Un trop grand nombre de ces poèmes ne sont que des imitations de récits orientaux, transmis par des traductions latines. […] Les noms d’Ysopet I, Ysopet II, que se donnent les auteurs, indiquent l’imitation d’Ésope, dont les fables avaient été traduites ou paraphrasées du grec en latin. […] On sait seulement, par un passage du Testament de Jean de Meung, que Dieu lui donna de servir les plus grandes gens de la France, et, par une préface au roi Philippe le Bel, qu’il avait traduit du latin un livre de Végèce, les lettres d’Héloïse et d’Abailard, et le livre, de la Consolation de Boëce, « que j’ai translatée en français, dit-il au roi, jaçoit qu’entendes bien latin. » Jean de Meung vécut jusque vers l’an 132O : il était contemporain du Dante.
Le soir, dans l’impossibilité du travail, nous remontons tous deux, en fumant des pipes, à nos souvenirs de collège, alternant de la voix et de la mémoire : Jules contant le collège Bourbon, et ce terrible professeur de sixième, cet Herbette qui fit toute son enfance heureuse, malheureuse, le poussant sans miséricorde aux prix de grands concours, puis, plus tard, ce professeur de seconde, auquel il déplut pour faire autant de calembours que lui, et aussi mauvais, enfin cette bienheureuse classe de rhétorique, où il fila presque toute l’année, fabriquant en vers un incroyable drame d’Étienne-Marcel, sur la terrasse des Feuillants, averti de l’heure de la rentrée à la maison par la musique de la garde montante se rendant au Palais-Bourbon, et les rares fois où il se montrait au collège, passant la classe à illustrer Notre-Dame-de-Paris de dessins à la plume dans les marges : Edmond contant ce Caboche, cet excentrique professeur de troisième du collège Henri IV, qui donnait aux échappés de Villemeureux, à faire en thème latin le portrait de la duchesse de Bourgogne de Saint-Simon, cet intelligent, ce délicat, ce bénédictin un peu amer et sourieusement ironique, ce profil original d’universitaire, resté dans le fond de ses sympathies, comme un des premiers éveilleurs chez lui de la compréhension du beau style, de la belle langue française mouvementée et colorée, ce Caboche qui, un jour, à propos de je ne sais quel devoir, lui jeta cette curieuse prédiction : « Vous, monsieur de Goncourt, vous ferez du scandale ! […] Un dîner et une soirée, où la conversation, sortant des commérages sur les bidets de courtisanes et les tables de nuit d’hommes connus, se balança sur les hautes cimes de la pensée et les grandes épopées de la littérature, avec toutes sortes d’éclairs des uns et des autres, et avec les violences et les sorties de Saint-Victor, se déclarant Latin de la tête au cœur, et n’aimant que l’art latin, et les littératures et les langues latines, et ne rencontrant sa patrie, que lorsqu’il se trouve en Italie… Cette profession de foi, suivie d’un débordement d’exécration pour les pays septentrionaux, disant que le Français chez lui serait peut-être indifférent à une invasion italienne ou espagnole, mais qu’il mourrait sous une invasion allemande ou russe.
Dimanche 6 mars Rosny parle du curieux pesage qui se fait du calorique, produit dans une cervelle, par l’effort d’un travail, et cite ce fait curieux d’un savant italien, qui se croyait aussi fort en grec qu’en latin, et auquel on a appris, qu’il possédait beaucoup mieux la langue latine, en opposant le poids du calorique qu’avait développé chez lui une traduction grecque, au poids du calorique développé chez le même par une traduction latine. […] Comme je reprochais à Rosny l’alchimie de ses ciels, lui disant que l’effet produit par un ciel sur un humain, est une impression vague, diffuse, poétiquement immatérielle, si l’on peut dire, et ne pouvant être traduite qu’avec des vocables, sans détermination, bien arrêtée, bien précise, et qu’avec ses qualifications rigoureuses, ses mots techniques, ses épithètes minéralogiques, il solidifiait, matérialisait ses ciels, les dépoétisait de leur poésie éthérée… Rosny m’a répondu, avec l’assurance vaticinatrice d’un prophète, que dans cinquante ans, il n’y aurait plus d’humanités latines, et que toute l’éducation serait scientifique, et que la langue descriptive qu’il employait, serait la langue en usage.
