Seulement je suis plus triste Lorsque j’étais enfant, la France était grande A une religieuse : Priez ! […] Plutôt son œuvre douce où coulent tant de larmes Fait songer à la mer triste, pleine de charmes, Dont l’Esprit langoureux, fluide et palpitant, Mollement étendu sur sa couche azurée, S’unit de toutes parts à la voûte éthérée Et berce tout le ciel sur ses flots en chantant.
Tandis que Sévère s’éloigne triste et résigné, Zamore presse Alzire de se soustraire au joug qu’elle a subi et réclame hardiment des droits antérieurs à ceux du mari. […] Les méfaits et le cynisme du Julien Sorel de Stendhal ont suscité une triste émulation chez de naïfs ambitieux.
Tacite est rempli de ce triste mot. […] Jamais ascète chrétien n’a jeté sur la vie, du fond de sa cellule, un regard plus triste que ce héros assis sur le trône du monde. — « Oh !
Lorsque la noblesse, dans les états généraux, forçait le tiers état à parler à genoux, ne préparait-elle pas elle-même contre elle-même de tristes représailles ? […] Ce serait une triste chute pour l’humanité, et sans compensation, si, en passant des siècles aristocratiques aux siècles démocratiques, il fallait renoncer à voir dans la vertu autre chose qu’un égoïsme éclairé.
Il vient un moment triste dans la vie, c’est lorsqu’on sent qu’on est arrivé à tout ce qu’on pouvait espérer, qu’on a acquis tout ce qu’on pouvait raisonnablement prétendre.
Il serait touchant de rapprocher les détails de sa fin prématurée, et sa mort si courageusement chrétienne, de la triste agonie du roi son père.
Le Directoire, en prévenant ce moment, et en la réprimant à propos, empêcha la guerre civile ; et s’il se remit sous l’égide de la puissance militaire, il subit une triste mais inévitable nécessité.
Celles qu’il ne recherchera plus et qui se seront amusées inutilement autour de sa cabane, et il y en aura beaucoup, s’en retourneront tristes et chagrines, en disant au dedans d’elles-mêmes : « Ô méchant satyre !
Où était-il alors, en cette triste plaine champenoise, harassé et pesant, presque inquiet au toucher d’un des siens, le radieux Consul qui s’était écrié, la main sur son front : « Je sens en moi l’infini !
C’est l’histoire d’une femme et d’une jeune fille qui souffrent et d’un homme qui les fait souffrir ; et elles sont bonnes, et il n’est pas méchant, et tous sont irresponsables, et tout cela est bien triste.
Elle est grande de tous les excès qui la font dissemblable des autres ; elle a le vertige de ne ressembler à aucune ; et elle demeure, dans sa grandeur, infiniment solitaire et triste.
S’il ouvre cette fenêtre d’hôpital par où les yeux s’évadent des murs tristes, des linges fades, écœurants, c’est pour traduire le Rêve par quoi l’Homme s’évade de la platitude ambiante, des horreurs de la vie.
Car au-delà, du côté du nord, l’on entrevoit presque sur les flancs de l’Hermon, Césarée de Philippe, sa pointe la plus avancée dans le monde des Gentils, et du côté du sud, on pressent, derrière ces montagnes déjà moins riantes de la Samarie, la triste Judée, desséchée comme par un vent brûlant d’abstraction et de mort.
« Examinons, disions-nous encore, ce que c’est que l’homme ; oublions que nous sommes nous-même une de ces misérables et sublimes créatures appelées de ce triste et beau nom dans la création universelle ; échappons, par un élan prodigieusement élastique de notre âme immatérielle et infinie, à ce petit réseau de matière organisée de chair, d’os, de muscles, de nerfs, dans lequel cette âme est mystérieusement emprisonnée ; supposons que nous sommes une pure et toute-puissante intelligence capable d’embrasser et de comprendre l’univers, et demandons-nous : Qu’est-ce que l’homme ?
Dans le jugement final qu’il n’a pas craint de prononcer sur le mérite du poète des Philippiques, de Lescure (il faut bien le lui dire) n’a plus la justesse du coup d’œil qu’il a montrée quand il s’est agi du Régent empoisonneur et incestueux, et qu’il a assaini cette triste et coupable mémoire, impossible à purifier sur tant d’autres points.
