Qu’on juge quelle part peut avoir eu dans l’établissement de ce dogme l’esprit philosophique né depuis quatre-vingt ans.
Les sentiments qui naissent et se développent au sein des groupes ont une énergie à laquelle n’atteignent pas les sentiments purement individuels.
Les enfants nés de ces unions tiennent en général du guinné plus que de la race humaine.
On a dit assez spirituellement que les femmes naissent et vivent femmes, mais qu’elles meurent vieilles filles.
Et voilà pourquoi, né délicat et difficile, il est devenu, au contact des choses grossières de ce Carnaval que voilà fini, plus délicat et plus difficile que jamais, Voilà pourquoi cet esprit doux a revêtu, comme l’orange, qui est douce aussi quand elle est ce qu’elle doit être, une écorce amère, mais salubre.
Selon moi, — je l’ai dit, mais j’insiste parce que la cause est grave et que le poète condamné de La Chanson des Gueux vaut la peine qu’on insiste, — toutes les qualités de sa poésie, qui n’est pas que truande et féroce, acharnée, archiloquienne, mais souvent d’une tendresse et d’une compassion infinies (voir, entre autres, Le Chemin creux, les Pleurs de l’arsouille et surtout le Grand-père sans enfants), appartiennent à son âme, et les défauts de cette poésie à son temps et au malheur qui l’a fait naître au xixe siècle.
Quand elle n’est pas née, sa force n’existe pas encore.
L’hymne religieux peut naître dans tous les pays, et à ce titre la plupart des chants chrétiens d’Héber, inspirés par ses études, sa vocation simple, ses contemplations de la foi, avaient précédé son séjour dans l’Inde.
Claudel, qui dans l’avenir fera plutôt figure d’homme du xxe siècle que du xixe finissant, traduisait à cette date l’Agamemnon d’Eschyle, et peut-être qu’un homme de génie qui ne s’est point encore manifesté naissait alors. […] Elles naissent comme celle-ci de sensations extrêmement vives que traduit un travail intellectuel vigoureusement conduit. […] C’est une qualité native, originelle, qui se rencontre dans certaines œuvres conçues selon les canons d’une beauté déterminée, et l’on peut dire que les œuvres de Victor Hugo ne seront jamais classiques, tandis que celles d’Anatole France naquirent telles. […] Tout Paris pensait l’avoir vu naître, et se flattait de nourrir à son endroit une sympathie affectueusement tutélaire. […] Soit que sa forme achevée en fasse une sorte de bijou précieux qui scintille au creux de la main qui le présente, soit que, plein de suc et de substance, il rende le son saisissant et plein des belles maximes de nos moralistes, le mot spirituel, le trait bien venu à sa vie propre qu’il peut mener loin de l’ouvrage où il naquit.
Sous cette discipline un peuple redoutable s’était formé, cœurs farouches dans des corps athlétiques77, incapables de contrainte, affamés d’actions violentes, nés pour la guerre permanente, parce qu’ils s’étaient trempés dans la guerre permanente, héros et brigands qui, pour sortir de leur solitude, se lançaient dans les entreprises, et s’en allaient en Sicile, en Portugal, en Espagne, en Livonie, en Palestine, en Angleterre, conquérir des terres ou gagner le paradis. […] Regardez leurs épopées qui naissent, on n’en a jamais vu de plus prosaïques. […] Légère gaieté prompte à passer, comme celle que fait naître un de nos paysages d’avril ; un instant le conteur a regardé la fumée des ruisseaux qui monte autour des saules, la riante vapeur qui emprisonne la clarté du matin ; puis, quand il a chantonné un refrain, il revient à son conte.
Le nombre et la valeur des hommes distingués qui sortaient de la nation se maintenaient, augmentaient peut-être ; dans plus d’un genre de mérite, les nouveaux venus né le cédaient à aucun des noms illustres des générations écloses sous un meilleur soleil ; mais l’atmosphère s’appauvrissait ; on mourait de froid. […] Le facteur de la conscience slave, c’est la conscience allemande ; la conscience des Slaves grandira et s’opposera de plus en plus à celle des Allemands ; l’inconvénient qu’il y a pour un État à détenir des pays malgré eux se révèlera de plus en plus ; la crise interminable de l’Autriche amènera les péripéties les plus dangereuses ; Vienne deviendra de toute manière un embarras pour Berlin ; quoi qu’on fasse, cet empire est, né bicéphale, il vivra difficilement. […] Notre plus grande erreur est de croire que l’homme naît tout élevé ; l’Allemand, il est vrai, croit trop à l’éducation ; il en devient pédant ; mais nous y croyons trop peu.
