Ceux que l’impulsion de la nature aura forcé d’être poètes, sauront bien nous plaire malgré tous ces liens dont nous les avons chargés ; les autres auraient mauvaise grâce à se plaindre des entraves qu’on leur donne ; ils n’en marcheraient pas mieux quand ils auraient leurs membres libres.
Si depuis j’ai été porté dans la sphère libre et indépendante de l’infini, c’est par mes études sur les origines de la langue latine ; en d’autres termes, par le sentiment des déductions historiques.
Mme Stern a l’orgueil sophistique de la libre penseuse, et la première des qualités de Mme Clarisse Bader, et qui fait nappe de lumière sur toutes les autres, c’est qu’elle est chrétienne, de volonté, d’aveu et d’accent… Je ne me souviens pas qu’il y ait un mot dans ses livres qu’on puisse lui reprocher au nom du christianisme offensé.
La littérature et les arts n’ont à se préoccuper que d’une chose, tout aussi importante d’ailleurs que l’émancipation de l’humanité : c’est de la beauté à exprimer, — à inventer ou à reproduire, — mais à exprimer dans des œuvres fortes et parfaites, si l’homme de lettres ou l’artiste peuvent atteindre jusque-là… La littérature et les arts sont désintéressés de tout, excepté de la beauté qu’ils expriment pour obéir à cette loi mystérieuse et absolue de l’humanité, qui veut de la beauté, pour le bonheur de son être, tout aussi énergiquement qu’elle veut des vêtements et du pain… Je parle, bien entendu, de l’humanité à son sommet, élevée à sa plus haute puissance ; je ne parle pas d’elle à l’époque de ses besoins inférieurs… Mais c’est le vice justement des libres penseurs, strangulés par la logique que leur a faite l’épouvantable matérialisme de ce temps, de ne voir jamais que les besoins les plus bas de l’humanité.
Né, lui, Shakespeare, le plus idéal des hommes par la beauté du génie et la délicatesse aristocratique de la sensation, dans une condition assez basse, fils de boucher, ayant peut-être tué lui-même et mis le sang des bêtes sur ces nobles mains qui devaient écrire Juliette, Desdémone, Cordélia ; — puis braconnier comme un libre fils de Robin-Hood, un chasseur trop ardent, un vrai Saxon du temps de Guillaume le Roux ; — puis, hélas !
il mêle à l’admiration un jugement libre.
Le roman n’est que de la fantaisie libre, voluptueuse ou plaisante.
Macaulay, dont la critique est d’un homme et d’un Anglais qui a son mépris très libre pour les gens qu’il juge, trouve excellente la bêtise de Boswell, qui ne serait pas si intéressant s’il n’était pas si bête ; et il ne sentimentalise pas là-dessus.
, une Messie, tuée comme l’autre Messie, par des prêtres et des Pharisiens, est — après tout — une druidesse, une fille libre des Gaules, opposant le génie gaulois au clergé romain, et — voyez ceci, bonnes âmes !
. — Ils sont devenus les négateurs impies du xviiie siècle, ils sont devenus la Libre Pensée, et la Révolution française et toutes les autres révolutions qui l’ont suivie et qui vont suivre : Que de filles, grand Dieu !
… Aurait-il pu jamais adopter comme vrai ce système du développement progressif de la vie et de ses perpétuelles métamorphoses, qui parque l’homme sur son globe et applique à la création tout entière, à l’œuvre du Dieu tout-puissant, lequel a créé spontanément l’homme complet, innocent et libre, ce procédé de rapin, qui, par des changements imperceptibles et successifs, se vante de faire une tête d’Apollon avec le profil du crapaud ?
Est-ce l’idée que le gouvernement actuel doit abandonner le rétablissement de l’ordre intellectuel à la libre concurrence des penseurs indépendants, ce qui prouve, par parenthèse, qu’il n’y a rien de plus près d’un imbécile qu’un sectaire ?
Je pourrais bien citer encore tous les dialogues, sans exception, rapportés par lui, entre son père et son vieil oncle le curé, toutes ces conversations dans lesquelles la science et la foi du prêtre finissent toujours par un peu trop se taire devant les raisons du libre penseur.
