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934. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

J’ai lu, pour ma part, ce morceau soigneusement, et il m’est encore difficile, à l’heure qu’il est, d’en saisir le véritable dessein.

935. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Son art possède un charme lent qui s’insinue sans jamais saisir.

936. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Le parquet est saisi d’une affaire de mœurs où de nombreuses personnes sont impliquées.

937. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

C’est le même don d’observation qu’il apporte dans ses chansons et dans ses croquis, et personne n’a, comme lui, saisi les gens dans leur geste essentiel et leur attitude spécifique.

938. (1890) L’avenir de la science « I »

Le philosophe et l’homme religieux peuvent seuls à tous les instants se reposer pleinement, saisir et embrasser le moment qui passe, sans rien remettre à l’avenir.

939. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Plan, ordonnance, action, caracteres, comique, dialogue, style, versification, tout y annonce un Peintre habile à saisir les nuances du ridicule, & à le présenter dans un jour propre à le faire ressortir.

940. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Racine, & commençant par convenir qu’il y avoit encore dans ce siècle des écrivains dignes de l’autre, il a mieux saisi & marqué les causes véritables du contraste de ces deux siècles.

941. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Sans une élocution élevée & sublime, le grand paroît toujours grand : le vrai & le beau, pour saisir l’ame, n’ont pas besoin d’ornement étranger.

942. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Quand l’auteur des Deux Masques va, par exemple, chercher l’Histoire, — dont il a besoin pour montrer jusqu’où plongent les racines du génie d’Eschyle et faire le lumineux décompte de ce qui est de la personnalité et de la race, — et qu’à travers l’antique Hérodote, et plus haut et plus loin qu’Hérodote, il va la chercher, cette fuyante histoire, jusque dans les derniers éloignements et les derniers effacements du passé, il la saisit et l’amène sous le regard par la force de la couleur, et il la pousse sur nous, pour ainsi dire, vainqueur des âges et des lointains !

943. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

» Hérodote a sur son front païen quelque chose du rayon des prophètes, et Pierre Saliat a le mérite critique de l’avoir vu… Il a, comme un de nous, raffinés modernes qui cherchons partout des analogies, saisi ce caractère majestueux, théocratique et patriarcal qui donne à Hérodote un si grand air, auprès duquel Thucydide lui-même semble petit et mince, un maigre historien d’époque philosophique, quelque chose comme un Thiers d’Athènes.

944. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

» — Richelieu saisit aussitôt le bougeoir que portait un page, et, précédant le roi : « Sire, — répondit-il avec l’aplomb d’un homme invulnérable, — je ne puis marcher devant Votre Majesté qu’en remplissant les fonctions de ses moindres serviteurs. » Ximénès, le sévère Ximénès, n’avait rien de ce sang-froid et de cette souplesse dans la flatterie, de ce respect qui caressait en se courbant.

945. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Qu’un jour, par exemple, il ait pris pour sujet de ses investigations et de ses récits la conquête du Mexique par les Espagnols qu’il a racontée, je n’en suis nullement étonné, et même je me l’explique très bien ; car la conquête du Mexique, c’est l’histoire d’une aventure inouïe d’audace et de cruauté, et qui devait saisir avec puissance ce tempérament d’aventurier, lequel est le vrai tempérament américain.

946. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Ôtez, en effet, les vérités indémontrables et nécessaires à la vie et à la pensée humaines, qu’on savait avant les philosophes, et auxquelles ils n’ont pas donné un degré de certitude de plus, — le nombre infini de leurs sophismes laborieux, — les forces d’Hercule perdues par eux pour saisir le faux ou le vide, — le mal social de leurs doctrines qui n’ont pas même besoin d’être grandes pour produire les plus grands maux, — ôtez cela après l’avoir pesé, et dites-moi ce qui reste de tous ces philosophes et de toutes ces philosophies, même de ceux ou de celles qui paraissent le plus des colosses !

947. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Et le plus écrasant démenti ne lui est-il pas donné par l’Histoire toute entière, qui atteste que le Christianisme a centuplé cette puissance, là où il a saisi la nature humaine, — en Chine même, comme ailleurs et partout !

948. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Disons, nous, quelque chose que les esprits, impatients de netteté et de consistance, puissent au moins saisir.

949. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Aussi, pour peu qu’on aimât les lettres et qu’on tînt à elles, au bien qu’elles font, à la gloire qu’elles donnent, par quelque ardente sympathie, on était heureux de penser que les lettres seules avaient préservé les quarante premières têtes de France de cette contagion d’idées fausses qui, à cette époque, avait saisi tous les esprits, et les savants plus que personne.

950. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

L’auteur du Faust moderne a été saisi par l’idée chrétienne, qui ne l’a pas lâché jusqu’à la fin de son poème ; mais nous ne sommes pas des loups bien méchants : nous ne le mangerons pas.

951. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Dans ces poèmes naïfs, épouvantés et mystérieux, l’expression ne défaille presque jamais, mais elle défaillerait, que le sentiment intérieur qui y circule et qui les anime suffirait pour nous toucher et pour nous saisir.

952. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

En lisant au front de son volume ces mots : Les Amours d’Italie, on pourrait supposer qu’il a saisi, avec l’ambition très-peu scrupuleuse du succès, cette misérable bonne fortune d’occasion qu’un goût très-élève dédaignerait ; mais quand il s’agit de M. 

953. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Des jurisconsultes comme Baudouin, Duaren et Hotman, commentateurs de ces lois romaines, si nécessaires à des peuples barbares qui commençaient à étudier des mots, et n’avaient point de lois ; d’Argentré, d’une des plus anciennes maisons de Bretagne, et auteur d’un excellent ouvrage sur la coutume de sa province ; Tiraqueau, qui eut près de trente enfants, et composa près de trente volumes ; Pierre Pithou, qui défendit contre Rome les libertés de l’église de France, qui devraient être celles de toutes les églises ; Bodin, auteur d’un livre que Montesquieu n’a pas fait oublier ; enfin, Cujas et Dumoulin, tous deux persécutés, et tous deux hommes de génie, dont l’un a saisi dans toute son étendue le véritable esprit des lois de Rome, et l’autre a trouvé un fil dans le labyrinthe immense de nos coutumes barbares.

954. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Voltaire lui-même, le moins lyrique des poëtes, était saisi d’admiration à ce contraste si prolongé du sommeil de tous les êtres avec l’agitation d’un cœur tourmenté.

955. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Pourtant, dans cette Sicile heureuse, bien que tant de fois bouleversée, il avait été témoin d’une vie réellement pastorale ; il avait, dans sa jeunesse, entendu de vrais chants qu’accompagnait la flûte de vrais bergers, et il n’en fallut pas davantage à son génie inventif pour saisir l’occasion d’une poésie neuve. […] J’en donnerais la traduction mot à mot, en tâchant d’en faire saisir le parfum champêtre et comme l’odeur de bruyère qui court à travers ces propos familiers et simples. […] En voici un calque aussi léger que je l’ai pu saisir ; ce n’est que par de tels échantillons fidèlement offerts qu’on parvient à faire pénétrer dans les replis du talent.

956. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

A peine si on peut en saisir quelque indice, quelque vestige imprévu qui se glisse dans des productions et des monuments d’un autre ordre, et qui est ainsi arrivé par hasard jusqu’à nous. […] Quand une fois une idée l’a saisi, il n’en démord plus. […] Alterius sic Altera poscit opem res, et conjurat amice Il ne me reste plus qu’à mentionner un livre tout récent, produit direct de l’érudition française, celui de M. de Chevallet, qui, reprenant la question au point où l’avait laissée Fallot, l’a traitée avec une méthode tout expérimentale, n’a épargné ni recherches ni comparaisons de toutes sortes, pour discerner les éléments du vieux français, élément latin, celtique, germanique, pour en établir le compte autant que possible et en fixer les proportions, pour faire l’histoire et dresser comme l’état civil des mots provenant des trois races ; et l’auteur s’y est consacré avec une telle ardeur, il s’est tellement prodigué de sa personne dans des voyages et des séjours en divers pays, partout où il espérait recueillir des vestiges utiles, qu’il s’y est à la lettre consumé : la mort l’a saisi comme Fallot à la fleur de l’âge, mais du moins après qu’il avait pu voir ce premier et considérable résultat de son effort conduit à bonne fin et couronné.

957. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Semblable à ces déesses des anciennes épopées qui apparaissaient aux mortels, elle enchante nos yeux, subjugue nos cœurs ; mais, si nous voulons la saisir, nous embrassons une nuée. […] Quel lien subtil peut-on saisir entre l’impression profonde qui lui fait trouver comique ou belle L’École des femmes, et les remarques pleines de sens et d’esprit qui sortent de sa bouche, sur la valeur dramatique des récits d’Horace et d’Agnès, sur le caractère propre de l’art et du génie de Molière, et sur la haute portée de ce qu’on appelle ses plaisanteries ? […] Car « la trame de nos sensations est si compliquée, qu’à grand-peine l’analyse la plus subtile en peut-elle saisir un fil bien séparé et le suivre à travers tous ceux qui le croisent.

958. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« J’allai le consulter un jour, raconte Pétrarque, dans un de ces accès de découragement dont j’étais quelquefois saisi et abattu ; il me reçut avec sa bonté ordinaire : Qu’avez-vous, me dit-il, vous me paraissez tout mélancolique ? […] Un grand goût de solitude le saisit ; il alla plus fréquemment chercher le silence sans trouver l’oubli dans la vallée alors presque sauvage de Vaucluse. […] Voici comment il la décrit lui-même dans une de ses lettres, ainsi que la vie ascétique dans laquelle il s’était recueilli pour prier, chanter, rêver et aimer encore : « Quand on trouve un antre creusé par la nature dans les flancs d’un rocher, dit Sénèque, l’âme est saisie d’un sentiment religieux, sans doute parce qu’on y sent l’impression directe de l’Ouvrier divin ; les sources des grands fleuves inspirent la vénération, l’apparition subite d’un fleuve mérite des autels ; j’en veux ériger un, ajoute-t-il, aussitôt que mes ressources pécuniaires me le permettront ; je l’élèverai dans mon petit jardin qui est sous les roches et au-dessus des eaux ; mais c’est à la Vierge, mère du Dieu qui a détruit tous les autres dieux, que je le dévouerai. » « Ici, dit-il après dix ans de séjour dans cet ermitage, ici je fais la guerre à mes sens et je les traite en ennemis : mes yeux, qui m’ont entraîné dans toutes sortes de précipices, ne voient maintenant que le ciel, l’eau, le rocher.

959. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Et maintenant relisons, si vous voulez, une troisième fois ensemble ; je vais feuilleter page à page ce divin poème épique du cœur de la Chloé moderne avec vous ; vous jugerez si le charme qui m’a saisi à cette lecture vient de mon imagination ou du génie de ce jeune Provençal. […] Moi, de l’écorce d’un grand chêne je me vêtirai dans la forêt sombre. » « Ô Magali, si tu te fais l’arbre des mornes, je me ferai, moi, la touffe de lierre ; je t’embrasserai. » — « Si tu veux me prendre à bras le corps, tu ne saisiras qu’un vieux chêne… je me ferai blanche nonnette du monastère du grand saint Blaise. » « Ô Magali, si tu te fais nonnette blanche, moi, prêtre, je te confesserai et je t’entendrai. » « Là les femmes tressaillirent, les cocons roux tombèrent des mains, et elles criaient à Nore : Oh ! […] « Puis dans une casaque noire elle presse légèrement sa petite taille, qu’une épingle d’or suffit à resserrer ; par tresses longues et brunes ses cheveux pendent et revêtent comme d’un manteau ses deux épaules blanches ; mais elle en saisit les boucles éparses, « Vite les rassemble et les retrousse à pleine main, les enveloppe d’une dentelle fine et transparente ; et, une fois les belles touffes ainsi étreintes, trois fois gracieusement elle les ceint d’un ruban à teinte bleue, diadème arlésien de son front jeune et frais.

960. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Le fanatisme d’espérance qui avait saisi Klopstock, le chantre épique de la Messiade, et que ce grand et saint poète exhalait dans des odes enflammées et tonnantes comme des bombes d’enthousiasme allemand, ce fanatisme ne s’était pas entièrement communiqué à Goethe, mais il en ressentait quelques reflets. […] Un vague désir, un désir sans nom, saisit l’âme du jeune homme ; il erre dans la solitude, fuyant les réunions tumultueuses de ses frères et pleurant à l’écart. […] Le bourgeois paisible saisit ses armes ; la multitude inonde les rues et les places, des bandes d’assassins errent de côté et d’autre.

961. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« Il en fut saisi jusqu’au point d’éclater en véritable fureur, se voyant les mains liées par une injonction des plus hautaines et qu’il fallait exécuter sur-le-champ. […] Pour bien saisir l’affaire, il est indispensable d’entrer (rien que sur ce point) dans l’intrinsèque de la négociation. […] « Arrivés dans l’appartement du cardinal Mattei, où nous pouvions parler en toute liberté, je m’empressai de relever l’inconvenance, — pour ne rien caractériser davantage, — qu’il y aurait à souscrire ces formules, et je fis saisir à tous ceux qui ne savaient pas la langue qu’ils n’avaient pas compris la portée des mots.

962. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Cela signifiait que ces grands solitaires de la pensée s’étant élevés en totale liberté, à leurs risques et périls, à de prodigieuses altitudes, contemplaient le fait en admirant leur propre force, mais tout à coup étaient saisis d’appréhension par l’éveil d’une pensée sociale : « Que fera l’humanité si elle se croit munie de nos ailes ?  […] Edmond Estève, professeur de littérature française à l’université de Nancy Il me paraît singulièrement mal choisi de qualifier de « stupide » le siècle qui s’est appliqué à discerner les moindres nuances de la pensée, à saisir en toute chose ce qu’elle contient de particulier et de relatif, le siècle qui a été par excellence le siècle de la science, de la critique et de l’histoire. […] Je suppose qu’il ne faut rien prendre au tragique, et que vous avez simplement saisi, pour cette enquête, l’occasion que vous offrait la boutade d’un de nos aimables dadaïstes… Il y a, dans l’histoire de la Littérature française, un siècle qui domine tous les autres, parce qu’il est essentiellement le siècle de la création : c’est celui de François Rabelais.

963. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Car on sait que tout ce qui nous entoure change de minute en minute et l’on envie à la photographie la faculté de saisir des instantanés. […] Qui veut avoir une bonne leçon de littérature comparée, saisir sur le fait la différence du goût entre le xviie  siècle et la fin du xviiie n’a qu’à traverser la courte distance qui sépare le château de Versailles du Petit Trianon. […] Nous répétons souvent ce proverbe : Il faut saisir la balle au bond, sans penser qu’il nous vient du jeu de paume si cher à nos arrière-grands-pères.

964. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Le vertige saisit sur son comble la souveraineté sans obstacle et sans garde-fou ; il lui fait perdre le sens des réalités, et la notion des limites. […] Xerxès, voyant plier cette élite, sauta par trois fois hors de son trône, transporté de colère et saisi d’effroi. […] Une inspiration le saisit enfin.

965. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Et voilà pourquoi nous ne saisirons jamais le sens de vers tels que ceux-ci : La lune plaquait ses teintes de zinc     Par angles obtus ; Des bouts de fumée en forme de cinq Sortaient drus et noirs des hauts toits pointus. […] Quant à la musique de ces vers, qui peut la saisir, et en quoi diffère-t-elle des plus banales harmonies de Lamartine ? […] Les écrivains modernes ne sont pas seulement amenés a l’étude des vices ou des passions fortes, mais aussi à l’étude des monstruosités, et cela pour diverses raisons : la première est l’intérêt scientifique ; on éprouve une plus grande curiosité à l’égard de tout ce qui est dans l’espèce une anomalie, un « phénomène » ; en outre la science moderne, — physiologie ou psychologie, — attache une importance croissante à l’étude des états morbides, parce que ces états permettent de saisir sur le fait la dégradation de nos diverses facultés, de constater celles qui ont la plus grande force de résistance, d’établir ainsi des lois de la vie physique ou psychique valant même pour les êtres bien portants.

966. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Cette idée fut saisie par un autre protégé de Richelieu, par Desmarets de S. […] Ils se prévaloient des vices qu’on remarque dans l’ensemble, pour ne pas rendre justice aux détails : ainsi l’état de la question ne fut saisi ni de part ni d’autre. […] Homère avoit habilement saisi celles du siège de Troie, & Virgile fait également usage de tout ce qu’on disoit sur l’arrivée & l’établissement d’Énée en Italie : car cette époque, cet établissement est le véritable objet du poëte.

967. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

« Une grande tristesse me saisit le cœur à cet aspect, dit le Dante, car je reconnus là en suspens des âmes d’une grande nature et d’une haute vertu !  […] Ils sont dans l’angoisse muette qui saisit le père jusqu’à le pétrifier au bruit inusité des verrous de la porte basse qu’on scelle et qu’on rive pour jamais. […] « Ô vous », s’écrie alors le poète saisi d’enthousiasme, « vous qui, sur une trop petite nacelle, désirez suivre mon navire qui chante en voguant, — rebroussez chemin vers les bords, ne vous lancez point sur cette vaste mer ; car, si vous veniez à me perdre de vue, vous resteriez égarés !

968. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

En d’autres termes, nos perceptions, sensations, émotions et idées se présentent sous un double aspect : l’un net, précis, mais impersonnel ; l’autre confus, infiniment mobile, et inexprimable, parce que le langage ne saurait le saisir sans en fixer la mobilité, ni l’adapter à sa forme banale sans le faire tomber dans le domaine commun. […] Nous éprouverions une surprise du même genre si, brisant les cadres du langage, nous nous efforcions de saisir nos idées elles-mêmes à l’état naturel, et telles que notre conscience, délivrée de l’obsession de l’espace, les apercevrait. […] Si chacun de nous vivait d’une vie purement individuelle, s’il n’y avait ni société ni langage, notre conscience saisirait-elle sous cette forme indistincte la série des états internes ?

969. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je passe d’abord à Me D un grand étalage d’érudition, dont elle saisit un prétexte bien leger, comme si elle avoit craint de n’en pas retrouver une meilleure occasion. […] L’un des disputans peut avoir saisi ce juste milieu, tandis que l’autre demeure seul dans l’excès. […] Les hommes ne demandent pas mieux que de la dire, quand ils n’y perdent rien ; ils se plaisent même à dire des choses humiliantes à ceux qui les veulent bien souffrir : c’est un moment de supériorité pour eux, et ils ne manquent pas de le saisir. […] Moins un poëte saisit ces rapports, plus il s’éloigne de son dessein, et plus le lecteur se détache d’un auteur qui l’égare. […] Comme Me D l’avoit prévenu, et que de son aveu elle avoit saisi ce qu’il y avoit de plus fort et de meilleur à dire sur la matiere, je ne pourrois que défendre contre lui mes opinions par les mêmes raisonnemens que j’ai déja employez avec elle.

970. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Cette observation en passant serait mieux venue sans doute à l’occasion de Balzac ; mais je n’avais pas le choix, et j’ai dû saisir le prétexte moindre de M.  […] C’est tout au plus si elle accepte le nuage rose qui colore la réalité sans l’altérer essentiellement et nous permet encore, sinon de la voir en plein, au moins d’en saisir le contour. […] Pas une émotion ne trouble le calme didactique de ces vers ; on a beau écouter, nulle part l’oreille la plus fine ne saisirait la vibration d’un cœur douloureux. […] ———— Est-il rien de mortifiant comme de lancer un mot qui n’est pas saisi ? […] Un convive, frais débarqué de son Paris, saisit au passage le mot « jardin des plantes ».