« Pendant », dit-il, « que je glissais dans un enfoncement du sol » (allusion sans doute à ses adversités), « s’offrit à mes yeux Celui qui par un long silence paraissait avoir perdu l’usage de la parole. » Cela désigne Virgile, par allusion à la longue ignorance de ces siècles qui avaient oublié la langue latine. […] Le beau dans la douleur ; le pathétique, le serrement de cœur par la pitié au spectacle de la douleur d’autrui ; la consonance sublime entre le sanglot d’autrui et notre propre sanglotement intérieur ; la jouissance douloureuse, mais enfin la jouissance morale, de notre sympathie humaine pour la peine d’un être humain comme nous, l’ homo sum, humani nihil a me alienum du poète latin ; cette sympathie désintéressée qui fait à la fois la nature, la vertu et la dignité de l’être humain, sont partout dans cette scène poétique. […] De grands aigles fauves secouent lourdement leurs ailes sur les corniches des deux murailles de marbre ; des voiles latines tachent çà et là d’une tache triangulaire la vaste étendue de la mer. […] Nous convenons même avec eux, et plus qu’eux, qu’il est malheureux pour leur littérature moderne que les poètes qui sont venus après le Dante, tels que Tasse, Pétrarque, Arioste et leurs disciples, ne se soient pas collés davantage sur les traces du poète de la Divine Comédie pour conserver à leur langue l’énergie un peu fruste, mais plus simple et plus latine, de sa diction.
Était-ce beau, cette lutte héroïque du penseur pour la conquête de la vérité absolue ; et comme elle nous semblait auguste, cette petite chambre du quartier Latin, où, sous les rayons de la lampe austère, dans le silence de la nuit, au milieu de la grande ville muette qui dormait ignorante de telles angoisses, se déroulait cette grande tragédie du Doute moderne ! […] Mais ces Barbares, ce ne sont plus, comme au temps de Ronsard, les Latins du Midi, ou, comme au temps de Hugo, les Germains du Nord, ce sont les nôtres, les Barbares de chez nous, tous ceux que les mauvaises disciplines du dix-neuvième siècle ont gâtés, énervés, rendus balbutiants et enfantins, ou gesticulants et égarés comme des déments ou des hommes ivres. […] Affirmons-nous encore une fois en face de l’univers, car il est trop sûr que nous Latins, héritiers directs de Rome et d’Athènes, nous sommes la civilisation ! […] À cause de cela et d’autres raisons plus vitales qu’il n’est pas besoin de dire, — ô Latins, Espagnols, Italiens, nos frères, et vous, Roumains, Hellènes, qui renaissez à la lumière après une si longue éclipse ; et vous, Slaves, dont la conscience religieuse est parente de la nôtre, qui nous apportez le trésor intact de votre jeunesse et l’immensité de votre force, — serrez vos rangs, unissez-vous !
On raconte qu’un jour, à une réception des Tuileries, le roi s’adressa à lui en lui citant quelques vers latins du poète ; et M. […] Dans l’épilogue qui termine le chant VIe et que je veux citer pour exemple du ton, l’auteur se représente comme ayant passé la nuit à méditer sur ces astres sans nombre et sur tout ce qu’ils soulèvent de mystères, jusqu’au moment où l’aube naissante les fait déjà pâlir et quand, à côté de lui, l’insecte s’éveille au premier rayon du soleil : Ainsi m’abandonnant à ces graves pensées, J’oubliais les clartés dans les Cieux effacées : Vénus avait pâli devant l’astre du jour Dont la terre en silence attendait le retour ; Avide explorateur durant la nuit obscure, J’assistais au réveil de toute la nature : L’horizon s’enflammait, le calice des fleurs Exhalait ses parfums, revêtait ses couleurs ; Deux insectes posés sur la coupe charmante S’enivraient de plaisir, et leur aile brillante Par ses doux battements renvoyait tous les feux De ce soleil nouveau qui se levait pour eux ; Et je disais : « Devant le Créateur des mondes « Rien n’est grand, n’est petit sous ces voûtes profondes, « Et dans cet univers, dans cette immensité « Où s’abîme l’esprit et l’œil épouvanté, « Des astres éternels à l’insecte éphémère « Tout n’est qu’attraction, feu, merveille, mystère. » Ce sont là des vers français qui me font l’effet de ce qu’étaient les bons vers latins du chancelier de L’Hôpital et de ces doctes hommes politiques du xvie siècle s’occupant, se délassant avec gravité encore, dans leur maison des champs, comme faisait M.