Sa pluie de pamphlets fut une des plaies d’Égypte des tristes Pharaons de la monarchie de Juillet.
» et peut-être se l’appliquait-il, à lui, qui était monté à ce mât de triste Cocagne du pouvoir auquel il avait grimpé sans aller au faîte.
Ceux qui viendront demain ne seront peut-être pas fâchés, si l’hiver ou la nuit dure encore, de retrouver, pour rallumer leur falourde ou leur lampe, quelques charbons sous nos cendres… » Certainement, tout cela est vrai, triste, bien tourné, joli dans sa tristesse, mais ne se verrait pas sans le commentaire préalable ; et dans ce Couvre-feu, puisque ainsi le livre est nommé, c’est le feu du titre qui serait couvert, c’est-à-dire sa lumière.
Ce sera de l’originalité deux fois, car notre pauvre monde est bien triste, et ce n’est pas avec la mauvaise foi et la mauvaise humeur de l’ironie que nous disons comme la mère Jourdain du Bourgeois gentilhomme : « Oui, vraiment nous avons grande envie de rire, grande envie de rire nous avons !
Je ne sache pas de plus triste spectacle.
L’orateur parle avec éloquence de tous les maux que nos ancêtres ont soufferts sous ce tyran ; il peint les brigandages et les rapines, les riches citoyens proscrits, leurs maisons pillées, leurs biens vendus, l’or et les pierreries arrachées aux femmes ; les vieillards survivant à leur fortune ; les enfants mis à l’enchère avec l’héritage de leurs pères ; le meurtre employé comme les formes de justice, pour s’enrichir ; l’homme riche invoquant l’indigence, pour échapper au bourreau ; la fuite, la désolation ; les villes devenues désertes et les déserts peuplés ; le palais impérial, où l’on portait de toutes parts les trésors des exilés et le fruit du carnage ; mille mains occupées jour et nuit à compter de l’argent, à entasser des métaux, à mutiler des vases ; l’or teint de sang, posé dans les balances, sous les yeux du tyran ; l’avarice insatiable engloutissant tout, sans jamais rendre, et ces richesses immenses perdues pour le ravisseur même qui, dans son économie sombre et sauvage, ne savait ni en user, ni en abuser ; au milieu de tant de maux, l’affreuse nécessité de paraître encore se réjouir ; le délateur errant, pour calomnier les regards et les visages, le citoyen qui de riche est devenu pauvre, n’osant paraître triste, parce que la vie lui restait encore, et le frère, dont on avait assassiné le frère, n’osant sortir en habit de deuil, parce qu’il avait un fils.
Patientez avec le temps et l’expérience et soyez tranquille : ces deux tristes conseilleurs viendront assez vite. […] Quant à Goethe, faites attention que s’il fixe sur le monde un regard calme, c’est avec l’expression la plus triste et la plus passionnée. […] — Ô triste cœur, me dit Tiberge, cœur excessif ! […] Avec quelle grâce touchante le triste cyprès balance sa cime sur les tombes ! […] Le jeune homme met ses mains en croix sur son cœur, et triste il chemine.
Il y avait dix-sept siècles qu’une grande pensée triste avait commencé à peser sur l’esprit de l’homme pour l’accabler, puis l’exalter et l’affaiblir, sans que jamais, dans un si long intervalle, elle eût lâché prise. […] Car ce ne sont pas des ergoteurs d’école, des compilateurs misérables, des cuistres rébarbatifs comme les professeurs de jargon que lui imposait le moyen âge, comme ce triste Duns Scott, dont les commissaires de Henri VIII jettent en ce moment les feuillets aux vents. […] Rien de plus piquant pour eux qu’un carnaval de magnificences et de grotesques ; tout s’y coudoie, une grosse gaieté, un mot tendre et triste, une pastorale, une fanfare tonnante de capitan démesuré, une gambade de pitre. […] Que ce soleil est triste lorsqu’il se lève dans le brouillard au-dessus « des sillons mornes ! […] Ce triste roi se laisse rudoyer par ses favoris, leur écrit en style de commère, se dit un Salomon, étale une vanité d’écrivain, et, donnant audience à un courtisan, lui recommande sa réputation de savant, à charge de revanche.
