Des voisins, les Beaumesnil, sont des jaloux odieusement médisants, presque des caricatures, et une petite amie, Clotilde Desrozais, nièce des Beaumesnil, s’annonce comme en tout l’opposé et le repoussoir de Sibylle ; car celle-ci est blonde, aux cheveux d’or, aux yeux bleus d’azur, au profil séraphique, tandis que Clotilde, plus forte, et grande dès l’âge de douze ans, a un œil superbe, « à demi clos et voilé dans l’habitude, mais dévorant dès qu’il s’ouvre » ; avec cela, « de lourdes nattes d’un noir bleuâtre », et, sur des dents d’ivoire, des lèvres pourprées dont la cerise ne demande qu’à être cueillie. […] Il y a une scène fort belle où Sibylle ne me paraît pas excéder la mesure du possible : c’est lorsque la duchesse Blanche, son amie, mariée par raison à un homme estimable, retrouve après des années celui que toute jeune elle préférait et de qui elle aurait aimé à faire choix, et lorsque entraînée sur une pente rapide elle se sent bien près de manquer à ses devoirs : dans son trouble, elle s’ouvre tout d’un coup à Sibylle, à cette jeune fille grave, et pour qui elle a conçu une haute estime.
La comtesse descend avec Mme Orlandini, et, prenant les devants, elles furent bientôt au haut de l’escalier, firent vite ouvrir la porte et la refermèrent avant que le comte pût être monté. […] je ferai bien ouvrir, moi », reprit le comte ; et il frappa assez longtemps sans qu’on lui répondît.
Il faut savoir lire, particulièrement les livres du xvie siècle ; il y a dans presque tous, à cause des menaces pendantes sur la liberté de pensée, un secret qu’il faut ouvrir et dont la clef est souvent perdue : Rabelais a un sous-entendu, Cervantes a un aparté, Machiavel a un double fond, un triple fond peut-être. […] J’ai beau y revenir après eux, le relire et l’ouvrir vingt fois au hasard, il m’est impossible de trouver en Cervantes rien de l’amertume d’Alceste dans Molière, rien encore moins (cela va sans dire) de l’ironie de Voltaire dans Candide, ni même de cette ironie fine et diffuse de Le Sage, car l’auteur de Turcaret perce parfois dans Gil Blas.
Le recueil de Poésies que j’ai sous les yeux et qui n’est guère qu’une seconde édition revue, corrigée, avec additions et retranchements (le premier recueil de 1854 s’appelait les Vignes du Seigneur), s’ouvre par un portrait de l’auteur en lunettes et par une préface biographique en vers. […] Que si, dans cette disposition d’esprit, il vient à ouvrir par curiosité quelque volume de la collection de ces feuilles maudites, il est surpris tout d’abord d’y trouver du bon sens, de la modération même (une modération relative et qui nous paraît telle à distance) ; il ne s’explique pas les fureurs dont fut l’objet le folliculaire vivant, et il est tout porté alors à le venger après coup, à le justifier en tout point, à lui refaire une réputation posthume.
Rousseau se désaccoquina du café et désavoua les couplets dans le monde ; mais on en parlait toujours ; de temps à autre de nouveaux couplets clandestins se retrouvaient sur les tables, sous les portes ; cette petite guerre dura dix ans et ouvrit le siècle. […] Et plus loin : Comme un lion plein de rage Le mal a brisé mes os ; Le tombeau m’ouvre un passage Dans ses lugubres cachots.
En tête du Mercure de 1791 et 1792 paraissent des Contes moraux de Marmontel306, et le numéro qui suit les massacres de septembre s’ouvre par des vers « aux mânes de mon serin ». […] Ils ne savaient pas même ouvrir ou fermer une porte ; ils n’avaient pas la force de soulever une bûche pour la mettre dans le feu : il leur fallait des domestiques pour leur avancer un fauteuil ; ils ne pouvaient pas entrer et sortir tout seuls.
Voici que pour la première fois l’éloquence politique semble se constituer chez nous, par la coïncidence heureuse du retour à l’antiquité, qui offre les grands modèles, et d’un demi-siècle de discordes, qui, affaiblissant le pouvoir central, ouvrent aux divers corps de l’État la liberté de la parole218. […] Autour de ces idées fondamentales, il groupa une théorie générale des formes diverses du gouvernement, de fortes études sur les progrès et les révolutions des États, des réflexions curieuses sur l’adaptation des institutions politiques aux climats, enfin de très libérales doctrines sur l’impôt et l’égale répartition des charges publiques : si bien que ce livre, sans éloquence, sans passion, pesant, peu attrayant, fonda chez nous la science politique, et ouvrit les voies non seulement à Bossuet pour la théorie de la royauté française, mais à Montesquieu pour les principes d’une philosophie de l’histoire.