Mais l’élan dialectique est libre comme la pensée, et ne s’élève que sur les nobles ailes que lui avait données Platon.
Toujours frères et amis, Michelet et Quinet, ces historiens de la démocratie et de la libre pensée, qui se sont fait trente ans pendant l’un à l’autre, comme le fifre et le tambour sur le même panneau d’une salle à danser, se sont improvisés également les historiens de la nature pour avoir lu, de hasard, quelques bouquins d’histoire naturelle.
Libres, vous voliez de France en Espagne ; Vous vous égreniez sur les bords du Rhin, Et quand vous battiez ainsi la campagne Je ne pouvais croire alors au chagrin !
Comparez, par exemple, les vers ravissants de Corneille : À la marquise qui lui reprochait son âge, et l’admirable préface d’Agrippa d’Aubigné, incitable parce qu’elle est trop longue : Livre, celuy qui te donne N’est esclave de personne ; Tu seras donc libre ainsi, Et dédié de ton père À ceux à qui tu veux plaire Et qui te plairont aussi.
Ce sont des esprits trop personnels et trop libres pour faire partie de ce qu’on appelle une École, — ce manège de cheval auquel les gens d’esprit, ces audacieux casse-cous, répugnent.
En effet, vrai peut-être, s’il avait été intitulé, par exemple : Les Paysans des environs de Paris, et que l’auteur eût renoncé à ses paysages de Bourgogne ou les eût remplacés, le livre de Balzac n’est plus, sous sa dénomination abstraite et dure, qui étreint mal ce qu’elle veut embrasser, de l’observation libre, impersonnelle et lumineuse !
Dans un pays d’esclaves, il fut libre ; et parmi les mensonges des cours, il fut vrai.
Voilà un chiffre qu’on ne peut savoir et dont l’imagination est à peu près libre de faire ce qu’elle veut, à condition toutefois qu’il reste toujours infiniment au-dessous de celui des simples gens qui ont, comme le bon roi d’Yvetot, « dormi fort bien sans gloire ». […] Si l’homme le plus libre en face de la nature est celui que ses forces mystérieuses étonnent le moins parce qu’il les comprend, il y a de même dans les œuvres du génie une puissance d’étonnement et de fascination dont l’esprit se délivre par l’intelligence de tous les éléments dont elles se composent. […] Personne n’a mis en un plus éclatant relief que l’auteur des Héros le rôle principal des individus dans l’histoire, la souveraine grandeur du génie, la force et la puissance de la volonté libre. […] La mort elle-même n’a pas paru un châtiment trop rude pour une pareille offense, et c’est de leur vie que, dans les siècles de fanatisme, nous voyons les martyrs de la libre pensée payer l’anachronisme de leur naissance. […] L’individu a-t-il donc besoin d’être libre pour exercer sur la marche des choses une influence considérable ?
Il a cessé de considérer la vertu comme un fruit de l’instinct libre, et d’allier les délicatesses de l’âme à la santé du corps. […] Huit ou dix membres du Gouvernement provisoire, captifs à Paris, auront-ils qualité pour conclure, et leur état de prisonniers leur donnera-t-il une autorité que libres ils n’ont pas et ne peuvent avoir ? […] Ce passage est l’armistice tel qu’on l’a défini, l’armistice qui sans rien préjuger permette la libre et universelle élection d’une Constituante, ayant qualité et autorité pour engager à demeure le peuple entier qu’elle représentera et qui l’aura choisie. […] Voilà le but d’une entreprise que le Journal des Débats annonçait il y a quelques jours : la fondation d’une École libre des sciences politiques. […] Si la Belgique est un pays libre, si l’Italie, dans ces derniers temps, a pu traverser des secousses si rudes, cela tient en grande partie à leur antique organisation municipale.