C’est pourquoi, dans les premières années de la Restauration, entre 1815 et 1825, il s’établit une façon commune de penser et surtout de sentir ; les bornes de l’ancien horizon se déplacent ou plutôt s’évanouissent ; et le cosmopolitisme littéraire est né. […] « Toute littérature qui n’a pas en vue la perfectibilité, la moralisation, l’idéal, l’utile en un mot, est une littérature rachitique et malsaine, née morte. » Et on peut regretter qu’il ne l’ait pas mieux dit, mais il l’a dit ; et finalement, après l’avoir âprement contredit, ce n’est pas les Leconte de Lisle ou les Flaubert que l’on en a cru, mais lui. […] Son origine et son éducation [Cf. sa Correspondance, toute pleine de précieux renseignements sur ses premiers maîtres et ses premières lectures]. — La famille de Lamartine ; — et d’un mot de Sainte-Beuve à propos de Rousseau : « qu’il est bon d’être né de la race des purs ». — Le sentiment de la nature ; — et comment Lamartine n’a pas eu besoin de l’acquérir pour le posséder ; — en ayant été pénétré dès l’enfance. — Le sentiment religieux ; — et combien il est plus sincère chez Lamartine que chez Chateaubriand ; — ou du moins plus « natif » ; — et peut-être ainsi d’autant plus favorable à la poésie. — Noblesse naturelle de l’imagination de Lamartine. — Ses premiers vers [Cf. sa Correspondance] ; — et leur ressemblance avec ceux de Chênedollé ; — mais surtout de Parny. — L’Elvire des Méditations [Cf. […] Jaubert [née d’Alton Shée], Souvenirs, Paris, 1881 ; — Émile Montégut, Nos morts contemporains, Paris, 1884 ; — Émile Faguet, Dix-neuvième siècle, Paris, 1887 ; — Jules Lemaître, Introduction au théâtre d’Alfred de Musset, édition Jouaust, Paris, 1889-1891 ; — Arvède Barine, Alfred de Musset, dans la collection des Grands Écrivains français, Paris, 1893 ; — F. […] Les dernières années d’Hugo ; — et de la très grande influence politique et sociale qu’il a effectivement exercée, — non comme pair de France ; — ni comme député aux Assemblées de 1848 et 1850 ; — mais comme écrivain ; — par ses Châtiments, 1852 ; — par son Napoléon le Petit, 1853 ; — par ses Misérables, 1862 ; — ou, en d’autres termes, par la persistance de ses haines ; — et son habileté, peut-être inconsciente, à les identifier avec la cause du « progrès social ». ; — Des Misérables ; — et que l’idée première en est sans doute née du désir de passer en popularité les maîtres du « roman » feuilleton ; — l’auteur des Mémoires du Diable et celui des Mystères de Paris. — De l’esprit du roman ; — de l’art avec lequel y sont flattés les pires préjugés populaires ; — et, à ce propos, que si Victor Hugo n’est pas ce qu’on appelle un « penseur », — ses idées ont cependant plus de portée qu’on ne leur en attribue. — William Shakespeare, 1864 ; — et qu’en plus d’un point la critique n’a rien trouvé de mieux que quelques jugements ou quelques intuitions littéraires d’Hugo. — Les Travailleurs de la mer, 1566 ; — et qu’il s’y trouve des choses « profondes » ; — ce qui d’ailleurs est assez naturel ; — si, quand on possède au degré où il l’a possédé le don de l’« invention verbale », — on ne saurait associer diversement les mots, — sans associer diversement aussi les idées qu’ils expriment. — On ne saurait non plus traiter le « lieu commun » — sans toucher aux questions les plus générales qui intéressent l’humanité ; — et par exemple, on ne saurait développer le contenu des mots d’indépendance, — de liberté, — de patrie, avec les moyens d’Hugo, — sans mettre en lumière quelques aspects nouveaux des choses [Cf.
C’est de ce conflit que naît le tragique. […] Nées de l’imitation des anciens, les figures tragiques des Français ne peuvent guère être regardées que comme de simples personnifications des passions déterminées de l’amour, de l’honneur, de la gloire de l’ambition, de la tyrannie ; etc.
Songez que c’est dans une chambre de malade qu’est né ce beau rêve, au milieu des fioles, des remèdes et des médecins, à côté d’une garde, parmi les anxiétés de l’indigence et les étouffements de l’hydropisie. […] Là vivait Éarine que le fleuve vient d’engloutir, et que son amant en délire ne veut pas cesser de pleurer, « Éarine, qui reçut son être et son nom avec les premières pousses et les boutons du printemps, Éarine, née avec la primevère, avec la violette, avec les premières roses fleuries ; quand Cupidon souriait, quand Vénus amenait les Grâces à leurs danses, et que toutes les fleurs et toutes les herbes parfumées s’élançaient du giron de la nature, promettant de ne durer que tant qu’Éarine vivrait… À présent, aussi chaste que son nom, Éarine est morte vierge, et sa chère âme voltige dans l’air au-dessus de nous171. » Au-dessus du pauvre vieux paralytique, la poésie flotte encore comme un nuage de lumière.
