusqu’à la superstition. […] Des mots, des mots !
comme lorsqu’on dit le mot d’une énigme que l’on n’a pu trouver ». Ce mot du proverbe, caché dans l’action, semblait d’abord assez important pour qu’on ne le dît pas, et Carmontelle a soin de donner à chacun de ses proverbes un autre titre, en en rejetant le mot tout à la fin du volume, pour que le lecteur puisse le deviner lui-même, s’il est habile. […] Le mot du proverbe, qui est quelquefois déjà au titre, se trouve régulièrement au bout de chaque petite pièce, et en marque la fin ; quand le mot est dit et que le proverbe est placé, on sait que la pièce est finie. […] Théodore Leclercq est plein de ces mots fins. […] Ce genre de tour plaît surtout aux gens d’esprit dans la conversation : mais, au théâtre, beaucoup de ces mots, qui sont comme des épigrammes, courraient risque de s’évanouir.
Interrogez en effet : l’auditeur, même bienveillant, croyait et croit encore avoir, après une heure de lecture, entendu au milieu du tumulte quelque chose comme ces mots : « Il nous reste maintenant à parcourir les trente dernières années de la vie de M. […] J’interroge sur Halévy ceux qui l’ont connu de plus près : l’un d’eux (un gentil esprit et une plume des mieux taillées) non-seulement veut bien répondre à mes questions, mais y ajoute quelques mots à mon usage. […] Il lui était souvent difficile d’y chercher un mot : comme on ouvre un dictionnaire à une page quelconque dans les environs du mot qu’on cherche, son œil tombait d’abord sur n’importe quel mot ; il le lisait, puis le suivant, puis un autre et un autre encore, tant qu’il oubliait quelquefois le mot qu’il voulait chercher. […] « Quelquefois on n’y pensait plus, et il reparaissait triomphant avec le mot de l’énigme ; — et il riait de toutes ces originalités de studieux et de curieux avec une naïveté charmante. […] Sa conversation était semée de mots agréables et vifs.
L’Académie, en un mot, répond parfaitement à un certain changement d’âge dans les esprits littéraires. […] Après cela, que l’Académie tempère, qu’elle entremêle, qu’elle espace et distance (sont-ce des mots académiques ?) […] Il n’y a plus de grands seigneurs à l’Académie, reçus à ce titre et sur un mot du roi. […] Je ne dirai pas, je ne sous-entendrai pas un mot de politique dans tout ceci, je me hâte de le déclarer, même s’il m’arrivait par mégarde de me risquer à toucher au discours de M. […] Et quant au fond, il ne sera pas sans intérêt ici de parler de ces leçons du malheur qu’il a touchées d’un mot.
Sa traduction des Essais sur la critique est rendue presque mot pour mot de l’original, & par-là directement opposée à la traduction de ce même ouvrage, donnée en vers par M. l’abbé Duresnel. […] « Substituer, dit-il, des mots françois à des mots d’une autre langue, c’est faire comme les écoliers qui commencent à traduire. » D’ailleurs, ajoute-t-il, qu’est-ce qui empêche qu’on ne soit à la fois élégant & siecle ? […] Celui qui se borne à être purement littéral en abuse le plus souvent ; ensorte qu’au lieu de sacrifier les mots aux choses, il sacrifie réellement les choses aux mots. La raison est qu’en rendant les mots, & même le sens principal, on ne rend pas toujours les idées accessoires, qui forment tout l’art & tout le mérite d’un ouvrage. […] Point de mots, au contraire, qu’on ne puisse, à l’exemple des anciens, rendre avec une sorte de noblesse dans la langue de Dante, de Lopès de Véga & de Shakespear.
… On avait déjà affligé de ce mot-là — commun au fond comme un trottoir — les contes d’Edgar Poe, traduits et révélés par Baudelaire, et que le profond américain, qui savait bien ce qu’il faisait, — qui avait, lui, mieux que personne, le sens lumineux de son œuvre, — avait appelés : Contes arabesques. […] Mais en ce beau pays de France, qui est très lâche en littérature, on prit peur de ce mot « d’arabesques » qui pouvait déconcerter les petites têtes françaises et tromper leur besoin de petite clarté… et on le ratura pour le remplacer par le mot « d’extraordinaires », bête comme une affiche de théâtre, un jour de solennelle représentation ! […] le mot de Contes, en titre, valait mieux tout seul. […] D’ailleurs, ce mot « d’extraordinaires » n’était pas même exact ici. […] Le dénouement de ce drame psychologique qui vient s’accomplir à l’œil nu, a fait nommer ce sombre conte du mot de Dieu au premier fratricide, mais quel est ce dénouement, au moins aussi étrangement ingénieux et formidable que celui de Ludovic ?
» est un mot célèbre auquel nous obéirons tous. […] Le mot y est. C’est un mot suprême. […] et ne pas ajouter : sublime, car le mot d’enfant sublime, c’est le mot d’un poète sur un poète, et non pas d’un philosophe sur un philosophe. […] Il a (qu’on me permette le mot !)
Le général murmure : « Des mots ! des mots ! […] Rochefort dit au général : « C’est vous le mort. » Et les trois proscrits échangent des mots aigres. […] Il constate avec stupeur que, pour la première fois depuis deux ans, le nom de Boulanger, le mot « boulangisme », même le mot « boulange » ne figurent dans aucun journal. […] Et volontiers je lui adresserais le mot de Sophocle : « Ô malheureux !
Elle ne peut arracher ses beaux bras du cou du héros ; et l’Aurore aux doigts de rose aurait vu les larmes de ces époux si Minerve n’eût retenu le soleil dans la mer…… Cependant Eurynome, un flambeau à la main, précédant les pas d’Ulysse et de Pénélope, les conduit à la chambre nuptiale…… Les deux époux, après s’être livrés aux premiers transports de leur tendresse, s’enchantèrent par le récit mutuel de leurs peines…… Ulysse achevait à peine les derniers mots de son histoire, qu’un sommeil bienfaisant se glissa dans ses membres fatigués, et vint suspendre les soucis de son âme11. […] Il n’aurait pas manqué de semer son récit de réflexions philosophiques, de vers frappants, de mots heureux. […] Elle paraphrase des vers tels que ceux-ci : Ὢς φάτο ; τῆς δ’ αὐτοῦ λύτο γούνατα καὶ φίλον ἦτορ, À ces mots la reine tomba presque évanouie ; les genoux et le cœur lui manquent à la fois ; elle ne doute plus que ce ne soit son cher Ulysse. […] Elle ajoute des choses dont il n’y a pas un mot dans le texte ; enfin elle supprime quelquefois les idées d’Homère, et les remplace par ses propres idées, et c’est ainsi qu’elle change ces vers charmants : Τὼ δ’ ἐπεὶ οὖυ φιλότητος ἐταρπήτην ἐρατεινῆς, Τερπέσθην μύθοισι πρὸς ἀλλήλους ἐνέποντε. […] Madame Dacier a tant de peur de faire injure à Homère, que si le vers implique plusieurs sens principal, elle retourne, commente, paraphrase, jusqu’à ce qu’elle ait épuisé le mot grec, à peu près comme dans un dictionnaire on donne toutes les acceptions dans lesquelles un mot peut être pris.
Mais, dès qu’on désire se représenter le nombre, et non plus seulement des chiffres ou des mots, force est bien de revenir à une image étendue. […] Mais le mot unité est-il pris dans les deux cas avec le même sens ? […] Quant à l’intervalle lui-même, quant à la durée et au mouvement, en un mot, ils restent nécessairement en dehors de l’équation. […] Bref, le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle. Pour lutter à armes égales, celles-ci devraient s’exprimer par des mots précis ; mais ces mots, à peine formés, se retourneraient contre la sensation qui leur donna naissance, et inventés pour témoigner que la sensation est instable, ils lui imposeraient leur propre stabilité.
Âme, vie, nature, force spontanée, tout cela peut-il être autre chose que des mots vides de sens dans une pareille philosophie ? […] En un mot, l’âme, la vie, la liberté, ne sont que des apparences ; le mouvement simple est la réalité. […] S’unir à Dieu, vivre en Dieu, tout en conservant sa personnalité et sa liberté, voilà le dernier mot de toute théologie sensée. […] Il nous semble qu’elle est tranchée par la définition même du mot conscience. […] Seulement il faut ici prendre garde de se laisser abuser par les mots.
Fou est le mot juste. […] J’aurais pu assommer le lecteur avec des mots techniques. […] Pour les plantes, j’ai employé les noms latins, les mots reçus, au lieu des mots arabes ou phéniciens. […] Or un tel mot de vous, lorsqu’il est imprimé, devient presque une flétrissure. […] Il savait l’italien et l’anglais, c’était tout : pas un mot d’allemand.
Le mot Paix est interdit dans cette réunion de faux braves qui font la guerre derrière Philippe II. […] Nous faisons grand usage ou grand abus de ce mot. […] Il n’est pas étonnant que l’anarchie soit dans une langue où tout mot est souverain, parce que toutes les idées s’y valent. […] Les écrivains s’échauffent sur chaque mot en particulier ; ils ont une certaine verve de détail, dans un tout mal assemblé et languissant. […] D’autres lui reprochaient d’employer des mots du cru de Gascogne.
ou fallait-il alors, pour tout ce qui précédait, employer déjà ce mot ? […] Revenons en deux mots sur chacun de ces points. […] On peut donner aux mots le sens qu’on veut, pourvu qu’on le définisse d’abord. […] Était-ce là du mysticisme, au sens où nous prenons le mot ? […] Il faudra violenter les mots, forcer les éléments.
Les mots les plus vifs et les plus justes qu’on ait retenus sur les hommes célèbres de son temps, c’est elle qui les a dits. […] Nous la jugeons trop, en un mot, comme si nous étions du bord de son ennemie, Mlle de Lespinasse, ou de celui de Mme Geoffrin. […] C’est un mot spirituel, mais léger. […] Du fond de son fauteuil, aveugle qu’elle était, elle voyait tout ; elle emploie perpétuellement ce mot voir ; elle oublie qu’elle n’a plus d’yeux, et on l’oublie en l’écoutant. […] Elle rabat les savants, redresse les disciples, et trouve le mot pour chacun.
Je dois, en commençant, un petit mot d’explication en réponse à plus d’une question qui m’a été faite en des sens divers. […] Le mot impitoyable, à chaque ligne, est trouvé. […] Il y a un joli mot de Saint-Lambert, autre homme de lettres s’il en fut, et qui s’y connaissait. […] Il fut galant près d’elle ; elle oublia pour lui ses réflexions philosophiques, ou plutôt elle s’en ressouvint : sentant renaître en elle la passion, elle la prit au mot, et, mettant ses principes en action, elle s’y livra. […] La perte de Mme du Châtelet lui arracha de vraies larmes, interrompues bientôt par quelques-uns de ces mots vifs, pétulants et sensés, comme il ne pouvait s’empêcher d’en dire, et qui donneraient envie de lui appliquer, en le parodiant, un mot d’Homère : Il pleurait tout en éclatant de rire.
Un seul mot sur ce point. […] Stuart Mill n’ajoute pas un mot. […] Le mot chez eux est un cri. […] Il est un mot. […] Il n’est donc qu’un mot pour eux.
On raconte que ce fut par un bon mot qu’il rompit pour la première fois la glace, et qu’il força l’entrée de la carrière. […] madame, c’est que Paris est une ville dans laquelle il est bien plus aisé d’avoir des femmes que des abbayes. » Le mot, répété à Louis XV par la favorite, aurait valu à l’abbé de Périgord son premier bénéfice. […] Je demanderai d’abord si l’on n’abuse pas de ce mot : avoir du caractère, et si cette force, qui a je ne sais quoi d’imposant, réalise beaucoup pour le bonheur du monde. […] Je croîs bien qu’ici j’ai trop prêté à la patrie de Swift, et qu’il faut revendiquer le mot pour nous, un mot de soldat et à la Cambronne. […] » Mais selon une autre version qui m’est affirmée, le général Bertrand racontant une scène terrible dont il avait été témoin, et dans laquelle Napoléon lança à Talleyrand les plus sanglants reproches, ajoutait que les derniers mots de cette explosion furent : « Tenez, monsieur, vous n’êtes que de la m… dans un bas de soie. » Le mot, sous cette dernière forme, sent tout à fait sa vérité.
Mais enfin, si nous voulons porter avec les couronnes l’hommage de notre admiration, il ne serait rien de la dire sans l’expliquer, fût-ce en deux mots. […] Dirai-je maintenant des « préférences » parmi ce recueil, et saurai-je les prouver autrement que par des mots de félicitation ? […] J’en veux indiquer un seul trait : c’est le caractère supérieurement simple, précis et prépondérant des mots à la rime. […] Mais par le mot on entendait autre chose. […] Et pourtant des mots de lui, sur Loti, sur Boissier, furent terribles.
Le mot même d’idée signifie espèce, εἶδος, species. […] L’enfant répète toujours le même mot ou le même geste ; de même pour les êtres inorganiques, qui persévèrent dans le même mouvement ou dans la même figure. […] Quand nous pensons à la faim après un bon dîner, nous n’avons guère que le mot dans l’esprit. […] Un gentleman, qui dirigeait une ferme, avait dans sa chambre une liste des mots qui avaient chance de se rencontrer dans les discours de ses ouvriers. […] Il regardait alors les mots de sa liste écrite, et toutes les fois que les mêmes mots écrits frappaient ses yeux, il les comprenait parfaitement.
On choisit un exemple, et ce fut le mot vertu. […] Grande question presque décidée par ce peu de mots. — Il est vrai. […] -et croyez-vous avoir entendu autre chose que des mots ? — Assurément. — Eh bien, vous vous trompez, vous n’avez entendu que des mots et rien que des mots. […] — Fort bien, l’abbé. — Il n’y aurait pas eu un mot commun dans leurs discours.
Sans sortir de notre sujet, nous allons voir que les romains donnoient au mot modulatio une acception beaucoup plus étendue que sa premiere signification. […] Enfin le terme de modulation avoit parmi les romains, la même signification que carmen : un mot que nous ne sçaurions traduire suivant sa signification précise, parce que n’aïant point la chose, nous n’avons pas le terme propre à la signifier, et qui vouloit dire la mesure et la prononciation notée des vers. […] En effet on trouvera dans la suite le mot de pes qui signifie un pied, emploïé par Quintilien et par d’autres, pour dire une mesure. […] Or comme ces mots avoient une durée reglée, le geste devoit avoir ainsi une durée reglée et qui pouvoit se mesurer. […] Il est vrai que nos artisans pour avoir voulu être trop ingenieux, se sont trompez lorsqu’ils ont reglé que le même temps qu’il falloit pour prononcer trois mots seroit le temps de la durée d’un geste.
Est-ce un fantaisiste, — le mot dit tout, — et un fantaisiste de la grande espèce, à fleur double, comme vous n’en trouveriez pas certainement un second dans toute la littérature contemporaine ? […] L’énigme de la personnalité de Vacquerie serait-elle donc révélée par le mot de son titre ? […] Le drame en est le mot écrit. » Et, comme le grimacier n’est jamais très loin de son théâtre et de ses habituelles préoccupations : « La tragédie — dit-il — est le nez du théâtre et le drame en est la figure. » Il y a un mot qu’on a rappelé immensément et qui est à l’état de légende incertaine dans les lettres. C’est le fameux mot : « Racine est un polisson. » Eh bien, Vacquerie l’a dépassé ! […] » C’est un philosophe, mais débraillé et rudement cynique, qui aime l’indécence comme une audace et ne trouve jamais le mot assez vert.
Ainsi s’en va prélassant par le pays, faisant bonne trogne parmi les parochiens voisins, leur disant le petit mot de patelin ». « En ai-je ! […] Quelle verve dans ces mots bizarres et familiers ? […] Esope dit en deux mots que le chêne n’ayant pas voulu courber la tête, fut brisé par l’ouragan. […] Le poëte met d’abord en deux mots le résumé de sa fable. […] Dès lors, suivant le mot antique, « le juste est devenu injuste », et la fable s’arrête.
Et le premier de ces deux Poëmes est-il moins estimé, parce que les mots de Ballade, de Sonnet, de Triolet, de Tercet, d’Emistiche, &c. qu’on y trouve, sont des termes barbares pour une infinité de Lecteurs ? […] Nous répondrons, premiérement, qu’il est très-possible de parler de la plupart de ces choses, sans se servir précisément de ces mêmes mots, comme l’a souvent fait avec succès M. l’Abbé Delille, dans sa Traduction des Géorgiques. […] Un mot nécessaire dans le discours, n’est jamais bas ; ou cesse de l’être, quand il est placé à propos. […] on ne prouvera autre chose, si ce n’est que certains mots ne sont réputés bas & ignobles, que parce qu’ils n’ont pas été employés par de grands Poëtes. […] Tibere s’étant servi de quelques expressions peu conformes à la pureté du langage, voulut s’en excuser, en disant que si les mots dont il s’étoit servi n’étoient pas latins, ils pouvoient le devenir, par la raison même qu’il en avoit fait usage : Vous pouvez bien, César, lui répondit Pomponius-Marcellus, donner le droit de Bourgeoisie aux hommes, mais vous ne pouvez pas le donner aux mots.
Le mot de l’énigme n’est pas là. […] Le mot méprisant d’Oxenstiern : « On ne sait pas combien il faut peu de génie pour gouverner les hommes… » est bien plus vrai quand il s’agit de ces dominations inférieures que les femmes exercent sur nous. […] Si ces mots ne sont pas apocryphes, ils prouvent que la courtisane fut aimée des Grecs comme madame de Talleyrand fut aimée de son mari : parce qu’elle lui reposait l’intelligence. Il est vrai que l’esprit tel que nous le concevons, nous autres modernes, était inconnu aux anciens, comme il est inconnu à l’Orient… Les mots de Laïs rapportés par Debay sont des lapalissades. […] Les mots qu’elle a dits ne dépassent jamais le joli de la légèreté.
Gavarni, en un mot, a introduit et renouvelé la fantaisie dans l’amusement, dans la joie nocturne aux mille falots. […] Chaque série de Gavarni a une idée philosophique et se pourrait renfermer dans un mot ; mais ce mot, ce serait à lui de nous le dire, et il le lui faudrait arracher. […] … ôte ton chapeau. » D’un mot, c’est toute l’histoire. […] Et ne vous voilà-t-il pas au fait en deux mots ? […] » — et plus loin ces deux figures d’un petit mendiant accroupi et d’un malheureux adossé à la muraille, avec ces mots au bas : « Souperont-ils ?
Un mot suffira pour ceux qui ne l’ont pas lu. […] Que penseront-ils surtout de cette plaisanterie, banale alors, du mot coupé par l’hémistiche, appliquée au versificateur le plus sévère de l’époque ? […] Ce mot, que je n’oserais même désigner par la lettre initiale, n’est cependant que le féminin d’un autre mot que tout le monde prononce et qui indique un jeune homme non marié. Quand ce mot féminin a été appliqué à la débauche, le beau monde l’a rejeté avec horreur et lui a d’abord substitué le mot au son argentin dont j’ai parlé plus haut, et qui, dans son étymologie italienne, ne signifie qu’une très petite fille. […] Mais voici bien autre chose : le mot demoiselle lui-même court de grands risques.
Comme les gens de théatre ne devoient gueres se servir des gestes d’institution, en un mot, comme leur saltation étoit d’une espece particuliere, il étoit naturel qu’ils eussent des écoles et des professeurs à part. […] On peut croire que cette idée venoit de ce que l’acteur qui récitoit sur le théatre, ne devoit dire qu’un certain nombre de mots, tandis que l’autre acteur chargé de la gesticulation faisoit un certain geste. Le premier devoit dire apparemment un plus grand nombre de mots lorsque le second faisoit un autre geste. […] Quelques endroits des opera nouveaux où le poëte fait adresser la parole au choeur par un principal personnage à qui le choeur répond quelques mots, ont plû beaucoup, quoique les acteurs du choeur ne déclamassent point. Je m’étonne que cette imitation des anciens, qu’on me permette un jeu de mots, n’ait point eu d’imitateurs.
Il consiste à nous reprocher d’avoir donné au mot imitation un sens que nous ne lui avons jamais donné. […] Albalat n’arrivera-t-il jamais à comprendre que La Bruyère, écrivain français, n’a pu, au sens réel et péjoratif du mot, imiter Théophraste, écrivain grec16. […] Il pousse, par exemple, la plaisanterie jusqu’à nous accabler avec le mot d’Ernest Hello : « Le grand écrivain donne son style, c’est-à-dire sa parole. Il est permis de s’en nourrir. » Or, c’est nous qui avons cité ce mot d’Hello, pour bien indiquer ce que nous entendions par imitation. […] Création de mots, saillie d’expressions, surprises de style, équivalents et images proviennent, selon lui, « de l’émotivité » et non de la « volonté ».
Burns, comme Hebel, est un poète idyllique sans fadeur ; c’est un poète, qu’on nous passe le mot ! […] « L’idylle hébélienne — disait en 1847 un critique distingué, le professeur Rapp de Tübingen, — est dans la littérature allemande quelque chose de si complètement à part, que nous ne la comprenons pas nous-mêmes dans le cercle ordinaire de la littérature, À nous, Allemands du sud, à qui Hebel tient si fortement au cœur, cela fait déjà mal quand on nous dit que quelqu’un a cherché à traduire ces poésies en haut allemand ; car il y a pour nous comme une profanation de l’intimité avec laquelle nous honorons ces produits. » Et le mot produits est bien dit, il marque mieux qu’un autre l’autochtonie du talent de Hebel. […] Buchon, et puisque selon nous il n’y a pas plus moyen de transfuser la poésie dans une langue étrangère que le sang d’un être vivant dans les veines taries d’un homme mort, nous aurions mieux aimé le mot à mot français plaqué tout uniment sur le texte allemand que tous les à peu près du traducteur-poète, de ce lutteur contre un Protée, qui veut saisir et reproduire le rhythme par le rhythme, le tour parle tour. À notre sens, il n’y a que le mot à mot de la traduction interlinéaire qui donne l’idée juste de l’œuvre poétique qu’on veut faire juger à ceux-là qui ne savent pas la langue dans laquelle cette œuvre a été pensée. Procédé grossier et barbare, diront les académies, mais loyal et le seul que rechercheront toujours les artistes profonds, les vrais connaisseurs, qui savent reconstituer une poésie avec les mots qui l’ont exprimée, comme on imagine l’effet d’ensemble du collier dont on tient les perles défilées dans sa main.
Tel fut probablement le premier sens du mot sum, qui depuis eut les deux significations. […] Dans ces premiers temps où l’esprit humain n’avait point tiré de l’art d’écrire, de celui de raisonner et de compter, la subtilité qu’il a aujourd’hui, où la multitude de mots abstraits que nous voyons dans les langues modernes, ne lui avait pas encore donné ses habitudes d’abstraction continuelle, il occupait toutes ses forces dans l’exercice de ces trois belles facultés qu’il doit à son union avec le corps, et qui toutes trois sont relatives à la première opération de l’esprit, l’invention ; il fallait trouver avant de juger, la topique devait précéder la critique, ainsi que nous l’avons dit page 163. […] Les mots par lesquels ils exprimèrent l’action des sens le prouvent assez : ils disaient pour entendre, audire, comme on dirait haurire, puiser, parce que les oreilles semblent boire l’air, renvoyé par les corps qu’il frappe. Ils disaient pour voir distinctement, cernere oculis (d’où l’italien scernere, discerner), mot à mot séparer par les yeux, parce que les yeux sont comme un crible dont les pupilles sont les trous ; de même que du crible sortent les jets de poussière qui vont toucher la terre, ainsi des yeux semblent sortir par les pupilles les jets ou rayons de lumière qui vont frapper les objets que nous voyons distinctement ; c’est le rayon visuel, deviné par les stoïciens, et démontré de nos jours par Descartes. […] Enfin, pour goûter, pour juger des saveurs, ils disaient sapere, quoique ce mot s’appliquât proprement aux choses douées de saveur, et non au sens qui en juge ; c’est qu’ils cherchaient dans les choses la saveur qui leur était propre : de là cette belle métaphore de sapientia, la sagesse, laquelle tire des choses leur usage naturel, et non celui que leur suppose l’opinion.
Ses personnages sont ces hôtes qu’il convie aux luttes des mots piquants. […] Étrange destinée des mêmes mots ! […] Sérieuse, en effet, car je défie qu’on y trouve le plus petit mot pour rire. […] Que vous semble de ce mot d’une fiancée à son fiancé ? […] C’est son mot favori.
Il suffit de ce mot pour que Pamphile n’hésite plus : « Quoi ! […] » En deux mots voici l’histoire : le fils de Ménédème a fait comme bien des fils : il est devenu amoureux, et d’une jeune fille qui n’avait rien. […] Oui, mais c’est le talent aussi et l’art du poète d’amener si justement les mots pour le sens à la fois et pour la mesure. […] Térence est le premier, chez les Romains, qui D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir. […] Il n’a pas de ces. mots, de ces traits qui sortent à tout instant du rang, et qui semblent dire avant la fin : Plaudite.
Tandis que les uns en font le messie du lyrisme intégral, d’autres vont jusqu’à prononcer le mot de mystificateur. […] c’était à cela, à cette œuvre dont le sujet ne s’avouait jamais, à ce style où l’Art, certes, était évident, mais où les mots, comme par une sorte de gageure, hélas ! […] En mots vivants, précis, diaphanes, exacts et lumineux, en phrases limpides comme le cristal, d’une voix un peu sourde… sans fatigue ni trêve, il déroulait, trésor infini, ses nobles paradoxes. […] L’excellence de sa leçon consistait en ceci, qu’il engageait les poètes à : 1º S’éblouir de leur foi ; 2º Donner un sens plus pur aux mots de la tribu. […] Un mot de M.
En littérature, comme en tout, il faut que cesse le règne des mots abstraits. […] Maeterlinck creuse davantage le mot illisible, M. […] Si pour thème d’un discours il prend ce mot de M. […] Les grands tyrans à craindre, ce sont les mots ; il y a là une page remarquable : « Qui dira jamais le pouvoir des mots sur la vie ? […] Nous vivons de mots, je crois.
Tiré à quelques exemplaires pour être placé sous des yeux choisis, discret, pudique et presque mystérieux, ce petit volume n’était pas un livre, dans le sens retentissant du mot. […] » Ces grands traits, que Bossuet et Corneille auraient admirés et qui sont partout dans les pages que nous avons d’elle, ce sont des mots à la chrétienne, des mots pour Nous ! […] Y ajouter un mot nous semblerait une profanation. […] — C’est le mot d’une chrétienne ; ce n’est pas le mot d’un bas-bleu. […] Pour Eugénie de Guérin, le mot de vanité n’a de sens que quand il exprime le néant de la vie.
Voyez que de mots inutiles : En feu…, qui la brise…, qui le défend…, qu’il épuise ! […] Encore deux mots peu nécessaires Et moins nécessaire encore l’apposition : Merveilleux retour qu’inspire la prière ; car ce « retour » (le mot est un peu bien vague), est-ce la prière qui l’inspire ? […] Phébus, faisant des jeux de mots, dit à sa petite femme : Ave, Maïa. […] Et voici le mot de l’allégorie : … Sans retard volons à Dieu, ma belle ! […] Lui, c’est avec des mots qu’il fait ses broderies compliquées à plaisir.
1º Dans quelle mesure le mot antinomie convient-il pour désigner les conflits ou désaccords entre l’individu et la société ? […] On peut distinguer ici deux sens du mot antinomie : un sens strict ou absolu et un sens large ou relatif. […] C’est en ce dernier sens que nous prenons ici le mot antinomie. […] Draghicesco qui nous paraît un simple jeu de mots. […] Ce rationalisme sociologique et moral est plutôt une forme de l’humanisme ou du socialisme (au sens large du mot) qu’un véritable individualisme.
» Un mot lugubre. […] » Et nous parvenons à tuer le mot du grand poseur avec le mot du grand farceur. […] Pas un mot d’art. […] Pas un mot d’histoire ! Pas un mot d’archéologie !
Ce dernier aussi restera un grotesque de notre littérature ; je prends ce mot dans le bon sens, un profil singulier et à part, une gargouille de sculpture, grimaçante et très travaillée, sans humanité aucune d’ailleurs, perdue dans un coin de cathédrale. […] Charles Buet Lamartine a caractérisé d’un mot l’écrivain dont nous inscrivons le nom glorieux en tête de cette étude : il a appelé M. […] Ferdinand Brunetière Depuis Rivarol et le prince de Ligne, personne n’a causé comme M. d’Aurevilly ; car il n’a pas seulement le mot, comme tant d’autres, il a le style dans le mot, et la métaphore, et la poésie. Mais c’est que toutes les facultés de ce rare talent se font équilibre et se tiennent d’une étroite manière ; et, même à l’occasion de ces feuilles légères des Memoranda, c’est ce talent tout entier qu’il convient d’évoquer… Quoi qu’il en soit des causes dont ces habitudes ont été l’effet visible, il est certain que, pareil à ce lord Byron qu’il aime tant, M. d’Aurevilly aura vécu dans notre dix-neuvième siècle à l’état de révolte permanente et de protestation continue… M. d’Aurevilly est, au plus beau et au plus exact sens de ce mot, un poète, — un créateur ; même sa poésie est aussi voisine de celle des Anglais que sa Normandie est voisine de l’Angleterre.