Tout en apprenant du latin, du grec, de l’hébreu, et en se rompant aux mâles études, l’enfance et la première jeunesse de d’Aubigné furent telles, et si fréquemment débauchées et libertines, qu’en tout autre siècle il eût probablement dérivé et donné dans cette espèce d’incrédulité qu’on désigne sous le nom de scepticisme, et que les mauvaises mœurs insinuent si aisément : mais au xvie siècle, ces courants amollissants et dissolvants n’existaient pas, et les dissipations même, dans leur violence et leur crudité grossière, n’empêchaient pas de respirer l’air ardent des croyances diverses et des fanatismes. […] … Tout ceci est plein de réminiscences latines, et d’une langue de renaissance encore plus que gauloise : elle n’en est pas moins belle et originale de combinaison et de mélange.
Santeul, tel qu’il faut se le représenter, non plus dans ses vers, mais en pratique et en action, dans cette espèce de comédie à un seul personnage qu’il représentait volontiers du matin au soir, c’est un La Fontaine de collège au gros sel, un Chapelle moins débauché et plus moral, bien qu’aimant aussi la bonne chère, un Piron honnête et aussi fertile en bons mots, un Roquelaure plus honnête également, mais à ripostes toujours plaisantes, une manière de Désaugiers en vers latins ; enfin c’est Santeul, chanoine très peu régulier de Saint-Victor, et unique en son espèce. […] » Un petit livret très spirituel, publié en 1696, qui donne l’histoire de ces troubles, nous le représente ainsi au plus fort de la crise : Il était dans des transes mortelles, écrivant à tous les jésuites de ses amis pour leur demander quartier ; il croyait voir partout le Santolius vindicatus imprimé ; et le moindre jésuite qu’il rencontrait, il l’abordait brusquement, et, le reconduisant d’un bout de Paris jusqu’au collège, il lui faisait ses doléances avec le ton, l’air et les gestes que ceux qui ont l’avantage de le connaître peuvent s’imaginer ; et criant à pleine tête, il récitait par cœur l’apologie qu’il venait de donner au public, appuyant surtout sur ces endroits qu’il répétait plusieurs fois : « Veri sanctissima custos, docta cohors, etc., etc. » (et autres passage en l’honneur de la Compagnie)… Enfin il fallait l’écouter bon gré, mal gré ; et fut-ce le frère cuisinier des jésuites, rien ne lui servait de n’entendre pas le latin : de sorte que le chemin n’était pas libre dans Paris à tout homme qui portait l’habit de jésuite.
L’Espagnol Gongora prétend savoir le bon chemin et l’indique ; Annibal Caro et les Italiens, parmi lesquels Chiabrera, en indiquent un autre ; puis des Allemands, parlant un latin gothique, veulent en suivre un troisième : on les laisse aller, ils se perdent chacun de son côté ; les Espagnols, dans des taillis de pointes épineuses ; les Italiens sur des hauteurs et des escarpements lyriques qui mènent à des précipices ; les Allemands, dans des marécages. […] Chez les Latins, Catulle est resté fidèle à l’esprit grec ; il eut l’épigramme simple, naïve, passionnée même ; mais, à partir de Martial, elle prit un autre caractère, le caractère qu’elle a gardé chez les modernes, pour qui l’épigramme antique et à la grecque aurait trop peu de sel et de saveur.
Je leur fis entendre en latin que nous venions les visiter, par ordre du roi, comme ses sujets, et pour leur offrir toute protection ; qu’ils avaient pour fondateur un roi de France, et qu’ils n’avaient aucun sujet de rien appréhender pour notre venue. […] » Et comme on est à l’Académie des inscriptions, on n’oublie pas de citer la médaille frappée en l’honneur de Foucault par décision des États du Béarn, au revers de laquelle étaient représentés les députés venant en foule signer, à la face des autels, l’abjuration de leurs erreurs, avec une légende latine qui signifiait : « La Religion catholique rétablie dans le Béarn par des délibérations publiques de toutes les villes. » Au contraire, j’ouvre l’ouvrage d’Élie Benoît Histoire de l’Édit de Nantes, à la date de 1685 : qu’y vois-je ?
