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499. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Un Néron, un Domitien pouvait en sortir aussi bien qu’un Titus, si l’on manquait l’œuvre et si l’on se trompait de moule. […] vous vous trompez : il le fera encore ce soir, pour s’en moquer demain sans se corriger. » Il était difficile de présenter au jeune prince un portrait de lui en laid plus saillant et plus ressemblant, — un portrait à faire peur et qui le forçait cependant à sourire.

500. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Ce dernier gardien ou geôlier de Napoléon ne saurait être excusé pour les mille tracasseries qu’il inventa, et qui trahissaient en lui l’absence de sentiments dont il n’avait pas le premier germe. « Il y a de ces figures qui ne trompent pas », jugea tout d’abord Napoléon en le voyant.  […] On se trompe sur la véritable cause du grand effet produit par Tacite.

501. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Je me suis trompé. […] Si M. le ministre d’État prétend le contraire, il en est bien libre ; mais en cela il se trompe et il pense au rebours de l’opinion publique.

502. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Je me suis trompé en disant que Rousseau ne s’inquiétait jamais de l’idée ; il a fait une ode sur les Divinités poétiques, dans laquelle est exposé en style barbare un système d’allégorisation qui ne va à rien moins qu’à mettre Bellone pour la guerre, Tisiphone pour la peur. […] Dès le début, il voudrait nous faire croire qu’il est en lutte avec le génie comme avec Protée ; mais tout cet attirail convenu de regard furieux, de ministre terrible, de souffle invincible, de tête échevelée, de sainte manie, d’assaut victorieux, de joug impérieux, ne trompe pas le lecteur, et le soi-disant inspiré ressemble trop à ces faux braves qui, après s’être frotté le visage et ébouriffé la perruque, se prétendent échappés avec honneur d’une rencontre périlleuse.

503. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

La salle à manger et les salons étaient remplis de jeunes ecclésiastiques ou aspirant à le devenir, pleins de mérite, dont quelques-uns, tels que les évêques de Perpignan et d’Orléans, n’ont pas depuis trompé les augures. […] Il trouva en Suisse, dans la maison de Coppet, l’amitié la plus tendre, la religion la plus tolérante et toutes les consolations que les mêmes déceptions donnent aux illusions également trompées.

504. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Il n’écrit que pour occuper son loisir, tromper son impatience ; et quand il doit se dire qu’il n’y a pas de rôle pour lui en ce monde, il écrit le rôle qu’il ne jouera pas : c’est un rêve d’action que toute sa littérature développe. […] Au fond, l’avocat général Omer de Fleury ne se trompait pas tant quand il dénonçait au Parlement les Encyclopédistes comme « une société formée pour soutenir le matérialisme, pour détruire la religion, pour inspirer l’indépendance, et nourrir la corruption des mœurs ».

505. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Je sens qu’au fond je suis indisciplinable… Ducis se trompait sur un point : il était beaucoup plus de son siècle et du goût d’alentour qu’il ne le croyait. […] Quand il apprend de lui que ce n’est point de Saléma, mais d’Odéide, que Pharasmin est amoureux, il y a un premier mot qui lui échappe et que Talma disait admirablement : « Tu ne me trompes pas ? 

506. (1903) Zola pp. 3-31

Mais ce dont on s’aperçut surtout, c’est que personne ne se trompait plus que M.  […] Le monde entier pouvait dire en se regardant en ce miroir : « Jamais je n’ai été aussi laid. » L’homme pouvait se dire en lisant ces pages : « Jamais je ne me suis senti si méprisé. » Il ne faut pas s’y tromper.

507. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Est-il donc si rare que deux méchans se concertent, que deux hommes de bien se trompent ? […] Et ce peuple que vous écoutez, lorsqu’il se trompe, lorsqu’il se laisse entraîner à sa fureur, à ses préventions, est-ce qu’il a toujours été ce qu’il doit être ?

508. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Faguet, ne s’y sont pas trompés. […] On prétend que le livre a réussi parce qu’il a trompé l’acheteur et que tous les lecteurs se sont crus capables de devenir bons écrivains.

509. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Je ne voudrais pas qu’on pût s’y tromper. […] Car, il ne faut pas s’y tromper, Droz est moraliste.

510. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Une Allemande, dit Gœthe, reconnut que son amant commençait à la tromper, parce qu’il se mettait à lui écrire en français. Un Français peut conclure qu’un philosophe commence à se tromper, lorsqu’il introduit en français des mots allemands.

511. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Albalat ne se trompe pas, que Flaubert, ayant de la couleur, manque d’idées et que Taine, ayant des idées, manque de couleur. […] Quand il se compare au sculpteur ou au peintre, il se trompe ou il s’amuse. […] Les pastiches littéraires ne trompent plus personne ; en peinture, ils représentent une tige toujours fleurissante de l’art international. […] Son nom indique nettement son rôle, il est muet ; les grammairiens, même avant la création de la phonétique, ne s’y sont pas trompés. […] Vielé-Griffin dit qu’il y a cinq ou six nuances d’e en français, il se trompe sur le terme, non sur le fait.

512. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Donec eris felix… »

Il ne s’est pas trompé, aucune ne le nomme, pas même pour l’insulter.

513. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Seulement, quelque idée qu’on s’en fasse, on n’aura une notion juste du mouvement de cet esprit qui, si nous ne nous trompons, a le signe des forts : l’abondance, qu’en lisant dans le livre même : La France devant Dieu, Le Souverain et les sujets, La Leçon d’anatomie, La Barricade, Le Théâtre, La Peste littéraire, Les Catastrophes, Le Journaliste, Le Doigt de Dieu dans les révolutions, La Graine du Comédien, L’Amour des bêtes, Comment on se marie, La Morgue, et tant d’autres morceaux dont les titres seuls attestent éloquemment la largeur de circonférence dans laquelle l’auteur de la Croisade étend les rayons de son observation poétique.

514. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Un poète ne s’y serait pas trompé.

515. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

Ferme l’oreille à des discours dangereux ; tu mérites sans doute l’hommage qu’on va te rendre, achève de le mériter en le dédaignant ; aujourd’hui la vérité te loue, demain la flatterie t’attend ; de tous côtés l’orgueil te tend des pièges et te poursuit ; l’esclavage en silence te trompe et te flatte ; iras-tu encore permettre à un orateur de te corrompre avec art ?

516. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

Bayle a sans doute été trompé par leurs rapports, lorsqu’il affirme, dans le Traité de la Comète, que les peuples peuvent vivre dans la justice sans avoir besoin de la lumière de Dieu .

517. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Et si vous croyez que je ne l’aime pas tel qu’il est, combien vous vous trompez ! […] Il ne veut pas que ceux qui liront un jour les Mémoires s’y puissent tromper. […] Madame de Beaumont ne se trompait peut-être pas complètement. […] Ne pourrait-il pas se tromper de poussière ? […] Car, est-ce que je me trompe ?

518. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Pour ma part, j’aimerais mieux lui voir déraciner un arbre avec sa trompe. […] On se serait trompé, et là encore il n’y a rien de changé. […] Mais, à ce compte-là, Horace lui-même ne serait pas en sûreté, car si je ne me trompe, M.  […] Sa fausse ressemblance avec le mérite trompe les hommes. […] C’est en 1855, si je ne me trompe, que M. 

519. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

En la possédant, son amant sait qu’il trompe. […] On est souvent trompé en amour, souvent trompé et souvent malheureux, mais on aime ; et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. […] Mme Leverdet a répondu à ses théories : « Tout cela parce qu’une femme vous aura trompé pour un homme inférieur à vous !  […] Ce code peut s’être trompé sur le degré de bienfaisance de telle ou telle prescription. […] Sinon nous sommes obligés de chercher ce détail essentiel par la réflexion et nous risquons de nous tromper.

520. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Je me trompe, c’est l’argent qui a suivi le banquier pour le récompenser de l’avoir préféré à l’honneur. […] Nous avons tant d’intérêt à ne pas nous tromper sur nous-mêmes, qu’il nous faut y employer bravement jusqu’aux propos des médisants. […] Je m’étais donc trompé. […] » aurait-il dit, si la confraternité du barreau ne l’eût trompé sur la portée politique du fugitif du vasistas. […] Il se leva sur son séant, me souriant avec un de ces visages reposés où se trompent les amis du malade.

521. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Marivaux ne l’a pas entendu ainsi et s’est peut-être trompé. […] Ils ne nous trompent point ; nous savons un peu trop où ils vont. […] Ne nous y trompons point. […] Donc c’est l’histoire qui se trompe. […] Voltaire se trompe, encore ici, sur le fond des choses, qu’il n’atteint pas.

522. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Qui ne sait qu’une situation intéressante mais triviale, une nouveauté brillante et hasardée, la seule voix d’une actrice, suffisent pour tromper quelque temps le public ? […] Ce qui m’étonne surtout c’est la faiblesse de l’auteur, c’est la facilité avec laquelle il se trompait lui-même. […] C’est un grand défaut qui le crime triomphe au dénouement : quelques remords donnés à Mahomet, pour la forme, n’empêchent pas qu’il ne continue à tromper le genre humain, après un si heureux début. […] Mais il faut rendre à Voltaire la justice qu’il mérite ; il riait dans son âme de ses tours de gibecière ; il connaissait les hommes, il les méprisait ; il savait ce qu’il faut au peuple, et rarement, en voulant tromper les autres, il se trompait lui-même. […] Trompés l’un et l’autre par ce double déguisement, ils s’aiment sans le vouloir ; ils gémissent sur la bizarrerie du sort, qui met le mérite d’un côté et la fortune de l’autre.

523. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

. — Peu de mois après, l’idée d’être trompé par sa femme amuse tellement Costard, que Bobette ne peut se tenir de lui apprendre que « ça y est » en effet. « Tiens ! […] Ne vous y trompez pas, dans ses trois comédies psychologiques, ce « charmeur » est un réaliste très ingénu : je sens en lui un très sincère et presque intransigeant amour de la vérité, et une horreur des « ficelles », où il y a du défi et de la candeur. […] Est-ce que je me trompe ? […] Et voilà qu’elle apprend de son père et de sa mère que M. le syndic s’était trompé sur ses sentiments, le pauvre homme ! […] Je m’étais arrangé une vie égoïste et commode, telle que je n’en concevais pas de meilleure… Je m’étais peut-être trompé… » Il supplie donc Lia d’être sa femme ; et Lia le veut bien.

524. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Zola a cru devoir nous dire non seulement que la baronne trompait le procureur avec Saccard, mais comment elle s’y prenait pour le tromper. […] Elle ne voulait point tromper son mari, ni trahir l’amitié. […] Je m’étais trompé. […] « — Ne vous y trompez pas, me dit-il de sa voix chaude et voilée, il y a de faux sujets et le vôtre est de ceux-là ! […] Brunetière aborde la fameuse question : Louis XIV a-t-il été trompé par Molière ?

525. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Puisque je l’ai souvent contredit, j’ai donc pensé qu’il s’était trompé. S’est-il en effet trompé ? […] « Pourquoi s’irriter contre celui qui se trompe ?… » Le méchant se trompe presque toujours dans son calcul, presque jamais dans son projet. […] Il trompera ton attente, et il continuera de te tourmenter par le spectacle imposant de la vertu.

526. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Dieu veuille que ses espérances ne soient pas trompées et qu’un nouveau Ponsard, — il y en a trois ou quatre, ses générations — ne viennent pas s’établir sur les ruines de l’ancien. […] L’un et l’autre vont rarement ensemble, et malheureusement on est trop porté à les confondre et à se tromper sur leurs attributions respectives. […] Il arrive qu’un jour cet homme croit s’apercevoir, à certains indices que son entourage ne peut deviner comme lui, qu’il s’est trompé de chemin, aura-t-il la force de laisser là sa suite et de revenir à grands pas vers son point de départ ? […] Cependant si je ne me trompe pas sur les esprits de ce temps, on s’y habituera. […] Mais si ce travail avait par hasard pour but de restaurer la versification française, on se tromperait, elle va disparaître.

527. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

A trop presser son doute, on se trompe souvent ; Le plus simple est d’aller.

528. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 348-356

Autant l’esprit lumineux, méthodique & profond est au dessus de l’esprit superficiel, inconséquent & badin, autant le Législateur des Nations paroîtra au dessus du Peintre Historien de leurs mœurs, qui semble n’en avoir tracé le tableau, que pour amuser & tromper le Lecteur, au lieu de l’instruire.

529. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

Nous sommes encore à comprendre comment un poète a pu se tromper au point de substituer à cette description un lieu commun sur les langueurs monastiques.

530. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Méry14 Quand on lit seulement le titre du nouvel ouvrage de Méry, — Constantinople et la mer Noire 15, — on pense tout naturellement à un livre de circonstance, et l’on ne se trompe pas.

531. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Victorin Fabre se trompa ; les convictions enracinées, le besoin d’approfondir, toutes ces choses honorables lui devinrent funestes. […] Le jeune panégyriste de Montaigne, disions-nous, débuta sans témoigner de passion dominante ; je me trompe, il avait celle de la belle littérature, le culte de l’imagination, l’amour des grands écrivains et de leurs formes immortelles. […] A lui la richesse qui ne trompe pas.

532. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

S’il attaque ses voisins pour les soumettre à son pouvoir, il se déshonore ; s’il envahit leur territoire sous le prétexte d’y fonder la liberté, on le trompe ou il se trompe lui-même. […] Nous ne croyons pas nous tromper en disant que cette dernière pièce a été également inspirée par lui. — Dans une dernière édition de Joseph Delorme (1861), on peut lire (page 299) une lettre de Jouffroy adressée à l’auteur ; il s’était en partie reconnu.

533. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

XX Non, cela ne serait pas durable, parce que la France ne supporterait pas longtemps ce poids d’une puissance de trente millions d’hommes ajouté au poids qu’elle supporte déjà du côté de l’Allemagne ; et ne vous y trompez pas, Italiens des autres États de la péninsule ! […] La monarchie piémontaise absorbant l’Italie annexée est la pensée de l’envie britannique contre la France, de l’ambition sarde contre l’Italie, pensée folle comme l’ambition, hostile comme la haine, pensée punique qui trompera bientôt les deux puissances qui l’ont conçue et qui trompera l’Italie elle-même, qu’elle constitue sur un perpétuel champ de bataille, au lieu de la constituer en un faisceau de droits et de libertés.

534. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Certes, tous ces jurys peuvent se tromper, mais quelquefois ils ne se trompent pas — et cela suffît — à mon avis du moins. […] Ne vous y trompez pas, il y faut tous les courages. » C’est ce que je répète à ceux qui viennent me voir.

535. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Une sonnerie de trompes de chasse n’est plus la même entendue à deux mètres ou à deux kilomètres. […] Pour saisir l’âme Aryenne en France et pour ne pas être trompé par les séparations historiques, il faut assister à une représentation suivant l’esprit vraiment Aryen, c’est-à-dire Wagnérien. […] De toutes parts on reconnaît la nécessité de revenir aux anciens ; mais en prenant modèle sur les restes de leur poésie dramatique la tragédie classique française paraît s’être trompée.

536. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Ils se trompent. […] On doit surtout un salut à Mme Rachilde qui me paraît souvent se tromper mais qui dit avec bravoure et malice des opinions sincères. […] « Les Parlements, déclare-t-il avec une émotion heureuse, n’ont pas été autre chose que la bourgeoisie française. » Vous pensez bien que la bourgeoisie française ne saurait se tromper et M. 

537. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Ils se trompaient. […] Et l’orateur parlant pour lui-même, pro aris et focis, car, ne nous y trompons pas, c’est pour lui que Villemain veut de la grandeur dans la vie publique ! […] XII Et si, moi, j’ai parlé de Fox avec cette insistance, c’est que de toutes les notices isolées que Villemain, à la vue courte et à la plume courte, prend pour de l’histoire, la sienne est la plus importante, la plus intéressante, — parce qu’après tout, Fox, qui ne fut point un homme d’État, est une des gloires incontestables de la tribune anglaise, quoique ce n’en soit pas non plus la plus grande gloire… Si ce que les rhéteurs comme l’était Villemain appellent l’art oratoire n’existe qu’appliqué à de grands sujets, on peut se demander ce qu’était Fox, l’homme le plus naturellement éloquent, quand dans toute sa vie d’orateur, sur les sujets qui l’inspirèrent, il n’a jamais vu juste et s’est toujours brillamment, mais déplorablement trompé… L’homme d’entrailles chez lui n’avait que des entrailles, et ce n’est pas avec cela qu’on mène les nations, Il est mort à temps, comme Mirabeau, pour l’honneur de sa renommée.

538. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Je la dirai comme un homme qui n’a pas trouvé le succès des Misérables juste et celui de la première Légende des Siècles assez grand, et qui trouve tout aussi disproportionné avec ce qu’elles sont l’insuccès des Chansons des rues et des bois, qui fut si féroce… Cette cruauté, du reste, de la part d’une Critique qui brûle trop ce qu’elle a trop adoré, n’est explicable que par le dépit de l’imagination trompée. […] Le Pape, ici, ne vous y trompez pas ! […] Mais ne vous y trompez pas, cependant !

539. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Comme ils ont affaire à des peuples dont le génie s’est manifesté sur un théâtre plus ou moins vaste et à travers une durée plus ou moins longue, ils sont moins exposés à se tromper sur l’existence et la nature de caractères psychologiques qui se sont produits au grand jour de l’histoire. […] Et alors qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’il se trompe dans ses inductions, à ce qu’il confonde une institution transitoire avec une loi de notre nature, à ce qu’il prenne pour une faculté primordiale, pour un principe constitutif de l’humanité, ce qui n’est que le résultat d’un concours de facultés primitives ? […] Mais c’est en cela que se trompe l’école expérimentale.

540. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Et justement Hugo nous trompe. […] Je puis me tromper ; mais si je me trompe et si Balzac était véritablement l’ami de M.  […] Tout homme se trompe. […] Tu dessineras convenablement en observant toutes les lois perspectives et linéaires ; tu seras ainsi exact, aussi nature que possible, mais cependant sans tromper l’œil, entends-tu ? […] Se trompent-ils eux-mêmes, ou veulent-ils tromper les autres ?

541. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il fallait réunir à la connaissance approfondie de l’histoire, ce coup d’œil observateur qui ne se trompe jamais sur le résultat des faits et sur leurs causes. […] Une main cachée et toute-puissante ramène, dans le monde moral, comme dans le monde physique, des événements qui renversent toutes nos méthodes et trompent toutes nos combinaisons. […] Le docte Varron comptait de son temps, si je ne me trompe, deux cent quatre-vingt-huit opinions sur le souverain bien ; et Varron fut témoin des fureurs de Marius, des proscriptions de Sylla, et des horreurs du triumvirat. […] On se trompera fort : mais il croit que, dans ce genre, tout dépend du choix et de l’usage. […] Voilà, si je ne me trompe, les beautés éminemment propres au génie républicain ; et, pour le dire en passant, ce génie est bien peu connu des hommes qui s’alarment ou s’irritent toutes les fois qu’on veut répandre aujourd’hui des idées et des sentiments de la même nature.

542. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Tout le monde lui pardonne, et même ceux qu’il a trompés. […] non, c’est Jean-Jacques Rousseau qui se trompe et qui charge, de ces noires couleurs, le Philinte de Molière. […] » Vous vous trompez, la vertu d’Alceste n’est pas ridicule. […] Seul, Molière ne s’y trompait pas ; il savait bien jusqu’où pouvait aller l’amitié de Chapelle. […] Alceste l’honnête homme, perdu au milieu de ces jeunes fats, aux pieds de cette coquette, se sera trompé de porte.

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