Comment mes impressions auraient-elles de l’unité, alors que l’unité manque entièrement au talent qui me les a données ? […] Il règne dans ces nouvelles, surtout dans la première, une terreur réelle, et pourtant l’impression qu’éprouve le lecteur est une impression pénible plutôt qu’une impression d’effroi. […] Spectacle attristant et cependant poétique, bien fait pour laisser une impression de tristesse attendrie dans une âme fine et délicate ! […] Et à cette impression rêveuse il s’enjoint une autre plus grave, plus morale, d’une mélancolie réfléchie. […] Ce sont ces premières impressions qui ont donné à son talent sa forme et la direction dans laquelle il marche encore aujourd’hui.
Par malheur — et nous sommes obligés d’y revenir après l’avoir déjà répété — toutes ces pensées, toutes ces doctrines, toutes ces impressions sont bien complexes, bien délicates, bien peu en harmonie avec la psychologie générale des foules. […] Ils se figurèrent que la puissance de réaliser en une œuvre concrète ce qu’on a éprouvé est proportionnelle à l’intensité de l’impression perçue, et que la passion violente ou la délicatesse raffinée qu’on met dans un livre correspondent aux violences ou aux raffinements du cœur. […] Ou bien, si par hasard le fait se produit, l’œuvre ainsi engendrée garde de son origine une tare inévitable, et ne laisse jamais au lecteur qu’une impression douteuse et incomplète. […] Ce sont d’admirables statues, — dieux ou héros, — par lesquelles le maître a voulu nous donner principalement une impression de beauté, et qu’il a douées d’une force vitale tout juste suffisante pour provoquer et expliquer les divers aspects de leurs impeccables attitudes. […] Encore faut-il que l’impression soit de tous points homogènes, et les moyens d’exécution doivent-ils s’adapter au sentiment inspirateur.
On ne douta plus à Paris du mérite de l’artisan-poète, après que l’auteur des Impressions de voyage eut, en quatre pages spirituelles et attendries, montré le boulanger dans sa boutique et le chantre dans son sanctuaire.
Quiconque voudra éprouver les impressions touchantes qui résultent de l’heureux accord de la Religion & de l’humanité, des talens & des vertus, n’a qu’à lire les Ouvrages de ce saint Prélat.
Larue a quelquefois plus d’élévation, & sa morale annonce un esprit aussi fin observateur, qu’heureux à trouver des expressions & des tours propres à rendre ses idées, & à les faire saisir par une vive impression.
Le trait est émoussé dès que nous en avons retenu le sens : mais les épigrammes qui peignent des objets capables de nous attendrir ou de s’attirer une grande attention en quelque maniere que ce soit, font toujours impression sur nous.
Nous avons la date précise dans une page d’album écrite de sa main sous ce titre : Arrivée d’un jeune méridional à Paris ; c’est une description de ses premières et confuses impressions à une première vue, c’est sa satire à lui des Embarras de Paris : « Bientôt courant dans les rues, l’impatient étranger ne sait où passer. […] Les impressions du jeune Marseillais dans ce monde nouveau qui s’ouvrait à lui furent bientôt d’un tout autre ordre. […] Tandis qu’il parle ou qu’il écrit, il vous associe insensiblement à son récit, à sa nouveauté ; il vous emmène avec lui dans son courant plus ou moins rapide, et, au bout de quelque temps, si l’on n’y prend garde, ses conclusions, ses impressions sont devenues les vôtres ; toutes les objections ont disparu. […] Il ne nous appartient pas de devancer le jugement de tous, mais notre impression n’est pas douteuse, et, comme un messager porteur d’une bonne et grande nouvelle, nous ne la cacherons pas. […] On reproduit ici ce Post-Scriptum qui parut à la suite de l’article précédent et qui fut écrit sous l’impression d’une première lecture.