971. (1886) Le roman russe pp. -351

Dès le début, l’effroi de la steppe déserte vous saisit, avec ses grands bruits d’herbes agitées, ses voiles de brouillards, ses inquiétudes vagues. […] Ceux, — et ils sont nombreux, — qui se donnent une attitude, une pose, comme on dit si bien, ceux-là sont commodes à saisir. […] C’est une infériorité, la misère navrante du comédien qui vit pour les autres, du débiteur qu’on saisit. […] La douane saisit des mouchoirs jugés d’un emploi irrespectueux, parce qu’ils portaient imprimés les portraits du Pape et des souverains étrangers. […] Tourguénef en saisit plusieurs ; parcourons rapidement la galerie, en feuilletant les romans écrits à cette époque.

972. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

L’œil y saisit sans peine les formes des objets et en rapporte une image précise. […] Délicatesse de la perception, aptitude à saisir les rapports fins, sens des nuances, voilà ce qui lui permet de construire des ensembles de formes, de sons, de couleurs, d’événements, bref, d’éléments et de détails si bien reliés entre eux par des attaches intimes, que leur organisation fasse une chose vivante et surpasse dans le monde imaginaire l’harmonie profonde du monde réel. […] A cent pas de l’enceinte sacrée qui l’entoure, on saisit la direction et l’accord de ses principales lignes. — D’ailleurs, elles sont si simples qu’il suffît d’un regard pour en comprendre l’ensemble. […] Nous sommes devant eux comme un auditeur ordinaire devant un musicien né et élevé pour la musique ; son jeu a des délicatesses d’exécution, des puretés de sons, des plénitudes d’accords, des finesses d’intention, des réussites d’expression que l’autre, médiocrement doué et mal préparé, ne saisit qu’en gros et de loin en loin. […] Ajax, saisi de vertige, a égorgé les bestiaux du camp en croyant tuer ses ennemis ; honteux de sa folie, il se lamente et se tue.

973. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Il y devint l’ami de Goethe, qu’il eut le mérite d’apprécier du premier jour à sa valeur ; et ce qui est vrai encore, c’est que pendant toute cette belle saison de 1772, Goethe, accueilli par lui, adopté par Charlotte et par toute la famille, mena une vie d’exaltation, de tendresse, d’intelligence passionnée par le sentiment, d’amour naissant et confus, d’amitié encore inviolable, une vie d’idylle et de paradis terrestre impossible à prolonger sans péril, mais délicieuse une fois à saisir. […] Le type y est saisi et embrassé dans son entier comme par un jeune frère.

974. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Permettez-moi, monsieur, de saisir cette occasion pour vous dire avec quel    plaisir j’ai lu    ces    pages    que vous avez consacrées au Père Lacordaire. […] Le motif saisi au vol se transformait aussitôt.

975. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Il est aisé de saisir ici une tendance, un prochain danger. […] … J’y ai beaucoup pensé, disait-il ; je n’ai jamais pu en saisir le sens avec certitude. » Montesquieu garda un moment le silence et répondit : « Pour faire de grands ouvrages, deux choses sont nécessaires, un père et une mère, le génie et la liberté… Mon ouvrage a manqué de cette dernière. » Noble et fière réponse !

976. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

La connaissance des vrais mémoires d’un grand homme, c’est la chute de ce mur de séparation, c’est la vue du héros, de l’orateur, du poëte, non plus dans son unité apparente et glorieuse, mais dans son unité effective, plus diverse et à la fois plus intelligible ; on saisit les passions, les affections premières, les tournures originelles de ces natures qui, plus tard, ont dominé ; en quoi elles touchent au niveau commun, et quelques parties des racines profondes. […] A part Fénelon, qu’il s’est trop complu (je ne sais pourquoi) à saisir au point de vue biographique et caustique de Saint-Simon, M.

977. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Pour le coup, on croit avoir saisi chez le savant un aveu, une pointe de naturel, un grain de Rabelais. […] Qu’il suffise d’avoir saisi la teneur et l’habitude élevée d’une âme durant les longues et définitives années18.

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