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881. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Je le définirai encore mieux en l’opposant, non pour lui donner le dessous, à cette audace d’invention qui, dans la philosophie, pousse Descartes à vouloir pénétrer le secret du monde moral ; dans la physique, à toucher du doigt la molécule ; qui, dans la logique, fait raisonner Pascal avec Dieu ; dans la politique, inspire à Platon sa république, à Fénelon sa ville de Salente ; dans la métaphysique suggère à Aristote l’idée de compter nos facultés et de parquer nos idées dans des catégories, ou fait imaginer à Leibnitz l’harmonie préétablie. […] La preuve qu’il ne s’y plaît pas exclusivement, c’est qu’on n’en rencontre jamais dans les sujets qui ne les inspirent pas. […] Ces œuvres-là ne sont pas inspirées par l’occasion ; elles naissent, se développent, mûrissent avec l’homme de génie qui les exécute. […] Je le comprends : c’est le plus pénétré de ce vif intérêt que lui inspirent les choses humaines. […] Bossuet, dans ce sermon, ne suit pas les règles ordinaires du discours, et ce qu’on a si justement dit de sa domination sur la langue est vrai surtout de ce magnifique morceau, où les tours sont plutôt les élans d’une pensée inspirée, que des formes régulières où la langue reconnaît ses lois.

882. (1886) Le naturalisme

le seul peuple pauvre en ce genre de littérature est celui qui nous inspira et nous donna tous les autres genres, c’est-à-dire la Grèce. […] George Sand est le sculpteur inspiré du roman idéaliste ; à côté d’elle, Alexandre Dumas, Sue même, ne sont que des potiers. […] D’abord, je crains de les louer plus que de juste, parce qu’ils m’inspirent une grande sympathie et sont mes auteurs de prédilection. […] Il s’inspire des exigences du public. […] Un dernier mot que la malice m’inspire sans doute : si le roman anglais a chez nous aujourd’hui tant d’admirateurs officiels, a-t-il autant de lecteurs ?

883. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Mais ce que nous ne craindrons pas d’affirmer, c’est qu’il avait lu Voltaire et Montesquieu, si même il ne s’inspirait d’eux, le jeune bachelier qui s’exprimait en ces termes dans un Discours daté de 1750 : « On voit s’établir des sociétés, se former des nations qui tour à tour dominent d’autres nations, ou leur obéissent…… L’intérêt, l’ambition, la vaine gloire, changent perpétuellement la scène du monde et inondent la terre de sang, mais au milieu de leurs ravages, l’esprit humain s’éclaire, les mœurs s’adoucissent, les nations isolées se rapprochent les unes des autres, le commerce et la politique réunissent enfin toutes les parties du globe, et la masse totale du genre humain, par des alternatives de calme et d’agitation, de biens et de maux, marche toujours, quoique à pas lents, vers une perfection plus grande » [Cf.  […] Mais quand avec autant d’empressement qu’on évitait naguère d’imiter l’étranger, on le traduit maintenant et on s’en inspire, peut-on dire que rien n’ait changé ? […] Le mépris que mes profondes méditations m’avaient inspiré pour les mœurs, les maximes et les préjugés de mon siècle me rendait insensible aux railleries de ceux qui les avaient, et j’écrasais leurs petits bons mots avec mes sentences, comme j’écraserais un insecte entre mes doigts » [Cf.  […] Les Époques de la nature, dès 1778, avaient mis Buffon à son rang ; c’est de lui qu’André Chénier se fût inspiré dans son Hermès ; et je veux bien que l’abbé Delille n’ait réussi qu’à le ridiculiser dans ses Trois Règnes, mais telle n’était pas assurément son intention. […] Hornung, Les Idées politiques de Rousseau, 1878 ; et André Lichtenberger, Le Socialisme au xviiie  siècle, 1895] ; — et que pour le bien entendre, il faut se souvenir que Rousseau est un plébéien ; — un protestant, — à qui l’idée de la souveraineté populaire est innée ; — et enfin un Genevois. — Dans quelle mesure, en concevant son Contrat social, Rousseau s’est inspiré de la constitution de Genève ; — et comment, en se la représentant d’une manière idéale, — il se l’est représentée plus tyrannique encore qu’elle n’était. — Qu’il ne faisait pas bon vivre à Genève au dix-huitième siècle. — Le calvinisme inconscient de Rousseau [Cf. 

884. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Elle met d’abord en garde contre l’excès d’indulgence ou de sévérité inspiré par la sympathie ou l’antipathie à l’égard des personnes. […] Je veux croire qu’on ne trouverait pas davantage des articles inspirés par la rancune contre un compétiteur heureux, par l’envie contre un rival qui réussit trop bien. […] Supposez-vous que les Châtiments de Victor Hugo inspirent les mêmes sentiments à un bonapartiste qu’à un républicain ? […] Octave Feuillet et Caro et affirmons que les choses humaines ne peuvent inspirer que deux sentiments aux esprits bien faits : l’admiration ou la pitié. […] Qui oserait affirmer, par exemple, que Michelet a inspiré des sympathies et des admirations moins véhémentes, moins nombreuses et moins fécondes que Stendhal ou Tourguenieff ?

885. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

La haine dont il poursuivait son beau-père était le revers de cette tendresse pour sa mère, de cet amour trahi qui lui a inspiré la poignante Bénédiction. […] En dehors des poésies inspirées par Apollonie, plusieurs pièces des Fleurs du Mal, qui sont parmi les plus belles, et en particulier la première, construisent, au-dessus de son enfer, un paradis du poète. […] Cela n’avait pas grande importance, Fromentin estimant alors les leçons de la nature préférables à celles de l’atelier et continuant à s’inspirer des paysages parisiens. […] Quelques toiles que lui inspirèrent plus tard ses souvenirs du Nil sont parmi ses meilleures. […] Madeleine est conduite vers Dominique par la pitié que lui inspire le mal qu’elle a causé.

886. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Qu’il nous soit permis de terminer cet article par un souhait que l’amour des Lettres nous inspire, & que nous avons fait autrefois pour nous-mêmes. […] Mais les épitaphes insultantes & calomnieuses, telles que la rage en inspire trop souvent, sont de tous les genres de satyre le plus noir & le plus lâche. […] C’est la honte qu’il faut répandre, c’est l’horreur qu’il faut inspirer. […] N’est-ce rien que d’inspirer à une multitude d’hommes la résolution de combattre, de vaincre ou de mourir sous ses drapeaux ? […] C’est donc à juste titre qu’on attribue à un roi qui a sû régner, toute la gloire de son regne ; ce qu’il a inspiré, il l’a fait, & l’hommage lui en est dû.

887. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Jusqu’à cette époque, le caractère et les dispositions, de l’esprit de ce jeune homme avaient inspiré des inquiétudes à sa famille. […] C’est elle qui leur inspire ce noble désintéressement, qui élève leurs âmes et les rend capables d’entreprendre et d’exécuter les plus grandes choses. […] Ils concourent à l’éducation et au bonheur publics ; ils parent la vertu des charmes qui la rendent chère aux mortels et inspirent l’horreur du crime. […] Figurez-vous, mon cher Étienne, que dans ce tableau, je veux caractériser ce sentiment profond, grand et religieux qu’inspire l’amour de la patrie. […] Ce goût assez général se liait avec celui que les fêtes publiques et l’amour de l’antiquité avaient inspiré pour tous les exercices gymnastiques et athlétiques.

888. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Daburon, qui s’occupait avec succès de botanique, lui en inspirait le goût, et le guidait pour les premières connaissances. […] Ce souvenir du bouquet, que nous trouvons consigné dans son journal, lui inspirait de plus des vers, les seuls dont nous citerons quelques-uns, à cause du mouvement qui les anime et de la grâce du dernier : Que j’aime à m’égarer dans ces routes fleuries Où je t’ai vue errer sous un dais de lilas ! […] Il s’en exprime avec charme : « Ma chimie, écrit-il, a commencé aujourd’hui : de superbes expériences ont inspiré une espèce d’enthousiasme.

889. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Thiers lui fait gloire comme s’il eût été inspiré dans son œuvre de Charlemagne par l’esprit même du christianisme, n’avait donc nullement la religion du chrétien ; il avait la religion de l’homme d’État. […] Elle existait, cette religion, qui avait rangé sous son empire tous les peuples civilisés, formé leurs mœurs, inspiré leurs chants, fourni le sujet de leurs poésies, de leurs tableaux, de leurs statues, empreint sa trace dans tous leurs souvenirs nationaux, marqué de son signe leurs drapeaux tour à tour vaincus ou victorieux ! […] Ce double motif de rétablir l’ordre dans l’État et la famille, et de satisfaire au besoin moral des âmes, lui avait inspiré la ferme résolution de remettre la religion catholique sur son ancien pied, sauf les attributions politiques, qu’il regardait comme incompatibles avec l’état présent de la société française.

890. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

La description de la chaste nudité d’Angélique rappelle les plus belles statues de Vénus, vêtues de leur seule pudeur, et qui n’inspirent qu’une admiration aussi chaste que le marbre dont elles sont formées. […] La guerre n’inspira jamais mieux aucun barde ; le sang coule de la plume d’Arioste avec autant de verve que l’amour et la plaisanterie. […] L’amour et la vertu l’inspirent mieux que la démence et le ridicule.

891. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

VI Son disciple, Platon, était un homme d’une tout autre nature : beaucoup plus lettré, beaucoup moins inspiré que son maître ; élégant, éloquent, poétique, épilogueur, rêveur, dissertateur, nuageux en philosophie, utopiste en politique ; espèce de J. […] « Beaucoup prennent le thyrse, mes amis, mais peu sont inspirés, dit la maxime à ceux qui se font initier aux mystères d’Orphée. Ceux qui sont inspirés, à mon avis, sont ceux qui ont bien philosophé ; si tous mes efforts n’ont pas été inutiles, et si j’y ai réussi, c’est ce que j’espère savoir dans un moment, s’il plaît à Dieu.

892. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Cependant, je rangeais la Tristesse d’Olympio en un poème lyrique indéniablement inspiré de Berlioz ; et cette orchestration, non distinguée par un jury, demeure encore en mon carton. […] Et bons wagnéristes qui n’êtes point compositeurs, jouissez simplement de ces musiques — savantes autant qu’inspirées ; même jouissez des beaux vers du poème : même, entêtés wagnéristes, des décorations qui vous sont exposées. […] Les Troyens, opéra en cinq actes d’Hector Berlioz sur un livret du compositeur, inspiré de l’Énéide de Virgile fut créé en 1863 au Théâtre Lyrique à Paris.

893. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Je repartis bientôt après pour les Alpes, où de nouveaux sites et de nouvelles impressions m’inspirèrent de nouvelles pensées. […] Enfin Talma parut ; ou plutôt ce n’était plus Talma, c’était le sacerdoce hébraïque personnifié dans ce roi des sacrifices ; le chef à la fois politique et inspiré d’une théocratie souveraine, qui régnait, comme en Égypte, par la main des rois auxquels il intimait les ordres de Dieu. […] Il s’anima sur cette réflexion ; et comme, dans les sujets qui l’animaient, il entrait dans cet enthousiasme dont j’ai parlé, qui lui inspirait une éloquence agréable, il charma madame de Maintenon, qui lui dit que, puisqu’il faisait des observations si justes sur-le-champ, il devait les méditer encore, et les lui donner par écrit, bien assuré que l’écrit ne sortirait pas de ses mains.

894. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

iv ;] C’est la même admiration ou le même étonnement qu’inspire une étude attentive de la littérature européenne du Moyen Âge. […] L’Épopée antique ; — et qu’il est abusif de nommer de ce nom des « romans d’aventures » qui n’ont aucun des caractères de l’épopée ; — le Roman d’Alexandre le Grand et le Roman de Troie sont les Trois Mousquetaires ou les Quarante-Cinq de leur temps ; — ce qui revient à dire que le Moyen Âge n’a vu dans les légendes de l’antiquité que ce qu’elles contenaient de « merveilleux » ou de « surprenant » ; — et qu’à cet égard, avec les moins historiques de nos chansons de geste, les épopées inspirées de l’antiquité servent de transition aux Romans de la Table-Ronde. […] Les Cycles dramatiques. — Il y en a trois, qui sont : 1º le Cycle de l’Ancien Testament ; — 2º le Cycle du Nouveau Testament ; — et, 3º le Cycle des saints. — Que, dans le premier de ces trois Cycles aucune des données de la Bible n’est traitée pour elle-même, — comme dans l’Esther ou dans l’Athalie de Racine, par exemple ; — mais uniquement dans son rapport avec la venue du Christ, — dont la vie remplit uniquement le second. — Par là s’expliquent, et seulement par là : — le choix des épisodes [Job, Tobie, Daniel, Judith, Esther] ; — la grossièreté de quelques-uns d’entre eux, destinés à rehausser d’autant la figure du Christ ; — et la part enfin que le clergé pendant longtemps a prise à la représentation des Mystères. — Du Cycle des saints, et de son caractère généralement local ; — qui n’en est pas pour cela plus laïque. — Les Mystères sont des « leçons de choses », une manière d’enseigner aux foules les vérités essentielles de la religion ; — et un moyen, comme on l’a dit, de se les attacher. — Qu’il n’y a que deux Mystères qui fassent exception : le Mystère du siège d’Orléans et le Mystère de Troie ; — mais que l’état d’esprit qui a inspiré le premier n’a rien d’incompatible avec le caractère essentiel des Mystères sacrés ; — et que le second n’a sans doute jamais été représenté.

895. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Un sentiment plus grave, plus recueilli, a inspiré ces courts et rares essais consacrés à des génies contemporains. […] Laffitte, un fauteuil à l’Académie, une invitation à ce qu’on appelle encore aujourd’hui la Cour, dont il s’excuse, le même sentiment de convenance et de dignité l’inspire.

896. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Mais au moins vous n’auriez pas le reproche à vous faire d’avoir favorisé ce courant de matérialisme, d’athéisme, qui emporte les masses et leur inspire une profonde indifférence pour les lois religieuses les plus sages et les plus saintes. […] « Monsieur le Président, « Le respect que j’ai pour vous et, laissez-moi ajouter, l’affection que m’inspire votre personne ne m’interdisent point cependant de vous faire remarquer que lorsque, hier, M. de Ségur d’Aguesseau a parlé d’une nomination scandaleuse, il n’a parlé et pu parler que de M. 

897. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

VII Côme, immensément enrichi par l’économie et la modération héréditaire de sa maison, inspira de la jalousie à quelques magistrats principaux de la république ; ils l’emprisonnèrent, puis le délivrèrent eux-mêmes en convertissant sa prison en exil de dix ans à Venise, ou à une distance de cent soixante et dix milles de Florence. […] On ne peut pas dire qu’il mourut en chrétien ; Platon était son Christ et la philosophie grecque était sa foi ; il confondait dans cette foi la divinité de l’Évangile avec ces révélations de la sagesse humaine, émanées des inspirés de Dieu, dont il avait propagé le culte en Italie ; fidèle aux formes du catholicisme, plus fidèle à l’esprit dont il les animait.

898. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

A ce principe s’en joint un autre, qui inspire toute la méthode : il faut suivre la nature, l’aider, la redresser au besoin, surtout la développer. […] Le moi est au fond de toutes ses chimères, comme il inspire ses plus exquises conceptions.

899. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Du bon sens, il en a tant montré, si souvent, si régulièrement et si longtemps, qu’il s’en est fait comme une spécialité, que beaucoup lui en reconnaissent le monopole, qu’il a fini par inspirer une confiance sans bornes à quantité de bonnes gens et un mépris sans limites aux détraqués de la jeune littérature. […] Sarcey, même par le bon Dieu des catholiques, pour les jolies pages pittoresques et cordiales que lui ont inspirées les vieux prêtres du collège de Lesneven.

900. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Cette idée, qu’on aime partout de la même façon, et qu’Amaryllis et Margot, c’est kifkif, lui a inspiré les quatre ou cinq mille vers octosyllabiques des Chansons des rues et des bois. […] Et quant à Lamartine, rien n’est plus beau que ses beaux vers, par la fluidité et à la fois par la plénitude, par quelque chose d’involontaire et d’inspiré*par le large et libre essor, par l’aisance souveraine et toute divine.

901. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

La même intelligence des besoins du lecteur a inspiré le chapitre des Anecdotes et particularités et le chapitre des Lettres et arts. […] Il n’y a pas vu ce qu’un si grand objet pouvait inspirer d’éloquence dans les écrits, de vertus dans la conduite, ni ce que l’histoire peut tirer de vérités sur l’esprit français et sur le cœur humain, de ces querelles où la théologie n’est que le champ clos temporaire de passions et de contradictions éternelles.

902. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

. — Style inspiré de son rôle. — Clytemnestre devant le peuple. — Révolte du Chœur. […] Tout y est inspiré ; dans le sens immédiat du mot ; tout y respire l’égarement divin.

903. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Vous n’aurez plus désormais à m’interroger sur de nouveaux voyages : car la nature est immuable et les nuages blancs sont éternels. » — L’idée du Nirvana intervient quelquefois dans les poésies chinoises, comme le crâne dans les festins antiques, pour exciter l’homme à jouir de son jour ; mais alors l’ivresse qu’elle inspire n’a rien de la gaieté vive qui pétille, au souvenir de la mort, dans la coupe ciselée d’Horace ; c’est avec une résignation narcotique que les philosophes du Fleuve-Jaune endorment leur âme, en buvant l’oubli. — « Combien, — dit Litaï-Pé dans la Chanson du Chagrin, — pourra durer, pour nous, la possession de l’or et du jade ?  […] Ici se place une tirade éloquente, d’un souffle et d’un jet vraiment inspirés.

904. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Elle recourt à l’homme qui lui inspire une affection qu’elle ne distingue pas encore du respect, mais qui s’empare déjà de son cœur. […] Mais Léopold devine l’amour que cache aussi ce refus, il la pousse doucement dans les bras de Bernard, dont le cœur, fermé par la piété filiale, contenait la passion profonde que Marie Letellier lui a inspirée.

905. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Arrivé au ministère où MM. de Villèle et Corbière, jusqu’alors unanimes avec lui, l’avaient précédé, M. de Chateaubriand, durant ces dix-sept mois de pouvoir, inspira et mena à bonne fin un acte dont il ne faut exagérer ni diminuer l’importance. […] D’admirables pages, d’une éclatante polémique, quelques-unes même qui sont pleines de vérité, si on les détache de ce qui les précède et de ce qui les inspire, ne sauraient dissimuler l’ensemble des résultats.

906. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Mais Emma Bovary entend que l’amour absolu, tel qu’elle imagine l’éprouver, tel qu’elle imagine l’inspirer, produise ses derniers effets ; elle veut s’enfuir avec son amant dont la passion vulgaire ne comporte pas de telles conséquences. […] Mais elle n’est plus dupe ni du sentiment qu’elle éprouve ni de celui qu’elle inspire ; un pouvoir critique s’est éveillé on elle ; elle mesure la part de comédie qui entre en cet amour.

907. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Or de quelque ordre de considérations que cet être s’inspire pour prendre parti, qu’il tienne compte d’une idée morale, d’un intérêt ou d’une passion, ne voit-on pas que tous les éléments d’après lesquels il décide, s’ils figurent maintenant dans la conscience, y ont été projetés d’un lieu inconnu, par une force inconnue et que la conscience ne gouverne pas. […] La certitude du chrétien semble beaucoup moins forte que celle du sauvage et du primitif, si l’on prend pour mesure le fanatisme et les pratiques que ces religions différentes inspirent à leurs fidèles.

908. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Ce thème, sur lequel brode complaisamment l’imagination, tant indigène qu’indo-européenne, paraît s’inspirer de cette idée que les apparences sont presque toujours le contrepied de la vérité et que chez tel qui manifeste une évidente intériorité physique se rencontrent des ressources de perspicacité et de malice plus précieuses que la force brutale pour sortir indemne d’un mauvais pas, comme si la faiblesse faisait aux débiles une nécessité de se rattraper du côté de la malice. […] Les musulmans qui, auraient dû, semble-t-il, inspirer fortement la littérature merveilleuse des noirs, n’y laissent au contraire que de rares traces d’influence.

909. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Nous qui avions l’intention de dire plus tard, dans un détail qui éclaire le talent par la vie, ce que fut Maurice de Guérin, nous avions senti, en lisant ces lettres, que jamais, quoi qu’il pût arriver, il n’inspirerait désormais un pareil langage, et nous voulûmes que ceux qui l’avaient aimé pussent en juger. […] Vieillard d’âme fière et rude, dit un chroniqueur, qui n’inspirait que la confiance, jamais l’amour, pas même l’amitié.

910. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Cela frappe le bon ouvrier, lui inspire la sorte de considération qu’il éprouve à l’usine pour les connaissances de l’ingénieur. […] Peu avant sa mort, relisant son ouvrage la Paix intérieure, il écrit en marge : « Ô alouettes de ces matins, chères alouettes françaises, inspirez-moi mieux. » A ce cri, je le comprends : il s’arrache aux partis, ce plébéien que la campagne vivifie, ce fils d’une race de paysans et de soldats, cet ouvrier qui s’acharne sur ses carnets pour faire du bel ouvrage, pour créer, pour saisir une vérité.

911. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Toute littérature qui voudra mériter le beau nom de populaire, doit être inspirée par l’amour du peuple. […] Je voudrais par avance les connaître, les voir, leur dire de quelles pensées, à mon humble avis, devra s’inspirer l’artiste qui voudra prendre et retenir l’esprit de ces foules à demi instruites, dont le flot monte autour de nous.

912. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

L’institution des primes est bonne, utile, et peut devenir féconde en résultats à l’avenir, mais à la seule condition qu’on ne se départira jamais, en l’appliquant, de la pensée essentielle qui l’a inspirée.

913. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Un dernier bonheur de Villars, c’est d’avoir inspiré une des dernières bonnes oraisons funèbres : celle que prononça l’abbé Seguy, à Saint-Sulpice, sans échapper aux inconvénients du genre, est remarquable du moins par un bel exorde d’un nombre et d’une pompe bien appropriés au héros.

914. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Il avait écrit des Métamorphoses qui ont peut-être inspiré Ovide.

915. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

L’auteur, appelé par les devoirs de sa haute charge domestique à assister à la dernière maladie de Louis XV, en note tous les détails et les alentours avec cette vérité entière et inexorable qui ne fait grâce de rien ; le sentiment qui l’anime n’est pas une curiosité pure, et, dans ce qui semblerait même repoussant, sa probité s’inspire à une source plus haute : témoin de l’agonie d’un monarque et d’une monarchie, il veut flétrir ce qui en a corrompu la sève et ce qui en pourrit le tronc.

916. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

mon amie, ne faisons point de mal ; aimons-nous pour nous rendre meilleurs ; soyons-nous, comme nous l’avons toujours été, censeurs fidèles l’un à l’autre. » « Je disais autrefois à une femme que j’aimais et en qui je découvrais des défauts (madame de Puisieux) : Madame, prenez-y garde ; vous vous défigurez dans mon cœur : il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. » Dans une lettre, Diderot raconte comment il est tout occupé de la philosophie des Arabes, des Sarrasins et des Étrusques ; puis il s’écrie avec un élan de tendresse incomparable : « J’ai vu toute la sagesse des nations, et j’ai pensé qu’elle ne valait pas la douce folie que m’inspire mon amie, j’ai entendu leurs discours sublimes, et j’ai pensé qu’une parole de la bouche de mon amie porterait dans mon âme une émotion qu’ils ne me donneraient pas.

917. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Je trouvai que ce n’était pas mal : la méfiance que m’inspirait l’admiration débordante du vieux Flaubert m’empêcha de voir que c’était même très bien.

918. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

La nouveauté de leur cas ne fait pas leur mérite, car être postérieur de dix ans suffit à inspirer une manière différente, pour peu qu’on soit intelligent.

919. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Elle était de condition trop bourgeoise pour lui inspirer cet amour impérieux de l’élégance.

920. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Il n’aura jamais de succès à la cour, parce qu’il inspira au Roi un mouvement de jalousie et que le Roi a une mémoire tenace des visages même fugitivement aperçus.

921. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Trop heureux, si, en choisissant mieux ses sujets, il se fût défié de la manie des paradoxes ; s’il ne se fût pas trop piqué d’une adresse ambidextre qui a égaré son jugement en tant d’occasions, & lui a inspiré trop de confiance pour justifier tous les systêmes qu’il lui a plu d’imaginer.

922. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Avant que d’en parler, soyons de bonne foi ; c’est peut-être le poëte qui a inspiré au statuaire ce désespéré d’Aristée.

923. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Il n’inspire pas une simple veneration, il imprime une terreur respectueuse.

924. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Albalat ne veut pas limiter, — en quoi il aurait tort, — le style au pastiche adroit ; non, il ne compte pas nous faire acquérir un style inspiré des auteurs illustres.

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