Je me souviens de l’avoir lu et relu dans ma première jeunesse pendant l’hiver, dans les âpres montagnes de mon pays, et les impressions que ces lectures ont faites sur moi ne se sont jamais ni effacées ni refroidies. […] — J’ai eu dans ma jeunesse un temps où je pouvais exiger de moi chaque jour la valeur d’une feuille d’impression, continua-t-il, et j’y parvenais sans difficulté. […] Les jeunes poètes m’ont occupé déjà toute cette semaine, et les fraîches impressions que je reçois de leurs œuvres me donnent comme une nouvelle vie. […] Il est curieux, après tant d’années, de voir l’impression de tel ou tel homme sur un génie étranger. XIII Mais, s’apercevant de l’impression pénible que ses craintes sur les suites de la révolution de 1830 imprimaient à ses auditeurs, son fils, sa belle-fille, Mlle Ulrique et Eckermann : « Croyez-vous, dit-il après un long silence, que je sois indifférent aux grandes idées que réveillent en moi les mots de Liberté, de Peuple, de Patrie ?
Il y a l’accent qui insinuait, le geste qui achevait, la saillie qui osait, qui se reprenait et s’apaisait aussitôt, qui, comme une vague échappée et prête à faire écume, rentrait tout à coup au sein du discours avec grâce, et la nuance de plaisir et de pensée, et l’impression née de cet ensemble ; il y a l’orateur, la merveille elle-même, comme disait moins poliment le rival vaincu du grand Athénien. […] Les beaux-arts et la poésie, dans toute une partie essentielle, sont et doivent être des industries singulières et par un coin secrètes, des initiations, à certains égards, d’esprits merveilleux, des savoir-faire dédaliens, où n’atteint pas le grand nombre, mais à quoi il finit par croire, sur la foi de son impression sans doute, mais de son impression dirigée et quelquefois créée par les critiques et connaisseurs. […] L’impression que je tire de cette lecture, c’est que, quand le fond de la langue est chaque jour remué, grossi, déplacé, quand la synonymie inutile y abonde, quand les disparates de tous genres et mille affluents peu limpides s’y dégorgent, qu’importe ?
C’est l’ivresse de l’âme qui ne raisonne plus ses impressions, mais qui crie et qui fait crier ou gémir le cœur et la voix sous le poids de bonheur, d’amour, de tristesse ou d’admiration qui le surcharge. […] Le poète et le musicien sont les voix de ceux qui n’ont pas de voix, mais qui ont des cœurs et qui aiment à retrouver leurs impressions inexprimées dans ces vers ou dans ces notes en consonance avec leur âme. […] Qu’on me permette d’en citer un exemple dont je fus témoin dans mon enfance, et dont l’impression, quoique puérile, s’est retrouvée toujours dans mon souvenir. […] Les chants de la nuit remontèrent avec peine dans sa mémoire comme les impressions d’un rêve.
La sainte horreur de poète qui habite les bords de l’Océan sur le rivage, habite aussi les pieds des montagnes sans issues ; c’est l’impression du Jura vertigineux au moment où il vous apparaît, s’élevant toujours plus à mesure que vous vous élevez vous-même sur ses premiers plans, pour vous en présenter d’autres plus infranchissables en apparence. […] Le poète et l’antiquaire contractent sur leur physionomie cette impression d’éternité qui méprise la terre fugitive, parce qu’elle vit dans tous les âges. […] XLIV C’est sur ces souvenirs d’un double voyage à Athènes et sur l’impression toujours présente du Parthénon, entrevu dans le ciel du pont d’un vaisseau et contemplé ensuite à loisir du pied de ses colonnades, que j’écrivais, il n’y a pas longtemps, un Entretien sur la sculpture, quand je reçus, un matin du mois d’août 1861, le volume de M. de Ronchaud, intitulé Phidias. Nous allons l’apprécier tout à l’heure, mais l’apprécier avec respect et déférence, comme un homme qui n’a que des impressions apprécie l’homme qui a des connaissances ; M. de Ronchaud a des lumières, je n’ai que des lueurs.
