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1038. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

On citerait, à la douzaine, des romans qui ont souillé des imaginations, troublé des cervelles et des cœurs, et qui renferment quatre pages finales de la plus belle envolée, d’une philosophie acceptable et même excellente. […] On peut reprocher à Maupassant d’afficher trop souvent la philosophie d’un mauvais commis-voyageur.

1039. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Ces traductions, à demi grammaticales, à demi logiques, sont la seule lumière en philosophie ; les maîtres du dix-huitième siècle nous les enseignent ; il faut les faire et comprendre parfaitement son idée, avant d’expliquer comment elle peut se former. […] Faute d’analyser, il déclare l’analyse impuissante ; elle se venge en lui imposant l’obligation de fonder sa théorie capitale, et par suite toute sa philosophie, sur deux pétitions de principe, et sur deux équivoques de langue.

1040. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

L'Athénée royal, l’ancien Lycée, fondé à la fin du xviiie  siècle dans les années qui précédèrent la Révolution et où La Harpe avait commencé à professer son cours si célèbre ; cet Athénée qui revit le même La Harpe en bonnet rouge pendant la Terreur, puis repentant et faisant amende honorable de ses excès philosophiques ; cet Athénée pourtant qui était resté le centre de la philosophie du xviiie  siècle, où les Garat, les Tracy, les Chénier, les Ginguené, les Daunou allaient causer du moins, quand ils n’y professaient pas ; qui eut la primeur des leçons de chimie des Lavoisier, des Fourcroy, et plus tard les cours de physiologie des Gall et des Magendie ; cet Athénée qui, sous la Restauration, était resté un foyer d’opposition libérale et l’antagoniste de la Société des Bonnes Lettres ; où Benjamin Constant jusqu’à la fin faisait des lectures ; où Mignet (il y a vingt ans) débutait par une leçon sur la Saint-Barthélemy qu’on lui redemandait d’entendre une seconde fois à huitaine (tant on la trouvait à la hauteur du moment)… eh bien !

1041. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

La veille encore, à cinq heures du soir, cet ami de quarante ans était assis à mon coin du feu, causant, non sans quelque ombre de tristesse, de toutes ces choses qui nous étaient communes et chères, idées d’art et de philosophie sociale, souvenirs du passé, perspectives un peu sombres et voilées de l’avenir.

1042. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Nul, en effet, dans cette grande querelle de la philosophie contre le fanatisme religieux, ne se montra aussi infatigable, aussi invincible que lui, et ne s’acquit un renom plus populaire.

1043. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Il attachait dans ses récits par la philosophie de sa raison, par la bonhomie de son caractère, et par la finesse doucement maligne de son esprit.

1044. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

« Car, comme dit Hamlet, il y a plus de choses sous le ciel, Mercutio, que n’en conçoit votre philosophie. » Mais d’autre part, c’est ici proprement le domaine des suppositions invérifiables, des chimères et des ombres vaines.

1045. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Toute une philosophie de l’histoire littéraire et, à la fois, toute une esthétique et toute une éthique sont visiblement impliquées dans les moindres de ses jugements.

1046. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chénier, André (1762-1794) »

[Littérature et philosophie mêlées (1864).]

1047. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Sa philosophie, c’est-à-dire sa manière de concevoir la vie et d’expliquer ce monde, ne doit rien non plus aux étrangers.

1048. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre III. Des moyens de trouver la formule générale d’une époque » pp. 121-124

Je crois, en un mot, qu’il importe de renverser les procédés dont je viens de parler : j’entends que l’historien de la littérature doit mettre les données de la sociologie et de la psychologie au service de l’histoire particulière qu’il élabore, et non pas faire le contraire pour le plus grand avantage peut-être de la philosophie, mais au détriment certain de la tâche qui lui incombe.

1049. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

Ses maximes, à cet égard, sont même la condamnation de la Philosophie.

1050. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Introduction »

Sa théorie des idées demeure encore un pur idéalisme à la manière de Platon et de Kant, sans connexion visible avec sa philosophie de la volonté.