Ce mot a eu bien des sens en français, un peu comme celui de sage en grec. […] La belle duchesse ne répondit qu’avec un doux sourire ; mais elle parut si aimable, qu’on s’attacha plus que devant à dire de bons mots et de jolies choses. […] Et non pas une joie de plaisants et de diseurs de bons mots, comme les Boisrobert, les Marigny, les Sarasin (M. de Méré les exclut nommément), mais une joie légère et insinuante. […] Je rétablis ici deux mots omis qui sont indispensables pour le sens. […] Cette petite industrie sert de texte à un bon mot et ne le scandalise pas autrement.
Plus de mots bas, ignobles : tous les mots sont égaux, à la disposition de l’écrivain. […] Le dernier terme de cette transformation est la conversion du mot abstrait en évocateur sensible. […] Ils ont rappelé les mots à leur fonction de sons, et dans la qualité de ces sons ils ont cherché un caractère, une expression, un plaisir. […] Il fait ce qu’il a si bien appelé lui-même des « transpositions d’art » : c’est-à-dire donner par les mots l’exacte et propre sensation qu’un tableau donnerait. […] Par ce mot Lamartine signalait l’intimité de sa poésie.
Cette imitation se montre à deux marques : l’usage de l’inversion, et une quantité de mots latins corrompus, plus semblables toutefois aux mots primitifs par l’orthographe que par la prononciation, qui, en les assimilant peu à peu, allait en changer la nature. […] Ce sont d’abord beaucoup de mots soit indigènes soit tirés du latin, ou plutôt, nés d’une sorte de consentement de l’esprit français à certains mots latins conformes à sa nature. […] Daunou ; de là ce récit d’une clarté si égale et si soutenue, que le tour de la phrase y fait deviner le sens des mots. […] Le plaisir de translater et de voir naître sous sa plume de beaux mots, qui fussent les égaux des mots latins, détourne trop souvent l’écrivain de son plan, et étouffe le fond sous les incidents. […] Il y a moins de mots étrangers, moins de saxon, moins de vieux gaulois, moins de latinisme dans les mots, sinon dans les tours, et peut-être plus de variété dans la phrase.
Plus que la page mystérieusement blanche à piquer de mots, l’œuvre architecturale donne sa plénitude à ce mot : construire. […] Et non seulement les mots proprement dits, mais ces plus grands mots, aussi organiques, que sont les vers, la stance, le poème. Ces mots, qu’en fait d’ordinaire le poète ? […] Y a-t-il un usage pur des mots, des mots proprement dits, et des grands mots (vers, poème), analogue à cet usage pur de la raison, exposé et imposé par Spinoza dans l’ordre de la raison théorique, par Kant dans l’ordre de la raison pratique, — une poésie pure comme il y a une physique pure et une mathématique pure ? […] Dirons-nous que l’auteur se laisse mener par les mots ?
C’est qu’il en est du mot de philologie comme de celui de philosophie, de poésie et de tant d’autres dont le vague même est expressif. […] Ces mots désignent des régions de l’esprit humain entre lesquelles il faut se garder de tracer des démarcations trop rigoureuses. […] Le sens si complexe de son mot de grammaire ne lui causait aucune hésitation. […] Nature, tel est le mot dans lequel ils se résument. […] En un mot, M.
Aucun écrivain n’était plus fait que Nodier pour représenter et pour exprimer par une définition vivante ce que c’est qu’un homme littéraire, en donnant à ce mot son acception la plus précise et la plus exquise. […] Il avait acquis avec l’âge assez d’autorité, ou, si ce mot est trop grave pour lui, assez de faveur universelle pour se permettre franchement l’attaque contre quelques-uns de nos travers, ou peut-être de nos progrès les plus vantés. […] Depuis que je vieillis, et qu’une femme, un ange, Souffre sans s’émouvoir que je baise son front ; Depuis que ces doux mots que l’amour seul échange Ne sont qu’un jeu pour elle et pour moi qu’un affront ; Depuis qu’avec langueur j’assiste à la veillée Qu’enchantent son langage et son rire vermeil, Et la rose de mai sur sa joue effeuillée, Je n’aime plus la vie et j’aime le Sommeil ; Le Sommeil, ce menteur au consolant mystère, Qui déjoue à son gré les vains succès du Temps, Et sur les cheveux blancs du vieillard solitaire Épand l’or du jeune âge et les fleurs du printemps. […] — « Votre dernière remarque me paraît inutile, dit un académicien présent, car on sait bien que devant l’i le t a toujours le son du c. » — « Mon cher confrère, ayez picié de mon ignorance, répond Nodier en appuyant sur chaque mot, et faites-moi l’amicié de me répéter la moicié de ce que vous venez de me dire. » On juge de l’éclat de rire universel qui saisit la docte assemblée ; on ajoute que l’académicien réfuté (M. de Feletz) en prit gaiement sa part. […] Je glisse au bas de la page ce mot humble, ce mot touchant, que je préfère à d’autres mots plus glorieux, parce qu’il sent l’homme cette heure de vérité, ce mot toutefois qu’il faudrait être lui pour prononcer comme il convient, avec sensibilité et ironie, avec un sourire dans une larme ; il s’agissait de ces marques d’affection et d’honneur qui lui arrivaient en foule et ne cessèrent plus, dès qu’on le sut en danger : « Qui est-ce qui dirait, à voir tout cela, que je n’ai toujours été qu’un pauvre diable ?
D’un mot, cet ensemble d’influences qui viennent en contact avec le facteur héréditaire, pour former la personnalité individuelle peut être nommé l’éducation. […] Cela tient à un premier pouvoir, pouvoir d’abstraction qui a permis à l’homme de faire tenir en des signes extérieurs, formes sonores ou graphiques, dans les mots, des approximations des images qui se forment dans son cerveau. […] Il faudrait imaginer deux sensibilités identiques pour que le même mot suscitât exactement la même image, et c’est à peine si deux instants successifs de la sensibilité d’un même homme parviendraient à réaliser cette identité. Le mot ne transmet donc que des images abrégées et incomplètes, des images d’une nature particulière, auxquelles il convient de donner un nom distinct : ce sont des notions. […] La seconde part de sa richesse lui est livrée avec plus ou moins d’abondance par l’éducation qui suscite en lui, par le moyen du mot, des images-notions et le met en possession des résultats acquis par l’effort des meilleurs représentants de l’espèce au cours des âges.
Dans ces lettres de Sophie Arnould, excepté la poissarderie, je ne vois pas un mot de cela ! […] Cantatrice plus de nature que d’art, elle avait une voix qui faisait pleurer, en attendant que les mots plaisants ou cruels, dits par elle au lieu d’être chantés, fissent rire la gaieté ou saigner l’amour-propre. […] Pendant des années et jusqu’à la Révolution, qui a tué l’esprit comme elle a tué tant d’autres choses, elle régna par les mots, la plus jolie manière de régner en France, quand on y régnait ! Elle fut la Sagittaire, au carquois inépuisable, qui cribla son siècle des flèches d’or de ses mots et qui, maintenant, à l’exception de quelques-unes, sont pour la plupart égarées ou perdues. […] C’est par là que sortait ce souffle dont le marquis de Louvois, blessé certainement par quelque épigramme de Sophie, disait, avec la haine qui trouve le mot comme le génie : « Savez-vous pourquoi elle sent si mauvais, Sophie Arnould ?
Telle est la force du préjugé et encore plus des relations, chez un peuple qui croit peut-être toujours au mot de Lafayette : « L’insurrection est le plus saint des devoirs », mais qui ne l’admet pas en littérature. […] IV Je désire ajouter un mot cependant. […] Théophile Gautier, à qui je refuse absolument aujourd’hui les qualités du romancier, — quel que soit le genre de roman qu’il conçoive ou qu’il réalise, — n’en est pas moins un des écrivains les plus caractérisés de ce temps, et, dans le sens le plus élevé du mot, un poëte. […] Il est aux plus grands ce que le diamant taillé est à la rose, ce bijou de Dieu, que personne ne taille : mais écrivain, il est peut-être celui de tous qui, par un miracle de précision dans les mots, ait le plus fait ressembler l’art d’écrire avec une plume à l’art de peindre avec un pinceau. […] Je n’y ai pas reconnu non plus l’écrivain au vaste dictionnaire dans le recureur d’une vingtaine de mots tombés en désuétude, entre lesquels il roule la langue de tout le monde, et c’est surtout cette disparition totale de l’écrivain et du poëte, dont l’union donne M.
Dans les changements proposés pour Polyeucte et Nicomêde, et où il ne s’agit que de quelques retouches de vers et de mots, M. […] Poinsinet, en homme de grâce et d’urbanité ; point de gros mot ni de tonnerre. […] Son nom restera dans la littérature française, tant qu’un sens net s’attachera au mot de goût. […] Un jour il disait à propos de Suard : « Sa préface de La Bruyère, c’est son Cid. » On peut retourner cet agréable mot. […] On sait le joli mot de M.
Il avait la foi dans toute la force du mot, la foi des petits et des simples. […] Le mot impossible n’est pas d’un chrétien ; un malade n’est jamais condamné tant que Dieu lui reste. […] Le dernier finissait par un mot presque rassurant : « Ce mercredi 8 avril 1699. — M. […] Je laisserai ce mot pour vous être envoyé jeudi ; car je ne serai revenu que le soir de Port-Royal, où la famille a souhaité que j’accompagnasse le fils ainé de mon cher ami. […] Vuillart qui, on tant qu’ami intime de M. de Tillemont, devait savoir là-dessus le dernier mot de l’érudition chrétienne.
Lui aussi cultive le mot rare. […] C’est un batteur de mots. […] Ils ont comme leur auteur la passion des mots. […] L’affreux mot rare abonde dans ces pages. […] Ces mots laborieusement amenés n’ont aucune signification.
Cela est bien à nous ; nous avons du moins trouvé cela, si nous n’avons pas trouvé autre chose, et cela seul nous permettrait de dire que le progrès n’est pas un vain mot. […] c’est très simple, c’est un jeu de mots, un coq-à-l’âne, auxquels il applique ce système de développement. […] N’avez-vous pas été frappés, dans les trop nombreuses citations que j’ai faites, de la merveilleuse justesse des jeux de mots dont elles sont semées et, si je puis dire, de leur caractère de nécessité ? […] Est-il défendu d’imaginer qu’une Puissance inconnue, ayant d’abord permis aux hommes d’établir entre les choses et les mots des rapports constants, universels et publics, a voulu enfouir en même temps dans les ténèbres des idiomes humains certains rapports secrets, absurdes et réjouissants des mots avec les objets ou des vocables entre eux, et en a réservé la découverte à quelques privilégiés du rire et de la fantaisie ? […] A force de secouer les mots comme des noix dans un sac, on amène entre eux d’étranges rencontres, des façons nouvelles et baroques de s’accrocher.
Celui-là, ne connaissant ni lassitude, ni dégoût, ne se croira jamais pour quelques mots plus ou moins retenus dégagé de sa dette studieuse envers les grands auteurs dont les magnificences lui sont libéralement dévoilés. […] Il a compris le mot profond et définitif de Bossuet : « Malheur à la connaissance stérile qui ne se tourne pas à aimer ! […] des esprits toujours en exploration, ardents aux longues lectures à travers les grands auteurs, curieux des investigations philosophiques, enflammés pour le grec, idolâtres des vers latins, en un mot ne faisant la part de l’utile que pour réserver plus sûrement et plus largement la part du Beau ! […] On cherchera à vous prouver que l’idéal n’est qu’un mot, la littérature qu’un luxe, l’art classique qu’une convention maintenue par la docilité du public. […] Un seul mot peut traduire cet intraduisible Excelsior : « plus haut !
Mettez ici encore le mot « roman » à la place du mot « médecine » et le passage reste vrai. […] » Le mot est bien profond. […] Toujours les mots, ils ne peuvent imaginer quelque chose derrière les mots. […] Mais le mot nouveau, ce terrible mot de naturalisme ? […] Ses « mots » sont fameux.
Le mot Dieu étant en possession du respect de l’humanité, ce mot ayant pour lui une longue prescription et ayant été employé dans les belles poésies, ce serait dérouter l’humanité que de le supprimer. […] Dites aux simples de vivre d’aspiration à la vérité et à la beauté, ces mots n’auront pour eux aucun sens. […] Si le mot être a quelque sens, c’est assurément appliqué à l’idéal. […] Ce mot d’ailleurs est loin de désigner une doctrine absolument identique. […] Dieu, esprit, corps, comme il les entend, sont des mots trop objectifs et trop pleins.
Ces âmes d’hommes de lettres-là font tache dans ce libre xviiie siècle par la bassesse sourde du caractère sous la hauteur des mots et l’orgueil des idées. […] La partie pittoresque domine chez MM. de Goncourt ; ils ont eu toute raison de mettre le mot Sensations au titre de leur livre : ce sont de vrais tableaux à la plume qu’ils font. […] Il ne saurait y avoir rien d’exclusif chez ceux qui n’ont pour peindre que des mots et des syllabes. […] La fantaisie revient même si souvent dans ce recueil que ce mot (Fantaisies) devrait avoir place dans le titre entre Idées et Sensations. […] On sait le mot d’Horace Walpole : « La philosophie qu’on affiche cesse d’être la philosophie. »
Des doctrines, il ne garde que quelques mots, les mots essentiels dont chacun en gros connaît le sens, où chacun peut mettre toute la richesse de sa pensée personnelle : et à ces mots il associe des images que la nature lui fournit. […] Aucun mot technique ne l’effraie. Il aime les mots étranges, inconnus, pour les effets d’harmonie qu’on en peut tirer. […] Toutes les valeurs, toutes les associations, toutes les combinaisons des mots lui sont connues. […] Il les mêle aux mots techniques : c’est un moyen d’agrandir la réalité, de développer des images finies en symboles fantastiques.
Les passages les plus fameux, les traits les plus connus et les plus admirés dans Homère, se retrouvent presque mot pour mot dans la Bible, et toujours avec une supériorité incontestable. […] Faisant un effort pour parler, il lui adresse rapidement ces mots : Étranger, tu me parais bien différent de ce que tu étais avant d’avoir ces habits, et tu n’es plus semblable à toi-même. […] Quant au mot fameux, je suis Joseph, on sait qu’il faisait pleurer d’admiration Voltaire lui-même. […] La Bible a mieux connu le cœur humain : elle a su comment apprécier cette exagération de sentiment, par qui un homme a toujours l’air de s’efforcer d’atteindre à ce qu’il croit une grande chose, ou de dire ce qu’il pense un grand mot. […] Les mots en italique indiquent les endroits où nous différons de Sacy.
Moins il y a de mots, mieux on voit l’ensemble. […] « Enrichissez-vous » n’est pas un mot de Balzac, ce n’est pas plus un mot du ministre qui l’a prononcé, c’est le mot du siècle. […] à quoi bon employer dix mots quand trois suffisent, rechercher les termes bizarres, inusités, et négliger le mot propre ? […] Mais est-ce le mot ou l’idée qui est déshonnête ? […] Le mot propre enfin, le mot exact vient sans cesse déranger toutes les combinaisons harmonieuses ; ceux qui sacrifient ce mot à la soi-disant harmonie sont coupables, écrivent mal.
Fiorentino serait fort attrapé qu’on le prît au mot. […] Le mot se comprend de reste. […] On peut appliquer à ce critique un mot fait sur le poète Lemierre. […] Le mot de ces funérailles bruyantes, c’est M. […] Scribe lui-même n’en sait plus le secret et le mot de passe.
L’ombre. » Un jour, il écrira le mot : « Je », puis il mettra un point, et on criera à la pensée ! […] On en dit deux mots en passant, et c’est tout. Et quels mots ! […] S’il l’a voulu, c’est bien ; c’est une rentrée chez nous à mots couverts et que nous aimons à découvrir. […] C’est un mot plus grave.
Cette doctrine libérale, au sens le plus étendu du mot, Benjamin Constant la professa, du moins dans la presque totalité de ses écrits, et c’est ce qui fait de lui le publiciste par excellence aux yeux de M. […] On a eu par lui, dans des lettres adressées à une amie, toutes ses confidences de jeunesse, et le dernier mot de son cœur et de ses sentiments en ces belles années. […] En un mot, la politique n’est pas une géométrie qui s’applique, c’est une médecine ou une hygiène qui se pratique. […] Je crois que le mot est de Fauriel, son ami. […] Dupin, l’homme des bons mots : « Il s’est vendu, mais il ne s’est pas livré. » 68.
Le choix des mots dans J. […] La mémoire lui fournit les mots : les mots le mènent aux idées. […] Ce qui fait que le vrai poète choisit bien les mots, c’est qu’il les invente plutôt qu’il ne les sait. […] Il y a un mot d’un grand acteur du commencement de ce siècle, qui doit faire règle sur ce point. […] La colère est dans les mots, la justice est dans les choses.
Seulement, tous, dans le drame, agissent, qu’on nous passe le mot ! […] Gœthe n’est pas poète comme le mot l’implique, c’est-à-dire créateur. […] Mot heureux. […] Les mots suprêmes viennent aux lèvres, les larmes déjà sont aux yeux. […] Arrêtons-nous donc à ce mot d’un Kepler sans génie.
En un mot, ce sont des drames, moins les acteurs pour les jouer. […] Il emploie les mots féroces. […] Gredin a toujours été un mot très violent. […] C’est exactement comme le mot gueux. […] « Aux premiers mots de M.
Plus de mot roturier ! […] Traduisez ces mots. […] Il n’a pas seulement le mot, comme tant d’autres, il a le style dans le mot, et la métaphore, et la poésie. […] Il s’en allait tout entier dans ses mots. […] Même le mot de critique ne lui convient plus ; il y faudrait substituer cet autre mot, plus pédant mais plus précis, de psychologie.
C’était son mot : « Est-ce drôle ! […] C’était son mot : « Est-ce drôle ! […] Un mot lui suffisait. […] On ferait un recueil de ses mots. […] Il choisissait ses mots.
Vidons une fois les mots de ce qu’ils contiennent d’idées. […] Tant de façons d’écrire et vraisemblablement de prononcer un seul et même mot représenteront donc autant d’époques de la langue, autant de phases, pour parler comme les linguistes, de l’évolution d’un idiome, autant de dates de l’histoire d’un mot. […] Le vers de huit syllabes, plus vif, plus rapide et, dans tous les sens du mot, plus leste, aide sans doute à l’illusion. […] Sainte-Beuve l’a dit d’un mot : « Pascal, admirable écrivain quand il achève, est peut-être encore plus grand là où il fut interrompu » ; et ce mot, selon nous, a tranché le problème. […] » C’est là le dernier mot de sa philosophie de l’histoire : il n’a pas le sens des grandes choses.
Or, la postérité est restée, à propos du Tableau de Paris, sous l’empire d’un mot cruel prononcé par un esprit séducteur : « C’est un livre — disait Rivarol — pensé dans la rue et écrit sur la borne », comme si la rue n’était pas un théâtre d’observation tout comme un autre, quand il s’agit des mœurs d’une grande ville, et même meilleur qu’un autre, quand il s’agit de ses monuments ! […] Les pantoufles brodées et la table de palissandre ne sont pas, que je sache, rigoureusement nécessaires à un écrivain… Le mot de Rivarol n’est donc qu’un mot, et rien de plus. Sans exagérer la valeur de Mercier et refaire une réputation posthume à un homme qui de son vivant eut sa part de célébrité, cependant nous croyons que son livre, réduit à des proportions qui le rendent plus clair et plus ferme, et passé, qu’on nous permette le mot ! […] Tout son Tableau n’est qu’un dessin, tracé d’un crayon philosophique (dans le sens que le xviiie siècle donnait à ce triste mot) ; mais voilà peut-être pourquoi il est bon.
Michelet en deux seuls mots ! […] Et ce n’était pas assez, ne l’a-t-il pas faite souvent, qu’on nous passe le mot, cancanière ? […] Michelet qui va nous dire aussi son mot sur le grand ministre ; et comme M. […] Résumez son règne en quelques mots ! […] Comme penseur historique, n’avons-nous pas son dernier mot, le mot transparent à travers lequel on voit le fond dans sa pensée : « Robespierre est un grand citoyen !
Il a usé du latinisme largement, comme tous ses contemporains : il a provigné les vieux mots, il a dit eselaver, fantastiquer, grenouiller, etc. : si les mots sont de lui, le principe est de Ronsard. […] Mais il ne se pique pas d’inventer : il estime notre langue suffisante, à condition qu’on l’exploite et la cultive. « La recherche des phrases nouvelles et des mots peu connus, disait-il, vient d’une ambition scolastique et puérile : puissé-je ne me servir que de ceux qui servent aux halles à Paris. » Il devait donc moins chercher que fuir le néologisme, et peut-être Calvin et Amyot ont-ils hasardé plus de mots que lui. […] Ce qui est bien de Montaigne, c’est le style, c’est l’emploi des tours et des mots que l’usage ou la liberté de son temps lui fournissaient. Là, il a une justesse, une nouveauté, un bonheur surprenants : il fait rendre aux mots tout leur effet par la place où il les loge. […] En fait de style, sa règle est déjà : rien n’est beau que le vrai : et c’est par la beauté des choses qu’il estime la beauté des mots.
Je me sens ivre de mots et d’images. […] C’est l’ouvrier des mots, l’homme de style qui commande chez lui à l’homme de pensée et de sentiment. […] ses trente-cinq images se dressent presque en même temps dans sa pensée : elles sautent d’elles-mêmes sur les mots qu’il leur faut, sur les mots dont son cerveau est l’ample ménagerie, et les chevauchent éperdument ; et c’est un flot rapide et intarissable, un torrent auquel rien ne résiste… Et les trente-cinq images sur Marat ne lui suffisent pas. […] Il a été le roi des mots. […] Ou plutôt, tranchons le mot, ils ennuient le public et la foule aussi bien que les lettrés.
Il est facile de s’en convaincre par ses Ouvrages, dont les derniers mots paroîtront certainement singuliers. « Si ce Livre me survit, dit-elle, je défends à toute personne, telle qu’elle soit, d’y ajouter, ni diminuer, ni changer jamais aucune chose, soit aux mots ou en la substance, sous peine à ceux qui l’entreprendront, d’être tenu pour détestables aux yeux des Gens d’honneur, comme violateurs d’un sépulcre innocent…. […] On leur rendroit cependant un grand service d’en retrancher une infinité de mots surannés, pour lesquels Mlle de Gournay a toujours eu la plus tendre affection, ce qui engagea Ménage à la faite figurer dans sa Requête des Dictionnaires. […] La finesse de ce mot consistoit à faire entendre au Ministre qu’elle conservoit les jours de son Eminence en l’égayant, genre de flatterie plus fait pour plaire à celui qui en étoit l’objet, qu’au Lecteur, qui n’en jugera pas de même.
Ainsi, dans ces derniers mémoires, racontant sa présentation à Versailles et sa présence à l’une des chasses royales, Chateaubriand veut que dans les deux circonstances Louis XVI ne lui ait parlé qu’une seule fois pour lui dire un mot insignifiant : ici, dans une note de l’Essai, il remarque que Louis XVI lui a parlé deux fois, et il écrit même de sa main en marge les mots très courts que le roi lui adressa dans les deux occasions ; mais ces mots, dont il ne reste que quelques lettres, ont été arrachés par un ongle irrité. […] Y a-t-il dans le texte, en effet, ces mots qui se rapportent à l’exposé de la doctrine des stoïciens : « Dieu, la Matière, la Fatalité ne font qu’Un », Chateaubriand écrit en marge : « Voilà mon système, voilà ce que je crois. […] C’est à la page 569 de l’Essai (édition susdite), en regard de ces mots du texte imprimé ; « Pardonne à ma faiblesse, Père des miséricordes ! […] À côté de ces mots du texte imprimé (p. 609) : « Dieu, répondez-vous, vous a fait libre. […] votre Dieu n’est plus qu’un tyran horrible et absurde » ; tout à côté de ces mots imprimés Chateaubriand ajoutait de sa main ; « Cette objection est insoluble et renverse de fond en comble le système chrétien.
Voici ce que le roi très chrétien m’écrit, mot pour mot, dans la lettre que j’ai reçue hier, et qui est de sa main d’un bout à l’autre : « Ne serez-vous point fâché de ce mariage, mon cher maréchal ? […] Jusque-là je me défierai toujours de vous, car vous êtes un charmant petit drôle (il met le mot en allemand). […] Et puis aussi, Maurice avait le propos leste, impétueux, le petit Conti, l’invincible Conti, — ces mots échappés allaient droit à leur adresse. […] Il lui donne la clef des choses, et lui en dit le fin mot. […] Hommes, argent, rien ne leur manque, mais ils ne savent pas s’y prendre (ces derniers mots sont en allemand).
La terre n’est pas seulement un fond de mer ; il y voit la double action de l’eau et du feu ; il y voit, c’est le mot ; à la façon dont Buffon peint ce que d’autres ont découvert, il a l’air de le découvrir. […] Il avait sous la plume le mot nature ; s’il écrit « l’auteur de la nature », c’est qu’à ce moment-là, l’explication des beautés de l’ordre suprême par une force aveugle et impersonnelle ne satisfait pas son esprit. […] Substituez au mot écrire le mot agir, et voilà l’explication de bien des conduites embarrassées, d’actions qui finissent mal pour avoir été commencées sans décision. […] Les mots sont pour lui des chiffres. […] Il affectionne le mot noble, comme Bossuet le mot grand, comme Fénelon le mot aimable.
» Mais, justement, s’ils parlent aussi mal, s’ils confondent les mots, s’ils n’apprécient pas la valeur des termes, c’est qu’ils pensent mal. […] Puis, les mots en « ment », en « isme » ; et l’impropriété des comparaisons, etc. […] Vous me permettrez d’en dire un mot. […] Avez-vous remarqué que, dans la rédaction courante des journaux, une phrase dite française comprend invariablement un nombre exagéré de mots d’argot étranger qu’on emploie à la place de mots français existants : pourquoi box au lieu de stalle, pourquoi lad au lieu de palefrenier… et tant d’autres ? […] C’est encore celui de tous les républicains qui ne se payent pas de mots.
Un mot encore. […] retenez bien ce mot, il explique en grande partie M. […] Un mot encore. […] … mot de convention. […] En tête-à-tête avec ses trois mots latins, M.
Les mots sont changés. — Oui. Mais la cause du Cosmos, mais le mot des mots a disparu. […] La science proprement dite n’a découvert que des mots pour nommer ces phénomènes, et des chiffres pour les calculer. […] Elle invoque, elle supplie, elle se consume de désir, elle brûle de volonté, puis elle se dit pour dernier mot : mystère ! Et elle s’endort dans ce mot humain, seule explication de la divine énigme.
Gardez-vous de penser que par le mot critique nous comprenions uniquement l’art de trouver des défauts. […] La vraie critique, en un mot, est la balance où se pèsent les talents, c’est la pierre de touche qui nous apprend à ne pas confondre le clinquant avec l’or, l’ivraie avec le bon grain. […] Pourquoi donc le talent de lire, de parler, de déclamer, ne pourrait-il pas s’acquérir et s’accroître comme celui de chanter, de danser, de peindre ; en un mot, comme tout autre art, comme toute autre science ? […] L’arrangement des lettres détermine la prononciation des mots : certains signes convenus fixent les repos. […] Pas un mot, pas un murmure, pas un mouvement.
Un dernier mot sur M. de Talleyrand Au dernier moment, M. de Chantelauze, avec qui M. […] Sainte-Beuve, un passage qui est un premier mot de causerie sur Talleyrand. […] Vous m’avez écrit dans le temps un mot qui me revient, que M. de Talleyrand ne serait qu’un enfant de chœur auprès de lui. […] Sainte-Beuve disait lui-même qu’on ne peut encore aujourd’hui, et tant que les Mémoires de M. de Talleyrand n’auront pas été publiés, écrire un travail complet sur celui qui résume le mieux en lui, dans les temps modernes, tous les sens du mot grec Ὑποκριτής.
Elle fut d’abord légère, très légère, frivole (c’est, à son égard, le mot inévitable) ; elle se renferma trop dans les amusements et les familiarités d’une coterie. […] J’ai, sans faire semblant d’écouter, entendu dire sur cette Cour des choses curieuses : on fait foule comme chez une princesse ; elle fait cercle, on se précipite, et elle dit un petit mot à chacun. […] On a vu pourtant son mot de tout à l’heure sur Zamore ; ce n’était qu’un éclair à la rencontre59. […] Il y a, dans ces lettres données par M. le comte d’Hunolstein, quelques-uns de ces mots tellement à point et significatifs qu’on les croirait mis exprès en vue des événements futurs. […] Feuillet de Conches, il se rencontre quelques légères différences de mots ; et dans cette comparaison, c’est la copie de M.
