— Il est vrai que c’est le cœur des littérateurs qui est fait ainsi ; celui des gens du monde l’est tout autrement. […] Le plus ou moins de vrai et de réel dans le détail, que lui importe ? […] Dampré est vrai, je le crois volontiers ; nous savons tous une quantité de Dampré qui ne sont occupés, en effet, qu’à ce genre de séduction et à tendre leurs filets soir et matin. […] Il y a une manière pleine, franche et sensée de prendre les choses (même finement observées en détail) et de les confondre un peu en les créant, qui est le vrai procédé et le vrai mouvement dramatique. […] Ce retard admis, la scène dans laquelle le fat se démasque, l’impudence qui lui fait tirer argument de son tort même et de son manège prolongé près de la femme compromise, pour en arracher un succès, la menace misérable qui termine, tout cela est vrai, bien vu, animé : « C’est la seule scène de la pièce », disait à côté de moi une femme.
Le signe tout matériel qui trahit l’absence de vraie inspiration, c’est le manque d’haleine, l’essoufflement des poètes : on ne fait plus guère que des poèmes en quelques lignes. […] Le vrai culte de l’antiquité, c’est de sortir du sanctuaire avec l’esprit du dieu prêt à se répandre dans un monde nouveau. […] André Chénier s’y pousse plus avant qu’aucun, et, par la vigueur des idées comme par celle du pinceau, il était bien digne de produire un vrai poème didactique dans le grand sens. […] Est-il vrai que ton sort Est de ramper toujours, et que toi seule as tort ? […] « Est-il bien vrai, dit-il, que la maturité de la science la prépare en effet à un hymen suprême avec la poésie ?
Ce qui est une qualité dans l’histoire eût été ici un défaut ; tout est vrai dans ce petit volume, mais non de ce genre de vérité qui est requis pour une Biographie universelle. […] Ce que j’aurais surtout à excuser, si ce livre avait la moindre prétention à être de vrais mémoires, ce sont les lacunes qui s’y trouvent. […] Mais le vrai a une grande force, quand il est libre ; le vrai dure ; le faux change sans cesse et tombe. C’est ainsi qu’il se, fait que le vrai, quoique n’étant compris que d’un très petit nombre, surnage toujours et finit par l’emporter. […] Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé.
De plus, la qualité dominante du vrai critique, c’est cette même puissance de sympathie et de sociabilité qui, poussée plus loin encore et servie par des facultés créatrices, constituerait le génie. […] Guyau montre que la vraie représentation des choses doit en être une « animation sympathique ». […] X. — Après l’évolution de l’art, Guyau en étudie la dissolution et recherche les vraies causes des décadences littéraires. […] Nul ne pouvait mieux comprendre cette vérité que Guyau, dont l’âme fut toujours si profondément désintéressée. « Mon amour, dit-il, est plus vivant et plus vrai que moi-même. […] Au fond, il demeure convaincu que tout ce qui, dans les choses et les êtres, nous laisse indifférents, ou même nous irrite, est simplement incompris, et qu’il suffirait de trouver la vraie raison des choses pour les regarder d’un œil affectueux ou indulgent.
Objet de la comédie : le vrai, plaisant et instructif. […] Molière cherche toujours à faire vrai. […] Ce qui m’y paraît grave et significatif, c’est la façon dont Molière définit la vraie dévotion. […] Il est vrai ; mais comme Rabelais et comme Montaigne, Molière ajoute la raison à la nature. […] S’il part d’une idée juste, d’une observation vraie, il se hâte de la fausser, pour forcer le rire.
Certes non, il n’est pas vrai de dire que Richelieu propose, sous peine de mort, l’énigme de sa propre pensée à l’histoire. […] et qui intercepte sa vraie physionomie. […] La vraie église était un club et les républicains qui partaient pour la Vendée y venaient chanter la Marseillaise devant un sanhédrin de bonnets rouges ! […] , ces deux traits saillants du génie, ne se trouvèrent jamais chez elle. » C’était « une bourgeoise enrichie », le fait est vrai, mais M. […] Lacordaire à une gloire vraie.
L’affection vraie trouve son objet avant de le chercher. […] Il y a du vrai. […] Cela est vrai, sauf restriction. […] C’est devenu un tableau, et très vrai et vif de couleur. […] Il est vrai qu’ils sont tels toujours.
Volte-face, et voyons maintenant les vrais siècles. […] L’instruction obligatoire veut l’histoire vraie. L’histoire vraie se fera. […] Celui par qui l’on pense, voilà le vrai conquérant. […] non, en disant vrai.
On ne lui fit pas, à lui, les mille cruelles misères par lesquelles, dans cet épouvantable métier d’écrivain, on navre l’âme des hommes qui ont une supériorité, aussi méconnue d’abord qu’elle est vraie. […] s’il n’y avait là qu’une histoire comme l’histoire de la conspiration de Catilina ou des Pazzi, l’auteur, avec son style nerveux, rapide, poignant par places, et qui ne s’amuserait pas aux archaïsmes enfantins du vieux Salluste, nous la raconterait à merveille, je n’en doute pas, et y verserait cette vie de l’action qui est la vraie vie de l’Histoire. […] Ce qu’il y a de vrai et de réel dans cette conspiration de Rochereuil et de l’abbé Goujet, deux hommes qui ne sont pas sortis de cette injuste obscurité qui est souvent, hélas ! la destinée des plus grands cœurs, je puis ne pas m’en soucier, — pas plus que je ne me soucie des grands hommes oubliés du cimetière de Gray, — mais je ne puis pas ne point me soucier de la grandeur ou de la profondeur de ce Goujet et de ce Rochereuil, qui, vrais ou faux, vous appartiennent, et que vous me donnez hardiment et voulez me faire prendre pour des grands hommes inconnus. […] Le voilà, avec son talent, il est vrai, mais ce n’est pas là le talent qu’il faudrait, et c’est même à se demander quelquefois si Ranc, en écrivant l’Histoire (l’écrira-t-il plus tard ?
La nomenclature ne l’emporte-t-elle pas sur le vrai classement ? […] Ce sont des traits semblables qui font le vrai prix de cet ouvrage. […] S’il a voulu être sérieux, il fallait qu’il fût précis et vrai. […] Il n’y a que la vérité qui soit féconde ; il n’y a, si nous osons nous exprimer ainsi, que la vérité qui soit vraie, c’est-à-dire qui produise des effets vrais. […] Comment édifieriez-vous sur une fiction un système vrai ?
À y voir un système, le livre de La Rochefoucauld ne saurait être vrai que moyennant bien des explications et des traductions de langage qui en modifieraient les termes. Sans doute il est vrai que l’homme agit toujours en vue ou en vertu d’un principe qui est en lui et qui le pousse à chercher sa satisfaction, son intérêt et son bonheur. […] Je sais bien que Fontenelle a dit : « Les mouvements les plus naturels et les plus ordinaires sont ceux qui se font le moins sentir : cela est vrai jusque dans la morale. […] Telle n’était point autrefois la conversation de l’honnête homme dans la vie privée, selon M. de La Rochefoucauld, qui passe pour en avoir été le vrai modèle. […] Leur spiritualisme, tel même qu’ils le définissent et le circonscrivent, outrepasse déjà la nature humaine et en donne une idée plus spécieuse que vraie, et à bien des égards décevante.
Nous ne nous appartenons plus, il est vrai ; mais c’est peut-être pour cela que nous avons pris en main un romancier ou un poète. […] X…, et, en réfléchissant sur le père Grandet, vous vous dites : « … et il est très vrai ; Le père Grandet c’est M. […] Nous sommes étonnés, choqués, nous nous disons : « mais ce n’est pas vrai ! […] C’est un homme aimable dont la société est aussi agréable qu’elle est inutile, s’il est vrai, ce que l’on pourra contester, que ce qui est agréable puisse être inutile. […] Tout ce que je viens de dire est généralement vrai ; mais, comme il arrive, les choses sont quelquefois tout à l’inverse.
Le vrai philologue doit être à la fois linguiste, historien, archéologue, artiste, philosophe. […] Il n’est pas d’étude, quelque mince que paraisse son objet, qui n’apporte son trait de lumière à la science du tout, à la vraie philosophie des réalités. […] L’humanité arrivera à percevoir la vraie physionomie des choses, c’est-à-dire à la vérité dans tous les ordres. […] L’argumentation n’est possible que dans une science comme la géométrie, où les principes sont simples et absolument vrais, sans aucune restriction. […] Il ne sera que logiquement vrai, et pourra même n’être pas aussi vrai que les principes : car il se peut que la conséquence porte uniquement sur la part d’erreur ou de malentendu qui était dans les principes, mais suffisamment cachée pour que le principe fût acceptable.
Mais a-t-on fait attention que sa stérilité est la vraie cause de cette disette ? […] de Voltaire parmi les vrais enfans de Thalie. […] Quel Philosophe, qu’un Auteur qu’on ne peut ni définir ni suivre, qui laisse ses Lecteurs dans un doute perpétuel sur ses vrais sentimens ! […] Notre intention est de le représenter tel qu'il s'est montré dans ses propres Ouvrages ; & quel vaste champ n'y offre-t-il pas aux réflexions du vrai Philosophe ! […] Dans les Lettres, dans la Philosophie, dans l'Histoire, lorsqu'il est désintéressé, le vrai échappe rarement à sa vue ; mais le plus petit intérêt l'obscurcit, l'altere, le dénature, dans son esprit.
Il est des critiques qui disent : « Le vrai est ce qu’il peut », et qui prennent les choses et les gens comme ils les rencontrent. […] Il n’est pas moins vrai que cette Histoire devient, par nécessité, un procès continuel. […] Nisard n’est-il pas un peu subtil quand, séparant chez lui le spécieux et le vrai, il le veut bon écrivain sitôt qu’il entre dans le vrai, prosateur inégal et douteux dès que le spécieux commence ? […] Et sur Massillon envers qui il est si sévère, sur ce Massillon qu’on a appelé le Racine de la chaire, vaste orateur cicéronien, aux nuances morales infinies, abondant et suave, est-il donc vrai de dire que certains de ses défauts se peuvent rapprocher de ceux de Lamotte ? […] [NdA] Si l’on cherchait un nom pour rendre l’idée plus sensible, le vrai représentant de l’esprit français dans ce que j’appelle un congrès européen serait Voltaire.
La Vierge noble, grande, pleine de modestie, vêtue et drapée naturellement, dans le vrai goût de Raphaël. […] La couleur en est forte, et plus peut-être que vraie. […] N’est-il pas vrai que vous l’aimez mieux incertain et perplexe, et que vous vous en mettez bien plus aisément à sa place ? […] Mais alors ce n’est plus la scène réelle et vraie qu’on voit ; ce n’en est, pour ainsi dire, que la traduction. […] La seule expression vraie qu’il puisse avoir est celle d’un homme qui sort d’un sommeil profond ou d’une longue défaillance.
Grâce encore, il est vrai, aux documents que MM. […] Mais à cela près de cette conduite, de cette longue accoutumance d’une domination qui ne se renonça jamais, nous continuons d’ignorer le vrai Charles-Quint de Yuste, et il reste dans cet empereur retiré, qui n’est ni tout à fait un empereur, ni tout à fait un moine, un point central que le mystère et le silence recouvrent toujours. […] Philippe II, lui, le vrai moine sans être au monastère, Philippe II, le véritable Roi Espagnol, s’effraie de cette guerre voulue si énergiquement par son père. […] Et cela est si vrai, cette influence subie tour à tour et contrariée par Charles-Quint, que la profonde Espagne lui en garda rancune, et que malgré Yuste, malgré une mort catholiquement magnifique, elle ne lui pardonna jamais. […] C’est peut-être la meilleure raison à donner de la médiocrité d’aperçu d’un ouvrage sur un sujet qui, plus que tout autre, aurait exigé de l’écrivain, assez hardi pour y toucher, cette sagacité supérieure, qui est le vrai génie de l’histoire.
Ce n’est pas tout à fait vrai. […] C’était vrai ; mais cela prouve peu. […] La vraie démocratie c’est le gouvernement direct. […] Il est vrai. […] Cela est vrai pour tout homme, plus vrai peut-être pour le critique.
Ce sont de vraies lettres ; elles en portent le cachet : elles sont vives et courtes pour la plupart ; on y sent l’homme pressé qui n’a qu’une demi-heure à lui et qui en profite. […] « Je vais au fait, c’est ma devise » disait Voltaire, et il disait vrai. […] Il est vrai que ce n’est pas un beau thème à l’éloquence : cela se débite en chambre, non en chaire ; à quelques-uns et à demi-voix, non à une foule assemblée. […] Il n’hésite pas, il ne daigne pas discuter, il n’en fait ni une ni deux, il tranche ; et je suis sûr que s’il avait entendu élever un doute à ce sujet, il aurait été homme à répondre avec l’éclair dans les yeux que, vraie ou fausse en réalité, la tradition n’en était pas moins vraie, et dans un sens supérieur au réel : il y a de ces tours de force de l’éloquence. […] En un ou deux cas, les vues mêmes sont vraies indépendamment du cadre et du lieu.
Il ignora longtemps sa vraie personnalité. […] Âme heureuse, dis, est-il vrai que tu seras heureuse ? […] Les œuvres vraies sont là devant le critique qui s’interroge. […] Puisque cela fut vrai, qu’ils le prouvent encore. […] Chateaubriand nous donna les premiers vrais modèles en ce genre.
Nos goûts vicieux et dépravés ne sont le plus souvent que des indications naturelles faussées et détournées de leur vrai sens. […] Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas vrai non plus de la façon dont il nous semble. […] Ma curiosité, mon désir de tout voir, de tout regarder de près, mon extrême plaisir à trouver le vrai relatif de chaque chose et de chaque organisation m’entraînaient à cette série d’expériences, qui n’ont été pour moi qu’un long Cours de physiologie morale. […] Le vrai, c’est le secret de quelques-uns. […] XXI Il y a lieu plus que jamais aux jugements qui tiennent au vrai goût, mais il ne s’agit plus de venir porter des jugements de rhétorique.
Si l’on a une vraie veine, l’important est de la développer et de la pousser un peu haut sans doute, mais avant tout de la reconnaître et de la suivre. […] Aujourd’hui il se retrouve lui seul et lui-même tout entier, à son vrai point naturel ; il ressaisit le genre de son talent dans la direction la plus ouverte et la plus sûre. […] Mais nos parterres, ni même nos orchestres, ne sont pas tout à fait composés de Talleyrands : le dialogue paraît donc suffisamment vrai ; s’il étonnait par moments, on se dirait : C’était comme cela alors. […] Les deux meilleurs caractères de la pièce, les plus vrais d’un bout à l’autre, me semblent Richelieu et la marquise. […] A entendre nos espérances d’alors, il semblait que, pour l’entier triomphe d’un genre plus vrai et des jeunes talents qui s’y sentaient appelés, il ne manquât qu’un peu de liberté à la scène et de laisser-faire.
Non pas certes que nous prétendions, dans cet état de la salle que nous appelons le vrai prologue du drame, avoir découvert rien qui ressemblât nulle part à de la malveillance prononcée contre l’auteur. […] Le rôle de Cosima est gracieux, fin et vrai ; celui d’Ordonio n’est pas moins vrai, bien que moins aimable. […] Ce caractère est vrai encore. […] Il est vrai que, dès qu’elle y pense et qu’on l’en avertit, elle répare, elle tombe à genoux devant lui ; mais c’est trop après trop peu. […] Et puis certains caractères peut-être ne doivent pas être trop vrais, trop réels.
La Satire, il est vrai, a toujours été le fléau de leurs absurdes prétentions : mais sur qui doit-elle tomber ? […] Dans toutes ses Satires, fidele aux vrais principes, il n’emploie le sel de la plaisanterie, que pour mieux marquer les défauts & les proscrire plus sûrement. […] Tout le monde sait par cœur l’éloge qu’il y fait du vrai ; tout le monde est intéressé à en adopter les idées & à en pratiquer les leçons. […] Mais quand Despréaux n’auroit pas fait le Lutrin, seroit-on plus en droit de lui disputer les qualités qui font le vrai Poëte ? […] Plus adroit, plus heureux dans ses dénouemens que le premier ; plus décent, plus moral que le second, il ne perd jamais de vue le but de la vraie Comédie, qui est de corriger les hommes, de guérir leurs travers, en les amusant.
Il est vrai que quand tout le monde se ferait Diogène comme Rousseau, il faudrait parcourir bien des tonneaux avant de rencontrer un Diogène tel que celui-là. […] Il est vrai que l’auteur s’est épargné la peine des liaisons et de la fonte ; mais la méthode et la chaleur sont peut-être incompatibles. […] Il faut cependant être vrai. […] Rousseau prend aux femmes, paraît surtout dans son quatrième volume : comme il est beaucoup plus attaché à cette moitié du genre humain qu’à l’autre, il s’est aussi beaucoup plus utilement occupé du soin de son éducation ; presque tout ce qu’il dit à ce sujet est vrai, bien pensé, et surtout praticable. […] Cela est vrai, raisonnable, sans exagération, sans affectation de cynisme ; aussi cet endroit-là ne fera presque pas de sensation.
Je ne reconnais pas, il est vrai, sur ce talent, nouveau pour moi, les influences qui devraient y être, les traces de l’amour, toujours plus ou moins ineffaçables. […] Le principe de cette malpropreté actuelle et solennelle est celui-ci : que la réalité est d’autant plus vraie que sa vérité est plus négligée et plus basse. […] La beauté peut être plus rare, mais elle n’est pas moins vraie que la laideur. […] il faut qu’à la fin il le rende aussi commun que tous les autres, mené qu’il est par la misérable idée de son école que, plus on est commun, plus on est vrai. […] d’aplatir Henriette, ce caractère qui n’aurait pas été moins vrai quand il serait resté plus ferme, et qui aurait été alors émouvant et beau.
Les vrais grands se relèvent. […] Au fond, c’est peut-être vrai. […] C’est vrai, pourquoi ? […] Est-elle vraie ? […] si elle est vraie !
Ce bonheur n’est pas le vrai ; à peine en est-il l’ombre. […] Je donnais à cette logique son vrai nom. […] Il est vrai qu’il n’y pensait qu’après avoir pourvu à celui des autres. […] Vrai ? […] Serait-il vrai, ô mon Dieu !
Il y a le prétexte et le vrai motif. […] Le vrai, c’est qu’on avait à éviter sans doute une réunion trop apparente ; mais aussi celle des deux petites chambres de Jouffroy où se faisait son cours particulier était déjà bien remplie quand on était quinze ou seize. […] Il y aurait eu, si l’on avait voulu être entièrement vrai, à tirer de là une leçon toute naturelle sur les esprits non aguerris et non trempés qui entrent dans la politique et qui n’en recueillent que l’amertume. […] Sa vraie supériorité est dans la manière dont il entend et dont il traite l’histoire, non pas celle de ce temps-ci et qui se passe sous nos yeux (elle est trop mobile et trop variable à chaque instant), mais l’histoire morte et telle qu’elle se refait après coup. […] Vous diriez que ce contemplateur est peut-être un peintre, un paysagiste, à qui il suffit, comme au Canaletto, d’observer, pour les reproduire, les couleurs et les transparences, mais que, certes, ce n’est pas un vrai savant.
C’est encore dans Voltaire qu’il faut chercher la vraie et vive critique littéraire de ce temps-là ; c’est dans Grimm, c’est dans La Harpe lui-même. […] Il y a des paradoxes vrais et des paradoxes fous : Mercier en avait des deux sortes ; il avait fini par proscrire indifféremment Raphaël, Racine, Newton et le rossignol. […] Est-il bien vrai de dire de lui que « son bonheur était de rendre service ? […] …18 » Ce Mercier est un vrai corsaire ! […] Monselet a une qualité précieuse : il est dans la veine française, mot dont on abuse et qui est vrai pour lui.
A vrai dire, comment accorde-t-il les règles avec la raison ? […] Ainsi, dans l’amour : « lorsque cette connaissance est vraie, c’est-à-dire que les choses qu’elle nous porte à aimer sont véritablement bonnes, l’amour ne saurait être trop grande, et elle ne manque jamais de produire la joie. Je dis que cette amour est extrêmement bonne, pour ce que, joignant à nous de vrais biens, elle nous perfectionne d’autant293 ». […] Le but de tout exercice de la pensée est le vrai : en littérature comme en philosophie, dès qu’on pense, dès qu’on parle, ce ne peut être que pour chercher ou exposer la vérité. L’esprit classique manifeste donc encore ici sa concordance avec le cartésianisme, lorsqu’il fait de la vérité l’objet suprême de l’œuvre littéraire, et pose comme identiques le vrai et le beau.
L’âme de ce cher petit Chose, qui n’a pas eu une enfance heureuse et qui a songé des songes si jolis et si tendres, continue de flotter, légère, sur les romans vrais de M. […] Je ne citerai pas les contes les plus connus, les plus brillants, les plus populaires, mais quelques-uns des plus unis et des plus simplement vrais. […] C’est vrai, ça m’a toujours un peu taquiné de ne pas connaître mon père Sans doute, sans doute ; vous avez bien fait, mon garçon », dit le père Achille. […] Savez-vous rien de plus vrai et qui soit d’un effet plus singulier ? […] Mais qui me donnera la vraie caractéristique de M.
Rien de plus vrai pourtant. […] Tenez pour vraie toute chose qui prend ainsi possession de vous, qui fait corps avec vous ; tenez pour mal écrit tout ce que vous oubliez. […] Tout ce qui, dans les Maximes de La Rochefoucauld, est parfait par l’expression, est vrai par le fond. […] Le plus grand nombre, qui fait la gloire de La Rochefoucauld, sont des vérités historiques, absolument vraies d’une époque et d’une certaine société, relativement vraies de toutes les autres. […] Le plus grand nombre des pensées de La Rochefoucauld est vrai de la vérité historique.
Au premier rang de cette grande famille des vrais fils de Dieu, il faut placer Jésus. […] C’était un rabbi de plus (il est vrai, le plus charmant de tous), et autour de lui quelques jeunes gens avides de l’entendre et cherchant l’inconnu. […] Il n’y avait pas encore de chrétiens ; le vrai christianisme cependant était fondé, et jamais sans doute il ne fut plus parfait qu’à ce premier moment. […] Hillel cependant ne passera jamais pour le vrai fondateur du christianisme. […] Si elle ne paraît qu’une fois en saint Jean (III, 3 et 5), c’est que les discours rapportés par le quatrième évangile sont loin de représenter la parole vraie de Jésus.
Pour les modernes, à l’origine, les vrais, les seuls classiques furent naturellement les anciens. […] Les vrais et classiques auteurs de la double Antiquité se détachèrent désormais dans un fond lumineux, et se groupèrent harmonieusement sur leurs deux collines. […] Les vrais et souverains génies triomphent de ces difficultés où d’autres échouent ; Dante, Shakespeare et Milton ont su atteindre à toute leur hauteur et produire leurs œuvres impérissables, en dépit des obstacles, des oppressions et des orages. […] « Il y a plus d’une demeure dans la maison de mon père3 » ; que cela soit vrai du royaume du beau ici-bas non moins que du royaume des cieux. […] C’est alors que ce mot de classique prend son vrai sens, et qu’il se définit pour tout homme de goût par un choix de prédilection et irrésistible.
Rien de plus vrai. […] Cela est vrai. […] Vous dites vrai, si vous parlez du rapport. […] Donc ce qui sera vrai de l’une sera vrai de l’autre. […] Du Vrai, du Beau, etc.
Songez donc qu’il s’agit de la vraie religion, de la seule chose sérieuse et sainte. […] Le vrai coupable en tout cela, c’est la société qui n’a pas élevé et ennobli ce misérable. […] On ne se bat pas pour la mort ; ce qui passionne le plus est le plus vivant et le plus vrai. […] Alors il serait vrai de dire : vous êtes des dieux et les fils du Très-Haut. […] À quoi sert d’être libre de parler et d’écrire si l’on n’a rien de vrai et de neuf à dire ?
Les détails qu’on pourrait donner à cet égard sembleraient fabuleux, et ne seraient que vrais. […] La puissance propre à M. de Balzac a besoin d’être définie : c’était celle d’une nature riche, copieuse, opulente, pleine d’idées, de types et d’inventions, qui récidive sans cesse et n’est jamais lasse ; c’était cette puissance-là qu’il possédait et non l’autre puissance, qui est sans doute la plus vraie, celle qui domine et régit une œuvre, et qui fait que l’artiste y reste supérieur comme à sa création. […] Un Aristarque vrai, sincère, intelligent, s’il avait pu le supporter, lui eût été pourtant bien utile ; car cette riche et luxueuse nature se prodiguait et ne se gouvernait pas. […] Mais d’autres caractères du roman sont vrais, profondément vrais, et avant tout le baron Hulot, avec cet amour effréné des femmes qui mène de degré en degré l’honnête homme au déshonneur et le vieillard à l’avilissement ; et Crevel, excellent de tout point, de ton, de geste, de plaisanterie, le vice bourgeois dans toute sa tenue et son importance. […] Il y aurait, dans un travail moins incomplet, et si l’on était libre de se donner carrière, à bien établir et à graduer les rapports vrais entre le talent de M. de Balzac et celui de ses plus célèbres contemporains, Mme Sand, Eugène Sue, Alexandre Dumas.
Si le fait n’est pas vrai d’une vérité historique, il l’est d’une vérité psychologique. […] — Il est vrai que le pouvoir du tsar est unique et absolu, qu’il ne rencontre aucun corps constitué capable de lui tenir tête : pas de corporations, pas de noblesse, pas de provinces. […] Elle existait en germe à Rome, s’il est vrai que le client est déjà au patron ce que le vassal est au seigneur220. […] Tantôt on nomme libertés les droits garantis ; on considère alors la vraie liberté comme postérieure à l’État, fille des lois qu’il promulgue et sanctionne. […] À quoi il nous faut répondre alors que c’est justement le contraire qui paraît vrai.
Voilà le vrai sens du mot « droit ». […] Verdier a trouvé le chemin électrique, le vrai. […] Ce n’est pas tout à fait vrai ; mais c’est suffisamment vrai pour pouvoir être dit. […] Et c’est qu’il est vrai ! […] Ceux qui restent inconscients vivent dans le vrai, dans le vrai pur.
« Il est vrai, devons-nous ajouter par un esprit d’impartialité, avec l’Auteur du Siecle de Louis XIV, il est vrai, que tout le Livre portoit sur un fondement faux. […] L’impiété seroit-elle plus excusable & mieux fondée, quand il seroit vrai que les Défenseurs du Christianisme se sont trompés quelquefois ? […] Peintre vigoureux & facile, son coloris, il est vrai, est sec & rembruni ; mais ce défaut n’empêche pas qu’il ne l’emporte de beaucoup sur le commun des Moralistes, & ne s’éleve même au rang des plus éloquens & des plus substantiels.
« Il vous semblera passer de l’ardente montagne d’Œtne sur le froid sommet du Caucase. » Et cela est vrai également des modernes. […] Insistant sur le grand précédent des Romains, disciples et émules des Grecs, il expose le vrai procédé de l’imitation classique, de l’imitation originale qui a prévalu depuis Térence jusqu’à Racine, le procédé de l’assimilation. […] Pétrarque et Boccace ont acquis leur vraie gloire bien moins en composant en latin qu’en écrivant dans leur langue. […] En plaçant très haut la palme et le prix du poème, Du Bellay n’a garde de vouloir décourager et refroidir les talents vrais, mais de portée moindre. […] Le vrai dormir ne fut fait que pour eux ; Nous n’en avons ici que la copie… (Le Diable de Papefiguière.)
De ces impressions de Parisien sont faites les satires III et VI, une bonne partie du Lutrin, les plus forts endroits de la satire X : et le vrai Boileau, le Boileau original et qui compte en art, est là. […] Mais ainsi, la beauté sera identique à la vérité : Rien n’est beau que le vrai. Mais, le vrai, à son tour, c’est la nature Mais la nature est vraie… Et elle porte avec elle son évidence : … Et d’abord on la sent. […] En général, aussi, le champ de l’imitation n’est borné que par les caractères intrinsèques du vrai et du rationnel. […] Ils sont grands, parce qu’ils sont vrais : ils ont su voir, ils ont su rendre la nature.
) ; enfin, aussi naturelle dans le factice, aussi vraie dans le faux qu’on le peut être. […] On perd le sentiment du vrai, du vrai réel comme du vrai idéal. […] Elle veut allier les deux mondes, les deux tourbillons, les deux genres ; elle y réussit, mais elle supprime et ne compte pour rien bien des choses vraies, générales et naturelles à ce temps-ci, qui sont dans l’entre deux. […] Le blanc et le noir, le vrai et le faux, elle vous retourne tout cela, et ce serait du vrai pédantisme, auprès d’elle, que de s’en préoccuper. […] À certains jours, le moraliste en Mme de Girardin rencontre plus vrai, et il ne tiendrait qu’à lui d’être profond.
Voltaire a perdu de sa gloire le faux, et gardé le vrai. […] Enfin il est anglais jusqu’à essayer d’atténuer Henri VIII ; il est vrai que l’œil fixe d’Élisabeth est sur lui. […] Cela est vrai en Espagne, et n’est pas faux en Angleterre. […] Il est vrai que c’est dans un apocryphe, la Vie de Moïse. […] Il est vrai qu’il met dans une gloire Aulu-Gelle et Restif de la Bretonne.
Cette vue est très ingénieuse, et elle est presque vraie. […] Cela est très vrai. […] C’est pour cela qu’il est si vrai. […] Ce n’est point un vrai moraliste qui a écrit cela. […] — Ce n’est vrai que de celles qui ne savent qu’à moitié.
C’est là sa physionomie, c’est ainsi qu’il a sa vraie grandeur. […] Il est vrai qu’on est très-tenté de méconnaître celui-ci, tant on le voit souvent métamorphosé et sécularisé. […] « Les hommes ont mépris pour la religion, dit-il encore ; ils en ont haine, et peur qu’elle soit vraie. Pour guérir cela, il faut commencer par montrer que la religion n’est point contraire à la raison ; qu’elle est vénérable, en donner le respect ; la rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fût vraie, et puis montrer qu’elle est vraie : — vénérable parce qu’elle a bien connu l’homme, aimable parce qu’elle promet le vrai bien. » On n’aurait que le choix entre les passages pour faire voir que Pascal n’avait nullement dessein de pousser les choses à l’absurde, comme on le pourrait augurer d’après certaines pensées publiées isolément. […] J’aime les biens, parce qu’ils donnent les moyens d’en assister les misérables….. » Que ce christianisme vrai et de source vient en démenti aux idées des plus sages païens !
Il est vrai qu’en attribuant toutes ces propriétés à la fable, nous avons involontairement en vue le genre tel que La Fontaine l’a traité. […] Il est vrai qu’il n’y a pas de genre d’ouvrage qui s’accommode mieux que la fable à notre humeur de chaque moment. […] Il est vrai que pour aucun des admirateurs des anciens la querelle n’était plus personnelle. […] C’est son vrai nom, et cet amour pour toutes choses ajoute à la gloire de ce goût ; car il n’y a pas peu de mérite, quand on aime tout, à savoir choisir. […] Il y avait du vrai dans le portrait du personnage.
La théorie de l’art pour l’art, bien interprétée, et la théorie qui assigne à l’art une fonction morale et sociale sont également vraies et ne s’excluent point. […] C’est le propre du vrai poète que de se croire un peu prophète, et après tout, a-t-il tort ? […] Le vrai poète est celui qui réveille ces voix. […] Oui, oui, tu le savais et que dans cette vie Rien n’est bon que d’aimer, n’est vrai que de souffrir. […] Ainsi que l’amour et la bonté, la beauté était aux yeux de Musset plus vraie que la vérité même ; et on peut dire que de là dérive toute son esthétique : Rien n’est beau que le vrai, dit un vers respecté : Et moi je lui réponds, sans crainte d’un blasphème : Rien n’est vrai que le beau, rien n’est vrai sans beauté.
Elle se croit une société juste et vraie, plus juste et plus vraie que la société artificielle du moyen âge. […] Le positivisme, dans son esprit, dans sa vraie idée, dans la pensée d’Aug. […] La preuve spéculative ne peut pas être donnée, il est vrai ; mais elle est inutile. […] Il n’y a qu’une vraie religion, il n’y en a pas deux. […] Si l’une des églises est dans le vrai, l’autre se trompe, et réciproquement.
Il est vrai qu'une Histoire dans le goût des nouvelles Annales de Toulouse n'eût certainement pas obtenu à son Auteur, de la part des Archontes, des Lettres de Citoyen, & le titre d'Homme de génie. Il est vrai que les Journalistes d'Athenes n'auroient point applaudi à un pareil triomphe, ni célébré, comme un excellent Ouvrage, une Compilation des plus minces Annalistes, bigarrée de différens styles, farcie de réflexions parasites constamment exprimées avec une emphase ridicule & une mortelle pesanteur. Il est vrai que les Etudians du Lycée n'eussent pas couronné sur le Théatre une Tragédie comme celle de Richard III. […] Le moyen, après cela, de ne pas craindre la chute entiere de la Littérature, & le découragement du vrai talent !
Sous prétexte que toucher ou convaincre son lecteur, c’est sacrifier l’art en le subordonnant à une autre fin que lui-même, on vide son discours de toute vérité, que la raison, la conscience ou le cœur pourraient saisir : on poursuit une beauté toute matérielle et physique, que nul mélange du vrai, du bien, du beau moral même ne vient corrompre, et l’on travaille son style pour l’œil et l’oreille du public : on se fait ciseleur, coloriste ; on sculpte des phrases marmoréennes, on exécute d’étourdissantes variations ; on a une riche palette, un clavier étendu. […] Cette indifférence a été favorisée par le progrès de l’analyse et de la critique, qui ont montré l’erreur au sein de toute vérité, la vérité mêlée encore à toute erreur : si rien n’est absolument, éternellement vrai ou faux, bon ou mauvais, si rien de ce que nous voyons n’est tel que nous le voyons, si même rien peut-être n’est, à quoi bon se peiner pour chercher le vrai, pour l’exprimer ? Tout ce qu’on pense est vrai ; la première pensée venue en vaut une autre ; ce que les mots se trouvent signifier n’est ni mauvais ni pire que ce que d’autres mots signifieraient : il ne reste donc de sûr, de solide, que l’apparence, la beauté même des mots, harmonie, couleur, forme, ce qui enivre ou charme les sens. […] Ils croient au vrai et au bien, ils les cherchent partout : la pure beauté, toute formelle, purement sensible, sans mélange d’éléments intellectuels ou pathétiques, leur est incompréhensible.
Leur vrai maître est Hobbes. […] Il est vrai, et encore je ne sais pas si c’est si vrai que cela. […] C’est vrai ! […] Il a voulu la faire très vraie. […] Mais c’était vrai au fond, c’était vrai en puissance.
La vraie esthétique suppose la science. […] Combien l’étude des religions est indispensable à la vraie psychologie. […] La tendance à laquelle correspond le socialisme est la vraie, ses moyens sont mauvais et iraient contre son but. […] Le dogme n’est tyrannique que le jour où il n’est plus vrai. […] Mœurs vraies qui ne seraient ni aristocratiques, ni bourgeoises, ni plébéiennes.
C’est le vrai du vrai, c’est la première fraîcheur de la source, c’est l’enfant ébouriffé avant le coup de peigne de sa mère ! […] Mme Le Normand se vante (à la page 10) de nous éclairer Mme de Staël d’un jour plus vrai que celui sous lequel on la voit communément. […] Est-ce sur tout cela que vous allez faire tomber un jour plus vrai ? […] C’est le contraire qui est le vrai ; elle ne voyait qu’aux éclairs déchirés de sa sensibilité ; génie, seulement à force de sensibilité, comme les Pythonisses ! […] Sa gloire qu’elle eût donnée pour la beauté et pour le bonheur dans le mariage, la vraie gloire de la femme, les deux seules choses que les femmes doivent préférer à tout et qu’Ève eut dans son Paradis !
L’avenir se moque très bien de ceux qui le prédisent, mais il n’en est pas moins vrai que le génie grec est cette raison avec laquelle les têtes païennes de ce temps, qui rabâchent le mot de Socrate, prétendent expliquer l’univers. […] Et, hormis cette prétention dernière qui est tout une Poétique sur laquelle nous allons revenir, tout est vrai dans ce que dit là M. […] Jules Girard, qui finit par se dépraver dans ces accointances grecques, conclut au nom de cette raison, dont l’art, pour lui, relève, que l’émotion, la plus noble émotion de l’homme, n’est rien dans la recherche du vrai et dans l’histoire de l’humanité ! […] Si le mot superbe de Napoléon est profondément vrai : « La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit », cela n’est-il pas bien plus vrai encore de la tête qui juge ? […] C’est donc sa vraie place ; mais elle est mauvaise pour les juger.
qui est, du reste, le vrai succès pour la vanité, quand on n’a ni fierté, ni délicatesse ; et par cela seul me voilà obligé de parler. […] Un jour, il est vrai, un seul jour de ce siècle, nous eûmes mieux que Beaumarchais, puisque nous eûmes Balzac. […] La comédie, qui repose bien plus sur des conventions qu’on ne le croit, ne dit pas un mot de vrai avec ses valets et ses soubrettes, vieux types usés et recrépis par le génie de Molière, que les faiseurs de pièces de cette époque se sont passés de la main à la main. […] Enfin Mme d’Aulnoy, qui suivit Louise d’Orléans en Espagne, nous a esquissé au crayon noir sur papier rose une vue des mœurs et de la cour de ce pays, qui restera comme une peinture d’histoire, plus sinistre, je crois, que le plus sombre des Goya… Plus tard, tout descendant et se rapetissant, on ne trouve plus, il est vrai, au dix-huitième siècle que l’insignifiante Mme de Haussez de chez la Pompadour. […] Aussi n’ai-je été nullement surpris quand, arrivé à la dernière page de ces prétendus et impudents Mémoires, j’ai vu que la vraie femme de chambre, en supposant qu’elle existe, n’avait pas écrit et s’était contentée de donner ses notes à un littérateur, mâle ou femelle, qui en avait fait cette belle pièce de littérature !
Le vrai drame se passe dans la coulisse, entre les actes et les scènes. […] Il fallut bien s’en inquiéter, quand, après quarante années d’existence toute littéraire et artificielle, la tragédie se produisit sur un vrai théâtre, devant un vrai public. […] C’est bien simple, trop simple pour être vrai. […] L’accessoire est vrai, et le réalisme enveloppe la fantaisie. […] Il est vrai pourtant que M.
Ce qui est vrai, c’est que le XVIIIe siècle a préféré Racine à Corneille ; et ce qui semble vrai, c’est que notre siècle préfère Corneille à Racine. […] Cela suppose plus de réflexion et une sorte de dédoublement : cela suppose-t-il moins de sensibilité ou une sensibilité moins vraie ? […] Dire que telle tragédie de Racine est une comédie, c’est aussi vrai que de dire que telle comédie de Molière est une tragédie. […] Et il est vrai qu’on ne saurait la souhaiter plus souple ni plus hardie. […] Est-il vrai que les provenances diverses des trois ordres « s’accusent dans la conception et dans le style » ?
A-t-il en effet parlé vrai ? […] On ne trouve l’homme vrai qu’à cette profondeur. […] Je ne doute pas que Moïse n’eût une religion et la vraie. […] Ce qui fut vrai pour le temps de Moïse demeure vrai dans tous les temps ; mais nous avons plus et mieux dans l’Évangile. […] Et pourtant, que d’observations vraies, fines, admirables !
Il y a reconnu le signe même de l’évidence ; or, l’évidence étant le caractère du vrai, et notre raison seule pouvant recevoir et juger l’évidence, voilà la raison établie juge suprême du vrai et du faux. […] Ce fut là la grande nouveauté de la philosophie cartésienne ; ce privilège de juger le vrai et le faux, Descartes en dépossédait l’autorité pour le restituer à la raison. […] Ils n’ont pas été libres de choisir ; je n’en veux pour preuve que les préfaces où ils essayent de nous donner leurs défauts pour des beautés et le faux pour le vrai. […] Qu’est-ce qu’on entend par une personne naturelle, sinon une personne dont tous les mouvements sont réglés, qui est vraie et judicieuse, qui parle et agit selon la vérité et la raison ? […] Même les hommes de génie qui devaient immoler la raison à la foi n’usèrent pas d’une autre logique que Descartes, qui avait institué la raison juge suprême du vrai et du faux.
L’imagination est la reine du vrai, et le possible est une des provinces du vrai. […] Voilà certes un vrai et grand portrait. […] Cela n’est pas vrai. […] Voilà le vrai titre ! […] Depuis longtemps les vrais amateurs ont admiré les bustes de M.
Il est vrai que l’homme qui a le plus fait de nos jours pour l’œuvre de Mme de Sévigné, M. […] Il est vrai encore que, depuis ce temps, M. […] Chéruel nous a produit le vrai texte nouveau. […] Vous ne me reconnaissez plus, me voilà une vraie commère ; je m’en vais régenter dans mon quartier. […] C’est ainsi qu’on parle (n’en déplaise aux rhétoriqueurs) quand on est dans le vrai des choses et qu’on ne marchande pas.
… La vraie raison de mes omissions, ce n’est certes pas le dédain, j’en suis bien éloigné ; ce n’est pas non plus de la négligence ni de l’oubli : c’est, le dirai-je ? […] Pris au mot par le confiant mari, le docteur se voit obligé de jouer lui-même le rôle du faux amant, et il y a des moments où l’on croirait qu’il le joue au naturel et au vrai. […] À quelques descriptions, d’abord vraies et profondes, de cet état d’esprit singulier, ont succédé des déclamations sans nombre et bien des prétentions. […] Pas tout le vrai, j’en tombe d’accord ; mais jamais le faux ! […] Feuillet : il y a, au milieu d’observations vraies et charmantes, des traces de faux qui se reconnaissent aussitôt à certains reflets et qu’on voudrait en enlever.
L’ignorance où l’on était de la géographie et du vrai système du monde eût seule suffi pour envelopper l’homme de ténèbres et pour tempérer la plus hardie curiosité par un certain effroi de l’inconnu. […] Le médecin, l’ingénieur, le chef d’entreprise, l’homme de devoir en tout genre, qui obéit au premier signe d’appel, lui paraît un vrai civilisé en même temps qu’un démocrate au vrai sens du mot. Il a là-dessus une belle page : « Messieurs, dit-il, je cherche à me représenter le type du vrai civilisé. […] « Le vrai civilisé est en même temps civilisateur. […] Duveyrier, d’après son père, nous rapporte là de Mirabeau, est vrai de bien d’autres à tous les degrés.
Le résultat leur est connu d’avance ; ce résultat est vrai, certainement vrai. […] Ailleurs le vague est le vrai. […] Il ne s’agit pas du vrai, mais du controversable ; savoir n’est rien, disputer est tout. […] Et pourtant elles sont vraies au fond, toutes également vraies, mais étroitement exprimées. […] Vraie ou fausse, n’importe.