Il faut faire entrer dans notre être tous les mondes imaginables, ouvrir toutes les portes de son âme à toutes les sciences et à tous les sentiments ; pourvu que tout cela n’entre pas pêle-mêle, il y a place pour tout le monde. […] Faudra-t-il n’en ouvrir qu’une ?
Le faible Darnley s’étant ouvert de sa jalousie aux lords et seigneurs mécontents, ceux-ci, dans l’intérêt de leur politique, le poussèrent à la vengeance, et s’offrirent à le servir de l’épée. […] Mais déjà une nouvelle passion est éclose dans le cœur ouvert de Marie Stuart ; celui qu’elle choisit cette fois n’a ni la faiblesse de Darnley, ni les grâces de salon d’un Riccio : c’est le comte de Bothwell, âgé de trente ans, laid, mais à l’aspect martial, brave, hardi, violent et capable de tout oser.
Mais rien n’est plus vrai pourtant, votre porte ne s’ouvre plus que pour un petit nombre ; il faut peu à peu s’y faire. […] Mais ceci ouvrirait toute une veine nouvelle et nous mènerait trop loin.
Un an après (30 septembre 1769), Ducis, âgé de trente-six ans, trouvait sa voie et ouvrait sa veine en donnant Hamlet. […] La première phrase du discours de réception de Ducis (4 mars 1779) fut saluée d’un long applaudissement : « Messieurs, il est des grands hommes à qui l’on succède et que personne ne remplace… » Ainsi Voltaire fut remplacé et célébré par celui même dont il avait tant de fois parlé comme d’un auteur wisigoth ou allobroge et ne sachant pas écrire : Vous avez vu sans doute Hamlet, écrivait-il à d’Argental lors de la première pièce de Ducis qui eut du succès ; les Ombres vont devenir à la mode ; j’ai ouvert modestement la carrière, on va y courir à bride abattue : domandava acqua, non tempesta.
Les États généraux étaient convoqués pourtant, et l’année 1789 s’ouvrait au milieu d’une attente immense. […] Le Voyage proprement dit s’ouvre avec bonheur et avec émotion par une visite à Épaminondas, le plus parfait des héros anciens ; il se termine, au dernier chapitre, par un portrait du jeune Alexandre : le récit tout entier s’encadre entre cette première visite à Thèbes, où le sujet apparaît dans toute sa gloire, et la bataille de Chéronée, où périt la liberté de la Grèce.
Si nous eussions intitulé le nôtre Cours de littérature ou Manuel de style, le public ne l’eût pas ouvert et l’eût confondu avec les nombreux traités similaires, discrédités depuis longtemps. […] Albalat, j’ai eu tout d’abord un sentiment de méfiance, en me demandant s’il était vraiment possible d’enseigner l’art d’écrire, et surtout en vingt leçons… Mais quand j’ai ouvert ce volume, j’ai été vite détrompé ; et l’œuvre m’a tellement séduit dès les premières pages que j’en ai fait mon compagnon de vacances.
On sent qu’il est toujours maître de son sujet, qu’il se meut dans le champ des idées comme dans son domaine, qu’il en sait tous les chemins, qu’il est prêt, si l’un d’eux se trouve fermé, à en ouvrir d’autres, qu’il a le droit de prendre charge d’âmes, et de s’offrir pour guide aux ignorants et aux étrangers qui voudront visiter la contrée solitaire et périlleuse où il s’est établi. […] Seules, elles peuvent être populaires, parce que seules elles peuvent être comprises sans peine ; seules, elles peuvent être traitées en beau style, parce qu’étant du domaine public, elles ne demandent pas un langage spécial ; seules, elles ouvrent une pleine carrière à l’orateur, parce qu’avec le devoir de convaincre, elles lui imposent l’obligation de toucher et de plaire ; seules, elles donnent des œuvres d’art, parce qu’avec la logique, elles ont à leur service la passion et le bon goût.