Voici maintenant la triste histoire de la mort du gracieux Laurent et de la tendre Lisbette. […] Triste et abattu, il se mit à découper des images pour amuser l’enfant à son réveil. […] Au château, il y avait nombreuse compagnie, dans le salon, triste et magnifique, où l’on voyait sur les murs l’histoire de Psyché. […] Non, elle n’était pas froide et rigide, son cœur pur et triste, hanté par les rêves, aussitôt découragé, souhaitait la droiture qui console et soutient. […] La fin de ce poète fut triste.
Sa vieillesse fut triste, comme celle de tous les capricieux et imprévoyants. […] Le comte de Vigny était né triste, désenchanté avant même d’avoir goûté à l’illusion, et fatigué de vivre avant d’avoir vécu. […] Il est d’une grandeur triste qui est artistique au plus haut degré. […] M’enveloppant alors de la colonne noire, J’ai marché devant tous, triste et seul dans ma gloire.. […] Soirée en mer : deux personnages, l’un triste, l’autre souriant, l’un regardant la mer sombre, l’autre le ciel clair, et ainsi de suite.
Certes, une telle chambre nous semble triste et sombre ; les meubles pour nous faire bon accueil sont trop droits et trop raides. […] Sans guère sortir de sa brutalité triste, il montre çà et là des contentements sourds et fait entendre des murmures de satisfaction pareils à des grognements. […] Maintenant, on se fait un ingénieux souci de la bien voir et de la bien décrire, et quand elle est triste, on s’afflige avec elle. […] Le calme de la nuit rassure le cœur triste ! […] C’était, de son vivant, un bibliothécaire assidu et très doux, une âme timide, triste et naïve.
Plusieurs causes étrangères à la littérature vinrent encore ajouter à cette triste faillite de tant d’enthousiasmes et de promesses. […] Ce ne devrait pas être non plus ce que j’appellerai volontiers une conversion de circonstance ou d’urgence, in extremis, suspendue dans le vide, portant le 24 février pour étiquette, ne s’appuyant que sur le sentiment le moins honorable et le plus ingrat de notre triste humanité, la peur, et se composant du désir d’échapper au danger, de la rancune contre ses causes, et de l’évidence du néant des espérances et des sagesses humaines. […] Un vieux musicien, modeste et pieux, est le parent pauvre d’une orgueilleuse famille bourgeoise, où on le reçoit assez mal, et où il joue le triste rôle de parasite. […] N’allons pas plus loin, et ne précisons pas davantage : refusons-nous le triste plaisir de montrer à M. de Lamartine les extrêmes conséquences de sa méthode de personnalisme littéraire dans cette scène funèbre où il groupe près du fauteuil de madame de Girardin, déjà mortellement atteinte, lui, madame Sand et… M. […] C’est une chose triste à dire, mais indubitable : si les débuts des hommes célèbres demandent quelques frais de mise en scène, leur règne, leur glorieux automne, en exige bien plus encore.
Elle lui paraît triste et haïssable, et, comme nous faisons toujours à l’égard de ce que nous n’aimons pas, il lui donne le nom du défaut dont elle est voisine et où elle peut tendre : il l’appelle hypocrisie, vertu artificielle, affectation de grandeur ou de force morale. Il plaint un peuple condamné à être triste par le souci ou la prétention de se posséder. […] Stendhal voit se dessiner, imminente, une invasion de la vie triste. — La vie sera triste demain en France autant qu’en Angleterre, autant et de la même façon qu’en Amérique. Elle sera triste, parce qu’il faudra, pour être quelque chose, faire la cour à des ouvriers aux mains noires et à des paysans aux mains calleuses, boire dans des cabarets des breuvages très différents du « punch au rhum de minuit et demi », gonfler la voix, brandir des phrases bêtes, perdre très vite toute délicatesse et tout art de penser délicatement. — Elle sera triste parce qu’il faudra être moral, ce qui est ennuyeux, ou affecter de l’être, ce qui est plus ennuyeux encore. […] On dirait que les femmes leur sont odieuses : ils semblent rêver à établir une religion nouvelle. » — Elle sera triste parce que la révolution a détruit pour jamais en France la vie de société.
