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619. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Turretin sut intervertir habilement l’ordre calviniste, en faisant passer la morale avant le dogme, en posant en principe « qu’on ne doit jamais porter en chaire ces questions qui sont controversées entre les protestants : d’un côté parce qu’elles surpassent la portée du peuple, et de l’autre parce qu’elles ne contribuent en rien à avancer la sanctification des âmes ». […] L’histoire littéraire vit de détails, et ce n’est pas nous qui reprocherons à l’auteur de les prodiguer, surtout dans une histoire littéraire du genre de celle-ci, et qui était à créer : ma critique porterait seulement sur un certain manque de proportion. […] Elle portait autrefois plus d’hommes distingués qu'elle n’en pouvait contenir, elle en envoyait de tous côtés à l’étranger.

620. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Cependant, quand il est porté par son sujet et soutenu par de bons documents originaux, dans la notice sur Grétry, par exemple, il a des parties intéressantes, des accents justes et touchants. […] Villemain, lui en touchait un jour quelque chose : un vif sentiment de joie brilla sur son visage, mais ne fit que passer et disparut presque à l’instant : il craignait déjà de porter préjudice ou ombrage à un frère méritant et bien aimé. […] Entre le frère d’Halévy, porté par insigne et spéciale faveur sur la liste des candidats, quoiqu’il n’appartienne pas à l’Institut ; M. 

621. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Le poète croit aux pronostics comme les paysans ; il est superstitieux sur le choix des jours : « Il y a telle journée qui nous est une mère, et telle autre une marâtre. » On sent maintenant quel est l’esprit d’Hésiode, de ce précepteur des champs le plus dénué d’illusions, le moins porté à voir en beau l’avare et jalouse nature humaine. […] Si amis des champs que nous soyons, nous sommes lettrés et amis des lettrés ; nous aimons à nous promener dans la campagne, un Virgile à la main : Épris du doux Virgile et plein de ses leçons, J’aime les prés touffus et les grasses moissons ; J’aime toute culture, et tout ce que renferme, Petit monde ignoré, le chalet ou la ferme ; J’aime les bons semeurs, habiles aux labours, Qui portent vaillamment le poids des plus longs jours, Prodiguant sans relâche à la terre altérée Le généreux ferment d’une sueur sacrée ; Et ces pasteurs aussi qui, pour des mois entiers, Des habitations désertant les sentiers, Dirigent d’un pas lent vers la montagne en herbe Et la chèvre au flanc creux et l’aumaille superbe, Pasteurs et laboureurs ! […] Voici le portrait du taureau, du mezenc pur-sang, et qui rappelle les portraits d’animaux au livre III des Géorgiques ( optima torvæ forma bovis… ) : Portant haut, bien campé sur un jarret d’acier, Trapu, tout près de terre, encore un peu grossier ; Groupe longtemps étroite, et déjà suffisante ; Le rein large et suivi, l’encolure puissante, Le garrot s’évasant en un large plateau, L’épaule nette, — et forte à porter un château ; La poitrine, en sa cage, ample et si bien à l’aise Qu’il faudrait l’admirer dans une bête anglaise ; Sobre et fort, patient et dur, bon travailleur, À ce point qu’un salers à peine fût meilleur, Lent à croître, mais apte à la graisse à tout âge, Tel est le pur mezenc, taureau demi-sauvage ; Et tel voici Gaillard, roi de mes basses-cours, Sultan de mon troupeau, connu dans les concours, Lauréat de renom, vainqueur en deux batailles, Et qui n’est pas plus fier ayant eu deux médailles.

622. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Nous l’allons porter à Saint-Sulpice : il y sera en dépôt cette nuit. […] Il y ajouta quelques mots sur la tempête qui s’était élevée contre la maison et qui avait obligé des personnes qui s’y étaient retirées à s’en séparer ; que, pour le défunt, les ronces et les épines avaient étouffé pendant un temps ces précieuses semences que son cœur y avait reçues ; mais que, comme on avait lieu d’avoir une humble créance qu’il était une de ces heureuses plantes que le Père céleste a plantées lui-même pour ne souffrir jamais qu’elles fassent entièrement déracinées 108, elle avait repris vigueur et avait porté son fruit en son temps. […] Leur conversation ne portait pas au-delà d’un cercle borné.

623. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Rousseau ne s’est pas contenté de mettre du pindarisme extérieur et de l’enthousiasme à froid dans ses odes politiques, pour tâcher d’en réchauffer les sujets : il a porté ces habitudes d’écolier jusque dans les pièces les plus personnelles et, pour ainsi dire, les plus domestiques. […] Si nous avions trouvé le nom de Jean-Baptiste sommeillant dans un demi-jour paisible, nous nous serions gardé d’y porter si rudement la main ; ses malheurs seuls nous eussent désarmé tout d’abord, et nous l’eussions laissé sans trouble à son rang, non loin de Piron, de Gresset et de tant d’autres, qui certes le valaient bien. […] Ajoutons seulement que, sans trop modifier le fond de notre jugement sur les odes, qui n’est guère après tout que celui qu’a porté Vauvenargues (Je ne sais si Rousseau a surpassé Horace et Pindare dans ses odes : s’il les a surpassés, j’en conclus que l’ode est un mauvais genre, etc., etc.

624. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Elle créa des conquérants ; mais elle ne portait eu elle aucun germe de développement intellectuel. […] Elle porta vers le ciel des regards souillés par les vices de la terre. […] Il faut des secousses violentes pour porter l’esprit humain sur des objets entièrement nouveaux ; ce sont les tremblements de terre, les feux souterrains, qui montrent aux regards de l’homme des richesses dont le temps seul n’eût pas suffi pour creuser la route.

625. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Elle avait trouvé moyen de faire porter par un domestique affidé une lettre à la poste prochaine adressée à sa mère à Paris. […] Peu de mois après, il vit que j’avais raison : le défi était porté par la Chambre, et le coup d’État qui y avait répondu avait renversé la Restauration par le gouvernement de 1830. […] On peut juger combien les doctrines d’un tel homme d’esprit devaient sourire à un très-jeune homme, qui en avait fait son oracle et qui portait dans ses votes populaires l’ardeur de son âge et l’illusion de sa passion du bien public.

626. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Et dans une âme bien faite, l’amour qui n’est que le désir du bien, se portera toujours au plus grand bien connu : et le degré de l’amour sera en relation avec la perfection connue de l’objet ; il sera goût, amitié, dévotion. […] Il arrive souvent que, comme les animaux déçus par des appâts sont conduits par la nature à leur mal, les passions se portent à de faux biens. […] Plus tard, Descartes sera un maître, pour la génération suivante : mais tout d’abord, pour sa génération, il fut souvent un « semblable », qui avait su lire en lui-même ce que tous portaient en eux, et qui les révélait à eux-mêmes.

627. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Regardons les créateurs modernes : tous nous donneront un exemple de sobre tenue, de pauvreté fière et nette, de vie travailleuse, ordonnée, saine, de discrétion dans le geste et le discours, d’élégance et de distinction nées du seul sentiment de porter en soi une grande âme. […] De plus en plus, tombe avec le romantisme, l’idée qui en autorisait les oripeaux et les déclamations, l’idée que la littérature et l’art sont des carrières brillantes, honorifiques et amusantes, alors que ce sont des missions lourdes, graves, appauvrissantes et pleines de désenchantement, qui incombent à certains êtres et ne portent pas en elles de quoi les pousser à la ripaille et au costume rodomont. […] Les Aphorismes sur la sagesse de l’artiste dans la vie attendent leur Schopenhauer bienfaisant pour porter à cet être privilégié les conseils pratiques qu’il croit médiocres et qui permettraient à son idéalisme de décupler sa portée.

628. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Il a porté plus de trois mois un emplâtre sur le nez, d’un coup de chandelier que sa femme lui a donné. […] Messieurs, portez votre argent chez monsieur de La Ressource, faites dresser votre contrat et prenez vos sûretés. […] C’est qu’ils portent leur argent en terre.

629. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Les choses furent portées au point que, pour sauver la République, Dante persuada à ses collègues d’envoyer en exil les chefs des deux partis : ce qui fut exécuté. […] Dante a versifié par tercets ou à rimes triplées, et c’est de tous les poëtes celui qui, pour mieux porter le joug, s’est permis le plus d’expressions impropres et bizarres ; mais aussi, quand il est beau, rien ne lui est comparable. […] N’a-t-on pas vu au commencement de ce dix-huitième siècle une bonne partie de l’Europe sucée par des vampires ; et ne continue-t-on pas toujours de porter le dernier repas au convoi d’un mort ?

630. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Voltaire pourtant, saisi de quelque compassion pour la pauvre femme qui était là chez eux, à leur merci, anéantie et en silence, prit à travers le corps Mme du Châtelet qui menaçait de se porter aux derniers excès, et il sembla, en voulant la modérer, se modérer un peu lui-même. […] Mme de Graffigny vivait donc à Paris, avec un certain état de maison, moyennant de petites pensions des cours de Lorraine et de Vienne et d’assez grosses dettes, quand la chute de La Fille d’Aristide, comédie en cinq actes sur laquelle elle comptait fort, vint lui porter un coup fâcheux : « Elle me la lut, dit Voisenon ; je la trouvai mauvaise ; elle me trouva méchant. […] Collé, qui passe pour caustique, parle mieux de Mme de Graffigny mourante : « Sa mort m’a été très sensible, écrit-il dans son Journal ; elle était du petit nombre des personnes que je m’étais réservé de voir depuis que je ne vais plus dans le monde. » Il paraît que, dans le monde et dans les salons, Mme de Graffigny ne portait qu’un esprit assez ordinaire et même commun ; elle n’avait toute sa valeur et son mérite que dans l’intimité.

631. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Au voyage de Fontainebleau qui se fit à peu de temps de là, Madame porta la joie et les plaisirs. […] Ce fut le moment aussi où il agit avec le plus de zèle sur l’esprit de Monsieur pour le porter à devenir un prince digne d’estime et à la hauteur de sa naissance. […] Il reçut donc une lettre de Madame, datée de Saint-Cloud le 10 juin 1669, qui portait : Dans la douleur que vous devez avoir des injustices qu’on vous fait, il y en aurait beaucoup que vos amis ne songeassent pas aux consolations qui peuvent vous aider à supporter vos disgrâces.

632. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

J’aurais grand besoin cette fois qu’un moraliste fin, discret, adroit et prudent, un Addison, me prêtât son pinceau sans mollesse et sans amertume : car c’est d’un mal moral que je voudrais traiter, et d’un mal présent ; j’ai en vue de décrire la maladie d’une partie notable de la société française (de la fleur et non pas du fond de cette société), et, en la décrivant au naturel, de faire sentir à de belles et fines intelligences qu’elles ont tort de loger et d’entretenir si soigneusement en elles un hôte malin qui, à la longue, est de nature à porter atteinte à la santé même de l’esprit. […] Une autre remarque plus frappante porterait sur l’espèce de conseil que le digne Marmontel donne à ses enfants en leur présentant ce triste exemple de l’ambition politique. […] Le coup a porté en plein sur l’état-major des salons.

633. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Encore faut-il que la terre où tombera cette graine ait été remuée par la vie, qu’elle soit apte à recevoir, à envelopper, à nourrir, à porter jusqu’à sa floraison cette semence de pitié, de résignation, de courage ou d’amour, poussière des âmes créatrices qui s’envole, qui se disperse à travers le monde, mais qui ne germe pas partout où elle tombe. […] Elle laissera périr la pensée d’autrui ou bien elle s’épuisera en essayant de la porter. […] Nous le connaissons, et l’intérêt que nous lui portons est surtout fait de la curiosité de savoir comment il sortira des difficultés où l’ont jeté ses passions ou les circonstances de la vie.

634. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

C’est la seconde fois qu’une commission, chargée d’un tel examen, s’assemble, et déjà l’expérience a porté fruit. […] La Commission n’a pas eu à examiner si les auteurs qui ont eu des ouvrages représentés en 1853 sur la scène française ne se sont pas jugés plus sévèrement qu’elle ne l’eût fait elle-même ; mais il nous semble entrevoir, si on osait porter son regard au-delà de 1853 et sans anticiper sur les jugements futurs, que le Théâtre-Français, si riche de tout temps en charmantes et vives productions, ne se dérobera pas toujours si obstinément aux autres conditions indiquées.

635. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Les Allemands sont assurément les plus admirables travailleurs classiques que l’on puisse imaginer ; depuis qu’ils se sont mis à défricher le champ de l’antiquité, ils ont laissé bien peu à faire pour le détail et le positif des recherches ; ils ont exploré, commenté, élucidé les grandes œuvres ; ils en sont maintenant aux bribes et aux fragments, et ils portent là-dedans un esprit de précision et d’analyse qu’on serait plutôt tenté de leur refuser lorsqu’ils parlent et pensent en leur propre nom. […] Moi-même j’éprouvais une espèce de cauchemar comme si j’avais porté sur la poitrine tout ce docte poids, et, n’y tenant plus, je m’écriai dans le délire : « Tout est ruine ; c’est une illusion aux écrivains de croire qu’ils sont à l’abri désormais, et que l’imprimerie les sauve.

636. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

il était sur l’heure anéanti, et ceux qui, comme les mystérieux agents dont nous parlons, essayaient de porter la main aux rouages pour les accélérer, ceux-là couraient risque aussi de se briser avec toute leur malice, sans hâter d’une seule ligne le mouvement qui s’accomplissait sous une loi plus haute. […] Sitôt que ces élections eurent introduit dans le Corps législatif une majorité royaliste, et que le Corps législatif eut porté au gouvernement un chef royaliste aussi, la division éclata entre le Directoire et les Conseils, et jusqu’au sein du Directoire.

637. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

En somme, le système de crédit public de Jefferson ne diffère pas de ce précepte privé, qu’il donne à l’un de ses petits-fils encore enfant : « Ne dépensez jamais votre argent avant de l’avoir dans vos mains. » Quelque médiocre valeur qu’on attribue à cette doctrine prudente d’économie domestique, appliquée au gouvernement d’un grand État, il faut reconnaître qu’elle était à la fois possible et sage pour les États-Unis d’Amérique, et qu’elle a porté ses fruits. […] Les jugements de Jefferson sur la France et sur la Révolution qu’il avait vue commencer, sont dignes d’être médités et portent à un haut degré l’empreinte du caractère judicieux, circonspect et persévérant que tout nous signale en lui.

638. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Les grands esprits, qui prennent les choses de haut, n’ont qu’à se lancer, portés au but par le droit jet de l’inspiration. […] Il n’y a pas de maçon bâtissant une grange qui ne s’abandonne plus à l’instinct du génie que Michel-Ange construisant Saint-Pierre de Rome : il n’y mit point une pierre, pour ainsi dire, sans savoir d’avance pourquoi, sans en avoir médité l’utilité, les rapports avec tout l’édifice, ce qu’elle ajoutait à lu solidité de la masse, ce qu’elle devait porter de poids et fournir de résistance.

639. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Il se vantoit d’avoir eu quatre portiers tués à une de ses pièces, & disoit : « Je ne le céderai à Corneille que lorsqu’on en aura tué cinq au Cid ou aux Horaces. » Ce même homme, hors d’état de faire, de sentir, un seul beau vers de Corneille, eut la présomption de se porter pour son juge, & publia des observations sur le Cid. […] Soit qu’il m’attaque en soldat, soit qu’il m’attaque en écrivain, il verra que je me sçais défendre de bonne grace. » On sera moins étonné de la proposition, lorsqu’on se rappellera que cet auteur avoit porté les armes, & qu’il avoit le gouvernement de Notre-Dame de la garde, en Provence.

640. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

D’un côté, l’homme sauvage, en s’emparant des arts, n’a pas assez de finesse pour les porter jusqu’à l’élégance, et l’homme social pas assez de simplicité pour redescendre à la seule nature. […] Et vous, qu’un roi charmoit de ses divins accords, Cèdres du haut Liban, sur votre cime altière, Vous portiez jusqu’au ciel leur ardente prière !

641. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

En supposant même que notre génie auroit eu la force de nous porter un jour jusques-là, quoique la route n’eut pas été fraïée, nous n’y serions parvenus du moins, avec le seul secours de ses forces, qu’au prix d’une fatigue pareille à celle des inventeurs. […] La premiere idée qui lui vint à la vûë de la statuë de ce heros grec, dont la renommée avoit porté la gloire aux extrémitez de la terre, ne fut point l’idée des fautes qu’Alexandre avoit faites dans ses expeditions.

642. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Nos vers ne portent point leur mesure avec eux comme les vers metriques des grecs et des romains la portoient. […] Cependant Feüillée est venu à bout de trouver cet art, et sa note enseigne même aux danseurs comment ils doivent porter leurs bras.

643. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Il s’agit de vous faire un petit conte, et il vous le fait, ce petit conte, et vous le trouvez si joli, si facile, — trop facile, — si gai parfois, — et la gaîté est un terrain où toutes les portées se rencontrent !  […] nous portons tous plus ou moins la chaîne de quelque indigne camaraderie ; mais nous devons savoir la briser lorsque nous prétendons à l’honneur de rendre la justice littéraire.

644. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

Porté si loin par la conquête, l’idiome romain recevait de points fort opposés ses orateurs et ses poëtes. […] « À partir du rivage qu’elle effleure, l’Adriatique soumise te portera sur ses flots paisibles ; et tes voiles s’enfleront d’un doux zéphir.

645. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

C’est que je n’aime pas à porter de l’eau à la rivière, ni ne me soucie des gens bien portants. […] Il savait la respecter et lui porter secrètement faveur, même quand le dépositaire n’en était pas de son goût. […] Elle n’en portera qu’un bon sur le ministre et l’orateur d’affaires. […] Les vieillards et les infirmes devraient à cette heure porter des robes de deuil ! […] Les misérables, ils ont osé porter la main sur elle !

646. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il portait en toutes choses une extrême vivacité alliée à une bonté exquise. […] Dans toutes ses entreprises, il portait un génie démesuré et des ardeurs surhumaines. […] — Neuf Maries, que portez-vous ? […] Montégut n’aurait point porté de plainte, dans la confrérie, si M.  […] Il portait une barbe de bouc où le peigne ne passait jamais.

647. (1908) Après le naturalisme

Si triste, elle ne peut porter à la sotte imitation. […] La même réforme est à porter dans les programmes des classes d’humanités qui a réussi déjà dans les cours préparant aux carrières professionnelles. […] Ainsi tout l’effort initial — celui de notre génération — doit porter sur la faculté de raison et dans chacun, la pousser à fonctionner humainement. […] Cette instruction, si loin d’en être une, a d’abord porté les hommes à prendre une conscience plus grande de leur misère. […] L’impression directe les portera en avant, vaincra leurs derniers scrupules.

648. (1761) Salon de 1761 « Sculpture —  d’Huès  »

d’Huès Les quatre bas-reliefs d’Huès représentant huit Vertus qui portent des guirlandes m’ont aussi paru de grand goût.

649. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article »

Tout ce qu’il a écrit annonce le Sectaire hardi, violent & fanatique, & n’est plus lu aujourd’hui, parce que les déclamations intéressent peu quand la cause des démêlés ne subsiste plus, & qu’elles révoltent toujours quand elles sont portées à l’excès.

650. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delaroche, Achille »

Henri Degron Delaroche, qui, des premiers, porta haut la bannière de l’idéalisme, me paraît le parfait chevalier-poète d’une époque belle entre toutes, où rois et pages étaient poètes, et dont — par Durandal ! 

651. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article »

On les lit avec intérêt, & l’on est porté d’autant plus à croire l’Auteur, qu’il ne fait nul effort pour être cru.

652. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

L’aubergiste apprend leur détresse et envoie son fils leur porter des provisions. […] Meissner, portent la trace non équivoque des combats qu’il livra pour ressaisir son Dieu. […] Il était trapu et ramassé ; il avait le front large, il portait lunettes. […] Friedrich eût fait le principal et même l’unique objet de son livre, il eût porté de grands coups. […] C’est lui qui enseigne au timide jeune homme à porter un habit et à tenir son chapeau.

653. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Roland de la Porte  »

Je me souviens de deux bas-reliefs d’Oudri sur lesquels on portait la main.

654. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Là encore, on l’a pu croire quelquefois entraîné, fasciné, tant il pénétrait avec satisfaction et avec plénitude dans toutes les branches de son sujet, tant il se laissait porter avec la pensée de son héros à toutes les conséquences, et jusqu’aux extrêmes splendeurs, jusqu’aux éblouissements de l’Empire. […] Les uns et les autres étaient attirés par des motifs divers : ceux-ci par l’intérêt qu’ils portaient au gouvernement, ceux-là par le plaisir de le voir contredire, beaucoup par zèle pour la question soulevée, tous enfin par la curiosité, et, il faut le dire, par un goût tout nouveau pour la discussion éloquente des affaires publiques qui venait de se développer dans notre pays.

655. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Le pur où sa modestie lui permettra de sortir des questions trop particulières et de se porter avec toutes les ressources de son investigation et de sa science sur des sujets d’un intérêt plus ouvert, il est fait pour marquer avec nouveauté son rang dans la critique et pour se classer en vue de tous. […] J’ai oublié de dire que le volume est dédié à M. le comte Arthur Beugnot ; il y a des noms qui portent avec eux des garanties de bon esprit, de critique exacte et saine, exempte de toute déclamation.

656. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

XXI Il y a lieu plus que jamais aux jugements qui tiennent au vrai goût, mais il ne s’agit plus de venir porter des jugements de rhétorique. […] En un mot, l’homme est instinctivement conduit par sa faculté à se faire telle ou telle opinion, à porter tel ou tel jugement, et à désirer, à espérer, à agir en conséquence.

657. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

George Sand est en possession d’exciter bien des sentiments, mais point de malveillance ; ceux mêmes qui s’irritent, ceux mêmes qui se portent les défenseurs empressés de bien des causes que l’illustre auteur n’attaque pas, rendent hommage sur de certains points, et n’auraient besoin que de quelque accident de rencontre, de quelque hasard lumineux pour faire volte-face à leurs préventions. […] Une certaine fraction du public paraissait s’attendre à un genre d’extraordinaire qui n’est pas venu ; cette sorte d’attention, nécessairement fort défavorable, lorsqu’elle a cherché à se porter et à se faire jour sur certains mots du dialogue, a été bientôt déjouée, car la suite ne répondait en rien à l’intention qu’on supposait voir percer et qu’on introduisait plus sottement encore que malignement.

658. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

L’Italie le reconnut et le proclama elle-même avec un enthousiasme qui fut porté jusqu’à l’excès et lui fit répudier l’antique génie de la nation. […] La mort de Dominique porta un coup terrible au théâtre italien.

659. (1890) L’avenir de la science « I »

Ce serait sans doute porter ses espérances sur l’avenir de l’humanité au-delà des limites respectées par les plus hardis utopistes que de penser que l’homme individuel pourra un jour embrasser tout le champ de la culture intellectuelle. […] C’est pour cela que le grand philosophe n’est pas sans être poète ; le grand artiste est souvent plus philosophe que ceux qui portent ce nom.

660. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Ces nouvelles précieuses sont d’un esprit un peu plus élevé que Cathos et Madelon, et portent plus loin leurs prétentions. […] C’est sans doute une preuve de sagacité d’avoir reconnu le fond des intentions du poète ; mais n’avoir point remarque que la direction franche et naturelle est détournée dans l’exécution, que le trait primitif du dessin tracé dans la pensée de l’auteur s’est à peu près effacé et pour ainsi dire oblitéré dans l’ouvrage, et n’avoir point pénétré le motif de cette altération, c’est n’avoir pas porté la sagacité assez loin.

661. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

D’un langage doucereux & compatissant, elle a passé avec rapidité à l’emportement & à la déclamation ; ses lumieres sont devenues des torches ardentes, prêtes à porter par-tout l’incendie ; la divine Tolérance s’est changée en Furie inexorable, pour renverser tout ce qu’on avoit respecté jusqu’alors : les vérités les plus saintes, les principes les plus sacrés, les devoirs les plus indispensables, le Ciel, la Terre, l’Autel, le Trône, tout auroit éprouvé ses ravages, si les hommes eussent été aussi prompts à pratiquer ses maximes, qu’elle étoit ardente à les débiter. […] Nier l’immortalité de l’ame, ôter tout frein aux passions, confondre les notions du bien & du mal, réduire tout à l’amour de soi-même, exterminer toutes les vertus, rompre tous les liens, attaquer les Loix, renverser les principes, ne faire, en un mot, de la vie humaine qu’un tissu de motifs arbitraires, d’intérêts personnels, d’appétits sensuels & déréglés, d’actions animales* ; la terminer par un anéantissement entier, ou préconiser un suicide aveugle qui, par foiblesse ou par désespoir, en abrege le cours : n’étoit-ce pas en insulter les membres, & leur porter les coups les plus funestes ?

662. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Il sait qu’on est porté à faire du bien à ceux auxquels on en a déjà fait. […] En effet, une idée fausse qui nous empêche de porter sur une chose un jugement sain, est comme un voile interposé entre nous et l’objet que nous voulons juger.

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