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454. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

À ce moment, si l’on cherche le trait dominant qui règne dans ce monde divers, on ne trouve rien ; on sent bien que tout cela est beau, mais on ne démêle pas encore de quelle beauté ; on est agité par vingt tendances naissantes et aussitôt détruites ; on essaye les mots de voluptueux, de riche, de facile, d’abondant ; ils ne conviennent pas ou ne conviennent qu’à demi. […] Elle se manifeste sur les lèvres par les mots d’épanouissement, de bonheur, de volupté noble ; en même temps, la vue intérieure a saisi quelque image correspondante, une fleur qui s’ouvre, un visage qui sourit, un corps penché qui s’abandonne, un accord riche et plein d’instruments doux, une caresse d’air parfumé dans une campagne ; voilà des comparaisons et métaphores expressives, c’est-à-dire des représentations sensibles, des souvenirs particuliers, des résurrections de sensations, toutes analogues à celles que je viens d’éprouver, du même ton et du même tour.

455. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Le hasard d’une bonne action qu’il n’a pas méditée le fait intendant d’une riche maison, aimé de ses maîtres. […] Comme Gil Blas, Marianne et Jacob sont chargés de nous montrer les milieux qu’ils traversent, l’une d’enfant trouvée devenant demoiselle de boutique, mise au couvent, lancée dans le monde, s’acheminant à un riche mariage ; l’autre, de laquais s’élevant à la condition de fermier général.

456. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

C’est une nature complexe, agissante, sensible, joyeuse, courageuse, tapageuse, un mélange inimaginable de polissonnerie et de fierté, de rouerie et de générosité, de puffisme et de candeur, de bouffonnerie et d’enthousiasme, l’original authentique de Figaro, mais un original plus intéressant, plus riche, plus sympathique enfin que la copie et plus estimable. […] Toutes ces riches accumulations de mots qui tombent dru comme grêle, ces brusques oppositions, ces trouvailles d’images délicieuses ou cocasses, ces bouquets ou ces fusées d’épigrammes, tout cela est préparé, mesuré, ajusté.

457. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Cependant, s’il se casse la jambe, je puis marcher encore, et il est possible que je meure de faim quoiqu’il soit riche. […] C’est pourquoi les animaux, relativement moins incohérents que nous et mieux adaptés à leur vie plus simple, se passent d’une « morale » et c’est pourquoi aussi les rudiments en apparaissent chez eux quand nous voulons les adapter, comme nous avons faits pour le chien, à des rapports sociaux auxquels leur nature n’était point accommodée, pourvu que leur vie mentale soit assez riche et assez forte.

458. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Mais si l’une nous révèle des rapports vrais que l’autre nous dissimule, on pourra néanmoins la regarder comme physiquement plus vraie que l’autre, puisqu’elle a un contenu plus riche. […] La vérité, pour laquelle Galilée a souffert, reste donc la vérité, encore qu’elle n’ait pas tout à fait le même sens que pour le vulgaire, et que son vrai sens soit bien plus subtil, plus profond et plus riche.

459. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Nicolas Fouquet, né à Paris en 1615, était fils d’un père breton, riche armateur, et que Richelieu avait fait entrer dans le Conseil de la marine et du commerce. […] Gourville raconte l’état de désordre où était dans ce temps (1657) l’administration des finances ; la place était remplie de billets décriés qui provenaient de la banqueroute qu’avait faite quelques armées auparavant le maréchal de La Meilleraye (alors surintendant) ; on achetait ces anciens billets pour rien, et, en faisant des affaires avec le roi, on obtenait de Fouquet, comme condition, qu’il réassignât ces billets pour les sommes entières : « Cela fit beaucoup de personnes extrêmement riches, dit Gourville ; cependant, parmi ce grand désordre, le roi ne manquait point d’argent, et, ayant tous ces exemples devant moi, j’en profitai beaucoup. » Le roi ne manquait point d’argent, là est un point essentiel dont Pellisson s’est ensuite servi très habilement dans les Défenses qu’il a données de Fouquet.

460. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Telle elle parut en toute circonstance solennelle, et notamment ce jour où, aux Tuileries, la reine mère festoya les seigneurs polonais qui venaient offrir la couronne au duc d’Anjou, et où Ronsard présent confessa que la belle déesse Aurore elle-même était vaincue ; et mieux encore ce jour de Pâques fleuries à Blois, où on la vit à la procession, toute coiffée et comme étoilée de diamants et de pierreries, vêtue d’une robe de drap d’or frisé venue de Constantinople, qui eût par son poids écrasé toute autre, mais que sa belle, riche et forte taille soutenait si bien ; tenant et portant à la main sa palme, son rameau bénit, « d’une royale majesté, d’une grâce moitié altière et moitié douce ». […] On a, chemin faisant, de jolis tableaux flamands qu’elle rend à ravir : à Mons, par exemple, à ce festin de gala où la belle comtesse de Lalain (née Marguerite de Ligne), dont la beauté et le riche costume sont décrits si particulièrement, se fait apporter son enfant au maillot et lui donne à téter devant toute la compagnie, « ce qui eût été tenu à incivilité à quelque autre, dit Marguerite ; mais elle le faisait avec tant de grâce et de naïveté, comme toutes ses actions en étaient accompagnées, qu’elle en reçut autant de louanges que la compagnie de plaisir ».

461. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Il naquit sous les piliers des Halles, d’un père bon bourgeois, riche marchand de salines. […] Il s’en revient en France après deux années d’absence environ, riche d’observations et mûr.

462. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Les espèces des plus grands genres varient partout plus que les espèces de genres moins riches. […] On peut retourner la formule en lui donnant un autre sens, et dire que dans les genres les plus riches, où un nombre de variétés ou d’espèces naissantes, supérieur à la moyenne, sont en train de se former, beaucoup des espèces déjà formées ressemblent encore en une certaine mesure à des variétés : car elles se distinguent les unes des autres par une somme de différence au-dessous de la moyenne.

463. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

L’univers entier est pour lui un motif de joie, d’amour et d’étude. « Celui qui se renferme en lui-même, ajoute la même critique, pour rêver d’après ses goûts des types de perfection idéale… n’est certainement pas l’homme qui sait le mieux… tirer des campagnes et des buissons qui entourent sa demeure le contentement et les inspirations qu’ils pourraient fournir, — et ce n’est pas lui non plus qui sera le plus grand artiste. » Ceci nous montre tout ce qui sépare la riche émotivité de Ruskin, l’homme qui « découvre le côté frappant de chaque chose », de la sèche artificialité des Préraphaélites, de Rossetti et de Burne-Jones notamment, « rêvant d’après leur goût des types de perfection idéale ». […] Il est déplorable pour ce siècle et pour les siècles qu’une aussi riche nature, qu’un aussi noble esprit ait fait fausse route.‌

464. (1885) L’Art romantique

Cependant je suis convaincu que c’est là la méthode la plus sûre pour les imaginations riches. […] La scène est au gué de Jacob ; les lueurs riantes et dorées du matin traversent la plus riche et la plus robuste végétation qui se puisse imaginer, une végétation qu’on pourrait appeler patriarcale. […] À travers ces barreaux de fer symboliques, l’enfant pauvre montrait à l’enfant riche son joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu. […] Avec une nuance de plus, une Larme du Diable continuait ce filon de riche jovialité. ‘ Mademoiselle de Maupin servit à définir encore mieux sa position. […] Et toute la science, tous les efforts, toutes les combinaisons de ce riche esprit ne sont, à vrai dire, que les serviteurs très-humbles et très-zélés de cette irrésistible passion.

465. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Un galion espagnol tout chargé d’or, ou une riche cargaison hollandaise ne vaut pas à ses yeux l’honneur d’humilier l’Allemand qui siège au trône d’Angleterre, le plaisir de faire couler Saint-George au fond de l’eau.

466. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Et il faudrait être sans pitié aussi pour toute une catégorie des clientes de ces gens-là, pour leurs clientes riches, pour les perruches et les poupées sans cœur qui ne veulent pas être mères, parce que cela gâte la taille et interrompt le plaisir.

467. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Pour celui qui déploya de pareils rêves, voilures gonflées vers l’infini, la vie quotidienne n’existait que très peu : il ne fut ni pauvre, ni malade, ni dédaigné ; mais royalement riche, comme Axël, jeune et fort comme Axël, et comme Axël aimé de Sara, l’énigmatique princesse.

468. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIX. Réflexions morales sur la maladie du journal » pp. 232-240

On cherche un bailleur riche, naïf ou vaniteux, qui paye le papier et l’imprimeur.

469. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

Le Philosophe, en se trompant, ressemble à ces Voyageurs, qui, sans être parvenus au but qu’ils s’étoient proposé, ont découvert sur la route, des pays riches & féconds, propres à faciliter ensuite les recherches des autres Voyageurs.

470. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

On ne fut guéres plus riche, lorsque Moreri eut donné son Dictionnaire historique en 1673.

471. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Il est riche.

472. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

Pigalle est riche et de grands monumens l’occupent.

473. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

Je vais te fournir les moyens de devenir vraiment riche. » Elle entre dans sa case et en ressort aussitôt : « Voici dit-elle le grigri que je t’ai promis ».

474. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Et puis, on l’a blâmé tant de fois, notre régime discrétionnaire, notre arbitraire administratif, nous avons entendu une si riche collection d’hommes de tous les partis venir tour à tour dénoncer le Code pénal de 1810, aggravé par la loi de 1834 et par la jurisprudence, que je ne vois pas qu’il y ait un mot à ajouter.

475. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Le soleil brûlant, l’étrange végétation de cocotiers et de palmiers, le champ de riz, le réservoir d’eau, les arbres énormes, plus vieux que l’empire Mogol, sous lesquels s’assemblent les foules villageoises, le toit de chaume de la hutte du paysan, les riches arabesques de la mosquée où l’iman prie la face tournée vers la Mecque, les tambours et les bannières, les idoles parées, le pénitent balancé dans l’air, la gracieuse jeune fille, avec sa cruche sur la tête, descendant les marches de la rivière, les figures noires, les longues barbes, les bandes jaunes des sectaires, les turbans et les robes flottantes, les lances et les masses d’armes, les éléphants avec leurs pavillons de parade, le splendide palanquin du prince, la litière fermée de la noble dame ; toutes ces choses étaient pour lui comme les objets parmi lesquels sa vie s’était passée, comme les objets qui sont sur la route entre Beaconsfield et Saint-James Street. […] La lave a couvert d’une croûte féconde les champs que jadis elle avait dévastés, et après avoir changé un riche et beau jardin en un désert, elle a changé de nouveau le désert en un jardin plus riche et plus beau. […] J’aime mieux traduire encore un passage, dont la solennité et la magnificence donneront quelque idée des sérieux et riches ornements qu’il jette sur son récit, sorte de végétation puissante, fleurs de pourpre éclatante, pareilles à celles qui s’épanouissent à chaque page du Paradis perdu et de Childe Harold. […] Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380. […] Il n’est pas simplement vulgarisateur : il est trop ardent, trop acharné à prouver, à conquérir des croyances, à abattre ses adversaires, pour avoir le limpide talent de l’homme qui explique et qui expose, sans avoir d’autre but que d’expliquer et d’exposer, qui répand partout de la lumière, et ne verse nulle part la chaleur, mais il est si bien fourni de détails et de raisons, si avide de convaincre, si riche en développements, qu’il ne peut manquer d’être populaire.

476. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Voici des suggestions nouvelles qui s’ajouteront aux précédentes ; l’expression deviendra plus intense, plus riche, et en même temps plus précise. […] Que sont pour l’œil ces objets, que notre imagination s’obstine à nous présenter avec un si riche accompagnement de sensations diverses ? […] Qu’ils exigent un plus riche ensemble de dons artistiques ? […] Il suppose des dons plus riches. […] Plus riche sera ce trésor d’observations, plus il leur sera facile d’imaginer une beauté accomplie.

477. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

R…, riche propriétaire aux colonies, venu à Paris pour y passer quelque temps, dînait aux Provençaux en compagnie d’artistes de tous les arts. […] vous êtes veuve, belle et riche, une trinité de faveurs qui ferait la félicité de trois femmes. […] Au moment de partir, un riche étranger, qui a entendu dire que notre wagon était habité par des journalistes parisiens, propose cinq mille francs pour faire le voyage dans notre société. — L’administration refuse. […] Tout à coup une voix qui sort du wagon voisin, et qu’on reconnaît pour celle du riche étranger, crie : Banco ! […] je suis plus riche que toi ; j’en sais une quinzaine de mots. — Nous les partagerons en frères.

478. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

À notre avis, cette dernière forme est la plus belle, celle en même temps qui exige les plus riches facultés poétiques. […] Après avoir pris pour évangile cet axiome incomparable : « Les riches ont raison d’être riches et les pauvres ont tort d’être pauvres », il ne pouvait concevoir aucun doute sur le but légitime de la comédie. […] Scribe, n’est autre que l’éloge perpétuel de la richesse et le ridicule infligé aux hommes qui ne savent pas devenir riches. […] Scribe n’ont pas d’autre conclusion que celle-ci : Devenez riches, n’importe comment, et l’estime du monde ne vous manquera pas ; mais si vous êtes assez fous pour vous entêter dans une passion sincère, vous serez la risée des honnêtes gens, c’est-à-dire des gens qui sont nés ou devenus riches. […] Dans l’émotion qu’il lit sur un visage ami, il entrevoit l’enthousiasme populaire ; le présent, si modeste qu’il soit, est riche d’un avenir immense, indéfini.

479. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Nous autres grands auteurs sommes trop riches pour craindre de rien perdre de nos productions… » Notons bien tout ceci : Mme de Sablé dévote, qui, depuis des années, a pris un logement au faubourg Saint-Jacques, rue de la Bourbe, dans les bâtiments de Port-Roval de Paris ; Mme de Sablé, tout occupée, en ce temps-là même, des persécutions qu’on fait subir à ses amis les religieuses et les solitaires, n’est pas moins très présente aux soins du monde, aux affaires du bel esprit ; ces Maximes, qu’elle a connues d’avance, qu’elle a fait copier, qu’elle a prêtées sous main à une quantité de personnes et avec toutes sortes de mystères, sur lesquelles elle a ramassé pour l’auteur les divers jugements de la société, elle va les aider dans un journal devant le public, et elle en travaille le succès.

480. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

En fait d’idées, le cœur est stérile ou fécond, selon que l’esprit est riche ou pauvre.

481. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Des avantages attachés à la profession de révolutionnaire. » pp. 200-207

Aucun ouvrier n’en a jamais voulu à tel écrivain démagogue d’être riche, de mener une vie élégante et de mépriser au fond le peuple, tout en l’aimant peut-être comme on aime l’instrument de sa réputation et de sa fortune.

482. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

S’ils étaient moins savants et moins raffinés que leurs rivaux, s’ils n’étaient pas aussi riches en inventions galantes ou burlesques, les comédiens français de la rue Mauconseil avaient pourtant leurs verves, comme disait Montaigne, et, dans leurs batelages, perçait parfois un génie comique qui promettait de dépasser la commedia dell’arte elle-même.

483. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

L’abus de la rime riche tendait à faire de la poésie un jeu de versification, un exercice de bouts rimés.

484. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Joseph était un homme riche et honorable, membre du sanhédrin.