Il fait remarquer le rapport constant qui s’est établi entre le déclin et le retour des vrais principes politiques et des principes religieux pendant le cours de la Révolution française ; le Concordat n’est pas maudit. […] Son but était grand : c’était de ramener la société indifférente ou matérialiste au vrai spiritualisme, au vrai christianisme comme il l’entendait, c’est-à-dire au catholicisme romain. […] Prêtre austère, âme de génie, il a gardé sous ses cheveux gris tous ses trésors de foi et de jeunesse ; il a dépouillé d’un coup ses préjugés politiques, non inhérents à la vraie foi. […] Au milieu de ces oublis, de ces absences, où pourtant ne manquent jamais la bonne foi et la candeur, notez comme très-présent un portrait de feu le cardinal-duc de Rohan, qui est le plus joli, le plus vrai et le plus malin du monde. […] Au reste, M. de La Mennais est tenu de nous donner, sur ce point du vrai christianisme qu’il professe aujourd’hui, des explications plus précises.
Mme de la Fayette arrive à la Princesse de Clèves, type du roman classique, fine étude de passion vraie, par Zayde, roman héroïque et précieux, qui amalgame les aventures impossibles et les grands sentiments : elle abrège Mlle de Scudéry avant d’être l’émule de Racine. […] Dieu me garde de penser qu’elle saisisse les chefs-d’œuvre des grands écrivains surtout par leurs parties inférieures et caduques, et qu’elle n’en sente pas la vraie grandeur et la grâce intime ! […] Ailleurs il se déclare nettement moderne, avec infiniment de sens et de mesure, il est vrai, en se gardant très adroitement. […] Ses vrais artistes et ses grands poètes, un Marivaux, un Buffon, un Rousseau, se créent une prose, et laissent le vers, dont ils ne savent l’emploi. […] Enfin la liberté règne dans l’art : toutes les barrières, tous les freins sont ôtés ; nuls objets ne sont interdits, nuls moyens prescrits à l’artiste, pourvu que le résultat de sa libre activité soit une œuvre vraie et une œuvre d’art.
Il est vrai qu’il y trouvait un avantage : cette littérature était un inépuisable magasin de cadres, de formes, d’aventures, de figures, qui permettait à Lesage de travailler rapidement. […] Mais, si ce n’est neuf, c’est vrai, c’est vif, c’est amusant. […] Gil Blas devient le favori du duc de Lerme ; et nous pénétrons à la cour, par la petite porte, il est vrai, et les couloirs dérobés. […] Il y a bien des aventures, aussi, dont Gil Blas est le vrai héros, et dont la suppression ne ferait rien perdre à l’ouvrage. […] La grande affaire de Lesage est de peindre les mœurs : son roman est une galerie de tableaux, souvent charmants et vrais.
Au-delà, il est vrai, était le monde des anges avec ses éternelles splendeurs ; mais, là encore, quelles étroites limites, quelles conceptions finies ! […] L’école est la vraie concurrence du temple. […] Car la vraie religion n’est que la splendeur de la culture intellectuelle, et elle ne sera accessible à tous que quand l’éducation sera accessible à tous. […] » Au nom du ciel, si vous possédez le vrai, adressez-vous donc à l’humanité tout entière. […] Cela est si vrai que des peuples entiers ont manqué d’un tel système religieux ; ainsi les Chinois, qui n’ont jamais connu que la morale naturelle, sans aucune croyance mythique.
Malouet lui écrivait en 1791 : « Nous qui raisonnons juste, nous ne rencontrons presque jamais avec précision aucun événement, parce que les actions des hommes ont fort peu de ressemblance aux bons raisonnements. » Cela est vrai pour tous les peuples et pour tous les hommes ; mais cela est encore plus vrai en France, car la nature française résume en elle avec plus de rapidité et de contraste les défauts et peut-être aussi les qualités de l’espèce. […] Pour savoir lire les journaux du temps, pour distinguer la vraie note sous le masque gonflé et retentissant que gardent encore après le 9 Thermidor les orateurs de la Convention, il faut une clef. […] Mallet, selon moi, n’appelle pas de son vrai nom cette disposition du soldat français à s’oublier sous le drapeau, quand il l’attribue surtout à la vanité ; il faut appeler cette vanité de son vrai titre social, qui est l’honneur. […] Mirabeau, par exemple, avait auprès de lui un homme d’un vrai mérite, Pellenc, dont il tirait grand parti, et qui, après sa mort, passa au comte de Mercy-Argenteau, puis à M. […] L’objet de Mallet serait de prouver que la vraie liberté ne se trouve que dans une monarchie modérée, et que dans la république on a la servitude.
Cela est vrai pour tous les arts. […] Ceci est vrai pour l’évolution de tous les arts en tous les temps. […] Dans les vers précités, l’unité vraie n’est pas le nombre conventionnel du vers, mais un arrêt simultané du sens et du rythme sur toute fraction organique du vers et de la pensée. […] Ils concluent comme nous que le poète doit plus de confiance à son oreille qu’à l’institut phonétique et ils terminent comme nous, et aussi comme Banville (la vraie tradition est sacrée à tous les bons esprits) : mais d’abord il faut être un poète. […] Ils le constatent et ajoutent : « Cette grande élasticité a transformé l’ancien obstacle en un précieux instrument » et c’est vrai.
Ôtez encore une fois l’enveloppe et l’écorce, je résume le sens et j’appelle mon auteur par son vrai nom : un sceptique moraliste sous masque d’érudit. […] Camus, Mlle Gournay, Garassus et Petau, ce sont ses vrais contemporains en style français (si français il y a). […] Sa philosophie de l’histoire est des plus simples, et n’en est peut-être pas moins vraie pour cela. […] Le style latin de Naudé laissa toujours à désirer pour la vraie élégance. […] ***put text here On lit, il est vrai, dans la préface de la première édition, que le livre n’est imprimé qu’à douze exemplaires.
On n’est jamais tout à fait honnête homme que les dames ne s’en soient mêlées ; cela est encore plus vrai du galant homme. […] Cela est encore vrai, même des modernes ; les vrais épicuriens, ceux qui sont allés une fois au fond, m’ont bien l’air de vivre tels jusqu’au bout et de mourir tels, sauf les convenances. […] Aussi, pour dire le vrai, c’étoit le principal divertissement qu’elle pût avoir dans une si grande solitude. […] Il est vrai que tout cela se passait en carnaval49. […] Ainsi, j’aime la vraie vertu comme je hais le vrai vice ; mais, selon mon sens, pour être effectivement vertueux, au moins pour l’être de bonne grâce, il faut savoir pratiquer les bienséances, juger sainement de tout, et donner l’avantage aux excellentes choses par-dessus celles qui ne sont que médiocres.
Avant de dire ce qu’a été la vraie marquise de Créqui, il convient une bonne foi de se débarrasser de la fausse. […] En fait, la vraie marquise de Créqui était née le 19 octobre 1744, et elle mourut le 2 février 1803, âgée de 88 ans et quelques mois. […] Or on a, dans les lettres aujourd’hui publiées, le récit même, le vrai récit de la marquise au moment de cette scandaleuse nouvelle. […] Ils avaient de quoi se former à leur tour auprès d’elle et au contact de son esprit si vrai, de sa parole si ferme et si aiguisée. Les Lettres de Pougens nous la montrent à cet égard, et dans ses relations avec eux, sous son vrai jour.
Vous avez commencé, Monsieur, par le vrai commencement de la nature. […] Cela est très vrai. […] Penseur, il ne vécut que pour le vrai. […] La vraie grandeur c’est d’être vu grand par l’œil des humbles. […] Il est bien vrai qu’une masse considérable est restée attachée à l’antique tradition.
Ces trois vieilles étoiles si banales, si poncif, les voilà aujourd’hui de vraies étoiles, mystérieuses, brillantes et chastes, remplaçant le nom qu’elles ne disent pas par un symbole qui le traduit ! […] Jamais, n’est-il pas vrai ? […] Malgré les ressemblances de manière et des incertitudes de touche, les Horizons prochains étaient un vrai chef-d’œuvre tremblé, il est vrai, mais tremblé par une main exquise, et nous dîmes sincèrement, — si on se le rappelle, — et les débilités (presque charmantes) du chef-d’œuvre et la beauté pure de la main. […] Nous sommes donc en plein mysticisme, diraient les philosophes, et c’est vrai, nous y sommes dans ce livre. […] Seulement, intuition dans le vrai ou erreur sans inconvénient, il faut avouer que l’âme qui projette ces idées est d’une énergie de personnalité incomparable.
Partout où la souffrance est vraie, il y a de la grandeur. […] Hugo, c’est la vraie mesure, la juste proportion. […] C’est tout le contraire qui est le vrai. […] Là est la gloire pure, solide et vraie de Béranger. […] Cela est intéressant ; cela est vrai et grand.
Que ces eaux sont belles et vraies ! […] — Il est vrai, mais cela ne se peut. […] Le lendemain, en m’éveillant, je disais : voilà la vraie vie, le vrai séjour de l’homme ; tous les prestiges de la société ne purent jamais en éteindre le goût. […] Grande question presque décidée par ce peu de mots. — Il est vrai. […] -et à croire. — Cela n’en est pas moins vrai.
Le juste et vertueux Booz trouvant Ruth endormie à ses pieds ; Anacréon montrant sa barbe argentée à la jeune Ionienne aussi blanche et aussi souple qu’un lis ; don Ruy Gomez de Sylva proposant à dona Sol son amour vrai, profond, paternel, amical : voilà les types uniques des vieillards qui peuvent aimer sans ridicule. […] Ce qui m’a le plus frappé dans ce second volume, comme différence avec le premier, c’est la spirituelle et subtile analyse, la poursuite infinie et déliée de certaines nuances de passions, de certains replis du cœur ; le récit délicat, l’explication malicieuse et vraie de plusieurs singularités de sentiments. […] Il le surpasse de beaucoup par le ton et la couleur, lorsque, parlant d’une femme de sa connaissance que mademoiselle Voland jugeait coquette, il dit : « Vous vous trompez ; elle n’est point coquette ; mais elle s’est aperçue que cet intérêt vrai ou simulé que les hommes portent aux femmes, les rend plus vifs, plus ingénieux, plus affectionnés, plus gais ; que les heures se passent ainsi plus rapides et plus amusées ; elle se prête seulement : c’est un essaim de papillons qu’elle assemble autour de sa tête, le soir elle secoue la poussière qui s’est détachée de leurs ailes, et il n’y paraît plus. » C’est avec madame Legendre surtout que notre philosophe aime à marivauder, comme il dit, à l’égal de la fée Taupe de Crébillon. […] — Vrai. — Et pourquoi dans le roman, sinon parce qu’il l’est en nature ? […] La vraie place d’une statue de Diderot est à Paris, au seuil et près du péristyle du palais des Beaux-Arts.
M. l’Abbé de Marsy s’étoit attaché de bonne heure aux vrais moyens de réussir. […] Il est vrai que du Fresnoy est très-fort sur les regles, & qu’il est peu de ses vers qui ne renferment une leçon ; mais est-ce la multiplicité des préceptes qui constitue le mérite d’un Ouvrage didactique, sur-tout d’un Poëme, & encore plus quand ces préceptes sont entassés les uns sur les autres ? […] Cette assertion doit paroître d’autant plus étrange, qu’en convenant que le style de du Fresnoy est à lui, il ne fera pas moins vrai que ce style de du Fresnoy est à lui, il ne fera pas moins vrai que ce style est dur, sec, quelquefois barbare, ce qui le rend sans intérêt, d’une lecture effrayante, tout au plus supportable, comme l’a observé M. […] Les autres Ouvrages de M. l’Abbé Marsy ne tendent tout au plus qu’à faire sentir les méprises d’un Ecrivain, dès qu’il s’écarte de son vrai genre. […] Il est aisé de comprendre par-là, combien la Philosophie est opposée aux vrais talens, combien elle nuit au bonheur.
Rien dans un tableau n’appelle comme la couleur vraie. […] Mais ce qui rend le coloriste vrai, rare, c’est le maître qu’il adopte. […] Celui qui copiera d’après la Grenée, copiera éclatant et solide ; celui qui copiera d’après le Prince, sera rougeâtre et briqueté ; celui qui copiera d’après Greuse sera gris et violâtre ; celui qui étudiera Chardin sera vrai. […] Couvrez le reste du tableau, et ne regardez que le vêtement ; peut-être ce satin vous paraîtra-t-il sale, mat, peu vrai. […] Quel est donc pour moi le vrai, le grand coloriste ?
Un critique célèbre, il est vrai, mais pour qui le succès souvent voile le fait5, a prétendu, je le sais bien, que l’influence des chansons de M. […] Ce poète, aux plus savoureuses nuances bucoliques, unit par nous écœurer à force de philanthropie, de communisme bénis, de fraternité universelle, enfin de toutes ces sucreries hypocrites avec lesquelles on espère nous masquer le goût vrai et âpre de la révolution future. […] Victor Hugo, n’est-il pas vrai ? […] Pierre Dupont, qui a peut-être pensé à se saisir en temps utile de la succession de Béranger expirant, aura pris le bruit des contemporains pour la vraie gloire. La vraie gloire de Béranger, dans la postérité, sera quelques romances, d’un sentiment éternel, auxquelles personne ne pense que les âmes tendres qu’elles font rêver et qui, pour cette raison, n’en parlent pas.
Ce n’est pas ainsi que le vrai philosophe jugera du plaisir que donne la poésie. […] Elle consiste à transporter aux objets du goût des principes vrais en eux-mêmes, mais qui n’ont point d’application à ces objets. […] Ainsi dans les matières de goût, une demi-philosophie nous écarte du vrai, et une philosophie mieux entendue nous y ramène. […] Tout ce qui appartient non seulement à notre manière de concevoir, mais encore à notre manière de sentir, est le vrai domaine de la philosophie : il serait aussi déraisonnable de la reléguer dans les cieux et de la restreindre au système du monde, que de vouloir borner la poésie à ne parler que des dieux et de l’amour. […] Le vrai philosophe se conduit à peu près de la même manière pour juger que pour composer : il s’abandonne d’abord au plaisir vif et rapide de l’impression ; mais persuadé que les vraies beautés gagnent toujours à l’examen, il revient bientôt sur ses pas, il remonte aux causes de son plaisir, il les démêle, il distingue ce qui lui a fait illusion d’avec ce qui l’a profondément frappé, et se met en état par cette analyse de porter un jugement sain de tout l’ouvrage.
Supprimez Goethe et Diderot et leurs contre-coups, et Hoffmann ne sera plus qu’un mince dessinateur et un musicien… Il est vrai que Champfleury pose Hoffmann, qui a beaucoup écrit en musique, comme un musicien très considérable, mais nous n’avons pas à examiner la valeur de cette prétention. […] Hoffmann resta toute sa vie dans l’entre-deux, entre cette foi au surnaturel sans laquelle il ne saurait y avoir de vrai fantastique, et cette comédie de terreur qu’Anne Radcliffe nous a jouée en maître. […] La littérature tombant dans le logogriphe est-elle dans les conditions vraies et normales de toute littérature, dont les premières conditions, les conditions élémentaires, sont la logique, — car l’imagination a sa logique comme l’intelligence, — le sens humain et la clarté ? […] Les Contes de Perrault sont une grande œuvre parce qu’il y a réellement de l’invention, malgré le style, dans cet ouvrage, et que le vers du poète est vrai : Perrault, tout plat qu’il est, pétille de génie. Mais donnez aux enfants un ouvrage fade et faux comme Numa Pompilius, ils ne l’oublieront pas plus que Perrault ou tout autre livre piquant et vrai ; car la force des premières impressions de la mémoire ne prouve rien de plus que la fraîcheur de cette faculté.
Tout le monde sait les noms vrais de monsieur Lui et de madame Elle, et tout le monde les a dits, jusque sur les toits ! […] Il est vrai que Paul de Musset nous a appris, à ses risques et périls lui répondra-t-on par un autre roman encore ? […] Quant au livre même d’Elle et Lui, — il est vrai que l’auteur a eu le temps de le combiner (dame ! […] pour notre compte, nous n’admettons pas que ce soit vrai dans la vie et dans le roman, qui doit être la peinture idéalisée de la vie, tant de sagesse et de perfection d’un côté, de l’autre tant de folie et tant de vice ! […] Et nous n’en finirons jamais, dans cette époque philanthropique et humanitaire, qu’en faisant le livre de : « Tous ensemble », qui serait peut-être le plus vrai et le plus triste de tous !
Tout le monde sait les noms vrais de monsieur Lui et de madame Elle, et tout le monde les a dits, jusque sur les toits ! […] Il est vrai que M. […] Quant au livre même d’Elle et Lui, — il est vrai que l’auteur a eu le temps de le combiner (dame ! […] C’est ainsi que l’enfant vrai peut arracher du cœur de Thérèse, de ce cœur enragé ou plutôt dépravé par des besoins de maternité insatiables, l’amour faux de ce faux enfant d’amant, qu’elle s’obstine, jusqu’au dernier moment du livre, à traiter avec la lâcheté sublime que les mères ont parfois pour leurs fils ! […] et nous n’en finirons jamais, dans cette époque philanthropique et humanitaire, qu’en faisant le livre de « Tous ensemble », qui serait peut-être le plus vrai et le plus triste de tous !
Prenons garde, la question est grave ; elle mérite une réponse délicate, où le vrai ne soit pas sacrifié au simple. […] Il paraît étrange de dire qu’on aurait pu se passer de Shakespeare ou de Raphaël, et cependant cela est vrai. […] Soyons honnêtes et tâchons de penser dignement, mais soyons francs et parlons vrai. […] Serait-il vrai qu’en France nous soyons, en poésie comme en religion, exclusifs et négatifs ? […] César Girodot, si l’anecdote est vraie.
Il y a, dans le succès de Musset, du vrai et de l’engouement. […] Bonaparte, ça n’est pas vrai ! […] C’est assez vrai. […] C’est le contraire du vrai. […] Mais ce qui est très vrai, c’est qu’à dater de ce jour commença mon initiation à l’école romantique des poètes.
Voilà les vrais héros, les vrais lions, comme disent nos voisins. […] Provost, vous aurez la vraie comédie. […] Ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans le monde vrai. […] Serait-il vrai, comme on l’assure, que M. […] Quelle observation fine et vraie !
Bornons-nous à rappeler qu’ils consistent encore à appliquer le mouvement le long de la ligne parcourue et à supposer que ce qui est vrai de la ligne est vrai du mouvement. […] A vrai dire, les philosophes anciens ne l’ont jamais formulée explicite nient. […] Il lui faudra pour cela, il est vrai, des signes autrement précis que ceux du langage. […] Il est vrai que sur la réalité qui coule on se borne à prendre des instantanés. […] Avec la seconde, il est vrai, on renonce à parler d’évolution.
« Mais, affirme-t-on, le vrai style consiste à ne rien ajouter, à ne pas surenchérir à ne rien surchauffer ; le mot ordinaire suffit quand il rend ce qu’on veut signifier. » Les mots ordinaires ! […] C’est une page de La Fontaine, de Fénelon, de Renan ; vous concluez : « Voilà le vrai style. […] Sinon il faudra dire que les styles de Rousseau, Labruyère (sic), Montesquieu, Flaubert et tant d’autres, qui sentent la rhétorique et le travail, ne sont pas de l’art ; et il n’y aurait de vrais artistes que ceux qui n’ont pas médité leurs phrases, qui n’ont pas cherché leurs épithètes, qui n’ont pas combiné leurs mots, qui n’ont pas travaillé leurs expressions. […] Tant mieux, si c’est par spontanéité (et ceci serait à débattre pour Saint-Simon) ; mais il n’est pas du tout vrai que l’art naturel soit exclusivement le résultat de l’inspiration facile. […] La vérité vraie, c’est que procédés, métier, volonté, travail, sont intimement mêlés dans ce mystérieux exercice de l’art d’écrire ; et rien n’est plus faux que de dire : « Ceci est de l’art parce qu’on ne sent pas la rhétorique, et ceci n’est pas de l’art parce qu’on sent la rhétorique. » 17.
C’est le contraire qu’il fallait montrer, car c’est le contraire qui est vrai. […] Ce caractère est-il vrai ? […] Pour savoir s’il est vrai, il suffit de se demander s’il est possible. Oui, il est possible, et par conséquent vrai. […] Cela est vrai, mais la comédie de Molière n’est pas celle de M.
Il est vrai que M. […] Mais le style vrai ce n’est pas cela, le style vrai ce n’est pas le style jésuite, c’est même tout le contraire. […] Et le fait est qu’après trente ans elle est encore vraie. […] Elle est, comme la nature, une vraie nature. […] Il est vrai qu’il en fut de même, d’abord, du théâtre.
Rien n’est plus vrai. […] Molière ; voilà la vraie comédie ! […] Il est vrai qu’il laissait dauber aussi sur les marquis. […] Il est très vrai. […] C’est la fille de Chrysale, sa vraie fille.
Nietzsche était alors inconnu en France : il est vrai que M. […] André Gide n’a peut-être pas une vraie vocation de romancier ; aussi bien se défend-il de composer des romans. […] Et dès que cette pierre angulaire cédait, sur laquelle posait l’Eglise, rien ne méritait plus d’être vrai ». […] Si celui-là n’est pas le vrai, tant pis ! […] Le roman-roman ne m’apparaît pas comme sa vraie vocation.
Car le vrai roman est de l’histoire et, comme la poésie, « il est plus vrai que l’histoire même ». […] Il est vrai que Zola reproche à George Sand de ne parler « que d’aventures qui ne se sont jamais passées et de personnages qu’on n’a jamais vus » ; il est vrai encore que M. […] Plus commune, soit, mais plus vraie ? […] Ce qui manque aux romantiques, c’est moins encore le vrai que le vrai pris sur le fait. […] La vérité est que nous avons abordé tous les mondes, en poursuivant dans chacun, il est vrai, l’étude physiologique.
Ils sont la sensation du vrai. […] Il est vrai qu’il en donnait six au Lutrin. […] Le beau est l’éclat du vrai. […] Mais le premier obstacle que le philosophe rencontre, c’est le corps qui l’empêche d’arriver au vrai et au bien. […] Mais le dialogue ne peut être la forme vraie de la science, malgré les services qu’il lui a rendus une fois.
Un tel spectacle considéré avec les yeux d’une raison éclairée et tranquille, serait plus que suffisant pour consoler un vrai philosophe de la privation d’une multitude de suffrages frivoles. […] C’est en effet dans eux que consiste la vraie différence des hommes. […] Parmi les grands seigneurs les plus affables, il en est peu qui se dépouillent avec les gens de lettres de leur grandeur vraie ou prétendue jusqu’au point de l’oublier tout-à-fait. […] Peut-être deviendra-t-il enfin si ridicule, que nos auteurs se trouveront plus ridicules encore de l’avoir adopté, et qu’ils en reviendront au vrai et au simple. […] Son goût pour les sciences et pour les beaux-arts, est d’autant plus éclairé, d’autant plus vrai, et d’autant plus louable, qu’il ne prend rien sur des soins plus importants, et qu’il sait être roi avant toute autre chose.
C’est par ces belles parties qu’il conserve beaucoup d’admirateurs, soit parmi les gens qui pardonnent tout au talent, soit parmi ceux qui, dans des pages où le faux tient compagnie au vrai, savent passer de l’un à l’autre sans que le faux leur gâte le vrai. […] L’illusion cesse, et je vois qu’un vrai citoyen doit les abolir. » Voilà l’utopiste au vrai. […] Quoique les vrais amis soient rares, il s’en trouve toujours un pour l’homme capable de l’être lui-même. […] Un vrai repentir lui eût appris à les voir avec tristesse et à n’en montrer aux autres que ce qui pouvait les édifier. […] La vraie raison pour laquelle Rousseau ne s’est pas réellement confessé, c’est qu’il ne s’est pas connu.
Avec moi, frère, en vrai sage, Bois à la mort, c’est plus gai. […] Alors se montrent les vrais vices de la décadence morale et intellectuelle. […] La vraie poésie est une eau de source, ou un torrent qui descend de la montagne ; tel est aussi le vrai génie. […] Il n’en est pas moins vrai que le fond de l’art n’est point indifférent, et que l’art immoral demeure très inférieur, même au point de vue esthétique. […] La vraie beauté artistique est par elle-même moralisatrice, et elle est une expression de la vraie sociabilité.
Thiers, afin de rétablir, autant qu’il est en nous, les vrais principes de la raison moderne en matière de culte et les vrais sentiments du cœur humain en fait de mort politique. […] Vraie ou fausse, sublime ou ridicule, il s’en fait une. […] Or l’historien, dans ses propres phrases à la louange de cet acte, révèle la nature vraie de cet acte à chaque mot. […] Vraie ou fausse, sublime ou ridicule, il en faut une. […] Thiers le juge sévèrement, mais avec justice ; c’est un des portraits les plus vrais et le plus vigoureusement historique de son tableau.
Si d’ailleurs il est vrai que la causalité implique le déterminisme, il n’est pas vrai qu’elle implique, comme on l’a soutenu, une illégitime traduction de l’inétendu en étendu, « du temps en espace », du conscient en matière ; la notion d’espace n’est pas le moins du monde impliquée dans celle de cause, qui implique seulement les idées plus générales de succession et d’activité. […] Mon caractère n’est pas mon vrai moi ; il existe en grande partie pour moi, malgré moi, et non par moi. […] Il n’y en a pas moins ici la révélation interne d’une vraie puissance qui se développe en nous et par nous. […] C’est précisément la thèse fondamentale du vrai déterminisme. […] C’est alors la conscience claire de mon vrai moi qui détermine ce moi : j’agis sous l’idée de moi-même et de ma causalité propre.
Partout et toujours la force des choses est la vraie cause des grands événements. […] Il est bien vrai qu’il ouvre son récit par une fort belle description géographique et ethnographique du pays qui fait le sujet de son histoire. […] Nul ne se doute, parmi les anciens, des vraies sources et des caractères propres de la poésie homérique. […] Il est vrai qu’elle tend à diminuer l’orgueil de la personnalité humaine, ainsi que sa confiance dans les résultats de ses calculs et de ses efforts. […] Non, il n’est pas vrai que l’homme ne reste point libre dans toutes les vicissitudes, dans toutes les crises de la vie publique.
Son amusement, sa création, c’est de regarder autour de lui, au hasard, et de noter le vrai sous forme concise et piquante. […] et cela parce qu’une même proposition ne peut être plus ou moins vraie ! […] Ainsi le combat allait bien à cette âme ; elle naissait à la passion sérieuse du vrai, à la chaleur de la raison. […] Le sentiment continu du réel, du vrai et du bien, dominera et dirigera en tout point l’ingénieux. […] Son idée ingénieuse, et trop vraie peut-être, était même que la sensibilité ne passe si bien dans les œuvres de l’art qu’en se détournant un peu de la vie.
Le premier il connut le langage de la vraie grandeur, l’art de lier les scènes, l’art de l’exposition et du dialogue. […] Un des caractères du vrai talent, et surtout du talent dramatique, est de passer d’un genre à un autre sans s’y trouver étranger, et d’être toujours le même sans se ressembler jamais. […] Mais comment des beautés si vraies furent-elles d’abord si peu senties ? […] Que de vraie politique sans affectation de politique ! […] Il est trop vrai, et cet exemple ne le prouve que trop.
N’allons pas croire pourtant que tout, dans la poésie personnelle, soit l’expression vraie de la personne, ni que tout ce qui est écrit ait été senti. […] Vrais frères, et noms de vrais poètes, aussi imposants qu’aimables, on se plaît à les associer dans les regrets qu’on donne à leur mort prématurée et à leur œuvre interrompue, en pleurant l’un et en plaignant l’autre. […] Une première idée fausse a gâté dans Alfred de Vigny un vrai naturel de poète. […] L’art de lire les bons livres serait son vrai nom. […] Mérimée n’a pas la vraie sensibilité, mais il n’affecte pas la fausse.
Il ne suffit pas qu’elle soit vraie. Il est vrai qu’Horace a tué sa sœur. Il est vrai — la légende, au théâtre, c’est de l’histoire — que Médée a tué ses enfants. […] Tout cela est banal, à force d’être vrai. […] C’était même pour amuser plus de gens qu’on faisait vrai, et qu’on s’attachait à la nature.
Ce n’est jamais pour les vrais bergers qu’on écrit les idylles. […] Est-ce une nature vraie, légitime, une société saine qu’a exprimée M. […] Sue, Arthur, par exemple, je dis que le personnage est vrai et qu’il y a de nos jours plus d’un Arthur. […] Sue sont donc vrais en ce sens qu’ils ont, au moins passagèrement, des modèles ou des copies dans la société qui nous entoure. […] Ce n’est pas à dire pourtant qu’il n’y ait dans Cécile bien des mots touchants et vrais : « Aussi, qu’elle est heureuse !
Ici commencent les vrais gains de la prose française. […] Ces deux causes ont été si actives et si puissantes, que Montesquieu leur donne leur vrai nom en les appelant des causes de destruction. […] Il est vrai qu’il faudrait prendre son parti de ne plaire ni à l’un ni à l’autre. […] Les vrais grands hommes pâtissent pour servir l’espèce humaine, et troublent leur vie pour améliorer la nôtre. […] Les erreurs de l’Esprit des lois sont : ou des faits invraisemblables que Montesquieu tient pour vrais et explique comme tels, ou des faits certains dont il ne donne pas l’explication vraie, ou des maximes générales qu’on pourrait appeler des erreurs en grand, par exemple la théorie de l’influence du climat.
C’était dans la poésie comme un talent de femme, le talent ne survivant jamais à l’émotion, le début toujours vrai et parfois puissant, des traits faciles, et bientôt la fatigue, et le vers libre pour se soulager, et pas de conclusion. […] Ceci est surtout vrai d’un mince recueil imprimé124, mais inédit, distribué et non vendu, sans titre, in-8°, sur grand papier, vrai idéal d’impression comme en doit souhaiter pour ses Arcana cordis tout poëte amoureux, délicat et dédaigneux. […] Ces pages-là, si vraies de couleur et de sentiment, sont surtout belles par la philosophie élevée ou elles aboutissent : cela commence par l’aquarelle et finit par le rayon d’Emmaüs. […] je mourrai de douceur si vous ne modérez ma joie. » Mais eux disaient cela après avoir bu de l’eau du désert et mangé des racines ; il est vrai que c’était aussi après avoir prié. — Nourriture céleste et abondante qui donne à tout une exquise saveur ! […] Guttinguer, La Suissesse au bord du lac, est devenue tout à fait populaire à Lausanne et aux environs ; il y a quinze ans, toutes les demoiselles vaudoises la chantaient dans sa primeur : il est vrai que la musique aussi en est charmante.
Et cela est vrai peut-être ; mais il faut faire tout de suite une distinction : c’est que le romanesque n’est pourtant pas toute la poésie. […] Je pleure, c’est vrai, en te le disant ; mais il y a crois-moi, des larmes qui font envie aux anges ! […] Et voyez comme le romanesque réussit à Charlotte et au commandant d’Eblis : ce sont eux les vrais meurtriers de la pauvre Cécile. […] A vrai dire, elles aussi se ressemblent entre elles : ce sont variétés d’un même type. […] Le monde où ils se déroulent, il est vrai, et le style qui les enveloppe sont essentiellement aristocratiques ; mais aussi ils s’en piquent trop !
Il s’ingénie à trouver pour chacun les formes de définition les plus agréables comme les plus vraies, en tirant la description le plus qu’il peut du côté de l’éloge. […] De ce qu’on est lu par cinquante mille personnes, ce n’est pas une raison pour être impoli et blessant. » Il est vrai que cela gêne un peu. […] Ce roman tout rétrospectif n’offre rien qui fasse froncer le sourcil aux vrais savants et aux initiés. […] le vrai château de la misère. […] Il semble avoir pris partout pour devise ce mot de Jean et Jeannette ; « Le masque nous a rendus vrais. » Mais ce qu’il faut dire pour juger ce roman à son vrai point de vue, c’est que c’est le chef-d’œuvre de la littérature Louis XIII qui sort de terre, après plus de deux siècles, avec tout un vernis de nouveauté.
Un seul axiome : rien n’est beau que le vrai ; axiome tout positiviste et qui fonde le caractère expérimental de la théorie. […] L’expérience individuelle et le consentement universel, voilà tout ce dont Boileau a besoin, une fois posée l’identité du vrai et du beau, pour donner des lois à la poésie. […] Les anciens sont inférieurs dans l’histoire : ils y mettent des harangues qui ne sont pas vraies, ils feraient mieux de dater les événements. […] Il parut plus occupé de contredire Perrault et d’opposer une négation absolue à chacune de ses affirmations légères, que de mettre en évidence la vraie beauté d’Homère et de Pindare. […] Au contraire, Marot, plus ancien que lui, a fixé, la langue s’y prêtant, « le vrai tour de l’épigramme, du rondeau et des épîtres naïves ».
Je mets Montaigne à la tête de ces faux sincères qui veulent tromper en disant vrai. […] Rousseau n’a rien de comparable au premier abord, mais il est plus vrai au fond, plus réel, plus vivant. […] Cette facilité, cette aisance, qui d’ordinaire sera si peu vraie de lui lorsqu’il se trouvera de sa personne auprès des femmes, sera toujours vraie de son style en les peignant. […] C’est par tous ces côtés vrais, combinés dans son éloquence, qu’il nous prend et nous saisit. […] Et pourtant quoi de plus vrai, de plus précis et de plus délicieux à la fois !
Comparons ces quatre axiomes : 1° Deux quantités égales à une troisième sont égales entre elles ; 2° Si un théorème est vrai du nombre 1 et si l’on démontre qu’il est vrai de n + 1, pourvu qu’il le soit de n, il sera vrai de tous les nombres entiers ; 3° Si sur une droite le point C est entre A et B et le point D entre A et G, le point D sera entre A et B ; 3° Par un point on ne peut mener qu’une parallèle à une droite. […] Ce qui est vrai d’une quantité réelle, disait Poncelet, doit l’être d’une quantité imaginaire ; ce qui est vrai de l’hyperbole dont les asymptotes sont réelles, doit donc être vrai de l’ellipse dont les asymptotes sont imaginaires. […] Il n’y a là, il est vrai, que de la silice, mais, ce qui est intéressant, c’est la forme qu’a prise cette silice, et nous ne pouvons la comprendre si nous ne connaissons pas l’éponge vivante qui lui a précisément imprimé cette forme. […] Leur faiblesse a besoin d’un bâton plus solide et, malgré les exceptions dont nous venons de parler, il n’en est pas moins vrai que l’intuition sensible est en Mathématiques l’instrument le plus ordinaire de l’invention.
Cela n’est pas vrai de la France, ou du moins n’est pas complet ni exact. […] Impuissants à l’imiter, ou effrayés de son demi-échec, ses disciples et ses serviteurs laissent le grand art antique, se réduisent à l’alexandrin, au gréco-romain, enfin, avec Desportes, à l’art italien, retour qui met en lumière la vraie origine et l’agent efficace de notre Renaissance. […] La poésie, qui se perdait dans l’imitation artificielle et les froides éruditions, se rapprocha de la réalité, elle apprit à puiser aux vraies sources des sentiments profonds et généraux : la foi catholique de Ronsard, le zèle protestant de d’Aubigné tira d’eux le meilleur et le plus pur de leur poésie. […] On pourrait dire en deux mots que, au contact de l’Italie, et sous l’influence de l’antiquité, le bon sens français a dégagé d’abord l’idée de vérité rationnelle, puis celle de beauté esthétique, et que, demandant à sa littérature une vérité belle et une beauté vraie, il en a circonscrit le domaine aux sujets dans lesquels la coïncidence ou bien l’identité de ces deux idées se trouve le plus naturellement réalisée. […] La dernière irait enfin de 1593 à 1615 environ, où commencerait à peu près le vrai xviiie siècle.
Plus tard, soyez-en sûr, on se nommera très hardiment et très coquettement de son vrai nom, quand la petite place dans la publicité sera faite, quand le petit pignon sur rue sera bâti. […] Un jour, dit la Mythologie, Junon, voulant faire le petit Jupiter, en se passant du grand, s’assit sur une fleur et conçut Flore, C’est joli, mais ce n’est pas vrai. […] Seulement, un jour, cette amitié consolatrice et sufficiente est, tout à coup, brisée — et je ne dirai pas de quelle sotte manière ; je vous l’épargnerai. — Alors, le pauvre ami, aussi malheureux que le pauvre amant, meurt d’un désespoir, compliqué, il est vrai, d’un fort anévrisme, et c’est ainsi que Mme Gustave Haller prouve du même coup la puissance de l’amitié chez son héros, et chez elle, la puissance de l’invention et de la pensée ! […] Pour qui a pratiqué la vie, ou qui l’a seulement regardée, il n’est pas vrai que cette amitié puisse exister ; et si on l’a cru quelquefois, ce n’a été que par piperie d’âme abusée, à qui les sens, maîtres en amour, ont donné bientôt le plus éclatant démenti ! […] Dans le roman de Mme Haller, Dieu, il est vrai, se trouve nommé à plus d’une place, mais jamais il n’y agit directement… L’auteur ne croit guère qu’à la vertu purement humaine.
Pour les curieux de nature humaine, pour les moralistes, pour ceux que la vie et son impatientant mystère préoccupent plus que les babioles menteuses de l’art d’écrire, les correspondances sont les vrais livres et le style qu’elles ont est vraiment l’homme, comme le disait Buffon un peu trop du style en général, Buffon qui, par parenthèse, n’aurait pas su écrire une lettre. […] Lamennais, le grand écrivain et le prêtre écrivain, a toujours porté à la distance de ses livrés le masque éclatant et sombre de son génie ; mais le visage vrai, le visage humain qu’il y avait dessous, qui l’avait vu et qui jamais s’en était douté ? […] Le 24 mai 1826, écrivant à la comtesse de Seult, un de ces anges d’amitié comme il en passa plusieurs dans sa vie, il se définissait sans regret, sans amertume et même sans tristesse : « un homme pauvre, sans nom, sans place, sans position, à qui bien prenait de ne rien demander aux hommes et de ne vouloir absolument rien d’eux » ; et excepté le sans nom, car la gloire, à cette heure-là, faisait du sien le plus beau qu’il y eût alors en Europe, tout était vrai dans cette définition qu’il donna de lui-même et qui resta vraie, même quand il eut abandonné Dieu pour les hommes. […] » Un jour qu’il souffre davantage de ses maladies, — une vraie anarchie de santé ! […] Il ne tient qu’à la religion et à ses prêtres », ce qui pouvait être vrai pour la Bretagne, mais ce qui était radicalement faux pour la France.
La gloire vraie y va de plus pleine main. […] Et cela est vrai dans tous les sens. […] Je sais bien, il est vrai, que pour M. […] Le mérite et la faculté des grands et vrais poètes, c’est l’assimilation rapide, c’est, avec un rien, l’éveil du génie. […] Les vrais poètes ressemblent à ces femmes qui pour avoir respiré un parfum de violettes, en passant, sentent par la bouche la violette tout un jour.
Elle aurait dû le dépasser, — Si paresseuse à se lever, cette aurore, attardée jusqu’au crépuscule, a souvent montré combien, dans les vrais poètes, immortels d’esprit et de cœur, le couchant ressemble à l’aurore. […] Il est vrai. […] Saint-Maur est le plus vrai des poètes comme il était le plus vrai des hommes, et c’est sa vérité qui fait sa puissance. […] Il ne monte pas, il est vrai, cet esprit de provenance gauloise, jusqu’à la hauteur audacieuse de Rabelais, et il ne descend pas jusqu’à la profondeur de Molière ; mais il se tient dans l’entre-deux. […] Ce qui fut vrai pour Hégésippe le sera-t-il pour le poète du Dernier Chant ?
serais-tu vraie ? […] « Les maîtres vont de plus en plus au simple et au vrai. » Cet aphorisme, que suggérait à Jules Tellier l’étude des poètes contemporains, se trouve vérifié par l’application qu’on en peut faire à Paul Verlaine. […] Et où pourrait mieux se manifester ce retour au vrai ou au simple du poète que dans cette passion qui tout à coup le prend pour Desbordes-Valmore ? […] Il est vrai qu’il avait la méditation prolongée du vers et le souci de la plastique. […] Il n’en est pas moins vrai qu’il eût fallu un autre nom, celui de Heredia, par exemple, mais c’eût été sortir du cadre des Poètes maudits.
La gloire est médiocre à ne prouver que ce qui est vrai ; laissons agir la Nature, cédons aux impressions même momentanées, & soyons singulier, pour devenir célebre ». […] Quelle idée avantageuse peut-on s’en former, quels fruits peut-on s’en promettre pour la culture de l’esprit & la perfection des mœurs, quand on voit les vrais principes attaqués, les regles méconnues, les bienséances violées, l’anarchie & la confusion établies sur les débris du goût & de la raison ; quand la Religion, la morale, les devoirs, la vertu, deviennent la proie d’une Philosophie extravagante qui outrage l’une, corrompt l’autre, prononce sur ceux-ci, & défigure celle-là au gré de ses caprices ou de ses intérêts ? […] S’il est vrai que les hommes aient été méchans dans tous les Siecles, on ne peut nier qu’ils n’aient plus de facilité à l’être dans les Siecles éclairés. […] Il seroit en effet injuste de le confondre avec le commun des Esprits forts, s’il est vrai sur-tout qu’il ait été réellement dupe de ses idées. […] Sous le hautain prétexte qu’eux seuls sont éclairés, vrais, de bonne foi, ils nous soumettent impérieusement à leurs décisions tranchantes, & prétendent nous donner, pour les vrais principes des choses, les inintelligibles systêmes qu’ils ont bâtis dans leur imagination.
Il ne s’agit pas d’être applaudi, il s’agit d’être honnête et vrai. […] Ce témoignage est strictement vrai. […] Peut-il y avoir de vrais poèmes en prose ? […] Le propre de la beauté, c’est d’être un symbole ; le beau est la splendeur, l’expression, le symbole du vrai, du vrai par excellence, c’est-à-dire du vrai moral. […] Le vrai respect n’existe qu’avec la force et la liberté.
Le vrai séjour de l’Anglais, c’est la campagne. […] Le second est un sentiment exact et vrai de la littérature qu’elle expose. […] Le fait est singulier, mais il est vrai. […] Voilà le dénouement vrai et logique de l’histoire de Roméo et Juliette. […] Rien n’est moins vrai.
Freron, annoncent un Littérateur formé sur l’étude réfléchie des bons modeles, un Critique doué de l’esprit d’analyse, & d’une sagacité merveilleuse pour saisir les beautés & les défauts d’un Ouvrage ; un Ecrivain correct, zélé pour les vrais principes, & capable d’y ramener les esprits qui s’en écartent. […] Il est donc essentiel de remédier à leur impuissance ; & parmi tous les moyens qu’un Gouvernement sage peut employer sans se compromettre, le meilleur seroit d’autoriser des voix affidées & courageuses, destinées à avertir, à redresser, a confondre, à humilier même ceux qui s’écartent des vrais principes. […] Ne vaudroit-il pas mieux s’attacher aux vrais modeles, ne point pervertir les genres, profiter de la critique, que de crier à l’injustice, pour soutenir des Productions dont le succès dangereux n’est appuyé que sur les suffrages de l’ignorance, de la séduction ou de l’esprit de parti ? […] Ne seroit-il donc pas plus digne du zele des Protecteurs de la Littérature, & de ceux à qui la police en est confiée, d’encourager les bons Critiques, & de n’autoriser que ceux qui, comme l’Abbé Grosier, ont fait preuve d’attachement pour les vrais principes, de courage & de talent pour les défendre, plutôt que de prêter l’oreille aux clameurs de quelques petits Auteurs qui emploieroient plus utilement leur temps à se corriger, qu’à se plaindre ?