Voici, par exemple, comme il ouvre l’histoire de Jacqueline Pascal : « Commençons par deux documents authentiques, inédits ou peu connus. […] La théologie, par ses grands horizons métaphysiques, ouvre une large carrière à l’enthousiasme et à l’imagination ; en même temps, elle s’appuie sur la connaissance approfondie des textes, sur les recherches de philologie, sur le talent de discuter sans rien prouver, de raisonner sans rien découvrir.
On courrait risque aussi, en voulant tirer de l’Évangile une politique humaine, d’ouvrir le champ à bien des systèmes divers et peu d’accord entre eux.
— Les Chambres vont s’ouvrir avec l’année ; les retardataires qui prolongent le séjour de la campagne jusque bien avant en décembre arrivent en foule et se multiplient avec rapidité pour réparer le temps perdu.
Ici s’ouvre un épisode diplomatique, qui nous mène, à travers bien des anecdotes, des portraits et des intrigues, à la fin du volume et à un traité de commerce conclu le 11 janvier 1787 entre la France et la Russie.
Puis un paquet, qui doit être une femme, la face peinte en rouge, un rouge indéfinissable, un rouge faux, un rouge cruel, au milieu duquel la bouche livide, aux dents gâtées, s’ouvre comme une fente d’ulcère.
Quelle tristesse ce doit être de ne plus pouvoir ouvrir un livre sans se souvenir de tous les autres et sans l’y comparer !
Le livre de Papus ouvre à l’étudiant la porte de l’ésotérisme de la kabbale.
Jésus ouvrit ainsi dans les sociétés aristocratiques de l’antiquité la brèche par laquelle tout passera.
Il semble que l’âme de La Fontaine n’attend que les occasions de s’ouvrir à tout ce qui peut être intéressant.
A la vue de l’intrus, les jeunes yébem qui étaient en train de jouer et s’étaient débarrassés de leurs ailes pour se mettre à l’aise, s’effrayèrent et sautèrent dans un grand trou qui s’ouvrait au milieu de l’aire de la case.
Ses yeux s’ouvrirent à une clarté nouvelle. […] Il s’arrêta, dans Oxford Street, devant le magasin de tapisserie ouvert par l’illustre William Morris. […] Ouvrez le volume. […] Les collèges s’ouvrent et puis se ferment, rabattant lourdement leurs portes, vraies geôles de la jeunesse captive. […] la pelle s’ouvre ; elle saute, enfarinée, au déversoir d’un moulin.
Une seule pensée d’amour eût ouvert à Faust cet abîme des cieux dont le mystère écrase son ambition. […] J’aspire au néant, tant je suis las de souffrir ; mais le néant se refuse à m’ouvrir son sein. […] La scène s’ouvre à Wilna, dans le cloître des prêtres Basiliens, transformé en prison d’État. […] Libre, je m’évaporerais comme le vin d’un broc débouché, je brûlerais sans bruit, comme la poudre sur un bassinet ouvert. […] Il lui eût ouvert les bras si Balzac eût voulu.
Ces détails minuscules nous ouvrent pourtant des perspectives immenses sur l’intensité de douleur que peut éprouver une âme humaine. […] ce romancier du grand monde français ou italien qui ne quitte jamais ses gants, surtout quand il touche la main de certains personnages suspects ; Stendhal est un pur psychologue, et il y a bien autre chose que de la psychologie dans le roman contemporain. — Ces raisons sont bonnes assurément, et pourtant nos naturalistes n’ont pas tort : le détail psychologique, qui abonde chez Stendhal, y est en effet toujours lié à la vue nette de la réalité, de chacun de ses personnages, de ses mouvements, de son attitude, d’une fenêtre qu’il ouvre ou d’une taille qu’il enveloppe discrètement de son bras58. […] Je me détourne sans regret, de vos sibylles, de vos prophètes, de vos héros, pour contempler une vieille femme penchée sur un pot de fleurs, en mangeant solitaire, … ou encore cette noce de village qui se célèbre entre quatre murs enfumés, où l’on voit un lourdaud de marié ouvrir gauchement la danse, avec une fiancée aux épaules remontantes et à la large face… Ayons donc constamment des hommes prêts à donner avec amour le travail de leur vie à la minutieuse reproduction de ces choses simples. […] Il descendit ouvrir petit à petit et faire reconnaître ma voix. » Il ouvrit le volet assez pour passer la tête, et en répétant à voix basse : « C’est un ami. » Il s’assura, en prêtant l’oreille, que rien ne troublait le silence profond de la chambre.