1051. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

» Cette question qu’il propose à Pantagruel près de l’île Caneph, est bien celle qui l’intrigue, et qu’il résout sans cesse, par son insouciance, un grand manque de scrupules, cette parfaite légèreté et indolence d’âme, qu’on appelle « avoir de la philosophie » ; certaine gayeté d’esprit, dit Rabelais, conficte en mespris des choses fortuites, pantagruélisme sain et dégourt, et prêt à boire si voulez. » *** Derrière ce personnage, grossi en caricature et décrit de verve, il y a plus qu’une imagination de Rabelais.

1052. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

La préface élogieuse de Silvestre de Sacy n’est que l’écho d’une tradition janséniste affaiblie par le temps et la philosophie de nos jours.

1053. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

L’image, qui presque partout (et même en philosophie) a culbuté l’idée, l’image, dans ce poète dépaysé, n’a ni la puissance ni l’imprévu qui nous enlèvent ; on la connaît, on l’a déjà vue… Enfin, ce rhythme dont nous parlions tout à l’heure, et qui est d’un travail si agencé et si merveilleux sous la plume de Gramont, cette guirlande flexible et forte que tout poète moderne semble tenu d’enlacer et de sertir autour de sa pensée, tant les travaux sur le rhythme et la langue du mètre ont été multipliés en ces derniers temps, Bouniol, s’il ne le dédaigne, semble l’oublier ; et c’est ainsi qu’il se présente tout d’abord, modeste et hardi, dans son livre, dénué des trois forces de la poésie telle que l’Imagination l’aime et la veut au xixe  siècle.

1054. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

Les romanciers du même temps s’imaginaient écrire des histoires véritables, et le Boiardo, l’Arioste, nés dans un siècle éclairé par la philosophie, tirèrent les sujets de leur poème de la chronique de l’archevêque Turpin.

1055. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Addition au second livre. Explication historique de la Mythologie » pp. 389-392

Plus tard on donna un sens métaphysique à cette fable de la naissance de Minerve, et on y vit la découverte la plus sublime de la philosophie, savoir, que l’idée éternelle est engendrée en Dieu par Dieu même, tandis que les idées créées sont produites par Dieu dans l’intelligence humaine.

1056. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Fabre est contestée, et sa philosophie, primaire. […] Il ne s’ensuit pas que sa philosophie soit morte et définitivement remplacée par le bergsonisme, comme l’affirme M.  […] L’esprit cède la place à l’action, la philosophie à l’histoire. […] André Metz, intitulé : Une philosophie des sciences ; le Causalisme de M.  […] Taine a fourni les éléments du critérium vrai, dans sa Philosophie de l’art.

1057. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Parfois ; mais plus souvent encore expression nécessaire d’une philosophie qui devait se dégager peu à peu de la Renaissance. […] C’est qu’il enseigne la morale, non plus au nom d’une religion, mais au nom d’une philosophie d’ailleurs très profane et peu recommandable. […] Il ne s’inspire ni d’une religion ni d’une philosophie déterminées. […] Sans doute le romantisme a aimé l’Église chrétienne, mais il a aimé toutes les églises comme toutes les philosophies. […] Le principe en est que l’art n’a pas de philosophie, ni de religion, ni de morale.

1058. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Ils ne savent ni théologie, ni philosophie. […] En ce qui concerne la philosophie du maître, M.  […] Mirbeau a fait de nouveaux progrès dans la philosophie naturaliste. […] Ce serait plutôt à un déboulonnage général de la philosophie et à une charge à fond contre les idées. […] Jacques Maritain, agrégé de philosophie, professeur au collège Stanislas, catholique notoire.

