Tracer, toute sa vie, des sillons de labour, pour y jeter à pleine main les grains de seigle ou de froment ; façonner, sans relâche, de jeunes esprits pour y faire fructifier la semence, non moins nécessaire, des sentiments et des idées, ce ne sont là des besognes vulgaires que pour l’observateur inattentif ou aveuglé ; comme l’a dit, dans des vers animés d’un souffle divin, notre Victor Hugo dont Jouffret prêcha l’évangile : vienne l’heure crépusculaire ; aux lueurs augustes de la tombée du jour ou du mystère de la mort, le geste grave et bienfaisant du patient semeur prend un caractère sacré, et semble « s’élargir jusqu’aux étoiles ». […] Giraud, qui sait les droits tout aussi bien que les devoirs de la critique, n’a-t-il pas exprimé, sur la méthode de recherche de Taine et sur la valeur documentaire de ses écrits, quelques-unes des réserves les plus nécessaires ? […] Je ne crois pas nécessaire de supposer que pour peindre cet habile et piquant tableau : … Imaginez un jardin de Lenôtre Correct, ridicule et charmant. […] Et cette passion si chaste, si sincère, si forte et si émouvante néanmoins. » Au sortir de cette lecture, Verlaine ressentit plus vivement qu’il n’avait pu le faire jusque-là le principal défaut des infaillibles Parnassiens, leur sécheresse foncière ; il écrira plus tard en parlant d’eux : « Du bois, du bois et encore du bois. » Mais ce qui est autrement curieux, c’est qu’à lui, à l’auteur des Fêtes galantes, la bonne Marceline réservait une surprise de métier : il apprit d’elle et de sa poésie « un peu naïve, sous le rapport de la forme », que le plus inspiré perd quelque chose à n’avoir pas l’absolue possession du mécanisme de son art, mais que la virtuosité extrême offre encore plus de périls, et qu’il est presque nécessaire au vrai talent, pour n’être pas sournoisement ensorcelé, garrotté, étouffé par son propre acquis, de recourir à l’abandon d’une partie de ses moyens, de deviner le prix de l’ignorance.
Non seulement le verbe avoir, mais l’acception singulière qu’il a prise dans nos langues modernes, dérive du latin ; elle y était rare, peu apparente, peu nécessaire, suppléée par d’autres modifications ingénieuses et variées ; elle y était cependant. […] À Naples, Henri, appelé au trône par les seigneurs qui s’étaient révoltés contre son frère Guillaume Ier, refusa, par la raison qu’il ignorait la langue française, qui était nécessaire à la cour : quæ maximè necessaria esset in curiâ . […] Désigne-t-on les études nécessaires à un jongleur, il doit savoir l’histoire du roi Artus, de la belle Yseult, etc. ; ce sont des choses qu’un jeune homme bien élevé ne peut pas ignorer ; avec cela, on connaît le monde, on sait l’histoire. […] Vous aurez pu lire dans l’histoire de Russie quels grossiers délassements, quelles insipides plaisanteries amusaient, au commencement du dix-huitième siècle, la cour de Moscou, et tenaient lieu de ces plaisirs de l’esprit, dont l’attrait devient si vif chez les hommes civilisés, mais est toujours plus ou moins nécessaire aux hommes réunis. […] Enfin sa piété, qui était si ferme dans ses luttes contre les papes, était sublime sur le champ de bataille ; et bien que la raison puisse blâmer en lui ces aventureuses entreprises, qui n’étaient plus nécessaires à la défense générale de la chrétienté, qui enlevaient ce grand roi à tout le bien qu’il aurait fait à son royaume, il est impossible de n’être pas frappé de l’héroïsme qu’il montra dans son expédition d’Égypte.