Par le fait, nous voyons une première vague, purement dionysiaque, venir se perdre dans l’orphisme, qui était d’une intellectualité supérieure ; une seconde, qu’on pourrait appeler orphique, aboutit au pythagorisme, c’est-à-dire à une philosophie ; à son tour le pythagorisme communiqua quelque chose de son esprit au platonisme ; et celui-ci, l’ayant recueilli, s’ouvrit naturellement plus tard au mysticisme alexandrin. […] Mais viennent les machines qui accroissent le rendement de la terre et qui surtout en font circuler les produits, viennent aussi des organisations politiques et sociales qui prouvent expérimentalement que les masses ne sont pas condamnées à une vie de servitude et de misère comme à une nécessité inéluctable la délivrance devient possible dans un sens tout nouveau la poussée mystique, si elle s’exerce quelque part avec assez de force, ne s’arrêtera plus net devant des impossibilités d’agir ; elle ne sera plus refoulée sur des doctrines de renoncement ou des pratiques d’extase ; au lieu de s’absorber en elle-même, l’âme s’ouvrira toute grande à un universel amour. […] La vérité est que ces états anormaux, leur ressemblance et parfois sans doute aussi leur participation à des états morbides, se comprendront sans peine si l’on pense au bouleversement qu’est le passage du statique au dynamique, du clos à l’ouvert, de la vie habituelle à la vie mystique. […] Ils ont ouvert une voie où d’autres hommes pourront marcher. […] Seuls, une prolongation et un approfondissement des deux expériences nous l’apprendront : le problème doit rester ouvert.
Une porte s’ouvre. […] C’est un chaos colossal, encore ouvert à toutes les investigations et à toutes les chimères. […] Un Anglo-Saxon, lorsqu’il ouvre une boîte de corned beef, ne doute pas un seul instant que ce corned beef n’ait été destiné, de toute éternité, à sa propre subsistance. […] On l’autorisa, le 29 janvier 1876, à ouvrir ces cartons du quai d’Orsay où dorment, dans un calme rarement troublé, tant de desseins conçus par des volontés hardies. […] Ses vers embaumés de parfums et brillants d’étoiles, ouvraient parfois de profonds paysages, des échappées merveilleuses.
Il est beau que le même homme qui ouvrit le siècle en 1801 par le Génie du Christianisme soit celui qui, après quarante-trois ans, fournisse encore la nouveauté à la saison de 1844.
La peur du diable qui guette, la crainte de Dieu qui punit, la vision hallucinante de l’enfer qui s’ouvre, il ne fallait pas moins que cela pour brider la violence des passions, et mettre un peu de bonté dans les actes, sinon encore dans les cœurs.
Quoi qu’il en soit, le jeune triomphateur en tunique vit s’ouvrir à l’horizon les portes de tous les journaux.
Ouvrez le livre, vous avez retrouvé l’auteur d’Agamemnon , et l’on peut se contenter à moins.
Jules Barbey d’Aurevilly L’auteur de ces poésies (Les Névroses) a inventé pour elles une musique qui fait ouvrir des ailes de feu à ses vers et qui enlève fougueusement, comme sur un hippogriffe, ses auditeurs fanatisés.
Notre-Dame de Paris a peut-être ouvert quelques perspectives vraies sur l’art du moyen âge, sur cet art merveilleux jusqu’à présent inconnu des uns, ou, ce qui est pire encore, méconnu des autres.
Livius Andronicus, poëte célebre et qui vivoit à Rome environ cinq cens quatorze ans après sa fondation, et environ six vingt ans après qu’on y eut ouvert les théatres, joüoit lui-même dans une de ses pieces.
Son livre, qui embrassera tout le xixe siècle, ne s’ouvrira point cependant à 1800, pour s’avancer ainsi, d’année en année, jusqu’à l’époque où nous voilà parvenus.
qu’on ouvre la fenêtre !
En troisième lieu, ces fables tant célébrées pour leur sagesse et entourées d’un respect religieux ouvraient mille routes aux recherches des philosophes, et appelaient leurs méditations sur les plus hautes questions de la philosophie.