La vraie collectivité, c’est le dévouement. […] Croire ce que pense tout le monde, c’est le vrai parti. […] Mais comme, au fond, c’est vrai cependant ! […] Ce fut la vraie patrie de son âme. […] Est-ce vrai, est-ce faux est-ce spécieux ?
Il est vrai que notre vie psychologique est pleine d’imprévu. […] A vrai dire, ce ne sont pas tout à fait les mêmes raisons, puisque ce ne sont pas celles de la même personne, ni du même moment. […] Il s’agirait, il est vrai, d’une parenté idéale et non plus d’une filiation matérielle. […] Il est vrai que la cause paraît alors insaisissable. […] Chacune d’elles, au contraire, appuyée sur un nombre considérable de faits, doit être vraie à sa manière.
Pour eux, une idée qui fait système est une idée vraie. […] On sent qu’elles « ont du vrai », et la pire manière d’être faux, c’est d’avoir du vrai. […] Ils ne sont pas vivants, mais ils sont vrais. […] Cela est vrai, mais n’est qu’une partie du vrai. […] Là est la vraie source.
C’est vrai, mais ce n’est pas du tout la question. […] répondent tous les enfants qui ont fait leurs classes. — Ce n’est pas vrai. […] Cela est vrai. […] Il est vrai que Cournot a prévu l’objection. […] Un peu de science vraie permet d’en étaler beaucoup de fausse.
Ensuite, qu’est-ce que le bon, le beau et le vrai ? […] C’est très vrai de méchants vers. […] Comment ne serais-je pas vrai avec les autres ? […] C’est vrai, je m’y suis exposé. […] Il est vrai que ce bon M.
Il est vrai qu’il possédoit éminemment ces deux qualités de l’Orateur, & que personne n’avoit porté aussi loin cette derniere, dont on avoit eu longtemps la simplicité de croire que notre langue étoit peu susceptible. L’Oraison funebre de M. de Turenne peut être regardée comme un chef-d’œuvre, par la maniere dont les différentes qualités du Héros sont développées, & par la chaleur du style, la beauté des traits qui s’y succedent sans appareil, sans gêne, comme la vraie peinture de chaque objet. […] C’est sans doute cette imitation mal entendue qui a altéré si fort, parmi nous, le vrai goût de l’Eloquence de la Chaire. […] Ceux qui n’ont jamais connu le véritable esprit de la Religion, peuvent les lire : ils y reconnoîtront ses vrais sentimens & son langage.
La Poésie galante paroissoit être plus du ressort de son génie ; c’est pourquoi son Théatre lyrique réunit tous les suffrages ; & personne, depuis Quinault, n’a mieux saisi le vrai caractere, n’a mieux développé le goût, n’a porté plus loin l’intelligence nécessaire dans cette partie de nos Spectacles. […] S’il est vrai que la Mothe soit l’Auteur des Couplets qui ont occasionné la disgrace de Rousseau, comme il est vrai que Rousseau ne les a pas faits, il est incontestable que cette imputation lui convient ; mais en attendant que ce mystere soit débrouillé, il n’est pas moins vrai que M. de la Mothe étoit un homme qui avoit eu le talent de se faire beaucoup de partisans dans la Société.
Il est absolument vrai. […] Est-ce bien vrai ? […] Mais c’est vrai. […] Ce n’est pas vrai. […] C’est vrai pour un certain temps ; ce n’est pas vrai pour toujours.
Tant il est vrai que la force et le temps dépensés en vain, pour l’agrément, pour l’art, font accomplir les plus réels travaux et empêchent la fatigue de se produire trop tôt. […] Ce qui est vrai, c’est que la rime finale est un moyen de mettre en relief un mot, par conséquent, une image ou une idée. S’il était vrai que l’on entend seulement le mot à la rime, on pourrait ne lire des poètes que les derniers mots de chaque vers. […] Tant il est vrai que la question de la rime plus ou moins riche n’est pas la première en importance. […] J’ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l’être, jamais ce que je savais être faux.
dit Méry, jusqu’à un poème épique » et c’était vrai. […] La difficulté est de donner à l’extravagance l’apparence du vrai. […] Le vrai roman « paysan » est rare. […] La Carthage de Flaubert n’est pas la vraie Carthage ; la Grèce de Pierre Loüys n’est pas la vraie Grèce. » C’est possible, et on peut gloser là-dessus. […] Comment de vrais écrivains peuvent-ils accepter une pareille besogne ?
.) ; l’autre que l’on peut appeler idéale, céleste, divine, désintéressée, ayant pour objet les formes pures de la vérité, de la beauté, de la bonté morale, c’est-à-dire, pour prendre l’expression la plus compréhensive et la plus consacrée par les respects du passé, Dieu lui-même, touché, perçu, senti sous ses mille formes par l’intelligence de tout ce qui est vrai, et l’amour de tout ce qui est beau. […] S’il était vrai que la vie humaine ne fût qu’une vaine succession de faits vulgaires, sans valeur suprasensible, dès la première réflexion sérieuse, il faudrait se donner la mort ; il n’y aurait pas de milieu entre l’ivresse, une occupation tyrannique de tous les instants, et le suicide. […] Non seulement il négligea totalement le vrai et le beau (la philosophie, la science, la poésie étaient des vanités) ; mais, en s’attachant exclusivement au bien, il le conçut sous sa forme la plus mesquine : le bien fut pour lui la réalisation de la volonté d’un être supérieur, une sorte de sujétion humiliante pour la dignité humaine : car la réalisation du bien moral n’est pas plus une obéissance à des lois imposées que la réalisation du beau dans une œuvre d’art n’est l’exécution de certaines règles. […] On s’imagine trop souvent que la moralité seule fait la perfection, que la poursuite du vrai et du beau ne constitue qu’une jouissance, que l’homme parfait, c’est l’honnête homme, le frère morave par exemple. […] Mais il y a dans les branches diverses de la science et de l’art deux éléments parfaitement distincts et qui, également nécessaires pour la production de l’œuvre scientifique ou artistique, contribuent très inégalement à la perfection de l’individu : d’une part, les procédés, l’habileté pratique, indispensables pour la découverte du vrai ou la réali-sation du beau ; de l’autre, l’esprit qui crée et anime, l’âme qui vivifie l’œuvre d’art, la grande loi qui donne un sens et une valeur à telle découverte scientifique.
Il est vrai que ces unions sont rarement durables. […] Il n’en est pas moins vrai que si la Révolution formula ce qui devait être, ce fut pour écarter ce qui était. […] A vrai dire, il y a des causes psychologiques et sociales dont on pourrait annoncer a priori qu’elles produiront des effets de ce genre. […] Mais que le mysticisme vrai, complet, agissant, aspire à se répandre, en vertu de la charité qui en est l’essence, cela est non moins certain. […] Que si l’on s’en tient au mysticisme vrai, on le jugera incompatible avec l’impérialisme.
Avec Mme d’Albany, tout en étant vrai, il reste plus dans les termes d’homme du monde et de société. […] Rentré encore une fois à Genève, Sismondi y trouva pour le coup la Terreur, la vraie Terreur, fort hideuse et atroce là comme en tout lieu. […] Tant il est vrai qu’il n’est que de parler de ce qu’on sait et de ce qu’on sent ; on arrive parfois à le peindre. […] Il peut goûter les gens, il peut vouloir leur plaire ; mais une tendre et vraie amitié, l’abandon, le dévouement, sont choses qu’il ne faut pas attendre de lui. […] Sismondi en était revenu avec lui au vrai point de liaison et à l’exacte mesure du jugement.
» — Moralité étrange et plus vraie qu’on n’ose dire ! […] Elle racontait encore avec un mélange de gaieté et de sensibilité l’anecdote suivante de ce bon temps de jeunesse et de misère, où il est vrai de dire, même des femmes : « Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans ! […] Il fallait entendre le récit de cette petite scène par Mme Valmore : on en riait en pleurant. — Une vraie petite scène d’opéra-comique ou de demi-vaudeville en action. […] Il y a de l’esprit de reste en France, mais la vraie sensibilité y est beaucoup plus rare, et c’est là un de vos domaines. […] Valmore père, mari de Mme Valmore, de son vrai nom de famille, est Lanchantin.
N’est-ce pas en tant que pouvant fonder dans l’avenir la vraie et sérieuse philosophie de l’histoire ? […] Si je ne croyais que tout est saint, que tout importe à la poursuite du beau et du vrai, je regarderais comme perdu le temps donné à autre chose qu’à la recherche spéciale. […] Les vrais intérêts de la science réclament donc plus que jamais des spécialités et des monographies. […] Le mot de Pline est vrai à la lettre : il n’y a pas de livre si mauvais qu’il n’apprenne quelque chose. […] Un tel ouvrage serait, il est vrai, vieilli au bout de dix années ; mais il aurait eu son utilité et aurait contribué à faciliter l’étude immédiate des sources.
Les vrais principes sociaux, c’est le catholicisme de Grégoire VII qui les donne. […] C’est un homme en traduction perpétuelle, plus ou moins exacte, il est vrai. […] C’est qu’elle a dernièrement donné l’audace du désordre à ceux qui l’estiment vraie. […] Quelle que soit l’histoire qu’on écrive ou qu’on étudie, on ne peut jamais assez se surveiller et prendre garde ; mais quand il s’agit de l’histoire de l’Église au Moyen Âge, il faut redoubler de précautions pour rester dans le vrai et ne faire octroi de rien à l’apparence. […] Ce faible pour la transaction, sur lequel il faut insister parce qu’on a trop fait d’Innocent III un pontife plein d’arrogance et de colère, sa mémoire l’a cruellement et singulièrement expié, comme la vraie faute de sa politique et de sa vie.
— La vraie originalité de Musset est d’avoir ramené l’esprit dans la poésie, en y mêlant la passion ; son tort grave est d’avoir relâché et presque dissous la forme. […] Que M. de Chateaubriand ait la goutte ou qu’un honnête homme de vraie littérature tremble la fièvre, nul ne s’en inquiète, mais M. […] Sue est d’ailleurs un assez bon garçon (good fellow,) qui ne prend pas trop au grave sa bonne fortune de grand homme ; il ne se donne pas pour un écrivain, mais pour un homme à idées et à combinaisons romanesques, ce qui est vrai. […] Ces demoiselles de Saint-Cyr, contemporaines de madame de Caylus, sont de vraies lorettes comme on dit ; il semble que Dumas ait détaché un chapitre du livre qu’il publie sous ce titre. Pourtant cela n’est vrai que pour le ton ; le fond n’a rien d’autrement immoral.
A la tribune politique, il a trouvé souvent des épigrammes piquantes, ou bien des paroles lucides pour des expositions d’affaires qu’il entend très-nettement ; mais dans les vrais et sérieux débats, il est toujours demeuré insuffisant. […] Il n’est pas moins vrai que Villemain, au milieu de toutes les grâces brillantes et mondaines dont il a su recouvrir sa nature première, reste foncièrement un esprit universitaire, une fleur et une lumière de rhétorique et d’académie. […] A les juger impartialement, et en n’attachant aux mots aucune défaveur, mais en y mettant tout le sens précis, on reste vrai en disant : Cousin n’est pas un vrai philosophe, pas plus que Guizot n’est un grand historien : ce sont deux très-grands professeurs, l’un d’histoire et l’autre de philosophie. […] La banalité des éloges contemporains masque trop souvent ces qualifications vraies et décisives que la postérité restitue.
Une Société de Philosophes formés à cette Ecole, ne seroit-elle pas un vrai pays de Lestrigons, dont il seroit dangereux d’approcher ? […] La fausse clarté de ceux-ci n’est que le produit de la corruption, s’éteint avec elle : l’autre est une clarté, dont l’éclat soutenu ne permet pas de méconnoître le vrai Guide destiné à nous conduire. […] Autrefois l’ignorance, la grossiéreté, en étoient, il est vrai, les sources ordinaires ; mais alors se montrant plus à découvert, ils étoient moins dangereux. […] Qu’il entasse enfin sophisme sur sophisme, calomnie sur calomnie : son autorité sera toujours, aux yeux du vrai Sage & même du Politique éclairé, le ressort le plus puissant pour rétablir l’ordre général & assurer la félicité de chaque individu. […] Pour tout dire en deux mots, qu’on compare les fruits qu’a produits dans tous les Etats une Philosophie raisonneuse, turbulente & destructive, principe de leur altération, de leur dépérissement, & de leur chute, avec les avantages qu’ils doivent à la Religion, qui les a tirés du chaos, les a rendus florissans, les maintient ; & l’on saura que penser des déclamations de tant d’Ecrivains, qui n’ont pas rougi de dissimuler ses bienfaits, de lui imputer des crimes qu’elle condamne, & de lui reprocher des désordres, dont elle a bien pu être le prétexte, mais qui ont cessé aussi-tôt qu’on en est revenu à son esprit & à ses vrais sentimens.
Après la médaille ou le camée, c’est donc une de ces analyses que j’essaie, à l’aide, il est vrai, des meilleurs secours ; car non seulement l’intéressant ouvrage de M. […] Il est vrai peut-être qu’il n’a pas eu l’occasion de voir dans son temps, comme nous dans le nôtre, des réunions entières de ce peuple singulier… Je n’oserais communiquer à quelqu’un d’autre qu’à vous ces remarques qui pourraient paraître présomptueuses ; mais, comme je vous le disais tout à l’heure, je ne peux m’empêcher de trouver les œuvres du Créateur bien autrement sublimes que toutes les représentations que les créatures les plus heureusement douées en peuvent faire. […] Je vis extrêmement retiré, j’ai la société de mon frère qui est un bon enfant, nous sommes heureux de notre vie tranquille : tant il est vrai qu’il n’y a que la vertu qui donne ce calme, ce bien-être qui est trop peu connu ! […] Navez ces paroles tout empreintes d’affection amicale et d’esprit de famille : Il est vrai que tu as tout pour te trouver heureux d’être au monde : tu te trouves dans ta patrie, honoré et considéré pour ton talent brillant ; estimé, aimé par toutes les personnes qui te connaissent ; regardé par la Fortune de son œil le plus favorable ; heureux époux, heureux père. […] Le premier jet frappe et attire : mais ensuite une expression juste, une pose sévère et vraie, un dessin serré et gracieux en même temps, ne conservent pas seulement cette première attention, mais ces qualités produisent le goût des arts et font les amateurs constants.
Il est vrai que ce genre de sujet offre des difficultés particulières, qu’il est plein d’épines en même temps que de fleurs, et qu’il demande, à le traiter comme il faut, bien des délicatesses. […] Il est vrai que celle-ci n’y est qu’à peine touchée ; et c’est sans doute la raison pour laquelle le poëte a cru pouvoir ainsi clouer en tête de son recueil ce titre voyant de Poésies Barbares, qui devient un attrait. […] Qu’on lise, au début du volume, ces Conseils d’un homme qui a éprouvé la passion et qui en signale les périls et le malheur à un ami vrai ou supposé. […] Mais parlez-moi des Soleils de juin, des Soleils de novembre, nobles essors d’une âme qui sait se retremper aux vraies sources de consolation. […] J’ai parcouru jusqu’ici bien des tons, j’ai fait résonner bien des notes sur le vaste clavier de la poésie, et pourtant je n’ai pas encore abordé mon vrai sujet, celui qui m’a réellement mis cette fois en goût d’écrire, le Poème des Champs de M.
Ce sont les lettres à sa femme, écrites avant et depuis son mariage, qu’on publie aujourd’hui ; elles sont convenables et ce qu’elles doivent être ; mais il n’y a rien de bien vif ; jamais une vraie gaieté, une vraie grâce. […] À rester distingué sans doute, mais immobile, mais borné, fermé et tout à fait étranger à la vraie activité intellectuelle toujours renaissante, — à avoir divinisé sa paresse sous le nom de goût. […] Ce que Virgile a remarqué des semences est vrai des hommes : il faut les trier, les épurer, les agiter sans cesse ; autrement tout dégénère. […] Le vrai successeur direct d’un grand homme c’est son égal et son pareil dans l’âge suivant. […] Le vrai successeur de Voltaire, ç’a été cette pléiade d’historiens et de critiques, honneur de notre temps (Thiers, Thierry, Guizot, Fauriel, etc., aujourd’hui Renan).
Mais au fond elle n’a été que peine et travail, et je puis affirmer que, pendant mes soixante et quinze ans, je n’ai pas eu quatre semaines de vrai bien-être. […] On a trop demandé à mon activité soit extérieure, soit intérieure. — À mes rêveries et à mes créations poétiques je dois mon vrai bonheur ; mais combien de troubles, de limites, d’obstacles n’ai-je pas rencontrés dans les circonstances extérieures ! […] On craint de voir apparaître le vice dans sa vraie nature… Tous les ans je lis quelques pièces de Molière, de même que de temps en temps je contemple des gravures d’après de grands maîtres italiens. […] Mais, si on l’interrogeait sur les vrais talents, sur Béranger, sur Mérimée, auteur dès lors du théâtre de Clara Gazul, Gœthe faisait aussitôt la distinction, et il reconnaissait en eux la vraie marque, l’originalité : « Je les excepte, disait-il : ce sont de vrais talents qui ont leur base en eux-mêmes et qui se maintiennent indépendants de la manière de penser du jour. » Avoir sa base et son fondement en soi, c’était la chose qu’il estimait le plus ; il a parlé quelque part de ces faux talents, qui n’en ont que le semblant et le premier jet : « Nous vivons dans un temps, disait-il, où il y a tant de culture répandue qu’elle s’est, pour ainsi dire, mêlée à l’atmosphère qu’un jeune homme respire. […] Il ressemble à une source dont l’eau est empruntée ; elle coule un certain temps, mais quand le réservoir est épuisé, elle s’arrête. » Il n’y a de vrai génie ou talent que celui dont on ne peut jamais dire : Il a vidé son sac ; car ce n’est pas un sac qu’il a : il est une source.
Walter Scott, le maître et le vrai fondateur du roman historique, vivait dans son Écosse, à peu de siècles, à peu de générations de distance des événements et des personnages qu’il nous a retracés avec tant de vie et de vraisemblance. […] Savez-vous quelle eût été la forme la plus naturelle, la plus vraie à adopter, dans l’état actuel de la science, pour qui voulait nous entretenir de ce vieux monde punique ? […] Voilà la forme juste et vraie dans laquelle pouvait se produire un beau travail d’érudit et d’artiste sur la civilisation carthaginoise. […] Vous mettez toujours en avant le vrai, rien que le vrai. […] Peignez-le, ce vrai, tel quel, au vif et même crûment ; mais ce qu’on a le droit de désirer, c’est que vous n’alliez pas choisir exprès le pire et le préférer à tout.
Or, ceci bien posé, il est aisé de rétablir en leur vraie place et de voir en leur vrai jour les hommes originaux du temps, qui, dans leur conduite ou dans leurs œuvres, ont fait autre chose que remplir le programme du maître. […] La Fontaine, il est vrai, se méprenait un peu sur lui-même ; il se piquait de beaucoup de correction et de labeur, et sa poétique qu’il tenait en gros de Maucroix, et que Boileau et Racine lui achevèrent, s’accordait assez mal avec la tournure de ses œuvres. […] L’usage des vrais biens réparerait ces maux ; Je le sais, et je cours encore à des biens faux. […] Ce qui est vrai jusqu’ici de presque tous nos poëtes, excepté Molière et peut-être Corneille, ce qui est vrai de Marot, de Ronsard, de Régnier, de Malherbe, de Boileau, de Racine et d’André Chénier, l’est aussi de La Fontaine : lorsqu’on a parcouru ses divers mérites, il faut ajouter que c’est encore par le style qu’il vaut le mieux. […] Maucroix, Racine et ses vrais amis s’affligeaient de ces déréglements sans excuse ; l’austère Boileau avait cessé de le voir.
Les délicatesses exagérées de quelques sociétés de l’ancien régime n’ont aucun rapport sans doute avec les vrais principes du goût, toujours conformes à la raison ; mais l’on pouvait bannir quelques lois de convention, sans renverser les barrières qui tracent la route du génie, et conservent, dans les discours comme dans les écrits, la convenance et la dignité. […] L’art d’éviter les écueils de l’esprit était le seul usage de l’esprit même, et le vrai talent se sentait souvent oppressé par tous ces liens de convenance. […] L’esprit moqueur s’attaque à quiconque met une grande importance à quelque objet que ce soit dans le monde ; il se rit de tous ceux qui sont dans le sérieux de la vie, et croient encore aux sentiments vrais et aux intérêts graves. […] Je crois cette idée vraie, mais dans une acception différente de celle qu’on lui donne. […] Ils ne réuniraient presque jamais dans les compositions littéraires le naturel des observations avec la noblesse des sentiments ; loin de s’aider de leurs souvenirs, ils auraient besoin de les écarter : à peine le recueillement de l’âme pourrait-il encore donner quelquefois l’idée du vrai tableau.
Et voici que commence le règne de Nietzche, destructeur du kantisme, du christianisme, et restaurateur de la vraie morale par le culte irréfréné du moi. […] C’était lui qui était dans le vrai, aisément, largement, sereinement. […] Par la religion se satisfait l’instinct moral de l’humanité ; ainsi, aucune religion n’étant vraie, toutes les religions sont vraies ; et toutes sont bonnes — quand on ne les applique qu’à leur office. […] A côté de ces œuvres consciemment composées pour un effet esthétique, se rencontrent de vrais journaux écrits au jour le jour, au hasard des rencontres : comme ces notes posthumes de Michelet qu’on a récemment publiées. […] Enfin, il est vrai aussi que la frivolité d’esprit, l’inaptitude à penser, trouvent leur compte à ces lectures qui ne présentent que des choses particulières.
Pour donner à ces vrais successeurs le temps de venir, un peu d’intervalle parfois est nécessaire. J’ai toujours éprouvé un regret, je l’avoue, quand je pensais à ces trois professeurs célèbres, dont l’enseignement (quoi qu’ils aient pu faire depuis) restera la plus grande gloire : ce regret, c’est qu’ils n’aient pas assez compris ce que je dis en ce moment, que leur vraie gloire et leur vraie force était là. […] Cousin a exposé une théorie qui peut s’appeler la théorie des appas, et dans laquelle il a mêlé bien des idées ingénieuses et en partie vraies, à d’autres qui sont singulières et un peu hasardées. […] Vain par-dessus tout, il a donné la vanité comme le principe unique de toutes nos actions, de toutes nos pensées, de tous nos sentiments ; et cela est très vrai en général, même pour le plus grand des hommes, qui n’en est que le moins petit. […] les vrais talents gagneront peut-être à cette continence.
Il est très vrai que, quand on est auteur et bon auteur, on doit nécessairement et sans vanité n’être satisfait que de ce que l’on fait soi-même, puisqu’on à une façon de penser toute particulière qui ne peut guère s’accommoder que d’elle-même. […] Au vrai, si l’on ne s’ennuyait pas, on ne ferait jamais cet acte d’abnégation et d’humilité d’ouvrir un livre. […] Il s’ensuit que ces lecteurs à la suite n’ont pas d’élan, d’ardeur, de ferveur, ni de vraie joie. […] Si, dans l’artiste le critique intervenait pendant que l’artiste travaille, c’est alors que seraient absolument vraies les paroles de Nietzsche, « l’artiste appauvrirait sa puissance créatrice », il la dessécherait même et deviendrait incapable de rien produire. […] Foi, critique, admiration, il y a trois phases, qui sont les mêmes que, et le lecteur et le poète, doivent traverser successivement pour arriver, l’un à la pleine admiration, l’autre à la pleine réalisation du vrai ou du beau.
Cependant, si l’humanité est une, il n’en est pas moins vrai que, selon les circonstances, les temps et les lieux, la civilisation affecte des formes très différentes. […] Toutefois, elle est populaire encore en ce sens qu’elle est en harmonie avec l’esprit général du temps ; en effet, elle est accueillie et fêtée, surtout, il est vrai, dans les châteaux. […] Mais la philosophie présida à tous ses travaux et finit par absorber tous ses goûts : elle devint sa vraie vocation et sa principale gloire. […] C’était déjà quelque chose ; mais ce n’est pas encore de là que date la vraie physique, elle n’a commencé qu’avec Galilée. […] Le jugement que tout changement a nécessairement une cause est donc un jugement qui ne repose pas sur l’expérience, c’est un vrai jugement à priori.
Les vraies origines de la Princesse de Clèves sont dans le roman de La Calprenède et de Mlle de Scudéry ; les vraies origines de la comédie de Molière dans la comédie de Scarron, et les vraies origines de la tragédie de Racine dans la tragédie de Corneille. […] Les personnages, moins dessinés en caricature, sont plus naturels et plus vrais. […] Quels cris de passion vraie ! […] La fécondité est la marque du vrai talent. […] C’est ici le vrai signe d’une nature éminemment morale. !
Cette révélation de la grandeur vraie et simple m’atteignit jusqu’au fond de l’être. […] ô beauté simple et vraie ! […] Les larmes de tous les peuples sont de vraies larmes ; les rêves de tous les sages renferment une part de vérité. […] En vrai sage, il se tut, ne dit plus mot à personne et eut le repos. […] Il était dans le vrai.
Le fait est vrai : Henriette Maréchal a disparu de l’affiche du Théâtre-Français dans les circonstances suivantes. […] Du vrai, du vrai dans notre pièce, du vrai, il y en a peut-être plus qu’on ne croit. […] Cette nouvelle qui, quelques jours auparavant, eût été un vrai chagrin pour nous, ne nous causait qu’une assez médiocre déception. […] … Il est vrai qu’on n’y a jamais songé, et qu’on ne songera jamais qu’aux Sept Châteaux du diable. […] Mais, les qualités d’une humanité véritablement vraie, le théâtre les repousse par sa nature, par son factice, par son mensonge.
Il n’en est pas moins vrai que ces sciences tendent de plus en plus, par la réduction des phénomènes à des lois vers ce déterminisme qui fait le caractère propre de toute œuvre scientifique. […] La vérité vraie est que l’auteur est la nature, et que, dans la vie morale comme dans la vie physique, tout se fait et s’explique par le jeu des forces naturelles. […] C’est dans les développements et les explications qu’il faut chercher la vraie pensée des physiologistes de l’école dont nous parlons. […] Et cela n’est pas seulement vrai de l’homme, mais de l’animal, mais de la plante, mais de tout ce qui, dans la nature, a le caractère de l’individualité. […] C’est donc en cet être qu’il faut chercher la vraie cause de tous ces mouvements.
Si l’on nous accorde que la bonne littérature est celle qui reflète le mieux le monde intérieur et les phénomènes de l’âme, comment ce qui est vrai dans le monde ne serait-il pas vrai dans les livres ? […] Il est vrai qu’à son point de vue la question s’amincissait de manière à ne pas troubler sa quiétude. […] C’est là qu’on peut étudier la différence du génie vrai et du faux génie. […] Cette fois, M. de Lamartine a été dans le vrai : dans le vrai de ses désenchantements, dans le vrai de ses douleurs, et, — pourquoi ne pas le dire, puisqu’il le dit lui-même ? […] Elle seule vous donnera la vraie résignation et le vrai courage.
Quel portrait juste, vrai, bien proportionné, il en eût tracé ! […] Il est vrai, dit M. de Meaux, mais aussi ce style est-il bien plat ; et pour les Dialogues, ce sont des injures que les interlocuteurs se disent les uns aux autres. […] Voilà le vrai de ces jugements, un vrai tout relatif ; en s’exprimant d’une manière si crue, Bossuet cédait trop à ses répugnances instinctives et abondait, comme on dit, dans son propre sens. […] Nous assistons, grâce au journal de Le Dieu, aux derniers sermons de Bossuet, qu’il prêche à l’âge de soixante-quatorze et soixante-quinze ans : le 1er novembre 1701, jour de la Toussaint, « il recueille les restes de ses forces pour exciter les cœurs à l’amour de Dieu, dans un sermon de la béatitude éternelle. » Une autre fois, le 2 avril 1702, dimanche de la Passion, il fait un grand sermon dans sa cathédrale pour l’ouverture du jubilé : Il réduit tout à ce principe : Cui minus dimittitur, minus diligit, que plus l’Église était indulgente, plus on devait s’exciter à l’amour pour mériter ses grâces et parvenir à la vraie conversion. […] — Encore une fois, Bossuet ressort de cette lecture et de l’épreuve suprême de ces intimes documents avec des traces de faiblesse sans doute et d’infirmité humaine ; je ne sais si ceux qui se dressent dans l’esprit d’illustres statues qui ressemblent trop souvent à des idoles, trouveront qu’il ait grandi à leurs yeux ; mais cet homme, qui a eu tant de grandeur dans le talent, s’y montre avec bien de la bonté morale et de la piété vraie dans le cœur ; que faut-il davantage ?
C’est un poète orphique que M. de Laprade, et cette disposition l’avait même conduit (dans un morceau qu’il n’a point recueilli, il est vrai) à voir le commencement de la décadence poétique dans Homère. […] « L’élégant persiflage d’Horace recouvre, dit-il, une indifférence complète pour le vrai bien et pour le vrai mal. » — « Le poète s’en va, l’homme de lettres commence » à dater d’Horace. […] Je suis dans le vrai du faible et du travers de M. de Laprade critique, dans le plein de sa théorie favorite, en la dégageant des précautions de forme. […] « Manifester ce que nous sentons de l’être absolu, de l’infini, de Dieu, le faire connaître et sentir aux autres hommes, telle est dans sa généralité le but de l’art. » Est-ce vrai ? […] Socrate et Aristophane sont en Grèce les deux fondateurs du genre, et ils ont été aux prises : « Merveilleux exemple, s’écrie M. de Laprade, de la vraie destination de l’ironie et de toutes les œuvres qui s’y rattachent !
Bertin père, sage et arbitre, intelligent et affectueux, gardait le ton du vieux et vrai bon sens, sans pourtant dire non aux nouveautés, sans s’étonner des accents qui montent. […] Il est souvent un grand charme, et inexprimable, résultant d’une image discrète, d’un tour simple, d’un enchaînement facile, d’une cadence coupée à temps, avec un sentiment vrai sous tout cela : c’est l’atticisme de la poésie. […] Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte de premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé. […] S’il est équitable en même temps que vrai génie, s’il est généreux, il dira à qui il doit le plus, et ce qui lui en semble parmi ceux qui lui auront frayé la route, qui lui auront préparé la langue poétique continue ; et sa parole fera foi. […] Aujourd’hui, bien que venu tard et dans une littérature encombrée de pastiches et de contrefaçons spécieuses, il s’en distingue d’abord et se rattache à la franche veine d’inspirations ; sa vraie date reparaît.
Tant il est vrai que les révolutions sociales engendrent une épidémie de troubles nerveux. […] Il est vrai que les rois vivants savent aussi emprunter, pour se défendre, le concours de la Providence. […] S’il est vrai que l’expérience seule peut conduire à sa ruine l’aventurier téméraire de l’arcane, il n’en est pas moins vrai que la science transmise resterait lettre morte sans l’expérience. […] Il est vrai que tous ne se confient point aux toxiques et ne s’en servent point pour cambrioler l’arcane. […] Tout vrai poète, est d’instinct un initié.
Lui, il avait le sentiment de la raillerie que les autres n’avaient pas, et un besoin de vraie flamme qu’ils n’ont eu que rarement. […] Ce n’est d’ailleurs jamais un déshonneur pour une femme d’avoir été aimée et chantée par un vrai poète, même quand elle semble ensuite en être maudite. […] Ce poète blessé au cœur, et qui crie avec de si vrais sanglots, a des retours de jeunesse et comme des ivresses de printemps. […] En est-il donc moins vrai que la lumière existe, Et faut-il l’oublier du moment qu’il fait nuit ? […] Un souvenir heureux est peut-être sur terre Plus vrai que le bonheur.
Il n’en est pas moins vrai que la nature réalise le mouvement, comme elle réalise la conscience : des deux côtés, c’est une réelle continuité ; seulement, dans la conscience, les positions successives du mobile vivant laissent une trace. […] La réalisation du moi idéal, du vrai moi, — qui est une pure idée, — devient la moralité même123. […] La conséquence de cette étroite solidarité qui relie l’individu au groupe, c’est que la réalisation du vrai moi individuel finit par avoir pour condition intégrante celle du vrai moi social. D’où résulte encore cette conséquence morale que la réalisation de mon vrai moi enveloppe celle d’autrui. […] Même dans nos rapports avec les animaux, nous subissons encore une logique commune, qui est plutôt, il est vrai, sensitive qu’intellectuelle : le commerce avec les animaux, amis ou ennemis, n’en est pas moins une interprétation de signes, conséquemment un phénomène de logique sociale.
Il n’en est pas moins vrai que ces idées se ressemblent par certains traits, dont l’ensemble constitue justement l’égalitarisme, et qui ne sauraient donc s’expliquer par les traits spécifiques des races. […] Il n’en est pas moins vrai qu’on peut chercher, dans les rapports mêmes de ces consciences, la raison, ou du moins l’une des raisons des idées qu’elles forment. […] Est-il vrai que cette théorie de l’imitation « ouvre toutes les serrures » ? […] On n’est pas seulement semblable dans la mesure où l’on s’imite : il est vrai aussi qu’on s’imite dans la mesure où l’on est semblable. […] Et il est vrai que l’on considère ordinairement, du point de vue idéologique, l’apparition de l’égalitarisme dans nos sociétés antiques et modernes comme un phénomène unique, puisqu’on le regarde comme résultant de la transmission, à travers le temps et l’espace, d’une même théorie.
Elle n’est pas moins la faculté du vrai. […] Il a voulu être naturel et vrai. […] Ce qui est vrai des fables est vrai des chansons. […] Voilà la qualité vraie de son génie. […] La vraie puissance ne se gaspille pas.
Mais elles ne sont pas toutes bonnes, si elles ne sont pas toutes vraies. Or, si je suis dans le vrai, quand je proclame que Jésus-Christ est Dieu, pouvez-vous exiger de moi, au nom de la tolérance et dans un intérêt de paix, que je consente à ne voir dans cet adorable Sauveur qu’un sage ou un philosophe ? […] Tant il est vrai que depuis nous avons beaucoup marché : reste à savoir en quel sens ! […] Un moraliste religieux, un ami de Chateaubriand et de Fontanes, un des hommes qui ont le mieux senti et pratiqué selon l’esprit le vrai christianisme, M. […] Voilà la vraie lutte, voilà la vraie liberté.
Voici la plus importante de ces notes : « Les hommes ont mépris pour la religion, ils en ont haine et peur qu’elle soit vraie. Pour guérir cela, il faut commencer par montrer que la religion n’est point contraire à la raison ; ensuite, qu’elle est vénérable, en donner respect ; la rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fût vraie, et puis montrer qu’elle est vraie […] Car selon le calcul des probabilités, on a avantage à parier que la religion est vraie, à régler sa vie, comme si elle était vraie. […] La religion donc qui la propose, si elle n’est pas vraie encore, mérite du moins d’être prise au sérieux, et respectée. 3° La religion est aimable, parce qu’elle promet le vrai bien.
Cela est vrai des principaux prosateurs, Rabelais, Calvin, Montaigne, et, dans la poésie, de Malherbe lui-même, quoique si au-dessus de ses prédécesseurs immédiats. […] Ce jugement eût été vrai du haut d’une chaire ; d’une compagnie de gens d’esprit, il était excessif. […] Tout en était si vrai, caractères, situations, langage ! […] Il est vrai que, pour la plupart, la vieillesse s’était jointe au mauvais système. […] Il a fait, en un mot, toutes les choses autrement que son devancier, non pour rendre sa pièce plus vraie, mais pour ne pas ressembler à Mairet ; tant il est vrai qu’il voyait dans le sujet, non pas un événement vrai ou vraisemblable qui s’accomplit par un enchaînement de circonstances invincibles, mais une matière à pétrir, à laquelle le poète est libre de donner toutes les formes, pourvu qu’on y voie la marque de l’inventeur.
Mais ils sont trop dissemblables pour être tout à fait vrais et actuels, ces deux adversaires ; ils ont cent ans pour le moins. […] Et le moyen, pour elles, de discerner l’amour vrai de l’amour cupide ? […] Il est vrai qu’elle crache si bien le sang », ! […] Mais, si cette perle n’est pas fausse, les diamants sont donc vrais ! […] Quoi de moins vrai encore, au point de vue humain, que cette amourette de pensionnaire qui le reprend pour sa petite cousine ?
Seulement rien de tout cela n’est pour ce matérialisme la vérité vraie, absolue, définitive. […] Il est une école de théologiens qui résiste, il est vrai, à ces entraînements mystiques. […] A vrai dire même, il n’a conscience que du moi et des attributs qui constituent sa personnalité. […] Il est bien vrai sans doute qu’ils ont tous ceci de commun de conclure à l’absorption en Dieu ; mais quel Dieu ? […] » n’est-ce pas là le langage des vrais amants, n’est-ce pas là un cri sorti du cœur de la plus aimante des femmes ?
Ce n’est pas vrai et ce n’est pas grand. […] Et il n’est pas vrai davantage que cela soit fatal. […] Il serait absurde de croire qu’on pourra transporter la nature telle quelle sur les planches, planter de vrais arbres, avoir de vraies maisons, éclairées par de vrais soleils. […] Il est vrai qu’elle ne recommença pas. […] Ma vraie forge est à côté.
L’homme vrai doit faire ce sacrifice sans peine & sans effort, parce que l’homme vrai est par excellence l’honnête-homme & l’ami des hommes. […] C’est d’abord un contre-sens qui choque quiconque a l’amour du vrai. […] Ils tirent les plus mauvaises conséquences des principes les plus vrais. […] Démosthène enflamme sa République, & la précipite, malgré ses vrais intérêts, dans une guerre fatale. […] Les peuples encore barbares ont sans doute une précision plus nerveuse, une chaleur plus vraie.
., Montesquieu est un philosophe politique supérieur, en ce qu’il est souverainement indifférent et calme, se plaçant dès l’origine au vrai point de vue de la nécessité et de la réalité des choses, s’y conformant selon les lieux, les climats, les races, sans y apporter en travers un idéal préconçu qui pourrait bien être une idole. […] On a reproché quelquefois à Montesquieu les historiettes dont il égaye encore plus qu’il ne les appuie ses graves sujets ; mais il savait, l’habile homme et le grand artiste, que même en telle matière il est souvent vrai de dire que le conte fait passer la morale avec lui. […] La correspondance et les écrits qui sont publiés aujourd’hui sont d’un intérêt très varié et nous remettent tout à fait dans le vrai avec M. de Tocqueville. […] On s’incline, on salue ; mais la vraie philosophie politique et morale, qui accompagne l’homme tel qu’il est et non tel qu’on veut qu’il soit, passe outre, poursuit sa marche, et n’abdique jamais. […] De nos jours, d’ailleurs, je ne vois pas d’emploi plus honorable et plus agréable de la vie que d’écrire des choses vraies et honnêtes qui peuvent signaler le nom de l’écrivain à l’attention du monde civilisé, et servir, quoique dans une petite mesure, la bonne cause.
Il est bien vrai que je n’en sais rien maintenant. […] Aucune idée fausse ne me blesse plus que celle qui considère le genre humain comme incapable d’avoir trouvé et fixé la vraie morale s’il n’avait eu l’Évangile. […] « Prends l’heure à la paroisse » est un honnête adage Dont plusieurs font abus, mais qui convient au sage, Eût-il même du Vrai le miroir en sa main. […] C’est une civilisation inconnue malheureusement chez nous ; il est vrai qu’ils ne sont à l’Université, que six à sept cents, et qu’ils n’ont point un Paris pour garnison. » 134. […] Et puisqu’il est si avare des avances d’une vraie et abondante bienveillance, je me rejette sur la conviction qu’il aimera à parer son prochain Rapport à l’Académie d’une tirade sur le De Oratore, qui sera de meilleur aloi que l’inexacte réminiscence sur Bernardin de Saint-Pierre.
Ici, l’on trouvera, sans aucun dégrossissement, le petit Breton consciencieux qui, un jour, s’enfuit épouvanté de Saint-Sulpice, parce qu’il crut s’apercevoir qu’une partie de ce que ses maîtres lui avaient dit n’était peut-être pas tout à fait vrai. […] La lumière, la moralité et l’art seront toujours représentés dans l’humanité par un magistère, par une minorité, gardant la tradition du vrai, du bien et du beau. […] L’hypothèse où le vrai sage serait celui qui, s’interdisant les horizons lointains, renferme ses perspectives dans les jouissances vulgaires, cette hypothèse, dis-je, nous répugne absolument. […] Selon la première idée chrétienne, qui était la vraie, ceux-là seuls ressusciteront qui ont servi au travail divin, c’est-à-dire à faire régner Dieu sur la terre. […] Ils étaient vrais quand je les écrivais.
Le discours du bœuf a un autre genre de beauté : c’est celui d’un ton noble et poétique, quoique naturel et vrai. […] Cela n’est pas exactement vrai ; et souvent c’est une chose très-difficile. […] La vraie moralité de la pièce est dans la fable même : V. 10…. […] Cela est vrai, mais dans tel ou tel cas qu’il aurait fallu spécifier, et non dans une aventure folle qui réussit à un fou. […] Il est vrai qu’il est un peu imité du Tasse ou de l’Arioste, je ne me souviens plus lequel des deux.
Mais elle était de ce temps d’indifférence religieuse où les femmes préfèrent à l’eau bénite du grand Pascal l’encre vaniteuse de leur écritoire ; et tout doucement, elle se fit bas-bleu, d’une nuance très douce, il est vrai, et peu appuyée… Elle glissa dans l’azur… Elle avait attendu. […] … Dans le livre qui devait nous venger de Moore, je ne vois que Moore… Je ne vois d’intéressant, de clair, de vrai et de vraisemblable que ce qu’elle y transcrit de Moore. […] On a dit, je le sais bien que, tous les poëtes étaient, plus ou moins, des enfants sublimes ; mais pour être déjà ancien, le mot n’est pas plus vrai. […] Comme les enfants, du reste, Byron, partout, autant dans sa vie que dans ses œuvres, a été l’être vrai de tous les contrastes, et il n’y eut jamais d’autre explication à donner de son génie et de ses œuvres que cette vérité. Oui, l’être vrai de tous les contrastes !
Il est vrai que les uns reprochèrent à l’auteur du Voyage en Russie un peu d’humeur dans les opinions, et les autres beaucoup d’ingratitude vis-à-vis d’un pays qui l’avait reçu avec une si coquette hospitalité. […] Pouchkine, il est vrai, a commencé de jeter sur le tambour des journaux français son nom cymbalique, un de ces noms, par parenthèse, que la gloire aimerait à faire sonner ! […] Et cela est si vrai que les compositions traduites par Chopin ressemblent elles-mêmes à des nouvelles qu’on aurait traduites en russe, et qui auraient été primitivement écrites en français, en anglais, ou en allemand, dans une des trois langues littéraires de l’Europe. […] L’auteur y refait, sous le nom de Petchorin, ce beau roman de René, la seule chose vraie qu’ait écrite Chateaubriand, et par un procédé assez grossier d’imitation (toujours l’imitation !) […] Le seul livre vrai qu’elle possède, en savez-vous le nom ?
l’heure de la poésie, de la vraie poésie, qui n’a pas sonné pour Banville, sonnera peut être encore ! […] Comme Vacquerie, il est vrai, Banville continue la poésie de Victor Hugo ; mais il ne la fait ni délirer ni grimacer plus qu’elle ne délire et ne grimace naturellement. […] C’est que la poésie collective n’est pas la vraie poésie. […] La vraie poésie, surtout dans ce temps d’extrême civilisation, est essentiellement individuelle et solitaire. […] Il est vrai que de tels vers commencent le recueil ; et, nous l’avons dit, ceux qui le terminent indiquent un affermissement dans la manière de l’auteur.