Perrault avait reproché à Homère une multitude de mots bas, et les mots bas, selon Longin et Boileau, sont autant de marques honteuses qui flétrissent l’expression. […] Mais voilà que, dans un petit traité, Denis d’Halicarnasse, pour montrer que la beauté du style consiste principalement dans l’arrangement des mots, a cité l’endroit de l’Odyssée où, à l’arrivée de Télémaque, les chiens d’Eumée n’aboient pas et remuent la queue ; sur quoi le rhéteur ajoute que c’est bien ici l’arrangement et non le choix des mots qui fait l’agrément ; car, dit-il, la plupart des mots employés sont très-vils et très-bas. Racine lit, un jour, cette observation de Denis d’Halicarnasse, et vite il la communique à Boileau qui niait les termes prétendus vils et bas, reprochés par Perrault à Homère : « J’ai fait réflexion, lui écrit Racine, qu’au lieu de dire que le mot d’âne est en grec un mot très-noble, vous pourriez vous contenter de dire que c’est un mot qui n’a rien de bas, et qui est comme celui de cerf, de cheval, de brebis, etc. […] Émile Deschamps, qu’un logogriphe en huit alexandrins, dont le mot est chiendent ou carotte ? […] Devenues l’appui ou la ressource de la plupart des conversations, combien de maximes, de proverbes ou de bons mots ont-elles fait naître dans notre langue !
Les images du monde extérieur sont comme les mots d’une langue. […] Que l’on choisisse les mots avec précision, certes ! […] Stéphane Mallarmé disait si heureusement du vers « qui de plusieurs vocables refait un mot total » ? — le poème est donc une phrase dont les vers sont les mots. […] Ce mot, emblème, paraît être compris de façons bien diverses, il est vrai.
Or, si on examine, en dehors de toute doctrine, le mot d’inter-nationalisme, on ne peut y trouver qu’une signification, seule véritable, celle-ci : l’ensemble des liens entre nations. […] Un simple fait est d’ailleurs à considérer : l’évolution d’un mot. La signification du mot étranger a profondément évolué de l’antiquité classique jusqu’à nos jours. […] Les modifications énormes qu’à subies le monde, depuis l’origine de la lente constitution des nationalités modernes, l’élargissement de vision qui en est résulté, ont eu leur contrecoup sur le sens des mots. […] Si la différenciation des mots est reçue sans conteste, celle des jugements auxquels ils correspondent, n’est pas également pratiquée.
Voici enfin nos siècles classiques ; les mots familiers s’effacent, la langue s’ennoblit ; le théâtre prend pour public et pour modèles les gens de salon et les seigneurs. […] Il loue la volupté avec les mots d’Horace, et relève l’insouciance gauloise jusqu’à la dignité du paganisme ancien. […] Même en ses polissonneries il se préservait de tout mot grossier, il gardait le style de la bonne compagnie. […] Un petit mot qu’on a déjà dit, qu’il faut répéter, explique tout : il était poëte, chose unique en France, et poëte de la même façon que les plus grands. Ce petit mot indique un homme qui peut se déprendre de soi-même, s’oublier, se transformer en toute sorte d’êtres, devenir pour un moment les choses les plus diverses.
D’aucun côté (jusqu’ici du moins) ne s’était levée, pour en finir, une de ces intelligences supérieures qui ferment les débats sur une question, comme Cromwell ferma la porte du parlement et en mit la clef dans sa poche ; et la Critique attendait toujours le mot concluant et définitif qui devient, au bout d’un certain temps, la pensée de tout le monde, ce mot qui est le coup de canon de lumière après lequel il peut y avoir des ennemis encore, mais après lequel il n’y a plus de combattants. […] Le mot dictatorial dont nous parlons a été dit, et comme nous ne le prévoyions bien, du reste, il vient d’être dit par une intelligence chrétienne. […] Mais, comme tous les grands esprits philosophiques qui savent que les mots représentent la pensée, qui poinçonnent la langue et donnent le vocabulaire de leurs conceptions, M. […] Livre de circonstance pensé par un esprit d’une originalité perçante, l’Affaiblissement, nous le répétons, dit avec ascendant le mot décisif qui doit influer sur les destinées d’une question posée et en litige encore. […] Or, dans cette longue période, il le montre partout admis par l’autorité religieuse, qui n’avait qu’à dire un seul mot pour le supprimer.
Seulement, nulle part, ni en Allemagne, ni en France, les deux pays à idées, — l’Angleterre n’est qu’un pays à intérêts, — les hommes qui s’appellent humanitaires n’accepteront, pour l’explication de leur dogme et le dernier mot de leur foi, la profession de M. […] Elle nierait la perfectibilité indéfinie et cette ascension chimérique de l’humanité on ne sait vers quoi… car le mot n’a pas encore été dit ! […] La Chute, ce cataclysme de l’âme, qui a laissé sa trace dans la mémoire de tous les peuples, comme le Déluge, ce cataclysme de la matière, a laissé la sienne à tous les points, à toutes les fissures de ce globe, est niée d’un mot, au mépris de toutes les traditions connues. […] Nous sommes dupes des mots qu’on répète. […] Quand on a nié la Chute et qu’on sait à quel degré les idées se tiennent et se commandent, il ne faudrait, sous aucun prétexte, risquer ces mot ?
Ne peut-on pas modifier le mot de Franklin, et dire aussi qu’en matière de librairie, si on savait ce que doivent rapporter le sens et la préoccupation littéraires, chaque libraire s’efforcerait d’être littéraire, par intérêt bien entendu de commerçant ? […] Paradoxe est le mot que les préjugés, qui ne sont pas si bêtes qu’ils sont faux, ont donné à beaucoup d’idées vraies. […] Mais une fois mort, la Justice, qui est encore, je crois, plus boiteuse que la Prière, atteint enfin ce mausolée immobile, et le douloureux logogriphe de la vie qui n’avait pas de sens trouve enfin son mot quand la vie n’est plus ! […] Henri Beyle n’était pas seulement le Tulou de la flûte de l’ironie, dont il jouait avec une perfection d’ange un peu démon, c’était de plus un homme aussi capable d’enthousiasme qu’il était profond, et, qu’on nous passe le mot ! […] Limayrac, qu’on voudrait retenir quand il est là et qui a dardé plusieurs mots charmants sur cet homme unique et difficile à pénétrer, a fermé trop vite son carquois.
et de fait, voilà le mot qui arme et qui désarme ! Voilà le mot terrible et doux qui va planer sur cette critique que je vais risquer aujourd’hui de M. […] Il amuse dans le sens que l’imagination, qui n’est pas très-exigeante, que l’imagination, bonne fille, donne à ce mot-là. […] Ce mot léger peut devenir cruel ! […] Paul Féval n’est pas, en effet, un romancier pur et simple, dans la généralité et la profondeur de ce mot.
de grace, dites des mots. […] C’est une barriere pour le vulgaire, que des mots aussi rares & aussi précieux, des mots dont il faut demander l’explication pour en avoir l’étymologie…. . […] Avec des mots si épouvantables, on ne peut faire le bien. […] … La langue française eut besoin d’être enrichie de mots nouveaux. […] De grands mots, de jolis mots, point d’idée, point de substance.
Lorsque tant de contemporains font de la peinture avec des mots, voici un poète qui s’en sert pour faire de la musique. […] Mallarmé, sa théorie du symbole, mot appelé à une si étrange et triomphante fortune ! […] Elles peuvent résumer leur but dans un des vers du maître : « Donner un sens plus pur aux mots de la tribu ». […] Il a trop cru aux mots, et les mots l’ont perdu. […] Analysant à l’extrême la force des mots, il concentra sous chacun le plus d’expression par le travail d’un esprit généralisateur que nul ne put égaler.
Ces concepts sont inclus dans les mots. […] Quelle est la portée des mots ? […] Telles sont les origines du mot et de l’idée. […] C’est, au sens propre du mot, un « distrait ». […] L’œuvre entière du maître pourrait servir de commentaire à ce mot.
Éternuer, c’était son mot à lui. […] je coupe les vivres aux Beaunois. » De tels mots arrivaient vite à leur adresse. […] On ne s’attendait pas, assurément, qu’un mot de Piron irait en rejoindre un autre de Royer-Collard. […] Bonhomme m’assure que le mot y est bien. […] Il peut y avoir eu quelque autre mot oublié par Piron dans la rapidité du récit.
Car il aime la lecture pour elle-même, il relit sans cesse ; c’est un mot qu’on redit volontiers depuis quelque temps, depuis que M. […] Quand il faut traduire et trouver en français le mot propre pour répondre au mot latin, alors cette richesse et cette facilité apparentes deviennent la torture du traducteur. […] Il s’en confesse (c’est encore son mot), il s’en humilie et s’en repent : « La dernière lecture, nous dit-il, que je viens de faire des Oraisons funèbres m’a bien changé ! […] D’ailleurs il se passe bien d’apologie, et il laisse à l’expérience toute seule le soin de dire le dernier mot sur son compte. […] Je sens qu’elles me flétrissent l’âme et me rabaissent le cœur… » Et il développe sa thèse avec une grande vigueur de conviction, un profond accent de conscience, dans un style animé et tempéré qui est déjà celui d’un jeune et doux vieillard (pardon du mot !
Et ce n’est ni par une finesse ni par un éclat extraordinaire, ni par la perfection plastique que votre style se recommande, mais par des qualités qui semblent encore tenir de la bonté et lui être parentes ; car il est ample, aisé, généreux, et nul mot ne semble mieux fait pour le caractériser que ce mot des anciens : lactea ubertas, « une abondance de lait », un ruissellement copieux et bienfaisant de mamelle nourricière, ô douce Io du roman contemporain ! […] Elles jouissent moins purement que nous des beaux arrangements de mots et de sons, et aussi des contours, des formes et des couleurs. Elles jouissent surtout des sentiments dans lesquels se transforment tout de suite leurs sensations et ne goûtent bien que le charme des mots qui traduisent ces sentiments. […] Elles ne sont pas assez frappées de la « figure » des mots et de la figure des choses. […] Et ceci n’est point un abus de mots.
Interrogez les naturalistes : ils vous diront qu’il a fondé une branche de l’histoire naturelle ; il a débuté par un travail tout neuf sur les Aranéides ou araignées ; il a dit là-dessus le premier et le dernier mot ; ses écrits en ce genre sont classiques : il est le Latreille des araignées. […] Avec ces spirituelles rieuses on ne sait jamais à quoi s’en tenir, et on serait bien dupe souvent de s’arrêter à quelques mots qui, chez d’autres, diraient beaucoup. […] Mme de Grignan fut la grande, l’unique passion de sa mère, et cette tendresse maternelle prit tous les caractères en effet de la passion, l’enthousiasme, la prévention, un léger ridicule (si un tel mot peut s’appliquer à de telles personnes), une naïveté d’indiscrétion et une plénitude qui font sourire. […] Même quand cette pensée est sérieuse, même quand la sensibilité est au fond, elle a de ces mots qui la déjouent et qui font l’effet d’une gaieté. […] Celle-ci, en effet, au milieu de tout ce qui pouvait la faire déchoir, sut toujours tenir son rang et se concilier ce qu’il faut bien appeler (je ne sais pas un autre mot) de la considération.
Dans le sens ordinaire du mot voici ce que c’est que la philosophie. […] Plus on y pense et plus le mot paraît juste. […] Il n’y a point d’autre mot dans Descartes, Malebranche et Leibniz. […] Cependant le mot psychologie, inventé par l’obscur Goclenius, devient le titre d’un ouvrage de Wolf. Les Encyclopédistes, tout en continuant à se servir du mot métaphysique, en limitent le sens.
Il a l’air d’approuver par ce mot ce voleur qui suit l’exemple des autres : proposition insoutenable en morale. […] Quelle grâce encore et quelle mesure dans ce mot, dit-on ? […] Quel sentiment dans ce mot, un peu. […] Mais la diverse nourriture… Ce mot se prenait alors, même dans le style noble, pour synonyme d’éducation. […] Pensers ; le penser est un mot poétique, pour la pensée.
… Même ceux-là qui auraient trouvé leur compte à une histoire de Louis-Philippe, ont semblé s’être donné le mot pour n’en pas parler, et l’on a pu croire à cette vieille tactique qui s’appelle la conspiration du silence et qui n’est peut-être que celle de la peur. […] Esprit absolu, qui n’avait pas écrit pour rien sa grande Histoire des Jésuites, et qui devait appliquer à son parti le noble mot de Laurent Ricci : Sint ut sunt, aut non sint ! […] Personne n’ignore que c’est à lui que Mirabeau sanglait par la face ce mot que l’Histoire ne sait trop comment répéter. […] Guizot, comme on sait, n’eut jamais aucune personnalité au pouvoir mais l’historien l’identifie-t-il tellement avec son maître qu’il ne croie pas avoir besoin d’en dire un seul mot ? […] Il y a même sous cette plume de paysan, qui vous donne, d’ordinaire, dans cette histoire, la sensation d’une hache de bûcheron pour le coupant et la force du coup, des mots spirituels et jolis qui sentent leur Beaumarchais fruste, mais enfin leur Beaumarchais !
Je reprendrai ici le mot de fresque. […] Sur ce point, il suffit d’un mot, le style de M. […] En un mot, l’homme connaît qu’il est misérable. […] Je hais les mots d’enflure. […] Le mot est encore de M.
Il paroît que cette anecdote n’a été imaginée que pour faire dire un bon mot, ou plutôt un mauvais rebus* au Cardinal de Richelieu : Quoi qu’il en soit, cette longue Paraphrase ne valoit pas un Evêché ; on n’y trouve par-tout que des fleurs d’or sur le Ciel étalées, des miracles roulans, de vivans écueils, & mille autres expressions semblables que le bon sens rejette, & que n’admit jamais la belle Poésie. […] Il me semble pourtant qu’on peut dire de lui ce que Longin dit d’Hypéride, qu’il est toujours à jeun, & qu’il n’a rien qui remue ni qui échauffe : en un mot, qu’il n’a point cette force de style & cette vivacité d’expression qu’on cherche dans les Ouvrages, & qui les font durer. […] Godeau à Louis XIII, une image, rendue presque mot à mot dans la Tragédie de Polieucte.
Ce mot veut dire amour ou zèle de la science ; mais quelle science ? […] Voilà pourquoi, quand il s’agit de philosophies surnaturelles, telles que celles dont nous allons vous entretenir, on a confondu le mot de sagesse avec le mot de science, et l’on a dit : La philosophie est l’amour ou le zèle de la sagesse. […] C’est là ce que nous entendons, dans cet Entretien, par ce mot « philosophie ». […] C’est le dernier mot de la morale, comme la logique est le dernier mot de la raison. […] Le plus sage des peuples est évidemment celui qui a le premier écrit sur l’univers ce mot mystère, car mystère est aussi le dernier mot de toute science, de toute sagesse et de toute vérité jusqu’à la consommation des temps.
Comme un mot à rebondissement, une balle, un mot (bien) rebondissant. […] Comme un mot de frère d’armes, comme un mot de mess et de chambrée. […] Un mot eût fait le reste. […] Sur ce mot. […] Il est dans Racine presque un mot technique, certainement un mot rituel, le mot même de la révélation du cœur.
. — Sens du mot faculté ou pouvoir. — Forces mécaniques. — Force de la volonté. — Ces mots ne désignent aucun être occulte. — Ils ne désignent qu’un caractère d’un événement, à savoir, la particularité qu’il a d’être suivi constamment par un autre. — Illusion métaphysique qui érige les forces en essences distinctes. […] Ce sont là des êtres métaphysiques, purs fantômes, engendrés par les mots, et qui s’évanouissent dès qu’on examine scrupuleusement le sens des mots. […] Ce quelque chose d’intime, dont les facultés étaient les différents aspects, disparaît avec elles ; on voit s’évanouir et rentrer dans la région des mots la substance une, permanente, distincte des événements. […] S’ils emploient le mot force, c’est pour désigner la liaison constante du second avec le premier. […] On n’a fait ainsi qu’une science de mots.
Il est rare que la réunion de mots exprimant des idées contraires n’ait pas l’air de signifier quelque chose. […] Ou bien le mot larme vous vient à l’esprit, et il suscite immédiatement le mot sourire. […] Creusons ce mot logis et nous ne tarderons pas à écrire : L’imagination est une maîtresse d’auberge qui a toujours plus de chambres que de clients. […] Exemple : Attendre est peut-être le dernier mot de la politique. […] au sens où on emploie le mot dans les ateliers.
Si je cherche ce mot, c’est par crainte de trop desservir l’auteur, en formulant moi-même sa propre pensée. Mais le mot décidément n’y est point ; passons outre. — En somme, que veut ce monsieur ? […] — Je n’en sais en somme rien… Que faut-il entendre sous ce mot de destinée ? […] Les mots de synthèse, d’harmonie lui sont familiers. […] De la sorte, le lecteur finit par s’effrayer de chaque mot, car auprès d’aucun.
Aux tragédies de Ducis, il ne faut demander ni plan, ni style suivi, mais des mots et quelques scènes. […] Quand mes cheveux étaient prêts à blanchir, la mienne, avec un sentiment de douce compassion, voyant mes distractions nombreuses, l’indépendance de mes goûts, mon incapacité absolue pour les affaires et la fortune, me disait (c’était son mot) : « Mon enfant ! […] Quand il apprend de lui que ce n’est point de Saléma, mais d’Odéide, que Pharasmin est amoureux, il y a un premier mot qui lui échappe et que Talma disait admirablement : « Tu ne me trompes pas ? […] Mais ne sentez-vous pas aussitôt comme Ducis, dans cette prose naturelle et sortie du cœur, a le mot large et pittoresque ? […] Quel vif et pur sentiment de foi à l’immortalité dans ce mot : doucement à l’avenir !
C’est l’art, en un mot, de dégager laborieusement, efficacement, sa propre originalité […] En un mot, le côté pratique, le point de vue métier n’est à peu près pas enseigné. […] Nous ne répondrons qu’à la polémique bien élevée, ayant l’habitude de nous battre avec les mots, mais non pas avec les gros mots. […] Comment condamneraient-ils les mots banals ; ils en sont pleins ; et rejetteraient-ils les clichés : leur prose en est faite. […] Ils le sont par cohésion, par netteté, par le choix des mots et la science d’ajustage.
On n’en concluait pas moins qu’en amalgamant des mots diversement colorés on pouvait en faire un bouquet agréable aux yeux. […] Le mot de style n’a-t-il point passé de l’une à l’autre ? […] Mais il est bon de dire un mot des parcs et des jardins. […] Elle a, suivant le mot d’une jeune femme d’alors, des mines de pensionnaire vieillie. […] Les écoliers, du reste, en fait de mots prêtés à la langue courante, n’ont rien à envier aux écolières.
Ce mot n’est pas français. […] Combien les mots peuvent entraîner les hommes ! […] Du reste, le mot ne fait rien à la chose. […] Ce mot profond a fait fortune. […] J’insiste sur le mot.
Leçon dans toute la force du terme et dans tous les sens du mot ! […] Miel est bien le mot, alors même que votre bonté n’aurait pas semé ces deux volumes de mots si bienveillants et si doux pour moi. […] Je tâcherai aussi de dire quelques mots de M. […] Sainte-Beuve, chez qui ce mot est en grande faveur. […] est-ce bien là le mot ?
Section 6, que dans les écrits des anciens, le terme de chanter signifie souvent déclamer et même quelquefois parler Strabon qui a vécu sous le regne d’Auguste, nous apprend d’où procedoit la signification abusive que le mot de chant, celui de chanter et leurs dérivez avoient alors. […] Comme nous n’avons point dans notre langue un mot generique qui rende celui de canere, le lecteur voudra bien me pardonner les frequentes periphrases dont je me suis déja servi pour le traduire, et celles dont je serai encore obligé de me servir, afin d’éviter les équivoques où je tomberois, si j’allois emploïer le mot de chanter absolument, tantôt pour dire executer un chant musical, et tantôt pour dire en general executer une déclamation notée. […] Cependant les auteurs anciens se servent du mot de chanter lorsqu’ils parlent de la recitation des comedies, ainsi qu’ils s’en servent en parlant de la recitation des tragedies. […] Quoiqu’il en soit, supposé qu’il fallut entendre le terme de chanter au propre, quand il s’agit du chant des choeurs, il ne s’ensuivroit pas qu’il fallut entendre ce mot dans la même acception où il s’agit des recits.
Rien ne ressemble moins à un amateur qu’un faiseur : mot odieux et laid comme la chose. […] Je ne puis, en un mot, souscrire à l’éloge littéraire exagéré que M. […] Avant d’en venir à son dernier mot d’expérience amère, il avait eu plusieurs existences écroulées sous lui. […] Je n’ai ni bienveillance ni malveillance pour Mme de Sablé ; à la distance où l’on est d’elle, ces mots n’ont point de sens. […] Elle n’est autre, sauf deux mots, que la CLXXIXe maxime de l’édition de 1665.
Voilà de ces mots qui déjouent les correspondances et papiers d’État. […] Coigny, vieux lui-même, plus vieux que Noailles, était de ces militaires dont on pouvait dire, en appliquant un mot de Villars, que « s’ils n’ont pas inventé la poudre, du moins ils ne la craignent pas ». […] On cite de lui quelques mots piquants, des reparties heureuses ; mais en général, dans la conversation, il répétait à satiété les mêmes histoires, il ennuyait son monde, et de bonne heure on put dire qu’il rabâchait. […] Pas le moindre soin ; des mots oubliés ou restés en blanc, peu lui importe ! […] « Pâris du Verney, très bon munitionnaire, très entendu dans le détail des subsistances, mais dont le faible est de vouloir faire des projets de guerre » ; c’est ainsi que le maréchal de Noailles étend et paraphrase son bon mot dans une lettre au roi (27 mars 1743).
Nulle plaisanterie dans ses vers, nul jeu de mots sur sa condition habituelle ; le four ne revient pas là sous toutes sortes de formes, et le poëte, un moment soustrait aux soins vulgaires, s’efforce bien plutôt de les oublier, de les ennoblir en les idéalisant. […] En un mot, l’auteur de l’élégie l’Ange et l’Enfant a une qualité qui, dès qu’on songe à son point de départ, force d’accorder à l’homme, encore plus qu’au poëte, une estime respectueuse : il a l’élévation à côté de la sensibilité. […] Le mot de Charles X : Plus de hallebardes ! […] Le discours simple et naïf où se déroule son tendre ennui, finit en ces mots : « On dit qu’on aime mieux quand on est dans la peine ; et quand on est aveugle, donc ! […] tu m’embrasses trop fort, tu m’étouffes, Marguerite. » — Je traduis mot à mot, en ne supprimant que l’harmonie du rhythme : qu’on juge du charme de ces simples et vraies paroles dans des vers purs, concis, auxquels pas un mot de trop, pas un ornement inutile n’est accordé !
Un mot sur leur auteur. […] Voilà pourquoi le mot poésie veut dire création. […] C’est la force seule de l’impression qui crée en nous le mot, car le mot n’est que le contrecoup de la pensée. Si la pensée frappe fort, le mot est fort ; si elle frappe doucement, il est doux ; si elle frappe faiblement, il est faible. Tel coup, tel mot ; voilà la nature !
Je ne vous dirai pas que « l’Académie est un salon », parce que je crois que ce mot est une bêtise, et parce qu’il ne nous importe nullement que trente-neuf messieurs très bien élevés se rassemblent de temps en temps pour causer avec politesse au bout du pont des Arts. […] De même, quand la sèche et sifflante Mme Astier l’attend à la fin pour lui jeter sa haine à la figure et pour lui apprendre que, s’il est arrivé à l’Académie, c’est qu’elle s’en est mêlée (… Et elle précisait les détails de son élection, lui rappelait son fameux mot sur les voilettes de Mme Astier, qui sentaient le tabac, malgré qu’il ne fumât jamais… « un mot, mon cher, qui vous a rendu plus célèbre que tous vos livres »), je cherche quel intérêt peut avoir une personne si fine à désespérer et à chasser d’auprès d’elle un mari qui ne serait rien sans elle, il est vrai, mais sans qui elle serait moins encore. […] Pas un poncif ; une attention scrupuleuse, maladive, à traduire la sensation immédiate des objets par le moins de mots possibles et par les mots ou les concours de mots les plus expressifs. […] J’ouvre au hasard (et je vous assure que ce n’est point ici une formule) : « Pour midi, la messe noire (essayez de dire la chose en moins de mots ; et encore il y a une image !) […] Je vous engage seulement à relire le diner chez la duchesse Padovani, l’enterrement de Loisillon, le duel de Paul Astier, etc… Il y a là-dedans, avec un peu d’outrance tartarinesque, une concision puissante, une ironie à la fois très violente et très fine ; et surtout, jamais on n’a mieux su nous enfoncer les choses dans les yeux, rien qu’avec des mots.
L’auteur dit sur elle quelques mots fort nobles ; mais on en désirerait davantage. […] Le mot était charmant, mais il n’était ni exact, ni équitable. […] Il n’avait jamais dit un mot qui pût faire prévoir le dernier qu’il dirait et qui serait un mot scientifique. […] il faut lâcher le mot ! […] En effet, il était une force, — et ce mot abstrait et absolu qui le résume est le mot encore qui le caractérise le mieux, tout en le résumant.
N’est-ce pas ici le cas de redire le mot assez amer, mais vrai, du moraliste ? […] Je me résume en quelques mots. […] Quel est le mot qui manque ? […] Est-ce le mot « ataxie » qui est resté en l’air ? […] Le premier mot de la pièce est un appel du Duc aux musiciens.
(Ce mot doux est sans doute ici un peu ironique, car Desfontaines vient de reprocher à Duclos le style haché et les brèves sentences.) […] Je m’arrête à ces mots : « Le brave Huniade Corvin, surnommé la terreur des Turcs, avait été le défenseur de la Hongrie, dont Ladislas n’avait été que le roi. » Courage ! […] Qui ne voit (sans compter le hanap qu’il oublie) qu’il y a presque un faux sens dans ce mot négligemment jeté : quelques pierreries ? […] sinon pour l’agrément (laissons ce mot qui ne s’applique ni à l’un ni à l’autre), du moins pour l’intérêt, pour cet intérêt lent et suivi qui naît du fond des choses et qui, de l’auteur consciencieux, se communique au lecteur réfléchi. […] [NdA] Ce mot dans sa concision est un peu arrangé à la moderne ; il n’est pas tout à fait exact ni du temps.
Un mot heureux qu’elle dit tout d’abord fit fortune et la classa pour l’esprit : il n’en faut pas plus en pareil cas. […] Il veut bien, dans ses espèces de Journaux anecdotiques ou de Mémoires, accorder des éloges à son général, mais il les gâte d’un mot, qui de la part d’un aide de camp est perfide. […] Avec lui, on ne doit pas craindre d’employer les termes ni marchander les mots ; il portait haut ses vices comme ses qualités ; il les menait à grandes guides, il ne les dissimulait pas. […] Le maréchal sentit que l’heure était venue, et près de mourir, dans un instant lucide, il dit à Senac ce mot souvent cité : « Mon ami, J’ai fait un beau songe ! […] Le dernier mot du maréchal de Saxe est le jugement le plus vrai : sa vie fut en effet un beau songe.
Un tel mot n’est pas à négliger quand on le rencontre appliqué à l’abbé Maury. […] » on l’a vu, averti par un simple mot du sujet en question, traverser la salle, monter à la tribune, et y remporter un de ses triomphes. […] Chacun sait son fameux mot à la foule qui criait en le voyant passer : À la lanterne ! […] Un bon mot, a dit l’abbé de Pradt, lui valait un mois de sécurité. […] J’ai retenu plusieurs de ses idées, les voici mot à mot : Académie française : Académie des sciences.
Rien, pas un mot. […] Cité, tu le sais, est un mot d’un rang beaucoup plus relevé que ville, — un mot de qualité, un mot gentilhomme qui a pignon sur rue, avec vue sur les tragédies environnantes. […] C’est l’affaire de quelques mots. […] Faubourg, section, la même chose sous deux mots différents. […] * * * Ici, deux mots de politique.
Mais je m’aperçois qu’au lieu d’un mot c’est deux qu’il me faut maintenant. […] Condamner l’un ou l’autre mot. […] Au lieu des choses archi-alambiquées trop familières au pédantisme, à la sécheresse en vain mouillée de mots et délayée dans des phrases dont usent « certains jeunes » — quels mots et quelles phrases et quels jeunes ! […] On sait que le mot et l’idée de liberté décuplent le génie de Victor Hugo. […] Mais « roman » est-il bien le vrai mot ?