J’ai, en tout ceci, plus particulièrement en vue les Grecs, qui furent la grande source originale et le premier modèle du beau littéraire dont les Latins ne sont que la seconde épreuve, fort belle encore, mais retouchée. Et je prendrai tout d’abord pour exemple cette Anthologie même qui paraît aujourd’hui traduite au complet : il y a certes du mélange dans ce nombre si considérable d’épigrammes ; mais, en général, et à n’en prendre que la meilleure partie, tous les érudits gens de goût en ont fait leur régal ; Grotius les a traduites, d’après le recueil de Planude, en vers latins élégants ; les poètes de tout pays s’en sont inspirés, et souvent une seule goutte de cette liqueur exquise, tombée dans leur coupe, a suffi pour aiguiser le breuvage.
Ce goût pour les lettres proprement dites, quand on n’a que des études de l’antiquité fort faibles, qu’on sait à peine du latin et pas du tout de grec, est un des traits qui caractérisent le Français, surtout celui d’alors, et qui le différencient profondément des hommes politiques de l’Angleterre. […] Malouet savait décrire ; et déjà, à son premier voyage d’Amérique, allant à Saint-Domingue, il avait occupé les loisirs de la trame, dans lequel la périphrase continuelle rachète amplement l’absence de la rime, ressemble tout à fait à une traduction élégante d’un poème moderne en vers latins.
Et pour la Faute de l’abbé Mouret, quelles recherches parmi les mystiques Espagnols, quel emploi quotidien du Cérémonial des paroisses de campagne, quelle étude de la messe dans des ouvrages en latin, que j’avais eu toutes les peines du monde à me procurer ! […] Malot nous rappelle invinciblement Sganarelle devant la famille de sa cliente : « Vous n’entendez point le latin ?
Une détestable rhétorique semble apporter des collèges à la tribune tout l’arsenal des métaphores, comparaisons, allusions, citations qui servaient depuis deux siècles aux discours latins des écoliers. […] Je note même des réminiscences d’auteurs latins.
Martha929 l’a fait, très délicatement, pour les moralistes latins ; M. […] Gaston Boissier936 sur la littérature latine.
Quelques-uns des auteurs latins subsistent pourtant : Virgile, d’abord, auquel on fait une sorte de réputation de nécromant, quelques écrits de Cicéron et de Sénèque, Tite-Live, Salluste, Horace, Ovide, Pline, Lucain ; on les lit dans les cloîtres, on les cite dans les écrits scolastiques et dans les chroniques, on les commente, mais généralement sans les comprendre, et en les plaçant tous au même rang. […] L’oubli est si complet que, quand plus tard, en pleine période humaniste, Leontio Pilato entreprend, sous les auspices de Boccace, de traduire en latin l’Iliade et l’Odyssée, il ne parvient pas à mener son travail à bonne fin.
Dans ce voyage extrême de Laponie, après avoir aperçu du haut d’une montagne la mer Glaciale et toute l’étendue de la contrée, après avoir laissé sur une pierre une inscription en vers latins, signée de ses compagnons, et de lui, et destinée à n’être jamais lue que des ours, Regnard, qui s’est frotté, comme il dit, à l’essieu du pôle, songe au retour ; il ne revient point pourtant en France directement, et il achève le cours de ses pérégrinations instructives par la Pologne et par l’Allemagne. […] Boileau Despréaux, fit une grotesque peinture de l’enterrement supposé du grand satirique, en qui il affectait de ne plus voir qu’un homme du Quartier latin et de l’Université.
Mais le goût latin n’était pas encore formé. […] De là les deux défauts extrêmes de la poésie de Catulle : la grossièreté latine et le raffinement alexandrin. […] Couat ne le dit pas, et l’immense supériorité du poète français sur le poète latin n’est pas affirmée avec assez de netteté et de force. […] Le poète Swinburne a célébré Gautier en anglais, en français, en grec et en latin. […] La populace latine ne disait point caput, mot trop noble pour elle, mais testa.