Cela est vrai, et M. […] Voici les vrais paysages de la Manche, la vraie plaine de Montiel, les vrais rochers de la Sierra Morena, les bois et les ruisseaux qui longent la route conduisant à Barcelone. […] Cela est vrai de toutes ses œuvres en général, mais cela n’est vrai d’aucune autant que de Wilhelm Meister. […] Il est vrai qu’il met cet optimisme à un haut prix. […] C’est un vrai joujou piétiste et biblique.
Vous commencez par douter de la réalité de ma reproduction, puis vous me dites « Après tout, elle peut être vraie » ; et comme conclusion : « Tant pis si elle est vraie ! […] Un vrai monument, carthaginois c’est l’inscription de Marseille écrite en vrai punique. […] Cela aussi était exclusif, hors nature, forcé, tout d’un morceau, et cependant vrai. Pourquoi ne voulez-vous pas que deux vrais existent, deux excès contraires, deux monstruosités différentes ? […] Il fut bien, il est vrai, crucifié par les Mercenaires, mais en Sardaigne.
Il en affiche effrontément les vrais motifs et se vante de ses cruautés, comme Montluc dans ses Mémoires. […] C’est l’enfant de l’anarchie politique et religieuse : il n’a ni Dieu ni roi, et il pille indistinctement les deux partis, sous prétexte qu’ils n’ont ni le vrai roi ni le vrai Dieu. […] C’est un goût égal pour les choses les plus contradictoires, plutôt qu’une défiance systématique ou inquiète des choses reconnues pour vraies. […] Le doute sur le vrai et le bien ne convient qu’aux esprits très-légers ou exclusivement occupés de leurs commodités présentes. […] On était plus exigeant pour les prosateurs que pour les poètes ; on y remarquait le superflu et le faux, parce qu’on y cherchait déjà l’utile et le vrai.
Je la crois vraie. […] L’actuel n’est pas le vrai.Le vrai est immuable, le réel ou actuel est changeant. […] — Vrai ! […] Plus j’avance, plus la poésie me cause la fatigue de l’Opéra, et plus j’ai soif de vrai. […] « Ce qui est vrai du réaliste est vrai aussi de son action (morale).
De tels Ouvrages sont les sources où les jeunes gens devroient aller s’instruire : ils y apprendroient à connoître les vrais principes, & à se défier des nouvelles doctrines qui gâtent tout, en matiere de Littérature, ainsi qu’en matiere de Religion. Il est si rare de trouver des esprits aussi pénétrans que sages, pour saisir dans une juste précision ce qui constitue la vraie beauté de chaque genre ; il est si ordinaire de voir des esprits présomptueux donner leurs rêveries pour des découvertes, les égaremens de leur goût pour des regles sûres, les productions de leur plume pour des modeles irréprochables, qu’on doit regarder les Ecrits des vrais Littérateurs comme des préservatifs contre la décadence des Lettres, ou comme ces colonnes milliaires qui, chez les Romains, indiquoient les grandes routes, & éloignoient les voyageurs des chemins détournés.
Fontaine-Malherbe ; mais ce n’est que par un vrai talent qu’on peut se distinguer de la foule des Poëtes Dramatiques, qui, chaque jour, devient plus nombreuse, sans que l’Art fasse les moindres progrès. […] Ce seroit toujours beaucoup, si le Public eût confirmé les éloges du Tribunal ; mais le vernis philosophique, répandu sur le Poëme de la Rapidité de la Vie, & sur le Discours en vers sur la Philosophie, n’en a pas imposé aux vrais Connoisseurs sur le défaut d’intérêt, de poésie & de vrai talent qu’ils y ont remarqué ; ce qui n’a pas empêché de regarder ces deux Poëmes comme très-supérieurs à ceux qui ont eu le Prix.
pas diminuer la poésie, s’il y en a réellement dans l’Inde, et si ce n’est pas nous qui la créons, pauvres éblouis que nous sommes par les reflets de ces boules d’or tournant au soleil, avec lesquelles, comme de vrais Indiens, nous nous sommes mis à jongler ! […] Malgré tout ce qu’on en a écrit, il n’y a pas, selon nous, de vraie poésie pour les connaisseurs dans le chaos de la littérature indienne, ou, s’il y en a, c’est de la poésie de seconde main. […] Dans le poème dont il a commencé la traduction, et qui, nous le reconnaissons, est un travail cyclopéen de philologie et de difficulté d’expression, il n’a pas su distinguer ce qui appartenait à l’esprit hindou de ce qui ne lui appartenait pas, et, cette distinction faite, combien il restait peu à Valmiki de puissance réelle, de sens des choses de l’âme, de vrai génie ! […] Ce sera la vraie utilité de ce monument littéraire. […] » Cependant, tel que le voilà traduit, ce livre bizarre, c’est un événement, et non pas seulement pour l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; car il atteste, ce que l’on commençait bien d’entrevoir, il est vrai, et ce qu’il faudra bien finir par proclamer tout haut, que les païens de toute espèce, battus par les doctrines chrétiennes, qui voulaient faire sortir de l’Inde une poésie et une philosophie pour les opposer à tout ce que le Christianisme a créé dans l’ordre du beau et du vrai parmi nous, n’ont trouvé, en somme, ni l’une ni l’autre.
Et puisque c’est ce principe de la Révolution, — le principe du nombre, — le principe de la démocratie, — la même chose sous trois noms différents, — qui sont la trinité du vrai pour le monde moderne, — ces principes, qui ont retourné l’histoire bout pour bout et jeté toutes les traditions par les fenêtres, se devaient à eux-mêmes de supprimer le mariage indissoluble d’une législation où il traînait comme la queue d’un temps disparu. […] Quand les principes faux sont pris pour les vrais, il n’y a plus moyen de les tuer qu’avec leurs conséquences, leurs parricides conséquences !… Seulement, pris pour vrais, à cet instant du monde moderne qui pourrait bien être le monde mourant, ils sont les vainqueurs et les partisans de l’indissolubilité, qui veulent la défendre contre eux détachée du fond d’histoire sur lequel elle était puissante, n’ont rien à dire contre l’irréprochable et l’implacable logique révolutionnaire. […] Comme moraliste, à La Rochefoucauld et à Chamfort ; comme conversation et mot lancé, à Rivarol, mais à Rivarol un peu constipé, il est vrai ; car le mot qu’il jette a été travaillé avant de jaillir. […] Il est vrai que, depuis cette déclaration de catholicisme, il avait malproprement insulté la Vierge, justement dans cette lettre adressée à l’auteur de l’Appel au Christ, et ce souvenir nous a empêché de nous étonner beaucoup de ses insultes présentes.
C’était, de nature, un vrai poëte, une incontestable supériorité d’imagination, faite pour aller ravir l’inspiration aux plus grandes sources ; mais il n’est pas bon que l’homme soit seul, a dit le saint Livre, et Poe, ce Byron-Bohême, vécut seul toute sa vie et mourut comme il avait vécu, — ivre et seul ! […] Au milieu des intérêts haletants de ce pays de la matière, Poe, ce Robinson de la poésie, perdu, naufragé dans ce vaste désert d’hommes, rêvait éveillé, tout en délibérant sur la dose d’opium à prendre pour avoir au moins de vrais rêves, d’honnêtes mensonges, une supportable irréalité ; et toute l’énergie de son talent, comme sa vie, s’absorba dans une analyse enragée, et qu’il recommençait toujours, des tortures de sa solitude. […] Le biographe d’Edgar Poe ne le dit pas et peut-être ne s’en soucie guère ; mais le silence de sa notice sur l’éducation morale, nécessaire même au génie pour qu’il soit vraiment le génie, genre d’éducation qui manqua sans doute à Edgar Poe ; et d’un autre côté, le peu de place que tiennent le cœur humain et ses sentiments dans l’ensemble des œuvres de ce singulier poëte et de ce singulier conteur, renseignent suffisamment, — n’est-il pas vrai ? […] Tout cela, — des contes d’ogre pour des enfants qui se croient des hommes, — n’a qu’une prise d’un moment sur l’imagination du lecteur, et manque, comme impression d’art, de profondeur et de vraie beauté. […] Ce fut la seule chose vraie de ces livres, construits comme des mensonges immenses ; la seule émotion dont il n’aurait pas trafiqué !
Mais il arriva assez vite par la réflexion à la seconde phase de l’esprit, à la critique, son vrai talent. […] Quoi qu’il en soit, il y a tout un côté vrai et fondé dans le rôle de M. […] Le livre en eût été plus grave, plus véritablement classique, plus vrai. […] On ferait une vraie académie de province des auteurs médiocres qu’il a loués en faveur de leurs qualités négatives et de leur abstinence de métaphores. […] Nisard dans ses divers jugements sur Montaigne, sur tout le dix-septième siècle, sur les prosateurs du dix-huitième siècle, Montesquieu, Buffon, qu’il traite avec une vraie supériorité.
Nul n’a mieux connu que lui ni mieux contenté nos vrais besoins. […] Le premier est une histoire familière de la cour de Louis XIV ; vrai tableau, ou plutôt vraie galerie de tableaux imposants et charmants, au-dessus desquels domine, tracé d’une main libre, pour l’histoire et non pour la tragédie, le portrait du grand roi. […] Il est vrai qu’il s’y trompe quelquefois. […] Il est très vrai que l’art de louer n’est pas une vertu héroïque ; mais c’est encore moins un vice. […] Il est vrai qu’il avait le droit de l’aimer dans le bon usage qu’il en a fait ; mais, à quelque chose qu’il l’emploie, il ne le hait pas.
La France donna alors le magnifique spectacle d’une nation tout entière qui cherche de bonne foi le vrai et le juste, et ne reconnaît en toute chose d’autorité que la raison. […] À dire vrai, ce mélange même est son vice caractéristique. […] Il faudrait moins écrire et réfléchir davantage ; il faudrait fortifier en nous, par la vie intérieure, la pensée, source de tout vrai talent. […] Soyons vrais avec nous-mêmes ; c’est le moyen de l’être aux yeux des autres. […] N’écrivant que sous la pression d’une idée, son style serait toujours plein, vrai, naturel.
La pensée qui nous intéresse, notre vraie pensée, n’avait donc pas l’expression qu’elle méritait ; nous la concevions nettement, mais nous l’énoncions de manière à donner le change sur sa vraie nature. […] Mais, pour les vrais penseurs, la tâche croît à son tour avec le succès ; toujours plus haut ! […] Tels sont les enfants ; tels sont en général les ignorants ; et le plus grand savant, en face d’un problème nouveau, est momentanément un ignorant ; il tâtonne, il cherche, il reste quelquefois des années entières sans trouver la vraie formule de sa pensée ; parfois il y renonce. […] Au degré où on la remarque, cette heureuse qualité est un privilège assez rare ; on l’a dit : beaucoup d’esprits bien faits ne trouvent la formule vraie qu’en descendant l’escalier ; les habiles la conservent dans un coin de leur mémoire ; elle servira pour une seconde visite. […] Quand le psychologue commence à s’observer, l’âme est un édifice dont les fondations sont cachées, dont plusieurs étages sont achevés et débarrassés de tout échafaudage ; il est vrai qu’on travaille encore et qu’on travaillera toujours à surélever l’édifice ; mais les conditions d’un tel travail ne sont pas celles de la fondation.
Il est vrai qu’aucune science ne risque plus de n’être que nominale. […] Il est vrai que ce fond était formé de la moelle des deux antiquités. […] Il rédigea cette constitution fameuse qui marque la vraie limite où s’arrête, en France, la dépendance de l’Eglise nationale à l’égard du Saint-Siège, et le vrai point où les différences dans la discipline n’ébranlent pas l’unité dans la croyance. […] Cela est vrai surtout des jansénistes, auxquels je suis impatient de rendre hommage. […] Bossuet tombe toujours sur le vrai, dans quelque voie qu’il le cherche.
Ceux qui parlent d’en faire un autre se trompent et ne sauraient en venir à bout ; on peut faire des sceptres et des couronnes, mais non pas des rois pour les porter ; on peut faire une maison, mais non pas un arbre ou un rameau vert ; il faut que la nature le produise, par espace de temps, du suc et de la moelle de la terre, qui entretient la tige en sa sève et vigueur. » Or, si cela est vrai d’une monarchie, n’est-ce pas vrai aussi d’une poésie ? […] Mais il est vrai de dire qu’à mérite littéraire égal, il n’est pas indifférent pour une œuvre moderne de vivre ou de ne pas vivre de la vie moderne en naissant : cela se sent encore, même après que l’heure est passée. […] Si l’on coupait l’anecdote sur ce mot : Malherbe, prenez un casque, ce serait sans doute plus noble, plus héroïque ; mais il faut savoir être vrai jusqu’au bout. […] Il est vrai, mais sans intention d’en mériter le gré que vous m’en savez. […] Il est vrai, d’ailleurs, qu’il avait sa singularité marquée et sa préoccupation unique.
et d’ailleurs, si vous admettez qu’il y en a plusieurs, lequel sera le plus vrai ? […] Il est vrai qu’au théâtre de Shakespeare on entrait pour un penny. […] Il est vrai qu’elle est, chez M. […] S’il est vrai, comme je l’ai ouï dire, que M. […] Pour un vrai bouquet de fleurs, et pour un vrai paysage, quelle stupéfiante gamelle d’épinards au beurre rance et de choucroute avariée !
Les langues sont nées de la race, et de tout ce qui affectait les sens à l’entour, du sol, du ciel, du paysage ; toutes ces circonstances se sont réfléchies indirectement dans les mots, dans les sons qui les composent. « Est-il bien vrai, se demandait-il, que notre langue soit inférieure à la langue grecque ? Est-il bien vrai que la langue française ne suffise pas à rendre parfaitement les grandes idées, les hauts sentiments, les passions héroïques, les vivacités galantes, les saillies satiriques, les naïvetés fines ? […] Il est vrai que l’auteur ne conduit pas son action avec finesse ; il l’interrompt même par des amours épisodiques d’assez mauvais goût ; mais, à travers ces défauts, je vois le grand poète, je vois un homme illustre, digne d’être envié à sa nation. […] Si Gacon dit vrai, Despréaux en aurait témoigné à La Motte une si vive colère que celui-ci n’osa se déclarer du vivant du maître, et qu’il attendit que le vieux lion fût mort pour montrer les dents. […] L’abbé de Pons, qui n’avait eu que le tort de toucher à ce nom de Gacon, disait vrai en parlant de la manière galante dont lui-même supportait sa disgrâce.
Plus d’un (et des plus beaux sans doute) ont été cachés : car c’est le propre de l’amour le plus vrai de chérir le mystère et de vouloir être enseveli. […] Ma fille, il est vrai, est un lien ; mais, ma fille ! […] La plus prudente discrétion, il est vrai, ne cessait de régler leurs rapports. […] En ces instants de vrai délire, elle était capable de tout témoignage. […] Madame du Maine, en vraie Condé qu’elle était, possédait à merveille tous ces précédents.
Il a finassé avec la Muse, cette franche fille à la fière candeur et à la violence adorable ; et ce jour-là, moins vrai d’inspiration et moins vrai d’expression, car la sincérité pénètre tout comme la lumière, il est sorti des méfiances et des désespoirs, tragiquement réels, de Joseph Delorme, pour entrer dans la comédie des Consolations ! […] Où est-elle, cette Muse inouïe, cette poésie faite avec des laideurs vraies, et parce qu’elles sont vraies, sensibles et douloureuses, ces laideurs, arrivant à un effet d’impression sur les âmes, égal à celui de la plus idéale beauté ? […] Sainte-Beuve a été le Geoffroy Saint-Hilaire d’une vraie tératologie poétique, avant que M. […] Le monde extérieur qu’il décrit passe à travers son âme malade, avant d’éclore sous son pinceau, y charrie des couleurs prises à cette âme envenimée, et sa peinture n’en est que plus vraie, car, au lieu d’une, elle exprime deux vérités. […] Il y est toujours, cet accent d’une réalité qui palpite, et qui, en somme, n’a perdu que de son intensité, tandis qu’au contraire l’Augustin vrai que je cherche, l’Augustin dans lequel le poète veut fondre le René pour en faire un type inattendu, une autre création poétique vivante, je ne le vois pas.
— Oui, c’est bien vrai, c’est fort ridicule, dit Goethe. […] Que diriez-vous, si nous descendions et si je vous mettais à la main un vrai arc de Baschkir ? […] m’écriai-je avec enthousiasme, un vrai ? — Oui, mon cher fou, un vrai ! […] c’était vrai !
Il est vrai. […] Saint-Maur est le plus vrai des poètes, comme il était le plus vrai des hommes ; et c’est sa vérité qui fait sa puissance.
Et d’abord, avant de trop s’émouvoir il convient de se demander si tout cela est bien vrai. […] Le rôle de l’analyste. — Et pourtant ces doutes, est-il bien vrai que nous ne puissions rien faire pour en débarrasser la science ? […] C’est du moins ce qui est vrai en première approximation, mais il n’en serait plus de même si on pouvait apprécier les millièmes de seconde. […] Nous sommes loin, il est vrai, d’apprécier le millième de seconde, mais après tout, disent quelques personnes, la vitesse absolue totale de la Terre est peut-être beaucoup plus grande que sa vitesse relative par rapport au Soleil ; si elle était par exemple de 300 kilomètres par seconde au lieu de 30, cela suffirait pour que le phénomène devînt observable. […] La mécanique vulgaire, plus simple, resterait une première approximation puisqu’elle serait vraie pour les vitesses qui ne seraient pas très grandes, de sorte qu’on retrouverait encore l’ancienne dynamique sous la nouvelle.
La couleur des chairs est vraie. […] Cela justifie le bon choix qu’il a fait pour sa fille ; c’est la vraie cause de l’attendrissement de son visage, de son regard et du discours qu’il lui tient. […] Ils disent aussi que cette attention de tous les personnages n’est pas naturelle ; qu’il fallait en occuper quelques-uns du bonhomme, et laisser les autres à leurs fonctions particulières ; que la scène en eût été plus simple et plus vraie, et que c’est ainsi que la chose s’est passée, qu’ils en sont sûrs… Ces gens-là faciunt ut nimis intelligendo nihil intelligant. […] Que les bras de cette figure d’ailleurs charmante, sont roides, secs, mal peints et sans détails… Oh pour cela, rien n’est plus vrai. […] Que ces cheveux châtains sont vrais !
. — Le vrai style d’après M. de Gourmont. […] Il y a deux sortes d’imitations ; l’une est un exercice littéraire d’ordre privé, excellent moyen de former son style… L’autre, la vraie, est une imprégnation générale. […] Jamais, en somme, l’originalité du style ne fut plus nette qu’à cette époque. » Rien de plus vrai, et c’est en propres termes ce que nous disons, et c’est précisément ce qui prouve que l’originalité se forme par l’imitation ou, tout au moins, que l’imitation ne nuit pas à l’originalité. […] Voilà la vérité vraie, contre laquelle tous les livres de réfutation ne pourront rien. » Pour rendre cet enseignement clair et pratique, nous avons cru devoir distinguer d’abord deux sortes de style : le style d’idées, ou abstrait, et le style d’images, ou de couleur. […] Rien n’est plus vrai pourtant.
Fils d’un tisserand du Palatinat, son père, qui avait émigré, s’était marié dans cette douce contrée, le pays de la bonhomie vraie qu’on appelle l’Oberland badois, et c’est là, entre le Rhin et les hauteurs boisées de la Forêt Noire, que ce poète de la bonhomie — car tel est le caractère distinctif de la poésie de Hebel et son originalité supérieure — nourrit son génie de ces premières impressions qu’on devait toujours y retrouver, et qui entrent dans la pensée d’un homme profondément organisé comme le goût du thym dans le miel de l’abeille et la saveur des serpolets vierges dans la chair sauvage des chevreuils. […] Burns, dont l’Écosse devrait être folle, s’il n’était pas vrai, l’amer proverbe qui dit que nul homme n’est prophète dans son pays est le génie le plus purement et le plus exclusivement écossais qui ait jamais existé, comme Hebel est le génie le plus allemand, et encore d’une certaine partie de l’Allemagne ! […] Ils goûteront aussi au houblon de Hebel, qui est moins amer… En effet, quoique resté très vrai, très naïf, très peuple d’inspiration, ou pour mieux dire très paysan, Hebel est parfois ingénieux comme un lettré qu’il est, tandis que Burns est fruste comme la nature dont il est le fils, comme la branche de houx qu’il attache, le dimanche, à son bonnet bleu. […] Cela ne lui réussit pas toujours, mais, quand il réussit, son œuvre est parfaite. » Ôtez, pour les comprendre en français, toute cette phraséologie allemande d’abstractions et d’images, toutes ces bandelettes de momie dans lesquelles les Allemands cerclent leurs plus vivantes pensées, et vous trouverez, quand vous lirez Hebel, que Goethe et Jean-Paul ont dit vrai. […] Procédé grossier et barbare, diront les académies, mais loyal et le seul que rechercheront toujours les artistes profonds, les vrais connaisseurs, qui savent reconstituer une poésie avec les mots qui l’ont exprimée, comme on imagine l’effet d’ensemble du collier dont on tient les perles défilées dans sa main.
si c’est vrai, c’est dommage. […] mais simplement le scrupule d’être vrai. […] c’est vrai, dit-elle. […] C’est vrai. […] Le vrai révolté n’est pas un bambocheur.
tu l’as dit toi-même : C’est la forme pure, l’idée typique du vrai. […] Il est vrai aussi que M. […] À supposer que cela soit vrai, à qui la faute ? […] — Puisqu’il le dit, il faut bien que ce soit vrai. […] Ce serait un monstre, n’est-il pas vrai, Messieurs les idéalistes ?
Pope, en attendant, reste un vrai poète et, sous ses défauts physiques, une des plus fines et des plus belles organisations littéraires proprement dites qui se soient encore vues. […] Que de judicieuses et fines remarques, éternellement vraies, je recueille en le lisant, et comme elles sont exprimées dans, une forme brève, concise, élégante, et une fois pour toutes ! J’en indiquerai quelques-unes qu’il faudrait citer dans l’original : « De même que chez les poètes un vrai génie n’est jamais que rare, de même le vrai goût est rarement le lot des critiques ; les uns et les autres également ne tirent que du Ciel leur lumière, les uns nés pour juger comme les autres pour produire. » « Quelques-uns ont d’abord passé pour beaux esprits, ensuite pour poètes ; puis, ils se sont faits critiques, et ils se sont montrés tout uniment des sots sous toutes les formes ! […] Parlant d’Homère et de son rapport avec Virgile, Pope établit la vraie ligne et la vraie voie pour les talents classiques et qui restent dans l’ordre de la tradition : « Lisez, dit-il, et relisez Homère dans le texte, en le comparant sans cesse à lui-même, et pour votre commentaire prenez la muse de Mantoue. […] Bowles, un des précurseurs du mouvement romantique anglais, a fait à son auteur bien des querelles et lui a reproché bien des infériorités : « Le vrai poète, disait Bowles, doit avoir un œil attentif et familier à chaque changement de saison, à chaque variation de lumière et d’ombre dans la nature, à chaque rocher, à chaque arbre, — que dis-je ?
Ces résultats dorénavant sont admis de ceux même qui ne s’en rendent pas bien compte : l’homme du peuple qui regarde une éclipse admet volontiers l’explication que lui donne le demi-savant qui la regarde en même temps que lui, et qui lui-même tient pour démontrée la conclusion du profond et vrai savant. […] Fontenelle se présenta donc très à propos en venant expliquer, rendre agréable pour tous et séduisante même, la nouvelle doctrine qui, sauf quelques points particuliers à la théorie cartésienne des tourbillons, était la seule vraie, et dont le premier mérite était de détrôner les fausses et accablantes hypothèses. […] Il a cru devoir remarquer que le livre de Fontenelle « n’est plus au niveau de la science et de la philosophie » ; ce qui est très vrai, au moins pour la science. […] Le vrai sentiment religieux qu’on est en droit de réclamer ici au nom du goût consiste surtout dans le sérieux même de la contemplation et dans le recueillement qu’elle inspire. […] Pezzani n’hésite pas à affirmer que le vrai christianisme n’a pas à se soucier de cette pluralité des mondes ; qu’il n’en saurait être compromis ; que la venue du Messie n’est point d’ailleurs bornée nécessairement à notre terre ; qu’elle n’est qu’un cas particulier d’une loi divine plus générale.
Parmi les successeurs de Jodelle, deux vrais, deux remarquables poètes se rencontrent, Robert Garnier et Antoine de Montchrétien. […] Il n’est donc pas vrai, en somme, de dire que la Pléiade ait fondé la tragédie française. […] Jusqu’en 1600, aucune de ces pièces n’a paru devant un vrai public, sur une vraie scène ; elles n’étaient pas faites pour cela. […] Car il semble bien que Hardy ait le premier fait jouer des tragédies devant le vrai public, le premier traité les sujets antiques comme des actions dramatiques, et non comme des thèmes poétiques. […] Le Cid et Chimène restent des personnages de roman, mais des personnages de roman qui seraient vrais et sensés.
Les personnes du monde qui était autrefois le vrai monde sont portées à croire que les peintures qu’on nous fait des mœurs mondaines ne ressemblent pas. […] Le mensonge et le convenu la soutenaient ; le triomphe du vrai la tue. […] Il est vrai aussi qu’il est son ancien petit camarade d’enfance : les souvenirs de cette sorte agissent puissamment sur le bon cœur des femmes. […] Mais comme ce lieu commun est vrai ! […] Le dilettante qui n’écrit point, qui ne rêve ni n’expérimente que pour lui-même, me semble avoir à la fois plus de fierté et plus de vraie finesse d’esprit.
En 1807, il eut à subir une révolution intérieure, un vrai coup d’État. […] Pour bien connaître un critique, pour se retracer au vrai sa physionomie et sa personne, il ne suffit pas de lire ses écrits. […] Sur Corneille, sur Racine, sur Molière, Geoffroy a des remarques excellentes ; il marque en plein les traits vrais de leur génie. […] Il a bien des qualités du vrai critique, conscience, indépendance, des idées, un avis à lui. […] Il analyse et démêle très bien les vraies causes de l’intérêt qu’ils excitent ; il montre à quoi se réduit cette prétendue fidélité historique dont on parlait tant.
Il est vrai que, lorsque j’en donnais de si favorables aperçus en avril 1834, je ne parlais que de ce que je connaissais et de ce qui était terminé à cette date ; mais on avait déjà l’idée de l’ensemble. […] Il y a eu là un Chateaubriand primitif, et, selon moi, le plus vrai en sentiment comme en style, un Chateaubriand d’avant Fontanes, mais qui offre, avec des beautés uniques, les plus étranges disparates et un luxe de sève, une extravagance de végétation qu’on ne sait comment qualifier. […] Ce qui reste évident pour lui, c’est qu’on ne sent nulle part l’unité de l’homme ni le vrai d’une nature ; et, à la longue, ce désaccord devient insupportable dans une lecture de mémoires. […] Sans pouvoir se démontrer ce plus ou moins de mélange, on le sent pourtant bien un peu en le lisant, on en a une impression confuse ; et de même qu’en présence d’un portrait ressemblant dont on n’a jamais vu l’original, on s’écrie : Que c’est vrai ! […] La vraie critique à Paris se fait en causant : c’est en allant au scrutin de toutes les opinions, et en dépouillant ce scrutin avec intelligence, que le critique composerait son résultat le plus complet et le plus juste.
Il fallait donc que Mme du Châtelet eût de vrais titres à cette admiration d’un juge excellent, et c’est un premier titre déjà que de l’avoir su à ce point retenir et charmer. […] Elle a des accents vrais, et dont l’excès même ne déplaît pas. […] Cela peut être vrai philosophiquement ; mais, présentée de cette manière et avec cette crudité, une telle proposition, sous forme de théorème, a un air peu moral et tout physique qui déplaît, et presque qui offense. […] Il est vrai que j’ai perdu cet état si heureux, et que ce n’a pas été sans qu’il m’en ait coûté bien des larmes. […] Il est sec et leste en lui parlant, et sans vraie tendresse ; c’est partout un ton pimpant et fringant, un ton de dragon ou de garde-française bel esprit.
D’ailleurs, cela fût-il vrai, vous me trouverez quelque habitation près de Paris et vous viendrez m’y voir. […] C’est là le vrai talent, celui de l’âme. […] À Paris, on connaît mieux le vrai, mais ici l’on est comme une pestiférée dans la disgrâce. […] C’était un peu vrai. […] Voilà un vrai sujet de querelle.
Je ne dis pas que cela soit vrai des prêtres ; je dis que, autant et dans le sens que cela est vrai des universitaires, si l’on veut, autant et dans le même sens, mutations faites, cela est vrai des prêtres ; si l’excuse de modestie est valable pour les fonctionnaires de l’enseignement, l’excuse de l’humilité chrétienne est valable pour les fonctionnaires ecclésiastiques. […] L’idée du moyen âge, de gens priant pour ceux qui n’ont pas le temps de prier, est très vraie. […] Celui qui n’a fait aucun sacrifice au bien, au vrai retrouvera ce jour-là l’équivalent exact de sa mise, c’est-à-dire le néant. […] Beatam resurrectionem exspectans, voilà, pour l’idéaliste comme pour le chrétien, la vraie formule qui convient au tombeau. […] L’opinion que la conscience absolue a de lui, le souvenir qu’elle garde de lui, voilà la vraie vie du juste, et cette vie-là est éternelle.
une copie du réel, ou une imitation du vrai ? […] Il est rigoureusement vrai que M. […] Ils sont donc vrais, car M. […] Il faut que l’on oublie, à moins qu’on ne l’ignore, l’objet vrai de la critique, et les vraies conditions de l’art. […] Il est vrai qu’il commence lourdement.
C’est pourtant moins un modèle qu’une indication supérieure de la vraie comédie. […] Les mœurs, dans cette partie du théâtre de Molière, sont plus vraies que dans le Menteur. […] Mais d’où vient que nous le trouvons si vrai ? […] Il est vrai qu’il brille beaucoup. […] N’est-il pas vrai, mon père, que vous voulez que madame le garde pour l’amour de vous ?
non pas dans les Tuileries avec de vrais fusils et de vrais sabres, je parle de l’enfant solitaire qui gouverne et mène à lui seul au combat deux armées. […] Je crois vraiment, — pardonnez-moi, vrais amants de la Muse ! […] Cela est vrai dans une certaine proportion, mais n’est pas tout à fait vrai. […] Cela est trop vrai, pour moi du moins. […] car rien n’est vrai que la force, qui est la justice suprême.
Ce fut donc parce que Cotin se prévaloit un peu trop d’une réputation usurpée, qu’il cabaloit dans les petites Sociétés de son temps, qu’il s’étoit érigé en Président de quelques Bureaux d’esprit, qu’au milieu de ces Sénats ridicules, où il étoit écouté comme un Oracle, il insultoit au vrai mérite, en faveur du sien & de celui de ses amis ; ce fut enfin l’admiration indiscrete de l’Hôtel de Rambouillet, qui fit pleuvoir sur lui les anathêmes de l’Auteur du Lutrin, & de celui des Femmes Savantes. Il en arrivera toujours de même à ces petits Oppresseurs du vrai mérite, & en même temps les Corrupteurs du goût de ceux qui les écoutent. […] Il est vrai qu’il ne fut point heureux dans ce genre d’escrime ; la partie étoit trop inégale : le goût & la raison assaisonnés du sel de l’Epigramme, seront toujours les fléaux du médiocre talent ; mais enfin il ne lui vint pas dans l’esprit d’employer le crédit de ses Mécenes, puissans & en grand nombre, pour opprimer ses Censeurs.
Il est vrai qu’un Ouvrage de cette espece n’est pas fait pour être lu de suite ; mais cette inégalité se trouve dans le même Article, parce que chaque Article n’est qu’une compilation des Jugemens de divers Journalistes. La vraie cause d’une telle bigarrure, est que le P. […] Le peu de temps ou de soin qu’il mit à composer ce Recueil, ne lui permit pas de connoître par lui-même les Originaux ; il se contenta de copier les Journalistes & les Biographes, vrai moyen de perpétuer les fautes & les erreurs.
Le moment où Charles Loyson faisait entendre ce cri d’une sensibilité si vraie, ces accents d’une gravité attendrie, était précisément celui où Lamartine préparait ses premières Méditations, qui ne parurent que l’année suivante (1820). […] Quand leur raison essaye de la franchir, leur imagination et leur cœur les y ramènent ; leur sensibilité les y attache ; ils sont religieux par leur instinct le plus sincère : toute poésie croit en Dieu. » — Il y a bien du vrai dans cette remarque, et l’étape des poètes est bien trouvée. […] Ceci est plus vrai. […] Droz, Auger, Campenon, tous exacts et honnêtes esprits, mais un peu froids, un peu ternes et sans nouveauté : il se retrouvait plus à sa place et dans son vrai monde, lorsqu’il était en compagnie des Royer-Collard, des de Serre, ses vrais maîtres, et qui lui témoignaient par leur considération qu’ils le tenaient, malgré sa jeunesse, pour l’un des leurs. […] N’essayez plus d’être léger ; Même quand l’oison vole, on sent qu’il a des pattes, Voilà le vrai texte.
J’ai un peu d’utopie dans l’esprit, c’est vrai : ………. […] Il est vrai qu’ailleurs elle ajoute : Je n’ai jamais cru à la moralité du roman. […] Je l’ai dit plus haut, son succès obtenu, soutenu et maintenu trente ans, est un vrai phénomène ! […] Il n’était pas femme, il est vrai, M. […] Elle les a maintenant l’un et l’autre, — aussi vrai, pardieu !
sans doute les masses ne seront jamais spinozistes, kantiennes, péripatéticiennes, idéalistes, et en ce sens il est vrai de dire que la philosophie ne sera jamais populaire ; mais elles peuvent fort bien être voltairiennes, et cela aussi, c’est de la philosophie. […] C’est pour cela qu’il est vrai de dire que la philosophie, considérée comme science, ne peut remplacer la religion. […] Voilà ce qu’il y a de vrai dans l’opinion généralement reçue, que la philosophie ne peut pas fonder une religion. […] Une fois cette grande Église philosophique constituée, qui l’empêcherait de prendre pour temple la vieille Église chrétienne, rajeunie, émancipée, animée du vrai souffle des temps modernes, entraînée par l’esprit nouveau, mais le purifiant, le pacifiant par cet esprit d’amour dont l’Évangile, plus qu’aucun livre religieux, a eu le secret ? […] Pour nous, qui repoussons de toutes nos forces cette conclusion, nous ne pouvons nous empêcher de croire qu’il viendra un jour où la vraie religion brisera le moule étroit où de part et d’autre on prétend l’enfermer, et qu’elle aura, elle aussi, ses temples, ses conciles et ses fidèles.
… Aujourd’hui, la femme qui l’a écrit, nous donne deux autres ouvrages : la Jeunesse de lord Byron et les Dernières Années de lord Byron, et elle ne les signe pas de son vrai nom. […] Cette femme, qui n’était pas un bas-bleu, quoiqu’elle ait écrit, cette femme qui heureusement pour elle n’était qu’une femme et non pas un homme, comme le disaient les hommes, lesquels en disant cette sottise, croyaient lui faire un compliment, et à eux aussi, cette vraie femme de Mme de Staël, d’un cœur si passionné et si sincère et d’une sagacité si enflammée, est morte sans avoir révélé tout ce qu’elle avait, sans doute, vu dans l’âme et dans l’esprit de lord Byron. […] Je ne saurais pas qui elle est, l’auteur de Robert Emmet, et elle n’aimerait que Villemain, je ne serais pas bien sûr qu’elle fût une femme, car Villemain a le pédantisme sec que les femmes doivent détester, — il est vrai que celle-ci est de race doctrinaire, — mais l’amour de Sainte-Beuve m’aurait fait reconnaître la femme si, malgré la faiblesse du livre et ce bariolage d’opinions avec lesquelles les femmes font un livre comme elles font des tapis avec des petits morceaux d’étoffes de diverses couleurs, j’avais pu, une minute, en douter ! […] Ses doigts de femme, que j’imagine charmants, ont la tache d’encre comme les doigts de Rosine, mais Rosine l’avait attrapée, cette vilaine petite tache, en écrivant à Almaviva, — une vraie occupation de femme ! […] Il est vrai que l’auteur d’Emmet a dit que, pour elle, le dernier mot de Byron, — le dernier mot possible, définitif et suprême, — était le mot de Villemain ; alors pourquoi le sien, à elle ?
C’est, comme vous le voyez, un vrai regrattage, — insignifiant quand il n’est pas maladroit, — une espèce de travail semblable à celui que l’on fait parfois (et je n’ai jamais su pourquoi) sur les édifices que le temps a austèrement bistrés et qui portent, au rebord de leurs angles et sur le cordon de leurs nervures, la poussière chassée par les siècles ou la graine éclose qu’en passant l’oiseau du ciel y fit tomber. […] Voici les paroles que l’on trouve presque en tête du livre qu’il publie sous le titre un peu gascon de l’Esprit dans l’histoire : « Je me donne là, — dit-il avec un joli mouvement de faon dans les bois, — je me donne là, je le sais, un labeur rude et téméraire ; et cependant, tant est vif mon désir de démolir le faux et d’arriver au vrai, tant est grande ma haine pour les banalités rebattues, pour les raisons non prouvées, pour le scandale et pour les crimes sans authenticité, je voulais étendre mon travail au-delà des limites que je me suis assignées ; mais j’ai reculé devant cet effort après l’avoir mesuré. […] Assurément, et surtout en histoire, tous les travaux, même les plus petits, même les plus enfantins, peuvent avoir leur utilité, même ceux de la « petite horde » dans Fourier ; mais ce grattage des mots éloquents ou expressifs dans l’histoire, lesquels, vrais ou arrangés par l’art qui suit la gloire et aime à la parer, illuminent d’un jour vrai tout un caractère, est un travail mauvais en soi et d’une tendance funeste, car on ne va à rien moins, en faisant ainsi, qu’à désillustrer l’histoire sous prétexte de la purifier ! […] Ils sont plus vrais que la réalité même, car s’ils n’ont pas été prononcés tels que l’histoire les a gravés sur son marbre éternel, ineffaçables à tous les regrattiers de bonne volonté ou d’instinct, ils ont dû l’être, et ce n’est pas seulement la patrie qui les tient pour authentiques, comme dit Chateaubriand, c’est l’âme même de l’humanité ! […] Vous reconnaissez là, n’est-il pas vrai ?
Le silence qu’il garde sur ce massacreur du peuple, ainsi que l’appellent les républicains, l’auteur des Uns et des Autres le couvre, il est vrai, de cette énormité : c’est que les royalistes et les bonapartistes seuls firent l’insurrection que le général Cavaignac canonna. […] Comme de certains portraits dont on dit : « Pas un trait vrai, et cependant cela ressemble », les portraits en pied de Pelletan semblent ressemblants sans avoir l’exactitude de la vérité, et, selon moi, ils sont par là pires que des mensonges. […] Ils n’ont pas la probité du vrai. […] Ôtez le pittoresque de l’expression dans cette page terrible des Soirées de Saint-Pétersbourg, écrite ainsi pour faire mieux sentir la vérité de sa thèse, de Maistre, en parlant du bourreau, n’a posé que la nécessité de la peine de mort pour la conservation de tout ordre social, ce qu’on peut soutenir, n’est-il pas vrai ? […] Le lyrique et l’enthousiaste qui sont encore en lui ont eu horreur de cet antipathique petit bourgeois, de ce Tartufe de libéralisme qui savait jouer sa partie avec l’opinion et gagner, en trichant, la popularité, de ce constructeur de couplets qui mettait de l’habileté jusque dans sa poésie charmante et dont l’imagination froide, madrée et libertine, n’eut jamais une grande et vraie inspiration.
Il est vrai qu’à tout cela M. […] Eh bien, on conçoit, n’est-il pas vrai ? […] Certainement, cela n’eût pas été plus vrai que toutes les autres applications de l’hégelianisme dont la fausseté déborde autour de nous, mais cela eût été curieux, et, d’ailleurs, cela eût fait contre cette philosophie, qui est la possession intellectuelle de notre temps, une de ces fières preuves par l’absurde qui jettent bas une doctrine dans le mépris. […] Le juste, le vrai, le bon, voilà la santé du corps ! […] Il est vrai que Henri Heine se soucie peu de la précision scientifique, tandis que le baron de Feuchtersleben, qui s’en préoccupe, nous donne une idée de la sienne en écrivant sur Salvandy cette bonne phrase, par laquelle je veux finir : « Ce fut l’homme le plus moral des temps modernes. » Certes !
Nous ne saurons rien, il est vrai, de ce qui plaît à la curiosité, cette faculté puérile qui veut tout savoir, sous prétexte que rien n’est insignifiant dans la vie ! […] On saura qu’elle était une Corinne vraie dont les vers peuvent être faibles parfois, mais ne déclamèrent jamais ; une Corinne simplifiée, purifiée, attendrie, mais amincie jusqu’à ne plus être, de tant de puissante haleine, que le souffle malade de l’amour et une pensée délirante, de tant de pensées ! […] L’Ému ou le Rêveur, car la rêverie, c’est de l’émotion encore au temps passé ou au temps futur, l’Ému ou le Rêveur, voilà le vrai poète ! […] « Je ne sais pas ce qui manque aux femmes, — disait le vieux Corneille, dont la bonhomie sublime fut parfois gauloisement railleuse ; — mais pour faire des vers, il leur manque quelque chose… » et rien de plus vrai ! […] Il est vrai que cela encore est quelque chose, que n’est pas qui veut la sœur des poètes.
Armand Pommier se rappelle Anne Radcliffe, cette vigoureuse bâtarde de Shakespeare, qui avait tant de noirceur et de frisson vrai dans le talent. […] Je sais bien, il est vrai, que M. […] Paul Féval a mis, pour n’en rien rapporter de grand, la main à ce plat, tendu à tout le monde, du somnambulisme, mais le somnambulisme, depuis Shakespeare, attend toujours l’homme supérieur qui l’emploiera avec la justesse et le surprenant dans le vrai qui est le secret du génie ! […] Son livre d’aujourd’hui n’ira pas plus loin dans l’impression de ses lecteurs qu’un conte d’Hoffmann ou d’Edgar Poë, et même il n’ira pas si loin, car il n’a pas le sens halluciné, visionnaire, dansant entre le jour et l’ombre, des vrais fantastiques. […] Et à l’auteur, qui vaut mieux que son livre : — Repassez avec un livre vrai !
Les uns trouvent qu’il a hideusement calomnié le pays qu’il a voulu peindre ; les autres, qu’il l’a peint hideux, c’est vrai, mais ressemblant. […] Si le livre où le Réalisme le plus dénué d’invention, et qui s’en vante, peint toujours la réalité la plus terne, la plus sotte ou la plus abjecte, si ce livre inouï a le malheur d’être vrai, c’est la plus terrible, et pour un homme de cœur la plus douloureuse accusation qui puisse être jamais lancée contre ce colosse sans âme qu’on appelle, avec une ironie dont on ne se doute pas, « la sainte Russie » dans les ukases impériaux ! Mais si ce livre n’était pas vrai, — pas vrai même dans le sentiment d’observateur de celui qui en a tracé les pages, — que mériterait, dans la mémoire de ses compatriotes, l’homme qui a osé l’écrire, pour avoir tenté, satirique impie, de déshonorer si abominablement son pays ? […] Le tendre Mâniloff, à qui « on voudrait voir une passion, une manie, un vice, afin de lui savoir quelque chose », Mme Koroboutchine, Nozdref le hâbleur, Pluchkine l’avare, — ces tics plutôt que ces passions, — ne peuvent pas être mis à côté de la magnifique variété d’individualités qui foisonne dans La Comédie humaine, et qui sont taillées si profond que les gens qui ne voient pas à une certaine profondeur ne les croient plus vrais, les pauvres myopes ! […] Seulement, pour imiter comme elle imite, il faut une vraie souplesse de tigre.