1059. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Il dit dans sa correspondance : «… Quant à moi, j’ai le bonheur d’être complètement inepte en philosophie, et je ne lis rien de tout ce qui se présente sous cette forme. » Cette conversion ne fut non plus ni soudaine ni tragique. […] Car sans doute il se peut que cette théorie des Indulgences heurte la conception de la justice qui a prévalu dans la Révolution et dans la philosophie moderne, et que la mise en commun des mérites et des grâces soit traitée avec dérision par ceux mêmes qui appellent la mise en commun des biens matériels : mais les philosophes qui, comme Proudhon, voient dans le catholicisme la religion de l’injustice, ne prennent pas garde que l’injustice disparaît par le seul fait du consentement et du sacrifice volontaire de ceux qui ont mérité davantage en faveur de ceux qui ont moins mérité ; qu’ainsi c’est l’amour et le renoncement du fidèle qui crée la justice de son Dieu, et que, si la matière, ici, est obscure, la pensée est belle et toute formée de charité. […] Chacun pour soi, et par conséquent chacun contre tous, voilà l’individualisme… Edmond Schérer et d’autres ont dédaigneusement reproché à Louis Veuillot de manquer de philosophie, de n’être point un « penseur ». […] Il a, sur la philosophie de George Sand, sur ses femmes émancipées et sur ses catins penseuses, des railleries impayables et impitoyables : … Il paraît à la comtesse, dès le second entretien, que cette infinie vague, dont le sentiment la tourmente, prend des épaules et qu’elle sait à quoi s’en tenir … Guillaume est taillé en valet de ferme ; et, je le jure, la comtesse Isidora l’estimerait mince penseur s’il était fluet. […] Bref, il croit que la philosophie ne peut rien pour le bonheur, même terrestre, des hommes (car le matérialisme les dispense de se contraindre, et le spiritualisme ne peut que le leur conseiller, sans leur en apporter les moyens).

1060. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Sa philosophie, — car il en a une, — profonde dans sa simplicité, est née de sa vie, et aussi son esthétique, dont l’expression la plus complète est dans ses vers. […] D’autre part, le titre seul du livre enveloppe une philosophie. […] De là, chez vous, cette philosophie de pardon qui est surtout une philosophie de nécessité. […] S’est-il, par cette philosophie, consolé de son amour ? […] Ces aristocrates, tout imprégnés, à leur insu, de la philosophie du dix-huitième siècle, avaient vu la Révolution à ses débuts avec sympathie.

1061. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Aristote fit voir ensuite que la véritable philosophie est le guide secret de l’esprit dans tous les arts. […] On ne devoit pas attendre que le françois dût se distinguer dans la Philosophie. […] Enfin le génie françois est peut-être egal aujourd’hui à celui des Anglois en philosophie, peut-être supérieur à tous les autres peuples depuis 80 ans, dans la Littérature, & le premier sans doute pour les douceurs de la société, & pour cette politesse si aisée, si naturelle, qu’on appelle improprement urbanité. […] Gens de Lettres Gens de Lettres, (Philosophie & Littérat. […] De-là ces anciennes expressions, à la bonne heure, à la mal’heure, car nos peres qui n’avoient pour toute philosophie que quelques préjugés des nations plus anciennes, admettoient des heures favorables & funestes.

1062. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

C’est là un grand progrès dans la consolation, parce qu’il élève la tristesse sur les hauteurs de la philosophie. […] On répétait, après Théophraste et Cicéron, qu’il est impossible de donner à la fois ses soins à une épouse et à la philosophie. […] Loin de moi, loin de celui qui s’est élevé au culte de la philosophie, une telle bassesse ! […] « Philosophie, jurisprudence et médecine, théologie aussi, hélas !  […] Il accomplit enfin en lui-même cette union intime de la philosophie et de la poésie que nous avons admirée chez Dante.

1063. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Quand tout fléchissait devant le prestige du vice puissant et lui rendait hommage, que ceux même qui protestaient par raison se prosternaient par habitude ; peut-on lui imputer à crime son peu de stoïcisme, et lui convenait-il d’avoir plus de philosophie que Voltaire et de savoir mieux la morale que Duclos ?

1064. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Mais avait-il la philosophie de reconnaître que le triomphe si légitime de L’Assommoir ou de Germinal relevait des raisons les moins esthétiques ?

1065. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Je vous l’avoue, plus j’y réfléchis, plus je trouve que toute la philosophie se résume dans la bonne humeur.