Ce fin paysage eût pénétré l’âme d’un La Fontaine ou d’un Chénier, et revivrait en leurs vers : Despréaux n’en fit rien, comme s’il n’en eût pas gardé l’impression. […] Il loua le poète, lui donna deux mille livres de pension, avec un privilège pour l’impression de ses ouvrages. […] Il ira à Bourbon-l’Archambault, et il en reviendra, sans rapporter de son voyage une seule impression. […] Comparez à cette sécheresse La Fontaine s’en allant à Limoges : il n’est pas encore à Étampes, qu’il a vu cent choses, et noté cent impressions, qui se traduiront plus tard par tels vers exquis des Fables.
Lundi 15 janvier ……………………………………………………………………………………………… « Oui, reprend Dumas avec une conviction désespérée, tous les hommes, la première fois que je les vois, ma première impression est de les regarder comme des coquins… et aussi toutes les femmes comme des coquines. Quand dans le tas, il se trouve un honnête homme ou une honnête femme, je le reconnais toutefois… Mais ma première impression est celle que je vous dis. » Mercredi 17 janvier Les journaux de ce matin m’apprennent l’arrestation du prince Napoléon, et la discussion de la Chambre sur la proposition de Floquet. […] Mardi gras 6 février Ce soir nous causions impressions d’enfance. […] Mardi 10 avril Le nez de Zola est un nez très particulier, c’est un nez qui interroge, qui approuve, qui condamne, un nez qui est gai, un nez qui est triste, un nez dans lequel réside la physionomie de son maître ; un vrai nez de chien de chasse, dont les impressions, les sensations, les appétences divisent le bout, en deux petits lobes, qu’on dirait, par moments, frétillants.
La nouveauté n’est pas moins nécessaire au sublime ; car il est de son essence de faire une impression vive sur les esprits, et de les frapper d’admiration. […] Ce qui est familier à l’esprit, n’y sçauroit plus faire qu’une impression languissante. […] En effet, rien n’abrége tant le discours, et ne multiplie tant le sens, qu’une epithéte bien choisie : elle tient lieu presque toujours d’une phrase entiére : elle fait une impression vive et inattenduë ; et outre l’agrément de la briéveté, quelques lecteurs sentent encore, ce qui fait une partie de leur plaisir, la peine et le mérite qu’il y a de s’exprimer aussi heureusement, malgré toute la contrainte des vers. […] Une bonne chose ne le paroît presque pas après une meilleure : au lieu qu’en changeant d’ordre, elles font l’une et l’autre leur impression ; et l’esprit parvenu ainsi par degrés à un sens complet et digne de son attention, se repose naturellement, avant que de passer à un autre.
Ses impressions se ramassent dans cette lettre à son père : Rien n’est désespéré quand la sève est là ! […] Je n’ai jamais eu une impression pareille. J’ai porté des morts, pansé des blessés dont le sang giclait ; je me suis même assis sur des corps ; mais ça, avec tout l’imprévu de la rencontre, m’a fait une sale impression, et je dois le dire à ma honte, j’ai eu peur ! Pendant peut-être deux secondes, j’ai eu une impression horrible !
Pierre et Paul se retrouvent, comparent leurs mesures, et échangent leurs impressions. […] En vain donc Pierre, attaché au système immobile que nous appelons le système Terre, voudrait-il interroger ce Paul-là, au moment où il va rentrer dans le système, sur ses impressions de voyage : ce Paul-là n’a rien constaté et n’a pas eu d’impressions, n’étant qu’une représentation de Pierre. […] Le Paul qui a des impressions est un Paul qui a vécu dans l’intervalle, et le Paul qui a vécu dans l’intervalle est un Paul qui était à chaque instant interchangeable avec Pierre, qui occupait un temps identique à celui de Pierre et qui a vieilli juste autant que Pierre.
Des vers ne se discutent pas, et la prose est mal venue à vouloir en reproduire l’impression ; mieux vaut en donner un échantillon.
Tiercelin publia son premier volume de vers : Les Asphodèles, œuvre qui, dit un critique, « est éclose dans l’atmosphère très catholique de l’ancienne famille bretonne à laquelle appartenait le poète, et qui est comme le pur reflet de ses impressions premières ».