Elle a été trop triste et trop amère. […] Ils effrayent l’honnête boutiquier qui devient féroce du contrecoup, Ils font de la République un épouvantail. 93 est un triste asticot. […] » — Oui, a dit l’Empereur d’un ton triste ; on m’en veut naturellement de cette malheureuse guerre. […] Heures tristes C’est un livre de poésies émues, clairement exprimées, que celui, que M. […] Verchin publie sous le titre d’Heures tristes.
« Triste mission, dit M. Welschinger, triste mission, en vérité, pour des soldats français ! […] Tristes fleurs et cependant très douces. […] Pourquoi donc est-ce qu’on nous dit toujours, dans les livres et dans les collèges, que l’art gothique est triste ? […] M. la reine Wilhelmine, ne ressemblent pas à ces tristes paysans du temps de Louis XIV.
Huysmans se lamente sur son triste sort : « Je suis à jamais fichu ! […] Dans les grandes amoureuses divinisées par les poètes elle n’a vu que de tristes hystériques. […] C’est une triste contrée où les médecins sont rois, ayant établi leur domination par la terreur. […] Il a une imagination somptueuse et une âme triste. […] Il est triste, de cette tristesse désabusée qui lui enseigne le sens de la vie.
C’était au théâtre des Bouffes du Nord, dans une grande salle faubourienne et triste, perdue en plein quartier ouvrier, où s’entassait l’élite de tout un peuple. […] depuis plusieurs mois vous arrêtez en faveur d’un seul homme la vie de toute une nation, d’une nation sollicitée par tant d’autres grands et pressants problèmes ; de vos larges gestes théâtraux, vous provoquez l’opinion publique ; autour de vos tristes tréteaux vous amassez la foule, et alors, avec un cynisme ou une inconscience vraiment extraordinaires, vous déclarez, en vous frappant la poitrine, que vous possédez des preuves, des preuves que vous n’apportez jamais ; vous affirmez, que dis-je, hier encore, après quelques phrases sur « la glorieuse cité de Venise », vous juriez solennellement qu’un homme condamné pour trahison n’avait jamais trahi, et puis, lamentablement, vous mendiez un acquittement en promettant aux jurés la reprise des affaires ; vous avez semé le trouble dans les esprits et la haine dans les cœurs ; vous avez osé couvrir du glorieux pavillon des principes proclamés, il y a cent ans, par la France à son éternel honneur, des passions louches et des combinaisons politiques ; vous êtes assez naïf pour croire, ou assez impudent pour proclamer, que vous marchez à la conquête de la Vérité et de la Justice… Mais regardez donc un peu quelques-uns de vos compagnons d’armes ! Thévenet, Trarieux, Guyot, Reinach, Georges Clemenceauc, tout ce triste gibier de Parlement et de Cour d’Assises, ces chevaleresques Fils Aymon épris de victoires idéales, ces Cincinnatus qui, la France le sait et Cornélius Herz aussi, ont servi gratuitement la République. […] … Non, le trouble qui suit la lecture de tels livres (le sillage d’effroi qu’ils laissent en nous) n’est-il pas fait pour inspirer aux uns la croyance de l’effort sans trêve, aux autres, plus subtils, le scepticisme triste apportant ce bienfait que Clemenceau nomme la suprême sagesse du doute, à tous une souffrance purifiante et un besoin de vie plus belle et plus intense !