Il croyait à ce qu’il disait ; mais, se regardant comme unique moyen de salut, comme l’instrument investi d’une mission inévitable, ne se sentant pas l’énergie physique et morale nécessaire, mais comptant la trouver dans l’arrangement fatal des circonstances, il adoptait toutes les idées qu’on voulait lui suggérer, sous forme d’oracles : « Allons toujours ! […] Le nouveau livre de Victor Hugo a pour nous le tort de venir juste au moment où il n’était plus nécessaire ; c’est un flamboyant enfonçage de portes ouvertes. […] Et puis, en résumé, est-il bien nécessaire de tant analyser, et est-ce bien l’œuvre du poète de défendre à l’esprit de méconnaître les limites fixées par la science ? […] Le pain est nécessaire à la vie de l’homme, et ce n’est pas parce que nos ennemis en mangent que nous n’en mangerions point ; de même pour tout ce qui est de la vérité ; bien que respectant la sincérité des convictions de M. […] Le charme y est plus nécessaire que la vérité.
Dumas à penser qu’il n’avait aucune des qualités nécessaires au théâtre, il avait, dès l’année 1849, tiré un drame de son roman la Dame aux camélias. […] Cela estime conséquence nécessaire du progrès accompli. […] « Mon cher, dit un de leurs personnages, je regarde la littérature comme un état violent dans lequel on se maintient par des moyens excessifs89. » Ils ont eu recours à tous les moyens pour se mettre dans cet état violent, excessif et anormal, pour entretenir cette excitation, ce tressautement des nerfs, cette fièvre et cette chaleur au cerveau, qui pour eux est la condition nécessaire de l’enfantement de l’œuvre d’art. […] Demailly n’a ni la souplesse qu’il faut pour profiter du malheur, ni le ressort nécessaire pour résister et pour réagir. […] Émile Augier a le don du rire : il n’a peut-être pas la vigueur psychologique nécessaire pour la comédie forte.
Mais pour un léger défaut, qui peut-être même était nécessaire, que de grâce, que d’agrément de détail, quel discernement utile !
» Si le noble, l’intéressant, mais trop fragile Alexandre avait été un Charlemagne véritable, un monarque en tout à la hauteur de sa fortune, Mme de Krüdner était plus que justifiée : mais alors eût-elle été nécessaire ?
. — Tel est le sort des curés à portion congrue, et il y en a beaucoup qui n’ont pas la portion congrue, que la mauvaise volonté du haut clergé en exclut, qui, avec leur casuel, ne touchent que 400 à 500 livres, qui réclament en vain la maigre pitance à laquelle ils ont droit par le dernier édit. « Une pareille demande, dit un curé, ne devrait-elle pas être acceptée de bon gré par MM. du haut clergé qui souffrent des moines jouir de 5 à 6 000 livres de rente par chaque individu, tandis qu’ils voient les curés, au moins aussi nécessaires, réduits à la mince portion, tant pour eux que pour la paroisse ?
Necker, 4 décembre 1780 : « Vous mettez toujours les impôts sur la classe des hommes utiles et nécessaires, qui diminue tous les jours : ce sont les laboureurs.
IV Nous vous l’avons dit tout à l’heure, certaines prédispositions intérieures ou extérieures sont nécessaires à l’âme de l’homme et à l’âme des animaux pour que cet instinct du chant se manifeste en eux dans toute sa force.
Sur cette clairière jaunissante où Laprade et tant d’autres étaient venus se transfigurer depuis Hugo, comme sur un humble Thabor des poètes, les chênes ont été abattus, pour convertir en une poignée d’or nécessaire les rêves mille fois plus dorés qui tombaient avec leur ombre de leurs cimes ; les sentiers battus par les pieds d’amis s’effacent, le château est désert ; le cheval Saphir, qui me portait, dans les grandes journées de feu de Paris, à la défense des foyers et des familles, et que la popularité honnête soulevait quelquefois des pavés sur les bras du peuple, erre seul aujourd’hui dans le pré sous ma fenêtre, paissant en liberté l’herbe d’automne ; de temps en temps je le vois relever la tête, regarder par-dessus le buisson, écouter les chars lointains, et hennir au vent, croyant toujours que ce sont ses maîtres qui reviennent le seller et le monter pour le conduire à la victoire ; puis, détrompé par l’attente vaine, il retourne tristement brouter près des bœufs roux et des vaches blanches, à la lisière des bois qui lui versent l’ombre !