En son latin, que traduit M. […] Il met d’Aubignac en latin de professeur allemand. […] Ces mots, en français dans le latin de Wolf, ont l’air d’une citation. […] Les Latins la confondaient avec la Fortune. […] Car c’est cela : nous assistons à la fin du monde latin.
Mais Anacréon leur réussit bien mieux à imiter que Pindare ou Virgile, ils retrouvaient en lui des sentiments déjà familiers à notre poésie, et que la langue de Marot était capable d’exprimer sans innovation grecque et latine.
Autre remarque : le costume grec ou latin est le même, dans son principe, pour l’homme et pour la femme.
Sappho et des élégiaques grecs et latins,
Avant de publier les Lettres Helviennes, M. l’Abbé de Barruel avoit enrichi notre Littérature d’une Traduction du Poëme latin sur les Eclipses, par M.
Il se glorifioit de parler treize langues, l’Hébreu, le Grec, le Latin, le François, l’Espagnol, l’Italien, l’Allemand, l’Anglois, l’Arabe, le Syriaque, le Chaldaïque, le Persan & l’Ethiopien ; c’est-à-dire, qu’il n’en sçavoit aucune.
Juigné jouit pourtant des honneurs de la réimpression, parce qu’alors on n’avoit rien de mieux ni en françois, ni en latin.
On ne trouve pas dans ses vers d’idée sublime ni même des tours d’expression heureux ni de figures nobles, qu’on ne retrouve dans les auteurs grecs et latins.
. — Position intermédiaire de son esprit entre l’esprit latin et l’esprit germanique. […] En France et à Rome, chez les races latines, surtout au dix-septième siècle, ils aiment à se tenir au-dessus de la terre, parmi les mots nobles ou dans les considérations générales, dans le style de salon et d’académie. […] Celui qui, exposé à toutes les influences d’un état de société semblable au nôtre, craint de s’exposer aux influences de quelques vers grecs et latins, agit selon nous, comme le voleur qui demandait aux shérifs de lui faire tenir un parapluie au-dessus de la tête, depuis la porte de Newgate jusqu’à la potence, parce que la matinée était pluvieuse et qu’il craignait de prendre froid1376. […] Bien plus, par la structure de son esprit, par son éloquence et par sa rhétorique, il est latin ; en sorte que la charpente intérieure de son talent le range parmi les classiques ; c’est seulement par son vif sentiment du fait particulier, complexe et sensible, par son énergie et sa rudesse, par la richesse un peu lourde de son imagination, par l’intensité de son coloris, qu’il est de sa race. […] A man who, exposed to all the influences of such a state of society as that in which we live, is yet afraid of exposing himself to the influence of a few Greek or Latin verses, acts, we think, much like the felon who begged the sheriffs to let him have an umbrella held over his head from the door of Newgate to the gallows, because it was a drizzling morning and he was apt to take cold.
Je voudrais que ce fût le simple développement de la passion se peignant par des faits extérieurs. » — Déjà cette sobriété qui déblaie tout accessoire, et subordonne le dehors au dedans, c’est un des premiers mérites de notre génie latin, auquel plus haut nous rendions hommage. […] Qui ne reconnaîtrait à cette attitude le meilleur trait de la mentalité latine ? Et ce sont de parfaites latines, en effet, Mme Lucie Delarue-Mardrus et Mme Renée Vivien, ces Femmes-poètes, disciples de Baudelaire, le plus latin des maîtres de notre poésie contemporaine, qui atteignent à condenser comme lui, dans le raccourci d’une brève pièce, tout l’aigu d’une émotion rare, après s’être meurtries aux pointes extrêmes de la sensation. […] A son tour il s’incline devant cette saisissante faculté d’assimilation, et la souplesse de talents qui, tout en continuant la meilleure tradition de notre génie latin, gardent pourtant leur accent propre. […] J’ai beau faire, je ne puis m’empêcher d’entendre ses conclusions : les voici, brièvement résumées, avant même que nous les développions : La Femme littéraire est un monstre, au sens latin du mot.
Il était érudit, studieux avec friandise, intimement versé dans Horace, dont il donnait d’agréables et familières traductions, sachant tant soit peu le grec, et par conséquent beaucoup mieux que les gens de lettres ne le savaient de son temps : car de son temps les gens de lettres ne le savaient pas du tout, et, quelques années plus tard, la génération littéraire suivante, dite littérature de l’Empire, et dont était M. de Jouy, sut à peine le latin.