Son ami lui conseilla de la remplacer tout simplement par une manière d’avant-propos des éditeurs, dans lequel il pourrait se faire dire très décemment, par ces messieurs, toutes les douceurs qui chatouillent si voluptueusement l’oreille d’un auteur ; il lui en présenta même plusieurs modèles empruntés à quelques ouvrages très en faveur, les uns commençant par ces mots : Le succès immense et populaire de cet ouvrage, etc. […] Il les préviendra d’abord que ce mot, seconde édition, est ici assez impropre, et que le titre de première édition est réellement celui qui convient à cette réimpression, attendu que les quatre liasses inégales de papier grisâtre maculé de noir et de blanc, dans lesquelles le public indulgent a bien voulu voir jusqu’ici les quatre volumes de Han d’Islande, avaient été tellement déshonorées d’incongruités typographiques par un imprimeur barbare, que le déplorable auteur, en parcourant sa méconnaissable production, était incessamment livré au supplice d’un père auquel on rendrait son enfant mutilé et tatoué par la main d’un iroquois du lac Ontario. […] Du reste, le lecteur bénévole pourra remarquer qu’on a rectifié plusieurs dates, ajouté quelques notes historiques, surtout enrichi un ou deux chapitres d’épigraphes nouvelles ; en un mot, il trouvera à chaque page des changements dont l’importance extrême a été mesurée sur celle même de l’ouvrage. […] Il insiste expressément sur ces mots, parce qu’il serait au désespoir qu’on lui supposât l’intention de plaisanter en traitant d’une aussi sérieuse chose que ce roman. Au reste, il lui serait impossible de se livrer ici au plus léger badinage, ayant eu le malheur de perdre le calepin sur lequel il était dans l’usage de noter ses saillies et bons mots futurs, aux environs de la fontaine des Innocents.
23, le docteur Véron vient de publier une brochure dont nous voulons dire quelques mots. […] Le patelinage des mots et les précautions de médecin que prend le bienveillant docteur ne peuvent cacher le fond des choses. […] Ce qui a entraîné Véron vers les idées toutes faites de sa brochure, c’est que les idées dont il ne voulait plus l’ont pris au mot ; c’est que le silence, cette belle chose qui semble facile et qui ne l’est pas, est impossible à certaines natures expansives. […] On lui eût fait des mots. […] Sommes-nous donc placés pour porter sur l’ordre social un de ces regards à la Burke, qui plongent jusqu’au cœur des choses et font dire le mot : Où en sommes-nous ?
— Pour Marc-Aurèle qui, selon moi, est la plus belle âme de l’humanité, se soumettre à la nature était un mot d’un sens suffisant. […] Toutefois, M. de Vogüé m’a dit aujourd’hui que dans son monde ce mot ne suffit pas. […] C’est un mot sous lequel il n’y a plus un fait, et j’ai passé ma vie à combattre ce genre de vague. […] La science positive préfère de n’y rien nier, de n’y rien affirmer ; en un mot, elle ne connaît pas l’inconnaissable, mais elle en connaît l’existence. […] ∾ Note VII. — Une jeune femme a fait, devant moi, un mot fort spirituel et profond.
En un mot, ce n’était plus le texte seul de Pascal qu’on mettait en cause, c’était l’homme même et le chrétien. […] Je ne sais si le nom de Gerson ou celui de Pascal opérèrent magiquement et furent le mot de passe, mais M. […] Ces mots-là n’auraient point paru en public, et la pensée se serait vêtue avec plus de convenance à la fois et de vérité, en parfaite harmonie avec le sujet. […] On a dit magnifiquement que bien des pensées de Pascal n’étaient que des strophes d’un Byron chrétien : c’est d’aujourd’hui surtout que ce mot se vérifie. […] En un mot, le témoignage ici n’est plus valable en bonne critique ; il faut recourir à d’autres preuves.
Elle ne répond pas un mot et mange la pauvre bête. […] » Ce mot « chétif » revient sans cesse. […] D’ailleurs cette rudesse, ces gros mots ne lui convenaient pas. […] Où sont les mots vrais, capables de toucher et de peindre ? […] Il n’y a que ce vieux mot tout rustique qui puisse peindre une pareille hutte.
L’histoire littéraire de la France commence le jour où le premier mot de la langue française a été écrit. […] Aucun mot n’a peut-être plus besoin d’être défini, parce qu’aucun n’a été plus détourné de son sens, au profit de plus de paradoxes et de caprices. […] Dans son ardeur pour les exprimer, il emprunte des tours et des mots aux deux grandes langues qui ont le plus exprimé de ces sortes d’idées. […] L’art français, dans la plus grande étendue du sens qui appartient à ce mot, c’est l’ensemble des procédés les plus propres à exprimer cet idéal sous des formes durables. […] On exige que les mots y aient la valeur des chiffres, et représentent pour tout le monde le même sens.
Écoles, du reste, est bien le mot, car dans ce pays de moutons de Dindenaut, tout historien a derrière soi son imitateur et son écolâtre. […] Il y avait des femmes, des élégances et des mœurs qui saisirent son imagination et, il faut bien dire le mot, qui la corrompirent. […] Il s’effémine… Il y a un autre mot pour cela. […] « Les générations aiment les types… Richelieu le fut de la galanterie comme le marquis de Bièvre du calembour et Roquelaure des bons mots et des aventures burlesques… » Mais d’être types, cela a-t-il empêché l’un de faire ses calembours, l’autre de dire ses bons mots ? […] Capefigue, l’histoire de Mme Du Barry devrait être l’œuvre suprême, le dernier mot du temps, et M.
Au plus haut de la courbe, ce mot divin est le mot du sacrifice ravissant qui sourit : c’est la croix du sourire. […] Pichon, contrebalancée par un mot de M. […] Les mots sont fondus l’un dans l’autre. […] Il trouve ces mots blasphémiques : Barbarope, Eurasie. […] Maurras cite un mot de Moréas : « Albalat !
Banville, entre ces mots, ne fait pas de différence. […] Et, surtout, c’est un mot. […] C’est le mot de Sainte-Beuve. […] Les mots qui ne sont pas tout pleins d’une réalité, les mots inutiles, les mots trompeurs, il les supprimait de sa phrase. […] » voilà ses deux derniers mots.
Le mot décisif est prononcé. […] Mais c’est un mot. […] Le mot est du meilleur des juges, M. […] … » Un simple signe de tête accompagnait ces mots. […] Quelle émotion nous étreint alors, à la lire, mot par mot, syllabe par syllabe, cette lettre, reçue ainsi !
Sens divers de ce mot à différentes époques. […] Définition et étymologie du mot logique. […] Étymologie des mots Curia, Quirites, Curètes. […] Il n’avait rien de la magnanimité, du désintéressement et de l’humanité, dont le mot d’héroïsme rappelle l’idée dans les temps modernes. […] Sens et dérivés du mot ara.
Tyron avait fait un recueil des bons mots de Cicéron ; et un ancien grammairien parle de deux livres de Tacite, qui avaient pour titre Les Facéties. » Le troisième discours de Balzac à la marquise de Rambouillet est intitulé de la Gloire. […] Je crois, comme les censeurs de l’hôtel Rambouillet, que les entretiens et les correspondances rendaient la plupart du temps sur la valeur d’un mot ; mais elles ne m’en semblent pas plus méprisables. Mademoiselle de Rambouillet et Voiture eurent plusieurs conversations, et s’écrivirent deux lettres assez longues sur le mot car, dont plusieurs membres de l’Académie demandaient la suppression et la radiation dans le Dictionnaire. Et bien, ces lettres judicieuses et spirituelles ont sauvé un mot nécessaire ; nécessaire, dis-je, car on l’emploie à tout moment. En tout temps, il vaut mieux, dans le monde, parler des mots que des personnes.
C’est jouer sur les mots que de confondre ces deux idées. […] Sans fin, et plus, s’il se peut : Ce mot, et plus, s’il se peut, est ridicule. […] Quelle grâce, quelle finesse sous-entendues dans ce petit mot et le reste, caché comme négligemment au bout du vers ? […] Je ne sais pourquoi La Fontaine fait souvent le mot poète de deux (trois ?) […] Sur le sable, l’huitre est fraîche, ce qui était bon à remarquer ; aussi le dit-il formellement, que le flot y venait d’apporter, et ce mot fait image.
Les salons (je prends ce mot comme vous l’entendez) sont charmants parce qu’ils sont une école — sans pédantisme, celle-là ! […] je les sais par cœur, ces mots, et je puis vous en taire le compte. […] Il n’y en a pas cinq, et les voici, ces quatre mots, qui ne sont ici encore qu’un pâle souvenir de sa manière à elle, quand elle n’est plus une femme du monde, mais la femme éloquente que naturellement elle était ! […] Après l’avoir cherchée où nous y irions bien la chercher tout seuls, dans les Considérations sur la Révolution française et dans les Dix ans d’exil, Mme Le Normand, cette femme de salon, qui veut du salon, est entrée chez toutes ses connaissances pour leur prendre un petit mot aimable et pour leur en dire un. […] C’est un mot de belle-mère, car elle est belle-mère comme elle est nièce, Mme Le Normand, et c’est très estimable.
L’histoire d’une société, c’est-à-dire l’histoire des idées, des sentiments et des influences, qui font les mœurs et qui les changent, et, pour tout exprimer avec le seul mot qui convienne : l’histoire de l’Histoire ! […] Quand le marquis de Mirabeau, cet écrivain à l’emporte-pièce, dont la gloire posthume sera de nous avoir diminué son énorme fils, inventait ce mot méprisant de « s’enversailler « pour la noblesse de son temps, qui courait avec une si sublime niaiserie se précipiter dans ce magnifique piège de Versailles, dans les toiles de pourpre tendues par la Royauté à ces lions héraldiques, trop amoureux de sa grandeur, le marquis de Mirabeau protestait au nom de la vraie société française, que la Féodalité avait créée, il faut bien le dire du fond de toutes nos ingratitudes, qu’elle avait épanouie, et qu’une civilisation différente allait diminuer en l’agglomérant. On ne l’a point assez remarqué, c’est sous la solive blasonnée du château féodal que la société française est née ; c’est là qu’elle a commencé sa première causerie, cette causerie charmante, cette maîtresse de maison qui faisait si adorablement les honneurs de chez elle à l’univers ensorcelé ; c’est là qu’elle a dit son premier mot et laissé son premier sourire, entre quelque châtelaine oisive, quelque vieux prêtre savant et aimable, et le troubadour qui passait ! […] Et d’ailleurs, dans le livre d’Edmond et Jules de Goncourt, le mot de société est pris au sens le plus large, le plus mâle et le plus profond. […] Un mot aurait suffi, et nous avons même pensé un instant à ne dire qu’un seul mot, mais nous nous sommes ravisés, et puisque ces MM. de Goncourt ont le bonheur d’être jeunes, le hasard d’avoir du talent… quelquefois, et le projet d’écrire encore une histoire de la société sous le Directoire, nous avons cru utile et sympathique de leur rappeler que pour une œuvre si sévère et si grande il faut étreindre comme on embrasse ; — qu’il faut plus que de lier ou d’éparpiller des glanes d’anecdotes et d’être, après coup, les Tallemant des Réaux proprets et fringants d’une époque dans laquelle on n’a pas même le privilège d’avoir vécu.
Je pourrais écrire un mot plus vif, mais je veux être poli et je laisse « traditions ». […] Dès les premiers mots de son introduction, nous savons parfaitement ce que c’est que M. […] Il l’adore tant, que ces mots de sévère et de sévérité reviennent je ne sais combien de fois à toute page de son livre et que jusqu’à l’œil, l’œil physique, en est importuné. […] Si le mot superbe de Napoléon est profondément vrai : « La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit », cela n’est-il pas bien plus vrai encore de la tête qui juge ? […] Deux mots terribles, qui descendent un peu son historien du socle prodigieux où il l’a posé : rationaliste en philosophie, Thucydide, en politique, fut juste-milieu et modéré (page 283).
L’accent même avec lequel ils l’ont dit, ce mot invariable, n’a pas changé. […] Et les signaler d’autant plus que, ces faits, les Anglais ont déjà commencé de les reconnaître avec une bonne foi plus forte que les préjugés et une fermeté d’intelligence très digne d’une nation politique, qu’on nous permette le mot ! […] Et de fait, c’est là l’idée humaine, l’idée raisonnable au sens philosophique du mot, que d’imputer à l’Église romaine des modes d’action, des combinaisons et des ressources semblables à ceux des autres gouvernements. […] Elle ne fut jamais suspendue à l’existence de ces constitutions d’Ordres dont Richelieu lui-même fut la dupe sublime, si le mot qu’on lui prête est vrai. […] Quand l’Église a dit ce simple mot : Allez !
Ils avaient enfin, — qu’ils me permettent le mot, — été des antiquaires… d’antiquailles ! […] Comparez cette variété d’intelligences qui représentent, sous les noms de Daniel Darthès, de Michel Chrétien, de Canalis, de Bianchon, de Nathan, de Bixiou, de Blondet, etc., chacun un degré de l’esprit humain et de la civilisation parisienne, et mettez-les à côté des cinq gringalets pervers de MM. de Goncourt, Mollandeux, Nachette, Couturat, Malgras et Bourniche, ces gamins grandis et pourris sur leur tige de voyou (un mot de messieurs de Goncourt !). […] Comparez, dans le Grand Homme de province à Paris, les conversations qui s’y font, — mais à temps, mais amenées par les nécessités du récit et ses transitions, — ces conversations à points de vue supérieurs, à mots mordants ou profonds, à soudainetés renversantes, et placez-les en regard de ce ramassis foisonnant, qu’on nous jette à brûle-pourpoint, de mots qu’il semble que l’on ait entendus déjà, et il vous sera bien démontré, par tous ces rapprochements utiles, que l’imitation n’a pu être volontaire, tant elle eût été imprudente ! […] Seulement, ce que nous étreignons en quelques mots, MM. de Goncourt le délaient et le mêlent à des faits aussi vulgaires, aussi connus, aussi traînants dans tous les romans, que les promenades sur l’eau, l’habitation à la campagne, les descriptions d’architecture, les thèses médicales et les copies écrites des tableaux peints. […] Ainsi donc, s’il faut nous résumer sur le livre de MM. de Goncourt, — peu d’invention, — pas de composition, — des caricatures pour des caractères, — des pages détachées, qui pleuvent les unes sur les autres et qui ressemblent à un feuilleton perpétuel, des événements et des détails sans aucune originalité, — des conversations notées peut-être sur place, — des mots tenus en réserve, comme la poire pour la soif… de son public, que l’on croit avoir altéré d’esprit en lui en faisant boire trop depuis longtemps ; voilà le roman de MM. de Goncourt.
que pour ma part j’aurais voulu le supprimer par le mépris qui ne parle pas ; ne pas dire le plus petit mot de cette ineptie, car c’est une ineptie, et joué ce bon tour aux finauds qui avaient compté sur les profits de l’indignation et du scandale et nous avaient tendu cette souricière, si bien approvisionnée, dont l’abbé Trois-Étoiles était le lard et les éditeurs de Hugo le fromage ! […] Au milieu de cette occupation, pourtant, il sauve de la mort d’abord, et ensuite du déshonneur, un camarade de séminaire, curé du voisinage, gaillard râblé qui, pour cette raison probablement, avait séduit la fille de son maire, une jeune fille dont, par parenthèse, l’abbé Trois-Étoiles, ce grand peintre en un trait, ne dit mot, sinon qu’elle avait un parapluie rouge. […] pas parlé, tant elle est bête, — disons le mot, nous ne sommes plus ici dans la littérature ! […] Eugène Sue, l’écrivain des Mystères du Peuple, plus bas de ton que les Mystères de Paris, Eugène Sue, qui, au début de sa vie littéraire, se vantait d’être anti-canaille, et qui a fini par effacer l’anti dans ce mot, a travaillé, en badigeon grossier, pour cette littérature. […] Il ne m’est guères permis, à moi, d’écrire le mot d’idiot45, mais je crois bien que c’est ce mot-là qu’il faudrait ici, en parlant de ces trois énormes volumes sans couleur, sans passion, sans esprit, sans gaîté, et que les éditeurs belges ont pu seuls nous donner comme un grand coup porté à l’Église dans le pays de Voltaire, où il faut de la verve et de la gaîté même aux camouflets du voyou.
Il est vrai que si elles eussent attendu en dormant le mot de l’énigme et la règle de la vie, probablement elles dormiraient encore. […] Tout l’Ancien régime est construit sur une idée fausse exprimée par un mot ridicule, l’esprit classique, mot qui désigne la culture, la pensée et l’art si variés de deux siècles ! […] Il notait leurs conversations avec soin, et en commère quelquefois inintelligente qui entend un mot pour l’autre. […] Il n’y a réellement pas de mot dans une langue qui soit banal ni inutile, pas de mot usé, avili, qui ne puisse servir une fois, et il n’est pas d’image si belle, d’expression neuve et juste, qui ne soit ridicule dans certaines occasions. […] Les mots de charité et d’humanité ne retentissent plus que dans les discours politiques, parce qu’ils ne représentent plus rien pour personne.
Je dirai simplement qu’avec une liberté suprême et même, en vérité, avec peu de vénération pour le texte, La Fontaine a pris uniquement le sujet et le dernier mot — il faut rendre justice à Anacréon — le sujet et le dernier mot, et tout le reste est absolument de lui, comme si le récit était de son invention. […] Ce Voyage en Limousin qui s’arrête avant qu’il ait dit un mot du Limousin lui a paru n’être qu’une ébauche interrompue, probablement. […] Il m’est impossible de tomber sur ce mot d’esclave sans m’arrêter. […] Quelques mots encore, intéressants, sur la vue, la brillante et majestueuse vue que l’on a du haut du château d’Amboise. […] S’il a « particularisé », comme il aime à dire et prenez ce mot dans le sens qui veut dire analyser dans le détail s’il a particularisé, c’est les animaux.
Mais dans tout cet esprit, tout cet art, il n’y a pas un grain de poésie : ni intimité, ni personnalité : pas un mot qui sorte de l’âme ou la révèle. […] Malpré sa culture superficielle et ses étranges bévues, il a étudié ; sa langue est fortement imprégnée de mots latins. […] Souvent l’écrivain hésite entre un gallicisme et un latinisme de syntaxe ; il renforce le mot populaire d’un mot savant, transcription fidèle du terme latin. […] Au xve siècle paraît la forme : AB baabA′, abbaA′(A′ étant le premier mot de A). […] Dans le premier livre primitif, il suivait pour les années 1325-1356 la chronique de Jean Lebel, jusqu’à la retranscrire mot pour mot.
Ce mot reste en tête des poèmes le dernier vestige de la poésie des anciens jours. […] En un mot, Ballanche a développé un mythe, Fénelon a créé une allégorie. […] Qui pourrait d’ailleurs, avec la plus ferme volonté, faire abstraction de trois mille ans de vie morale, pour répéter mot à mot la Muse d’Homère ? […] Le mot strophe à sa racine veut dire tourner. […] Le mot de musique a le même radical que celui de Muses.
Il a, en un mot, pour parler son langage, plusieurs idées centrales, et plus d’un foyer de lumière ou de chaleur. […] J’ai un autre défaut pour le moment présent : je m’habitue difficilement à parler en public ; je cherche mes mots, et j’écoute mes idées ; je vois à côté de moi des gens qui raisonnent mal et qui parlent bien : cela me met dans un désespoir continuel. […] Il y a donc dans cette suite d’épanchements d’une âme jeune et mûre, beauté morale, élévation constante, mais aussi tension très sensible, et qui se traduit même par des mots. Le mot de visée revient volontiers sous la plume de l’auteur ; il se crée des nœuds au dedans : « Il y a, dit-il, deux tendances en apparence inconciliables qui se trouvent unies dans ma nature ; mais comment s’est fait ce nœud ? […] Même lorsqu’il se croira un peu détendu et calmé, il rendra cet effet par un mot qui est bien du même ton : « J’attends moins de la vie, je cave moins haut.
Cousin en était venu à s’occuper d’histoire au sens le plus sévère du mot ; il s’était attaché à Mazarin ; il tenait à éclaircir et à expliquer jusqu’à la dernière précision, jusqu’à la minutie même, certaines circonstances de la vie du grand négociateur. […] Il n’a jamais donné la seconde édition, qui eût été le dernier mot. […] Napoléon Ier a dit, parlant d’un de ses serviteurs, qui n’était autre que le comte Rœderer : « Je lui crois trop d’activité dans l’esprit pour être un grand administrateur, et peut-être même pour être constant dans ses affections. » Je ne me permettrai pas d’appliquer le mot tout entier à M. […] Un mot d’approbation d’elle était une récompense. […] Un mot d’approbation de vous, et surtout un mot tel que celui que je reçois, n’est autre chose que ce que j’ambitionnais le plus.
Pas un mot n’y choque, pas un son n’est en désaccord avec la note fondamentale. […] Chaque passant, avec son clou rouillé, y a écrit un nom profane, un mot quelquefois impie, impur. […] Ce mot fatal est une note fausse ; c’est tout le contraire de fatal qu’il faudrait dire. […] À quelques lignes plus bas, on voit les nobles et pudiques élégies de Pétrarque opposées aux bruits du monde et aux sombres orgies, comme si, dans des vers sur Pétrarque, le mot d’orgie pouvait trouver place. Ces deux mots malencontreux sont deux taches à la bordure d’une robe blanche et gracieuse.
Études fort mêlées, c’est le mot exact ; mais il ne l’emploie pas ici pour qu’on le prenne en mauvaise part. […] Ici, quelques mots d’explication sont indispensables. […] Qu’aucun lecteur ne s’arrête à deux ou trois mots semés çà et là dans ces lettres, et maintenus par scrupule de sincérité ; l’auteur proteste énergiquement contre toute intention d’ironie. […] Les deux mots jordonner et métail manquent au Dictionnaire de l’Académie, et, selon nous, le Dictionnaire a tort. […] Quant au mot métail, il n’est pas moins précieux.
Ce mot seul fait la critique de cet Apologue. […] Même faute que celle qui a été notée dans la fable de la tortue, sur le mot Amérique. […] Essayez de supprimer l’épisode du serpent : supposez qu’après ces mots : V. 28. […] Quelle grâce dans ce petit mot, je pense ! […] Nous avons, contre l’usage, adopté le sentiment de l’académie pour l’orthographe de ce mot, appuyés aussi sur son origine, eremus, désert.
en parlant du démon, et un autre mot non moins superbe, cité par madame de Staël, le brillant phalène intellectuel qui allait, de plein vol, à la flamme, partout où elle était allumée, et vous n’avez plus de sainte Térèse que le portrait presque populaire de Gérard, qui n’est pas elle, mais un mensonge. […] Malgré l’importance et la difficulté du travail de l’abbé Bouix, quelle est la plume, se croyant grave parmi toutes celles qui se croient amusantes, qui ait eu seulement le courage d’en toucher deux mots ? […] Raillerie à part, d’ailleurs, sainte Térèse, qui n’est guère connue en France, comme nous venons de le dire, que pour deux ou trois mots sublimes, exprime l’amour avec une telle flamme qu’elle a vaincu, avec ces deux ou trois mots, l’ironie du peuple le moins romanesque de la terre, et elle a eu pour lui le charme du romanesque ! […] Avouant les avoir retrouvés dans l’entre-deux de ses vertus longtemps encore après qu’elle se crut avancée dans les voies chrétiennes, elle fut peut-être, qu’on me passe le mot ! […] Seulement, avant de terminer, nous voulons dire un mot d’un livre plus facile à comprendre pour les esprits positifs du siècle (positifs !
Le travail d’ensemble historique qu’il prépare ne peut donc pas avoir dit le dernier mot sur lequel on le jugera. […] Telle est, en quelques mots, la thèse du nouvel historien. […] Réduits à n’être que ce qu’ils étaient, ils sentirent, dans une moindre mesure que les Gaulois, mais ils sentirent aussi, le magnétique rayonnement de l’unité Romaine qu’ils avaient en face d’eux, comme les aveugles sentent le soleil… Le mot qui court dans les histoires, que les Germains servirent les Romains pour les combattre, est un mot faux. […] Ils justifièrent l’ancien mot de la fierté romaine : « Nous faisons semer par les Barbares ! […] Il n’a pas dit un mot de Gibbon, et s’il a nommé Montesquieu une seule fois, c’est pour lui donner le plus laconique et le plus cruel démenti.
De la même plume dont il traçait les Lettres dont nous parlerons tout à l’heure, et dont les mots poignants ont été autant de pièges pour ceux qui devraient connaître le piège des mots, il se posait devant le public, comme il se posait devant Charlotte et Kestner, dans sa correspondance. […] Il n’y a pas de mot plus terrible sur ce singulier et tout-puissant Midas littéraire, qui n’avait pas d’oreilles d’âne, mais qui, devenu pierre lui-même, a changé en pierre tout ce qu’il a touché ! […] — le mot de Montesquieu : « Les gens d’esprit font les livres qu’ils lisent ! […] Goethe, par la nature du sien, avant tout dramatique, ne montre guères que les extrémités de la personne : c’est par le geste, un mot, une indication, qu’il la révèle. […] Le mot de Bélise à Trissotin est bien drôle : « Mais quand vous avez fait ce charmant : Quoi qu’on die !
Aussi les premiers hommes furent appelés poètes, c’est-à-dire, créateurs, dans le sens étymologique du mot grec. […] Mais, à une époque si avancée de la civilisation, les esprits, même du vulgaire, sont trop détachés des sens, trop spiritualisés par les nombreuses abstractions de nos langues, par l’art de l’écriture, par l’habitude du calcul, pour que nous puissions nous former cette image prodigieuse de la nature passionnée ; nous disons bien ce mot de la bouche, mais nous n’avons rien dans l’esprit. […] Ils furent surnommés divins, dans le sens du mot devins, qui vient de divinari, deviner, prédire. […] C’est du mot μαθηματα, que les astrologues sont appelés mathématiciens dans les lois romaines. — Quant à la croyance des Romains, on connaît le vers d’Ennius, Aspice hoc sublime cadens, quem omnes invocant jovem ; le pronom hoc est pris dans le sens de cœlum. […] Les français disent bleu pour le ciel, dans une espèce de serment par bleu, et dans ce blasphème impie morbleu (c’est-à-dire meure le ciel, en prenant ce mot dans le sens de Dieu.)
En un mot, la création y domine toujours plus ou moins l’observation. […] Vulpian applique aux mouvements volontaires le mot de mouvements réflexes. […] Tout cela n’est peut-être encore qu’une question de mots. […] Littré conserve le mot de moralité, comme il conserve le mot d’éducation, mais en leur assignant un sens tout particulier. […] Quelle est leur véritable thèse sous les mots forts équivoques de leur vocabulaire ?
En un mot, honorons Ménandre dans Térence plutôt que de nous diminuer Térence avec Ménandre, et de déprimer, de dégrader ce que nous avons avec ce que nous n’avons pas. […] Eh bien, ce mot tant attendu, le voilà : c’est que tout cet apprêt de noces n’est qu’une feinte ; il n’y a pas de noces. — « Comment cela ? […] C’est un de ces mots qui, une fois entendus, ne s’oublient pas et qui font tableau à jamais dans la mémoire. C’est comme le mot d’Homère sur Andromaque, lorsqu’elle présente le petit Astyanax, tout effrayé et bientôt rassuré, à Hector en armes qui part pour le combat : Elle riait au milieu de ses larmes ! C’est comme le mot de Catulle nous exprimant Ariane abandonnée, debout sur la plage, les bras tendus vers les flots qui emportent le vaisseau de Thésée, pareille dans son immobilité à une statue de bacchante : Saxea ut effigies bacchantis.
Un mot souvent cité de Mme de Staal donnerait à croire que ses Mémoires n’ont pas toute la sincérité possible. […] Le mot a fait fortune, et il a fait tort aussi à la véracité de l’auteur. […] Mme de Staal était une personne vraie, et son livre est un livre vrai dans toute l’acception du mot : ce caractère y paraît empreint à chaque ligne. […] Ses moindres mots sont entrés dans la circulation de la société et dans les richesses d’esprit de la France. […] A un retour de printemps, il lui échappe ce mot terrible : « Quant à moi, je ne m’en soucie plus (de printemps !)
Son esprit, assez juste et prompt, « saisissait et comprenait rapidement les choses dont on lui parlait », mais n’avait ni une grande étendue ni une grande portée, rien en un mot de ce qui répare le défaut d’éducation ou de ce qui supplée à l’expérience. […] » Ce mot, qui est piquant, adressé par une femme à son mari qui se prétend sûr d’une vertu controversée, n’est pas moins vrai dans tous les sens, et peut s’adresser également à ceux qui se croient si sûrs de ces fautes d’autrui dont personne jamais n’est témoin44. […] Et ailleurs, toujours du même au même (28 septembre 1791) : Il faut trancher le mot, le roi est incapable de régner, et la reine, bien secondée, peut seule suppléer à cette incapacité. […] Dans une très belle lettre, adressée au comte de Mercy-Argenteau, où on lit ces mots, elle disait encore, après avoir exposé un plan désespéré (août 1791) : J’ai écouté, autant que je l’ai pu, des gens des deux côtés, et c’est de tous leurs avis que je me suis formé le mien ; je ne sais pas s’il sera suivi, vous connaissez la personne à laquelle j’ai affaire (le roi) : au moment où on la croit persuadée, un mot, un raisonnement la fait changer sans qu’elle s’en doute ; c’est aussi pour cela que mille choses ne sont point à entreprendre. […] Et l’on sait aussi ce dernier mot de Marie-Antoinette devant l’atroce tribunal, lorsque, interrogée sur d’affreuses imputations qui touchaient à l’innocence de son fils, elle s’écria pour toute réponse : « J’en appelle à toutes les mères !