485. (1922) Gustave Flaubert

Nous avons un orchestre nombreux, une palette riche, des ressources variées. […] Enfin, Emma est pauvre — et elle meurt frappée par l’usurier — et Frédéric est riche. […] Dans les deux Éducations, l’un est riche et l’autre pauvre. […] Mais dans l’une le riche est l’homme d’action, et, dans l’autre, il est le sentimental. […] Et l’argent lui manque, et Frédéric est riche.

486. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Il y a là sans doute une nécessité de tout riche égotisme dans l’acte qui le répand hors de lui pour s’éprouver mieux. […] Provinciales indique des sources d’émotion nuancée et riche, auxquelles M.  […] Ses livres naquirent en enfants frais et riches de pulpe comme le peuple des tableaux de Rubens. […] Les volumes annoncés constituent un choix heureux et riche, si ce n’est que l’absence de Vinet étonne un peu. […] Lucien Descaves et un ou deux autres livres) le roman n’ait jamais touché à ce sujet profond et riche.

487. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

« Lesquels de nous étaient les riches ou les prédestinés ? […] Les gammes les plus chaudes, les plus riches, les plus ardentes, les plus délicates du rouge étaient parcourues. […] Si Gérard n’a pas été riche, c’est qu’il ne l’a pas voulu et qu’il a dédaigné de l’être. […] Sa voix métallique, riche en inflexions, se prête aussi bien aux éclats les plus tonnants du courroux et de la fureur qu’à la tendresse la plus caressante des murmures amoureux. […] Les imaginations, déjà bien excitées par elles-mêmes, se surchauffaient à la lecture de ces œuvres étrangères d’un coloris si riche, d’une fantaisie si libre et si puissante.

488. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Arrive pour le jeune riche et le jeune pauvre, à quinze ans, le guén boukou, la majorité, l’entrée dans la vie de l’homme, indiquée là-bas par le rasement du front et qui, chez le riche, est fait par un grand personnage, chez le pauvre par sa mère. […] Et, à la fin des deux routes, le pauvre devenu riche, monté sur un cheval traîné par un singe, — la volonté menée par l’intelligence, — rencontre tout dépenaillé le riche honteux de se trouver sur son chemin, tandis que disparaissent dans le lointain, sous des haillons de mendiants, deux de ses familiers au temps de sa richesse. […] Ce sont deux enfants d’un riche paysan des environs de Yédo, dont l’aîné est assassiné et que le cadet venge avec l’aide de sa femme et de la veuve de son frère. […] Un pont moitié en pierre d’un côté, moitié en bois de l’autre, séparant deux districts de la même province dont l’un était régi par un daïmio riche, l’autre par un daïmio pauvre. […] Une guésha accroupie, vue de dos, jouant du schamisén, à la riche coiffure vue par derrière : dessin à la ligne sculpturale.

489. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

En face d’une bourgeoisie affamée de conquêtes et riche, si un prolétariat uni et révolutionnaire se dresse, la société capitaliste atteindra sa perfection historique. […] Qu’elles sont riches en contrastes, ces vacances ! […] C’est une autre Pise qu’ils révèlent par leur opulence et leur raffinement, la Pise aristocratique et riche que les Médicis habitaient volontiers, après que Laurent eut eu la généreuse et sage idée d’y fonder une université. […] Qu’ils soient romans, gothiques ou qu’ils annoncent la Renaissance, tous ces palais ont ce caractère commun de révéler à la fois un esprit guerrier et un goût raffiné de seigneurs riches. […] Mais elle est trop riche en œuvres d’art, trop baignée d’histoire et d’idées, et à elle en particulier peut s’appliquer l’épithète qu’en effet suggère partout l’Italie : l’inépuisable Toscane.

490. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Lorsque ce grand roi vint établir sa cour à Ispahan, et qu’il conçut le dessein de rendre cette ville aussi magnifique qu’elle l’est devenue, il engageait non-seulement tous les grands seigneurs, mais encore tous les particuliers qu’il savait être gens riches, à construire quelque édifice public pour l’ornement et pour la commodité de la ville. Il apprit que cet épicier était des plus à l’aise ; il l’alla voir un jour à sa boutique, avec la familiarité qui était naturelle à ce grand prince, et il lui dit: « Il y a longtemps que je vous connais de réputation pour homme de bien et pour homme riche. […] De petits eunuques blancs, merveilleusement beaux, font un demi-cercle autour de lui, et quatre ou cinq autres plus grands eunuques sont derrière, tenant ses armes, tout à fait riches et brillantes. […] Les lits étaient à terre sur de riches tapis, étendus sur de gros feutres qu’on met par-dessus le plancher pour les conserver ; et ces lits occupaient toute la largeur de l’endroit où ils étaient étendus. […] Je ne dis rien du riche plafond, ni du beau balustre, ni de la carrelure de ce merveilleux salon, parce que le plan en donne l’idée ; la seconde entrée du palais royal est celle qui mène à la porte du sérail ; la troisième est au nord, appelée la porte des Quatre-Bassins ; la quatrième est à l’occident, vers la porte de la ville, qu’on appelle Impériale ; la cinquième est vis-à-vis du petit arsenal, qu’on appelle la porte de la Cuisine, parce que les cuisines du roi en sont proches ; la boulangerie en est proche aussi, qui est divisée en quatre magasins différents pour les diverses sortes de pain ; le pain en feuilles, qui est mince comme du parchemin ; le pain cuit sur les cailloux, qui est grand comme un grand bassin d’argent, et est très-blanc et très-bon ; le petit pain, qui est au lait et aux œufs, et le pain ordinaire, qui, comme les autres, n’est pas si épais que le petit doigt.

491. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Ce ruissellement d’eau pure, qui les trempait au grand soleil, prolongeait leur enfance, leur donnait des rires frais de galopins échappés, lorsque, jeunes hommes déjà, ils rentraient à la ville par les ardeurs troublantes du soleil de juillet. » Admirable éducation païenne, exceptionnelle hélas, à notre époque, bains de flammes, de verdure, de soleil, où l’âme se retrempe dans le sein de la terre, admirable éducation qui forme les tempéraments riches et les esprits robustes. […] Et depuis, on l’a vu riche et illustre par son labeur, président de la Société des gens de Lettres, représentant notre esprit national à Londres et à Rome ; plus tard on l’a vu même assis au banc de la cour d’assises, mais jamais on ne le vit renoncer à ses rêves, toujours plus grand, toujours plus farouche, tandis que sa gloire augmente et grandit, d’heure en heure. […] Résultat d’une crise sociale et d’un bouleversement historique, il eût dû bientôt disparaître, mais lorsque des idées sont nourries du riche sang du génie, lorsque des principes se trouvent mis en œuvre par des hommes de cette taille, les intelligences éprouvent de longues souffrances pour s’affranchir de leur empire. […] Elle est le suprême épanouissement de la matière, elle est la fructification la plus haute, la plus parfaite, la plus féconde de la riche plante humaine. […] La description de ce vieux cimetière de Plassans, où fermentent de riches végétations, où la floraison sanguine des giroflées éclate et bouillonne en des teintes vivaces, où des amoureux se baisent furieusement les lèvres, où les petits enfants de la ville viennent s’ébattre joyeusement au soleil, cette description du vieux cimetière de Plassans demeure assurément l’une des plus parfaites, et des plus purement païennes de l’œuvre de Zola.

492. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Si l’art, la poésie, se doivent jamais appeler le produit précieux d’un mal caché, ce n’est pas de l’art, de la poésie d’Homère et de Sophocle, ni de celle de Dante, ni de celle de Shakspeare, de Molière et de Racine, qu’on peut dire cela : ces sortes de poésies, quelque travaillées qu’elles semblent, demeurent toujours le riche et heureux, couronnement de la nature, ramis felicibus arbos ; mais c’est bien de la poésie de Jean-Jacques, de Cowper, de Chatterton, du Tasse déjà, de Gilbert, de Werther, d’Hoffmann, et de son musicien Kreisler, et de son peintre Berthold de l’Église des Jésuites, et de son peintre Traugott de la Cour d’Arthus, c’est de toutes ces poésies, et c’est aussi de celle de Stello, qu’on peut à bon droit le dire. […] Aussi, tandis que M. de Lamartine, avec sa noble négligence, demeure, en public et sous le soleil, le prince aisé des poëtes, l’auteur de Chatterton, dans son cercle à part et du fond de ce sanctuaire à demi voilé, en est devenu le patron réel, le discret consolateur par son élégante et riche parole, attentif qu’on l’a vu, et dévoué et compatissant à toute poésie. […] Et, en effet, dussé-je me montrer encore une fois sacrilége et au risque de profaner le fruit d’or en voulant y chercher l’amande, je dirai que, si la pensée de M. de Vigny est souvent élevée et grande, son développement est presque toujours précieux, à tel point que plusieurs des pièces esquissées dans ses albums sont certainement plus belles à l’état de projet qu’elles ne l’eussent été après exécution ; elles laissent d’elles une plus grande idée. — Je reviens à la lettre interrompue : je saute des lignes, des phrases élogieuses, et le donne ce qui revient à mon propos, lequel est encore une fois de montrer qu’en me permettant d’essayer de juger M. de Vigny et sa manière, je n’étais point tout à fait sans le connaître (autant du moins qu’il pouvait être connu) et sans avoir été initié et introduit de longue main par lui-même au sanctuaire de sa pensée, si riche en dédales et en mystères.

493. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Tu sentiras aussi par degrés toutes les fougues de ton cœur d’homme s’apaiser devant cet immense amour qui purifie tous les autres, et tu seras comme un enfant qu’une fleur contente et rend riche. […] Sans être plus méchants que nous, les riches ne peuvent absolument pas comprendre que l’on n’ait pas toujours assez pour les besoins les plus humbles de la vie. Ne parlons donc pas des riches, sinon pour être contents de ne pas les sentir souffrir comme nous… « Avant-hier dans la nuit, j’ai eu le bonheur de rêver à toi, et de t’embrasser avec une effusion d’amitié et de joie si vive, que je m’en suis réveillée. — Nous allions au-devant l’une de l’autre les bras ouverts.

494. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Telle est la première et la plus riche source de ces facultés maîtresses d’où dérivent les événements historiques ; et l’on voit d’abord que si elle est puissante, c’est qu’elle n’est pas une simple source, mais une sorte de lac et comme un profond réservoir où les autres sources, pendant une multitude de siècles, sont venues entasser leurs propres eaux. […] Si par exemple on admettait qu’une religion est un poëme métaphysique accompagné de croyance ; si on remarquait en outre qu’il y a certains moments, certaines races et certains milieux, où la croyance, la faculté poétique et la faculté métaphysique se déploient ensemble avec une vigueur inusitée ; si on considérait que le christianisme et le bouddhisme sont éclos à des époques de synthèses grandioses et parmi des misères semblables à l’oppression qui souleva les exaltés des Cévennes ; si d’autre part on reconnaissait que les religions primitives sont nées à l’éveil de la raison humaine, pendant la plus riche floraison de l’imagination humaine, au temps de la plus belle naïveté et de la plus grande crédulité ; si on considérait encore que le mahométisme apparut avec l’avènement de la prose poétique et la conception de l’unité nationale, chez un peuple dépourvu de science, au moment d’un soudain développement de l’esprit ; on pourrait conclure qu’une religion naît, décline, se reforme et se transforme selon que les circonstances fortifient et assemblent avec plus ou moins de justesse et d’énergie ses trois instincts générateurs, et l’on comprendrait pourquoi elle est endémique dans l’Inde, parmi des cervelles imaginatives, philosophiques, exaltées par excellence ; pourquoi elle s’épanouit si étrangement et si grandement au moyen âge, dans une société oppressive, parmi des langues et des littératures neuves ; pourquoi elle se releva au seizième siècle avec un caractère nouveau et un enthousiasme héroïque, au moment de la renaissance universelle, et à l’éveil des races germaniques ; pourquoi elle pullule en sectes bizarres dans la grossière démocratie américaine, et sous le despotisme bureaucratique de la Russie ; pourquoi enfin elle se trouve aujourd’hui répandue en Europe avec des proportions et des particularités si différentes selon les différences des races et des civilisations. […] C’est dans ses écrits, chez Sainte-Beuve, chez les critiques allemands que le lecteur verra tout le parti qu’on peut tirer d’un document littéraire ; quand ce document est riche et qu’on sait l’interpréter, on y trouve la psychologie d’une âme, souvent celle d’un siècle, et parfois celle d’une race.

495. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Mais, dans cette courte excursion, Humboldt avait gagné de riches observations pour ses recherches à venir. […] XI À cela près, il entra dans la science avec tous les heureux privilèges de son aristocratie, riche, libre, au niveau ou au-dessus de tout le monde, se consacrant exclusivement, non aux vains plaisirs de son âge, mais aux sérieuses études de la vie scientifique : véritable savant allemand transporté dans Paris. […] Vêtu simplement et sans recherche, portant quelquefois une brochure dans ses mains qu’il tient derrière le dos, c’est ainsi qu’il chemine souvent à travers les rues de Berlin et de Potsdam, et dans les promenades, seul et sans prétention (charmante image d’un riche épi courbé sous le poids de ses nombreuses graines dorées).

496. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Le fils avait un traitement fixe et cinq ducats d’or par mois, et de temps en temps des présents magnifiques, parmi lesquels Michel-Ange cite un riche manteau brodé pareil à ceux que Laurent donnait à ses propres fils. […] Il avait sculpté secrètement pour un riche Milanais, nommé Baldossari, un Amour endormi, qui fit l’admiration de son Mécène. […] J’ai eu chez moi Urbin pendant vingt-sept ans, et je l’ai toujours éprouvé fidèle et admirable serviteur ; et maintenant que je l’avais fait riche et que je comptais sur lui comme sur le bâton et le repos de ma vieillesse qui s’approche, il m’est enlevé, et il ne m’est resté d’autre espérance que de le revoir en paradis ; et ainsi Dieu m’a fait entendre par la bienheureuse mort qu’Urbin a faite que ce véritable ami regrettait bien moins de mourir que de me laisser en proie à tant d’angoisse dans ce monde traître et pervers, bien que la meilleure part de moi-même s’en soit allée avec lui et qu’il ne me reste qu’une misère infinie.

497. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

La mort, idée centrale du dogme chrétien, se détache de plus en plus de toutes les croyances qui lui donnent sa haute moralité et sa vertu consolante, pour devenir une horreur matérialiste de la fin fatalement assignée aux voluptés égoïstes : terreur des grands, des riches, de tous ceux qui ont et qui jouissent, revanche des petits, des meurt-de-faim, de ceux qui manquent et qui souffrent,, dont elle adoucit le désespoir par la satisfaction qu’elle donne à leur férocité égalitaire, la mort inexorable, universelle est un thème que tous les écrivains représentent à leur tour : lieu commun, sans doute, mais lieu commun non banal, où déborde la pensée intime, obsédante de chaque âme. […] Philippe de Commynes Monseigneur Philippe de Commynes125, chambellan et conseiller d’un duc de Bourgogne et de trois rois de France, prince de Talmont, baron d’Argenton, riche, grave et sage homme, nous transporte bien loin de François Villon, fol écolier, larron et meurtrier : ils sont aux deux bouts de la société, l’un en bas, l’autre en haut. […] Commynes est, sinon le premier ministre, du moins le premier agent du roi, et l’un des plus riches seigneurs de France.

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