Une fois M. de Talleyrand mort, nul de nos hommes d’État, quoique éminents, n’avait sur le roi Louis-Philippe et sur les cabinets européens l’ascendant, l’expérience et l’autorité acquise nécessaires pour diriger d’une main magistrale le système extérieur de la France.
le bienheureux état où l’on peut s’occuper uniquement de la seule chose nécessaire, où, du moins, les soins matériels n’occupent que légèrement et ne prennent pas la grande partie du jour !
N’est-ce pas le mot de Laplace ou d’Arago : « Je n’ai rencontré Dieu nulle part, et cette hypothèse ne m’a été nulle part nécessaire. » Illustres éblouis qui ne le rencontrez nulle part que parce qu’il est partout !
Son impuissance éclate cruellement partout où la perfection du style est nécessaire à la valeur de l’idée.
L’enfant s’insurgea contre l’égoïsme nécessaire, mais hideux, contre la bourgeoisisme impitoyable et rapace, contre la vie plate et malfaisante, contre les violences hypocrites et sans grandeur.
C’est lui, l’homme qui considère l’histoire comme un développement nécessaire de faits inévitables et qui a toujours goûté en artiste les manifestations de la force c’est lui qui aujourd’hui se fond en pitié !
Mariez le prêtre, et vous détruirez un des éléments les plus nécessaires, une de ces nuances les plus délicates de notre société.
Parfois même, il était nécessaire d’ajouter des notes ici ou là pour aider la version française (cf.
C’était d’autant plus nécessaire que les répétitions commenceront dès le mois de janvier ; ce ne sera pas trop de trois mois d’études pour arriver à une perfection dans l’exécution égale à celle qui a valu tant de succès aux concerts de M.
Les critiques ont dit tant de sottises sur les rapports de l’art avec la morale qu’une précision est ici nécessaire.
Il refusera de comprendre l’inutilité nécessaire de tout geste qui ne revient pas vers son auteur en montant ; il renouvellera indéfiniment le geste par lequel on se donne, le geste par lequel on appelle.
Encore une fois, il intéresse, ce Jean Giraud, il plaît, il amuse, on lui sait gré de la bonne envie qu’il a de se décrasser, et de faire les fonds nécessaires pour devenir un homme comme il faut.
* * * — La sauvagerie est nécessaire, tous les quatre ou cinq cents ans, pour revivifier le monde.
Pour cette littérature froide, il n’était pas nécessaire alors d’avoir la chaleur qui vient du cœur ; il suffisait de la clarté qui vient de l’esprit.
» “Je ne vous ai point aussi donné sujet de me dire que, à la vérité, j’ai soutenu avec courage les maux de ma condition présente, mais aussi que j’ai diminué le bien de votre père pour me tirer de ces incommodités, qui est un malheur que je sais arriver souvent aux pupilles ; car je vous ai conservé tout ce qu’il vous a laissé, quoique je n’aie rien épargné de tout ce qui vous a été nécessaire pour votre éducation.
Si je ne vous ai point parlé des unités, quoique bien convaincu qu’elles sont nécessaires, indispensables même pour nous conduire à des beautés supérieures, c’est qu’il est des circonstances où le sujet peut forcer à en secouer le joug.
Je ne vois à retenir, et il faut que vous reteniez, dans la Captivité de saint Malc, que ce passage cité un peu partout, et il n’est pas nécessaire d’avoir lu la Captivité de saint Malc pour le connaître ; il est brillant, charmant, et il vous montrera comment, dans un poème où il se sent mal à l’aise et où il n’est pas inspiré, La Fontaine retrouve son inspiration.
Laissons le bric-à-brac littéraire qui se cogne et retentit dans ses rapports de secrétaire d’académie ; laissons les airs de connaisseur qu’il doit à sa fonction officielle, et demandons-nous nettement ce qu’il veut quand, à propos de Prix, il construit des phrases de cet amphigouri, transparent pourtant : « Évidemment, — dit-il, — aux fortes études d’antiquités, de philosophie et d’histoire, fut toujours liée la maturité (une maturité liée, par parenthèse, n’est pas excessivement académique), et elle n’aurait de déclin nécessaire que par l’oubli de ce qui a fait sa force.