Le bon Adry, faute d’y entendre malice, s’embarrasse donc bien gratuitement de ce mot de Segrais, ma Zayde. […] Une raison douce, résignée, mélancolique, attachante et détachée, reposée de ton, semée le mots justes et frappants qu’on retenait, composait l’allure habituelle de sa conversation, de sa pensée. […] Le petit nombre de lettres de Mme de La Fayette sont presque toutes pour dire qu’elle ne dira que deux mots, qu’elle dirait plus si elle n’avait la migraine. […] L’abbé de Charnes, qui reprend cette critique mot à mot pour la réfuter avec injure, m’a tout l’air d’un provincial qui n’avait pas demandé à Mme de La Fayette la permission de la défendre ; Barbier d’Aucourt, sans avoir rien de bien attique, s’en fût tiré autrement. […] J’ai cité le mot assez piquant sur Mme de Maintenon à propos d’Esther.
C’est, à ce titre, le plus intéressant endroit de cette Correspondance, où il ne se rencontre d’ailleurs, je le répète, ni le moindre petit mot pour rire, ni un trait d’esprit proprement dit, ni une saillie d’imagination. […] On sent à chaque mot l’économie, et il lui en faut. […] Racine a beau faire, son père sera toujours un grand homme. » C’est un mot de Voltaire, et ces mots-là, quand vous les avez une fois entendus, vous restent attachés comme une flèche. […] Un horrible mot du Journal de Bachaumont me gâte tout. […] Malheur et honte si on allait risquer par mégarde un mot qu’ils n’auraient pas mis !
Je relève dans ce Mémoire un heureux coup de crayon donné en passant, et qui caractérise en beau M. de Choiseul : « M. le duc de Choiseul, un des hommes de notre siècle qui a eu le plus d’avenir dans l’esprit ; qui déjà, en 1769, prévoyait la séparation de l’Amérique d’avec l’Angleterre et craignait le partage de la Pologne, cherchait dès cette époque à préparer par des négociations la cession de l’Égypte à la France, pour se trouver prêt à remplacer, par les mêmes productions et par un commerce plus étendu, les colonies américaines le jour où elles nous échapperaient… » Voilà un éloge relevé par un joli mot : un joli mot, en France, a toujours chance de l’emporter sur un jugement. […] M. de Chateaubriand, dans son antipathie d’humeur et de nature pour le personnage, lui qui avait autant le ressort de l’honneur et le goût du dépouillement que l’autre les avait peu et savait aisément s’en passer, a dit, à propos de la manière dont M. de Talleyrand négociait les traités : « Quand M. de Talleyrand ne conspire pas, il trafique. » Ce mot sanglant, au moins dans sa seconde partie, n’est que la vérité même. […] On a attribué ce mot à Fouché, et il lui ressemble en effet. Ces mots historiques voyagent jusqu’à ce qu’ils aient trouvé, pour les endosser, le nom auquel ils conviennent le mieux. On m’assure que le mot a été dit en réalité par Boulay (de la Meurthe).
Je voudrais seulement faire remarquer que de sens différents on a donné à ce mot de contingence et combien il serait utile de les distinguer. […] Et puisque J’ai prononcé ce mot d’évolution, dissipons encore un malentendu. […] Voilà donc bien des sens différents du mot contingence. […] Peut-être trouvera-t-on que c’est là faire la part bien large au nominalisme et que l’introduction de ce sens nouveau du mot contingence n’aidera pas beaucoup à résoudre toutes ces questions qui se posent naturellement et dont nous venons de dire quelques mots. […] J’emploie ici le mot réel comme synonyme d’objectif ; je me conforme ainsi à l’usage commun ; j’ai peut-être tort, nos rêves sont réels, mais ils ne sont pas objectifs.
les mots ne sont que des mots, et peut-être aussi que quelques-uns ont la profondeur du cœur. […] — Quelques mots sur l’homme. […] IV. — Quelques mots sur sa forme. […] III. — Définition du mot symbolisme. — En quoi ce mot est bien et mal choisi. — Les images accumulées. […] Gardons-nous de prendre ce mot idéal pour un lieu métaphysique.
Tout dépend du sens qu’on donne au mot adopté. […] Point de plan ; il n’écrivait pas un mot. […] Des Grieux a des mots inoubliables. […] Seulement ce n’est pas en traduisant mot par mot que vous aurez ce style. […] Sa traduction est celle qui se rapproche le plus du mot à mot original.
Éclairons ces mots par des exemples. […] Ne nous lassons pas d’insister sur le mot. […] N’ayons pas plus peur du mot que de la chose. […] Creusez ce petit mot. […] Ce mot-là semble très précis.
jamais je n’aurai eu un plaisir plus vif que de m’entendre réciter mot pour mot. […] On y cherche une date, qu’on y trouve, et on y trouve de plus une idée, un fait, un trait : en un mot, il ne se peut de table des matières en histoire dressée avec plus d’esprit et d’agrément, ni avec plus de lumières. Pour ne rien excéder, n’en disons pas un mot de plus. […] En un mot, par une certaine liberté de goût et un dégagement de pensée, le président Hénault tenait à quelques égards de l’école littéraire de Fontenelle plus que de celle de Voltaire et de Despréaux : il y avait des commencements de novateur dans cet amateur. […] Dans ce dernier mot est tout le secret de cette colère et de cette grande vengeance.
En un mot, elle nous offre un abrégé d’empire qui subsiste au moyen de récompenses et de peines. […] En un mot, elle continue de représenter l’esprit déjà philosophique, mais encore modérateur, de la première partie du siècle, tant qu’il n’avait pas cessé de reconnaître de certaines bornes. […] Elle jugeait ses amis, ses habitués, en toute rectitude, et on a retenu d’elle des mots terribles qui lui échappaient, non plus en badinant. […] Rulhière s’indignait, et mettait en avant tous les grands sentiments d’honneur, de désintéressement, d’amour de la vérité ; elle ne lui répondit que par ces mots : « En voulez-vous davantage ? […] Sa raison était affaiblie, mais sa forme d’esprit subsistait toujours, et elle se réveillait pour dire de ces mots qui la montraient encore semblable à elle-même.
« La vertu des femmes est la plus belle invention des hommes », ce mot singulier, qui est d’une muse spirituelle de notre temps, semble volé à Ninon. […] Tallemant dit un mot remarquable sur Ninon, c’est qu’« elle n’eut jamais beaucoup de beauté », elle avait surtout de l’agrément. […] S’il est amoureux du mérite que l’on appelle ici distingué, peut-être que votre souhait sera accompli ; car tous les jours on me veut consoler de mes pertes par ce beau mot. On a fort abusé depuis du mot distingué ; nous le saisissons ici à son origine, ou du moins dans son acception la plus récente. […] En plein xviie siècle, le mot de distingué ne s’employait pas ainsi absolument.
Même ie mot d’entendement cesse d’être exact. […] Le pyrrhonisme, au sens usuel du mot, n’est pas davantage le cas de M. […] Que de mots pour aboutir à une ligne dans un bout de page ! […] Les mots se succèdent. […] ce mot revient sans cesse sous la plume de Beyle.
Comme chacun de ces mots porte en soi son évidence ! […] — Je n’y vois qu’un mot de trop. […] Thiers était très fertile en mots de ce genre d’efficacité. […] Ni écrire, prenons-le au mot, puisqu’il n’a rien écrit. […] Peut-être aurais-je dû en effacer quelques mots violents.
Mot céleste, parole ineffable ! […] mot digne des anges, et qui est comme l’abrégé de la religion chrétienne. […] Le simple mot qui fuit Dei, jeté là sans commentaire et sans réflexion, pour raconter la création, l’origine, la nature, les fins et le mystère de l’homme, nous semble de la plus grande sublimité. […] On peut peindre en quelques mots le caractère du style évangélique : c’est un ton d’autorité paternelle, mêlé à je ne sais quelle indulgence de frère, à je ne sais quelle considération d’un Dieu qui, pour nous racheter, a daigné devenir fils et frère des hommes. Au reste, plus on lit les Épîtres des Apôtres, surtout celles de saint Paul, et plus on est étonné : on ne sait quel est cet homme qui, dans une espèce de prône commun, dit familièrement des mots sublimes, jette les regards les plus profonds sur le cœur humain, explique la nature du souverain Être, et prédit l’avenir97.
Ajoutez le choc des mots mêmes. […] Toute situation a son mot, et quelquefois ce mot est un cri. […] Le mot est de Sainte-Beuve. […] Mot de Joseph de Maistre. […] Le mot est de Renan lui-même.
je sais ; les valeurs diverses données aux mots selon les émotions ? […] c’est joli ces deux mots tirés du provençal ? […] Puis, scandalisé, un Anglais, déambulant sur l’avenue, clame le mot de la fin.) […] Cela me sera difficile en quelques mots. […] sur le sens du mot Symbole.
Lainé plus énergique et moins fébrile, aussi pur, assistant, non sans une ombre de tristesse, à l’orgie parlementaire, à ce marché d’intrigues et de corruptions qui se démena durant tout le règne de Louis-Philippe, et sans y prendre d’autre part que de s’y pencher de temps en temps, et d’y plonger le regard pour le juger avec honnêteté et dégoût et pour le flétrir (comme il fit à un moment pour la coalition sous le ministère Molé), mais, je le répète, sans jamais en revendiquer profit pour lui ni en tirer prétexte à des combinaisons ambitieuses : je l’eusse voulu, en un mot, plus platonique et plus désintéressé, plus parfait qu’il n’est donné sans doute à la nature humaine de l’être. Cela dit, on voit de reste quelle dut être l’étendue de mon désillusionnement et de mon mécompte, — le mot est trop faible, — de mon deuil sur Lamartine, même dans ce qui parut à d’autres son plus beau triomphe. […] « En un mot, on sent que bien des choses ne se sont faites que parce que le peuple a vu au boulevard le chevalier de Maison-Rouge de Dumas, et a lu les Girondins de M. de Lamartine. » « — (Mars 1848.) […] Mais le correctif essentiel doit être aussitôt dans ce mot de Béranger : « Lamartine ne sait pas toutes les idées qu’il a. » « — J’aimais, j’adorais dans Lamartine le poëte, mais il y a longtemps que j’ai fui en lui l’ambitieux. […] je ne le souhaite pas, mais si jamais il y avait deux hommes à choisir dans la rue par acclamation pour faire un président de la République, vous courriez risque d’être un de ces deux hommes. » — « Oui, peut-être bien, me répondit-il, si l’on avait à en prendre dix. » — « Non, si c’était seulement deux, » lui dis-je. — Je lui rappelai ce mot-là, afin de donner plus de poids à ce que j’essayai de lui dire sur les circonstances présentes, et je crois pouvoir assez fidèlement résumer cette conversation brusque et rapide depuis le premier mot en ces termes : — « (Lamartine.)
disons le mot dans sa dureté prosaïque, c’est qu’il n’y a pas de débouché. […] Il est commode de jeter sur ces nobles folies le mot si équivoque de pédantisme ; il est plus facile encore de montrer que ces amants passionnés de la science n’avaient ni le bon goût ni la sévère méthode de notre siècle. […] La vraie science est celle qui n’appartient ni à l’école, ni au salon, mais qui correspond directement à un besoin de l’homme ; celle qui ne porte aucune trace d’institution ou de coutume factice ; celle, en un mot, qui rappelle de plus près les écoles de la Grèce antique, qui, en ceci comme en tout, nous a offert le modèle pur du vrai et du sincère. […] Ce scrupule a été poussé si loin qu’on a vu des critiques de l’esprit le plus distingué rendre à dessein leur expression incomplète, plutôt que d’employer le mot de l’école, alors qu’il était le mot propre. […] Croira-t-on que, dans des cérémonies analogues à nos distributions de prix, où les frais d’éloquence sont chez nous de rigueur, les Allemands se bornent à des lectures de dissertations grammaticales du genre le plus sévère et toutes hérissées de mots grecs et latins 63 ?
Tous ces sons, comme nous l’avons déja exposé, ont une force merveilleuse pour nous émouvoir, parce qu’ils sont les signes des passions, instituez par la nature dont ils ont reçû leur énergie, au lieu que les mots articulez ne sont que des signes arbitraires des passions. Les mots articulez ne tirent leur signification et leur valeur que de l’institution des hommes qui n’ont pû leur donner cours que dans un certain païs. […] Elles se contentent que ses chants soient variez, gracieux, et il leur suffit qu’ils expriment en passant quelques mots du récit. […] Cependant, l’expression d’un mot ne sçauroit toucher autant que l’expression d’un sentiment, à moins que le mot ne contint seul un sentiment. Si le musicien donne quelque chose à l’expression d’un mot qui n’est que la partie d’une phrase, il faut que ce soit sans perdre de vûë le sens general de la phrase qu’il met en chant.
… Toujours est-il qu’elle ne nous a donné sur le grand et douloureux poëte que des mots qui passent dans ses œuvres à elle, comme des éclairs. […] Rien de plus faible, et faible est bien le mot : il n’est que cela. […] … Lui qui n’était pas pédant comme Villemain ni tiré à quatre épingles comme un doctrinaire, lui qui s’est permis tant de jeux de mots dans son Don Juan, il dirait, ma foi ! […] Il est vrai que l’auteur d’Emmet a dit que, pour elle, le dernier mot de Byron, — le dernier mot possible, définitif et suprême, — était le mot de Villemain ; alors pourquoi le sien, à elle ? […] Toujours est-il que, quel qu’il soit, c’est le mot des idées communes… Ce problème curieux et si souvent posé, sans qu’on l’ait résolu, de la moralité de lord Byron, sortira de ce livre comme il y est entré, tout aussi problème que devant.
Renée resta Français, et Français de Paris, et nous eûmes une histoire pénétrante souvent, brillante parfois, mais vivante toujours, et toujours écrite ; car il est toujours ce que Sismondi n’est jamais, dans le sens aiguisé du mot : je veux dire un lettré et un écrivain. […] Cette histoire, d’une si triste conclusion pour qui aime le pouvoir, compromis ou trahi si souvent par ses propres titulaires, n’a point, sous la plume brillamment limpide de Renée, un seul mot de haine, de dureté ou de colère. […] Il ne sied guères qu’à ceux qui l’ont tué ou à ceux qui partagent leur opinion terrible de se donner, en parlant de lui, les airs d’une pitié généreuse et dédire le mot accablant qui sera le mot de l’Histoire : « Pauvre, pauvre roi ! […] Dans son journal, les chasses figurent comme les fastes de sa vie ; le jour où le roi n’avait pas chassé s’y trouve noté avec le mot : Rien. […] Comme, au vrai sens de la nature humaine, portraitistes et moralistes ne sont qu’un, s’il fallait par un seul mot caractériser le genre de talent d’Amédée Renée, je dirais qu’il tend à devenir — et qu’il en est bien près — le La Bruyère de l’Histoire.
C’est, comme peinture, de la grasse abondance de Lamartine, mais avec une langue scientifique, une langue technique que Lamartine, cet ignorant divin, ne connaissait pas, et dont son génie n’avait pas besoin… Il n’y aurait eu, en français, qu’un dictionnaire de quatre mots, il n’y aurait eu dans la langue, comme disent les grammairiens, qu’un nominatif, un verbe et un régime, que Lamartine aurait été tout Lamartine avec cela. Sa poésie ne tenait pas aux mots et ne tenait pas dans les mots. […] Lui, il a besoin des mots… Mais il s’en sert bien. […] Le mot scientifique ne lui fait pas peur, non plus qu’à Victor Hugo, ce grand poète de mots, qu’on peut appeler Victor le Hardi… Mais Gères n’est pas pour cela un poète de mots.
Zola : il n’y a que les mots de changés. […] Paléologue, et je dirai tout à l’heure quelques mots des dernières. […] Selon le mot de M. […] Je m’explique en quelques mots. […] Mais que dis-je, des mots ?
» Voilà une jolie parodie d’un mot de Corneille. […] (Ce dernier mot est de Salvandy.) […] Cousin est plein de ces mots qui sont justes à la volée. […] On ne sait plus la valeur des mots. […] on abuse de ce mot.
Que dites-vous de ce mot ? […] Il se plaît à heurter le mot trivial contre le mot noble. […] Cela n’est-il pas curieux, en effet, que le premier mot qu’il prononce nettement soit un mot réaliste, un gros mot, un mot gras — et ce mot lui rapporte immédiatement. […] Ce mot suffit comme le mot d’Iago : « Je n’aime pas cela ! […] Mot foudroyant.
C’est, je crois, Racine qui a commencé à rimer faiblement, en ce sens qu’il se sert souvent d’adjectifs au bout de deux vers, redoutables et épouvantables, qu’il y emploie des mots presque congénères : père, mère, chose que Malherbe eût évitée, qu’il n’a presque jamais la consonne d’appui. […] Si l’hiatus provenant de la rencontre de deux mots est désagréable, pourquoi celui provenant de la rencontre de deux voyelles dans le même mot le serait-il moins ? […] Mendès emploie-t-il des mots comme : Idéal, Héroïsme, Hyménéen, Antinoüs, Noël, Oréade, etc., entachés d’hiatus ? […] Paul Verlaine, Un mot sur la rime (le Décadent, 1er mars 1888).
Madame de la Sablière l’appelait un fablier, comme on dit un pommier ; et d’après ce mot, on a cru que La Fontaine trouvait ses fables au bout de sa plume. […] Treuvent… avecque… Ces mots-là, qu’on pardonnait autrefois, sont devenus barbares. […] Vieux mot qui veut dire la moisson, et dont on se sert encore en quelques provinces. […] Jusqu’à ce mot, on croirait que l’ours est mort, ou du moins pris et enchaîné. […] Ce mot de résoudre se prenait autrefois dans le sens que lui donne La Fontaine.
Le mot est heureux. […] Le mot de Wagner est profond. […] On devine la vilaine insinuation que contiennent ces mots. […] Le mot est joli plus qu’il n’est juste. […] Le mot devient souverain et ressort dans la phrase.
Le joli mot de M. […] J’ai un bien joli mot sur Jaurès presque enfant. […] Et le geste détermine le mot et le mot détermine l’idée. […] Il n’y a qu’un mot qui serve. […] Le mot a une singulière portée.
L’homme ajouté à la nature, le mot de Bacon ? […] Le mot du désespoir est Jamais, quand le mot de l’humanité est Toujours. […] Il songea au mot propre, idéal illusoire, mais utile. […] Mais les disciples ont pris les maîtres au mot. […] Naguère la Science avait biffé le mot : Mystère.
De sorte que la même comédie qui se jouait, à droite de la césure, avec le mot gauche, reprend symétriquement à gauche de la césure sur le mot socialiste. […] L’école pierre angulaire de la République, ce n’est pas un vain mot. […] Officiellement cet Évangile tient en ces trois mots : Liberté, Égalité, Fraternité. […] Retenons ce mot de l’impératrice Eugénie sur Clemenceau à M. […] Il n’emploie ce mot : laïque, qu’à une seule occasion : quand il s’agit de l’école.
Nul homme n’a soumis les mots à une pareille torture. […] Il franchit entre deux mots des distances énormes, et se trouve aux deux bouts du monde en un instant. […] Il n’en est pas un qui ne trouve assez de jeux de mots pour défrayer tout un théâtre. […] De retour à Corioles, un mot insultant d’Aufidius le rend furieux et le précipite sur les poignards. […] Il comprend environ 15000 mots, et celui de Milton 8000.
Songez donc qu’elle ne peut pas même prononcer un mot français. […] « Viéra, je vous en prie, un mot, un seul mot. […] pas tant de beaux mots ! […] Comme tu prononces ce mot tranquillement ! […] En un mot, c’était une intelligente gardienne.
Avons-nous à étudier, nous proposons-nous d’étudier La Fontaine ; au lieu de commencer par la première fable venue, nous commencerons par l’esprit gaulois ; le ciel ; le sol ; le climat ; les aliments ; la race ; la littérature primitive ; puis l’homme ; ses mœurs ; ses goûts ; sa dépendance ; son indépendance ; sa bonté ; ses enfances ; son génie ; puis l’écrivain ; ses tâtonnements classiques ; ses escapades gauloises ; son épopée ; sa morale ; puis l’écrivain, suite ; opposition en France de la culture et de la nature ; conciliation en La Fontaine de la culture et de la nature ; comment la faculté poétique sert d’intermédiaire ; tout cela pour faire la première partie, l’artiste ; pour faire la deuxième partie, les personnages, que nous ne confondons point avec la première, d’abord les hommes ; la société française au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; le roi ; la cour ; la noblesse ; le clergé ; la bourgeoisie ; l’artisan ; le paysan ; des caractères poétiques ; puis les bêtes ; le sentiment de la nature au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; du procédé poétique ; puis les dieux ; le sentiment religieux au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; de la faculté poétique ; enfin troisième partie, l’art, qui ne se confond ni avec les deux premières ensemble, ni avec chacune des deux premières séparément ; l’action ; les détails ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope et Phèdre ; le système ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope, Rabelais, Pilpay, Cassandre ; l’expression ; du style pittoresque ; les mots propres ; les mots familiers ; les mots risqués ; les mots négligés ; le mètre cassé ; le mètre varié ; le mètre imitatif ; du style lié ; l’unité logique ; l’unité grammaticale ; l’unité musicale ; enfin théorie de la fable poétique ; nature de la poésie ; opposition de la fable philosophique à la fable poétique ; opposition de la fable primitive à la fable poétique ; c’est tout ; je me demande avec effroi où résidera dans tout cela la fable elle-même ; où se cachera, dans tout ce magnifique palais géométrique, la petite fable, où je la trouverai, la fable de La Fontaine ; elle n’y trouvera point asile, car l’auteur, dans tout cet appareil, n’y reconnaîtrait pas ses enfants. […] Tel innommé a été peut-être plus grand qu’Alexandre ; tel cœur de femme qui n’a dit mot de sa vie a mieux senti que le poëte le plus harmonieux. — Je parle de la vie par influence, ou, selon l’expression des mystiques, de la vie en Dieu. […] Un tel mot n’a plus de sens quand on veut l’appliquer au tout, à l’univers, à Dieu. […] Le cerveau se décomposant, nulle conscience dans le sens ordinaire du mot ne peut persister. […] “C’est bien à peu près ainsi que parlent les prêtres ; mais les mots sont différents.”
Il a un peu ri seulement au mot de la mère à sa fille : « C’est à moi, ça ! […] Il se passera en effet encore bien du temps avant que le mot vrai ne tue le canaille du mot noble. […] Cérémonie c’est bien le mot. […] Et les voilà à se pâmer sur les mots. […] Oui, ôtez le sang de la Révolution et le mot : « C’est trop bête !
Le mot à mot hardi, mais pénétrant, mais qui nous donne le sens profond, incompatible et péremptoire, qui fait enfin d’une traduction autant que possible la chose indigène, le mot à mot y est-il maintenu avec le despotisme d’une vérité ? N’y est-il pas sacrifié souvent au tour et à la périphrase, ce brut mot à mot qui n’en va pas chercher si long et qui nous en dit tout de suite bien plus ? […] Mais le jeune homme en François Hugo pouvait-il résister à nous dire aussi, comme tout le monde, son petit mot dans cette pluie de mots qu’on nous crache de partout sur Shakespeare ? Seulement ce petit mot devait être plus neuf pour pouvoir être remarqué. […] Le mot est vif.
. — L’enfant reçoit les mots, mais crée leur sens. […] C’est ainsi que l’enfant fait avec les mots transmis des mots significatifs. […] Lieber, montra dans sa première enfance une tendance particulière à former de nouveaux mots. […] « Mais bientôt l’esprit, grandissant, commença à généraliser, et nim en vint à signifier toute chose mangeable ; il y ajoutait, selon l’occasion, tantôt le mot bon, tantôt le mot mauvais, qu’il avait appris en même temps, et disait ainsi : nim bon et nim mauvais. […] Ce même petit garçon ayant appris les mots bon garçon les mettait toujours ensemble.
Le mythe est le germe commun de la religion, de la poésie et du langage : si tout mot est au fond une image, toute phrase est au fond un mythe complet, c’est-à-dire l’histoire fictive des mots mis en action. […] Mais il y a des mots qui ne sont plus aujourd’hui que des fragments d’images et de sentiments, des débris morts, de la poussière de mythe, presque des signes algébriques ; il y a, au contraire, des mots qui sont des images complètes ; il y a des phrases et des vers qui offrent l’harmonie et la coordination d’une scène vivante s’accomplissant sous nos yeux. […] Le mot, le terme, type venu on ne sait d’où, a la force de l’invisible, l’aspect de l’inconnu : De quelque mot profond tout homme est le disciple ; Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux, les mots sont les « passants mystérieux de l’âme ». […] c’est que le mot s’appelle Légion ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Car le mot, c’est le verbe, et le verbe, c’est Dieu237.
Ainsi s’explique que le comique soit si souvent relatif aux mœurs, aux idées — tranchons le mot, aux préjugés d’une société. […] Les mots profondément comiques sont les mots naïfs où un vice se montre à nu : comment se découvrirait-il ainsi, s’il était capable de se voir et de se juger lui-même ? […] Car les mots (à l’exception des noms propres) désignent des genres. Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal, s’insinue entre elle et nous, et en masquerait la forme à nos yeux si cette forme ne se dissimulait déjà derrière les besoins qui ont créé le mot lui-même. […] Ces jeux d’esprit évoluent d’ailleurs vers le jeu de mots à mesure que les relations établies entre les idées deviennent plus superficielles : peu à peu nous arrivons à ne plus tenir compte du sens des mots entendus, mais seulement du son.
Il n’eut, dès les premiers mots, à faire d’autre profession de foi qu’une profession scientifique. […] J’accepte le mot et la chose. […] Le mot est dans la circulation, et je m’en sers. […] Ce mot, dit le Moniteur a provoqué des rires d’approbation sur plusieurs bancs. […] L’immoralité et la jeunesse sont deux mots qui se repoussent.
Les esprits innocents, qui ne voient que les mots, trouveront ce livre aussi innocent qu’eux. […] pour qui voit à travers les mots leur lumière, jamais il ne fut livre où l’idée catholique ait été plus réellement visée et atteinte. […] Vous nous dites là un mot de préface ! Si c’est là un mot vrai, — ce dont je doute, — vous avez donc mis votre imagination à n’avoir pas d’imagination ? […] Et j’écris ce mot sans mépris.
Or ce mot-là, j’imagine, ne devait pas encore se trouver dans le vocabulaire et dans l’Anthologie de Méléagre. […] » Ce chiffre trois n’est pas son dernier mot, et bientôt il l’outre-passe. […] Chaque mot de cette petite pièce a son intention caractéristique. […] Mais, sitôt que vous le verrez entr’ouvrir la porte, distillez sur sa tête ma fraîche rosée, afin que sa blonde chevelure s’abreuve en plein de mes larmes. » — Mot à mot : boive mieux mes larmes. […] Mot à mot, qui es au régime des fleurs.
Cette fois le mot dieu est à sa place. […] Voilà un mot que ne dit pas Jupiter » ; — et où Géronte c’est l’Océan. « Sembler fou, dit l’Océan à Prométhée, c’est le secret du sage. » Mot profond comme la mer. […] Nous venons de prononcer ce mot : mage. […] Si vous tenez à lire le mot que nous hésitons à écrire, adressez-vous à Racine. […] Le mot pour rire sort de l’abîme.
Ce mot précieux est de Diodore de Sicile. […] Les feudistes ne trouvent point d’expressions latines plus convenables pour traduire ces derniers mots que clientes et clientelæ. […] Ces trois axiomes nous donnent le principe d’un autre système d’étymologie pour les mots dont l’origine est certainement étrangère, système différent de celui dans lequel nous trouvons l’origine des mots indigènes. […] Ainsi Naples fut d’abord appelée Sirène, d’un mot syriaque, ce qui prouve que les Syriens, ou Phéniciens, y avaient d’abord fondé un comptoir. […] Ce mot est pris dans le sens anglais, to press.