Il n’est pas vrai cependant (comme l’a dit quelque part M. de (*) V. […] Le vrai goût de l’éloquence chrétienne, dit-il dans la préface de ses Sermons, s’est toujours conservé à la Cour. […] Son unique objet est de rendre le vrai sensible à ses auditeurs. […] Il est vrai qu’il a trop de cette espêce d’esprit qui consiste à donner à tout ce qu’on dit un tour ingénieux & brillant. […] En effet, Normant étoit né avec beaucoup d’élévation d’esprit, un discernement sûr, & un amour sincere du vrai.
Voyageur vrai, Gabriel Ferry a péri tout récemment dans un naufrage. […] Dupe, ou, pour dire un mot moins dur, victime du génie de Cooper, Ferry a cru qu’on pouvait reprendre la création achevée d’un immense artiste, et il ne s’est pas aperçu que dans Fenimore Cooper le véritable personnage, le vrai héros des poèmes que nous avons sous les yeux, c’est l’Amérique elle-même, la mer, la plaine, le ciel, la terre, la poussière enfin de ce pays qui n’a pas fait son peuple et qui est émietté par lui… Il n’a pas vu qu’en ôtant Bas-de-Cuir lui-même des romans de Fenimore, — cette figure que Balzac, qui avait le sens de la critique autant que le sens de l’invention, a trop grandie en la comparant à la figure épique de Gurth dans Ivanhoe et qui n’est guères que le reflet du colossal Robinson de Daniel de Foe, — il n’a pas vu qu’il n’y avait plus dans les récits du grand américain qu’une magnifique interprétation de la nature, que l’individualisation, audacieuse et réussie, de tout un hémisphère, mais que là justement étaient le mérite, la profondeur, l’incomparable originalité d’une œuvre qui n’a d’analogue dans aucune littérature. […] L’écrivain futur est au fond de ce style solide, rapide et ferme, lequel n’a pas, il est vrai, le coup de lime définitif qui donne au fer l’éclat de l’acier, mais qui brille de force à plus d’un endroit et semble mépriser toutes les petites gentillesses littéraires de ce temps d’énervation et de prétention intellectuelle pour aller au fait, l’appréhender et le rendre avec un relief vigoureux. S’il n’y a pas d’idéal, il est vrai, il y a de l’action dans ce style viril et musclé.
C'est ainsi qu'il est permis aux Modernes de s'enrichir des dépouilles des Anciens ; ce sont des richesses étrangeres qu'ils transplantent pour l'utilité publique ; & l'on a droit de devenir Législateur, quand on a pour garans les Oracles du vrai goût & de la saine raison. […] L'Auteur n'a pas su toujours distinguer le vrai d'avec le faux, l'intéressant d'avec l'inutile, l'abondance du style d'avec la prolixité toujours ennemie du genre historique. […] Rollin n'empêcheront pas qu'il ne soit placé, par les justes appréciateurs du vrai mérite, au nombre de nos Littérateurs les plus estimables.
Ces mots font sourire à propos de l’Astrée : c’était quelque chose pourtant de situer l’action dans un temps, dans un lieu précis, de la lier à des faits vrais comme à un paysage réel. […] Le paganisme est un amas de fictions impossibles à croire, dont les cuistres farcissent leurs cervelles : le vrai, le réel (on ne dit pas le beau), c’est le christianisme. […] En même temps, l’instinct du siècle se précisait : on voulait du vrai. Le vrai dans les sentiments, c’était bien fin pour qu’on y vînt d’abord ; et puis on n’était pas encore assez persuadé, ni par d’assez rudes expériences que les grands sentiments n’étaient pas le vrai. […] Tous les romans, depuis d’Urfé jusqu’à Mlle de Scudéry, mais surtout l’Astrée, le Cyrus et la Clélie, sont de vrais « romans d’éducation ».
C’est trop d’Hugo, n’est-il pas vrai ? […] Ceci n’est pas plus vrai que tout le reste ! […] Le vrai héros de Quatre-vingt-treize, c’est Lantenac, c’est le marquis, c’est l’émigré ! […] Elle a été plus forte que Samson, et Dieu, qui, en somme, est le vrai Roi qui s’amuse, Dieu s’est amusé. […] Ils ne coupent point la trame de leur récit par des dissertations pédantes, et de ce pédantisme insolemment ennuyeux qui fait de Victor Hugo je ne sais quel Vadius colossal… Ils sont déductifs, logiques et vrais.
De Maistre a trouvé en M. de Scherer un jouteur digne de luie, — et plus qu’un jouteur, un vrai juge. […] comme il s’en est bien corrigé, et que ceux qui lisent aujourd’hui son livre Du vrai, du bien et du beau, auraient peine à comprendre qu’il ait pu hésiter à se montrer à tous si naturellement éloquent ! […] En ce sens, il est vrai de dire que de Maistre, le plus catholique des esprits, paraît le moins chrétien des cœurs. […] Scherer ; il ne tâtonne pas, il n’hésite pas ; c’est un esprit assis et ferme qui a en soi de quoi prendre l’exacte mesure de tout autre esprit, c’est un pair qui rend son verdict sur ses pairs, un vrai juge. […] Il est très vrai, en effet, que dans ses productions de cette seconde époque, la gamme de l’écrivain, chez Lamennais, s’est étendue.
Mais, pour ces natures mêmes, il est vrai de dire qu’il y a du talent, du génie en plus, disponible encore après l’expression des choses nties. […] Combien de vraies larmes retombées dans la voix qu’elles éteignent, dans le cœur qu’elles noient ! […] Mais, quoi qu’elle en dise, et malgré l’effort douloureux pour elle, l’accord nous arrive en mainte rencontre bien vibrant et bien pénétrant, et comme il n’est donné qu’à un vrai poëte de le produire. […] Il est bien vrai qu’en somme le poids de l’armure avait trahi l’effort de la courageuse Herminie. […] Un gémissement si vrai n’a rien de l’élan des âmes tourmentées à plaisir et remuées, qui s’enfoncent elles-mêmes l’aiguillon63.
Il n’y a de variété que dans la nature ; les sentiments vrais inspirent seuls des idées neuves. […] Mais on voulait s’aider du fanatisme politique, et mêler dans quelques têtes ce que certains principes ont de vrai, avec les conséquences iniques et féroces que les passions savaient en tirer. […] Mais par quels moyens peut-on se flatter de perfectionner l’éloquence, s’il est vrai que l’on puisse encore en espérer quelques succès ? […] Ce qui est vrai dans le fanatisme politique, c’est l’amour de son pays, de la liberté, de la justice, égale pour tous les hommes, comme la Providence éternelle ; mais ce qui est faux, c’est le raisonnement qui justifie tous les crimes pour arriver au but que l’on croit utile. Examinez tous les sujets de discussion parmi les hommes, tous les discours célèbres qui ont fait partie de ces discussions, et vous verrez que l’éloquence se fondait toujours sur ce qu’il y avait de vrai dans la question, et que le raisonnement seul la dénaturait, parce que le sentiment ne peut errer en lui-même, et que les conséquences que l’argumentation tire du sentiment sont les seules erreurs possibles.
Aucune n’est complètement vraie, ni complètement fausse. […] Tout est légitime, pourvu qu’on regarde son texte de près, et qu’on s’efface devant son auteur ; pourvu qu’on cherche le vrai, la nuance du vrai par tous les moyens qui sont à notre disposition. […] C’était à nous de nous débrouiller à l’examen ; il est vrai qu’on se contentait alors, en guise d’explication, d’une interrogation ou d’une causerie assez vagabondes, qui n’obligeaient pas à serrer les textes de près. […] Un esprit gagné à la fine psychologie de Marcel Proust, et à la métaphysique qui s’y implique, soutiendrait sans doute que le moi et le non-moi sont inséparablement mêlés dans nos perceptions et notre connaissance, que s’il y a une réalité extérieure, elle ne se révèle à nous que par des réactions qui ne sont jamais les mêmes au même instant chez deux hommes, ni chez le même homme à deux moments différents, que nous sommes dans l’impossibilité de choisir entre les vingt images d’une personne que la vie a mises en nous, qu’il n’y en a pas une qui soit la seule vraie ni la plus vraie, ou que toutes sont vraies également, sans que nous puissions y distinguer ce qui est de l’objet perçu et ce qui est du sujet sentant.
Et cependant nous songeons qu’elle fut dans son temps une grâce, un charme, un esprit, que cela est vrai, que cela est attesté par de nombreux témoignages ; et nous faisons un mélancolique retour sur nous-mêmes et sur la vanité de toutes choses. […] Vous êtes restée jusqu’au bout la petite fille qui, dans les traînes du Berry, inventait de belles histoires pour amuser les petits pâtres… On assure que vous avez vécu fort librement : c’est que vous ne pouviez ni vous garder de la passion ni vous y tenir, votre pente étant surtout à la pitié et à la charité maternelle, qui est la vraie mission de la femme. […] Des pharisiens ont prétendu que vos premiers romans avaient perdu beaucoup de jeunes femmes ; mais nous savons bien que ce n’est pas vrai, que celles qui ont pu tomber après avoir lu Indiana étaient mûres pour la chute et que, sans vous, elles seraient tombées plus brutalement et plus bas. […] Il est vrai aussi que plus de la moitié de ces femmes excellentes n’ont pas été des femmes vertueuses et que les… indépendantes sont plus nombreuses, en proportion, parmi les femmes auteurs que parmi celles qui n’écrivent point. […] Et s’il est vrai enfin que, même en tenant compte de cela et du reste, nous gardons sur les femmes la supériorité littéraire, il n’en faut pas triompher : il n’y a pas de quoi.
Ce vrai royaume de Dieu, ce royaume de l’esprit, qui fait chacun roi et prêtre ; ce royaume qui, comme le grain de sénevé, est devenu un arbre qui ombrage le monde, et sous les rameaux duquel les oiseaux ont leur nid, Jésus l’a compris, l’a voulu, l’a fondé. […] Peut-être était-ce là l’erreur des autres plutôt que la sienne, et s’il est vrai que lui-même ait partagé l’illusion de tous, qu’importe, puisque son rêve l’a rendu fort contre la mort, et l’a soutenu dans une lutte à laquelle sans cela peut-être il eût été inégal ? […] Cela est si vrai que cette morale prétendue des derniers jours s’est trouvée être la morale éternelle, celle qui a sauvé l’humanité. […] Quand, au bout d’un siècle de vaine attente, l’espérance matérialiste d’une prochaine fin du monde s’est épuisée, le vrai royaume de Dieu se dégage. […] Cet effort impuissant pour fonder une société parfaite a été la source de la tension extraordinaire qui a toujours fait du vrai chrétien un athlète en lutte contre le présent.
La vraie religion ne devait pas sortir du tumulte des villes, mais de la tranquille sérénité des champs. […] Ses raisonnements, il est vrai, étaient souvent subtils (la simplicité d’esprit et la subtilité se touchent ; quand le simple veut raisonner, il est toujours un peu sophiste) ; on peut trouver que quelquefois il recherche les malentendus et les prolonge à dessein 973 ; son argumentation, jugée d’après les règles de la logique aristotélicienne, est très faible. […] Mot d’un spiritualisme accompli et d’une justesse merveilleuse, qui a fondé la séparation du spirituel et du temporel, et a posé la base du vrai libéralisme et de la vraie civilisation ! […] Celui qui entre par la porte est le vrai berger. […] Voir surtout les discussions rapportées par Jean, chapitre VIII par exemple ; il est vrai que l’authenticité de pareils morceaux n’est que relative.
que Racine fils, nourri dans la pureté et la religion du foyer domestique, s’entendait mieux à cette pudeur qui accompagne toute vraie piété ! […] À aucun moment, en effet, la règle n’intervient dans cette éducation abandonnée à la pure tendresse : Mon éducation était toute dans les yeux plus ou moins sereins et dans le sourire plus ou moins ouvert de ma mère… Elle ne me demandait que d’être vrai et bon. […] L’épisode de Graziella a des parties supérieurement traitées et dans lesquelles on reconnaît un pittoresque vrai, sans trop de mélange du faux descriptif, un sentiment vif de la nature et de la condition humaine. […] S’il dit vrai dans sa préface, il s’est donc permis une légère supposition à l’autre endroit du volume. […] On ne sait où est le vrai, où est le faux ; vous ne le savez vous-même ; ce faux et ce vrai se mêlent à votre insu sous votre plume et se confondent.
Mais, et c’est ici que la question se pose dans ses vrais termes, quand faut-il lire les critiques ? […] Si cela est vrai, prenons garde ! […] Il est très vrai que, si vous le lisez avant l’auteur avec qui vous désirez lier commerce, il vous nuira beaucoup plus qu’il ne vous rendra des services. […] Voilà le vrai rôle du critique. […] Il est vrai, l’inconvénient est assez grave.
La donnée de cette pièce est donc parfaitement vraie. […] Bulwer appelle la vraie philosophie de la vie. […] Il est vrai que M. […] Octave n’est qu’à moitié vrai. […] C’est un sentiment très vrai que M.
Mouvement rétrograde du vrai. […] Il est vrai que, dans plus d’un cas, elles émanaient de vrais savants. […] Le vrai chercheur devrait protester. […] Vous avez fermé les yeux à la réalité vraie. […] Tout autre est la méthode d’unification vraie.
Et là encore je ne saurais dire à quel point, comme catholique, il me paraît être dans le vrai. […] À mon avis, Veuillot s’y révèle grand libéral (au sens vrai de ce malheureux mot), bon philosophe, bon psychologue. […] Ses idées sur ce qui fait la vraie « noblesse » de la vie sont d’une ravissante pureté et d’une fierté tout héroïque. […] Il est très vrai qu’un roman d’édification peut être sincère, émouvant, vivant. […] Il n’en a paru encore que sept volumes, in-8° il est vrai, et chacun de 500 ou 600 pages.
Il vient un moment dans la vie où La Rochefoucauld plaît beaucoup et où il paraît plus vrai peut-être qu’il ne l’est. […] Ces pensées, qui aux jours de la jeunesse révoltaient comme trop fausses ou ennuyaient comme trop vraies, et dans lesquelles on ne voyait que la morale des livres, nous apparaissent pour la première fois dans toute la fraîcheur de la nouveauté et le montant de la vie ; elles ont aussi leur printemps à elles ; on les découvre : Que c’est vrai ! […] Les réflexions morales de La Rochefoucauld semblent vraies, exagérées ou fausses, selon l’humeur et la situation de celui qui lit. […] Cela est vrai surtout des premières éditions de La Rochefoucauld et de La Bruyère. […] Mais une grave affection morale, un grand trouble de sensibilité était intervenu vers 1829, et avait produit une vraie déviation dans l’ordre de mes idées.
Car, je le répète, au lieu d’un moyen âge inventé, improvisé, et mi-parti de vision ou de système, on aurait eu un fond solide et des éléments poétiques vrais. […] La vraie poésie n’a guère à faire avec eux. […] Celui-ci n’a pas vécu assez pour connaître le vrai, le grand et royal Malherbe, pour assister à son entier développement et à son triomphe. […] C’était le contraire pour Voltaire, le seul vrai, le seul grand poète du xviiie siècle. […] — Je sais qu’à côté de Loufflers on m’opposera le gracieux, l’élégant Parny, réputé racinien en son temps dans l’élégie amoureuse ; mais, de ma remarque, l’essentiel et le principal restent vrais.
Cette assertion est également vraie pour le sentiment moral. […] Les uns ont entendu par discours vrai une science qui établit la vraie filiation des mots. Les autres ont entendu par discours vrai une science qui établit le vrai rapport ou le rapport primitif des mots avec les choses. […] Cet homme, en qui les sentiments étaient si vrais, s’abandonna trop souvent aux fascinations de son esprit naturellement raisonneur. […] Comment donner de vraies et justes définitions de chaque mot ?
Ce sont ces fonctions qui déterminent et la grandeur entière de la figure, et la vraie proportion de chaque membre et leur ensemble. […] Demain allez à la guinguette ; et vous verrez l’action vraie de l’homme en colère. Cherchez les scènes publiques ; soyez observateurs dans les rues, dans les jardins, dans les marchés, dans les maisons, et vous y prendrez des idées justes du vrai mouvement dans les actions de la vie. […] Toute attitude est fausse et petite ; toute action est belle et vraie. […] Voilà le vrai, tout autre est mesquin et faux.
Nous eussions pu, il est vrai, nous passer de cette sorte de Drames qui offrent tout aux sens & presque rien à l’esprit & à la raison ; mais la difficulté d’y réussir n’en suppose pas moins de génie, quand l’Auteur y a excellé sans aucun secours. […] Le naturel, il est vrai, s’énonce sans effort, quand l’esprit & le cœur, qui le produisent par leur accord, sont profondément pénétrés ; mais il n’exclut ni la noblesse, ni l’élévation, ni le choix des expressions, ni la finesse, ni l’élégance des tours. Tout dépend des vrais talens qui le produisent, & de l’art qui sait l’embellir. […] Quand il seroit vrai que notreHorace se fût élevé contre ses Poëmes, pourroit-on disconvenir qu’il y a dans l’Opéra, comme le remarque très-bien un Ecrivain de nos jours, « un vice radical qui a suffi pour indisposer contre lui les meilleurs Esprits, tels que Boileau, Racine, Lafontaine, Rousseau, la Bruyere, &c. ?
La vraie foi se manifeste par l’amour : les hommes croyants s’unissent dans une harmonie morale. […] C’est pour cela que toute œuvre d’art vraie, pure et grande, qui ne se contente pas de jouer avec l’apparence, mais qui la représente idéalement comme l’être de l’homme, devient un fait chrétien. […] L’art n’atteint son but que lorsqu’il est donné au public ; l’artiste a besoin de se communiquer, et de ce même désir na la création de l’œuvre d’art, Ce besoin de se communiquer distingue le vrai artiste de celui qui ne pratique l’art que par des raisons inférieures. Le vrai artiste-s’adresse au peuple ; le non-artiste, l’artiste-artisan, s’adresse à la société. […] On croyait en Allemagne se rapprocher plus d’une compréhension vivante et vraie de Shakespeare qui était presque oublié sous la domination de la civilisation française.
Il est vrai que comme cet art demande beaucoup d’imagination, et que c’est ce caractére d’esprit qui détermine le plus souvent à s’y appliquer, on ne suppose point aux poëtes un jugement sûr, qui ne se rencontre gueres avec une imagination dominante. […] Je crois que le sublime n’est autre chose que le vrai et le nouveau réünis dans une grande idée, exprimés avec élégance et précision. […] Tout le monde convient aujourd’hui que sans le vrai, il ne peut y avoir de solide beauté, ni par conséquent de sublime. […] Les pointes et les jeux de mots qui avoient été inventés pour suppléer au défaut du vrai, ont cessé de plaire, dès qu’il a reparu. […] Aussi n’est-ce pas contre une admiration éclairée que je m’éleve, mais contre un sentiment aveugle que l’on s’impose sur la foi d’autrui, qui ne discerne point comment et jusqu’où les choses sont belles, et qui prodigue aux défauts mêmes les éloges qui ne sont dûs qu’aux vraies beautés.
Feydeau se permettait de déshonorer l’adultère et fouaillait l’amant avec la femme coupable, d’une main plus hardie que pure, il est vrai, mais eux voyaient plus les coups que la main ! […] Moraliste de hasard dont l’étoile a filé, — et l’on sait que les étoiles qui filent ne sont pas de vraies étoiles, — voici dans quel marais celle de M. […] Feydeau, parce qu’il y a d’autres reproches plus vrais à faire à son livre, — au fond comme à la forme de son livre, — et que nous les lui ferons. […] Feydeau , d’inventer jamais un vrai prêtre ! […] Tous ces types, qu’on a vu grandioses dans des œuvres qu’il est impossible d’oublier, sont ici descendus, ravalés, brutaux, vulgaires, et d’un commun d’autant plus abominable qu’il est vrai.
Honoré Bonhomme va demandant la vérité vraie, que l’histoire ne dit pas toujours… » Et à la suite de ce préambule, on nous prouve, moyennant citations louangeuses tirées d’articles de journaux, et conséquemment au système de la vérité vraie, que M. […] 73» Voilà le vrai. […] Il est vrai qu’il s’abandonne à la sienne sans retenue ni contrainte, et vraiment à cœur joie 75. […] Un vieillard jeune serait trop insolent. » J’aime sans doute les livres vrais, les livres qui sont le moins possible des livres et le plus possible l’homme même ; mais c’est à la condition qu’ils vaillent la peine d’être donnés au public et qu’ils ajoutent à l’idée qui mérite de survivre. […] Il est vrai que, l’instant d’après, la nature reprenait son train et qu’il retombait dans la confidence graveleuse.
Le mieux, selon nous, est de s’en tenir étroitement au vrai et de viser au roman le moins possible12, omettant quelquefois avec goût, mais se faisant scrupule de rien ajouter. […] Je sais que l’héroïne ne doit avoir qu’un goût ; qu’il doit être pour quelqu’un de parfait et ne jamais finir, mais le vrai est comme il peut, et n’a de mérite que d’être ce qu’il est. […] Mlle Aïssé, qui mourut, il est vrai, d’une phthisie aux poumons, et non d’un anévrisme au cœur, était devenue bien maigre, comme elle le dit : « Je suis extrêmement maigrie : mon changement ne paraît pas autant quand je suis habillée. […] Cet Ernest-là est bien vrai, et pourtant je l’aurais voulu autre. […] Ce sont de vraies lettres écrites à une amie sous le sceau de la confidence, destinées à mourir en naissant, puis trouvées et publiées dans la suite par la petite-fille de cette amie.
Amyot, assuré de la subsistance, et croyant que, François Ier n’étant plus, la fortune en France se retirait de lui, tourna ses regards vers l’Italie, cette vraie patrie de la Renaissance, et où l’appelaient tant de précieux manuscrits à consulter. […] Il est difficile d’essayer un jugement sur les ouvrages d’Amyot et de les apprécier au vrai sans avoir à la fois sous les yeux les textes et les traductions : mais non, prenons celles-ci, comme on l’a fait presque toujours, comme des écrits originaux d’un style coulant, vif, abondant, familier et naïf, qui se font lire comme s’ils sortaient d’une seule et unique veine. […] Le mot est dur, mais, une fois lâché, il reste vrai. […] Ce sont là, Montaigne en tête, ses vrais juges. […] Vinet, nous en impose sur le vrai caractère de Plutarque ; mais ce qui est admirable, c’est que rien ne dénonce cette falsification involontaire. » M. de Chateaubriand avait déjà dit de Plutarque : « Ce n’est qu’un agréable imposteur en tours naïfs. » Amyot lui ôte l’imposteur, et lui prête le naïf.
Chez les modernes, au Moyen Âge, il y eut un genre lyrique vrai, naturel et vivant. […] Quand Racine, dans Esther, nous fait entendre ses chœurs mélodieux, si bien placés dans la bouche des filles de Saint-Cyr, il retrouve un lyrique vrai, naturel, motivé. […] Mais ici, en parlant de Montesquieu, il est à la fois dans le vrai de la poésie et de la langue. […] Je me suis demandé quelquefois, en lisant les Élégies de Le Brun, comment il se peut qu’elles soient si sèches, si dénuées de vraie sensibilité. […] Sa vraie, son incomparable supériorité était dans ce dernier genre.
La Correspondance de Grimm passe en général pour sévère, un peu sèche dans sa justesse, et même légèrement satirique ; mais, à l’origine, Grimm eut l’enthousiasme et cet amour du beau qui est l’inspiration de la vraie critique. Dans une lettre écrite contre l’opéra d’Omphale en 1752, il disait : « J’avoue que je regarde l’admiration et le respect que j’ai pour tout ce qui est vrai talent, dans quelque genre que ce soit, comme mon plus grand bien après l’amour de la vertu. » Il n’y avait pas longtemps que Grimm arrivait d’Allemagne quand il écrivait cette phrase. […] Ces quatre ou cinq pages de Grimm (1er janvier 1765) établissent les vrais rapports et les différences fondamentales entre la tragédie des anciens et la nôtre. […] Le simple, le naturel, le vrai sublime ne le touchaient point : c’était une langue qu’il n’entendait point. […] Les jugements fins et vrais, les révélations piquantes, se retrouvent à cent autres pages.
Dévouons-nous au bien, au vrai, au juste. […] Non, voici le vrai : Chanter l’idéal, aimer l’humanité, croire au progrès, prier vers l’infini. […] Les faux droits mettent parfaitement en mouvement de vraies armées. […] Le poëte qui les a est le vrai olympien. […] Il est vrai qu’il ne faisait allusion qu’au lieu de sa naissance, au lieu de son éducation et au lieu de son action civique, et d’ailleurs Ennius n’était qu’une ébauche de poëte, vaste mais informe.
Pourtant il arrive encore que de vrais savants, tout prêts à accueillir n’importe quel travail de laboratoire, si menu soit-il, écartent de parti pris ce que vous apportez et rejettent en bloc ce que vous avez fait. […] Il raisonnait ainsi : « Quand un rêve, quand une hallucination nous avertit qu’un parent est mort ou mourant, ou c’est vrai ou c’est faux, ou la personne meurt ou elle ne meurt pas. Et par conséquent, si la vision tombe juste, il faudrait, pour être sûr qu’il n’y a pas là un effet du hasard, avoir comparé le nombre des « cas vrais » à celui des « cas faux ». Il ne voyait pas que son argumentation reposait sur une substitution : il avait remplacé la description de la scène concrète et vivante — de l’officier tombant à un moment déterminé, en un lieu déterminé, avec tels ou tels soldats autour de lui — par cette formule sèche et abstraite : « La dame était dans le vrai, et non pas dans le faux. » Ah, si nous acceptons la transposition dans l’abstrait, il faudra en effet que nous comparions in abstracto le nombre des cas vrais au nombre des cas faux ; et nous trouverons peut-être qu’il y en a plus de faux que de vrais, et le docteur aura eu raison. […] Mais ce que je dis de la mémoire serait aussi vrai de la perception.
Poëte d’un vrai talent, doué par la nature de qualités riches et rares, amoureux de la gloire immortelle et capable de longues entreprises, il ne lui a manqué peut-être au début qu’une de ces disciplines saines, et fortes qui ouvrent les accès du grand par les côtés solides, et qui tarissent dans sa source, et sans lui laisser le temps de grossir, la veine du faux goût. […] Il était de ceux enfin qu’il ne siérait pas, même pour être vrai, de vouloir trop dépouiller de ce manteau aux plis flottants dont il aimait à draper ses figures et dont lui-même on l’a vu marcher enveloppé. […] Cela était plus vrai de l’homme même, aimable, imprévu, d’un sourire fin, parfois d’une malice gracieuse et qui n’altérait en rien l’exquise courtoisie ni la parfaite bienveillance. […] Qu’on se demande, au contraire, où n’irait pas un talent vrai, fortifié par des habitudes saines, et recueilli, au sortir de la jeunesse, au sein d’une vertueuse maturité. […] » — Voilà une note bien peu académique, mais qui n’en est pas moins vraie et de toute exactitude (1851).
Mais le talent consiste à savoir respecter les vrais préceptes du goût, en introduisant dans notre littérature tout ce qu’il y a de beau, de sublime, de touchant, dans la nature sombre, que les écrivains du Nord ont su peindre ; et si c’est ignorer l’art que de vouloir faire adopter en France toutes les incohérences des tragiques anglais et allemands, il faut être insensible au génie de l’éloquence, il faut être à jamais privé du talent d’émouvoir fortement les âmes, pour ne pas admirer ce qu’il y a de passionné dans les affections, ce qu’il y a de profond dans les pensées que ces habitants du Nord savent éprouver et transmettre. […] J’ai répété néanmoins de diverses manières que la plupart des inventions poétiques nous venaient des Grecs, que la poésie des Grecs n’avait été ni surpassée ni même égalée par les modernes 4 : mais je n’ai pas dit, il est vrai, mais je n’ai pas dit, il est vrai, que depuis près de trois mille ans les hommes n’avaient pas acquis une pensée de plus ; et c’est un grand tort dans l’esprit de ceux qui condamnent l’espèce humaine au supplice de Sisyphe, à retomber toujours après s’être élevée. […] L’on a besoin d’un gouvernement plus éclairé, qui respecte davantage l’opinion publique au milieu des nations où les lumières s’étendent chaque jour ; et quoiqu’on puisse toujours opposer les désastres de quelques années à des raisonnements qui ont pour base les siècles, il n’en est pas moins vrai que jamais aucune contrée de l’Europe ne supporterait maintenant la longue succession de tyrannies basses et féroces qui ont accablé les Romains. […] Ces vers, justement appliqués aux exploits militaires dont nous sommes les glorieux contemporains, ces vers seront vrais aussi pour les progrès de la raison ; et malheur à qui n’en aurait pas dans son cœur le noble pressentiment ! […] Serait-il vrai qu’une âme fière et indépendante, de quelque supériorité qu’elle soit douée, ne doit attendre des adversaires des idées philosophiques, qu’injustice ou silence ; injustice, lorsqu’ils peuvent l’attaquer encore ; silence, lorsqu’une gloire consacrée la place au-dessus de leurs efforts ?
La « pauvreté » resta un idéal dont la vraie lignée de Jésus ne se détacha plus. […] Les ordres mendiants, les innombrables sectes communistes du moyen âge (Pauvres de Lyon, Bégards, Bons-Hommes, Fratricelles, Humiliés, Pauvres évangéliques, etc.), groupés sous la bannière de « l’Évangile Éternel », prétendirent être et furent en effet les vrais disciples de Jésus. […] Avoir fait de la pauvreté un objet d’amour et de désir, avoir élevé le mendiant sur l’autel et sanctifié l’habit de l’homme du peuple, est un coup de maître dont l’économie politique peut n’être pas fort touchée, mais devant lequel le vrai moraliste ne peut rester indifférent. […] Méprisant ces misérables aberrations du sentiment religieux, Jésus aimait à dîner chez ceux qui en étaient les victimes 520 ; on voyait à table à côté de lui des personnes que l’on disait de mauvaise vie, peut-être pour cela seul, il est vrai, qu’elles ne partageaient pas les ridicules des faux dévots. […] Mais plus heureux encore, nous dirait Jésus, celui qui, dégagé de toute illusion, reproduirait en lui-même l’apparition céleste, et, sans rêve millénaire, sans paradis chimérique, sans signes dans le ciel, par la droiture de sa volonté et la poésie de son âme, saurait de nouveau créer en son cœur le vrai royaume de Dieu !
Est-il bien vrai ce qu’on dit, que, chez les Romains, l’action théâtrale étoit partagée entre deux acteurs ; de manière que l’un faisoit les gestes dans le temps que l’autre récitoit. […] L’abbé Vatri l’a défendue également : il ose dire qu’elle étoit un vrai chant musical, & regrette fort que nous n’ayons pas cette musique. […] La Rue paroissoit un vrai prophête. […] Quant aux célèbres prédicateurs vivans, il doit les étudier, se souvenir que les qualités qu’on estime le plus dans un prédicateur, sont une expression noble & vraie, les traits du visage, une belle prononciation, un débit aisé, naturel, intéressant. […] Mais la Le Couvreur n’en est pas moins louable d’avoir suivi les conseils de cet homme vrai, simple & naturel, qu’on a nommé le La Fontaine des philosophes, & qui, sans avoir aucun talent pour le théâtre, en jugeoit sainement.
Il est vrai que Tocqueville n’est pas organisé pour conclure. […] Voilà pourquoi l’auteur, un Montesquieu de demi-teinte, fut proclamé un vrai Montesquieu de plein jour. […] Dans ce livre-ci on rencontre de nouveau la faculté qui voit sur toute idée les deux faces, — assez triste faculté quand elle s’arrête là et qu’on n’a pas dans la pensée ce qu’il faut pour choisir la vraie, ou les embrasser l’une et l’autre en les dominant. […] Montesquieu, dont nous avons beaucoup parlé parce qu’il a longtemps empêché Tocqueville de dormir, et surtout parce que ses amis ont prétendu qu’il le ressuscite, Montesquieu ne lui a pas donné cette phrase courte, ingénieuse, imagée, qui sent l’épigramme, il est vrai, mais qui nous réveille en nous piquant et nous enlève par le trait à la monotonie. […] En France, on n’aime pas longtemps ce qui ennuie, et voilà le mot accablant, mais vrai, que la Critique est obligée de prononcer.
Pour qu’il redevienne vrai, il faut qu’on le renverse. […] Chauffée donc à cette double flamme de la représentation avec son éclat et du feuilleton avec son incroyable lyrisme, la société, qui est une femme (car, c’est vrai, les femmes font les mœurs, mais lorsqu’elles ne les défont pas), perd chaque jour ce qui lui restait de goûts simples et de vertus fortes, et c’est ainsi que le théâtre brise deux fois la famille, — par ses pièces et par ses acteurs. […] Ils sont réellement, dans ces soirs tristement brillants, les vrais ornements de la chose et les maîtres de la situation. […] Que penser donc d’une société si affolée de théâtre qu’elle se fait théâtre elle-même, et, lasse de son personnage vrai, entre dans des rôles qu’elle répète ? […] Elle devait pousser, après beaucoup de siècles, il est vrai, dans le cerveau des nations chrétiennes, et nous devions la réaliser avec cette légèreté charmante « qui ne voit pas grand mal à ça », comme nous avons le droit de le dire, tant notre vieillesse, ainsi qu’on le sait, a le cœur pur !
C’est un livre d’observation mâle et perçante, et, avec la très nette supériorité qu’il atteste, beaucoup plus élevé et beaucoup plus vrai dans son élévation que les idées actuelles, qui, dans la guerre comme partout, d’ailleurs, ne sont plus que le matérialisme envahissant et triomphant sous lequel, dans un temps donné, tout doit immanquablement périr de ce qui est la force et la gloire de la vie ! […] L’auteur des Études sur le Combat excepte, il est vrai, un très petit nombre d’âmes, nées impassibles comme le bronze, et rares comme des aérolithes, car elles semblent venir directement du ciel ; mais cet homme de batailles, qui a pratiqué les batailles et qui n’est dupe d’aucune poésie faite après coup, ne croit guère aux héros que sous bénéfice d’inventaire, et sous l’action déterminée et décisive d’une discipline qui crée l’énergie et fait d’un homme cette force qu’on appelle un soldat… Observateur aiguisé par toutes les expériences de sa vie, le colonel Ardant du Picq sait que la puissance des armées est toujours en raison, non seulement directe, mais unique, de la puissance de leur discipline, et il le prouve, par tous les témoignages de l’histoire, chez les peuples que la guerre a le plus illustrés. […] Chose grande encore si elle n’était pas vraie, mais d’autant plus grande qu’elle est vraie ! […] Esprit viril et qui ne se laisse pas empaumer par les billevesées contemporaines, il n’a pas craint d’écrire le mot terrible et haï d’aristocratie, de cette aristocratie qui est, selon lui, la force vraie de toute armée. […] … L’homme qui les a écrites me fait l’effet d’un Montesquieu militaire, qui nous donne axiomatiquement l’Esprit des Lois des armées, comme l’autre nous a donné l’Esprit des Lois des sociétés… Il n’affirme pas, il est vrai, la nécessité des démocraties pour la destruction des armées avec l’aplomb et l’autorité qu’il met à affirmer la discipline pour leur existence et pour leur force ; mais, trempé dans l’atmosphère de son temps, il en admet l’hypothèse.
Les hommes doivent à l’Histoire, bien plus qu’ils ne le pensent, ce qu’il y a de faux et de vrai dans leurs sentiments ou dans leurs idées. […] L’examen de ces livres nous sera une bonne occasion de démontrer par les faits que les vrais exemples à suivre pour la politique des temps présents ne sauraient être invoqués que là où nous trouvons, soit en germe, soit développés, les deux principes de la société moderne : l’élévation des mœurs dans la famille, et la grandeur de la nationalité. […] Le mot n’est pas de nous, il est de Lerminier, mais, dans sa hauteur intellectuelle de généralité sereine, ce mot vrai exprime une chose atroce, qui fera bondir l’âme de tout moderne chez lequel le sentiment moral n’aura pas été tué. […] Aristote, il est vrai, est un Grec ; mais si cet homme incomparable se montre encore plus fort que les hommes d’aujourd’hui dans son livre sur la politique, ce livre, par contre, fait ressortir combien ses contemporains étaient inférieurs aux hommes d’aujourd’hui. […] Cette religion du vrai a été chez eux soumise aux profanations de l’amour artistique du beau, et Thucydide et Hérodote lui-même, l’Homère en prose, comme on l’a dit, nous ont parlé de la Grèce bien plus comme ils la comprenaient que comme elle fut.
Il se contente de poser, sans le prouver, le fait étrange de cette monarchie tempérée qu’il est assez difficile d’établir quand on a un Henri VIII ou une Élisabeth derrière soi, et il ne commence, à proprement parler, son histoire qu’à la date éclaircie et certaine de la vraie monarchie anglaise : la fin des Stuarts et du droit divin. […] Il est vrai que, sous le dernier des Stuarts, cette théorie, qui saignait encore du coup de hache qui avait fait tomber la tête de Charles Ier, fut définitivement mise en pièces, mais elle n’était pas tombée du ciel comme un bouclier salien, et, pour qu’elle se fût si souverainement posée, il fallait qu’elle répondît à des sentiments publics, à des idées qui avaient cours. […] On a souvent parlé de la pruderie des femmes anglaises, mais, en fait de bégueulisme, les whigs pourraient donner des leçons aux femmes les moins vraies et les moins naturelles de leur pays ! […] Quand on a lu l’histoire, et surtout les mémoires de ce temps, qui sont le vrai dessous de cartes de l’Histoire, on ne prend pas le change. […] Il n’y a pas longtemps encore que l’effroyable et froide hypocrisie de Cromwell était passée en force de chose jugée historique, et Thomas Carlyle, qui n’a pas eu besoin de son génie pour cela, a démontré, preuves en main, que s’il fut jamais un homme convaincu de ses idées religieuses, un homme vrai, sincère et croyant, c’était ce vieux diable d’Olivier Cromwell !
Italienne et Romaine, c’est-à-dire exclusivement faite pour l’amour et sans les vanités françaises, elle se contenta d’être une vraie femme d’abord, et ensuite une sainte femme, et à aucune époque de sa noble vie elle n’eut le souci ni le goût du célèbre salon bleu d’Artémise, dans lequel le grand Condé lui-même se rapetissait. […] Presque tous saisis par la fierté du geste, dupes de l’éternelle duperie de l’attitude, ils ont consenti la grandeur de l’homme, même ceux qui l’ont insultée ; mais nul d’entre eux n’a dit une fois pour toutes le vrai, le pur, l’exact jugement. […] Presque de nos jours, n’avons-nous pas eu Louis XVI et Marie-Antoinette, dont la mort sera la vraie vie devant la postérité ? […] Renée a écrit le mot de justice — justice orgueilleuse, il est vrai, — à la page 144 de son livre. […] « Richelieu — dit Renée — fut jaloux, ingrat, vindicatif, implacable. » Cela est vrai souvent, mais ce n’est pas ici, et il fallait le reconnaître.
Les uns trouvent qu’il a hideusement calomnié le pays qu’il a voulu peindre ; les autres, qu’il l’a peint hideux, c’est vrai, mais ressemblant. […] Si le livre où le Réalisme le plus dénué d’invention, et qui s’en vante, peint toujours la réalité la plus terne, la plus sotte ou la plus abjecte ; si ce livre inouï a le malheur d’être vrai, c’est la plus terrible, et pour un homme de cœur la plus douloureuse accusation qui puisse être jamais lancée contre ce colosse sans âme qu’on appelle, avec une ironie dont on ne se doute pas : « la sainte Russie », dans les ukases impériaux ! Mais si ce livre n’était pas vrai, — pas vrai même dans le sentiment d’observateur de celui qui en a tracé les pages, — que mériterait, dans la mémoire de ses compatriotes, l’homme qui a osé l’écrire, pour avoir tenté, satirique impie, de déshonorer si abominablement son pays ? […] Le tendre Maniloff, à qui « on voudrait voir une passion, une manie, un vice, afin de lui savoir quelque chose », madame Koroboutchine, Nozdref le hâbleur, Pluchkine l’avare, — ces tics plutôt que ces passions, — ne peuvent pas être mis à côté de la magnifique variété d’individualités qui foisonnent dans la Comédie humaine, et qui sont taillées si profond que les gens qui ne voient pas à une certaine profondeur ne les croient plus vrais, les pauvres myopes ! […] Seulement, pour miter comme elle imite, il faut une vraie souplesse de tigre.
Flourens, il est vrai, n’est pas un savant délivrés ou d’idées pures, c’est un naturaliste, un expérimentateur, c’est-à-dire un esprit incessamment à l’affût du caractère interne ou externe des choses, et, pour cette raison, il ne pouvait guère oublier les caractères de l’homme dans le contemplateur du belvédère de Montbar. […] À dater de ce moment sa gloire commença, sa vraie gloire. […] Flourens l’a prouvé, ce qui distingue Buffon des hommes de son temps que la gloire rendit fous, comme Rousseau et Voltaire, de vrais parvenus, c’est que sa belle tête calme sut résister à cette syrène ! […] Si, vous autres savants, vous vous laissez entraîner ainsi hors du vrai limité, impérieux, immuable, que voulez-vous que nous devenions, nous, devant les beautés littéraires de cet homme qui fut certainement, en définitive, plus un grand artiste dans l’ordre scientifique qu’un savant ! IV Car voilà Buffon, — le vrai Buffon pour nous !
Eh bien, qu’un tel fait ne soit pas perdu et me soit une raison pour reprendre en sous-œuvre la parole sans alliage du prédicateur, la parole froidie, corrigée, écrite, hors les lèvres qui l’animèrent, hors le corps qui parle au corps, dit Buffon, en parlant de l’éloquence, et pour rechercher ce que cette parole réduite à elle seule, avec la force muette de son verbe, contient d’essentiel, de grand et de vrai. […] en effet, excepté Démosthène, vrai comme l’amour de la patrie et l’intérêt bien entendu de son État, que reste-il d’un peuple qui passait pour le plus éloquent de tous les peuples ? […] Le moraliste, dans la vraie acception de ce mot, est tout simplement l’homme qui sait la nature humaine, qui la connaît à fond, qui l’a sentie en lui, qui l’a étudiée dans les autres. […] Il en a eu un autre, qui passera comme les idées politiques par lesquelles on pourrait l’expliquer, mais l’empire qu’il tient de sa connaissance du cœur de l’homme ne passera point ; il restera son vrai mérite et sa vraie gloire. […] Cela serait-il vrai dans l’ordre de l’intelligence, comme dans l’ordre purement moral ?