Sa méthode étoit, de rétablir à l’impression ce qu’on avoit rejeté ou changé à l’examen.
Ainsi le mauvais empêche le bon de faire sur nous toute l’impression qu’il devroit faire.
Il est vrai qu’il varie souvent sur son compte : écrivant au jour le jour, ses jugements et ses degrés d’estime sont à la merci de son impression actuelle ; il n’est jamais à une rétractation près. […] Je dissimulerais mon impression si je ne disais que, tel qu’il se dessine dans ce premier volume de son Journal, d’Argenson paraît plus ambitieux qu’on ne le jugerait d’après l’ensemble de sa carrière, et qu’il s’y montre aussi moins bonhomme, plus brutal et plus désagréable de nature qu’on ne se le figurait d’après ses écrits jusqu’ici publiés et tous plus ou moins arrangés ou morcelés à dessein. […] Les Français se livrent volontiers aux étrangers, et même plus volontiers qu’à leurs compatriotes ; ils font à l’étourdie les honneurs d’eux-mêmes, « de sorte que ce goût frondeur, qui domine principalement dans la bonne compagnie, ayant porté nos Français à dire mille maux de la faiblesse de la nation, de la nonchalance insurmontable du ministère pour se porter à la guerre, de l’état prétendu désespéré de nos finances, de la mollesse de nos jeunes gens », en un mot de l’abaissement de la France, il n’était pas extraordinaire que les étrangers eussent rapporté dans leur pays ces impressions puisées dans la meilleure compagnie de Paris, et eussent répandu l’idée qu’on pouvait nous braver impunément, ne plus compter avec nous.
« Il ne me reste plus à vous répondre que sur l’impression que la lecture de votre lettre a faite sur moi. […] Rousseau, à peine arrivé en terre libre, à Yverdun, s’était empressé d’écrire à M. et à Mme de Luxembourg ainsi qu’au prince de Conti, pour les remercier de leurs bontés ; dans ces premiers moments d’inquiétude et de délivrance, ses sentiments obéissant à la pente naturelle n’étaient pas encore aigris par la réflexion, ni son jugement faussé par la méfiance : il faut du temps et du travail pour en venir à sophistiquer et à se dénaturer à soi-même cette première sincérité des impressions involontaires. […] A peine installé à Wootton, et sous la première impression encore, il avait commencé par écrire à Hume : « Si je vis dans cet agréable asile aussi heureux que je l’espère, une des douceurs de ma vie sera de penser que je vous les dois.
Auparavant, Sismondi ne put s’empêcher toutefois de payer son tribut à cette première vie de colon et d’agriculteur, à laquelle il devait des impressions de bonheur ineffaçables. […] Sismondi, sans copier personne, n’obéissant qu’à son instinct et à sa nature candide, ouverte aux impressions d’alentour, a trouvé ainsi et a fait entrer, dans ce premier ouvrage d’apparence tout agricole, ce qu’on n’irait certes pas y chercher. […] L’impression de ce songe lui demeura ; il lui semblait que sa conscience eût parlé.
Quoi qu’il en soit des défauts que je n’ai point dissimulés, l’impression de l’ensemble domine ; il s’y sent un souffle d’un bout à l’autre. […] J’ai montré de mon mieux la victoire et la journée du Cid ; mais le lendemain de cette journée, il y aurait à le montrer aussi, pour compléter nos impressions. […] Quand on a réuni, comme je m’en suis donné la triste satisfaction, tous ces pamphlets que le triomphe du Cid fit naître, on reçoit une impression de dégoût et presque de soulèvement, analogue à celle que dut éprouver le cœur de Corneille.