Ce ne sont que grands mots, de fureur divine, de transports de l’ame, de mouvemens, de lumiéres, qui mis bout à bout dans des phrases pompeuses, ne produisent pourtant aucune idée distincte. […] Les pointes et les jeux de mots qui avoient été inventés pour suppléer au défaut du vrai, ont cessé de plaire, dès qu’il a reparu. […] Le poëte y doit compter sur toute l’attention du lecteur ; et tâcher toujours d’exercer son esprit par un grand sens, que la superfluité des mots ne fasse pas languir. […] Ainsi il ne me reste qu’à dire un mot de l’ode françoise, et des auteurs qui ont acquis le plus de réputation dans ce genre. […] En un mot ce n’est point un préjugé légitime que je condamne, c’est un joug que je secouë ; et j’ai cru que cette expression devoit lever seule tous les scrupules.
» Il y aurait tout un livre à écrire sur l’évolution de ce mot et de son contenu. […] Mais déjà, — la comédie de Molière le prouverait encore, — on commençait à se faire de la « Science » une idée plus précise à la fois et plus large, et le sens du mot se déterminait. […] Et on a conclu de là qu’en tout cas, et bien loin d’être la condition ou la source même de toute réalité, son Inconnaissable n’était qu’une pure abstraction, une chimère, un mot vide. […] Mais Descartes joue ici sur les mots ! […] Or, l’humanité n’est pas l’inconnaissable, et le mot de religion perd le meilleur de son sens si nous nous proposons à nous-mêmes comme l’objet de notre adoration.
Le temps les a mutilées par les deux bouts, de manière à en faire de sombres énigmes : on n’en a ni le premier ni le dernier mot. […] Un prophète, dans la Bible, mange un livre que lui tend un ange, et l’esprit de ce livre l’emplit aussitôt ; il le sait et il le répète comme s’il l’avait appris mot par mot. […] Jamais Eschyle n’a dressé de mots plus superbes, ni forgé d’onomatopées plus sonores. […] C’est en femelles ou plutôt en bêtes, — le mot y est, — qu’il traite les Thébaines. […] En quelques mots, sa grande âme se lève de toute sa hauteur.
Il a laissé un nom et bien des mots qu’on répète. […] Il a eu de ces mots terribles de misanthropie. […] Il excellait à résumer une situation, un conseil, une impression générale, dans un mot. Durant la Révolution, il battait monnaie de bons mots. […] Le mot est de Mme Roland dans son portrait de Chamfort.
En un mot, j’ai pénétré dans le secret de Sieyès, et c’est pourquoi j’ose en venir parler. […] Sieyès ne voyait donc souvent, dans les généralités majestueuses de Buffon, qu’une fausse unité, dont le défaut se déguisait sous l’ampleur des mots. […] » Le mot d’ailleurs est beau, et digne d’avoir été prononcé. […] » Sous la Terreur, il prononce le seul mot du sage : J’ai vécu ! […] Ce sont là ces mots décisifs qui nomment et, si j’ose dire, qui baptisent chaque situation.
Mais une certaine indigence de mots et d’images se découvre à des prosaïsmes, à des expressions trop approximatives, qui étonnent et détonnent ; ou bien, à maintes places, un adjectif, un nom, un verbe qui ne sont plus de la langue chantée, ou qui ramènent trop près de nous. […] Ou bien elle glissait, espaçant ses vers pour donner naissance à maintes strophes qui s’y enroulaient, ou bien quelques mots de vieille cantilène, au début de chaque pièce, bien que développés avec des richesses plus modernes et conduits loin de leur sens premier, ajoutaient au poème leur vert parfum agreste. […] Le titre d’un fragment exquis de ses « poèmes anciens » paraît avoir été choisi par un devin subtil pour signifier à jamais les paroles qu’il devait dire ensuite : motifs de légende et de mélancolie… et voilà l’œuvre entière du poète appelée par ces mots. […] Et pourtant il est, lui aussi, le conteur de soi-même ; mais sur un mode tranquille et froid, à l’aide d’emblématiques personnages comme le Silence, la Nuit, la Tristesse, avec des mots vagues et voilés, qui gardent un doigt sur les lèvres ; le plus constamment usité d’entre eux est le mot taciturne. […] Mais outre ce style entièrement subjectif il en existe un autre, celui que l’on désigne ordinairement par ce mot.
Un jour à la Chambre, dans un groupe où il était, il avait dit un mot contre la popularité. […] Si on parlait devant lui (je suppose) de quelqu’un qui avait de l’esprit sans doute, mais encore plus de prétention et d’affiche, beaucoup de faste et d’ébouriffure, si on risquait à son sujet le mot de sot, de sottise : « Ce n’est pas un sot, répliquait M. […] Pasquier, en un mot, entre les deux grandes voix, les deux gloires de tribune dont j’ai parlé précédemment, et dans l’intervalle, était lui-même un orateur. — Mais j’ai déjà outrepassé toutes mes limites, et il est plus que temps de clore. […] Le mot en question a été dit. par M. Royer-Collard à propos de M. de Salvandy ; et j’ajouterai que le mot est injuste.
… A moi, comte, deux mots ! […] … le mot chevaleresque, sans la chose toute physique qui est en action dans l’espagnol, mais qui sent terriblement la rudesse du Moyen-Age. […] A moi, comte, deux mots ! […] Enfin, on arrive au mot décisif, qui lui est arraché, et qu’elle brûlait de proférer : Va, je ne te hais point ! […] Corneille a la pensée, le premier sentiment sublime, le motif et le mot, mais des chutes.
S’il regrette le temps que l’on perd dans les années de l’enfance et de la jeunesse à apprendre des mots, il est loin (tant s’en faut !) […] Les choses viennent premièrement, fait-il remarquer, puis les mots suivent pour les exprimer : c’est là la marche naturelle. Donc à de nouvelles choses, conclut-il, il est nécessaire d’imposer de nouveaux mots. Les ouvriers, artisans, et jusqu’aux laboureurs, ont des mots de métier, naïfs et pittoresques : de temps en temps il doit être permis au poète d’introduire de ces mots, de ces locutions non vulgaires dans la langue générale. Les Grecs et les Romains ont toujours concédé aux doctes hommes « d’user de mots non accoutumés aux choses non accoutumées ».
Pour ne pas s’effrayer du mot, pour mieux combattre la chose, il s’agit d’abord de ne se rien exagérer. […] L’état actuel de la presse quotidienne, en ce qui concerne la littérature, est, pour trancher le mot, désastreux. […] Il y a des auteurs qui n’écrivent plus leurs romans de feuilletons qu’en dialogue, parce qu’à chaque phrase, et quelquefois à chaque mot, il y a du blanc, et que l’on gagne une ligne. […] Régulariser en un mot ce genre de contrefaçon à l’intérieur, voilà un résultat. […] Il y a peut-être, à l’heure qu’il est, des personnes qui se croient les représentants uniques et jurés de la littérature française, prêts à vous demander compte des bons ou méchants mots, et à vous citer par-devant eux pour la plus grande dignité de l’Ordre.
Chez Marivaux, à qui on l’a comparé, le mot courant est, je crois, beaucoup plus perlé et plus constamment neuf. […] La donnée de la pièce est toute voltairienne, comme le répétait derrière moi un voisin chez qui ce mot n’était pas sans injure. […] On a relevé un mot hardi et très-bien placé : Au prix coûtant, comme emprunté d’ailleurs. Cet autre mot : Je n’en suis encore qu’à l’admiration, est un emprunt également. […] Scribe pique de ces mots-là tout faits dans son dialogue, comme on ferait une épingle à brillant.
Quand je dis que la critique issue en droite ligne de la philosophie du xviiie siècle se prenait surtout aux mots, je sais bien que parmi ces mots on faisait sonner très-haut ceux de philosophie et de raison ; mais, sous ce couvert imposant et creux, on était trop souvent puriste et servile. […] Le concert des deux auteurs, en un mot, avait été si parfait, que rien n’avertissait qu’il y en eût un et que toute idée d’auteur disparaissait. […] En un mot, le talent supérieur qu’on a vu éclater depuis sur un autre théâtre faisait dès lors ses réserves en quelque sorte : l’orateur parlementaire se marquait dans l’historien. […] En un mot, s’il m’est permis de reprendre une image déjà employée, une fois entré en lice avec le roman historique, et le tournoi ouvert aux yeux des juges, il fallait tenir la gageure et ne pas recourir aux armes défendues. […] « Ce qu’il a appris le matin, il semble le savoir de toute éternité. » Le mot a été dit en effet.
Il y a deux sens au mot décadent, et le premier seul me semble plausible. […] Ce style de décadence est le dernier mot du Verbe, sommé de tout exprimer et poussé à l’extrême outrance. […] Il semble que ce mot d’École soit en contradiction avec ce goût d’individualisme que j’ai relevé aussi chez nos poètes. […] Le hiatus rapprocha les uns des autres des mots sans rapport entre eux depuis longtemps. […] Or, le reproche général que l’on fait au symbolisme et qui les résume tous en un mot : c’est d’avoir négligé la Vie.
En un mot, il n’avait ni les formes ni le langage de la société dans laquelle il se trouvait ; et quoique, par sa naissance, il allât de pair avec ceux qui le recevaient, on voyait néanmoins tout de suite à ses manières qu’il manquait de l’aisance que donne l’habitude du grand monde. […] Le vaisseau de l’État est battu par la plus violente tempête, et il n’y a personne à la barre. » Ce mot : il n’y a personne à la barre, exprimait déjà la pensée de Mirabeau. […] Le comte de La Marck, qui était en Belgique depuis quelques mois, fut rappelé à Paris vers le 15 mars 1790 par un mot du comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d’Autriche et ami de la reine. […] Et dessinant la situation en traits de feu, il ne craint pas de prononcer le mot d’échafaud et de montrer la chose fatale dans le lointain. […] Le dernier billet de Mirabeau au comte de La Marck, daté du 24 mars 1791, c’est-à-dire de neuf jours avant sa mort, se termine par ces mots : « Ô légère et trois fois légère nation !
Shakespeare a la tragédie, la comédie, la féerie, l’hymne, la farce, le vaste rire divin, la terreur de l’horreur, et, pour tout dire en un mot, le drame. […] Un autre, plus professeur encore, disait ce mot, resté célèbre à l’École normale : Je rejette Juvénal au fumier romantique. […] À chaque mot, l’image ; à chaque mot, le contraste ; à chaque mot, le jour et la nuit. […] Expliquons-nous sur ce mot : simple. […] Chaque chose mise à sa place et dite avec son mot.
est-ce l’expression, l’expression, composée de tant de choses, le rythme, le verbe, le mot qui force la mémoire à vibrer et à se souvenir ? […] Or, nous l’avons dite d’un seul mot, elle est surtout dans un sérieux dont on connaît l’accent, l’inoubliable accent, retrouvé sous cette masse (peut-on dire masse de choses si légères ?) […] L’expression a répondu et a dit son dernier mot. […] Le poète des Colifichets, ce poète du mot, qui le hacherait volontiers pour en avoir moins et qui du dernier atome de ce mot haché tirerait je ne sais quel incroyable parti encore, ce poète du mot a une haleine, et cette haleine est le plus impétueux, le plus continu, le plus long et, quand il le veut, le plus majestueusement rassis des souffles. […] C’est la langue même, ce sont les vers et jusqu’aux mots dont les vers sont faits !
Ses écrits ont du sens, de la fermeté, de la finesse, mais il gardait toute sa chaleur et son intérêt pour la conversation ; il y était lui tout entier, il y avait son style, et bien des mots nous en sont restés. […] Voilà l’image de la saillie et du trait chez Duclos : un mot familier, commun s’il se peut, appliqué avec nerf et imprévu, un ressort brusque qui vous part au visage. […] Duclos ne tarda pas à faire sensation dans cette société… Le comte de Forcalquier nous est connu par un portrait qu’a fait de lui Mme Du Deffand ; elle l’y montre comme trop dominé par le désir de briller : Sa conversation n’est que traits, épigrammes et bons mots. […] Les bons chapitres de Duclos n’ont que l’inconvénient d’être d’une observation morale trop suivie, trop continue, sans rien qui y jette du jour et de la lumière ; ils sont semés de jolis mots qui gagneraient à être détachés, et qui sont faits pour circuler comme des proverbes de gens d’esprit : L’orgueil est le premier des tyrans ou des consolateurs. […] [NdA] Duclos disait de je ne sais quel artiste de son temps : « Il est bête comme un génie. » C’est bien là un mot d’homme d’esprit.
On aura remarqué dans ces lettres de Ducis de beaux mots et une large touche ; il n’en est aucune des siennes qui n’offre ce caractère : et j’ai souvent pensé que si, par bonheur pour lui, et dans quelque naufrage pareil à celui de l’Antiquité, toutes ses tragédies étaient perdues et que s’il ne restait que ses lettres, on aurait d’éternels regrets ; on croirait avoir affaire en lui à un génie complet dont il faudrait déplorer les chefs-d’œuvre. […] Autrefois, quand on prenait un livre ancien ou nouveau, on voulait être ému, touché, intéressé ; maintenant on veut être empoigné, c’est le mot. […] Après cela, pensez à votre santé ; comprenez bien ce mot de santé. […] Cela est horrible : « tout le bonheur dont l’homme est susceptible n’est que dans la consolation. » Ailleurs il dira d’un mot plus court et définitif : « Notre bonheur n’est qu’un « malheur plus ou moins consolé. » Avant d’aller mourir dans le Midi, Thomas est installé à Auteuil. […] Le cœur jouit, la tête se repose ; on ne définit plus, on goûte. » Ce mot nous rappelle involontairement celui de La Bruyère sur l’amitié : « Être avec les gens qu’on aime, cela suffit : rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal. » L’un et l’autre mot sont aussi beaux que du La Fontaine.
Mais il a sur Malherbe, comme sur Boileau, l’avantage d’écrire dans une langue très-riche en monosyllabes ; à la manière dont il use de ces mots si courts, il se montre encore très anglais de style, et je crois pouvoir dire, sans m’aventurer, que son vocabulaire, quoique plus composé de mots abstraits que chez d’autres poètes, est du meilleur et du plus pur fonds indigène. […] — Picard, l’aimable auteur comique, à l’article de la mort, visité à Tivoli où il était par un spirituel docteur de ses amis, et celui-ci lui disant pour lui faire illusion : « Allons, vous vous en tirerez ; nous mangerons encore ensemble des côtelettes d’agneau aux pointes d’asperges », Picard répondit ces deux mots à peine articulés : « Deux primeurs ! […] S’il était l’homme des nobles intimités, il n’avait rien du personnage public ; il a dit quelque part en s’appliquant un mot de Sénèque sur les hommes d’une extrême timidité : « Tam umbratiles sunt, ut putent in turbido esse quidquid in luce est. […] Appelé un jour comme témoin dans un célèbre procès, il ne put prononcer les dix mots qu’il avait à dire sans se reprendre deux ou trois fois. […] On y trouvera sur la traduction de Pope le dernier mot du goût.
Dès qu’il le connaîtra mieux, le mot de génie va se mêler à tout moment et revenir sous sa plume à côté du nom de Vauvenargues, et c’est le seul terme en effet qui rende avec vérité l’idée qu’imprime ce talent simple, élevé, original, né de lui-même, et si peu atteint des influences d’alentour. […] Il y rend au mot vertu son sens magnifique et social : Le mot de vertu emporte l’idée de quelque chose d’estimable à l’égard de toute la terre… La préférence de l’intérêt général au personnel est la seule définition qui soit digne de la vertu, et qui doive en fixer l’idée. […] Il arrête Pascal au début, dès les premiers mots, et c’est là qu’il faut effectivement l’arrêter, si l’on ne veut pas lui laisser le temps de faire en quelque sorte son nœud, dans lequel il vous tient ensuite et il vous serre. […] Il sait, il sent, pour les avoir éprouvées, les misères de l’homme, et il échappe plus d’une fois à sa noble lèvre des mots trempés d’amertume. […] Les images chez lui sont rares et sobres ; on a souvent cité ces mots charmants : Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire.
Elles y apparaissent vivaces, inextinguibles, y perçant tout, à bien des places, de l’obstiné rayon que tant de charretées de mots et de textes, versés par-dessus, n’ont pu étouffer. […] On ne regarde pas trente ans impunément sous des mots pour voir ce qu’ils cachent, fût-on l’esprit le plus robuste, le plus capable d’entrer dans le courant de la grande observation humaine et de produire des livres vivants. […] Le lynx des mots est devenu le lynx des hommes ; car l’histoire de la comédie, c’est l’histoire de tous les peuples, concentrée dans le cadre de leurs théâtres, et l’inventaire des différentes civilisations. […] … Plusieurs en ont dit quelques mots. […] Quoique l’auteur de l’Histoire de la Comédie soit de la plus étonnante impersonnalité, quoique dans ces deux volumes il n’ait pas (si je ne me trompe) écrit le mot moi, même par distraction, une seule fois, il n’en est pas moins un peintre spirituel, ingénieux, cherché, efforcé, très intense.
Et à ce premier mot Chanteclair, un peu rassuré, se met à chanter de joie. […] Lancez-lui donc un de vos bons mots, et, quand il criera : Renart remporte, dites-lui en vous retournant : Oui, et malgré vous ! » Il n’est si sage qui n’ait son moment de folie, qui ne foloie (foloier, quel joli mot !) […] Mais à peine a-t-il laissé échapper ce mot que Beaumanoir a paru. […] Le mot est piquant, un peu humiliant pour la nation (il faut en convenir), et singulièrement honorable pour le bonhomme.
, saint Cosme avec royaume, traits avec le mot près. […] Peu à peu, on perdit cette habitude dans les finales des vers et des mots. Mais, comme on avait exigé leur identité dans les deux mots rimants lorsqu’elles se prononçaient, on continua de les exiger lors même qu’elles ne se prononçaient plus. […] Marot, Le Maire), ce qui était parfaitement logique, puisque ces mots se prononçaient drass et sass, aspiss et piss. […] Ronsard n’en dit pas un mot dans son Art Poétique.
En un mot, c’est un amant, c’est un poète que Parny, ce n’est pas un enchanteur : il n’a pas la magie du pinceau. […] Patin qui les avait cités dans un article du Dictionnaire au mot Abusé, et il les lisait devant une partie de la compagnie, à ce moment peu attentive. — « Que c’est mauvais ! […] Léger sommeil d’un cœur tranquillisé… Ce mot expressif et neuf ainsi placé, tranquillisé, choquait surtout ces habiles prosateurs et leur semblait prosaïque. […] Le mot est juste. […] … » ne sauraient se rapprocher davantage de la pièce de Paruy : c’est une fantaisie riche, éclatante, éblouissante, enivrée, étourdissante ; je ne sais où trouver assez de mots pour la caractériser.
Quelques mots sur l’explication de textes Un des esprits les plus distingués des États-Unis demandait récemment « quel était le tortionnaire qui avait inventé l’explication de textes ». […] Nous rechercherons ensuite l’origine et les inventeurs de cette pratique, damnable ou recommandable ; quelques mots suffiront pour contenter ou orienter les curiosités sur ce second problème, après tout secondaire. […] Quand ce travail de mot à mot, pour ainsi dire, est achevé, alors il s’agit de passer du sens littéral au sens littéraire. […] En deux mots, l’explication de textes de nos classes est à la lecture du cabinet exactement ce que, pour le piano, étudier est à déchiffrer. […] Alors on a commencé à y regarder de près, à les éplucher mot par mot, syllabe par syllabe, à en discuter les défauts, à en faire valoir les beautés.
En prononçant ce mot d’un goût si juste et si pur : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre ! […] Mot d’un spiritualisme accompli et d’une justesse merveilleuse, qui a fondé la séparation du spirituel et du temporel, et a posé la base du vrai libéralisme et de la vraie civilisation ! […] Un jour, sa mauvaise humeur contre le temple lui arracha un mot imprudent : « Ce temple bâti de main d’homme, dit-il, je pourrais, si je voulais, le détruire, et en trois jours j’en rebâtirais un autre non construit de main d’homme 993. » On ne sait pas bien quel sens Jésus attachait à ce mot, où ses disciples cherchèrent des allégories forcées. Mais comme on ne voulait qu’un prétexte, le mot fut vivement relevé. […] La forme la plus authentique de ce mot paraît être dans Marc, XIV, 38 ; XV, 29.
Et ce n’est pas une chose indifférente qu’une langue bien faite ; pour ne pas sortir de la physique, l’homme inconnu qui a inventé le mot chaleur a voué bien des générations à l’erreur. […] En un mot, pour tirer la loi de l’expérience, il faut généraliser ; c’est une nécessité qui s’impose à l’observateur le plus circonspect. […] Mais que ce mot est vague ! […] Maxwell en un mot n’était peut-être pas un habile analyste, mais cette habileté n’aurait été pour lui qu’un bagage inutile et gênant. […] Il est vrai que les raisonnements de ce genre ne sont pas rigoureux, au sens que l’analyste attache à ce mot.
La psychologie d’un tel homme eût été bonne à étudier et à connaître dans le détail des circonstances suprêmes où, selon nous, il naufragea et se perdit… S’il fut un apostat, — car nous ne pouvons changer, parce que sa cendre est chaude encore, ni la nature des choses ni le sens des mots, — nous voulons cependant bien convenir qu’il ne fut pas, du moins, un apostat vulgaire, et que ses motifs pour le devenir n’étaient pas ceux qu’on lui a prêtés. […] il n’en restera pas moins l’apostat, et, quels que soient les motifs connus ou inconnus de l’apostasie, on n’effacera pas de l’histoire de Lamennais ce mot effroyable, entré de force dans son nom, ce simple mot qui ennuie beaucoup M. […] C’est elle qui lui fit écrire ce mot d’avenir à la tête de son journal, le plus grand acte de sa vie, et ce fut elle encore qui le fit croire à l’avenir de l’humanité, avec l’obstination d’un utopiste de Bretagne. […] Lamennais, le dialecticien Lamennais, sérieux de la gravité du prêtre d’abord, et ensuite du philosophe, est, sans contredit, puissant, éloquent, incisif dans ses œuvres ; mais dans le sens français et unique du mot, il faut bien le dire, il n’avait pas prouvé qu’il fût spirituel. […] On ferait un piquant recueil des traits et des mots qui fourmillent dans ces lettres de Lamennais.
Malgré l’importance et la difficulté du travail de M. l’abbé Bouix, quelle est la plume, se croyant grave parmi toutes celles qui se croient amusantes, qui ait eu seulement le courage d’en toucher deux mots ? […] Raillerie à part, d’ailleurs, Sainte Térèse, qui n’est guère connue en France que pour deux ou trois mots sublimes, exprime l’amour avec une telle flamme qu’elle a vaincu, avec ces deux ou trois mots, l’ironie du peuple le moins romanesque de la terre, et elle a eu pour lui le charme du romanesque ! […] Certainement il y a de l’infini dans toute âme, mais il y est, et même dans les plus grandes, à l’état latent, mystérieux, sommeillant, comme l’Esprit sommeillait sur les Eaux, tandis que dans l’âme de Térèse l’infini déchire son mystère, se fait visible et passe dans le langage où la pensée déborde les mots. […] Avouant les avoir retrouvés dans l’entre-deux de ses vertus, longtemps encore après qu’elle se crut avancée dans les voies chrétiennes, elle fut peut-être, qu’on me passe le mot, quelque chose comme une Célimène en herbe ; ce n’est pas assez dire ! […] Seulement, avant de terminer, nous voulons dire un mot d’un livre plus facile à comprendre pour les esprits positifs du siècle (positifs !
Poitou n’en dit pas un mot. […] Balzac, on se le rappelle, dit autrefois un mot sur M. […] Mais il n’a pas voulu que le mot fût oublié ; et, pour notre compte, nous disons tant mieux ! […] Nous n’en dirons qu’un mot, mais il suffira. […] Ce mot, le voici : Vous n’êtes pas le directeur de la Revue, vous n’en êtes que le portier.
J’ai souvent entendu dire de Hogarth : « C’est l’enterrement du comique. » Je le veux bien ; le mot peut être pris pour spirituel, mais je désire qu’il soit entendu comme éloge ; je tire de cette formule malveillante le symptôme, le diagnostic d’un mérite tout particulier. […] J’affirmais tout à l’heure que le bon mot d’atelier devait être pris comme un éloge. […] Je veux seulement ajouter quelques mots sur l’élément très-rare que Goya a introduit dans le comique : je veux parler du fantastique. […] Je voudrais que l’on créât un néologisme, que l’on fabriquât un mot destiné à flétrir ce genre de poncif, le poncif dans l’allure et la conduite, qui s’introduit dans la vie des artistes comme dans leurs œuvres. […] Au mot grâce spéciale substituez, si vous voulez, le mot folie, ou hallucination ; mais le mystère restera presque aussi noir.
La Chambre des pairs est traitée comme un charnier, comme un cimetière : le mot y est. […] Duchâtel, Barthe, Salvandy, tous y passent avec des mots plus ou moins infamants. […] Elle dit le mot charmant, une tête charmante… jeune, charmant, etc., de manière, il paraît, à faire frémir l’auditoire de tendresse. […] Cette lettre, sans un mot de français, vient bien après les billets de Louis XIV. […] Car, notez-le, d’un côté tout le mal, les mots de brutes, de cadavres, à chaque pas ; et de l’autre des ineffables extases, des félicités intarissables.
Aussi jamais ne rirez-vous à un mot spirituel. […] Voilà bien le rire de l’enfant devant un mot inconnu, cas signalé par M. […] Mettons qu’il se trompe, qu’il force le sens du mot ; reste qu’il fallait bien que le mot eût une grande partie de ce sens pour que Delille l’employât de la sorte. […] En un mot, cette fois, ce sera bien en un mot, l’humour c’est la sagesse. […] Nous en avons fait autant, à certaines époques, pour le mot sensibilité et aussi pour le mot esprit.
et pourquoi ne pas dire après cela le seul mot qui serve ? […] En effet, — si ce n’étaient pas les mêmes mots, c’étaient bien, en somme, les mêmes choses. […] C’est que, comme plus haut les différents sens du mot de naturalisme, les sens différents du mot d’idéalisme se rejoignent et se concilient à leur tour. […] Mallarmé demeure aujourd’hui le meilleur modèle de ce que peut produire la musique des mots. […] — Qui est-ce qui, en mots logiques, peut exprimer l’effet que la musique fait sur nous ?
Tacite, Machiavel et Montesquieu ont formé une école dangereuse, en introduisant ces mots ambitieux, ces phrases sèches, ces tours prompts qui, sous une apparence de brièveté, touchent à l’obscur et au mauvais goût. […] Les pensées des Tite-Live et des Bossuet sont abondantes et enchaînées les unes aux autres ; chaque mot, chez eux, naît du mot qui l’a précédé, et devient le germe du mot qui va le suivre.
La désuétude des mots est toujours un symptôme significatif ; or, le mot d’adolescent avec tout son cortège d’adjectifs naïfs, candides et ingénus, a disparu de notre vocabulaire. […] Croit-on, en un mot, que les Girondins n’ont pas laissé des fils ? […] Un dernier mot : M. […] et il bâtira sur des jeux de mots des systèmes théologiques. […] S’organiser voilà notre grand mot !
Comme les grands mots et les grandes phrases remplacent chez vous le gros bon sens ! […] Il démasque les mots alignés qui prennent le costume d’une théorie, en demandant si on peut produire une œuvre nette en se dirigeant d’après ces mots. […] Et, pour montrer combien ce diable de mot, lui tape sur les nerfs, M. […] Ils ont rendu haïssable ce mot chanter. […] Il n’avait pas de sensibilité et la remplaçait par des torrents de mots.
Mais ce n’est pas là paradoxe dans le vrai sens du mot. […] Voilà bien des mots pour dire que Rabelais est naturel. C’est le mot qui suffisait et qui dit tout. […] Ces mots ne sont pas justes. […] Pour le créer il fallait d’abord des mots nouveaux.
En un mot, dans toutes ces thèses, M. […] Le mot Dieu peut avoir deux sens, un sens relatif et un sens absolu. […] Tout dépend de la définition du mot science. […] Est-ce un défaut d’audace et de conséquence qui recule devant le mot, tout en admettant la chose ? […] Pourquoi vouloir, sur toutes choses et à propos de tout, dire le dernier mot ?
Krantz, dans l’ordre nouveau des idées et le nouvel arrangement des mots ? […] Nous n’avons plus qu’un dernier mot à dire. […] Quelques mots de M. […] Deux mots ici suffiront : une rare ignorance et un grand contentement de soi. […] Tant il y a quelquefois de choses dans un seul mot, si ce mot est mis en sa place, et par le choix d’un grand écrivain !
On s’entretient de Constans, qui a, au dire d’Hanotaux, le mot spirituel et qui aurait dit, quelques jours après sa chute : « Tout de même, ils m’ont débarqué ! […] s’écrie-t-il, à un moment, un mot admirable du fils Meissonier, enfant. […] Salles, me citait un mot bien caractéristique du contremaître, lui rendant visite à Paris, et lui disant sur un ton intraduisible de dégoût : « Oh, ça sent le bois chez vous ! […] Lundi 5 décembre J’entre dans le cabinet de Koning, au moment où, à propos du mot de la fin de Charles Demailly, du mot « un ivrogne », Koning s’écrie : « Avec ce mot, vous vous privez de cinquante représentations… ce mot, voyez-vous, c’est le « Ça c’est ma femme ! […] Et il se roule devant le manque d’esprit de mon frère, dont il appelle les jolis mots, des niaiseries.