Mais ceux-là que le matérialisme contemporain n’a point pénétrés savent bien que l’âme humaine et Dieu sont esthétiquement nécessaires, et que là où ils ne sont pas, il n’y a jamais de chef-d’œuvre !
C’est que toutes les étapes morales par où passe et doit passer un criminel, depuis la première éclosion de l’idée du crime jusqu’à l’expiation nécessaire sortie du crime même, sont notées, dans Macbeth, par une série de mots profonds, décisifs, qui étonnent par leur justesse, leur force et leur clarté, et qui pourtant semblaient inévitables. […] Ils ne sont presque que de très naturelles et nécessaires métaphores spontanément réalisées, rendues visibles et tangibles. […] Dire que des choses dont l’idée seule nous effare, — ou que nous ne concevons même pas, — paraîtront peut-être naturelles et nécessaires dans quelques siècles ! […] Le reste, flirtage, serments, paroles et lettres d’amour, n’est que mensonges élégants et préparations nécessaires. […] Jean Jullien, fidèle à des théories maintes fois exposées par lui avec une généreuse intransigeance, a voulu accorder le moins possible aux nécessaires conventions de son art.
Mais si vous considérez la vie naturelle et animale, le jeu effréné et discordant de l’imagination et des désirs, le conflit nécessaire de la volonté et des choses, vous admirerez la portion de justice et de bonheur qui subsiste à travers ces tempêtes, et vous louerez la noblesse de la nature humaine, qui entre tant de forces déchaînées et aveugles maintient et dégage la raison et la vertu. […] « Avec de tels pouvoirs, ils auraient pu obtenir avec le temps tout ce qui serait devenu nécessaire à l’amélioration et à l’affermissement de leur Constitution ». […] Il était nécessaire de le corriger dans toutes les parties en ne tenant compte que de la raison ». […] On fit une souscription pour payer ses dettes, et l’on eut de la peine à réunir le quart de la somme nécessaire. […] Il n’est point un accident, puisqu’il est nécessaire ; il n’est point un mal, puisqu’il amène un bien.
Pour revenir à ses travaux de la Convention en cette année 93, il dira, par exemple, en parlant du vaste bouillonnement de passions qui ne doit pas déconcerter le législateur : « qu’il faut que celui-ci fasse, en quelque sorte, un tours expérimental de l’immoralité publique ; que, dans un temps calme, les éléments divers de la société ne donnent à la philosophie elle-même que des sensations trop obscures, et l’on a besoin, ajoute-t-il, d’en recevoir de vives pour acquérir sur ces éléments, sur leur nature, sur leurs mouvements, sur leurs propensions, la connaissance qui est strictement nécessaire à celui qui veut les combiner. […] Fidèle à sa méthode, l’auteur y adopte trois grandes divisions : 1° l’examen et le choix des faits, premier travail préalablement nécessaire à l’historien, et qui comprend la question de la certitude et des sources, celle des usages et du but de l’histoire ; 2° la classification des faits, quant aux lieux, quant au temps, c’est-à-dire géographie et chronologie ; 3° l’exposition des faits, ce qui aboutit à l’histoire proprement dite, telle qu’elle se dessine aux lecteurs ; les deux autres branches sont plutôt un travail de cabinet pour l’historien.
Ce brave homme lui offrit non-seulement sa maison, mais, sur la recommandation de Duval, il lui avança tout l’argent qui fut nécessaire pour son équipement. […] Mais la Providence, qui vient à notre secours lorsque nous ne voulons que les biens nécessaires, en réservait un à madame de la Tour, que ne donnent ni les richesses ni la grandeur ; c’était une amie.