1066. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Quinault, dont on a quinze ou seize tant Tragédies que Comédies, & treize Opéra, continua jusqu’à sa mort, avec une régularité scrupuleuse & un courage inoui, les fonctions monotones de sa Charge d’Auditeur des Comptes, comme s’il n’eût jamais connu d’occupation plus intéressante pour son esprit & pour son cœur ; effet admirable & cependant naturel de cet amour du devoir, la base de toute société, l’idole de nos bons aïeux, & que, pour le malheur de notre âge, a éteint dans presque tou les cœurs l’esprit de systême & d’égoïsme, digne fruit des tristes lumieres de la moderne Philosophie.

1067. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Mais il est peut-être d’autres lecteurs qui n’ont pas trouvé inutile d’étudier la pensée d’esthétique et de philosophie cachée dans ce livre, qui ont bien voulu, en lisant Notre-Dame de Paris, se plaire à démêler sous le roman autre chose que le roman, et à suivre, qu’on nous passe ces expressions un peu ambitieuses, le système de l’historien et le but de l’artiste à travers la création telle quelle du poëte.

1068. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

Faguet, se remettre à chicaner, philosopher, appeler à son aide science et philosophie pour aboutir à cette explication : Taine a changé de manière parce qu’il avait en lui la vocation de ce changement. « Il possédait en germe (certains passages de ses œuvres antérieures en font foi) un cerveau visuel et sensoriel, et ce mécanisme n’a fonctionné que lorsque l’objectif s’est trouvé braqué sur un milieu inhabituel, … les Pyrénées. »‌ Ce qui veut dire que, si Taine s’est créé un style plastique, c’est qu’il avait des dispositions au style plastique.

1069. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

Cousin, par exemple, qui fut si longtemps le chef officiel de la Philosophie française, ne briller que par son absence et quelques-uns de ses élèves.

1070. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

En traduisant le beau livre de Herder sur la philosophie de l’histoire, M.  […] Le mouvement inexpliqué, le mouvement sans la philosophie, plaira tout au plus à la populace. Mais la philosophie sans mouvement, la philosophie libre et souveraine, régnant sans contrôle sur le monde des idées, ne s’adresse qu’aux lecteurs studieux, et ne doit pas espérer d’être écoutée au théâtre. […] Quoi qu’il en soit, j’admire le monologue jusqu’au moment où la philosophie purement humaine fait place à la philosophie politique. […] Littérature et philosophie mêlées.

1071. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Et si, à un horizon beaucoup plus rapproché, et dans des limites moindres, nous regardons derrière nous, a-t-il donc nui aux hommes qui président à cette ouverture de l’époque de la Restauration, à cette espèce de petite Renaissance, et qui composent le groupe de l’histoire, de la philosophie, de la critique et de l’éloquence littéraire, à cette génération qui nous précède immédiatement et dans laquelle nous saluons nos maîtres, leur a-t-il nui d’être plusieurs, d’être au nombre de trois, rivaux et divers dans ces chaires retentissantes, dont le souvenir forme encore la meilleure partie de leur gloire ? […] Cousin en philosophie ; ainsi, d’un âge un peu moindre, toute cette partie stoïque et puritaine de l’École normale, les Jouffroy, Dubois, etc… ; ainsi plus jeune nous-même, à la suite de nos amis, avons-nous fait en notre temps. […] Villemain, exerçait sa critique sur l’érudition et sur la philosophie plus que sur le goût, n’y regardait pas de bien près en délicatesse, et Voltaire, par passion, se permettait souvent d’étranges familiarités.

1072. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

… » — Toute une philosophie sociale va se mêler insensiblement à cet élan du poëte, et nous voilà bien loin de la gaieté. — M. de Laprade, à son tour, célébrant la Coupe, dans une pièce pleine de beaux vers, a dit : Des hautes voluptés nous que la soif altère, Fils de la Muse, au vin rendons un culte austère, Buvons-le chastement, comme le sang d’un Dieu. […] Dans ce Dîner de Madelon, sa petite comédie la plus charmante (1813), il se rencontre de jolis couplets qui expriment la Philosophie du sexaginaire : A soixante ans on ne doit pas remettre L’instant heureux qui promet un plaisir. […] Malherbe s’était vanté d’aller prendre tous les mots de son vocabulaire chez les crocheteurs du Port-au-Foin ; Désaugiers, à certains jours, s’en allait parmi les passeurs du Port-au-Vin et y prenait tout simplement sa philosophie.