Ce sont de véritables hommes libres, d’une indépendance farouche, et néanmoins ils sont plus soumis, plus obéissants que s’ils avaient été élevés toute leur vie sous un absolutisme paternel ou selon le code des jésuites du Paraguay. […] « Encore ce service, et ce sera le dernier, et puis tu seras libre comme l’air des montagnes », dit-il pour faire prendre patience à l’enfant mutin. […] Si le hasard n’avait pas voulu qu’il fût directeur de théâtre et l’avait laissé libre de toute préoccupation matérielle, Shakespeare aurait-il choisi le drame de préférence à tout autre genre ? […] Il est disposé à tout comprendre, et, s’il a l’intelligence libre et ouverte, il comprend tout en effet, même les choses sur lesquelles son esprit ne s’était jamais arrêté auparavant. […] Les peuples méridionaux, et spécialement les Italiens, parce qu’ils donnent à cette passion un franc et libre jeu que les autres peuples lui refusent, etc., etc.
Habitués à leur libre langage entremêlé de termes techniques, le mot propre n’avait pour eux rien de choquant. […] Avec si peu de besoins, il est facile de se soustraire aux tyrannies de la civilisation, et ils se sentaient libres dans leur cave comme dans une île déserte. […] Ce n’étaient pas les Huns d’Attila qui campaient devant le Théâtre-Français, malpropres, farouches, hérissés, stupides ; mais bien les chevaliers de l’avenir, les champions de l’idée, les défenseurs de l’art libre ; et ils étaient beaux, libres et jeunes. […] Les jeunes maintenant doivent être contents des vieux, qui mettent à déguerpir et à leur laisser le champ libre un empressement des plus louables. […] Elle aime à représenter la forme sous le costume de la Vérité sortant de son puits, et en fait d’habit elle n’admet guère que la draperie, accompagnement libre de la nudité.
Le goût aussi qui nous porte vers tel ouvrage contemporain et nous éloigne de tel autre est-il bien libre ? […] Les premiers seuls étaient libres ; tous les autres ne font qu’obéir. […] Sous Napoléon III, les allures devinrent plus libres et les physionomies plus vulgaires. […] Il y est absolument libre. […] C’est une abbaye de Thélème où chacun est libre parce que tout le monde y est sage.
Mais mademoiselle Manon ne pense pas à son grand-père, elle pense aux beaux jeunes seigneurs qui la trouvent belle ; elle pense aux folles joies de la nuit, aux mystères du jour, à ce hasard bienveillant qui est son dieu ; elle pense à être heureuse, libre, riche, aimée ! […] Dans l’antiquité, le suicide était la grande façon de terminer tous les doutes ; le stoïcien se tuait pour rester libre, l’épicurien pour éviter la douleur ; la chose se faisait dans le plus grand appareil, avec toutes sortes de précautions dignes du théâtre de l’Ambigu-Comique. […] Ceci est vraiment la parole d’un homme qui saura rester libre en dépit des flots et des abîmes qui l’entourent d’un infranchissable rempart ; enfin, quel plus grand spectacle a jamais frappé l’imagination des simples mortels que le Prométhée enchaîné et défiant le courroux de Jupiter ? […] » La justice et le bon sens, que soutient un beau langage, tels sont les premiers mérites de l’histoire ; ajoutez une âme libre, et une parfaite connaissance des choses que l’historien raconte. […] cette plante un peu frêle, qui avait besoin de vivre à l’air pur et dans la libre campagne, à peine à Paris pour la seconde fois, on la vit bientôt languir à l’ombre funeste de ces hautes maisons semblables à des tours qui ne réparent pas leurs brèches.