Mais l’on prononcerait à tort le mot de dilettantisme. […] C’est ici qu’il faut dire quelques mots de la forme de M. […] On relève dans son essai sur Calvin le mot œuvre employé quatre fois dans une demi-page et dans deux des sens que prend ce mot. […] ce mot garde encore pour les bons esprits sa valeur. » Ridicule : ce mot un peu dur, on regrette qu’il ait disparu. […] Jules Lemaître l’indique en quelques mots précis.
Son choix de mots est certes rare et précieux en maints cas, quand faut. […] Les mots Chrysochloron, goldgrün, suffisent à peine. […] Ce sera même, comme on dit en journalisme, mon mot de la fin. […] C’est donc avec confiance que je viens vous dire quelques mots. […] Fortune des mots !
. — mot de chateaubriand. — mot de m. thiers. […] Amédée Pommier, nous dit-on, a déjà publié beaucoup de recueils de vers et plusieurs ouvrages, le Livre de sang, les Océanides, etc., dans lesquels il y avait de grands excès du mot propre et des descriptions impitoyables de crudité : c’est un converti qui revient à mieux et qui s’amende, qui se fait satirique un peu dans le genre, mais dans un meilleur sens que Barthélemy. — Quoi qu’il en soit, c’est moins par des satires directes, ce nous semble, qu’il faut combattre l’ennemi, que par des exemples plus calmes et en continuant de marcher de plus en plus, et chacun de son mieux, dans sa direction littéraire, sans s’en laisser détourner. […] — Ces mots-là des chefs indiquent l’effet produit sur bien des esprits et sont d’un bon augure : il y aura avant peu réaction vers le bien.
À l’origine de la recherche rationnelle, le mot de philosophie pouvait sans inconvénient désigner l’ensemble de la connaissance humaine. […] Le philosophe, c’est l’esprit saintement curieux de toute chose ; c’est le gnostique dans le sens primitif et élevé de ce mot ; le philosophe, c’est le penseur, quel que soit l’objet sur lequel s’exerce sa pensée. […] Si nous concevons que l’esprit humain, dans sa légitime impatience et sa naïve présomption, ait cru pouvoir, dès ses premiers essais et en quelques pages, tracer le système de l’univers, les patientes investigations de la science moderne, les innombrables ramifications des problèmes, les bornes des recherches reculant avec celles des découvertes, l’infinité des choses en un mot, nous font croire volontiers que le tableau du monde devrait être infini comme le monde lui-même. […] Nous nous croyons obligés de faire deux ou trois parts dans des vies scientifiques comme celles de Descartes et de Leibniz ou même de Newton (bien que chez celui-ci la part de philosophie pure soit déjà beaucoup plus faible), et pourtant ces vies ont été parfaitement unes, et le mot par lequel s’est exprimée leur unité a été celui de philosophie. […] Jouffroy pour attribuer un sens spécial au mot philosophie vient de ce qu’il n’a pas assez remarqué le sens conventionnel qu’on prête à ce mot en France.
Selon une femme de génie, qui, la première, a prononcé le mot de littérature romantique en France, cette division se rapporte aux deux grandes ères du monde, celle qui a précédé l’établissement du christianisme et celle qui l’a suivi. […] Il ne paraît pas rigoureusement démontré que les deux mots importés par Mme de Staël soient aujourd’hui compris de cette façon. […] On objectera peut-être ici que les deux mots de guerre ont depuis quelque temps changé encore d’acception, et que certains critiques sont convenus d’honorer désormais du nom de classique toute production de l’esprit antérieure à notre époque, tandis que la qualification de romantique serait spécialement restreinte à cette littérature qui grandit et se développe avec le dix-neuvième siècle. […] Mais on se garde fort aujourd’hui d’entamer de ce côté une discussion qui pourrait n’enfanter que le ridiculus mus ; on veut laisser à ce mot de romantique un certain vague fantastique et indéfinissable qui en redouble l’horreur. […] Abandonnons enfin cette question de mots, qui ne peut suffire qu’aux esprits superficiels dont elle est le risible labeur.
Avant que d’entrer en matiere, je dois demander à mon lecteur qu’il me soit permis de prendre ici le mot de siecle en une signification un peu differente de celle qu’il doit avoir à la rigueur. Le mot de siecle pris dans son sens précis, signifie une durée de cent années, et quelquefois je l’emploïerai pour signifier une durée de soixante ou de soixante et dix ans. J’ai crû pouvoir emploïer le mot de siecle dans cette signification avec d’autant plus de liberté, que la durée d’un siecle est arbitraire essentiellement, et qu’on est convenu de donner cent années à chaque siecle uniquement pour faciliter en chronologie les calculs et les citations. […] Le mot d’âge signifie un temps trop court pour m’en servir ici, et d’ailleurs le monde est dans l’habitude de se servir du mot de siecle, quand il parle de ces temps heureux, où les arts et les sciences ont fleuri extraordinairement. […] J’appelle ici causes morales, celles qui operent en faveur des arts, sans donner réellement plus d’esprit aux artisans, et en un mot sans faire dans la nature aucun changement physique, mais qui sont seulement pour les artisans une occasion de perfectionner leur génie, parce que ces causes leur rendent le travail plus facile, et parce qu’elles les excitent par l’émulation et par les recompenses, à l’étude et à l’application.
La Critique n’a jamais dit nettement, et assez nettement pour n’y pas revenir, ce qu’elle entend par ce majestueux mot d’épique qui renferme la suprême qualité pour le poème, l’éloge suprême pour son auteur. […] et disons le mot qui fait trembler les rhéteurs et les rhétoriques, que ce soit même un patois ! […] Ainsi, on peut se demander si c’est là de la poésie naïve ou de la poésie raffinée, sous couleur de naïveté… si le poète qui s’est traduit lui-même dans une de ces traductions interlinéaires, lesquelles plaquent brutalement le mot sur le mot et sont le plâtre sur le visage vivant, ne serait pas, après tout, un de ces profonds et savants comédiens intellectuels, comme ce faux moine de Chatterton, par exemple, qui se composa à froid une inspiration à laquelle se prit, un moment, l’Angleterre ? […] quelques mots qui sentent leur collège, mêlés à la traduction interlinéaire, bien faite d’ailleurs, et surtout des notes, des notes dans lesquelles nous trouvons des prétentions de linguiste, de la botanique, de l’histoire naturelle et toutes sortes de choses que j’eusse mieux aimé ne pas y voir, ont donné à penser que M. […] Depuis André Chénier, on n’a rien vu, — si ce n’est les Chants grecs publiés par Fauriel, — d’une telle pureté de galbe antique, rien de plus gracieux et de plus fort dans le sens le plus juste de ces deux mots, qui expriment les deux grandes faces de tout art et de toute pensée.
En lisant au front de son volume ces mots : Les Amours d’Italie, on pourrait supposer qu’il a saisi, avec l’ambition très-peu scrupuleuse du succès, cette misérable bonne fortune d’occasion qu’un goût très-élève dédaignerait ; mais quand il s’agit de M. […] Mais son talent, que nous détaillerons tout à l’heure, et pour nous servir d’un mot dans le genre de son titre, n’est pas un talent d’Italie. […] Didier d’une façon toute boccacienne (le mot y est, nous ne l’inventons pas), ce Décaméron (le mot y est encore) raconté en un tour de soleil, à huit mille pieds au-dessus de la mer. » Or, que veulent dire ces huit mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur lesquels, à plusieurs places de son volume, le nouveau Boccace de l’Italie au dix-neuvième siècle revient avec une véritable puérilité d’insistance ? […] Rien de plus simple, dans le plus mauvais sens du mot, et, comme vous le voyez, de plus vulgaire, que le prétexte à conversations et à récits, découvert par l’auteur des Amours d’Italie, et qui n’a d’autre originalité de détail que ces huit mille pieds innocents au-dessus du niveau de la mer dont M. […] Il en a bien d’autres, de ces mots-là.
Ce caractère historique des premiers pères de famille nous est conservé par l’expression spondere, qui dans son propre sens, veut dire, promettre pour autrui ; de ce mot fut dérivé celui de sponsalia, les fiançailles. […] Jugeant de l’antiquité par leur temps (axiome 2), les jurisconsultes romains du dernier âge ont cru que la loi des douze tables avait appelé les filles à hériter du père mort intestat, et les avait comprises sous le mot sui, en vertu de la règle d’après laquelle le genre masculin désigne aussi les femmes. […] Il craignait que dans le mot natus on ne comprit point la fille posthume. C’est pour avoir ignoré ceci que Justinien prétend dans les institutes que la loi des douze tables aurait désigné par le seul mot adgnatus les agnats des deux sexes, et qu’ensuite la jurisprudence moyenne aurait ajouté à la rigueur de la loi en la restreignant aux sœurs consanguines. […] Enfin, comme le terme d’imperium paternum semblait diminuer la majesté impériale, ils introduisirent le mot de puissance paternelle, patria potestas 102.
Les mots, les couleurs et les sons demeurent donc des éléments dissemblables. […] Je voudrais encore indiquer en deux mots la portée et la conclusion de ce fait. […] Le mot lui suffit, il n’a d’autre idée que celle qu’implique le mot, chacune de ses idées peut s’incarner dans un mot, il est réellement le « disciple » du mot, le mot est le critère auquel il recourt dans le doute. […] Et les mots sont sa force. […] Est-ce que le dernier mot ne reste pas toujours à la grande cause des peuples ?
Dans une des lettres de ce temps à Mme de Bernières, il met ce mot à l’adresse de Thieriot : « Et vous, mon cher Thieriot…, je vous demande instamment un Virgile et un Homère (non pas celui de La Motte). […] L’histoire, où il excellait aussi, et où il se montrait supérieur quand elle était contemporaine ou presque contemporaine, ne le conviait pas moins à devenir un auteur célèbre dans le sens le plus respectable du mot, le peintre de son siècle et du siècle précédent. […] Souvenez-vous de l’amitié tendre que vous avez eue pour moi ; au nom de cette amitié, informez-moi par un mot de votre main de ce qui se passe, ou parlez à l’homme que je vous envoie, en qui vous pouvez prendre une entière confiance. […] Mais, tout bien considéré, ces mots, j’ai été à l’extrémité, se rapportent peut-être mieux à une maladie qu’il eut en effet en 1724, après avoir pris les eaux de Forges, et conviennent moins à l’état où l’aurait mis l’indigne guet-apens du chevalier de Rohan. […] Cette tragédie, dans laquelle il n’y a pas un seul mot d’amour ni d’intrigue, a été trouvée si belle, que M. de Voltaire, qui parut après la pièce dans une première loge, fut claqué personnellement pendant un quart d’heure, tant par le théâtre que par le parterre ; on n’a jamais vu rendre à aucun auteur des honneurs aussi marqués.
» D’Alembert a relevé ce mot et le lui a reproché comme venant d’un trop grand désir de plaire, et de plaire à tous. […] En causant, elle avait le don du mot propre, le goût de l’expression exacte et choisie ; l’expression vulgaire et triviale lui faisait mal et dégoût : elle en restait tout étonnée, et ne pouvait en revenir. […] Comme écrivain, là où elle ne songe pas à l’être, c’est-à-dire dans sa correspondance, sa plume est nette, ferme, excellente, sauf quelques mots tels que ceux de sensible et de vertueux, qui reviennent trop souvent, et qui attestent l’influence de Jean-Jacques. […] mon ami, c’est moi ; et ce malheur, c’est vous qui le causez, et cette âme de feu et de douleur est de votre création… Et à travers ces déchirements et ces plaintes, un mot charmant, le mot éternel et divin, revient à bien des endroits, et il rachète tout. […] « Je ne me sens le besoin d’être aimée qu’aujourd’hui ; rayons de notre dictionnaire les mots jamais, toujours. » Le second volume n’est plus qu’un cri aigu avec de rares intermittences.
Ce mot, consternaient, est pris ici dans l’acception propre, ce que Montesquieu fait volontiers. […] Admirable explicateur et ordonnateur du passé et de ces choses accomplies qui ne tirent plus à conséquence, il est propre à induire en erreur ceux qui le prendraient au mot pour l’avenir. […] C’était le plus méchant citoyen qui fût dans la République… » On est bien aise… Montesquieu, en écrivant, a tout d’un coup de ces petits mots familiers qui lui échappent, et qui dénotent toute son intimité avec ces grands sujets : il entre dans ces chapitres quelque chose du brusque et de l’imprévu de sa conversation. […] Le mot de Mme Du Deffand : « Ce n’est pas L’Esprit des lois, c’est de l’esprit sur les lois », est un mot qui pouvait être vrai dans la société particulière de Montesquieu, mais qui cessait de l’être au point de vue du public et du monde. […] Il a de ces mots qui, transportés ailleurs, illustrent la matière.
Nous avons tout à l’heure rappelé un mot devenu fameux : l’Art pour l’Art. […] On peut lire, de la première à la dernière ligne, tout ce que nous avons publié, on n’y trouvera point ce mot. C’est le contraire de ce mot qui est écrit dans toute notre œuvre, et, insistons-y, dans notre vie entière. Quant au mot en lui-même, quelle réalité a-t-il ? […] L’abbé de Saint-Pierre a laissé derrière lui un mot et un songe ; le mot est de lui : Bienfaisance ; le songe est de nous tous : Fraternité.
Voilà, en quelques mots qui en disent peut-être trop peu, l’Introduction que le publicateur de Saint-Simon appelle son Introduction générale. […] C’est une justice publique très bien faite, et avec le petit mot pour rire du plus aimable bourreau qui ait jamais coupé le sifflet à quelqu’un. […] Assurément Saint-Simon, le grand écrivain, connaissait la valeur des mots. […] Mais, avant Louis XIV, on ne les y avait pas vus nés d’un double adultère et légitimés… ce qui était insensé et stupide, même dans les mots ; car légitimer est un mot qui n’a pas de sens ! […] Mais les lois qui n’en suivent pas les dérèglements ont cru imiter Dieu en en faisant un peuple à part, exclus de tout nom, de toute succession, de toute faculté de tester, et, par conséquent, de faire souche et lignée ; en un mot, un peuple dévoué à l’obscurité la plus profonde, sans consistance, sans existence, la plus vive image du néant.
Je n’ai plus qu’à vous dire quelques mots de l’esprit dans lequel je les traiterai. […] À la question posée en ces termes on peut, je crois, répondre d’un seul mot. […] Il sait aussi la magie des mots, de ces beaux mots, chers aux poètes, qui évoquent après eux tout un long cortège d’images imprécises et flottantes. […] Hardiesse de Tartufe. — Un mot de Piron […] Ces trois mots, si nous les entendons, achèveront pour nous la définition du genre.
Ce père, en un mot, avait le sentiment des hautes études. […] Des niais qui n’entendent pas le premier mot à ces choses se sont enflammés d’un beau zèle. […] Les Latins ne prononçaient pas toutes les syllabes d’un mot ; les peuples du Midi chantent et ne parlent pas. Un mot latin n’était donc pas prononcé comme il est écrit. […] Patin, homme de goût, avec toutes les délicatesses, mais avec toutes les mollesses aussi et les faiblesses ou les négligences que ce mot comporte ou suppose ; M.
C’est que les mots facile et difficile n’ont plus de sens, appliqués au spontané. […] Le peuple et les enfants seuls ont le privilège de créer des mots et des tours sans antécédent, pour leur usage individuel. […] C’est en un mot une composition réfléchie et en un sens littéraire, ayant pour base une création spontanée. […] Ce qui convertit, c’est la science, c’est la philologie, c’est la vue étendue et comparée des choses, c’est l’esprit moderne en un mot. […] Rabelais les atteste ; aucun historien ne les a contredits ; le sceptique Lamothe Le Vayer les a si fort respectés qu’il n’en dit pas un mot.
les mots du peuple, l’homme, même de génie, ne les trouvera jamais. […] » Le mot donne parfaitement le criterium littéraire de la femme en fait de romans. […] * * * — Un insolent mot de la Païva, un mot comme grisé par la Fortune : « Moi, tous mes désirs sont venus à mes pieds, comme des chiens couchants ! […] … mais il faudrait que ce fût joué parfaitement… Rien que des tableaux… Des mots ! des mots !
Le mot est une image : à chaque mot doit répondre une image, une notion nette, unique. […] Ce ne sont point les mots traduits : à quoi bon ? Mais sous les mots, c’est le fond émotionnel de l’âme, celui seul que comportent ces mots. […] J’étais très jeune encore lorsque je les ai connus ; mais tout de suite je les ai compris : et il n’y en a pas de si obscur que je n’eusse été en état d’expliquer mot pour mot. […] Il n’y avait point de mots écrits sur l’ardoise Faber, mais M.
Les feudistes traduisent élégamment le mot barbare homagium par obsequium, qui dans le principe dut avoir le même sens en latin. […] Nous avons déjà remarqué que dans l’histoire ancienne, le mot clientela ne peut mieux se traduire que par celui de fiefs. L’origine du mot opera nous prouve la vérité de ces principes. […] En appliquant nos principes aux étymologies latines, nous trouvons que ce mot dut venir du nominatif vas, chez les Grecs Βας, et chez les barbares was, d’où wassus, et enfin vassalus. […] Avec les stipulations revint ce qui dans l’ancienne jurisprudence romaine avait été appelé proprement cavissæ, par contraction caussæ ; au moyen âge, on tira de la même étymologie le mot cautelæ.
Revenons en quelques mots sur ce point fondamental. […] J’emploie ici le mot déterminisme comme plus convenable que le mot fatalisme dont on se sert quelquefois pour exprimer la même idée. […] Nous nous bornerons à indiquer notre idée en quelques mots. […] C’est là, en un mot, qu’il fera la vraie science médicale. […] Je me bornerai donc à ajouter un seul mot.
Une vérité sévère et impitoyable est entrée jusque dans l’art comme dernier mot de l’expérience. […] On aurait à noter bien des mots pris à même de la nature. […] » Le mot le fait rire. […] C’est égal, le mot a été dit. […] J’ai parlé de mots naturels, et terriblement vrais, qui échappent.
je ne sais, mais il y habite un Dieu). » Il lui est échappé un jour, dans un article sur Feuerbach, de se prononcer sur le sens du mot Dieu, et il l’a fait cette fois d’une manière un peu légère et du ton un peu trop protecteur d’un raffiné en matière de philosophie : il est revenu depuis sur la chose et sur le mot ; il a rétracté, c’est-à-dire retouché sa première parole. Le mot Dieu est toujours pour lui le signe représentatif de toutes les belles et suprêmes idées que l’humanité conçoit, pour lesquelles elle s’exalte et qu’elle adore ; mais il semble que ce soit quelque chose de plus encore à ses yeux qu’une expression ; il semble prêter décidément à l’intelligence, à la justice indéfectible et sans bornes, une existence indéfinissable, inconnue, mais réelle. […] Il n’y a rien de si brutal qu’un fait, a-t-on dit : aussi ne s’en tient-il presque jamais à un fait comme conclusion et dernier mot. […] Non, l’Histoire de Jésus, quel que soit le degré, quels que soient la nuance et le sens de l’adoration (car il accepte le mot), n’est pas en de mauvaises mains. […] Les temps ont marché ; les mots de tolérance et de liberté ont retenti : ne sont-ce que des mots ?
Mais j’en viens, il en est temps, à la seconde partie de mon dire, et j’ai à expliquer, sans trop vouloir le défendre, le mot qui m’a été amicalement reproché : « Les Anciens, je le crains, perdront tôt ou tard une partie de la bataille. » I. […] Cet homme d’État lettré, avec lequel il n’avait guère jamais eu d’entretien pour prendre ses ordres sans qu’après l’affaire traitée il ne fût dit quelques mots de la Grèce et d’Homère, était alors malade, et presque à l’extrémité, de la maladie dont il mourut peu de jours après. […] », répétant ce dernier mot plusieurs fois dans un sentiment de résignation courageuse. […] Cette idée de grâce, les Grecs la portaient en tout ; pour dire les gens comme il faut, les gens bien élevés, les honnêtes gens, même au sens politique, les Conservateurs, ils avaient ce mot charmant : et [caracteres grecs illisibles] , comme qui dirait : les gracieux, les agréables. […] Le trait saillant me paraît saisi ; vous avez, par quelques mots, traduit pour des Français la situation respective des deux poètes dans la première phase de leur vie.
En un mot, elle n’est pas du tout l’équivalent littéraire des caractères et des faits de la Révolution. […] Dans d’autres, il répétait mot pour mot ce que lui avait fourni l’avocat Pellenc. […] Il aimait les effets de répétition : dix fois il ramenait le même mot au début d’une phrase, la même proposition au début d’un paragraphe : il tirait parfois de ce procédé de pathétiques effets. […] Dans ces brèves harangues, deux parties sont capitales, le premier mot et le dernier : l’attaque est merveilleuse de brusquerie et de sûreté. […] » Ce petit mot qui fait comme cabrer la phrase dans un brusque arrêt, après l’ample mouvement qui en développe le début : c’est un procédé habituel de V.
Ce que les anciens appelaient d’un mot charmant umbratilis vita n’existe plus guère. […] Mais, tout compte fait, il faut être un lecteur critique, ayant, seulement, les méthodes de la critique juste, dans tous les sens de ce mot. […] Le mot de l’ancienne langue française, « donner », dans le sens de marcher impétueusement en avant, est admirable. […] Donc, que devient le mot de La Bruyère ? […] Ainsi parlera un homme qui prendra le mot « critique » dans le sens où tout le monde le prend aujourd’hui.
Les genres, dit-il, sont des abstractions, non des réalités ; ce sont des mots, utiles dans la pratique pour certains groupements passagers et plus ou moins arbitraires, mais des mots dépourvus de toute valeur scientifique ; ils ne répondent à aucune fonction psychologique de l’artiste créateur ; c’est une erreur, et même une erreur ridicule, que de croire à l’existence de ces catégories, que de parler d’une évolution des genres, et que de prétendre en fixer les lois. — Or, nul ne saurait rester indifférent au jugement, aux idées de M. […] En tout cas il y a entre elles des transitions innombrables, et, pour reprendre les mots de Victor Hugo, « il y a tout dans tout ; seulement il existe dans chaque chose un élément générateur auquel se subordonnent tous les autres, et qui impose à l’ensemble son caractère propre ». […] — Pour répondre, il me faut anticiper, en peu de mots, sur des constatations ultérieures, qui concernent la genèse, le développement et la fin de ce que j’appelle les « principes directeurs ». […] Depuis dix ans j’ai de plus en plus le sentiment que ma méthode, très simple dans ses grandes lignes, infiniment complexe dans le détail, répond précisément aux réalités de la vie, pour autant qu’il est possible d’exprimer en mots rigides cette fermentation perpétuelle, dont le bouillonnement nous enchante et nous déroute, comme les flots de la mer qui se brisent sur le rivage, selon des lois éternelles, et dont l’œil ne perçoit que la ligne changeante et l’écume fuyante. […] Dans ce cas je me consolerais avec ces mots que Gaston Paris me disait en 1900 : « Même si votre théorie était fausse, il faudrait, pour la réfuter, reprendre l’histoire littéraire d’un point de vue nouveau, et ce serait encore un gain. » Donc, mettant les choses au pire, je tente néanmoins l’entreprise.
Tranchons le mot, elle est insignifiante. […] Il n’a pas voulu de répétition de mots. […] Il était peut-être le mot essentiel. […] Il faudrait un mot spécial pour exprimer cela. […] En un mot, il était scientifique.
Il n’a qu’une feuille de papier et qu’une heure pour exposer le litige, battre l’adversaire et donner son avis ; s’il dit un mot qui n’aille au but, s’il prononce une phrase que le lecteur ne comprenne pas tout d’abord, il n’entend point le métier. […] « Il a pris la parole : des restes de cette voix usée à déclamer des réquisitoires, qui passe sur les idées avec l’aisance et la mélodie d’une scie édentée, il a proposé dans l’intérêt de l’Église une chose bien simple, un court article additionnel, etc… » Et cet autre plus agréable, ce garde des sceaux en fonction, mais qui évite tant qu’il peut les batailles rangées, il n’attrape qu’un mot, mais le mot est bon : « Son premier soin a été naturellement de rapetisser le débat pour le mieux remplir. » (M. […] « Non-seulement il n’a pu trouver une pointe, mais même les mots, chose étrange, lui ont manqué… Les subjonctifs étaient rares, la phalange des adjectifs, d’ordinaire si docile et si abondante, n’arrivait pas. » Et cet autre, plus ou moins ministre aussi (M. […] Grave dans le combat, légère dans la joute, Tu vas droit à ton but, et tu n’as pas besoin De lâcher de la corde au mot qui fuit trop loin. […] En un mot ; il y a dans la masse de la société des résultats généraux qui viennent de très-loin, qui sont le produit de plusieurs siècles de raisonnement, d’analyse et de bon sens émancipé, de morale religieuse sécularisée, le produit des découvertes positives en astronomie, en physique, etc.
L’étude sans doute peut y revenir et suppléer à ce qu’on a laissé fuir d’abord ; mais une étude, c’est un bien gros mot, et on ne la fait que rarement. […] » Le mot est mémorable et fait date ; il marque bien le dernier terme du mouvement purement romantique au théâtre (mars 1843). […] Un joli mot, souvent répété, résume fort bien le rôle et la physionomie de M. […] Ce joli mot, qui, je crois, a été dit pour la première fois par M. […] Le jeu de mots, comme il arrive quelquefois, a conduit à la vive et parfaite vérité.
Ces Mémoires sont trop spirituels pour qu’on ne tienne pas à en dire son mot après tant d’autres critiques qui en ont bien parlé. […] Il a pourtant l’honneur, le bonheur d’inventer le premier mot de Monsieur, comte d’Artois : « Il n’y a rien de changé en France, il n’y a qu’un Français de plus. » Cette invention de M. Beugnot, qui a sa place dans les mots célèbres, suffirait à maintenir son nom dans l’histoire. […] Mais l’esprit, qui s’évapore en bons mots s’il n’est que viager, prend plus sûrement sa revanche après la mort, s’il se fixe en des écrits durables. […] Beugnot n’a pas dit son dernier mot.
En un mot, si le commencement de cette lettre est bien du cousin de Henri IV, la fin, avec son laisser aller et son déboutonné, est encore plus du cousin de Louis XV. […] J’étais goutteux comme un vieux braque ; cela ne m’a pas empêché d’être alerte comme un… de noce (Ici je saute un mot de bivouac ou de la Foire), et même cela m’a guéri pour quelques jours. […] Cependant je lui ai écrit deux mots le soir de la bataille sur le cul d’un chapeau, et tous les autres jours ensuite le petit sauteur (probablement le petit comte de Billy) s’est escrimé aussi de détails qui doivent être parvenus à cette heure. […] En un mot, le prince fit tout pour dédommager en détail ses confrères, excepté sur le point essentiel et chatouilleux, où il avait reculé. […] — Même en laissant le propos du comte-abbé pour ce qu’il est, c’est-à-dire pour une légèreté malheureuse, il demeure très grave et à sa charge : de tels mots, qui partent sans réflexion, jugent ceux auxquels ils échappent.
Ces mots sont essentiels. […] Tel poète recherchera les rythmes bien marqués et les mots sonores éclatant comme une fanfare : c’est le cas pour José de Hérédia. […] On possède en un mot un résumé de son activité et de son évolution intellectuelle. […] Un mot, un détail, le ton général. […] L’analyse, en deux mots, doit toujours être qualitative et quantitative.
Après le grand effort ontologique des ioniens et des éléates, Socrate fait descendre, suivant un mot connu, la philosophie du ciel sur la terre. […] Et, comme tout le monde depuis quelque temps, Remy de Gourmont emploie indifféremment l’un ou l’autre des deux mots, en fait des synonymes équivalents. Pour peu qu’on continue, le mot « écriture » devenu inutile périra dans son acception littéraire. Je voudrais essayer de le sauver en rendant consciente la différence de sens que les premiers à l’employer sentirent vaguement entre lui et le mot « style ». […] Ici, c’est moi qui souligne le mot : anglais.
L’habileté de l’écrivain consiste à sauver cette misère de la langue, par le naturel et l’exactitude de la phrase où ces mots sont employés. […] C’est le cas de répéter le mot de La Fontaine : V. 10. […] Et puis le firmament est presque un mot de théologie qui paraît ici déplacé. […] Corneille se sert du même mot dans ce sens ; mais ni Boileau, ni Racine ne se le sont permis. Toute cette fin me paraît dénuée de grâces, et le mot de Charles II à madame Harvey : V. 63….