Boileau n’a-t-il pas dit : Le latin dans les mots brave l’honnêteté ?
Racine est peut-être au-dessus du poète latin, parce qu’il a fait Athalie ; mais le dernier a quelque chose qui remue plus doucement le cœur.
D’ailleurs, ce fut l’évêque qui fit cesser le desordre. " il n’y a pas encore long-temps, c’est la traduction du latin, que les danseurs osoient venir exercer leur art dans ce lieu si respectable, et jusques sur le tombeau de notre saint martyr.
Tel était ce Théodoric sur lequel nous avons un panégyrique latin.
Comme ils savaient le latin ! […] On leur demanderait pourquoi les Latins et les Grecs ont si passionnément cultivé la rhétorique. […] Là était justement l’une des vertus du latin. […] Mais qu’on traite seulement le français, le vieux français, comme on faisait jadis le latin, empiriquement… et modestement. […] Il nous en reste heureusement assez d’autres ; et, sans sortir de l’âge classique, depuis Ronsard jusqu’à Rousseau, nous sommes assez riches de textes qui peuvent dans une certaine mesure suppléer les latins.
Ils firent subir à la métrique française un traitement analogue à celui qu’imposèrent les poètes latins à la métrique grecque. Celle-ci était souple et aisée ; les Latins la rendirent plus catégorique et plus impérieuse. […] En latin, les voyelles se différencient nettement suivant leur qualité de longues ou de brèves ; cette distinction n’existe pas en français. […] Il est vrai que l’accent tonique, dans les mots pris à part, est infiniment plus marqué d’abord et plus mobile ensuite en latin qu’en français. […] C’est peut-être, leur latin, quelque langue forgée… Passons au grec.
Il nous déplaît qu’un poète traîne à son pied, comme un boulet, le commentaire perpétuel de Marc-Antoine Muret ou de Pierre Marcassus ; et, pour entendre un livre français, nous ne voulons pas commencer par apprendre le latin. […] « Il me semble avec vous, cher Sacy, écrit Mme de Lambert à un de ses amis, qu’en citant du latin je franchis les bornes de la pudeur, et que je vous fais part de mes débauches secrètes. » Encore au moins la comprend-on ! […] Ajoutons, pour terminer, — 4º un Recueil de lettres latines. […] 3º Les ouvrages relatifs à la Question Gallicane, presque tous composés en latin. […] — Ronsard était tout grec encore ; — et Malherbe purement latin ; — il s’agit de savoir si le temps n’est pas venu d’être uniquement français ?
Il y en a bien d’autres qui achèvent de montrer les brutalités grivoises, les grosses finasseries et les naïvetés de la vie populaire, comme aussi les repues franches, et la plantureuse bombance de la vie corporelle : tantôt de braves soudards qui apprêtent leurs poings et retroussent leurs manches, tantôt des bedeaux contents qui, lorsqu’ils ont bu, ne veulent plus parler que latin. […] Les rigides divisions scolastiques, l’appareil mécanique des arguments et des réponses, les ergo, les citations latines, l’autorité d’Aristote et des Pères viennent peser sur sa pensée naissante. […] Comme les écrivains de la décadence latine, ces gens ne songent qu’à transcrire, à compiler, à abréger, à mettre en manuels, en mémentos rimés, l’encyclopédie de leur temps. […] Gower, un des plus savants hommes de son temps225, suppose « que le latin fut inventé par la vieille prophétesse Carmens ; que les grammairiens Aristarchus, Donatus et Didymus réglèrent sa syntaxe, sa prononciation et sa prosodie ; qu’il fut orné des fleurs de l’éloquence et de la rhétorique par Cicéron ; puis enrichi de traductions d’après l’arabe, le chaldéen, et le grec, et qu’enfin, après beaucoup de travaux d’écrivains célèbres, il atteignit la perfection finale dans Ovide, poëte des amants. » Ailleurs, il découvre qu’Ulysse apprit la rhétorique de Cicéron, la magie de Zoroastre, l’astronomie de Ptolémée et la philosophie de Platon. […] Au fond de toute cette moisissure et dans ce dégoût dont ils se sont pris pour eux-mêmes, paraît le farceur, le Triboulet de taverne, le faiseur de petits vers gouailleurs et macaroniques, Skelton234, virulent pamphlétaire, qui, mêlant les phrases françaises, anglaises, latines, les termes d’argot, le style à la mode, les mots inventés, entre-choquant de courtes rimes, fabrique une sorte de boue littéraire dont il éclabousse Wolsey et les évêques.