Bajazet accourt pour rassurer Atalide, en lui apprenant qu’il vient d’apaiser la colère de Roxane : quoique l’honneur et l’amour reprochent une pareille complaisance à l’âme fière du jeune prince, cependant il s’applaudit de se voir enfin libre et les armes à la main ; mais son transport est interrompu par les larmes qui s’échappent des yeux d’Atalide : étonné d’une douleur à laquelle il n’avait pas lieu de s’attendre, il s’écrie : Que vois-je ? […] Mais enfin je me vois les armes à la main ; Je suis libre ; je puis contre un frère inhumain, Non plus par un silence, aidé de votre adresse, Disputer en ces lieux le cœur de sa maîtresse ; Mais par de vrais combats, par de nobles dangers, Moi-même le cherchant aux pays étrangers, Lui disputer les cœurs du peuple et de l’armée, Et pour juge entre nous prendre la renommée. […] Au contraire, la Phèdre française, décidée à se laisser mourir tant qu’elle peut craindre un époux, prend la résolution de vivre et de se satisfaire, du moment qu’elle se croit veuve : or, cette résolution n’est point l’ouvrage de Vénus ; c’est la résolution de Phèdre libre et jouissant de ses facultés. […] Ce fond est mis en œuvre avec la gaîté libre et franche, l’esprit naturel qui était à la mode dans ce temps-là. […] Le caractère de cette femme est mêlé de bouffonneries qui le dégradent : d’un côté, c’est une Zénobie assez vertueuse pour rentrer sous les lois d’un époux barbare qui a voulu lui ôter la vie ; de l’autre, c’est une étourdie, une dévergondée très libre dans ses discours, qui se permet, sous l’habit d’homme, des équivoques et des turlupinades contraires à la modestie de son sexe.
Est-ce qu’il y a du déshonneur à être libre ? […] Je vois au second acte les captifs américains dans le même lieu où je viens de voir Alzire, Alvarez et Gusman : ces captifs sont libres. […] César ne vivait point sous un gouvernement libre. […] La pièce est écrite en vers libres et en rimes croisées : c’est un grand écueil pour un poète qui a du penchant à la prolixité. […] Qu’est-ce que les mœurs philosophiques ont ajouté à ces mœurs déjà très libres dans la vieillesse même de Louis XIV ?
Cruel, tu m’as frappé pour elle : Libre, elle fuit, elle n’a rien ; Mais las ! […] Nous voyons que l’on vante leur initiative ou leur libre esprit, et ils ne furent peut-être que les ravaudeurs de la Pléiade. […] La raison me disait que mes mains étaient lasses, Mais un ordre est venu plus puissant et plus fort Que la raison ; cet ordre accompagné de grâces, Ne laissant rien de libre au cœur ni dans l’esprit, M’a fait passer le but que je m’étais prescrit. […] Tel éclate un libre génie, Quand il lance aux tyrans les foudres de sa voix. […] Lebrun exaltait les aspirations de l’homme libre, et il pensait sans doute mériter le plectre d’or du vieil Alcée, sans posséder, hélas !
C’est une copie, conservée aussi à la Bibliothèque de la Faculté de l’Église libre du canton de Vaud, qui porte la date, ou date incomplète, citée plus haut. […] Toutes les fois que je tombais ainsi net, sans qu’il y eût rien prochainement de ma faute, je me sentais libre, responsable encore ; il y a toujours dans la chute assez de part de notre volonté, assez d’intervention coupable et sourde, et puis d’ailleurs assez d’iniquités anciennes ou originelles, amassées, pour expliquer et justifier aux yeux de la conscience ce refus de la Grâce. […] Il n’a tenu compte que des éléments indivisibles de la langue, les mots ; et ceux-ci encore, il ne les accepte que comme point de départ, se croyant libre de les faire cheminer par la route de l’analogie vers d’autres sens ; libre encore d’appliquer le même principe aux formes de la phrase, à toute la syntaxe ; l’essentiel à ses yeux, son unique souci, est de rendre avec vérité son idée, et ce qui est plus difficile, son impression ; et c’est l’impression aussi du lecteur, et non l’analyse, qu’il fait juge de son langage. […] Quinet, dans son point de vue sceptique, était bien libre de dépouiller Jésus-Christ de son auréole, mais il ne l’était pas également de scinder cet Etre divin, et, en lui laissant sa charité, de lui enlever sa doctrine. […] En vain l’auteur réclamerait ici les droits de libre poésie.
., etc. » L’intimité est constatée, ce me semble : j’étais, en 1835, parfaitement en mesure de risquer une théorie du talent de M. de Vigny autant que d’aucun autre talent contemporain ; s’il y avait embarras pour moi à son égard, c’était par excès de liaison bien plutôt que par insuffisance ; j’avais à ressaisir mon libre jugement, à le ravoir de dessous un monceau de fleurs : là était la difficulté, pas ailleurs ; c’est ce que je tenais avant tout à établir. […] D’autre part, au contraire, redevenu moi-même d’humeur et d’habitude de plus en plus libre et jugeuse, le froid avec les années se mit entre nous.