1073. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

— Oui, tout est vain sans doute, et cette manie, cette inquiétude, cette fausse philosophie, venue malgré toi lorsque tu ne peux plus remuer, est plus vaine encore que tout le reste. » « La terre est éternellement en mouvement. […] André Chénier rentrerait ici dans le système de l’optimisme de Pope, s’il faisait intervenir Dieu ; mais comme il s’en abstient absolument, il faut convenir que cette morale va plutôt à l’éthique de Spinosa, de même que sa physiologie corpusculaire allait à la philosophie zoologique de Lamarck. […] » Ce vers final, qui est toute la devise, un peu fastueuse, de la philosophie du xviiie  siècle, exprime aussi l’entière inspiration de l’Hermès.

1074. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Ne serait-il pas possible de retrouver ce sens vrai de la Révolution française en remontant à son origine et à ses premiers organes, d’en dégager la juste signification des passions et des crimes à travers lesquels elle a perdu son caractère et son but, et de rappeler ainsi la France de 1840 à la philosophie sociale et politique dont elle fut l’apôtre et la victime pour devenir, quoi ? […] Ces principes, qui étaient ceux de la vraie philosophie politique de l’Assemblée constituante, ceux que les Mirabeau, les Barnave, les Clermont-Tonnerre, les Lally-Tollendal, les Bailly, les Mounier, les Montmorency, les Cazalès, les Vergniaud, avaient si magnifiquement débattus ou formulés dans leur éloquence de raison, me passionnaient encore à distance et me paraissaient le but dépassé, mais le but idéal de la Révolution, auquel il fallait ramener le peuple par l’opinion avant de l’y ramener un jour par le fait, si les événements échappaient à l’ambitieuse et intrigante faction de la fausse révolution et de la royauté d’expédient de 1830. […] Ainsi la philosophie ascétique du député d’Arras, la ténacité froide de ses idées d’abord féneloniennes, la patience de ses utopies à attendre l’heure des applications, au milieu des premiers murmures de l’Assemblée constituante contre ses chimères démagogiques, son obstination à acquérir par un travail ingrat l’éloquence qui lui manquait à l’origine et qu’il finit par conquérir à force de veilles, sa pauvreté volontaire, sa vie d’artisan dans une maison d’artisan, sa sobriété, sa séquestration absolue du monde des plaisirs ou des intrigues, en sorte qu’il ne sortait de son entresol, au-dessus d’un atelier, que pour apparaître aux deux tribunes du peuple : tous ces détails vrais du portrait de Robespierre, détails sur lesquels j’ai trop insisté, d’après madame Lebas, n’étaient que de la fidélité et ont paru de la faveur.

1075. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Triste résultat de cette philosophie naturelle. […] Cette philosophie matérialiste a perdu sa lanterne, et cette ignorance savante a épaissi les ténèbres au lieu de les dissiper. […] Ces simples paroles sont éloquentes et peignent l’impression que cause l’aspect monotone de ces régions solitaires. » Il y a plus, et la philosophie de Humboldt ne donne point le dernier mot de l’énigme.

1076. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Il savait des mathématiques, de la philosophie, de la médecine, de l’astronomie ; il était orateur, théologien, jurisconsulte ; bref, docte en tous arts et sciences, comme l’était Rabelais. […] Voilà, si je ne me trompe, la première fois que la philosophie chrétienne, qui bégaye dans les poésies de Marguerite de Valois, et qui ne s’y peut dégager des obscurités de la théologie, s’exprime dans un langage clair, frappant et durable. […] Malgré la précoce beauté de ces grands traits de philosophie chrétienne, qui sont la part de la Réforme dans Ronsard, et quoiqu’il y ait en beaucoup d’endroits de son recueil de l’imagination, du feu, de la fécondité, quelque invention de style, ce poète équivoque placé entre les petites perfections de la poésie familière de Marot et la haute poésie de Malherbe, ne sera jamais un auteur qu’on fréquente ; mais, comme représentant d’une époque, il y aura toujours justice à l’apprécier et profit à l’étudier.