La mode du triste enfermement du cou des femmes, viendrait également des fanfioles, avec lesquelles la princesse de Galles cacherait des humeurs froides. […] Triste famille, où la belle-sœur d’Oscar, une pauvre créature, chez laquelle l’indignation est morte, disait à Shérard, que tous les Wilde étaient des fous. […] Lundi 5 août Sur de tristes détails donnés sur les démêlés de Nadar avec son fils, et sur sa ruine, visite avec les Daudet à l’Ermitage. […] Dans l’intervalle de tous ces petits chemins, il s’étendait par places, de l’herbe, mais une herbe écrasée, desséchée et morte, éparpillée comme une litière jaune, et dont les brins, couleur de paille, s’emmêlaient de tous côtés aux broussailles, entre le vert triste des orties… Des arbres s’espaçaient tordus et mal venus, de petits ormes au tronc gris, tachés d’une lèpre jaunâtre, des chênes malingres mangés de chenilles, et n’ayant plus que la dentelle de leurs feuilles… De volantes poussières de grandes routes enveloppaient de gris les fonds… Tout avait la misère et la maigreur d’une végétation foulée, la tristesse de la verdure de la barrière… Point de chants d’oiseaux dans les branches, point de parcours d’insectes sur le sol battu… Un bois à la façon de l’ancien bois de Boulogne, poudreux et grillé, une promenade banale et violée, un de ces endroits d’ombre avare, où le peuple va se ballader à la porte des capitales : parodies de forêts, pleines de bouchons, où l’on trouve dans les taillis des côtes de melons et des pendus !
Thiers fait énergiquement ressortir, c’est le triste et fort laid spectacle que présentent ces vainqueurs, coalisés la veille contre l’ambition d’un seul, à ce qu’ils disaient, et qui, le lendemain, se montrent les plus ambitieux et les plus avides à se partager ses dépouilles ; c’est cette politique de Vae victis, impitoyablement dirigée à la fois contre la France et contre ceux des États et des souverains secondaires qui lui étaient restés attachés dans la lutte, c’est cette curée de sang-froid, où quelques commissaires d’élite attablés autour d’un tapis vert se disputent, jusqu’à en venir (ou peu s’en faut) aux menaces, des morceaux de territoire et des lots de quelques centaines de mille âmes, jusqu’à ce qu’ils aient obtenu à peu près le chiffre rond qu’ils revendiquent pour le leur.
Thiers et à lui arracher des mains le triste récit de Waterloo ?
Le critique, cette, fois trop artiste et de parti pris, n’a pas daigné entrer pas à pas dans l’œuvre et dans l’existence de ce grand et triste esprit, l’un des plus pénétrants qui aient jamais été.
Elle a commencé par se la faire à elle seule, puisqu’on ne l’y aidait pas, et puis elle a vu qu’elle avait fait une œuvre qui trompe, et, comme un bon esprit qu’elle était, elle a cherché sa part ailleurs, d’un air un peu triste et sombre, comme une personne fatiguée qui a beaucoup et inutilement travaillé.
Et, timide, hésitant devant la grande bataille littéraire, doutant du succès et doutant de soi-même, il se demandait, poète de vingt ans, en ses heures d’angoisses, s’il n’était pas, comme tant de pauvres diables partis pour la conquête des Toisons d’or et rentrés au logis, trempés par la pluie, crottés par la bouc, Colletets de la triste Bohème, un impuissant lui aussi, un demi-poète, un songe creux, un raté !
Fatale distinction, qui a empoisonné l’existence de tant d’âmes belles et libres, nées pour savourer l’idéal dans toute son infinité, et dont la vie s’est écoulée triste et oppressée sous l’étreinte de l’étau fatal !
Abandonné à lui-même, triste jouet de ses illusions & de ses caprices, esclave de ses penchans, victime continuelle de sa déplorable existence, en quoi pourroit-il contribuer au bonheur des autres, étant le plus cruel ennemi de lui-même ?
En se dissolvant elle se divise, et voici de quelle façon : Le royaume chancelle, la dynastie s’éteint, la loi tombe en ruine ; l’unité politique s’émiette aux tiraillements de l’intrigue ; le haut de la société s’abâtardit et de génère ; un mortel affaiblissement se fait sentir à tous au-dehors comme au-dedans ; les grandes choses de l’état sont tombées, les petites seules sont debout, triste spectacle public ; plus de police, plus d’armée, plus de finances ; chacun devine que la fin arrive.
On lui manda cette triste nouvelle dans les termes les plus propres à soutenir une épouse désolée, & les plus honorables à la mémoire d’un tel époux.
Monselet a été toujours sérieux, quand il n’a pas été triste, tout le long de ce volume, et je n’y ai guères compté qu’une anecdote vraiment gaie, et enlevée dans l’ancienne manière de l’auteur.
L’esprit de conversation désorientait de ses feux et de ses éclats ce génie nonchalant et triste, qui broyait longtemps ses couleurs en silence.