Grand parmi les petits, libre chez les serviles, Si le génie expire, il l’a bien mérité ; Il voit dresser partout aux portes de nos villes Ces gibets de la gloire et de la vérité. […] La couleur de ses cheveux et de sa barbe tenait le milieu entre le noir et le blond, dans une telle proportion cependant, que le sombre l’emportait sur le clair, mais que ce mélange indécis des deux teintes donnait à sa chevelure quelque chose de doux, de chatoyant et de fin ; son front était élevé et proéminent, si ce n’est vers les tempes, où il paraissait déprimé par la réflexion ; la ligne de ce front, d’abord perpendiculaire au-dessus des yeux, déclinait ensuite vers la naissance de ses cheveux qui ne tardèrent pas à se reculer eux-mêmes vers le haut de la tête, et à le laisser de bonne heure presque chauve ; les orbites de l’œil étaient bien arqués, ombreux, profonds et séparés par un long intervalle l’un de l’autre ; ses yeux eux-mêmes étaient grands, bien ouverts, mais allongés et rétrécis dans les coins ; leur couleur était de ce bleu limpide qu’Homère attribue aux yeux de la déesse de la sagesse et des combats, Pallas ; leur regard était en général grave et fier, mais ils semblaient par moments retournés en dedans, comme pour y suivre les contemplations intérieures de son esprit souvent attaché aux choses célestes ; ses oreilles, bien articulées, étaient petites ; ses joues plus ovales qu’arrondies, maigres par nature et décolorées alors par la souffrance ; son nez était large et un peu incliné sur la bouche ; sa bouche large aussi et léonine ; ses lèvres étaient minces et pâles ; ses dents grandes, régulièrement enchâssées et éclatantes de blancheur ; sa voix claire et sonore tombait à la fin des phrases avec un accent plus grave encore et plus pénétrant ; bien que sa langue fût légère et souple, sa parole était plutôt lente que précipitée, et il avait l’habitude de répéter souvent les derniers mots ; il souriait rarement, et, quand il souriait par hasard, c’était d’un sourire gracieux, aimable, sans aucune malice et quelquefois avec une triste langueur ; sa barbe était clairsemée et, comme je l’ai déjà dépeinte, d’une couleur de châtaigne ; il portait noblement sa tête sur un cou flexible, élevé et bien conformé ; sa poitrine et ses épaules étaient larges, ses bras longs, libres dans leurs mouvements ; ses mains très allongées mais délicates et blanches, ses doigts souples, ses jambes et ses pieds allongés aussi, mais bien sculptés, avec plus de muscles toutefois que de chair ; en résumé, tout son corps admirablement adapté à sa figure ; tous ses membres étaient si adroits et si lestes que, dans les exercices de chevalerie, tels que la lance, l’épée, la joute, le maniement du cheval, personne ne le surpassait.
J’ajoute la loi des lois, la loi morale de la création intelligente et libre. […] Mais, dans son action, il est non-seulement double, il est innombrable, il est infini, il est libre parce qu’il est à lui-même sa propre loi ; il n’a de limites que lui-même.
Pour ne rien laisser à l’invention de ce qu’on peut donner à la science, aux libres et personnelles combinaisons de rythmes dont les troubadours avaient donné l’exemple à la poésie du Nord, on substitue des formes fixes, dont les types dérivent des anciennes chansons à danser, le rondeau, le virelai, la ballade, le chant royal 97 ; on s’ingénie à multiplier, à compliquer les règles de ces genres, pour en rendre la pratique plus difficile, et la perfection, à ce qu’on croit, plus admirable. […] Plus libre, plus personnelle au xiie siècle, et tardant l’empreinte plus visible de la fougue ou de l’onction du sermonnaire, plus subtile et plus sèche au xiiie , et plus asservie aux formes et aux procédés de la dialectique scolastique, l’éloquence religieuse reproduit dans son développement toutes les phases du goût, tous les caractères de la culture du moyen âge.