De majestueux faisceaux de seringues marchent, comme des haches de consuls, devant le rire… Les manteaux, les robes, l’hermine, les bonnets carrés des hommes et des femmes, la pourpre universitaire, le personnage du praeses, le latin de cuisine et de latrine, les réponses du clysterium dare , le plain-chant de Diafoirus et de Purgon, font songer à un paranymphe du Mardi-Gras à la Sorbonne, et à la Messe rouge d’une rentrée de cour d’apothicaires en belle humeur. […] * * * — On dit que le maréchal Vaillant a la manie de faire des vers latins, qu’il fait faire par Froehner — qui les lui fait faux. […] Il proclame l’histoire une suite d’accidents, à l’encontre de Renan et de Berthelot, qui soutiennent qu’il y a des lois des faits… À propos de la confiscation des biens des d’Orléans, Renan s’avance à dire que les idées de propriété sont trop absolues en ce temps-ci, une théorie que j’avais déjà rencontrée chez Sainte-Beuve… 15 septembre Je prends, dans une rue du quartier Latin, la description de la boutique d’un des derniers écrivains publics. […] Contre nous, plastiques et latins, qui ne concevons Dieu, s’il existe, que comme un vieillard à figure humaine, un bon Dieu à la Michel-Ange avec une grande barbe, Taine, Renan, Berthelot, opposent des définitions hegeliennes, montrant Dieu dans une diffusion immense et vague, dont les mondes ne seraient que des globules, des atomes. […] Il vient de battre pour le succès de son ami tous les cafés Tabourey du quartier Latin, ayant laissé, je ne sais où, Monselet un peu éméché, et qui en est à son second souper, et compte bien ne pas s’en tenir là.
Nous prenions quelque livre latin, qu’elle devinait encore mieux qu’elle ne le comprenait, et elle arrivait comme l’abeille à saisir aussitôt le miel dans le buisson. […] La littérature, le latin, la poésie anglaise, un même dédain des « extériorités » (Sainte-Beuve était encore dans la période religieuse de sa vie)… que de raisons de s’entendre ! […] Nous devenons de véritables Angevins : molles, comme dit César (ou un autre). » Cela est vraiment joli ; et j’y reconnais la trace des leçons latines de Sainte-Beuve.
Il se rompit à écrire correctement tant en français qu’en latin, et, en acquérant une égale facilité à s’exprimer en diverses langues, il perdit moins une originalité d’expression pour laquelle il semblait peu fait, qu’il n’acquit l’élégance, la lumière et la clarté qui deviendront ses mérites habituels. […] Il se remit à lire tous les classiques latins méthodiquement et en les divisant par genres.
Il avait de vastes connaissances, une érudition étendue et curieuse ; il lisait les Pères grecs en grec et les préférait aux Pères de l’Église latine. […] … Il est écrit en latin, etc., etc. » Je livre ce point de détail à l’examen des bibliographes.
Élevée par son oncle le bon abbé de Coulanges, elle avait de bonne heure reçu une instruction solide, et appris, sous les soins de Chapelain et de Ménage, le latin, l’italien et l’espagnol3. […] Elle lisait Rabelais et l’Histoire des Variations, Montaigne et Pascal, la Cléopâtre et Quintilien, saint Jean Chrysostome et Tacite, et Virgile, non pas travesti, mais dans toute la majesté du latin et de l’italien.
Un bon nombre de mots de la langue française ne sont que des métaphores, quand on les rapporte à leur origine latine. La tête, c’est en latin un tesson de pot ; la gorge est un gouffre, et le talent, un poids.
Jamais on n’a fait un si prodigieux usage de toutes les « figures de grammaire » abréviatives, de l’anacoluthe, de l’ellipse et de ce qu’on appellerait, s’il s’agissait de latin, l’ablatif absolu. […] Daudet garde un instinct de la tradition latine, un respect spontané du génie de la langue.