Mais la vraie preuve de Dieu, pour Hugo, c’est la conscience morale. […] Homme, veux-tu trouver le vrai ? […] ………………………………………………………… Marche au vrai. […] Elle porte sur le véritable objet de l’amour, sur le vrai moi, qui est seul le « définitif ». — « La destinée, la vraie, commence pour l’homme à la première marche du tombeau. » Alors il lui apparaît quelque chose, et il commence à distinguer le définitif. — « Le définitif, songez à ce mot. […] Le vrai poète, a dit Ronsard, doit être « épris d’avenir ».
… Est-il dans le Vrai ?… Mais dans quel Vrai ? […] Le Rêve du Vrai ! […] Ce sont de nobles penseurs, de vrais savants. […] Au fond, la vraie Religion de Balzac, c’est son Art, et sa vraie Vérité, c’est celle qu’il aperçoit dans l’humanité et qu’il tâche de dégager.
Mais si la forme en est fausse, le fond n’en serait-il pas vrai ? […] Mais j’ose bien dire en réponse qu’il n’y a rien de moins vrai. […] Il est vrai que c’était Destouches. […] N’est-il pas vrai qu’il naîtrait de là des contrastes qui feraient rire ? […] Le Sage était un vrai Breton !
Remy de Gourmont Claudius Popelin fut un poète de bonne volonté — non tout à fait un vrai poète. Le vrai poète est avant tout un grammairien (un philologue) ; le lexique est sa lyre : il doit en connaître toutes les ressources et n’ignorer même ni le terme le plus nouveau ni le plus désuet. […] Le grammairien (au sens ancien du mot) est le savant par excellence ; il dénombre les signes, les classe et établit les rapports qu’ils peuvent avoir entre eux ; le poète surajouté au grammairien apporte à la besogne la qualité primordiale qui donne la vie aux choses, l’imagination — et le vrai poète apparaît : qu’il n’ait qu’un peu de talent, il est poète ; il peut créer, et il crée — en proportion de l’autorité qu’il a sur les signes.
Il est vrai que M. […] Il est vrai qu’il fut plus sage que Thésée. […] D’ailleurs le beau style est vrai à sa manière et le style vrai peut avoir sa beauté. […] De l’ascendant normal du beau et du vrai. […] Car enfin, il s’agit assurément du vrai avant tout, du vrai seul, mais cet unique souci de vérité, flétri par M.
Pour le vrai mérite chez un homme public, la publicité à la longue est toujours impartiale et équitable. […] Il a manqué un je ne sais quoi à la défense ; on n’y a point senti cette inquiétude, cette vigilance de tous les instants, cet ardent amour qui décèle les vrais pères. On s’apercevait trop bien que cette loi n’était qu’une fille adoptive, qui n’était point secourue par ses vrais auteurs. […] Il y eut un moment presque unique où la Restauration fut dans le vrai, où elle adopta la seule voie qui aurait pu la sauver et qu’elle abandonna trop tôt. […] Il serait trop singulier que le vers de Boileau cessât d’être vrai en France : On sera ridicule, et je n’oserai rire !
Le vrai nom de la société, c’est commandement et obéissance. […] Le vrai contrat social ne s’appelle pas droit, il s’appelle devoir ; il n’a pas été scellé entre l’homme et l’homme, il a été scellé entre l’homme et Dieu. […] Voilà pourquoi la doctrine qui ne fait que proclamer les droits de l’homme est courte et fausse, et ne peut aboutir qu’à la révolte perpétuelle, doctrine insensée, Contrat social ; voilà pourquoi toute société qui se fonde sur le devoir est vraie, durable, toujours perfectible, et aboutit directement à Dieu, c’est-à-dire à la perfection et à l’éternité. […] En un mot, le vrai contrat social, au lieu de donner pour fin à la société mortelle la mort, donne pour fin à la société spiritualiste sur la terre le sacrifice, et pour fin à la société divinisée après la vie l’immortalité ! […] Sayous donc furète avec beaucoup de loyauté et beaucoup de bonheur ces découvertes dans tous ces recoins du monde français, et nous fait des portraits fins, vrais, originaux, critiques de toutes ces figures d’hommes et de femmes qui gravitaient en ce temps-là dans la sphère de l’esprit français, de la langue française et de la philosophie française.
Telles, les pensées qui me revinrent, lorsque j’eus lu l’effarant poème en prose d’Akedysseril, — une histoire simple, très humaine et philosophique, une œuvre de Réel Rêve comme Tristan, — et qu’il faut, ici, saluer, œuvre Wagnérienne, — non que l’auteur ait songé, l’écrivant, un rapport aux poèmes de Wagner, — mais parce que, suivant, consciemment ou inconsciemment, la voie ouverte par notre Maître, — le comte de Villiers de l’Isle-Adam, en cette éblouissante merveille, nous a donné les émotions d’apparitions et de musiques mystiquement idéales, et vraies, par lui vécues. […] Ce fut déjà une impression nouvelle et délicieuse, une première morsure au fruit défendu, une vraie échappée hors des mœurs philistines dont on a toujours quelque peine à se délivrer lorsqu’on échappe à peine aux régularités de l’existence familiale. […] — Il avait compris que l’œuvre d’art doit être complète et vraie, c’est à dire le drame, mais un drame d’art complet, non de musique seule, et un drame d’action vraie, non de virtuosité conventionnelle ; il avait compris, encore, que cette œuvre d’art, complète et vraie, n’est point une frivole distraction, qu’elle est la création suprême de l’esprit, et que cette création, faite, d’abord, par l’auteur, et devant être, en suite, refaite, entièrement, par les auditeurs, peut par eux être connue, seulement dans l’oubli des soucis temporels et dans la paix, non troublée, de la contemplation intérieure, aux jours, très rares, de la sérénité ; enfin, il avait compris que l’art, demeurant complet et vrai, doit, aussi, donner à l’homme une révélation religieuse de la Réalité transcendante, être un culte offert à l’intelligence du Peuple, — de ce peuple idéal, qui est la Communion universelle des Voyants. […] Or, il avait créé le Drame, complet et vrai : complet, par la cohésion des trois dernières et essentielles formes expressives, littéraire, plastique et musicale ; vrai, par la réaliste description d’une action idéale, par la description naturelle et exacte d’une humaine action, abstraite en un mythe ; aux Œuvres il avait donné un Théâtre de représentation ; ce Théâtre était lieu de création artistique, non d’amusement : le Théâtre est éloigné et isolé ; la salle est annulée ; la représentation scénique, seule, est considérable ; les Œuvres étaient des Révélations, et le Théâtre était un Temple : les Œuvres, —Tristan, la Tétralogie, et Parsifal, — tout réalistes en leur forme, — ont un sens idéal, une signifiance profonde, et, en leurs peintures simples, tenacement conformes, et crûment vraies, elles sont, aussi, des symboles de cette Religion de la Compassion, le Mittleîd de ce Néo-Christianisme ; — et le Théâtre est pour cette révélation : à de rares époques fériées, solennellement, le Théâtre est ouvert, et, dans un ordonnement implicite et absolu de piété, se dévoile la splendeur du rite. […] Donc, il conçut, l’artiste, la théorie d’Œuvres, où toutes les formes d’art, affinées en leurs suprêmes essences, étaient unies pour la glorieuse expression, vraie et complète, de ce qui est ; et il conçut ces Œuvres, elles mêmes ; et il les conçut accomplies, faites chose, écrites, et vivantes, dans un livre.
La science, il est vrai, ne peut descendre dans les faits que par l’intermédiaire de l’art, mais l’art n’est que le prolongement de la science. […] Il est vrai que, couramment, on entend aussi par santé un état généralement préférable à la maladie. […] — Il est vrai ; mais il reste à savoir si nous les faisons à propos. […] Mais si le crime n’a rien de morbide, la peine ne saurait avoir pour objet de le guérir et sa vraie fonction doit être cherchée ailleurs. […] Garofalo a essayé, il est vrai, de distinguer le morbide de l’anormal (Criminologie, p. 109, 110).
On aurait même aimé à voir trembler la main qui aurait tenu le pinceau, et le portrait n’eût pas été moins vrai. […] , l’auteur du Beau et du Vrai continue son hymne d’adoration imperturbable, comme s’il n’avait là devant lui que de nobles actes et de grandes vertus ! […] Comment, après cela, l’homme de l’oisellerie n’aurait-il pas pressenti et tracé (en petit, il est vrai) toute la politique du cardinal de Richelieu ? […] Il est vrai que pour que sa collection fût complète, pour donner surtout un repoussoir vigoureux à Mme de Chevreuse, il fallait à toute force une vertu à M. […] Mais quand un homme de l’autorité, usurpée, il est vrai, de M.
À peine pourrait-on étudier sur place un certain fond de courtisanerie survivant à son vrai milieu. […] Nous donnons ce titre, il est vrai, à nombre de personnages moins importants. […] Quand tout cela serait vrai, il n’en resterait pas moins permis de choisir ses héros parmi les gens du peuple. […] Le fait est vrai cependant. […] Période d’amour, ai-je dit, et cela me paraît bien vrai.
Lorsqu’il a de vrais « semblables » à comparer, l’esprit n’a pas besoin d’effort pour user des mêmes poids et mesures. […] La preuve en serait faite si était vrai que les sociétés civilisées sont aussi celles où les individus se trouvent, au point de vue anthropologique, les plus différenciés. […] Ils sont en effet plus importants pour notre objet, s’il est vrai que les caractères les plus manifestes doivent aussi exercer la plus sensible influence sur l’attitude et la conduite des individus vis-à-vis les uns des autres. […] Serait-il vrai, comme on l’a soutenu138 que la puissance d’imitation va en décroissant avec la civilisation ? […] D’autre part, il est vrai encore que suivre une mode, c’est chercher à se distinguer de certains hommes en s’assimilant à certains autres.
« A l’état normal, dit-il, les sentiments vont toujours à leur vrai but ; les erreurs ne viennent que de l’état maladif surajouté à la nature par la civilisation. […] Voilà le vrai problème psychologique et physiologique : il est distinct du problème biologique et antérieur à ce dernier. […] Ainsi, quel est le vrai sens de la loi de proportion qui veut que le travail positif d’exercice soit en rapport avec le travail négatif de réparation ? […] La vraie loi première, c’est que le plaisir est lié à l’activité vitale la plus intense possible et la plus efficace, qui deviendra, d’ailleurs, la vraie condition de supériorité dans la lutte pour l’existence. […] Telles sont, croyons-nous, les vraies raisons scientifiques pour lesquelles la sensibilité supérieure est libre du besoin et de la « faim », tandis que la sensibilité inférieure en est esclave.
Il est très vrai que, lus de suite, sans avertissement, sans qu’on se dise l’âge, le lieu, les circonstances dans lesquelles ils ont été composés, quelques-uns de ces discours de Bossuet peuvent rebuter ou surprendre des esprits qui aiment à s’appuyer sur la continuité plus égale et plus exacte de Bourdaloue et de Massillon. […] Jetons-nous avec confiance sur cet Océan… » Quand il veut faire comprendre que le vrai bonheur pour l’être intelligent est dans la vue et dans la possession de la vérité, il sent bien qu’on va lui demander : Qu’est-ce que la vérité ? […] Si elle passe si vite, elle n’est point la vraie. Le bonheur d’un être (grand principe, selon Bossuet) ne doit jamais se distinguer de la perfection de cet être ; le vrai bonheur digne de ce nom est l’état où l’être est le plus selon sa nature, où il est le plus lui-même, dans sa plénitude et dans le contentement de ses intimes désirs. […] … Éternelle poétique, principe, entretien et règle supérieure des vrais talents, vous voilà établie en passant dans un sermon de Bossuet, au moment même où Despréaux essayait de vous retrouver de son côté dans ses Satires.
Voiture y est vu dans son vrai jour ; sa mesure y est très bien prise, et son rôle parfaitement présenté. […] On entrevoit des parties montées, improvisées, de vraies petites scènes, qui variaient à l’infini cette vie de loisir, ces journées de promenades et d’entretiens. […] Il écrivait en prose et en vers fort agréablement, et d’une manière si galante et si peu commune, qu’on pouvait presque dire qu’il l’avait inventée : du moins suis-je bien que je n’ai jamais rien vu qu’il ait pu imiter, et je pense même pouvoir dire que personne ne l’imitera jamais qu’imparfaitement ; car enfin, d’une bagatelle il en faisait une agréable lettre, et si les Phrygiens disent vrai lorsqu’ils assurent que tout ce que Midas touchait devenait or, il est encore plus vrai de dire que tout ce qui passait dans l’esprit de Callicrate devenait diamant, étant certain que du sujet le plus stérile, le plus bas et le moins galant, il en tirait quelque chose de brillant et d’agréable. […] Sa personne n’était pas extrêmement bien faite : cependant il faisait profession ouverte de galanterie, mais d’une galanterie universelle, puisqu’il est vrai que l’on peut dire qu’il a aimé des personnes de toute sorte de conditions. […] Et cependant il a tant d’esprit que Mlle de Scudéry conclut en lui pardonnant : Callicrate mourut peu de temps après cette fourbe, extrêmement regretté de tous ceux qui l’avaient connu, et même de celles qu’il avait le plus cruellement trompées, tant il est vrai que les rares qualités de son esprit faisaient excuser je ne sais quelle maligne vanité dont son âme était remplie.
La Bruyère, lui, vrai philosophe et d’un cœur élevé, ne pensa qu’à être témoin, spectateur et moraliste au profit du public. […] Voilà les vrais devanciers de La Bruyère, ceux qu’il avoue, les seuls livres qu’il eut présents à la pensée, à côté du livre toujours ouvert devant lui de la nature humaine. […] Avant de montrer et de caractériser la vraie, il avait commencé par flétrir courageusement la fausse dans le chapitre de la Mode. […] Il en a de très fines, et qui sont toujours vraies, sur les femmes. […] Une seconde fois, en 1693, sans l’avoir sollicité davantage, par le bon office de Racine et avec l’appui du parti des vrais classiques, il fut élu pour remplacer l’abbé de La Chambre, — presque à l’unanimité ; c’est lui qui le dit.
L’auteur eût diminué peut-être le nombre des contradicteurs s’il avait donné au livre son vrai titre : Histoire de la race et de la civilisation anglaises par la littérature. […] Cela est si vrai que l’aveu nous en échappe à nous tous involontairement en nos heures de philosophie et de raison, ou par l’effet du simple bon sens. […] Il est vrai que la bonne critique sincère et véridique ne se faisait et ne se fait peut-être encore qu’en causant : on n’écrit que les éloges. […] Supposez un grand talent de moins, supposez le moule ou mieux le miroir magique d’un seul vrai poëte brisé dans le berceau à sa naissance, il ne s’en rencontrera plus jamais un autre qui soit exactement le même ni qui en tienne lieu. Il n’y a de chaque vrai poëte qu’un exemplaire.
Je puis donc maintenant répondre à cette question : Qu’était-ce au vrai que Patru, cet académicien avocat, cet arbitre de la diction, si souvent cité au xviie siècle, dont on applaudissait les harangues solennelles, dont on répétait les bons mots, que Retz s’était acquis, que respectait Boileau, et qui mourut avec honneur dans l’indigence ? […] C’est là le vrai point de vue sous lequel il faut considérer aujourd’hui et apprécier Patru quand on s’efforce de le relire. […] Patru y insiste assez pour nous montrer que, malgré ses cinquante-quatre ans, il a fait bien réellement cette conquête : Le bruit de mon éloquence, vrai ou faux, dit-il, a formé cette galanterie ; et ce beau fruit de mes veilles, à te dire vrai, me charme un peu plus que toute la réputation que je puis attendre de mes études. […] Le poète Gombauld y vint sans savoir de quoi il s’agissait ; mais, dès qu’il eut appris qu’on attendait la princesse, il sortit ; car il avait contre elle une rancune de poète, de ce qu’ayant fait des vers où il louait le grand Gustave-Adolphe, père de Christine, elle ne lui avait pas écrit pour le complimenter : Le bonhomme que tu connais, écrit Patru, se fâche de cela tout de bon, quoiqu’il soit vrai qu’elle ait demandé de ses nouvelles plusieurs fois à ses deux voyages de Paris. […] Il se consolait de ses disgrâces en se réfugiant dans le sentiment de la droiture et de la vertu : « Et c’est, comme vous savez, écrivait-il à M. de Montausier, le vrai bonheur de la vie : tout le reste n’est qu’illusion, et se passe à s’inquiéter ou de faux honneurs ou de fausses infamies. » Patru avait aisément de ces belles expressions antiques, et qui expriment la probité et l’innocence48.
» Rien de plus vrai. […] Je leur écrirai le livre d’affranchissement des servitudes morales, le livre de l’AMOUR VRAI. » Et le voilà ! […] Il est vrai que c’est par l’Oiseau que Michelet se découvrait naturaliste. […] C’est le poisson, en effet, bien plus que la mer, qui est le vrai sujet du livre de Michelet. […] Je la crois très vraie, très observée sur le vif, réelle enfin, mais la manière de l’auteur y est inférieure, enfantine et lakiste.
Son Traité de la Sagesse l’a fait ranger, par le Jésuite Garasse, au nombre des Incrédules ; & les Philosophes de nos jours, sur ce beau témoignage, se sont empresses de se l’associer, tant il est vrai qu’ils savent tirer parti de tout. […] Il est vrai que la manière de procéder de Charron peut présenter d’abord l’idée de Scepticisme aux esprits superficiels ou intéressés ; mais il est aisé de prouver qu’il n’a jamais douté de la Religion qu’il professoit ; qu’au contraire son intention a toujours été de la défendre. […] La premiere de ces Vérités est, qu’il n’y a qu’un Dieu & qu’une vraie Religion ; la seconde, que de toutes les Religions, la Chrétienne est la seule qui soit divine ; la troisieme, que de toutes les Communions du Christianisme, il n’y a que la Catholique Romaine qui soit la véritable Eglise.
C’est dans ces morceaux que le Traducteur, si on peut se servir de ce terme, déploie les richesses de notre Poésie, & fait de vrais Originaux de ses imitations. […] Il est vrai qu’il a composé des Epigrammes où la malignité & la licence lui font oublier les égards ; mais ces sortes de Productions ne peuvent-elles pas être regardées comme des éclipses de la raison & de l’honnêteté, réparées par tant d’Ecrits postérieurs aux égaremens de sa plume ? Telle est du moins notre opinion, & M. le Duc de Niv*** nous le pardonnera d’autant plus volontiers, qu’il a la modestie d’abandonner les siennes au jugement de la critique, & que cette opinion tend à l’indulgence, le vrai caractere de sa philosophie.
Si ce fait est vrai, il fait également honneur au prince et au comédien. […] Tant il est vrai que les hommes qui sont au-dessus des autres par les talents, s’en rapprochent presque toujours par les faiblesses. […] Il est vrai qu’on a trouvé le déguisement d’une fille en garçon peu vraisemblable. […] Molière fut le premier qui fit sentir le vrai, et par conséquent le beau. […] Mais c’est le caractère du vrai génie, de répandre sa fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme.
Il est fâcheux que ce manifeste dont nous n’avons qu’une ébauche et qui posait la question nouvelle dans ses vrais termes n’ait point paru. […] Bouchitté, qui n’était pas exempt, il est vrai, de quelque prud’homie : « Vous avez raison de dire que vous craignez les intérêts matérialistes de la révolution qui vient de s’opérer. […] Il me semble que ma vraie valeur est surtout dans ces travaux de l’esprit ; que je vaux mieux dans la pensée que dans l’action ; et que, s’il reste jamais quelque chose de moi dans ce monde, ce sera bien plus la trace de ce que j’ai écrit que le souvenir de ce que j’aurai fait. […] Est-il donc vrai que le génie procède ainsi, et n’est-ce qu’à ce prix que s’enfantent les chefs-d’œuvre ? […] Molé sur le caractère de Chateaubriand, cette dissection impartiale et irrécusable qui a tant irrité ceux que la vérité trop vraie offense.
Ce dernier point n’est vrai que de quelques-uns sans doute, mais l’est assez pour qu’on y voie un trait de caractère. […] C’en est un, il est vrai, pour quelques âmes vaines ; Mais, hélas ! […] Sous le titre de Moralités, elle a exprimé bien des réflexions graves, vraies, amères, qui tendent à démasquer la vanité de notre nature. […] Nos pères aimaient cette émotion suffisante, vive, non prolongée ; Bertaut a des couplets de cette sorte charmants, de vraies naïvetés enchantées. […] Des révolutions sérieuses rompirent cette filiation, qui n’était vraie que par un point à l’origine.
Dieu seul sait lequel de ces deux jugements est le vrai. […] Après sa retraite, tout ce que Voltaire et lui avaient dit de l’œuvre fut encore plus vrai. […] Je le demande encore, et, vraie ou non, je ne suis pas près de m’en consoler. […] Les mêmes livres qui restituaient à l’esprit français ses vrais guides ouvraient devant lui des horizons nouveaux. […] Par moments, René mêle à cette tristesse farouche son sentiment si vrai de l’imperfection des choses humaines, et partout où René a passé il reste une trace ineffaçable.
Ces cousins germains, qui adhérèrent au jeune maître, pendant que ses vrais frères lui faisaient de l’opposition 115, prirent le titre de « frères du Seigneur 116. » Les vrais frères de Jésus n’eurent d’importance, ainsi que leur mère, qu’après sa mort 117. […] L’hypothèse que nous proposons lève seule l’énorme difficulté que l’on trouve à supposer deux sœurs ayant chacune trois ou quatre fils portant les mêmes noms, et à admettre que Jacques et Simon, les deux premiers évoques de Jérusalem, qualifiés de « frères du Seigneur », aient été de vrais frères de Jésus, qui auraient commencé par lui être hostiles, puis se seraient convertis. […] , XIII, 55 — Marc, VI, 3, à la place des noms des vrais frères, restés toujours obscurs. On s’explique de la sorte comment le caractère des personnages appelés « frères du Seigneur », de Jacques par exemple, est si différent de celui des vrais frères de Jésus, tel qu’on le voit se dessiner dans Jean, VII, 3 et suiv.
Plusieurs, comme il arrive toujours, croyaient remplacer par la bonne volonté des âmes faibles le vrai amour du bien, et s’imaginaient conquérir le royaume du ciel en lui disant : « Rabbi, rabbi » ; il les repoussait, et proclamait que sa religion, c’est de bien faire 640. […] Souvent, il est vrai, on croit trouver dans les ordres qu’il donne à ses disciples une tendance toute contraire : il semble leur recommander de ne prêcher le salut qu’aux seuls Juifs orthodoxes 654 ; il parle des païens d’une manière conforme aux préjugés des Juifs 655. […] Dans une circonstance, il ne rencontre de gratitude et de vraie piété que chez un samaritain 668. […] Jésus conclut de là que la vraie fraternité s’établit entre les hommes par la charité, non par la foi religieuse. […] Gagnée par l’entretien de Jésus, la femme reconnut en lui un prophète, et, s’attendant à des reproches sur son culte, elle prit les devants : « Seigneur, dit-elle, nos pères ont adoré sur cette montagne, tandis que vous autres, vous dites que c’est à Jérusalem qu’il faut adorer Femme, crois-moi, lui répondit Jésus, l’heure est venue où l’on n’adorera plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem, mais où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité 674. » Le jour où il prononça cette parole, il fut vraiment fils de Dieu.
Le livre en question s’appelle : Dante ou la philosophie catholique au xiiie siècle, et ici c’est le sous-titre qui est le vrai titre ; car c’est de la philosophie catholique qu’il est question bien plus que du Dante, quoiqu’on la voie à travers lui. […] » Et c’était vrai. […] Mais justement parce que c’était vrai, Ozanam n’avait pas besoin d’ajouter à ses preuves de la vie poétique du Moyen Âge cette grande individualité du Dante, solitaire et tombé du ciel comme tous les grands poètes, et qui sont, prenez-y garde ! […] Quelle que soit la grandeur du maître en poésie qu’il a devant lui, le jeune homme obscur a dit avec une virilité prématurée ce qui lui semblait le vrai sur le Dante tout entier, auteur et homme, et bien loin de le mesurer avec le mètre enflammé de ceux qui en font un génie complexe et presque universel, et un double grand homme aussi auguste par la force du caractère que par la force de la pensée, le critique à ses premières armes a dédaigné ces exagérations, ces italianismes de l’enthousiasme, et il n’a vu dans l’auteur de la Divine Comédie qu’un poète à la manière des plus grands, mais, notez-le bien ! […] IV Ce Dante, très vrai, entre-aperçu sous le livre radieux à travers lequel on voit toujours l’autre Dante, M.
Des conditions proprement sociologiques nous ont fourni une explication, au moins partielle, du phénomène qui, après les essais d’explications anthropologiques ou idéologiques, demeurait mystérieux : l’expansion de l’idée de l’égalité des hommes dans certaines sociétés déterminées n’est plus pour nous une sorte de miracle incompréhensible, s’il est vrai qu’entre les formes de ces sociétés et le succès de cette idée il y a un rapport de condition à conséquence. * ** Toutefois, sur la nature et le vrai sens de ce rapport, ne peut-il subsister une dernière équivoque ? […] Il est vrai que même alors nos déductions, se prêtant moins facilement à cette inversion, subsisteraient. […] Nullement, s’il est vrai que les rapports « réversibles » sont presque de règle en matière historique. […] En ce sens, n’est-il pas également vrai par exemple, que les religions modèlent les États, et les États les religions ?
S’il est vrai que les sciences doivent commencer au point même où leur sujet a commencé (axiome 104), la métaphysique, cette reine des sciences, commença à l’époque où les hommes se mirent à penser humainement, et non point à celle où les philosophes se mirent à réfléchir sur les idées humaines. […] Ce n’est pas tout ; d’après la définition du vrai et du certain que nous avons donnée plus haut, les hommes furent longtemps incapables de connaître le vrai et la raison, source de la justice intérieure 39, qui peut seule suffire aux intelligences. […] Nous montrons dans les fables l’histoire civile des premiers peuples, lesquels se trouvent avoir été partout naturellement poètes. 2º Même accord avec les locutions héroïques, qui s’expliqueront dans toute la vérité du sens, dans toute la propriété de l’expression ; 3º et avec les étymologies des langues indigènes, qui nous donnent l’histoire des choses exprimées par les mots, en examinant d’abord leur sens propre et originaire, et en suivant le progrès naturel du sens figuré, conformément à l’ordre des idées dans lequel se développe l’histoire des langues (axiomes 64, 65). 4º Nous trouvons encore expliqué par le même système le vocabulaire mental des choses relatives à la société 40, qui, prises dans leur substance, ont été perçues d’une manière uniforme par le sens de toutes les nations, et qui dans leurs modifications diverses, ont été diversement exprimées par les langues. 5º Nous séparons le vrai du faux en tout ce que nous ont conservé les traditions vulgaires pendant une longue suite de siècles. […] Cette justice intérieure, fut pratiquée par les Hébreux que le vrai Dieu éclairait de sa lumière, et auxquels sa loi défendait jusqu’aux pensées injustes, chose dont les législateurs mortels ne s’étaient jamais embarrassés.
Et de là dérive sa moralité vraie, profonde, définitive, qui n’est d’ailleurs pas la même que celle d’un traité de morale ou d’un catéchisme. […] En littérature comme en philosophie, ni le réalisme pris seul n’est vrai, ni l’idéalisme. […] De nos jours, la fiction n’est plus tolérée que lorsqu’elle est symbolique, c’est-à-dire expressive d’une idée vraie. […] Si cette assertion a du vrai, elle a aussi beaucoup de faux. […] Et pour milieu à cette cité ils ont donné la nature même, la vraie et la grande nature.
Il est vrai qu’elle refusait de se rétracter. […] C’est en ce sens qu’il est naturel et vrai. […] Cette prière est vraie. […] — Cela n’est pas vrai, c’est de la sienne. […] L’histoire vraie, la voici.
Essayons une fois, et par un exemple, de revenir à la vraie critique des poètes, à la critique qui tient compte de l’ensemble, mais qui ne craint pas d’entrer dans le détail. […] Il est vrai que M. du Camp fait aussitôt un détour et qu’il s’en prend résolument de cette décadence de la littérature actuelle… à qui ? […] et c’est ce que plus d’un académicien a déjà provoqué), afin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. » On le voit, de tout ce que demande là M. du Camp dans son projet de réorganisation académique, une moitié est vraiment bien difficile à fixer et à saisir, l’autre moitié est tout admise et en voie de se réaliser. […] Au reste, en discutant cette portion de la préface de M. du Camp, et en trouvant sa recette insuffisante, sa conclusion trop directe et trop roide, je suis loin de méconnaître le besoin vrai dont il est tourmenté. […] Soyons vrai ; mais pourquoi être réaliste, pourquoi être vulgaire ?
Figurons-nous bien, car c’est le devoir de la critique de se déplacer ainsi à tout moment et de mettre chaque fois sa lorgnette au point, — figurons-nous donc, non pas seulement dans la salle de l’hôpital de la Trinité à Paris (cette salle me semble trop étroite), mais dans une des places publiques d’une de ces villes considérables, Angers ou Valenciennes, devant la cathédrale ou quelque autre église, un échafaud dressé, recouvert et orné de tapisseries et de tentures magnifiques, et tout alentour une foule avide et béante ; des centaines d’acteurs de la connaissance des spectateurs, jouant la plupart au vrai dans des rôles de leur métier ou de leur profession : des prêtres faisant ou Dieu le Père ou les Saints ; des charpentiers faisant saint Joseph ou saint Thomas ; des fils de famille dans les rôles plus distingués, et quelques-uns de ces acteurs sans nul doute décelant des qualités naturelles pour le théâtre ; figurons-nous dans ce sujet émouvant et populaire, cru et vénéré de tous, une suite de scènes comme celles que je ne puis qu’indiquer : — le dîner de saint Matthieu le financier, qui fait les honneurs de son hôtel à Jésus et à ses apôtres, dîner copieux et fin, où l’on ne s’assoit qu’après avoir dit tout haut le bénédicité, où les gais propos n’en circulent pas moins à la ronde, où l’un des apôtres loue la chère, et l’autre le vin ; — pendant ce temps-là, les murmures des Juifs et des Pharisiens dans la rue et à la porte ; — puis les noces de Cana chez Architriclin, espèce de traiteur en vogue, faisant noces et festins, une vraie noce du xve siècle ; — oh ! […] Le beau semble appartenir plus exclusivement à l’Antiquité : l’intérêt, la curiosité, l’expression fidèle et variée de tout ce qui se fait et de tout ce qui se passe sous nos yeux, sans aucune préoccupation de l’idéal, sont des parties plus volontiers réservées aux modernes : « Le vrai est ce qu’il peut, », semble être le plus souvent leur devise. […] Les questions, les répliques s’entre-croisent ; c’est un vrai dialogue et sur le sujet le plus sensible, le plus émouvant, le plus tendre au cœur des chrétiens. […] Guessard et de Certain qu’il n’y a rien de tel, pour honorer le miracle de la patriotique jeune fille, que le vrai tout simple, et ce qui permet d’en approcher le plus, le Journal de ses actions et les pièces mêmes de son procès. […] Quicherat, le collecteur définitif de tout le dossier restant, et le greffier le plus fidèle de tous les actes et témoignages. — Et quant au vieux Mystère, qui n’est guère qu’une chronique, il est bien prolixe ; mais il a du naturel, et, en plus d’un endroit, il a sa couleur vraie et qu’on sent voisine du temps.
On pourrait croire que les raffinements de cruauté qui s’y exercèrent l’ont tenté, et qu’il y a vu une suite de scènes appétissantes pour un pinceau que la réalité, quelle qu’elle soit, attire, mais qui, tout en cherchant, en poursuivant partout le vrai, paraît l’aimer surtout et le choyer s’il le rencontre affreux et dur. […] A vrai dire, on ne s’intéresse plus guère à l’antique Carthage que par deux choses diversement immortelles, l’une vraie et l’autre mensongère : Hannibal et Didon ; celle-ci, la création la plus touchante que nous ait laissée la poésie des Anciens ; celui-là, à cause des obstacles de toute nature qu’il rencontrait sur sa route glorieuse et du génie qu’il mit à les vaincre, offrant « le plus beau spectacle que nous ait fourni l’Antiquité » : c’est encore Montesquieu qui dit cela. A part ces deux grands noms, des plus beaux, il est vrai, et des plus présents entre tous ceux de la poésie et de l’histoire, on sait très-peu et l’on s’inquiète peu aussi de Carthage et de son intérieur. […] en nous développant et en nous peignant à plaisir des personnages et des mœurs si étranges, si semblables de tout point à des monstruosités, à force de s’y enfermer et d’y vivre, il croira n’être que vrai, réel, et ne faire que reproduire une image exacte ou équivalente de ce qui se passait ou qui existait en effet. […] A la manière dont il appuie sur chaque détail, sur chaque point environnant, il semble n’avoir pas voulu faire un poème, mais plutôt un tableau vrai, réel.
Il n’est pas vrai, malheureusement, qu’on ne soit jamais entraîné que par les qualités qui promettent une ressemblance certaine entre les caractères et les sentiments : l’attrait d’une figure séduisante, cette espèce d’avantage qui permet à l’imagination de supposer à tous les traits qui la captivent, l’expression qu’elle souhaite, agit fortement sur un attachement, qui ne peut se passer d’enthousiasme ; la grâce des manières, de l’esprit, de la parole, la grâce, enfin, comme plus indéfinissable que tout autre charme, inspire ce sentiment qui, d’abord, ne se rendant pas compte de lui-même, naît souvent de ce qu’il ne peut s’expliquer. […] Il est vrai, l’amour qu’elles inspirent donne aux femmes un moment de pouvoir absolu, mais c’est dans l’ensemble de la vie, dans le cours même d’un sentiment, que leur destinée déplorable reprend son inévitable empire. […] L’amour est l’histoire de la vie des femmes, c’est une épisode dans celle des hommes ; réputation, honneur, estime, tout dépend de la conduite qu’à cet égard les femmes ont tenue, tandis que les lois de la moralité même, selon l’opinion d’un monde injuste, semblent suspendues dans les rapports des hommes avec les femmes ; ils peuvent passer pour bons, et leur avoir causé la plus affreuse douleur, que la puissance humaine puisse produire dans une autre âme ; ils peuvent passer pour vrais, et les avoir trompées : enfin, ils peuvent avoir reçu d’une femme les services, les marques de dévouement qui lieraient ensemble deux amis, deux compagnons d’armes, qui déshonoreraient l’un des deux s’il se montrait capable de les oublier ; ils peuvent les avoir reçus d’une femme, et se dégager de tout, en attribuant tout à l’amour, comme si un sentiment, un don de plus, diminuait le prix des autres. […] Il n’est pas vrai du tout, que dans la moralité du cœur humain, un lien ne confirme pas un penchant ; il n’est pas vrai, qu’il n’existe pas plusieurs époques dans le cours d’un attachement, où la moralité ne resserre pas les nœuds qu’un écart de l’imagination pouvait relâcher ; les liens indissolubles s’opposent au libre attrait du cœur : mais un complet degré d’indépendance rend presque impossible une tendresse durable ; il faut des souvenirs pour ébranler le cœur, et il n’y a point de souvenirs profonds, si l’on ne croit pas aux droits du passé sur l’avenir, si quelque idée de reconnaissance n’est pas la base immuable du goût qui se renouvelle : il y a des intervalles dans tout ce qui appartient à l’imagination, et si la moralité ne les remplit pas, dans l’un de ces intervalles passagers, on se séparera pour toujours. […] Sans doute, celle qui a rencontré un homme dont l’énergie n’a point effacé la sensibilité ; un homme qui ne peut supporter la pensée du malheur d’un autre, et met l’honneur aussi dans la bonté ; un homme fidèle aux serments que l’opinion publique ne garantit pas, et qui a besoin de la constance pour jouir du vrai bonheur d’aimer ; celle qui serait l’unique amie d’un tel homme, pourrait triompher au sein de la félicité, de tous les systèmes de la raison.
Mais est-il bien vrai, dira-t-on, que les langues aient un caractère différent ? […] Sénèque, si excellent à citer et si fatigant à lire de suite, qui tourne sans cesse avec une rapidité brillante autour du même objet, différent en cela de Cicéron, qui avance toujours vers son but, mais avec lenteur ; Lucain, le Sénèque des poètes, si plein de beautés mâles et vraies, mais trop déclamateur, trop monotone, trop plein de maximes et trop dénué d’images ? […] Un tel homme pouvait-il se flatter de connaître les vraies beautés d’Homère, et Homère lui-même eût-il été flatté d’avoir un pareil admirateur ? […] Je me trouverais fort heureux, si celle-ci pouvait obtenir le suffrage du petit nombre de gens de lettres, qui, par une connaissance approfondie du génie des deux langues, de celui de Tacite et des vrais principes de l’art de traduire, sont capables d’apprécier mon travail ; à l’égard de ceux qui croiront seulement l’être, je n’ai rien à attendre ni à exiger d’eux. La seule grâce que je désire d’obtenir de ceux que je reconnais pour mes vrais juges, c’est de ne point se borner à relever mes fautes, mais de m’offrir en même temps le moyen de les corriger quand ils les auront aperçues.
Voilà la vraie méthode. […] Il trouve Falstaff vrai et bien tracé. […] Il est vrai que M. […] Le vrai n’est vrai qu’à la condition de s’appuyer sur la réalité. […] Au fond, c’est peut-être vrai.
Corneille & Racine ont sans doute puisé dans Sophocle & dans Euripide le goût des vraies beautés théatrales ; mais, quoique Disciples des Tragiques d’Athenes, ils ont néanmoins très-souvent égalé, & quelquefois surpassé leurs modeles, & le sont devenus à leur tour. […] Peut-être aussi le manque de talent est-il la vraie source de cette disette de bonnes Tragédies. […] Il est vrai que son Poëme des Passions n’est pas tout à fait dans le goût des Poésies du beau siecle d’Auguste.
Il est vrai que le jugement pur, sans mélange d’imagination et d’esprit, comme chez les bons Hollandais et chez les Allemands et les Suisses, produit des effets plus corrects et plus sages. […] Ce n’est pas qu’il n’ait par moments des velléités remarquables de grandeur et d’immortalité : Il est vrai que nous nous sentons une âme gigantesque et bien plus grande que notre corps. […] Du premier coup d’œil on les rejette, et, en les approfondissant, on voit qu’il n’y en a aucun qui ne soit sûr et fondé sur les principes les seuls vrais. » Telle est, à l’offrir sans déguisement, la véritable pensée du marquis d’Argenson. […] Si je pouvais citer un plus grand nombre de ses jugements, je ne les donnerais pas comme vrais, mais comme siens, et à ce titre presque toujours remarquables. […] Il le pouvait, il est vrai, mieux qu’un autre, écrivant à huis clos ; mais il fallait encore en avoir le goût et l’allure.
Sa couleur était vraie, et telle qu’elle se voyait naturellement aux objets représentés ; il savait ce qu’il faisait, il faisait ce qu’il avait sous les yeux : que lui demandait-on de plus ? […] Il le demande à Horace qui lui fait un coup de canon vrai, tel qu’il en avait vu. […] Cependant je serai vrai. […] Ça ne ressemblera à rien de ce qui a été peint, et ça ne sera que vrai. […] Il m’avait dit d’avance que Don Juan était sa seule musique, sa vraie musique de prédilection, notamment l’air du duel, et celui du commandeur, à la fin.
D’autre part, le brevet de pension était aussi arrivé à Victor Hugo vers l’époque où parut son premier volume d’Odes, et il avait attribué cette faveur royale à sa publication récente : il n’en sut que plus tard la vraie origine. […] Sa fièvre de royalisme passée, il est revenu à la liberté, mais à la liberté vraie, plénière et pratique, à celle que bien des libéraux n’ont jamais comprise, et que nous réclamons vainement encore. […] Ici point de contestation, de luttes comme plus tard, et de victoire arrachée, mais un concert de ravissement, des écharpes flottantes, une vraie fête de famille. […] Ces vrais poëtes gagnèrent aux réunions intimes dont ils étaient l’âme, d’avoir dès lors un public, faux public il est vrai, provisoire du moins, artificiel et par trop complaisant, mais délicat, sensible aux beautés, et frémissant aux moindres touches. L’autre public, le vrai, le définitif, et aussi le plus lent à émouvoir, se dégrossissait durant ce temps, et il en était encore aux quolibets avec nos poètes, ou, qui mieux est, à ne pas même les connaître de nom, que déjà ceux-ci avaient une gloire.
A côté de quelques vrais monuments, on produisait une foule d’ouvrages plus ou moins secondaires, surtout politiques, historiques. […] Mais, encore un coup, il n’y a rien là sur quoi l’on ait prise immédiate, et cela est si vrai que la société récemment fondée à l’occasion même du débat, la Société des Gens de Lettres, après avoir posé le principe général, a dé appliquer son activité vers des détails plus intérieurs. […] Si en traitant, par exemple, avec chaque membre de la Société, un éditeur se trouvait avoir affaire à une Société plus réellement propriétaire de ses œuvres à quelques égards que lui-même, ce serait un inconvénient, une entrave, une vraie servitude. […] Je ne puis m’ôter de la pensée que le spirituel académicien n’avait accepté cette charge que pour avoir occasion, avec ce bon goût qui ne l’abandonne jamais et avec ce courage d’esprit dont il a donné tant de preuves dans toutes les circonstances décisives, de rappeler et de maintenir devant cette démocratie littéraire les vrais principes de l’indépendance et du goût. […] Elle avait rallié des noms, des plumes célèbres, sans lien vrai ; elles les a compromises, décréditées plutôt en détail, sans en rien tirer de collectif ni de puissant.
Ampère est un des plus beaux exemples de la combinaison utile des deux vocations après une lutte laborieuse ; il en est sorti une seconde vocation composée, plus vraie, plus ferme et bien assise. […] Ampère sont justes, et combien elles établissent les vrais fonds du tableau qui se redéploiera plus tard à douze cents ans de distance. […] Ce qu’en partant communément de Louis XIV et en remontant aussi haut qu’on le pouvait, on proclamait çà et là, dans les divers genres, comme des points extrêmes et des limites littéraires, n’est plus, dans la vraie perspective où il se place, qu’une suite, un rameau plus ou moins renaissant des mêmes branches, un chaînon plus ou moins brillant d’une même loi. […] Une autre critique que j’indique seulement, sans prétendre y insister, est celle-ci : Toute méthode, même la plus naturelle et la plus vraie, n’est qu’une méthode, et elle a ses bornes. […] Mais, je le sens, ce ne sont là que des réflexions à garder tout bas, et qui, fussent-elles vraies, demeurent peu fécondes.
En ce genre Boileau a des sonorités qui sont de vraies trouvailles. […] Si c’était vrai, jamais Louis XIV n’aurait pu rendre plus mauvais service à Boileau : mais par malheur, celui-ci n’avait pas besoin de céder au goût du roi pour dévier de sa véritable voie. […] Il s’est échappé à dire que c’étaient là ses meilleurs vers, sans se douter que jamais il ne s’était plus écarté de son vrai génie. […] Cela n’est nulle part plus sensible que dans l’Épître à Seignelay, où sont semées ces maximes du réalisme classique : « Rien n’est beau que le vrai. La nature est vraie, et d’abord on la sent.