Je veux le voir derrière les barreaux d’une geôle, comme François Villon, non pour s’être fait, par amour de la libre vie, complice des voleurs et des malandrins, mais plutôt pour une erreur de sensibilité, pour avoir mal gouverné son corps et, si vous voulez, pour avoir vengé, d’un coup de couteau involontaire et donné comme en songe, un amour réprouvé par les lois et coutumes de l’Occident moderne. […] Il est si sincère qu’il raille les libres penseurs et les républicains sur le ton d’un curé de village et conclut son invective contre la science comme ferait un rédacteur de l’Univers : Le seul savant, c’est encore Moïse.
Tout l’espoir du progrès théâtral est là comme tout l’espoir du progrès littéraire est dans les revues jeunes et libres. […] Jamais le Théâtre Libre n’a été plus nécessaire qu’aujourd’hui.
Disons qu’il y a en lui quelque chose d’analogue à l’intelligence, à la liberté ; mais ne disons pas qu’il est intelligent, qu’il est libre : car c’est essayer de limiter l’infini, de nommer l’ineffable 207. […] Que si l’on s’obstinait absolument à prendre ce mot dans un sens plus restreint, nous ne disputerions pas sur cette libre définition, nous dirions seulement que la religion ainsi entendue n’est pas chose essentielle et qu’elle disparaîtra de l’humanité, laissant vide une place qui sera remplie par quelque chose d’analogue.
Et la Puissance s’écrie : « Il n’est qu’un dieu libre, c’est Jupiter. » Eschyle a sa géographie ; il a aussi sa faune. […] Il a marqué la transition de l’homme esclave à l’homme libre.
Les livres des théologiens sont pleins de tableaux où le vice est non pas légèrement indiqué, mais fouillé jusque dans ses plus mystérieuses profondeurs, disséqué jusque dans ses libres les plus honteuses. […] La Revue française n’est ni une coterie, ni une école ; c’est une tribune libre où l’on n’a d’intérêt que pour l’art, de camaraderie que pour le talent.
Taine, — du normalien, — du rédacteur du Journal des débats, — du libre penseur, — du matérialiste, — de l’athée, — de tout ce qui, dans cet heureux moment, fait la gloire et la haute position d’un homme, — ce livre sans précédent et sans analogue, ce livre terrible, et qui tombe tout à coup sur la Révolution, quand la Révolution triomphe… J’ose même dire qu’en aucun temps pareil livre ne s’était vu. […] Les libres penseurs qui le regardaient comme un des leurs, et qui se moquent, depuis des siècles, avec l’esprit qu’on leur connaît, de cette grande bêtise catholique du péché originel, que nous avons, nous autres idiots, l’imbécilité d’admettre, mais qui pensent, malgré tout, comme nous, que le déshonneur du père déshonore toujours un peu l’enfant, ont été blessés dans le fond de leur âme quand M.
Il paraît généralement accordé aujourd’hui que l’école moderne a étendu ou renouvelé la poésie dans les divers modes et genres de l’inspiration libre et personnelle ; et, quelque belle part qu’on fasse en cela au génie instinctif de M. de Lamartine, il en reste une très grande aux maîtres plus réfléchis, qui ont donné l’exemple multiplié des formes, des rythmes, des images, de la couleur et du relief, et qui ont su transmettre à d’autres quelque chose de cette science.
Un certain manque de littérature libre et générale se fait sentir dans cette suite de chapitres coupés, où il se pose plus de questions encore qu’il n’en résout.
Il sied aux comparaisons et similitudes dans la poésie, à part les grands traits généraux, d’être libres chemin faisant et diverses.
Si l’amour appelé vertueux, l’amour dans l’ordre et le mariage, lui paraissait peu favorable à son cadre de roman, s’il voulait l’amour libre et sans engagements consacrés, eh bien, c’était une conclusion encore satisfaisante et noble, encore digne d’être proposée de nos jours, non-seulement sans scandale, mais même avec fruit, au commun de la jeunesse ; du moins l’art, qui n’est pas si scrupuleux que la morale exacte, y trouvait un but idéal, une terminaison harmonieuse.