II Benvenuto Cellini, d’une famille bourgeoise et artiste de la Toscane, naquit en 1500. […] Firenzola eut à ce sujet une grande querelle avec lui, et lui tint, en ma présence, mille propos injurieux ; mais je pris sa défense, en disant que j’étais né libre, que je voulais vivre de même, et travailler chez qui je voudrais, pourvu que je ne fisse tort à personne ; que je m’étais d’ailleurs acquitté avec lui.
VI On ne naît pas à la littérature avec la vocation spéciale de romancier feuilletoniste. […] Les œuvres d’art ne se font pas sur commande : elles naissent, comme les vivants, du milieu moral qui les rend possibles.
Des commencements difficiles, une fin cruelle, des espérances renaissantes et toujours trompées, une ambition sans scrupule et en même temps sans prudence, le funeste privilège d’inspirer des passions profondes et de ne les point ressentir, de connaître et de peindre, avec une force incomparable, les misères de la nature humaine, et de pouvoir être cité soi-même comme un vivant exemple de la vérité de ces peintures, telle fut en ce monde la destinée de Swift qui s’y résigna d’autant moins qu’il la comprit davantage, et qui prit l’amère habitude de relire, chaque fois que l’année ramenait le jour de sa naissance, le chapitre de l’écriture où Job déplore la sienne et maudit cette nuit fatale où l’on annonça dans la maison de son père qu’un enfant mâle était né. Bien qu’on ait longtemps montré à Dublin la maison où naquit Swift, bien qu’il ait passé la plus grande partie de sa vie en Irlande et y soit devenu populaire, Swift n’avait rien d’Irlandais, ni dans le sang, ni dans le caractère.
La tendance à projeter dans l’avenir les similitudes observées dans le passé naît donc bien, comme nous l’avons dit, de l’absence de toute dissimilitude à nous connue dans les cas à venir ; elle n’est qu’une continuation et un prolongement naturel des ressemblances observées. […] L’imagination peut représenter l’idéal par des formes, par des sentiments, par des actions : de là naissent l’art, la religion, la morale même, car c’est un art en action que la moralité : les génies créateurs et inventeurs dans la morale sont ceux qui ont pu trouver et représenter dans leurs actions les formes les plus hautes de la bonté, du courage, de la force d’âme, de l’empire sur les passions, de la sagesse.
Il est plutôt né pour l’étreindre, pour le terrasser, et même pour le féconder. […] En restant dans cette voie, s’il y fût resté, Granier de Cassagnac n’aurait été qu’un homme de lueur et d’à peu près, un esprit ingénieux plus ou moins profond, une intelligence à l’allemande, n’importe sous quel degré de longitude et de latitude cette intelligence fût-elle née, enfin un de ces esprits qui s’appellent Niebuhr dans l’en-haut, Boulainvilliers dans l’en-bas, et dans le bleu tout à fait (comme dit Tieck), si on peut jusque-là, Vico ou Ballanche.
Quand c’était fait, son œuvre était faite… Né pestiféré dans un siècle pestiféré, et malade de toutes les maladies de son temps, représentées par tous les systèmes, il guérit de toutes par le miracle de cette Grâce, qui opéra en lui par des voies secrètes ; car il ne fut le Féval de personne. […] Ici, ce n’est ni le romancier ni le poète qui ont éveillé l’historien qui dormait dans le romancier : c’est le chrétien : « J’appartiens à saint Michel, — dit-il dans cette langue que sa foi lui a donnée. — Je suis né le jour de sa fête.
Mais la seconde chevalerie est déjà née z.
William Cowper naquit le 26 novembre 1731, d’une famille des plus honorables, et qui avait produit même des membres illustres.
Hénault naquit à Paris, le 8 février 1685, d’un père fermier général, homme riche, qui aimait les lettres, et même assez particulièrement pour prendre le parti de Corneille contre Racine, et pour se mêler à cette petite guerre que soutinrent Thomas Corneille et Fontenelle.
Si je pense avec cela que cet enfant avait le meilleur cœur du monde, qu’il était né bienfaisant, qu’il avait de l’amitié pour moi, alors, mon cher frère, les larmes me tombent des yeux malgré moi, et je ne saurais m’empêcher de déplorer la perte de l’État et la mienne propre.
Un Mirabeau n’y va pas de main morte ; les demi-aveux, les faux-fuyants de Vauvenargues, ses airs de paresse, ne satisfont pas le marquis ; il continue son obsession obligeante ; il y emploie le reproche, il y emploie la louange ; il se sert de toutes les clefs pour ouvrir ce cœur qu’un respect humain enchaîne, et il le tire tant qu’il peut du côté de ses propres penchants : Quand vous auriez plus de santé et de goût pour la gloire, vous ne sauriez faire naître la guerre, et ne seriez pas capable des bassesses qu’il faut pour s’avancer à la Cour.