La vraie date de Mlle de Scudéry est à ce moment, à l’heure de la régence, aux beaux jours d’Anne d’Autriche, avant et après la Fronde, et sa gloire dura sans aucun échec jusqu’à ce que Boileau y vînt porter atteinte, en vrai trouble-fête qu’il était : « Ce Despréaux, disait Segrais, ne sait autre chose que parler de lui et critiquer les autres : pourquoi parler mal de Mlle de Scudéry comme il l’a fait ? […] Pour rendre à Mlle de Scudéry toute la justice qui lui est due, et pour lui assigner son vrai titre, on doit la considérer comme l’une des institutrices de la société, à ce moment, de formation et de transition. […] Ce qui est remarquable et réellement distingué dans les romans de Mlle de Scudéry, ce sont les conversations qui s’y tiennent, et pour lesquelles elle avait un talent singulier, une vraie vocation. […] Mais si quelque chose me prouve que Pellisson, malgré son élégance et sa pureté de diction, ne fut jamais un attique véritable et qu’il ignora toujours les vraies grâces, c’est précisément son goût déclaré pour une telle idole. […] Le fait est qu’une fois qu’on démasque les personnages persans ou scythes et qu’on rétablit les vrais noms à l’aide des clefs, comme M.
Il n’en comprend ni la profondeur, ni la portée, ni la vérité plus vraie que nature ! […] Il en parle ici et là, il est vrai, mais en passant et sans appuyer. […] comme s’il avait été vrai ! […] les vrais artistes, ne fussent-ils pas chrétiens, ne connaissent pas ce mot de presque et ils le laissent aux habiles, aux subtils, aux nuancés, qui ont peur de l’affirmation, de l’enthousiasme et de la vérité ! […] Amédée Thierry qu’avec les yeux d’une Académie des inscriptions, il est certain que l’ensemble de ces travaux est imposant et que l’aperçu n’y manque pas, à ses risques et périls, il est vrai, car ce n’est pas tout que de voir en histoire, il faut voir juste.
Il est vrai que, suivant certains statisticiens, l’excès même de la civilisation, et en particulier l’ambition de la démocratie serait une des causes de la diminution, récente ou imminente, de la population européenne. […] Mais, dira-t-on, si d’une façon générale, il est vrai que les populations les plus denses se concentrent, dans l’espace, à l’Occident, comme, dans le temps, à l’époque moderne, cette règle n’admet-elle pas d’éclatantes exceptions ? […] S’il est vrai que c’est la quantité, la complexité et la variété des contacts sociaux qui nous importent, quel compte ne devons-nous pas tenir de la multiplication des moyens de transport et de communication ! […] Il est vrai que le gouvernement direct du peuple par le peuple, dont on nous dit que les sociétés archaïques donnent quelques exemples, ne paraît guère possible dans une société volumineuse. […] Or s’il est vrai que la dissémination d’un grand nombre de sujets sur une aire très étendue facilite l’omnipotence tranquille d’un despote, n’est-il pas vrai que leur concentration dans les grandes villes la rend plus malaisée ?
Le vrai crime serait d’accabler les autres de ce mépris, et c’est évidemment sa pensée. […] il n’est que trop vrai, tout est trop court ! […] Il est vrai que cela ne lui réussit pas et qu’il fut brûlé comme un hérétique vulgaire. […] J’espère mourir dans l’ignorance du vrai nom de cet imbécile. […] Quels yeux de la terre seraient capables de contempler cette Cité des cœurs, où combattent d’un combat spirituel, sans repos ni trêve, la vraie vie et la vraie mort !
L’auteur de ce livre a le malheur de ne rien comprendre à tout cela ; il y cherche des choses et n’y voit que des mots ; il lui semble que ce qui est réellement beau et vrai est beau et vrai partout ; que ce qui est dramatique dans un roman sera dramatique sur la scène ; que ce qui est lyrique dans un couplet sera lyrique dans une strophe ; qu’enfin et toujours la seule distinction véritable dans les œuvres de l’esprit est celle du bon et du mauvais. […] Il existe certaines eaux qui, si vous y plongez une fleur, un fruit, un oiseau, ne vous les rendent, au bout de quelque temps, que revêtus d’une épaisse croûte de pierre, sous laquelle on devine encore, il est vrai, leur forme primitive, mais le parfum, la saveur, la vie, ont disparu. […] À entendre des écrivains qui se proclament classiques, celui-là s’écarte de la route du vrai et du beau qui ne suit pas servilement les vestiges que d’autres y ont imprimés avant lui.
La vraie cause, la seule, c’est le mal d’écrire. […] Flaubert est donc le vrai fils de Chateaubriand. […] Si l’un est plus général, l’autre en est-il moins vrai ? […] On a peint le vrai par un côté ; peignez-le par l’autre. […] Documentez ce qui se passe et, puisque vous voulez faire vrai, ne sortez pas de ce qui est vrai.
La réciproque était vraie. […] Un vrai souverain, c’est « un roi en son conseil ». […] Mais ce n’est pas là paradoxe dans le vrai sens du mot. […] Nommant les évêques, ils étaient les vrais chefs du clergé français. […] Cette contradiction est vraie.
Est-il vrai que la représentation du temps soit inhérente à toute représentation ? […] Il est vrai qu’en ce cas les objets semblent présents ou bien près de l’être ; mais est-ce un effet de l’intensité et de la clarté seules ? […] Quel sera le vrai révélateur du temps et de la succession ? […] Bergson veut faire de l’espace l’homogénéité absolue, et de la durée vraie une hétérogénéité absolue. […] Ce serait un chaos de représentations, un vrai rêve sans lien ; et c’est en effet au rêve que M.
Ils ne sont pas exposés au chagrin de se demander si c’est le vrai Pascal et le vrai Montaigne qu’ils ont tant lu et tant admiré ! […] Calemard de la Fayette les possède toutes deux, car il n’est pas, qu’on nous permette cette innocente plaisanterie, un agriculteur en chambre ; il connaît la campagne pour l’avoir cultivée : il a de vrais prés, de vraies vignes, de vraies fermes, de vrais bœufs. […] C’était un vrai cataclysme. […] Elle a de vraies larmes dans la voix. […] Tout y entre de ce qui est vrai.
Le vrai courage était de nommer M. […] Il est vrai que M. […] Je ne suis que le soldat le plus convaincu du vrai. […] Il suffit que cela soit vrai. […] Voilà la vérité, un drame vrai montre brusquement au grand jour le vrai mécanisme de la vie.
. — La Vraie Tentation de Saint-Antoine, contes de Noël (1879) — Au bon soleil (1881). — Paris ingénu (1883). — Vingt jours en Tunisie (1884). — La Chèvre d’or, roman (1889) […] On ajoutera, pour être vrai, qu’il avait, comme Jean des Figues, la main fine et l’âme fière, et l’on gravera une cigale sur son tombeau, de goût presque antique, afin d’exprimer qu’il était naturellement poète et qu’il aimait le soleil. […] Courteline, un vrai lettré aussi, me disait un jour, en me parlant des contes de Paul Arène : « C’est superbe et on ne voit pas comment c’est écrit. » Dans ses poésies non plus, c’est-à-dire dans une expansion plus intime encore de sa nature, — car c’est dans le rythme surtout que ce poète affirme, même inconsciemment, les sincérités de son âme, — on ne rencontre que lui-même.
Il est vrai qu’Homère est quelqu’un. […] D’abord, parce que c’est vrai. […] Il convient de rappeler la femme à ses vrais emplois, c’est-à-dire à ses vraies vertus. Il convient de lui montrer la famille, et la famille seule, comme son vrai domaine, son vrai empire, et, simplement, comme sa vraie place. […] Vrai proscripteur.
» — Mon Dieu, c’est vrai. […] Il vit dans le vrai et dans le possible, qui est un vrai plus général. […] Il est dans le vrai et dans l’extension du vrai. […] Je souhaite que ce soit vrai. […] Ils sont dans le vrai.
Au sens vrai du mot, le Christianisme est corrupteur. […] Tout vrai progrès fera de même. […] Cela est-il vrai ? […] La vie dangereuse est la vie vraie. Car, savez-vous ce que veut dire « vrai » ?
Je n’affecte en cela ni modestie, ni fierté ; je ne me propose que d’être vrai. […] L’action en paroît-elle moins vraie, et l’imagination s’avise-t-elle d’en être blessée ? […] La république des lettres demanderoit une pareille police ; et il est vrai qu’alors les critiques seroient d’une grande utilité. […] Il est vrai ; si le ciel eût écouté mes voeux, … etc. […] Il est vrai que chaque discours fait une magnifique suite de vers qui s’embellissent encore par la continuité.
Laquelle est la vraie, dites-moi ? […] Il est vrai ? partiellement vrai ? […] À dire vrai le public qu’elle nous lègue n’est plus exactement celui qu’elle a reçu. […] Car ici, quand il dit le vrai, ce vrai est vrai pour tout le monde ; quand il dit le faux, il en va de même ; et quand il dit le mal, et quand il dit le bien.
Car la poésie vraie, la poésie complète, est dans l’harmonie des contraires. […] Comme Dieu, le vrai poëte est présent partout à la fois dans son œuvre. […] Que pourraient donc perdre à entrer dans le vers la nature et le vrai ? […] Il fallait opter : ou la tragédie pateline, sournoise, fausse, et jouée, ou le drame insolemment vrai, et banni. […] C’est une cloche de cuivre qui appelle les populations au vrai temple et au vrai Dieu.
Je me hâte d’en sortir, car je vois d’ici les vrais témoins, les seuls qui ont vécu et qui savent, et ils sourient. […] Mme du Deffand et Mme du Châtelet se plaignent déjà des manières des hommes, et Mme de Lambert déclare qu’ils ont perdu le vrai ton. […] La flûte et ses sons les plus touchants ont des heures réglées, de vrais rendez-vous. […] La première donnée historique ici était vague ; on ne disait pas le règne, on ne désignait qu’en termes généraux le ministre : pourtant Mme de Rémusat, en y insistant, parvint à imprimer à ses tableaux une couleur fidèle, à reproduire de vrais Espagnols, une vraie cour, de vrais moines : il y a un père jésuite qui agit et parle merveilleusement. […] Il est vrai qu’elle nous était faite avec cette gravité sévère dont le roi ne sait point se départir.
Nous voyons les personnages plus au vrai, les voyant, pour ainsi dire, chez eux. […] Ce que l’esprit humain tient pour vraisemblable, ce que le cœur humain tient pour vrai, voilà l’histoire. […] Il est vrai qu’il y a beaucoup de bon dans les deux choses auxquelles il compare ses pièces. […] Seulement, chez ces deux grands poètes, les caractères restent vrais, en dépit de l’anachronisme. […] Il en est un autre pourtant qui lui parle plus intimement : c’est le vrai des sentiments tendres.
Fondements du vrai. […] Qu’on y réfléchisse, on trouvera que le vrai poétique est vrai métaphysiquement, et que le vrai physique, qui n’y serait pas conforme, devrait passer pour faux. […] Cette origine des sociétés sera prouvée par le fait ; mais quand elle ne serait qu’une hypothèse, elle est si simple et si naturelle, tant de phénomènes politiques s’y rapportent d’eux-mêmes, comme à leur cause, qu’il faudrait encore l’admettre comme vraie. […] Dans les lois, le vrai est une lumière certaine dont nous éclaire la raison naturelle. […] La seule doctrine de Platon nous présente le juste dans son unité ; ce philosophe pense qu’on doit suivre comme la règle du vrai ce qui semble un, ou le même à tous les hommes.
Il avait pour ce commencement de roman un exemple précis, m’assure-t-on, dans quelqu’un de sa connaissance, et, tant qu’il s’y est tenu d’assez près, il a pu paraître vrai. […] Le tableau des partis et des cabales du temps, que l’auteur a voulu peindre, manque aussi de cette suite et de cette modération dans le développement qui peuvent seules donner idée d’un vrai tableau de mœurs. […] Le début est plein de grâce et d’un vrai charme. […] Il y a un moment où Fabrice tue quelqu’un, en effet ; il est vrai que, cette fois, c’est à son corps défendant. […] Toutes les fois que Beyle a eu une idée, il a donc pris un morceau de papier, et il a écrit, sans s’inquiéter du qu’en dira-t-on, et sans jamais mendier d’éloges : un vrai galant homme en cela.
Car, quoiqu’il fût très fier de sentiments et de langage, Charles-Quint, outre qu’il aimait « la vérité dans sa simplicité », avait cela du vrai politique de ne point pousser les choses à l’extrême et de ne pas substituer avant tout l’orgueil à l’intérêt. […] Mais il n’est pas moins vrai qu’il était bien plus encore un politique qu’un homme de combat. […] Mignet a mis dans tout son jour ce singulier personnage combiné, vrai Janus, cette bizarre et haute figure de cloître à la fois et d’histoire. […] Voilà la vraie nuance. […] Cela fut surtout vrai lorsque le roi lui eut envoyé, et à plus d’une reprise, son favori Ruy Gomez, en faisant appel à son conseil, et même à son aide, le cas échéant.
Les choses prises sur le vrai, dans le vif, voilà son champ et son horizon ; l’art au premier degré et de premier jet, ce fut le sien. […] Le soldat est plus vrai que la bergère et le paysan. — 1818. […] Mais certes il n’est pas indifférent d’avoir le sentiment vrai de l’un sur l’autre, et je ne crois pouvoir mieux faire, puisqu’il s’agit de saisir en courant la première manière d’Horace, que de donner le premier et instinctif jugement de M. […] Ce portrait qu’il revit à Versailles à une dernière visite, un peu avant sa mort, lui procura une vraie satisfaction d’artiste. […] il sait très-bien s’enfermer pour écrire ses lettres, et c’est quand il y a du monde qu’il met ses enveloppes. » Voilà le vrai, et qui a aussi son piquant.
Aujourd’hui, la Société des bibliophiles, considérant qu’il n’y avait jusqu’à présent aucune édition exacte des contes et nouvelles de cette princesse, que dès l’origine les premiers éditeurs en avaient usé avec le royal auteur très librement, et qu’on ne savait où trouver le vrai texte de ce curieux ouvrage beaucoup plus célébré que lu, a pris à tâche de remplir cette lacune littéraire : elle a chargé un de ses membres les plus consciencieux, M. […] Telle était alors la douleur vraie de la France pour la perte de son roi. […] Il est très vrai que Marguerite, ouverte à tous les sentiments littéraires et généreux de son temps, se comporta comme une personne qui, aux abords de 89, aurait favorisé de toutes ses forces la liberté, sans vouloir ni prévoir la Révolution. […] Car il est bien entendu qu’on ne dira que des histoires vraies et non inventées à plaisir : on se contentera, quand il le faudra, de déguiser les noms des pays et des gens. […] La plupart des histoires, en tant que vraies, vont sans aucun art, sans composition, sans dénouement.
Wolf alla jusqu’à définir le plaisir la connaissance intuitive d’une perfection quelconque, vraie ou imaginaire, — oubliant que nous jugeons la perfection et l’harmonie d’après ce que nous sentons, au lieu de sentir d’après ce que nous jugeons. […] En résumé, voici quel est, selon nous, le vrai rapport du plaisir et de la peine avec l’intelligence. […] Si donc la perception ne précède pas le sentiment, il n’en est pas moins vrai qu’elle le suit immédiatement ou plutôt l’accompagne. […] L’expérience nous abandonne, il est vrai, quand nous voulons descendre trop bas dans la série des êtres ; nous ne pouvons donc raisonner que par induction psychologique et métaphysique. […] Là se cache la vraie et radicale origine de l’activité, du plaisir ou de la douleur, enfin de la pensée.
Une invention de lettré, l’alexandrin de Bernay, s’est produite au xve siècle ; elle a été modifiée, chemin faisant, plusieurs fois à en être méconnaissable ; on ne l’a pas allongée, c’est vrai, mais, à part cela, sa forme primitive a tout subi. […] Ceci est vrai pour l’évolution de tous les arts en tous les temps. […] Dans les vers précités, l’unité vraie n’est pas le nombre conventionnel du vers, mais un arrêt simultané du sens et du rythme sur toute fraction organique du vers et de la pensée. […] Il est vrai que Banville possédait une façon féerique et charmante de dire les choses, qui enlève de la rigueur à ses axiomes, surtout quand il les formule si net et si court ; quand il est certain d’avoir enclos une loi scientifique dans la brièveté d’un verset de décalogue, c’est le plus souvent un trait heureux qu’il nous a donné. […] Je veux bien que l’auditeur bercé par un grand discours en vers, surtout déclamé au théâtre par des gens qui disent mal, se raccroche aux rimes, pour distinguer si l’on entend des vers ou de la prose, et c’est vrai pour le vers pseudo-classique.
Le mal, le bien, le vrai, le faux, les découvertes, les erreurs, tout vient chez lui de la même source, et dans l’homme que nous avons décrit, on pouvait prévoir le philosophe que nous décrivons. […] — Rien de plus vrai. […] Supposez, par exemple, que80 la perception extérieure soit une hallucination vraie. […] Au second instant, ayant ouvert l’estomac, il remarquait que la digestion est une dissolution des aliments ; au second instant, décomposant la perception, vous avez remarqué que la perception est une hallucination vraie. […] Mais tous deux vous avez obtenu de vraies découvertes, et tous deux vous avez suivi la vraie méthode.
L’exemple d’Octave me semble donc un cas particulier qui ne fait pas loi, et ce qu’il a de plus général dans la dernière partie ne se rattache pas à ce qu’Octave a été libertin, mais à ce qu’il est homme, impatient, excessif, se lassant vite, triste et ennuyé dans le plaisir, habile à exprimer l’amertume du sein des délices : or, cela était vrai du temps de Lucrèce, du temps d’Hippocrate77, comme du temps d’Adolphe et du nôtre. […] Ces pages sont vraies en ce sens qu’elles rendent des scènes qui ont pu se passer entre deux personnages pareils78, et qu’elles trahissent la confusion des pensées qui ont pu s’agiter dans leur cerveau ; mais l’art qui choisit, qui dispose, qui cherche un sommet et un fondement à ce qu’il retrace, avait-il affaire de s’engager dans cette région variable d’accidents et de caprices, où rien n’aboutit ? […] L’auteur en commençant, et n’étant pas encore sûr de son effet, a voulu faire, on le sent, un déploiement inaccoutumé ; plus tard, à mesure qu’il avançait, sentant que les vraies beautés ne lui manquaient pas, il a osé être simple. […] Une expérience secrète qu’on ménage, qu’on dissimule parfois, est plus profonde et plus vraie encore : quand elle s’échappe à distance, par moments, elle impose davantage, et elle se fait croire. […] Il ne reste plus à présent, pour démêler le vrai dans ce conflit de récits passionnés et même envenimés, qu’à attendre la publication des lettres écrites par les deux acteurs en jeu, lettres contemporaines des événements, et dont quelques-unes au moins ont été conservées soit par la personne survivante intéressée, soit par des tiers.
L’avenir est dans ceux qui, embrassant sérieusement la vie, reviennent au fond éternel du vrai, c’est-à-dire à la nature humaine, prise dans son milieu et non dans ses raffinements extrêmes. […] Cela est malheureusement vrai ; il faut toutefois observer que, si ces systèmes devaient avoir réellement pour effet d’améliorer la position matérielle d’une portion notable de l’humanité, ce ne serait pas là un véritable reproche. […] La tendance des classes pauvres au bien-être est juste, légitime et sainte, puisque les classes pauvres n’arriveront à la vraie sainteté, qui est la perfection intellectuelle et morale, que par l’acquisition d’un certain degré de bien-être. […] Ignorant et inculte, il aspire aveuglément à l’idéal, par l’instinct sourd et puissant de la nature humaine, il est énergique et vrai comme toutes les grandes masses de consciences obscures. […] Les âmes religieuses et pures les comprennent ; et le philosophe les admire, comme toute manifestation énergique d’un besoin vrai, qui s’égare faute de critique et de rationalisme.
Le meilleur demeure en moi-même ; Mes vrais vers ne seront pas lus. […] On est arrivé ainsi à reléguer au rang des fables quantité de légendes qui ne peuvent plus trouver place dans le tissu serré des événements reconnus pour vrais ; puis, d’antiques mensonges une fois écartés, l’on s’est trouvé en présence d’un bon nombre de notions importantes. […] Ce ne sont plus maintenant des documents toujours destinés au public qu’il s’agit d’interpréter : ce sont des paroles échappées dans la causerie, des lettres intimes où la pensée se montre sous forme familière et parfois dans toute sa nudité ; ce sont des actes où se trahit la vraie nature de celui qui les commet. […] Il y a la plupart du temps dans un caractère une lutte de forces qui se résout, il est vrai, en harmonie par le triomphe de l’une d’elles ; mais l’équilibre est instable et ce n’est pas toujours la même qui remporte la victoire. […] L’œuvre recouvre son sens vrai, reprend sa portée réelle.
Nous nous élevions contre une Cabale qui se croyoit triomphante ; nous combattions les usurpations du mauvais goût ; nous réduisions à leur juste valeur des mérites équivoques ; nous vengions le vrai mérite des atteintes de l’ignorance & de l’envie ; nous déclarions, en un mot, la guerre à la Philosophie, à la fausse Littérature, à la vanité, à la prévention, à tous les préjugés dominans ; nous rappellions les esprits à la Religion, à la raison, aux vrais principes, à la justice, à la vérité. […] Il est vrai que si quelque chose étoit capable de flatter notre amour-propre & d’ajouter la bonté de notre cause, ce seroit la maniere dont on a attaqué nos jugemens, & les moyens employés pour les décrier. […] Il s’agissoit de prouver que les Trois Siecles, où l’on rend par-tout justice au vrai génie, où l’on tâche d’inspirer l’amour des regles, l’amour des devoirs, l’amour de la Patrie, l’amour de la Religion, devoit être soustrait aux mains des Lecteurs, pour y laisser de préférence l’Evangile du jour, le Bon Sens, le Systême de la Nature, le Systême Social, & tant d’autres systêmes qui ont déjà produit de si heureux effets parmi nous. […] N’est-ce pas-là ce qu’on peut appeler vraiment malignité, quand on a assez de réserve pour ne pas donner leur vrai nom à de semblables procédés ? […] Au lieu de cela, nous n’avons écouté que nos propres sentimens, consulté que les vrais intérêts de nos Concitoyens.
Le mot est sérieusement vrai en France, surtout à Paris. […] Mais, dans une vraie république comme la nôtre, où il y a tout simplement un ministère de l’Intérieur, je craindrais le relâchement. […] Cela est vrai de tous les publics, grands ou petits, même de ceux qui sont déjà un choix. Pour revenir au point tout particulier d’où je me suis éloigné, cela est vrai même des comités dramatiques. […] La vraie surveillance théâtrale, telle que je l’entends, devrait s’exercer comme de concert avec le public honnête, et l’avoir de moitié pour collaborateur.
Pour eux sans doute ils chercheront à la rendre plus juste et plus convaincante et plus vraie. […] Comme en outre il faisait vrai, on ne considéra que la vérité de son œuvre, et l’on s’efforça à sa suite, de faire vrai, mais autrement : chez ceux-là qui s’en réclamèrent, sa large compréhension devint mesquine exactitude, sa sûre intuition, douteuse expérience. […] Quand on aura fini d’en rire, un beau jour on s’apercevra que ce fut comme le réveil, un peu trouble sans doute, de l’éternel esprit classique qui accepte le vrai, mais exige le beau. […] « Romantique il fit vrai, formiste il fit profond, réaliste il fit beau. […] Il apparaît dès aujourd’hui le vrai classique, et dont le temps ne fait que commencer encore. » J’ai nommé Gustave Flaubert.
Avec un poème qui singe l’histoire, et un poème, c’est comme des chansons : Cela vaut mieux qu’un livre, et court tout l’univers, Voltaire, qui n’était ni protestant, ni royaliste, ni convaincu de rien ; Voltaire, une vraie âme de son temps, une âme de la Régence ! […] Quand les historiens qui auront parlé de la Ligue avant ou après lui (peu importe), mais comme lui, seront tous convaincus d’erreur, de mauvaise foi ou d’ignorance, quand leurs assertions, réduites à néant, sous le souffle d’une Critique puissante, ne feront plus nuée sur les faits, et ne cacheront plus le vrai des choses, l’influence de Voltaire déshonorée se retrouvera encore dans une foule de têtes, comme un tic incorrigible dont l’esprit français ne guérira pas, tant, cet esprit, il l’a détraqué ! […] Dès lors, toute attaque dirigée contre la religion catholique apportait dans les conditions d’existence de la société française une perturbation que le gouvernement ou la société si le gouvernement passait à l’ennemi, comme, par exemple, dans le cas de la royauté protestante d’Henri IV, avait le droit et le devoir de réprimer comme un attentat… » Très certainement, rien n’est plus vrai et d’une vérité plus élémentaire, mais rien aussi n’est d’une vérité plus impuissante sur la masse des esprits, qu’une telle affirmation, et cela en raison de sa clarté et de sa simplicité même. […] Son Histoire de la Ligue, vraie d’aperçu, mais faible d’aperçus, n’a point les qualités perçantes auxquelles est tenu, dans notre temps, tout livre d’histoire qui doit s’élever au-dessus des routines, porter la lumière en arrière et en avant des faits qu’il raconte, et avertir le législateur. […] … Mais, franchement, y a-t-il assez dans tout cela pour étoffer un vrai grand homme et piper l’histoire jusqu’à la dernière génération ?
… Le vrai a cela de bon qu’on le pressent avant que la preuve en soit faite, et nous désirons que ce pressentiment, inspiré par M. […] Mais, en attendant qu’il le dise, on ne saurait trop présumer d’un historien qui introduit dans l’Histoire un point de vue aussi puissant et aussi renversant que celui qu’il vient d’y ouvrir, et qui, s’il est vrai absolument et sans réplique, comme il doit l’être, bouleverse l’Histoire telle qu’elle est écrite et acceptée, et en change instantanément tous les aspects. […] Fustel de Coulanges, c’est le contraire qui est le vrai ! […] Il ne la formule pas, il est vrai, avec cette étreignante rigueur ; il s’y prend, lui, de plus longue main que moi. […] Il opposa le romanisme vrai du pouvoir absolu au romanisme faux de la Révolution française, dont l’esprit démocratique ne pouvait rien comprendre à la constitution romaine.
Elles sont curieuses, il est vrai, comme tout ce qui se rapporte à un homme de l’importance de Goethe ; mais elles ne nous ont inspiré aucun des enthousiasmes qu’elles excitèrent. […] … Non pourtant qu’il n’y ait une certaine sensibilité dans l’auteur du Werther et l’amant phraseur de Charlotte Buff, mais c’est la sensibilité littéraire, c’est la sensibilité de l’auteur, du poète, de l’avocat, du comédien, de l’artiste nerveux ; ce n’est pas la vraie, la profonde sensibilité du cœur. […] Il lui manquait une chose, — de peu, il est vrai, pour un dieu comme lui, — mais elle lui manquait. […] Ce qu’on a dit de Le Tourneur, que sa traduction de Shakespeare fut retraduite en Angleterre, va devenir vrai pour Paul de Saint-Victor, mais pour une raison meilleure et plus haute ; car les Femmes de Goethe ne sont pas, malgré leur titre, une traduction. C’est un livre original inspiré par un autre que l’auteur, ce qui paraît presque impossible, mais ce qui est… Le poète, le vrai poète ici est encore plus Saint-Victor que Goethe.
Une vraie critique philosophique, si elle avait voulu mériter l’honneur de son épithète, devait-elle, après avoir accumulé les négations, s’enfoncer et disparaître dans le néant qu’elle avait fait, et, sous peine de trop ressembler à tout ce qu’elle avait pulvérisé, n’était-elle pas tenue d’ajouter et d’affirmer quelque chose de plus ? […] Il est vrai qu’ils sont en Amérique, — ce qui diminue le mérite d’en avoir, — dans le pays qui pare sa jeunesse avec les oripeaux tombés de la tête branlante de la vieille Europe. […] Voltaire ricanait là-bas, auprès de sa goutte d’eau ; mais le monde roulait son train éternel sous le souffle de la croyance, et de la croyance dévoyée, de la croyance insensée, superstitieuse et bête, parce qu’elle était individuelle, parce qu’elle était sortie du vrai dogme et de l’Unité ! […] On ne le nommait pas partout par son vrai nom ; mais partout, du moins, il se sentait, et les esprits les plus matériels, les plus attachés aux angles des choses positives, portaient ses invisibles influences, comme on porte une température. […] En Angleterre, il n’y avait pas, il est vrai, d’associations comme en Allemagne, mais une vogue immense entourait William Law qui commentait ce vieux Boëhm, si cher aux imaginations des races germaniques.
Pour juger une littérature contemporaine, surtout quand c’est la française, il faut être là, observer les nuances, distinguer les rangs, dégager l’original de l’imitateur, séparer le délicat et le fin d’avec le déclamatoire, noter le rôle qui souvent se mêle vite à l’inspiration d’abord vraie ; il faut discerner cela non-seulement d’auteur à auteur, mais jusqu’au sein d’un même talent : de loin, il n’y a qu’à renoncer. […] Faites la police chez vous, Messieurs ; vous avez bien commencé par Byron, Shelley, par Godwin, par plusieurs de vos vrais poètes et de vos grands hommes, que votre pruderie a mis à l’index ; ce serait trop d’exigence à nous de nous plaindre. […] L’article en question est, dans son genre, une manière de grossièreté qui vaut (en fait d’offense au goût et à la vraie décence) tout ce qu’il impute à cette littérature un peu relâchée. […] Au reste, un seul ouvrage où un sentiment vrai, une situation touchante, une idée digne d’être méditée, apparaîtraient sous des formes qui auraient attrait et fraîcheur, servirait plus la cause du goût et de la morale délicate que toutes ces discussions et récriminations stériles que, pour cette raison, nous nous hâtons de clore. Ceci soit dit sans faire bon marché pour notre nation de cette faculté de vraie critique qu’elle a toujours possédée et dont elle n’est pas si dénuée aujourd’hui.
En littérature, comme en toute chose, il n’y a que le bon et le mauvais, le beau et le difforme, le vrai et le faux. […] La littérature nouvelle est vraie. […] Le goût, qui n’est autre chose que l’autorité en littérature, leur a enseigné que leurs ouvrages, vrais pour le fond, devaient être également vrais dans la forme ; sous ce rapport, ils ont fait faire un pas à la poésie. […] Certainement ce défaut a été bien funeste, puisqu’il a introduit en France je ne sais quel genre faux, qu’on a fort bien nommé le genre scholastique, genre qui est au classique ce que la superstition et le fanatisme sont à la religion, et qui ne contre-balance aujourd’hui le triomphe de la vraie poésie que par l’autorité respectable des illustres maîtres chez lesquels il trouve malheureusement des modèles.
Ce moment est faux ; il serait vrai, qu’il serait d’un mauvais choix. […] Il me semble que vous n’êtes pas trop à ce que vous lisez. — Il est vrai ; comme votre Baudouin ne m’intéresse aucunement, je revenais malgré moi sur Casanove. — Eh bien, Casanove ? […] — Il est vrai. […] C’est qu’il faut un goût plus original, un sentiment plus vif du vrai pour tirer parti de ces sortes de sujets. […] Je reviens sur mon premier jugement ; tout ceci bien peint, mais très-bien peint, n’est qu’un amas de contradictions, point de vérité, point de vrai goût.
Il est vrai que Picard et Collin d’Harleville passèrent aussi pour de grands poètes comiques, et n’ont plus aujourd’hui qu’un nom qui finira par sombrer aussi comme leurs œuvres. […] , porte, il est vrai, une préface en vers de 1852 ; mais nous n’acceptons pas plus pour ces Poésies complètes d’Augier que pour les Odes funambulesques dont nous parlions récemment, la fin de non-recevoir tirée de la longueur du temps qui s’est écoulé depuis qu’un livre a été produit, et que certaines personnes trop indulgentes invoquent au bénéfice de l’écrivain. […] dont l’amant se fait gladiateur et se trouve en face d’un inceste quand il s’agit d’épouser la femme qu’il aime… Mais cette histoire, qui aurait pu être dramatique et touchante, surtout à l’heure où le christianisme, sortant comme une aurore des Catacombes, commençait de jeter, avec ses premiers rayons, dans les âmes, les troubles d’une vertu et d’une pudeur inconnus à cet effroyable monde romain qui finissait, cette histoire n’est pour Bouilhet qu’un prétexte : son vrai but, c’est de nous décrire le luxe inouï et les derniers excès d’une société dont les vices sont restés l’idéal du crime, et qui tombe, ivre-morte du sang dont elle a nourri ses murènes, sous la table de Lucullus. […] Il n’a pas cessé d’être un vrai paysan, un vrai jaugeur de bière, écrivant, sous le coup de l’inspiration la plus désintéressée, ses admirables chansons de vieux ponts, de vieux diables et de vieux mendiants, pour les jeunes filles et les meuniers de sa patrie, et non pour les cercles choisis et savants de Londres et d’Edimbourg.
Cela est vrai tant qu’on n’a pas vu les hommes ; mais si on les a vus une fois de près, on est bien mieux de loin pour les juger, pour en parler sans superstition, et sans se faire l’écho de l’opinion. — Pour les jugements littéraires j’ai pensé dès longtemps qu’on ne les aurait tout à fait libres et indépendants sur les hommes de France, qu’en étant à la frontière, à Genève, à Bruxelles, — à Liége. » C'était aussi l’opinion de Voltaire et, avant lui, comme on va le voir, celle d’un esprit de la même famille, Bayle, l’illustre réfugié protestant du xviie siècle, avec lequel Sainte-Beuve avait tant d’affinité3. […] Juste Olivier4, et nous nous sommes donné le plaisir de dire pendant deux ou trois ans des choses justes et vraies sur le courant des productions et des faits littéraires. […] Il n’y a de critique vive et vraie qu’à ce prix. » 3. […] « Ce dernier trait, dit Sainte-Beuve, (tel que M. de Balzac l’emploie) peut être vrai d’un artiste sculpteur ou peintre qui, au lieu de se mettre à l’œuvre, passe son temps à disserter et à raisonner ; mais, dans l’ordre de la pensée, cette parole du romancier, qui revient souvent sous la plume de toute une école de jeunes littérateurs, est à la fois (je leur en demande bien pardon) une injustice et une erreur.
En parlant des morts, on est plus véridique par rapport à soi, je le veux bien ; on dit tout ce qu’on sait ; mais on sait moins, et ainsi l’on est souvent peut-être moins vrai par rapport à l’objet, que lorsque, sachant plus, on ne dit qu’avec le sous-entendu des amitiés et des convenances. […] Et c’est envers des contemporains connus de près qu’on peut s’acquitter avec le plus de certitude de cette justice de détail, qui n’est qu’un fond plus vrai donné au tableau littéraire d’un temps. […] Au milieu de tant de mesures glissantes que nous avions à garder, et de la séduction de l’art même, qui n’est pas le moindre écueil, le vrai est resté notre souci principal. […] Sans qu’au fond nos jugements du passé et nos prévisions de l’avenir se soient détournés ni déconcertés, l’expérience plus vraie que nous avons faite des choses, dans le sens même de nos convictions, nous a rendu plus tolérant pour tous.
Mais à la pauvreté hautaine, étalée et presque cynique de Jean-Jacques, à la délicatesse de haut goût et un peu aristocratique de M. de Custine, à cette longue demande d’indispensables millions et de liste civile littéraire par M. de Balzac, je ne veux opposer, comme vérité, tact et dignité, qu’une page d’un écrivain bien compétent : « En vous rappelant sans cesse, écrit quelque part M. de Sénancour, que les vrais biens sont très supérieurs à tout l’amusement offert par l’opulence même, sachez pourtant compter pour quelque chose cet argent qui tant de fois aussi procure ce que ne peut rejeter un homme sage. […] Pourquoi initier le public à ces misères que la fierté dérobe si elles sont vraies ? […] Quand ce seraient des personnages intéressants et vrais, je crois que les reproduite ainsi est une idée fausse et contraire au mystère qui s’attache toujours au roman. […] Elles sont du moins vraies en ce sens, que plus d’un, aujourd’hui, les rêve.
On n’a pas besoin de preuves et l’on brave la contradiction quand on affirme à priori : « On n’apprend pas à écrire ; le style est un don ; on a du talent ou on n’en a pas ; la vocation est tout, etc. » Au premier abord, rien n’est plus vrai. […] Cela reste vrai même avec notre enseignement, même pour travailler, même pour raturer, même pour s’assimiler et se former. […] Si l’auteur de l’Art d’écrire (cet art de s’aimer soi-même) avait eu quelque souci de logique vraie dans la disposition des parties de son livre, à coup sûr il eût commencé par l’un des derniers chapitres, celui qu’il intitule : « Comment on crée les images ». […] Il est vrai que j’ai conseillé, pour créer les images, de les « renouveler », de « pousser l’idée », de « l’exagérer exprès » et, par exemple, au lieu de : Ils criaient leur pénitence, d’écrire comme Bossuet : Ils rugissaient leur pénitence.
Enfin il y a la portée des vrais brouteurs de thym, la portée des artistes, comme George Sand, à laquelle il faut en ajouter une autre tardivement arrivée, tardivement aperçue, mais charmante, celle des philologues comme Renan, laquelle commence à dresser de si jolies oreilles en faisant sa cour à l’Aurore. […] On recommence à croire au testament d’Adam, qui est le vrai Contrat social du pouvoir, à la famille qui est le vrai Contrat social du père, des enfants, de la mère, et à l’ordre, qui est le vrai Contrat social des anciens de la famille, appelés en premier par la vocation, les études, le diplôme, et en second par le pouvoir, qui les fait officiers, évêques, magistrats !
Succès complet et vrai. […] C'est un vrai poëte qui se lève ; celui qui a fait ces cinq actes pourra bien des choses. L'antique modestie des matrones romaines admirablement peinte en vers simples, fidèles, une grande et vraie connaissance de l’Antiquité ; à tout moment d’heureuses réminiscences ou même des traductions, mais heureusement amenées à l’état de moyens dramatiques.
Paul Je ne cherche qu’à être vrai. […] Physiquement, il a l’air d’un robuste vigneron, grand chasseur et franc buveur, d’un vrai Bourguignon salé. […] Le vrai critique, qui a la critique dans le sang, ne peut pas faire l’éloge d’un sot livre. […] Les vraies vacances, c’est le changement. […] Ils manquaient au premier devoir des vrais artistes, qui consiste à être désintéressé.
A vrai dire, c’est l’arithmétique qui nous apprend à morceler indéfiniment les unités dont le nombre est fait. […] Il est vrai que ce mode de représentation paraît tout indiqué lorsqu’il s’agit de sensations dont la cause est évidemment située dans l’espace. […] Reste à savoir, il est vrai, si ce milieu est du temps ou de l’espace. […] La vraie durée a-t-elle le moindre rapport avec l’espace ? […] Au dedans de moi, un processus d’organisation ou de pénétration mutuelle des faits de conscience se poursuit, qui constitue la durée vraie.
Et alors les amis de Rousseau voudraient bien que ce ne fût pas vrai. […] Tant il est vrai que toutes les erreurs laïques correspondent à quelque forme d’hérésie ! […] Il distingue les faux savants ou philosophes et les vrais, et souhaite que les vrais dirigent les États : mais à quoi les reconnaîtra-t-on ? […] Il est vrai que Thérèse continuera à en recevoir, mais à l’insu de Jean-Jacques. […] Enfin, voici l’essentiel et, je crois, le vrai.
Il ne reste pas moins vrai, moins évident pour moi que Béranger a puisé dans Voltaire le goût de la clarté. […] Au moins, dans cette passion, il y a quelque chose de vrai. […] C’est là, si je ne me trompe, le vrai sens de la livrée endossée par Rousseau. […] Il n’y a plus pour lui ni types vrais, ni types monstrueux. […] Tout ce qu’il dit est souverainement vrai, par cela seul qu’il le dit.
Il est vrai que s’il le disait, ce serait dans son volapük. […] Il est vrai. […] René Ghil va à la sociologie, il est vrai, dit Gaston Dubedat. […] Exact, si vous y tenez, mais vrai, non pas. […] Il est vrai.
Il est vrai que ce sont paroles d’éditeurs. […] Telle est bien la vérité vraie. […] Pouvez-vous en faire usage et les mettre chacune à sa vraie place ? […] Il est vrai qu’il ne fait aucune difficulté de les désavouer. […] Mais il trahissait là pour nous le vrai, le seul motif de tant de patience.
Cela n’est vrai que d’une vérité simplifiée et lyrique. […] Oui, c’est vrai, M. […] Ce qui est vrai, c’est que, étudiant Napoléon, il l’a vu fort noir, parce qu’il voit tout ainsi. […] Ce qui est vrai encore, c’est qu’il lui est arrivé de tirer à lui les documents, de les présenter de la façon la plus favorable à sa thèse. […] Il est vrai que Mérimée était « un sceptique et un cynique ».
Or cela n’est vrai que pour l’homme. […] S’il est bien vrai que la science et la philosophie remplacent définitivement la religion chez un certain nombre d’esprits d’élite, n’est-ce point le cas d’en conclure que la religion est un état transitoire plutôt qu’un principe éternel ? […] Cette méthode les a menés à des conclusions curieuses, en partie vraies, en partie fausses et contradictoires au propre témoignage de la conscience. […] A l’égard de l’expérience, elle nous apprend, il est vrai, que tel fait est ordinairement accompagné de tel autre ; mais elle ne nous autorise pas à dire : tel fait est l’effet, le fruit de tel autre, et en résultera toujours. […] C’est juste le contraire qui est vrai.
— C’est vrai ! […] Le vrai poète n’est pas né métaphysicien. […] — C’est vrai, répondis-je. […] Les vices grossiers ont disparu devant la vraie civilisation. […] Était-ce vrai ?
Et il est vrai qu’on l’a tenté ; mais M. […] Mais, en essayant de faire ressemblant, on ne pouvait guère manquer d’être conduit à faire vrai. […] ou pour brûler ensemble « un morceau de la vraie Croix » ? […] et quelle pourrait, à elle toute seule, nous être un assez sur garant de la vraie pensée de Molière ? […] Car qu’y aurait-il de plus immoral que George Dandin, si ce n’en était pas là le vrai sens et la vraie leçon ?
Cela est vrai des individus comme des empires. […] Cela était vrai en politique, en littérature, en art, en tout. […] C’est le vrai moyen de comprendre tout ce qu’on juge, presque en homme du métier et sans les inconvénients du métier. […] L’érudition n’a point de prise sur ces évocations-là, et la fantaisie qui les crée se retrouve plus vraie que la science. […] La vraie supériorité, jointe à la finesse, survit à bien des renommées bruyantes.
Il est vrai que, ne pouvant s’en cacher les conséquences, il avait pris soin d’en déterminer et d’en borner l’usage dans la pratique. […] Combien ce principe n’est-il pas plus vrai encore de la religion que de la société ? […] La pensée générale en est excellente ; c’est partout le simple, le vrai, le naturel, que recommande Fénelon, et chacune de ses phrases en est comme un modèle. […] Cet idéal du vrai, du simple, du naturel, de l’aimable, qu’il a pris plaisir à y tracer, est l’image même de son génie. […] L’écrivain n’est pour Fénelon que l’honnête homme qui excelle à bien dire, et qui ne s’adresse, dans le lecteur, qu’à l’honnête homme cherchant le vrai pour s’y conformer.