1077. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Ses grands hommes dans les Vies ; dans les Œuvres morales, ses philosophies, sa religion, ses mœurs, sa vie domestique et anecdotique ; que de sources fécondes, que de termes de comparaison avec la société d’alors ! […] C’est l’homme considérant son semblable d’un regard désintéressé, au lieu de le gouverner d’une main tyrannique, ou de lui donner le change par d’amusantes folies ; cherchant à se démêler, et, comme dit Montaigne, « affamé de se cognoistre. » C’est l’homme à la fois observateur et sujet d’observation ; c’est enfin Montaigne lui-même, un des plus excellents esprits qui aient été, éprouvant à sa conscience, comme à une pierre de touche, tous les traits attribués à l’homme par toutes les philosophies et toutes les histoires. […] Balzac, à côté d’éloges sincères, en fait des critiques assez vives ; Port-Royal le trouve impie, et l’attaque pour sa philosophie qui prétend se passer de religion.

1078. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

René de Charzay, en exprime la philosophie. […] Sa philosophie sent le fromage du rat de La Fontaine. […] René se drape dans sa philosophie étriquée pour le mépriser, et M. de Cayolle, un sage de la finance, un moraliste en actions, se rencontre là, tout exprès, pour le sermonner d’importance.

1079. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Laissons le bric-à-brac littéraire qui se cogne et retentit dans ses rapports de secrétaire d’académie ; laissons les airs de connaisseur qu’il doit à sa fonction officielle, et demandons-nous nettement ce qu’il veut quand, à propos de Prix, il construit des phrases de cet amphigouri, transparent pourtant : « Évidemment, — dit-il, — aux fortes études d’antiquités, de philosophie et d’histoire, fut toujours liée la maturité (une maturité liée, par parenthèse, n’est pas excessivement académique), et elle n’aurait de déclin nécessaire que par l’oubli de ce qui a fait sa force. […] Quant au livre attaché à cette préface, chiche de tout point, nul en religion, pauvre en philosophie, vide enfin, ce choix d’études, dont l’arrière-prétention est de se poser comme l’expression photographique de l’esprit moderne, n’est qu’un babillage littéraire, dénué profondément de charme. […] et c’est ainsi que, sans conviction et sans idées, il est entraîné par le courant du sophisme contemporain qui veut humaniser les êtres surnaturels dans l’histoire, pendant que la philosophie tend à diviniser les hommes.

1080. (1890) Nouvelles questions de critique

Tandis qu’en effet la philosophie de Voltaire, celle de Montesquieu, de Rousseau, de Diderot, sont essentiellement des philosophies sociales, si l’on peut ainsi dire, des philosophies dont le progrès ou la réformation de l’institution sociale est le commencement et la fin, le philosophie de Buffon, prenant son origine dans celle même des mondes, et prolongeant ses suites au-delà de l’existence de l’espèce, a ouvert l’infini à la pensée humaine. […] La philosophie de M.  […] Renan, a le plus cordialement maltraités, — il représente encore aujourd’hui, l’idéalisme, non seulement dans l’histoire et dans la philosophie, mais dans l’art. […] Prenez garde toutefois qu’en y réfléchissant on trouverait aussi dans cette métaphore de quoi défrayer toute une exégèse, toute une religion, toute une philosophie. […] Rabelais et Molière sont des naturalistes, à la fois dans le sens où nous prenons habituellement le mot, dans la langue de tous les jours, et dans le sens où l’emploient les historiens de la philosophie.

1081. (1864) Le roman contemporain

la philosophie est réduite au silence. […] Je n’en ai jamais trouvé dans cette philosophie qui ne nous a jamais présenté que des maximes égoïstes. […] Sa philosophie sceptique et matérialiste ramène impitoyablement les sentiments et les idées aux sensations. […] Voilà la morale et la philosophie que vous y trouverez développées. […] Pendant que la philosophie parle, il agit, il est partout où l’on souffre, partout où l’on pleure.

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