Un seul mot explique cette inexplicable union de l’âme et du corps, et ce mot est : mystère. […] C’est le mot vrai, et hors ce mot tout est absurde. […] les Grecs nous avaient devancés dans l’invention du jeu de mots. Mais nous ne jouons sur les mots que sur les théâtres forains ou triviaux de nos capitales : les Grecs d’alors jouaient sur le mot dans la chaire des philosophes et dans l’académie présidée par Platon. […] C’est-à-dire, en deux mots, qu’il faut un troupeau au lieu d’une humanité.
Hugo avec les mots) dans la langue osée et plate des goujats, et c’est même là son mérite, selon la poétique de M. […] Hugo est arrivé à force de remuer les mots. […] Il meurt victime des mots qui furent trop exclusivement sa poésie dans un temps qu’il en avait une encore. […] Dans ce volume, l’artiste périt défiguré, enflé, énorme (le mot qu’il aime le plus et qui le peint le mieux), il meurt d’une hémorragie de mots sans idées ! […] Seulement, concluons en deux mots.
De votre vie aussi la page est blanche encore, Je voudrais la remplir d’un seul mot : le bonheur. […] Toute la série des faits historiques est sous-entendue : de temps en temps seulement un mot la fait paraître, pour resserrer le lien des deux séries et en préciser la concordance. […] On prendra garde de se laisser aller à comparer ce qu’on ne conçoit pas, comme cet aveugle qui disait que le mot rouge le faisait penser au son de la trompette. […] On n’en tirera une véritable utilité que si l’on se condamne au labeur pénible de convertir il chaque moment l’image en idée, le symbole en abstraction, de passer de la métaphore au mot propre, enfin si l’on refait en sens inverse le chemin déjà parcouru.
Le poète ne pouvait faire un choix de mots plus délicats ni plus harmonieux. […] On peut remarquer que la première voyelle de l’alphabet se trouve dans presque tous les mots qui peignent les scènes de la campagne, comme dans charrue, vache, cheval, labourage, vallée, montagne, arbre, pâturage, laitage, etc., et dans les épithètes qui ordinairement accompagnent ces noms, telles que pesante, champêtre, laborieux, grasse, agreste, frais, délectable, etc. […] La lettre A ayant été découverte la première, comme étant la première émission naturelle de la voix, les hommes, alors pasteurs, l’ont employée dans les mots qui composaient le simple dictionnaire de leur vie. […] Cela explique le mot de cet infortuné jeune homme sur l’échafaud ; il disait, en se frappant le front : Mourir !
Elles sont, au sens précis du mot, empiriques. […] Or, cette somme d’infiniment petits, ce complexus d’aperceptions de toutes sortes, quels sont-ils, sinon le fond même de notre personnalité, de notre âme, en un mot ? […] Elle se vérifie suivant le sens littéral du mot. […] Peut-être même par ce mot est-il entendu tout simplement syncrèse. […] Et pourquoi ne pas l’exprimer, puisque les mots tremblent sur nos lèvres ?
Elle a inventé les mots d’intrigant et d’aventurier pour ceux-là qui ne réussissent pas dans leurs tentatives de grands hommes. […] L’histoire n’eût pas écrit le mot sublime : « Ce qui fait de Colomb un grand homme, ce n’est pas d’avoir découvert l’Amérique, c’est d’être parti la chercher ! […] Disons quelques mots du héros. […] Il avait été poète, au sens littéraire syllabique du mot, comme il avait eu dix-huit ans. […] On a beaucoup remarqué aussi un couplet de chanson où le mot Qu’on me fusille !
Caro sait tout cela aussi bien que nous, et il en touche même un mot en passant dans son chapitre du Mysticisme, en général. […] … Alors le dernier mot du livre aurait été dit, et ce mot n’eût pas été une négation. […] Sans le mot enthousiaste de Mme de Staël dans son Allemagne, un autre mot plus grave et mieux, pesé de J. de Maistre dans ses Soirées de Saint-Pétersbourg, l’image de Joubert qui en fait un aigle avec des ailes de chauve-souris, et quelques lignes impertinentes de Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe, qui donc, dans le monde du dix-neuvième siècle, connaîtrait de vue Saint-Martin, sinon les curieux qui lisent tout et qui se font des bibliothèques de folies ? […] En Allemagne, où l’on n’a pas plus peur des mots que des idées, il s’était hautement et fièrement organisé. […] Doué d’une âme qui fut son génie, on aurait pu dire de lui le mot charmant du vieux Mirabeau : « Qu’il était fait de la rognure des anges. » Mais, puisque des anges sont tombés, une telle rognure ne garantit pas les hommes ; et Saint-Martin, si chrétiennement né, se perdit.
On se laisse volontiers abattre par ce mot fatidique : une fin de siècle. […] Voici la fable en deux mots. […] que le mot est gros pour Biélinsky, pour la Russie de Nicolas ! […] Il n’a pas le mot étincelant qui fait sourire, il a le mot cruel qui fait penser. […] Nous verrons quelle valeur il convient d’attribuer à ce mot.
Pas une note, pas un seul petit mot qui mette le lecteur en garde ! […] Le mot est encore de Voltaire ; ici, M. […] Il n’est abondant que de moyens de rhétorique et de mots. […] Ces derniers mots sont de Marivaux. […] On prête à la duchesse de Choiseul un mot sur notre abbé.
Mal et bien, est-ce là le mot ? […] Le dernier mot d’Hugo sur la destinée est celui de Platon dans la République : ϴεὸς ἀναίτιος. […] Hugo leur répond : — « Tourbe, multitude, populace ; ces mots-là sont vite dits. […] Rapprocher les mots est souvent un moyen de faire mieux éclater toute la différence des idées. Hugo a cru d’ailleurs lui-même au sens profond et mystérieux de certains mots et des affinités qu’ils présentent.
Ce fier jeune homme si prompt à changer de drapeau, cette sœur d’Annibal indiquée d’un mot par Polybe, tout cela pouvait provoquer un poète. […] L’historien, marquant d’un mot les différences des peuples, éclaire d’avance comme d’une lueur incendiaire l’issue de leur gigantesque lutte. […] On a relevé avec raison l’épithète « énorme » appliquée au mot « silence ». […] Si je m’arrête à ce mot un instant, c’est pour montrer l’espèce d’emphase particulière à l’auteur de Salammbô. […] Je donne à ce mot tous les sens qu’il renferme.
Vous verrez à quel point il y a là une sorte de passion, c’est bien le mot, une sorte de complaisance attendrie, de complaisance amoureuse (je voulais éviter le mot et j’y arrive) pour les jouissances délicates et profondes de la solitude. […] Ta conduite et tes vers, chez toi tout s’en ressent : On te veut là-dessus dire un mot en passant. […] « Un homme paraît grossier — déjà le premier mot n’est pas aimable lourd, stupide, il ne sait pas parler ni raconter ce qu’il vient de voir. […] Je n’insiste pas, le mot est très clair et la notion est très connue. […] Vous savez son fameux mot : Mais un fripon d’enfant (cet âge est sans pitié…) Etc.
Il vous répondra par des mots embarrassés, d’une banalité voulue, et il se taira. […] Les mots de dialecte ne méritent que très rarement d’être imprimés. […] Sans elles, une foule de détails et de mots, obscurs dans la mémoire, ne se retrouveraient pas. […] Je citerai des phrases, des mots, des fragments de conversation ou de mémoires, écrits ou dits non par une seule, mais par dix jeunes filles, à Paris ou en province. […] » Un geste d’inconnu, un mot frappe l’esprit, et une voix intime s’élève et dit : « Il m’appartient par droit d’harmonie !
Un dernier mot. […] Renan ce mot de vérité. […] Mais il est évident que, là, les difficultés vont recommencer : il en est du mot bien comme du mot vérité : il a un sens, sinon très précis, tant s’en faut, du moins consacré par l’usage. […] Lui qui ose nier que le mot progrès ait un sens, il en prête un au mot décadence et trouve un singulier plaisir à insister sur les symptômes de décadence qu’il note autour de lui. […] Or voici qu’après deux siècles les écrivains, qui ont changé le sens du mot séduire et de tant d’autres termes, ont changé encore celui du mot « psychologie ».
La distinction des mots suit celle des habitudes, et le choix des idées entraîne celui des termes. […] Mais ce qui est peut-être plus intéressant, et en tout cas plus important, que d’énumérer ici quelques mots ou quelques locutions dont elles ont été les introductrices, c’est de démêler les raisons qui ont dirigé le choix de ces locutions et de ces mots eux-mêmes. […] Mais d’autres mots, bien plus nombreux, les remplacent. […] Bertrand, Les Fondateurs de l’astronomie moderne, Paris, 1865]. — Quelques mots de Bacon, et de son peu d’influence [Cf. […] — La gauloiserie de La Fontaine ; — et ce qu’il faut entendre par ce mot [Cf.
Depuis quelque temps on n’a guère entendu sur les livres qui se publient que la vile réclame ou les quatre mots de l’amitié… Excepté le Shakespeare de M. […] Il prenait par là possession de l’espace et du temps, et sa théorie, qu’il n’avait pas inventée, il la proclamait avec l’aplomb de la certitude, le dernier mot de l’avenir en littérature. […] Voilà, en quelques mots, toute la théorie critique de M. […] Or, on sait ce que veut dire le mot d’amis en philosophie. […] Pour nous, qui ne sommes ni les amis d’Hegel ni les amis de Comte, un tel homme par lui-même est d’un intérêt assez mince, pour ne pas dire un mot plus dur… En exposant sa doctrine et en la vantant outre mesure, M.
Il est vrai qu’on a publié en Angleterre les Lettres et la Correspondance de Nelson, et c’est là un recueil spécial — technique et intime — dont un homme qui serait historien dans tous les sens du mot eût tiré un grand parti : mais M. […] ce mot affreux, antilittéraire, antimilitaire, anti-marin, anti-savant, anti-toutes choses, et qui est le caractère cherché et voulu des livres actuels pour qu’ils fassent fortune, — et je dis fortune, au point de vue commercial de l’écoulement. […] Ce passionné du devoir, qui, dans son dernier ordre du jour et le plus beau, ne devait rien trouver de mieux à dire aux marins anglais que ces mots tout-puissants : « L’Angleterre espère que chacun de vous fera son devoir », oublia le sien envers un être auquel il brisa froidement le cœur, envers son pays dont il choquait les mœurs et dont l’opinion était le meilleur de sa gloire, et envers cette gloire elle-même dont il était couvert et qu’il aurait dû respecter ! […] rien ne serre plus le cœur de l’historien que cela, rien ne serre plus le cœur qui étudie cette grande âme partagée, que de voir Nelson, frappé d’un dernier coup à Trafalgar, expirant dans sa cabine devenue une boucherie humaine, magnifique de pitié pour ses matelots auxquels il renvoie son chirurgien, magnifique d’amitié pour son camarade de bataille, le capitaine Hardy, qui, entre deux coups de canon, vient lui donner des détails sur sa victoire, magnifique de commandement, car son avant-dernier mot est un mot de commandement : « Faites tomber les ancres ! » sublime en tout, se racornir subitement en cette grandeur immense, et consacrer son dernier mot et sa dernière pensée à celle qui fut la rivale de la Gloire dans son âme et qui a pu abaisser sa vie, et l’on se sent aussi, comme il sentait la sienne, l’âme partagée entre deux sentiments contraires, et on voudrait s’arracher, du fond de son admiration, ce mépris !
Il est vrai qu’on a publié en Angleterre les Lettres et la Correspondance de Nelson, et c’est là un recueil spécial, — technique et intime, — dont un homme qui serait historien dans tous les sens du mot eût tiré un grand parti ; mais M. […] ce mot affreux, antilittéraire, antimilitaire, anti-marin, anti-savant, anti-toutes choses, et qui est le caractère cherché et voulu des livres actuels pour qu’ils fassent fortune, — et je dis fortune au point de vue commercial de l’écoulement. […] Ce passionné du devoir, qui, dans son dernier ordre du jour et le plus beau, ne devait rien trouver de mieux à dire aux marins anglais que ces mots tout puissants : « L’Angleterre espère que chacun de vous fera son devoir », oublia le sien envers un être auquel il brisa froidement le cœur, envers son pays dont il choquait les mœurs et dont l’opinion était le meilleur de sa gloire, et envers cette gloire elle-même dont il était couvert et qu’il aurait dû respecter ! […] rien ne serre plus le cœur de l’historien que cela, rien ne serre plus le cœur qui étudie cette grande âme partagée que de voir Nelson, frappé d’un dernier coup, à Trafalgar, expirant dans sa cabine devenue une boucherie humaine, magnifique de pitié pour ses matelots auxquels il renvoie son chirurgien, magnifique d’amitié pour son camarade de bataille, le capitaine Hardy, qui entre deux coups de canon vient lui donner des détails sur sa victoire, magnifique de commandement, car son avant-dernier mot est un mot de commandement : « Faites tomber les ancres ! » sublime en tout, se racornir subitement en cette grandeur immense et consacrer son dernier mot et sa dernière pensée à celle qui fut la rivale de la Gloire dans son âme et qui a pu abaisser sa vie, et l’on se sent aussi, comme il sentait la sienne, l’âme partagée entre deux sentiments contraires, et on voudrait s’arracher, du fond de son admiration, ce mépris !
Il y a, en effet, dans les autres, dans toutes les autres, une éloquence, un style, une langue, une parure de mots quelconque, revêtue, cette parure, pour la gloire de l’amour et pour augmenter son bonheur. Mais dans les lettres de Mademoiselle de Condé, il n’y a ni éloquence, ni style, ni de parure de mots ni de langue presque ! La sienne, sa langue, sans aucune couleur, ressemble à une glace sans tain qui serait mise sur le cœur à nu pour qu’on le vît mieux palpiter, à travers le cristal des mots ! […] Elle est naïve, rien ne s’interpose entre son cœur et nous : à peine les mots ! […] Elle ne dit jamais que « mon ami » à l’homme qu’elle adore, et sous ce mot répété mille fois on sent une tendresse qui déborde et mouille et pénètre l’âme comme la rosée pénètre les fleurs, sans qu’on la voie tomber du ciel !
Elle a répondu par le mot qui met les cerveaux agités et bavards au silence : « Je n’ai pas à discuter avec vous la question du divorce. […] Cette affreuse question du divorce, qui a pour solution de violer la famille par la démocratie et de laisser la démocratie dans le ventre qu’elle a violé ; cette question révolutionnaire, qui est toujours opiniâtrement revenue aux jours les plus néfastes, — les lendemains des jours où la démocratie avait gagné une bataille de plus ; — cette question révolutionnaire n’est peut-être pas le dernier mot de la démocratie, mais c’est, à coup sûr, l’avant-dernier ; car, après la famille, qu’y aura-t-il à démocratiser encore ? […] Le mot le dit, d’ailleurs : c’est une loi, c’est-à-dire une chose qui lie. […] Ce sera, pour le coup, le dernier mot de la Révolution française, et nous pourrons aller nous coucher dans les bois ! […] Comme moraliste, à La Rochefoucauld et à Chamfort ; comme conversation et mot lancé, à Rivarol, mais à Rivarol un peu constipé, il est vrai ; car le mot qu’il jette a été travaillé avant de jaillir.
Voilà, en deux mots, ces Jugements d’un mourant sur la vie, qui sont moins des jugements que des furies et des imprécations ! […] Auraient-ils, eux, ces libres penseurs, qui répètent, avec le calme stupide des bêtes devant la mort, le mot imbécilement oraculaire de Goethe : « La nature se moque bien de l’individualité humaine ; elle ne se préoccupe que de la conservation des espèces », auraient-ils, eux, s’ils étaient à sa place, une personnalité égale en soulèvements et en incompressibilité à celle de ce phtisique, qui voit sa vie tomber par morceaux autour de lui et qui ne se résigne pas une seule minute à mourir ? […] … » On ne répond pas à une démence si furieuse, si contradictoire, et, disons-le, si bête… Madame de Staël a dit un jour que le secret de la conscience des écrivains se révélait par le mot qu’ils répétaient le plus. Le mot de Georges Caumont, c’est fou ou affolé. […] … Son éditeur (un ami au doigt sur sa bouche) ne le dit pas, et j’aurais pourtant bien voulu savoir le dernier mot de cette rugissante agonie, qu’il nous décrit, à mesure qu’elle vient, avec une rage plus forte que la vie.
On voit par ce premier écrit, conservé dans les archives de l’Institut, quelle idée complète l’auteur s’était formée dès lors du critique, à prendre le mot dans toute la rigueur du sens et dans son application aux œuvres de l’Antiquité. […] Boissonade ose plus et s’émoustille davantage que quand il écrit en français ; il use et abuse même des diminutifs ; il se permet toutes ses coquetteries et ses gentillesses (je tiens au mot). […] Quand plus tard il éditera Homère dans la Collection Lefèvre, il s’en tirera par un mot d’esprit, par un mot charmant, qu’il emprunte, selon son habitude, à un passage d’un ancien. […] Boissonade, à l’un des hommes qu’il distingua le plus, à celui qu’il avait choisi de son plein gré pour son suppléant, et à qui il écrivait, lui qui connaissait le prix de chaque mot : « Vous savez beaucoup de choses, et vous les savez bien » ; à M. […] Voici en deux mots l’histoire, telle qu’elle nous est donnée par les Lettres de Wyttenbach (Wyttenbachii Epistolæ) publiées par Mahne à Gand, 1829.
la charité, c’est un beau mot à prononcer, une belle chose à célébrer un jour de fête en Académie ; mais les conditions habituelles, journalières, la réalité et le matériel, si j’ose dire, de la charité, y pense-t-on bien ? […] En peu d’années, la première impulsion était devenue une habitude, une direction constante, une nécessité : nous cherchons bien des noms à ce que les chrétiens appellent d’un mot abrégé, une grâce. […] La littérature, Messieurs (et par ce mot j’entends toute la culture des choses de l’esprit, se manifestant par l’impression ou par la représentation dramatique), a pris de nos jours un caractère qu’il ne faudrait ni dénigrer ni préconiser outre mesure. […] Il ne serait pas difficile d’emprunter aux vieux érudits, aux spirituels et malins tels-que Bayle, des mots légers au désavantage des épouses. […] Il est vrai que, par ce mot plus général de conjoint, elle prévoit aussi le cas où ce serait la femme qui serait auteur, qui serait célèbre, et où le mari ne ferait qu’assister à cette renommée, à cette gloire.
Ce mot lui revient souvent ; le côté de l’amusement de l’esprit le frappe, le séduit en toute chose. […] Le voilà peint d’un mot. […] Le mot vif, qui chez Bayle ne se fait jamais longtemps attendre, rachète de reste cette phrase longue que Voltaire reprochait aux jansénistes, qu’avait en effet le grand Arnauld, mais que le Père Maimbourg n’avait pas moins. […] Nous aimons donc à trouver que le mot de bon Dieu revient souvent dans ses lettres d’un accent de naïveté sincère. […] C’est à tort qu’il y a un point avant les mots: par cette lecture, il n’y fallait qu’une virgule).
Bornons-nous donc à résumer la doctrine en quelques mots. […] Mill, ces dernières propositions ne sont ni des vérités à priori, comme le veulent les rationalistes, ni de purs mots, comme le veulent les nominalistes, et Hobbes à leur tête. […] Ce mot, en effet, implique beaucoup plus qu’une simple uniformité de succession, il implique irrésistibilité. […] Mais on peut in limine critiquer l’emploi du mot conscience ainsi appliqué. […] Le sentiment de l’effort (mot très impropre ici d’ailleurs) est le résultat de la bataille : il vient des vaincus aussi bien que des vainqueurs.
Il porte le millésime 1789, avec cette indication dérisoire : Au Vatican ; et pour toute préface, on lit ces mots qui font un singulier contraste avec la destinée prochaine de Saint-Just : « J’ai vingt ans ; j’ai mal fait ; je pourrai faire mieux. […] Robespierre de même, au 8 Thermidor, s’écriait à la tribune de la Convention : « J’ai besoin d’épancher mon cœur. » Règle littéraire, n’employons jamais le mot de cœur que là où il vient naturellement et nécessairement, quand nous le voyons ainsi prodigué et étalé par de tels hommes. […] Il entend par ce dernier mot quelque chose d’à part et de solennel, et qui n’impliquait pas des cruautés lâches, comme celles qu’il signale. […] Il y a de jeunes fous et de vieux philosophes qui ont mis dans leur oratoire, au nombre de leurs saints, ce jeune homme atroce et théâtral, auquel on est même embarrassé, quand on embrasse sa courte et sinistre carrière, d’appliquer une seule fois le mot humain de pitié. […] À chaque relais venaient des gendarmes pour demander des papiers ; un simple mot du jeune homme les satisfaisait, et l’on passait.
Je ne le crois pas, à moins que l’on ne donne à ces mots une signification étrangère à ma pensée. […] » Diderot, qui dit ce mot sublime, en savait-il la profondeur, les sens divers, admirables et féconds ? […] En un mot, ce nouveau panthéisme et ce nouveau paganisme ne sont-ils pas la conséquence directe, positive, inéluctable d’une nouvelle conception de la vie et d’une nouvelle conception de la nature ? […] En un mot, l’idéal du nationalisme est d’accabler le voisin pour se grandir soi-même. […] En un mot, la vie supérieure pour nous consiste dans la reconnaissance de plus en plus large de toutes les patries comme nôtres, au lieu de l’isolement à l’écart sur un coin de terre impénétrable.
Il y passa ses feux de jeunesse, ses chaleurs de foie , comme il dit ; car il a le mot cru, le propos plus franc et gaillard que délicat. […] Quelques mots de ses lettres lui feraient tort si on les isolait et si on les interprétait trop à la rigueur. […] Il ne disait mot qui ne fût marqué au bon coin et qui ne portât. […] Le mot est de Beyle (Stendhal) ; mais je crois que je l’ai arrangé. […] Nous n’osons plus prononcer de ces mots si durs, et qui cependant, bien placés, répondaient à la chose.
Le mot s’entend tous les jours : « Ah ! […] De la littérature, pas un mot. […] C’est le mot, on entretient la musique en France. […] Est-ce bien moi qui ai créé le mot ? […] N’est-il pas plus commode de choisir un mot, d’accepter un mot qui est dans l’air ?
L’objet est là devant eux, aiguisant leur appétit ; ils se prennent à lui comme l’enfant qui s’impatiente autour d’une machine compliquée, la tente par tous les côtés pour en avoir le secret et ne s’arrête que quand il a trouvé un mot qu’il croit suffisamment explicatif. […] C’est là le premier mot du symbole du XIXe siècle, l’immense résultat que la science de l’humanité a conquis depuis un siècle. […] Les religions de l’Orient disent à l’homme : « Souffre le mal. » La religion européenne se résume en ce mot : « Combats le mal. » Cette race est bien fille de Japet : elle est hardie contre Dieu. […] Ce n’est donc pas une exagération de dire que la science renferme l’avenir de l’humanité, qu’elle seule peut lui dire le mot de sa destinée et lui enseigner la manière d’atteindre sa fin. […] ORGANISER SCIENTIFIQUEMENT L’HUMANITÉ, tel est donc le dernier mot de la science moderne, telle est son audacieuse mais légitime prétention.
t’es tout évêque d’Avranches ce matin. » D’où vient ce mot ? […] Il s’agissait du mot fameux de Moïse au commencement de la Genèse : Dieu dit : Que la lumière soit ! […] Longin, en l’isolant, avait trouvé ce mot sublime, et Boileau également. […] C’est encore là l’impression que fait Descartes à bien des gens de bon sens, qui l’arrêtent et refusent de le suivre dès le second mot, sinon dès le premier. […] Quand il écrit en français, il a le style bon, bien qu’un peu suranné, et il laisse volontiers aux mots leur acception toute latine.
On frise à tout moment le mot vif, le mot propre, et on s’arrête à temps. […] Là, du moins, si le mot grimace, la chanson s’en accommode. […] Au moment où le lecteur commence à s’échauffer et à user de tout son organe, un mot brusque venu du dehors : Le cordon, s’il vous plaît ! […] » — « Oui, je l’ai, répondait l’homme d’esprit, mais j’aimerais mieux la rêver que la voir. » Ce mot-là, il l’a bien dit. […] J’ai prononcé tout à l’heure le mot de coquette, et j’y tiens.
Dans le monde, il suffit d’un de ces jolis vers, d’un de ces jolis mots (l’ingrat !) […] Au lieu de l’ancien vers classique tout noble et tout pur, on a du comique parfois, des mots hardis ou même vulgaires, et mis à dessein. […] L’auteur est-il parvenu à donner un démenti à certain mot bien impertinent de Diderot sur les femmes et sur ce qu’elles auront toujours d’incomplet ? […] Des mots heureux, imprévus, tout à fait drôles, font oublier l’absence du fond ; elle a du facétieux. […] Dans une soirée, à un dîner, dans un cercle, on n’est pas plus vif, plus amusant, plus inépuisable en mots piquants et en étincelles.
Mais, dans le monde, l’esprit est toujours improvisateur ; il ne demande ni délai ni rendez-vous pour dire un mot heureux. Il bat plus vite que le simple bon sens ; il est, en un mot, sentiment prompt et brillant. […] Il avait sa Lisette en un mot, sans compter les distractions mondaines, voilà tout ce que je veux dire. […] Ses bons mots, ses saillies sont partout. […] Mais le côté social du Rivarol de la fin est trop resté dans l’ombre : il m’était très bien indiqué en peu de mots dans l’article de M.
En un mot, nous n’avons jamais deux fois la même représentation interne, parce que nous ne repassons jamais deux fois par le même état de la conscience, par le même sentier de la vie. […] Si vous placez la réaction, sous une forme quelconque, dans le plaisir et la peine, vous pourrez ne pas la mettre à part sous le nom de volonté, mais ce ne sera plus alors qu’une question de mots. […] Ce mot excitent rétablit toute la difficulté. […] Dans les cas d’aphasie, dit aussi Bastian, nous voyons des personnes vouloir, mais ne pouvoir exécuter avec succès certains mouvements d’élocution, sous des impressions visuelles appropriées ; par exemple, elles voient un mot écrit et ne peuvent le prononcer ; en même temps, elles conservent la faculté de produire les mouvements et de prononcer le mot, lorsqu’elles entendent ce mot. […] En un mot ; un centre n’est moteur que parce qu’il est sensoriel.
On ne doit donc plus s’étonner de cette confusion des genres, cause première de notre décadence générale, Encore ne faudrait-il point nous abuser sur les mots. […] Or, le reproche général que l’on fait au symbolisme et qui les résume tous en un mot : c’est d’avoir négligé la Vie. […] Gregh prononçait le mot d’humanisme. […] Il serait temps d’abandonner nos petites psychologies, nos petites formules, nos petites pitiés et nos grands mots, et notre vague humanitarisme. […] Ce mot avait pour parrain M.
Nisard n’est pas ce qu’on peut appeler, dans toute la plénitude de ce mot, un critique. […] Seulement, cette politesse empêche le décisif dans la rigueur du mot, la note vibrante que rien ne doit énerver dans le critique. […] Des gens qui croient qu’avec un mot (un mot bégueule et indigné !) […] Étude de nuances digne de madame de Staël, et dans laquelle l’aperçu se montre à chaque mot, mais en pointes de lumière comme cette poudre du diamant qu’on fait monter en étincelles. […] La pensée, chez madame de Staël, aurait été plus trouble et les mots auraient plus brillé… Il faut louer sans réserve le beau travail de M.
La sagesse s’acquiert, parce qu’elle est toute composée de sacrifices ; mais se donner un goût, mais inspirer un penchant, sont des mots contradictoires. […] Ce mot terrible, le malheur, s’entend dans les premiers jours de la jeunesse, sans que la pensée le comprenne. […] Les indifférents, les connaissances intimes mêmes, vous représentent, par leurs manières avec vous, le tableau raccourci de vos infortunes : à chaque instant, les mots, les expressions les plus simples, vous apprennent de nouveau ce que vous savez déjà, mais ce qui frappe à chaque fois comme inattendu ; si vous faites des projets, ils retombent toujours sur la peine dominante ; elle est partout, il semble qu’elle rende impraticable les résolutions mêmes qui doivent y avoir le moins de rapport ; c’est contre cette peine alors qu’on dirige ses efforts, on adopte des plans insensés pour la surmonter, et l’impossibilité de chacun d’eux, démontrée par la réflexion, est un nouveau revers au-dedans de soi. […] Des hommes froids, qui veulent se donner l’apparence de la passion, parlent du charme de la douleur, des plaisirs qu’on peut trouver dans la peine, et le seul joli mot de cette langue, aussi fausse que recherchée, c’est celui de cette femme qui, regrettant sa jeunesse, disait : c’était le bon temps, j’étais bien malheureuse.
Cette poésie conduite entraîne dans son nombre tous les mots. […] Il aime appeler à son service les mots imprévus, — on pourrait presque dire saugrenus. […] Le mot est plus qu’un signe conventionnel. […] Elle est prompte comme ces mots sans calcul qu’arrache le besoin. […] Elle s’éveille, elle sourit, elle est comme un enfant qui parle avec tous les mots.