Non, ceux qui n’en ont pas été témoins ne sauraient s’imaginer l’impression vraie, légitime, ineffaçable, que les contemporains ont reçue des premières Méditations de Lamartine, au moment où elles parurent en 1819. […] Les comparaisons avec le passage d’une journée aigre, variable et désagréable de mars à une tiède et chaude matinée de vrai printemps, ou encore d’un ciel gris, froid, où le bleu paraît à peine, à un vrai ciel pur, serein et tout éthéré du Midi, ne rendraient que faiblement l’effet poétique et moral de cette poésie si neuve sur les âmes qu’elle venait charmer et baigner de ses rayons.
Combien longtemps nous l’avions attendu, celui qui serait notre vrai génie lyrique, notre vrai génie épique ! […] sont-ils dans le vrai ? […] Seuls, les artistes, les vrais artistes demeurent. […] Et je voudrais que cela pût être vrai. […] Anatole France, ici, n’est point dans le vrai.
Ses exposés sont tout au plus de grands dessins tracés d’un crayon net et léger, avec le sentiment vrai des lignes, mais sans couleur. […] Thiers, dans son soin de ne pas aller à l’excès et de ne pas charger le tableau, est resté en deçà du vrai. […] J’ai sous les yeux des paroles vraies de Napoléon telles qu’elles ont été prononcées dans un entretien avec M. […] Qu’importe, si cela est vrai ? […] Cela est vrai des idées, cela est vrai même des événements et des faits en histoire.
La religion romancée de Mme de Genlis révoltait la religion positive et vraie de Mme de Créqui ; ses jugements littéraires, dictés par la prévention et arrangés selon le thème du moment, étonnaient le goût ferme et sain de la marquise, et ce système d’éducation tout échelonné en jeux et en plaisirs n’offensait pas moins sa solidité. […] Cela est vrai des deux derniers siècles, et depuis Mme Cornuel jusqu’à Mme de Créqui. […] Il est vrai que le moment d’après on riait de soi et des autres, et on ne s’en aimait que mieux. […] Rien n’est moins vrai. […] Tant il est vrai que les langages les plus purs courent des risques par le voisinage, et se ressentent toujours plus ou moins de l’air du dehors.
Cette panique, qui peut tenir à l’effroi des imaginations frappées autant qu’à la réalité même, cette espèce de bacchanale universelle de la nature physique, telle qu’à la rigueur elle peut paraître à des gens ivres et être vue à travers le vertige, est décrite avec une vraie verve d’orgie. […] Il fallait être un bien mauvais païen, un vrai fils de Lucien et comme qui dirait de Voltaire, pour chercher chicane à un conteur dévot, de si bon goût en fait de superstitions et si bien appris. […] Chez celui-ci, c’est un art raffiné qui simule le naïf : Amyot y a ajouté une vraie dose de naïf. […] Il y règne le jour le plus limpide ; on croit ne voir partout que des tableaux d’Herculanum, et ces tableaux ; réagissant à leur tour sur les pages du livre viennent on aide à notre imagination pour la lecture. » Que de chemin nous avons fait, que d’étapes et quel retour vers la vraie Grèce depuis Bayle et le docte évêque d’Avranches ! […] Revenant sur une comparaison dès longtemps instituée et toujours ouverte entre cette ancienne idylle et Paul et Virginie, il a maintenu le premier ouvrage, vrai, naturel, immortel, non pas du tout inférieur, même en présence du second.
C’est peut-être parce que Verlaine avait souffert réellement, qu’il intéressa moins : l’imagination des gens ordonnés et aisés, qui ont le moyen de s’installer en une loge d’Opéra-Comique ou une baignoire de Comédie-Française pour voir grelotter des poètes pauvres, se satisfait beaucoup plus de ces douleurs théâtrales que de la peu intéressante vérité des iniquités de la vraie vie. […] Vous essaierez vainement de leur expliquer qu’ils viennent de voir des pantins, des caricatures d’artistes, de faux créateurs, le rebut de l’art vrai, toute la troupe prétentieuse et attristante dont les producteurs sérieux subissent la promiscuité et la camaraderie dans les premières années. […] Presque tous les vrais artistes ont été pauvres au début de leur carrière ; mais ils se sont toujours arrangés pour travailler, payer leurs couleurs ou leur marbre avec l’argent que Marcel dépense chez Momus, et ils ont toujours considéré cette pauvreté comme un état transitoire d’où il fallait sortir à force de labeur, et qui avait cette belle conséquence morale de leur faire comprendre les dessous navrants de la mêlée humaine et d’éprouver la solidité de leur conviction et de leur talent. […] Il le compromet aux yeux du public, pastiche ses œuvres, bénéficie de son honneur et profite, pour lui imposer ce rebutant compagnonnage, de l’indulgence et de la pitié mêlées d’une certaine faiblesse qui entraînent souvent l’artiste vrai à se laisser « rouler » dans la vie tout en s’en apercevant. […] Il n’aurait qu’une attention de quelques instants à soutenir pour s’assimiler à fond cet art superficiel, mais pratique, de la tenue dans la vie, offrir une surface polie et impénétrable aux bêtes curieuses qui guetteraient ses défauts ou ses faiblesses secrètes, murer sa pensée derrière la courtoisie, et apparaître strict, armé, indémontable, aux yeux des « mondains » ébahis de sa vraie aristocratie.
Il est un point de vue pourtant, si un tel mot est permis en présence d’une figure si simple et si vraie, et la plus étrangère à toute attitude solennelle, il est un point de vue qui sera particulièrement le nôtre. […] C’est que, pour elle qui avait pleuré de vraies larmes comme elle ne cessa d’en pleurer, ç’aurait été en effet un mensonge. […] Elle était franche et vraie ; elle était même un peu rude et brusque d’accueil, comme son père. […] Mme d’Angoulême eut-elle jamais un vrai jour de bonheur depuis sa sortie du Temple ? […] Elle avait le soin de le laisser toujours en avant sur le premier plan : délicatesse d’autant plus vraie qu’on ne sait même si elle en a eu conscience.
… » Le contraire ne serait-il pas aussi vrai ? […] L’opinion des péripatéticiens sur l’utilité des passions est-elle vraie ? […] Mais le rôle de Stilpon était-il vrai ? […] La vraie grandeur ne consiste-t-elle pas à faire le bien, même en s’exposant à l’ignominie ? […] … Il est vrai que de cette nation il devait en excepter le clergé.
Il ne s’amuse pas aux menues querelles d’à côté, nigaudes, piétinantes, qui laissent la vraie question intacte. […] Il est ce que la raison peut comprendre, contrôler, construire, déclarer vrai ou faux dans une phrase donnée ou dans un système de phrases. […] La poésie est la sœur germaine de l’humour ; dans tout vrai poète, un mystificateur sommeille. […] Cependant ce qui est vrai de la poésie, considérée par un effort d’observation, dans sa pure essence, n’est plus également vrai de l’œuvre infiniment complexe où cette poésie se trouve réalisée. […] Nombre de vrais poètes parlent néanmoins, ou bégaient, comme nombre de mystiques.
Aussi le pauvre Racine n’eut-il qu’une fois peut-être un élan vers la vraie nature. […] Villemain prétend que ce livre n’exprimait pas la vraie croyance de Diderot. […] Il a compris son devoir en vrai chevalier français. […] Il y faudrait des situations vraies et des caractères vrais, réels même, se groupant autour d’un type destiné à résumer le sentiment ou l’idée principale du livre. […] Mais où sont les vrais amants de la beauté ?
» Il est vrai que je venais d’entendre les Plaideurs. […] Le vrai sens me paraît être celui qu’adopte M. […] Drame-âme, voilà, n’est-il pas vrai ? […] Je ne sais pas si c’est tout à fait vrai de la révolution politique de 1789 ; mais c’est plus que vrai de la révolution littéraire de 1829. […] » C’était peut-être vrai ; c’était peut-être faux.
Il ne tut rien de ce qui pouvait être utile à dire à cette époque et rester vrai après la querelle ; il laissa aux hommes passionnés ces affirmations hardies qui allaient être soutenues et repoussées par le fer et le feu. […] Il est vrai qu’il y a telles pensées populaires, telles vérités proverbiales, qui, exprimées en perfection dès la première fois ne peuvent pas être remaniées et remises pour ainsi dire au creuset. […] Oui, s’il est vrai qu’il ait eu, dans les lettres, le don du génie, qui est d’exprimer des vérités générales dans un langage définitif ; oui, si l’on ne veut voir dans son ouvrage que ces créations qui sont des vérités générales sous la forme de personnages qui vivent, et qui ont un nom immortel parmi les hommes. […] Mais il est une explication plus naturelle, et par conséquent plus vraie. […] Cela était vrai de l’Arioste, contemporain de Rabelais, si gai dans son poëme si plaisant dans ses satires.
Bon, tu es mauvais ; vrai, tu parles faux ; pur, tu rauques en conduite. […] Chez moi, il est vrai ! […] Non, nous sommes en pleine fête, en fête vraie, dame ! […] Il est vrai que c’est celle de Milton. […] C’est vrai !
Les vrais maîtres du xviiie siècle sont donc ceux qui lui ont appris à détruire le système du christianisme. […] Il fallait aussi, pour mettre de la suite dans l’attaque, et pour gagner l’esprit du peuple, un amour scientifique du vrai, un enthousiaste dévouement à la raison, qui faisait défaut à ces mondains blasés. […] Mais Fontenelle trouva sa vraie voie lorsqu’il composa ses Entretiens sur la pluralité des Mondes (1686), puis lorsque, ayant été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences (1697), il écrivit l’Histoire de l’Académie et les Éloges des Académiciens : il entra alors tout à fait dans son rôle, qui était d’être le maître de philosophie des gens du monde, d’introduire la science dans la conversation des femmes. […] Il devait dire : pour ce qui est vrai ; mais il était si peu artiste, qu’il ne concevait pas d’autre beauté que celle d’une pensée fine ou d’une démonstration élégamment conduite. […] On recueille dans l’ouvrage, çà et là, négligemment jetés, certains mots sur Platon inventeur de dogmes, exposant l’idée de la Trinité, et d’autres pareils, qui achèvent de nous faire saisir la vraie pensée de Fontenelle.
Nonobstant l’anathème des docteurs, il est vrai, quelques Juifs avaient déjà embrassé la culture hellénique. […] Par sa pauvreté humblement supportée, par la douceur de son caractère, par l’opposition qu’il faisait aux hypocrites et aux prêtres, Hillel fut le vrai maître de Jésus 136, s’il est permis de parler de maître, quand il s’agit d’une si haute originalité. […] Mais la vraie poésie de la Bible, qui échappait aux puérils exégètes de Jérusalem, se révélait pleinement à son beau génie. […] Son auteur, vrai créateur de la philosophie de l’histoire, avait pour la première fois osé ne voir dans le mouvement du monde et la succession des empires qu’une fonction subordonnée aux destinées du peuple juif. […] » Bientôt, dans sa hardie révolte contre la nature, il devait aller plus loin encore, et nous le verrons foulant aux pieds tout ce qui est de l’homme, le sang, l’amour, la patrie, ne garder d’âme et de cœur que pour l’idée qui se présentait à lui comme la forme absolue du bien et du vrai.
Cela est trivial à force d’être vrai. […] L’arrivée de Perrin Dandin lui donne un air plus vrai que celui de la justice, qui est un personnage allégorique. […] C’était deux vrais tartuffes, etc…. […] Tant il est vrai qu’il faut changer de stratagème. […] Les deux animaux qui sont les acteurs de la pièce, y sont peints dans leur vrai caractère.
Dès lors, les idées et états psychiques pourront redevenir des conditions de changement interne, de vrais moteurs du développement humain, des pulsations de la vie et des tendances de la volonté. […] L’ordre des vrais faits de conscience constitutifs du processus psychique — sensation, émotion, réaction — n’apparaît nullement comme arbitraire, ni comme un fait brut sans aucune explication. […] Le vrai darwinisme n’est pas une doctrine exclusivement mécaniste : son ressort même est la sensation et le vouloir-vivre. […] La vraie question est donc celle-ci : — Quand nous sentons, est-il nécessaire de changer notre sensation en objet de représentation, de se mettre en dehors et de la contempler objectivement ? […] Cela est si vrai que chaque cellule agit comme un animal élémentaire, faisant partie d’une société ou colonie de cellules.
Ce goût philologique qu’il avait développé et aiguisé dans la lecture des anciens, Leopardi le portait aussi dans l’étude et l’usage de sa propre langue ; il revenait à Dante et aux vrais maîtres d’avant la Crusca. […] Reposez au sein de votre affliction sans mesure, ô les vrais fils de celle dont le suprême malheur ne voit que le vôtre seul capable de l’égaler ! […] Le vrai à peine touché t’interdit à nous, ô imagination chérie ; notre esprit se retire de toi pour toujours ; les années viennent nous soustraire à ton premier pouvoir si plein de prodiges, et la consolation de nos chagrins périt. […] La langue italienne a cela de particulier, d’avoir offert, depuis cinq siècles, plusieurs moments vrais de renaissance ; elle le doit à ce qu’à ses débuts elle eut le bonheur de compter des chefs-d’œuvre. […] je ne sais trop ; mais telle est, en effet, D’amour puissant et vrai la marque et le bienfait.
De là pour les vraies supériorités humaines, poétiques, philosophiques, politiques et religieuses, cet acharnement de leurs ennemis qui ne pardonnent qu’à la mort. […] N’est-ce pas là un vrai trait de tragédie ? […] Vous dites, il est vrai : Des événements décisifs sont venus nous donner le signal. […] … Elles invoquent, il est vrai, les éloquents appels des souverains de ce pays et de l’étranger ; oui, oui, je sais : « un cheval, un cheval, un royaume pour un cheval ! […] Cette entrevue flatteuse caresse et enivre le poète ; son impartiale philosophie cède quelque chose à l’enthousiasme vrai ou politique pour le conquérant, protecteur de son prince et de son pays.
Il est vrai que celui-là qu’il suit est Shakespeare ! […] Il y a cette nourrice de Juliette, la sœur des Joyeuses Commères de Windsor, vraie comme l’Antique dans Homère, comique comme le Moderne dans Rabelais, et qui montre comment les grands poètes de l’idéal, quand ils s’en mêlent, entendent la réalité ! […] Eh bien, encore cela, je ne l’accepte pas pour le compte du vrai et du vieux Shakespeare ! […] En d’autres termes, moins poétiques et tout aussi vrais, ils ont cherché des midi à quatorze heures, infinis et superbes, pour expliquer dans le grand poète ce qui n’avait pas besoin d’explication. […] C’est humainement vrai et superbe !
Depuis nous continuons à être sur le ton de l’amitié et de la cordialité ; à dire vrai, je crois qu’elle n’est, pas plus sincère d’un côté que de l’autre ; plus je les vois, et plus je suis convaincue que si j’avais à choisir un mari entre les trois, je préférerais encore celui que le Ciel m’a donné. Son caractère est vrai, et quoiqu’il est gauche, il a toutes les attentions et complaisances possibles pour moi. (15 décembre 1775.) » Gauche et empêché, c’était, je le répète, le seul défaut de Louis XVI vis-à-vis de cette jeune princesse : il avait d’ailleurs toutes les bonnes intentions et toutes les vertus, excepté cette force qui est l’essence de la vertu même. […] Les sermons de Marie-Thérèse à sa fille, comme elle-même les appelle, renferment donc bien du vrai et dénotent beaucoup de prévoyance. […] Marie-Antoinette est la première à le sentir : « Il est bien vrai que les éloges et l’admiration pour le roi ont retenti partout ; il le mérite bien par la droiture de son âme et l’envie qu’il a de bien faire ; mais je suis inquiète de cet enthousiasme français pour la suite. […] C’est le monde ; cela arrive à nous tous, plus tard ou plus tôt ; mais il faut donc se tenir dans une assiette telle que cela ne puisse arriver par notre faute. (30 novembre 1774.) » Parole sage et vraie pour tous ceux qui sont acteurs, à quelque degré, sur ce vaste théâtre où chacun joue son rôle, grand ou petit, et doit avoir à cœur de le jouer de son mieux !
Nous dirons seulement qu’il était vrai, et que le lecteur ne voit la bête que lorsqu’elle est nommée par son nom. […] Il est vrai qu’il peignait des animaux, et qu’on excusait des expressions vulgaires appliquées à des objets vulgaires. […] Un vrai peintre ne néglige aucune couleur, parce qu’il y a tel détail qui ne peut être rendu que par une seule teinte. […] Il a aimé le rythme vrai, comme tout à l’heure le style vrai ; il a été artiste jusqu’au fond, dans la versification, comme dans le dictionnaire ; il n’a songé qu’à rendre son idée sensible, et il a eu raison, car c’est la meilleure moitié de l’art. […] Elle est vraie pourtant.
Il est très vrai qu’il a aimé Montaigne, il est très vrai qu’il l’a plagié. […] Voici que décidément tout le technique de la théologie reste dehors. « Monsieur de Genève » Il fut aussi le vrai restaurateur de l’éloquence de la chaire. Il en avait trouvé le vrai principe : « parler affectionnément et dévotement, simplement et candidement, et avec confiance ». […] J’ai vécu sans nul pensement, Me laissant aller doucement A la bonne loi naturelle, disait-il de lui même, et cela est vrai de ses vers comme de sa vie. […] A vrai dire, il n’est pas moraliste, mais peintre, voilà sa vraie vocation et son réel talent.
Thiers a raconté, discuté et rendu sensible toute cette affaire de Baylen, de manière à ne laisser aucun doute sur les vraies causes, à attribuer à chacun ses fautes, et à ne charger la mémoire du général Dupont que de celles qui lui reviennent en propre. […] On ne saurait dire que Napoléon avec son génie n’ait pas eu toutes les sortes d’idées politiques profondes ; mais trop souvent ces idées ne faisaient que lui traverser en éclair la pensée, et n’y séjournaient pas avec la fixité et la prédominance qui conviennent aux vraies idées politiques. […] J’ai vu quelques bons esprits partager cette idée de Napoléon, que Tacite, dans ses tableaux, a peut-être un peu forcé les couleurs, et qu’il n’était pas assez simple pour être tout à fait vrai. […] Pourtant la vérité générale de pareils tableaux se prouve aussi, se déclare d’elle-même, et, en les voyant, on a droit de s’écrier comme devant un portrait dont on n’a jamais connu le modèle : Que c’est vrai ! […] Le troisième livre de ce IXe volume est intitulé Somosierra, mais son vrai titre devrait être Saragosse, du nom de ce siège extraordinaire qui fut l’une de ces défaites triomphantes dont parle Montaigne.
Ce rôle de Michonnet est double : il y a en lui le conseiller vrai, sincère, désintéressé, ce que fut en réalité Du Marsais ; il y a de plus l’amoureux également vrai, sincère, dévoué jusqu’au sacrifice, et ce rôle-là, nous ne le trouvons pas moins rempli auprès de Mlle Le Couvreur par un autre de ses amis, par d’Argental. […] Il est cependant nécessaire que vous sachiez au vrai mes sentiments, et, s’il m’est permis de dire quelque chose de plus, que vous ne dédaigniez pas d’écouter mes très humbles remontrances, si vous ne voulez pas perdre monsieur votre fils. […] Elle n’eut pas plutôt achevé, qu’elle vit entrer une femme qui dit brusquement : « Non, madame, ce n’est point une dame, c’est la Beauval. » Toute part faite à la singularité de la personne qui disait ce mot, on a là une mesure vraie du préjugé social au commencement du xviiie siècle. […] Difficile à acquérir, mais plus difficile à perdre : telle est la vraie devise de l’amitié, et c’est un mérite que le cœur élevé de Mlle Le Couvreur mettait bien au-dessus des rapides caprices et des flammes passagères. […] Ce n’est pas que je désire qu’il dise vrai ; j’ai cent fois plus de raisons pour souhaiter qu’il soit fou.
Vrai moderne, il se forma directement par la pratique de la société. […] La Dot de Suzette, qui ne semblait qu’une anecdote vraie, racontée avec intérêt et délicatesse par une femme (car la première édition était anonyme), donna satisfaction à ce désir d’un goût plus simple. […] On y trouve aussi quelques scènes vraies, où sont peintes les mœurs licencieuses et grossières des enrichis, des fournisseurs, des parvenus et des femmes qui les recherchent. […] Les principaux personnages y sont vertueux, sensibles, intéressants, et l’on y a affaire à une nature humaine d’Opéra-Comique ou de Gymnase, non pas à la vraie et sincère nature. […] Sur ce chapitre du ridicule il a des observations fines et qui sont d’un vrai moraliste.
Il est vrai, objectivement vrai, que j’ai vu hier la foudre tomber ; et il était vrai que je la verrais, alors même que je ne l’avais pas encore vue. […] Dire : il est absolument vrai que je sens la faim, c’est dire : un autre que moi, placé exactement dans les mêmes relations que moi, sentirait la faim. […] La « mesure » intérieure du vrai est donc la constitution même de notre pensée, qui ne peut concevoir l’identité des contradictoires, parce qu’elle ne la réalise jamais en elle-même et ne la trouve jamais réalisée hors d’elle-même. […] Et il n’est pas vrai de dire, avec Descartes, que cette puissance n’est rien ; car il ne s’agit pas ici d’une puissance abstraite et nue comme celle de l’école : il s’agit d’une puissance vivante et concrète qui a toujours conscience de déborder sa réalisation actuelle. […] Kant lui-même considérait les figures géométriques comme des synthèses a priori que l’expérience ne peut fournir, mais qui pourtant ne répondent pas, comme le croyait Platon, à des objets réels. — Il est bien vrai, peut-on répondre à Platon et à Kant, que nous construisons par la pensée des figures d’une exactitude parfaite dont l’expérience ne nous montre jamais une complète réalisation, comme une ligne exactement droite ou exactement circulaire ; mais nous n’avons besoin pour cela que de l’abstraction.
La touche en est mâle et spirituelle, c’est la vraie couleur de ces malades, que je n’ai jamais vue ; mais n’importe. […] C’est une belle idée, bien poétique, que ces deux grands pieds nus qui sortent de la caverne ou de l’égout ; d’ailleurs ils sont beaux, bien dessinés, bien coloriés, bien vrais. […] Une composition bien ordonnée n’aura jamais qu’une seule vraie, unique ligne de liaison ; et cette ligne conduira et celui qui la regarde et celui qui tente de la décrire. […] Voilà l’avantage de l’homme retiré dans la solitude, il se parle, il s’interroge, il s’écoute et s’écoute en silence, sa sensation secrète se dévelope peu à peu, et il trouve les vraies voix qui dessillent les yeux des autres, et qui les entraînent. […] ma come… etc., le bas de son tableau sera toujours beau, la couleur en sera toujours chaude, vigoureuse et vraie.
A vrai dire, on ne s’en douterait guère. […] Il est vrai que M. […] Il est vrai qu’il ne joue pas les mêmes que vous. […] que cela est vrai ! […] qu’elle est vraie, la petite femme du monde à l’âme de fille !
— Cela est incontestablement vrai, et je n’ai jamais dit le contraire. […] La notion du beau se perd comme celle du vrai et du bien. […] La vraie force est-elle d’étouffer ses passions, ou de les satisfaire ? […] L’avenir, il est vrai, ne lui appartient pas, mais sa liberté lui appartient. […] Beau criterium moral, n’est-il pas vrai ?
Elle ne lui appartient pas, il est vrai. […] C’est un poète vrai. […] C’est du vrai Coppée, et du meilleur. […] La leur est vraie pour eux ; la nôtre est vraie pour nous. […] Cela est vrai.
Quand ils affirment, ils disent vrai. […] Il est vrai de dire que chez aucun la causalité n’est nulle. […] On ne doit pas appeler hallucination vraie la perception ordinaire. […] Elle est quelque chose d’objectif, qui distingue nettement le vrai du faux. […] En effet, la conclusion y est conçue comme comprise dans les prémisses ; elle est vraie, parce qu’elle est identique à une partie des prémisses admises comme vraies.
Après avoir passé sept ou huit ans à apprendre des mots, ou à parler sans rien dire, on commence enfin ou on croit commencer l’étude des choses ; car c’est la vraie définition de la philosophie. […] Il est vrai qu’une langue vivante, qui par conséquent change sans cesse, ne peut guère être absolument fixée ; mais du moins peut-on empêcher qu’elle ne se dénature et ne se dégrade. […] Il est vrai que ces sortes de règles ne donnent ni à l’orateur ni au musicien du talent et de l’oreille ; mais elles sont propres à l’aider. […] C’est en quoi consiste la véritable éloquence, et même en général le vrai talent d’écrire, et non dans un style qui déguise par un vain coloris des idées communes. […] Il est vrai qu’il y a cette différence entre le public et les critiques subalternes, que celui-là revient bientôt, et que ceux-ci s’opiniâtrent.
À des degrés inférieurs, il est encore d’honorables places à saisir ; et, quoique le talent se laisse peu conseiller à l’avance, quoiqu’il appartienne à lui seul, dans ce fonds tant de fois remué, mais non pas épuisé, de l’observation naturelle et sociale, de découvrir de nouvelles formes et des aspects imprévus, qu’on nous permette d’exprimer ce seul vœu : c’est qu’il revienne enfin et qu’il s’attache désormais à étudier une nature humaine véritable, une nature saine et non corrompue, non raffinée ou viciée à plaisir, une nature ouverte aux vraies passions, aux vraies douleurs, sujette aux ridicules sincères, malade, quand elle l’est, des maladies générales, et naturelles encore, que tous comprennent, que tous reconnaissent et doivent éviter. […] Cette pièce, d’un comique aimable, se compose de tableaux vrais empruntés à la société de nos jours ; deux familles y sont en présence : l’une toute mondaine, dans laquelle la discorde et le désordre se sont glissés, ne sert qu’à faire ressortir les mœurs unies et simples d’une autre famille toute laborieuse et restée patriarcale : deux jeunes cœurs purs, épris d’une passion mutuelle, sont le lien de l’une à l’autre. […] Ici l’enseignement peut être plus direct et plus en relief ; le genre vertueux, pour le nommer par son vrai nom, peut être plus décidément encouragé : mais que le talent y mêle toujours le plus d’observation réelle et de vérité possible, il agrandira et passionnera ses effets.
Les glorieuses bassesses du christianisme, tel est son sujet ; il est, en parlant ainsi, dans le plus vrai sens et dans le plus vif du christianisme ; il nous en dit le secret, il nous en fait toucher du doigt la clef de voûte au moral, au sens divin. […] Est-il vrai que Bossuet, qui n’eut presque point d’aurore comme orateur, n’eut point non plus de déclin ; qu’il continua jusqu’à la fin d’édifier et de charmer son peuple dans des homélies presque improvisées, et qui n’en étaient pas moins touchantes ? […] Qu’il y ait eu des jours où Bossuet ait paru fatigué en voulant prêcher ; que les gens de Meaux, accoutumés à leur évêque, n’aient pas assez senti le prix de chacune de ses paroles, c’est possible, c’est même probable, et je croirais volontiers qu’il y a quelque chose de vrai dans le dire du cardinal de Luynes. Mais ce Bossuet déserté dans sa chaire est une invention, une exagération du commentateur, l’abbé de Vauxcelles ; et voici, au contraire, comment l’abbé Ledieu nous montre Bossuet en chaire, une des dernières fois qu’il prêcha dans sa cathédrale : « Le 2 d’avril (1702), dimanche de la Passion, M. de Meaux a assisté à la grand’messe pour commencer le jubilé, et sur les deux heures il a fait un grand sermon dans sa cathédrale, qui n’a été que l’abrégé de la doctrine de ses deux Méditations, et il a tout réduit à ce principe : Cui minus dimittitur minus diligit ; que plus l’Église était indulgente, plus on devait s’exciter à l’amour pour mériter ses grâces et parvenir à la vraie conversion.
Cela est perpétuellement vrai pour tout ce qui est de littérature ancienne. […] Ces lettres sont sèches, positives ; elles sont vraies. […] Mais il y a eu un malheur, un contre-temps qu’on n’attendait pas : de vraies lettres, et cette fois toutes rudes et un peu brutes, adressées bien réellement à l’impératrice par sa fille, ont été publiées à Vienne par M. d’Arneth ; et dès ce moment le contraste a sauté aux yeux. […] Et puis cet examen des brouillons, de ce qui est censé de la main de la reine et des surcharges attribuées à Vermond, ne saurait se faire utilement que dans des conditions différentes, non point par portions congrues, non point par parcelles choisies, mais tout à fait cartes sur table et par-devant de vrais experts contradictoirement entendus.
Sans doute, en le lisant, il est bien vrai qu’on sent naître en soi une idée de nécessité qui subjugue ; dans l’entraînement du récit on a peine à concevoir que les événements aient pu tourner d’une autre façon, et à leur imaginer un cours plus vraisemblable, ou même des catastrophes mieux motivées ; la nature humaine, ce semble, voulait que les choses se passassent dans cet ordre, que les partis se succédassent dans cette génération ; étant donnée chaque crise nouvelle, on dirait qu’on en déduit presque irrésistiblement la suivante, et qu’on procède à chaque instant par voie de conclusion, du présent à l’avenir : non pas, au moins, que dans sa manière purement narrative ; M. […] N’est-il pas vrai qu’il lui sera possible et convenable de signaler dans chaque progrès de la Révolution un progrès de l’idée qui l’enfanta, de suivre cette idée dans l’ensemble des faits par lesquels elle éclate, et de la montrer, presque toujours vague encore à son origine, se dégageant, se précisant en même temps qu’elle s’exagère, et de degré en degré passant sans interruption jusqu’à ses dernières conséquences ? […] Quant aux hommes, il est vrai, l’historien ne s’occupe guère de les gourmander ou de les louanger à propos de chaque action, il les prend pour ce qu’ils sont, les laisse devenir ce qu’ils peuvent, les quitte, les retrouve, suivant qu’ils s’offrent ou non sur sa route, et se garde surtout de faire d’aucun son héros ou sa victime. […] Assez d’autres, il est vrai, à défaut de lui, s’offrirent pour les remplir ; les instruments impurs ne manquent jamais ; mais lui, homme pur, il n’a qu’à rentrer dans son foyer, à s’y asseoir jusqu’à des jours meilleurs, et, s’il le faut, à y mourir.
Les vraies causes étaient dans la société même, non dans la Constitution. […] Quand la société est morale, avancée, et se tient volontiers dans le bon sens et le travail, quand les passions et les haines publiques n’ont plus d’objet, les théories absolues et les prestiges quelconques peu de séduction, les conséquences les plus nombreuses et les plus vraies de la liberté n’ont aucun péril ; car elles garantissent ce travail, exercent et développent ce bon sens, préviennent le retour des passions politiques, ou en dirigent le cours vers le bien général, et ferment la bouche aux théories des rêveurs. […] En ce sens et dans la sphère politique, il est vrai de dire que notre époque doit reprendre et développer le mouvement de 89 : et cela est d’autant plus vrai qu’elle sera moins sujette aux mêmes crises passionnées, aux mêmes événements impétueux.
Car, il n’est que trop vrai, le nom même de M. […] L’Avenir de la Science est sans doute un des premiers livres où une entreprise qui passait, il y a cent ans, pour irréligieuse, ait été tentée chez nous religieusement et ait ainsi repris son vrai caractère. […] Il a continué d’agir très fermement, comme si ce qu’il espérait était le vrai. […] Je crois, en résumé, qu’on exagérerait à peine en disant que le vrai Renan est précisément le contraire de celui que se sont fabriqué les neuf dixièmes des Parisiens.
C’est le mot vrai, et hors ce mot tout est absurde. […] Si donc Dionysodore a dit ce qui est, il a parlé vrai et n’a pas menti ? […] » Alors Euthydème reprenant : « Les choses qui ne sont pas ne sont pas, n’est-il pas vrai ? […] Sa puissance indestructible, aux yeux d’un vrai philosophe, est précisément de savoir se changer. […] La question pour le vrai Socrate, c’étaient les dieux, ce n’étaient pas les lois.
Ne pourrait-on, sous la dualité devenue classique des opérations sensitives et intellectuelles, chercher une unité plus profonde et plus vraie ? […] Ce qui est vrai de nos sens est vrai aussi de notre imagination, de notre mémoire, de notre entendement, de notre raison, de notre conscience même : nous ne pouvons connaître les choses que selon ce que nous sommes, non directement selon ce qu’elles sont. […] Ce n’est pas dans ces lois de combinaison encore superficielles, c’est dans quelque chose de bien plus profond et de plus intime que nous trouverons la vraie part de notre conscience. […] C’est là ce qu’il y avait de vrai dans la vieille thèse du sensualisme, que confirme sur ce point la psychologie physiologique. […] En présence d’un objet nouveau, est-il vrai que la première question soit celle-ci : Qu’est-ce que cet objet ?
Cela était vrai déjà en 1830, et cela a continué de l’être depuis. […] Il l’a chanté, il est vrai, dans les conditions de son organisme, qui est un organisme de sensation et de vanité, car, même quand il pleure de vraies larmes, l’auteur des Contemplations les contemple, et il veut qu’elles soient contemplées. […] Hugo, et c’est vrai ! […] De vraie critique non plus ! […] En somme, nulle Critique vraie, car la Critique vraie, c’est la justice, et la justice se compose également de sévérité dans la sympathie et de sympathie dans la sévérité.
Mais, à cela près des habitudes d’écrire et d’un style laborieusement faux, dont je soupçonne jusqu’à la corruption peut-être encore plus systématique que vraie, je ne croyais pas, certes ! […] Il est vrai qu’Edmond de Goncourt fait une réserve : C’est « la jeune fille moderne, dit-il, telle que l’éducation artistique et garçonnière des trente dernières années l’a faite ». […] Si c’est là un mot vrai, — ce dont je doute, — vous avez donc mis votre imagination à n’avoir pas d’imagination ? […] M. de Goncourt, pour être plus vrai, sans doute, comme on entend la vérité maintenant, a fait ses frères Zemganno platement vulgaires. […] Son art couvre sa loyauté et le visage n’est plus qu’un masque, — mais il est plus beau que le vrai visage, et l’amour même ne s’y reconnaît plus.
Il est vrai qu’on est en pleine guerre civile, et le temps presse ; toute circonspection a disparu : le premier coup d’œil fait loi. […] Mais vous savez que la véracité consiste à ne pas dire ce qui est faux, et non à dire ce qui est vrai. […] Nous ne voyons, il est vrai, ni les plumes, ni les armes, ni le tatouage des Chactas, ni bien des singularités frappantes dont le détail ne nuirait certes pas au relief et à la vie : on dirait que Chateaubriand n’est pas venu. […] Non, je ne vous crois pas un orgueilleux, un ambitieux ; je mets, il est vrai, moins de prix que vous à l’opinion, c’est-à-dire à l’opinion du grand nombre ; car l’opinion du petit nombre, c’est-à-dire des juges éclairés, est ce qu’il y a de plus digne d’être ambitionné : c’est la vraie gloire. […] Tout dégradé qu’est ce temps-ci, il est encore plus capable d’admiration qu’il ne l’est d’un vrai respect… Vous êtes dans la raison, laissez faire sans trop vous produire et sans vous dérober.
» L’inverse de cela est un peu vrai, j’en demande bien pardon à la majorité, ou à ce qui a l’air de l’être. […] Il est vrai que c’est dans une comédie qu’il dit cela, et qu’on ne peut pas prendre tout à fait au sérieux ces sortes de saillies ; mais il faut pourtant reconnaître que, si les honnêtes gens en ce monde sont moins mal partagés d’ordinaire et dans les temps réguliers que Ménandre ne le dit, il est aussi des instants de crise où ils se conduisent de manière à avoir tout l’air en effet de ne venir qu’après les flatteurs, les calomniateurs et ceux qui vivent à petit bruit de la corruption. […] Voilà le vrai ; et de plus, il est résulté de ces années d’expérience et de pratique commune que cette doctrine critique, qu’on cherchait à introduire dès l’abord, s’est formée de la manière dont ces sortes de choses se forment le mieux, c’est-à-dire lentement, insensiblement, comme il sied à des hommes d’âge déjà mûr, qui ont passé par les diverses épreuves de leur temps, et qui sont guéris des excès. […] Mais la littérature elle-même, en s’ouvrant devant eux pour les accueillir, car elle est large et en effet hospitalière, a droit de leur rappeler pourtant que le vrai ne lui est pas si indifférent qu’ils ont l’air de le croire, et que chez elle aussi on ne fonde rien de solide qu’en tenant du fond du cœur à quelque chose. […] On dirait que les injures à l’O’Connell ont passé le détroit, et qu’elles sont à l’ordre du jour en France : c’est là, je crois, dans son vrai sens cette fameuse brigade irlandaise qu’il se vantait de nous prêter.
Il est vrai que le labeur, l’excès même et, finalement, la sincérité de cette parade a sa beauté. […] Le vrai satanisme, c’est la négation de Satan aussi bien que de Dieu, c’est le doute, l’ironie, l’impossibilité de s’arrêter à une conception du monde, la persuasion intime et tranquille que le monde n’a point de sens, est foncièrement inutile et inintelligible… De ce satanisme-là, il y en a plus dans telle page de Sainte-Beuve, de Mérimée ou de M. […] Aussi le vrai dandy me paraît-il venir, dans l’échelle des mérites, au-dessus du grand comédien. […] Comme il fait quelque chose avec le néant, comme ses inventions consistent en des riens parfaitement superflus et qui ne valent que par l’opinion qu’il en a su donner, il nous apprend que les choses n’ont de prix que celui que nous leur attachons, et que « l’idéalisme est le vrai ». […] Je trouve des passions singulières et d’une énergie féroce ; mais de tous ces drames vous n’extrairez pas, j’en ai peur, une goutte de vraie pitié ni de simple tendresse.
Mais il faut bien s’entendre sur le caractère de l’ambition vraie. […] Or, ce qui est vrai pour les arts du dessin n’est pas moins vrai pour la poésie. […] Non, il n’est pas vrai que l’histoire comprenne la tâche entière de la poésie ; M. […] Non, il n’est pas vrai que savoir et inventer soient une seule et même chose. […] La tragédie est donc une forme vraie.
Il y faudrait des situations vraies et des caractères vrais, réels même, se groupant autour d’un type destiné à résumer le sentiment ou l’idée principale du livre. […] Mais cela n’est vrai qu’en fait d’art et d’œuvre humaine. […] N’est-ce pas là de l’art, du vrai, du grand art ? […] c’était vrai aussi, pendant les premiers instants. […] Ne prends pas la vertu vraie pour un lieu commun en littérature.
Et ce ton de vrai commis-voyageur, ce dandinement détestable du vicomte de Saint-André ? […] Lui, il s’inquiète beaucoup des habiletés et des ruses de métier, et sa raillerie ingénieuse ne puise pas à même de la société pour ainsi dire ; Picard, pour ne prendre qu’un exemple proportionné, le Picard du bon temps était bien autrement que lui en pleine et vraie nature humaine. […] Tant il est vrai qu’elle se glisse partout, là même où elle est si hardiment d’ailleurs et si spirituellement moquée.
Introduction L’école du « document humain » Vers le milieu du siècle, il souffla comme un grand désir de vérité, car la science — dont l’objet est le vrai — étant restée jusque là spéculative, devenait d’utilité palpable, industrielle et efficace. […] Puis, très vite, la recherche du vrai s’affranchit des tendances utilitaires de son origine, se justifia comme application désintéressée aux choses de l’art des méthodes scientifiques nouvelles. […] Ce désir du vrai avait déjà hanté Balzac.
Il imita les mouvemens de Pindare ; mais, à l’exemple d’Horace, il sut captiver l’enthousiasme sous le joug de la raison, de sorte que le désordre est chez lui un effet caché de l’Art ; qualité bien préférable à cette impétuosité fougueuse, plus semblable au délire, qu’à la chaleur du vrai génie. Dans l’Ode qu’il composa pour Louis XIII, lorsque ce Prince alloit réduire les Rochellois, on admire à la fois une netteté d’idées, un tour heureux d’expression, une justesse & un choix dans les comparaisons, une variété dans les figures, une adresse dans les transitions, qui la font regarder, avec raison, comme un vrai modèle de Poésie lyrique. […] On sait qu’il voulut se battre contre de Piles, qui avoit tué son fils en duel : Il avoit alors soixante-treize ans, & quelqu’un lui faisant sentir l’inégalité de la partie, C’est pour cela , répondit-il, que je veux me battre ; je ne hasarde qu’un denier contre une pistole ; réponse plus ingénieuse que philosophique ; tant il est vrai que les Muses, qu’on nous dit avoir apprivoisé les hommes sauvages, ne rendent pas toujours le même service à leurs plus chers Nourrissons.
Les Essais de Morale & de Littérature de cet Auteur sont remplis de réflexions vraies, solides, instructives, profondes, & toujours bien exprimées ; il en est un très-grand nombre de fines & de délicates qui annoncent un bon Littérateur, un Critique habile, & un ingénieux Interprete du cœur humain. […] Si la réputation des Littérateurs estimables dépendoit du caprice & du ressentiment d’un esprit satirique, aucun mérite ne seroit à l’épreuve d’une Epigramme ingénieusement tournée, & les Railleurs deviendroient eux-mêmes la victime des armes qu’ils auroient aiguisées contre leurs ennemis ; mais le vrai talent triomphe toujours de ces injustes attaques. […] Il est vrai qu’il eût dû être plus modéré ; mais il faut distinguer les égaremens du goût, de ceux des sentimens : M. de Fontenelle fut toujours son ami, après avoir été son maître.
N’est-ce pas là la vraie couleur, le vrai caractère, la vraie peau de ces animaux ?
Il est vrai que M. […] Non, j’entends une passion sérieuse, un amour vrai et profond. […] Un vrai homme, celui-là, et non une poupée de salon ! […] Voilà la vraie, la grande poésie ! […] Qu’eût-ce été pour la vraie interprétation ?
Il est vrai qu’on aperçoit tout de suite une autre solution possible du problème. […] Ce n’est donc pas par accident, c’est en vertu de son essence même que le vrai mysticisme est exceptionnel. […] A vrai dire, c’est nous qui les convertissons en tentatives, rétroactivement. […] Il est vrai qu’elle a dû accepter beaucoup de choses, pour se faire accepter elle-même. […] On dira peut-être qu’ils ne se posent aucun problème, vrai ou faux, et l’on aura raison.
La Motte veut faire plus vrai. […] On veut être soi et, pour « faire plus vrai », on se « confesse ». […] La haine du cliché, de « l’effet de l’art », enflamme jusqu’au délire le cerveau du vrai poète. […] Est-il vrai que toutes les écoles aient posé l’imitation de la nature en principe ? […] Est-ce à dire que le subjectivisme absolu soit le vrai ?
— C’est vrai, il y a Alceste, un rude personnage, celui-là, si vrai, si humain, si vivant ! […] A vrai dire, je m’en doutais. […] Mais son vrai fond reste intact. […] Valabrègue un fond solide et vrai. […] (Il est vrai, comme il l’a dit lui-même,
L’art de lire les bons livres serait son vrai nom. […] Birotteau est presque aussi vrai que Grandet. […] Dans le second, elle reste dans les limites du vrai. […] Le vrai brutal sonne faux dans ce tableau idéalisé. […] Mais il n’y a de vrai que ce que tout le monde ressent, il n’y a de vrai que ce qui est général.
Il est vrai que ce travail en vaut un autre. […] Il me suffit que mon semblant de théorie soit vrai d’une façon générale, c’est-à-dire se trouve être plus souvent vrai que faux. […] oui, tout cela est vrai, et j’en suis très fâché. Mais d’abord cela n’est pas vrai partout, il s’en faut. […] On dit, et c’est peut-être vrai, que M.