Scribe que le dédain ou le respect ; aujourd’hui que la presse a ouvert la brèche, M. […] Il suffit donc d’ouvrir l’histoire pour juger la théorie de M. […] La scène s’ouvre par un dialogue entre Alfred d’Alvimar et madame de Rieux. […] Aussi bien l’histoire est un livre ouvert à tous les yeux, et je ne suis pas chargé de le feuilleter et de le lire à haute voix. […] Il faut obtenir du podestat une clef qui ouvre toutes les portes.
Deux choses m’ont toujours épouvanté, c’est qu’un enfant apprît à parler et à lire ; avec ces deux clefs qui ouvrent tout, le reste n’est rien. […] Les ignorants, les femmes, le peuple ouvrent rarement un volume de vers. […] La porte d’entrée, du côté de la rue, s’ouvrait presque dans le toit, comme une mansarde. […] Le trésor secret grossissait chaque jour ; une perle s’ajoutait à l’écrin mystérieux qui ne devrait s’ouvrir que plus tard. […] Sur un rideau d’un vert brillant et pur, formé par les vignes et les orangers qui se mêlent et s’entrelacent, on voit scintiller le rouge sémillant de la grenade, qui s’ouvre pour offrir, la coquette !
Ces sortes de chansons, qui prêtent aux pointes et aux calembours, sont trop nombreuses dans le premier recueil de Désaugiers ; mais bien vite et du second coup il perça juste et ouvrit largement sa veine. […] Est-il besoin de rappeler avant tout que Béranger est un esprit d’un tout autre ordre, un talent hors de pair, qui a créé son domaine et qui a ouvert, ne fût-ce que pour lui seul, des voies nouvelles ? […] Avec Désaugiers, le naturel est tout grand ouvert ; on rit rien que pour rire ; on sent une sécurité complète résultant de l’entière cordialité.
En 1770, Rastel, protestant, ayant ouvert une école publique à Saint-Affrique, est poursuivi à la demande de l’évêque et des agents du clergé ; on ferme son école et on le met en prison. — Quand un corps a gardé dans sa main les cordons de sa bourse, il obtient bien des complaisances ; elles sont l’équivalent de l’argent qu’il accorde. […] À la fin le troupeau écorché découvrira ce qu’on fait de sa laine. « Tôt ou tard118, dit un Parlement dès 1764, le peuple apprendra que les débris de nos finances continuent d’être prodigués en dons si souvent peu mérités, en pensions excessives et multipliées sur les mêmes têtes, en dots et assurances de douaires, en places et appointements inutiles. » Tôt ou tard, il repoussera « ces mains avides qui toujours s’ouvrent et ne se croient jamais pleines, ces gens insatiables qui ne semblent nés que pour tout prendre et ne rien avoir, gens sans pitié comme sans pudeur ». — Et ce jour-là les écorcheurs se trouveront seuls. […] « À Saint-Laurent, en Normandie, la cure ne vaut pas plus de 400 livres que le curé partage avec un obitier, et il y a 500 habitants, dont les trois quarts à l’aumône. » — Comme les réparations du presbytère et de l’église sont d’ordinaire à la charge d’un seigneur ou d’un bénéficier souvent éloigné, obéré ou indifférent, il arrive parfois que le prêtre ne sait ni où loger, ni où dire la messe. « J’arrivai, dit un curé de Touraine, au mois de juin 1788… Le presbytère ressemblerait à un souterrain hideux s’il n’était ouvert à tous les frimas et à tous les vents » : en bas, deux chambres carrelées sans portes ni fenêtres, hautes de quatre pieds et demi, une troisième haute de six pieds, carrelée, servant de salon, de salle, de cuisine, de buanderie, de boulangerie et d’égout pour les eaux de la cour et du jardin ; au-dessus trois pièces semblables, « le tout absolument lézardé, crevé, menaçant ruine, sans portes ni croisées qui tiennent », et, en 1790, les réparations ne sont pas encore faites
J’ai des fleurs dans un gobelet ; j’en ai longtemps regardé deux dont l’une penchait sur l’autre qui lui ouvrait son calice. […] La fenêtre fut clouée, car je l’ouvrais et m’y suspendais, au risque de me jeter dans la rue. […] J’en ai détaché deux pour envoyer à E***, dans une lettre : ce sont des dames de onze heures ; apparemment ce nom leur vient de ce qu’elles s’ouvrent alors, comme font d’autres à d’autres heures, charmantes horloges des champs, horloges de fleurs qui marquent de si belles heures.