Tout dépend du but, et, si un jour la vivisection sur une grande échelle était nécessaire pour découvrir les grands secrets de la nature vivante, j’imagine les êtres, dans l’extase du martyre volontaire, venant s’y oiïrir couronnés de fleurs. […] Mais, si on l’ouvre pour examiner l’arrangement intérieur de ses organes, on y trouve un ordre aussi compliqué que dans les vastes chênes qui la couvrent de leur ombre ; on la décompose plus aisément ; on la met mieux en expérience ; et l’on peut découvrir en elle les lois générales, selon lesquelles toute plante végète et se soutient. » Je me garderai de mettre un commentaire de détail à ce texte ; il faudrait écrire un volume ; il faudrait mettre, à chacun des mots, plusieurs pages de commentaires, tant le texte est plein et fort ; et encore on serait à cent lieues d’en avoir épuisé la force et la plénitude ; et je ne peux pas tomber moi-même dans une infinité du détail ; d’ailleurs nous retrouverons tous ces textes, et souvent ; c’était l’honneur et la grandeur de ces textes pleins et graves qu’ils débordaient, qu’ils inondaient le commentaire ; c’est l’honneur et la force de ces textes braves et pleins qu’ils bravent le commentaire ; et si nul commentaire n’épuise un texte de Renan, nul commentaire aussi n’assied un texte de Taine ; aujourd’hui, et de cette conclusion, je ne veux indiquer, et en bref, que le sens et la portée, pour l’ensemble et sans entrer dans aucun détail ; à peine ai-je besoin de dire que ce sens, dans Taine, est beaucoup plus grave, étant beaucoup plus net, que n’étaient les anticipations de Renan ; ne nous laissons pas tromper à la modestie professorale ; ne nous laissons d’ailleurs pas soulever à toutes les indignations qui nous montent ; je sais qu’il n’v a pas un mot dans tout ce Taine qui aujourd’hui ne nous soulève d’indignation ; attribuer, limiter Racine au seul dix-septième siècle, enfermer Racine dans le siècle de Louis XIV, quand aujourd’hui, ayant pris toute la reculée nécessaire, nous savons qu’il estime des colonnes de l’humanité éternelle, quelle inintelligence et quelle hérésie, quelle grossièreté, quelle présomption, au fond quelle ignorance ; mais ni naïveté, ni indignation ; il ne s’agit point ici de savoir ce que vaut Taine ; il ne s’agit point ici de son inintelligence et de son hérésie, de sa grossièreté, de son ignorance ; il s’agit de sa présomption ; il s’agit de savoir ce qu’il veut, ce qu’il pense avoir fait, enfin ce que nous voyons qu’il a fait, peut-être sans y penser ; il s’agit de savoir, ou de chercher, quel est, au fond, le sens et la portée de sa méthode, le sens et la portée des résultats qu’il prétend avoir obtenus ; ce qui ressort de tout le livre de Taine, et particulièrement de sa conclusion, c’est cette idée singulière, singulièrement avantageuse, que l’historien, j’entends l’historien moderne, possède le secret du génie.
C’est à partir de cette époque qu’il a décrit le cintre immense qui part de Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand et madame de Staël, pour aboutir à Balzac et à Stendhal… Les écrivains du xviiie siècle étaient trop animés et trop esclaves des passions de leur temps pour avoir l’impartialité de l’observation et la profondeur dans l’étude de la nature humaine, ces deux conditions nécessaires à ce genre de composition. […] Sans qu’il fût nécessaire d’être un Lavater en critique, on pourrait très bien deviner l’homme que fut Diderot à travers l’écrivain qu’il est, car s’il y eut jamais un esprit indiscret, débordant, promptement répandu, se versant, se vidant, laissant toujours tout échapper, à propos de tout, comme une cruche cassée (la Cruche cassée de son ami Greuze), c’est bien cet incontinent de Diderot.