) Une des principales causes de la disgrâce de M. le garde des sceaux Chauvelin est de ce qu’il était né avec trop d’élévation ; il eût été un bon ministre du temps de Louis XIV.
J’ai en ce moment sous les yeux un livre qui m’est envoyé par un des disciples de M. de Pontmartin en province4, et qui, au nom des mêmes principes aristocratiques, contient des amas d’invectives sur tous les écrivains du moment ; et l’auteur, assure-t-on, est un homme bien né, un marquis.
Si cela est, et qu’elle ne m’ait pas pardonné cette curiosité frustrée, il faut avouer que j’étais bien né pour être victime de mes faiblesses, puisque, si l’amour vainqueur me fut si funeste, l’amour vaincu me le fut encore plus. » Et là-dessus, sa tête travaillant, il va attribuer à Mme de Boufflers, déçue dans son désir, un mauvais vouloir persistant qui aboutira en projet formel de le livrer à ses ennemis.
Mme de Boufflers avait marié, dès 1768, son fils (bientôt colonel du régiment de Conti) à Mlle Des Alleurs, fille de l’ambassadeur à Constantinople et qui y était née elle-même : celle-ci, pour se distinguer des autres Boufflers, s’appelait la comtesse Amélie, et était célèbre par son talent sur la harpe ; on donnait de petits concerts autour du prince malade.
Ce peuple est né pour la liberté ; il y est habitué, et, en respectant son supérieur, il sait qu’il est son égal devant la loi.
Née en novembre 1755, Marie-Antoinette était dans sa quinzième année lorsqu’elle fut mariée au dauphin de France (Louis XVI).
La proposition des députés suisses fut faite dans une assemblée générale convoquée au Chiabas le 23 mars ; la séance s’ouvrit par une prière que prononça le pasteur Arnaud ; retenez ce nom, déjà porté avec tant d’honneur en France depuis plus de quarante ans par un illustre persécuté : ici, dans les vallées, cet Arnaud n’est pas seulement un théologien, c’est un homme pratique, un grand caractère en action ; né dans le Dauphiné et d’abord pasteur français, il était devenu pasteur Vaudois, et de pasteur il devint capitaine quand il le fallut, et plus tard, comme Josué, conducteur de peuple.
Sans cette affaire de bracelets et d’autres pareilles, on n’aurait peut-être jamais eu l’idée du fameux collier, et tout ce roman infamant qui s’y rattache n’aurait pas eu prétexte de naître.
La passion immortelle, qui a été chantée, romancée et déplorée des deux parts avec tant d’éclat, et qui est désormais entrée dans la poésie du siècle, venait de naître et s’éclairait, au début, d’une lune clémente.
Né, j’imagine, avec une sensibilité profonde, il s’est bientôt aperçu qu’il y aurait duperie à l’épandre au milieu de l’égoïsme et de l’ironie du siècle ; il a donc pris soin de la contenir au dedans de lui, de la concentrer le plus possible, et, en quelque sorte, sous le moindre volume ; de ne la produire dans l’art qu’à l’état de passion àcre, violente, héroïque, et non pas en son propre nom ni par voie lyrique, mais en drame, en récit, et au moyen de personnages responsables.
Charles-Louis de Secondat, né à la Brède, près de Bordeaux, le 18 janvier 1689, étudia chez les Oratoriens à Juilly, fut reçu, en 1714, conseiller au parlement de Bordeaux, se maria en 1715, prit, en 1716, la charge de président et le nom de Montesquieu que lui légua un oncle.
Bourget lui-même pour approfondir les sentiments les plus distingués de sa génération ou pour les faire naître en lui : l’analyse.
D’où naît la notion d’égalité ?
Elle l’a fait fatalement, et naturellement : elle n’a le droit d’accuser personne, Un enfant est né de sa faute, et elle a été heureuse d’être mère.
Il naquit à Grenoble, le 22 octobre 1761, d’un père homme de loi respecté, d’une mère noble et belle.
Née à Paris le 7 novembre 1730 (c’est la date exacte, relevée sur les actes officiels), elle avait épousé en juillet 1751 M.
Anaïs de Raucou naquit à Paris le 8 pluviôse an V (1797), ce qui nous reporte en plein Directoire.
Saint-Simon, né en janvier 1675, d’un père déjà vieux, ancien favori de Louis XIII, et qui devait à ce prince toute sa fortune ; élevé par une mère vertueuse et distinguée, manifesta de bonne heure un goût inné pour la lecture, et pour celle de l’histoire en particulier.
Théodore Leclercq naquit à Paris, en 1777, d’une bonne famille de la bourgeoisie parisienne.