Mais encore une fois s’il est nécessaire d’être homme et mieux homme qu’un autre pour être un créateur, cela ne suffit pas. […] Cela était nécessaire et fatal. […] Nous nous sentions maintenant capables du vrai combat, de la victoire peut-être ; et c’est alors que fut nécessaire, comme un cartel avant le duel, l’apparition du Parnasse contemporain, recueil de vers nouveaux dont je vous parlerai mardi prochain. […] Par une réaction naturelle et nécessaire, ils reculeront d’autant plus que, vous, vous avancerez.
Je suis pour ma part assez choqué qu’il soit nécessaire en ce monde de bouleverser quelquefois l’ordre. […] Mais ni la beauté d’Hélène de Sparte ni les fureurs lyriques n’étaient nécessaires pour retenir une docte compagnie où brillaient les Estienne Pasquier, les Achille du Harlay, les Nicolas Rapin et les Scévole de Sainte-Marthe. […] Vous connaissez l’Épitaphe d’un paresseux, que La Fontaine avait composée pour lui-même : Jean s’en alla comme il était venu, Mangea le fonds avec le revenu, Tint les trésors chose peu nécessaire. […] Une ébauche, déjà pleine de vigueur, que la Nature comptait reprendre pour lui donner le fini nécessaire.
Il fait un opéra avec mademoiselle Bertin, et, moins difficile que les ignorants de choses de théâtre, il reconnaît que dans les poèmes d’opéra « les rimes sont les très humbles servantes des notes » ; il demande une pension pour Élisa Mercœur, qui est dans la misère ; un peu dépourvu d’argent lui-même, il paye une dette paternelle avec une somme de deux cents francs qu’il réservait pour s’acheter une montre ; minimes détails pour beaucoup, mais bien intéressants pour les écrivains à qui il est nécessaire de savoir que la fortune et la gloire ne s’acquièrent pas dès le premier coup de plume. […] Toujours est-il que la rupture devint absolument nécessaire et donna lieu aux lettres si belles, si profondément émues qui sont publiées pour la première fois. […] » Que de choses dans ces quelques mots, suivis d’une autre conversation où Octave Feuillet rappelle que l’Empereur avait été poussé à cette guerre par l’opposition qui lui refusait les moyens qu’il croyait nécessaires : il rappelle les paroles de Thiers, traitant de « fantasmagorie » les armements de la Prusse, signalés par le maréchal Niel ; il rappelle bien d’autres choses qu’il faut lire dans ce livre où sont pieusement recueillies un grand nombre de lettres du charmant écrivain. […] L’en faut des pauvr’s, c’est nécessaire Afin qu’ tout un chacun s’exerce ; Car si y gn’avait pus d’misère Ça pourrait ruiner leur commerce.
Quelques-unes de ses maximes ont été refaites plus de trente fois, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à l’expression nécessaire.
Je crois qu’un Malherbe était nécessaire, quoique Régnier s’en soit très-bien passé ; je crois qu’il était urgent qu’un nouveau chef d’école redonnât un coup d’archet décisif, et marquât sévèrement la mesure.
CXXXVI Il nous dit alors en peu de mots que le bruit des coups de feu de la veille dans les châtaigniers, du massacre de notre troupeau, de mes blessures aux deux bras, de la mort du brigadier des sbires et de l’emprisonnement de Hyeronimo, était monté jusqu’aux Camaldules, de bouche en bouche, par les chevriers de San Stefano ; qu’à cette nouvelle, il avait bien pensé que nous avions besoin de consolation ; qu’il avait demandé au supérieur la permission de venir à notre aide et de prendre dans sa besace ce qui était nécessaire à une pauvre famille privée du seul soutien capable de pourvoir à ses nécessités.
Peut-être la tension prodigieuse d’esprit nécessaire au grand poëte pour cette éjaculation à la fois passionnée et raisonnée des vers, est-elle disproportionnée à la force et à la délicatesse des organes de la pensée dans la femme ?
Il se hâta, quoique très-jeune encore, d’envoyer Michel-Ange à Carrare pour faire excaver et transporter à Rome les blocs de marbre nécessaires à l’immensité du monument.
« Cependant je crus nécessaire de prendre des arrangements concernant ma fortune, et je fus obligé d’écrire à Amélie.