On peut suivre maintenant, de point en point, tout le détail de ses premières impressions, de ses premiers pas (avril-mai 1770). […] … » C’est à elle de parler, de raconter tout ce voyage avec les impressions qu’elle y mêle et avec cette vivacité, ce mouvement de jeune fille qui était alors une des grâces et l’un des enchantements de sa personne : « Les grandes scènes ont commencé au Rhin ; on m’a conduite dans une île où j’aurais été bien heureuse d’être un peu seule comme Robinson pour me recueillir, mais on ne m’en a pas laissé la liberté ; on m’a comme emportée dans une maisonnette dont un côté était censé l’Allemagne, l’autre la France ; à peine m’a-t-on laissé le temps de faire une prière et de penser à notre bonne chère maman et à vous tous, mes bien-aimés du petit cabinet ; les femmes se sont emparées de moi, — m’ont changée des pieds à la tête. — Après cela, sans me laisser respirer, on a passé dans une grande salle, on a ouvert le côté de France, et l’on a lu des papiers : c’était le moment où mes pauvres dames devaient se retirer ; elles m’ont baisé les mains et ont disparu en pleurant. […] Ces premières impressions d’une âme jeune sont restées justes.
Sauf à passer pour une écriveuse comme Mme A…, je veux vous faire l’injure d’un billet, Je ne vous ai pas assez dit l’impression que m’a faite votre livre. […] « Dimanche soir. » Elle entendait par là que les premières fois elle était toujours embarrassée, silencieuse, et ne laissant point à ceux dont elle faisait cas l’impression qu’elle aurait voulu. […] C’est de lire le manuscrit de Le Secrétaire intime, avant que l’impression en soit commencée.
Aussi, nous qui regrettons personnellement, et regretterons jusqu’au bout, comme y ayant le plus gagné à cet âge de notre meilleure jeunesse, les commencements lyriques où un groupe uni de poëtes se fit jour dans le siècle étonné, — pour nous, qui de l’illusion exagérée de ces orages littéraires, à défaut d’orages plus dévorants, emportions alors au fond du cœur quelque impression presque grandiose et solennelle, comme le jeune Riouffe de sa nuit passée avec les Girondins (car les sentiments réels que l’âme recueille sont moins en raison des choses elles-mêmes qu’en proportion de l’enthousiasme qu’elle y a semé) ; nous donc, qui avons eu surtout à souffrir de l’isolement qui s’est fait en poésie, nous reconnaissons volontiers combien l’entière diffusion d’aujourd’hui est plus favorable au développement ultérieur de chacun, et combien, à certains égards, cette sorte d’anarchie assez pacifique, qui a succédé au groupe militant, exprime avec plus de vérité l’état poétique de l’époque. […] Mais surtout, mais à tout moment, soit dans le courant d’une pièce, soit au début, la pensée part subitement du sein de Mme Valmore comme un essaim effaré ; on ne peut rendre l’essor de ces échappées violentes ; ceux qui ont entendu Mme Dorval, en quelques-uns de ses cris sublimes, ont éprouvé une impression également irrésistible. […] Je déferais sans pouvoir réparer, et je n’ai jamais eu la force de m’arrêter longtemps sur ces espèces de notes des impressions que je voulais oublier, — j’en ai tant d’autres à subir !
Les émotions de l’oreille se transmettent à l’âme, et diminuent ou achèvent l’impression que l’idée a laissée. […] On l’a réservé pour la bouche des dieux. » Son corps est en « merveilleux état. » « Il affriande. » Le corbeau en devient « gaillard. » Il « le couve des yeux. » Et la peinture achevée, le poëte ne s’est pas encore débarrassé de l’impression qui l’obsède ; les idées de graisse et d’inertie béate le poursuivent et reparaissent en phrases homériques qui achèvent de peindre « l’animal bêlant, la moutonnière créature, la toison empêtrée comme la barbe de Polyphème. » C’est par cette puissance de recevoir l’illusion qu’on fait illusion. […] Son chant soutenu rassemble les impressions que ses accents imitatifs ont produites, et de toutes les sensations notées une à une elle compose un air. — Les gens d’esprit et savants s’y sont trompés.
Vaine comme doctrine, forcément incomplète comme science, elle tend peut-être à devenir simplement l’art de jouir des livres et d’enrichir et d’affiner par eux ses impressions. […] Et il ne fait ni leur portrait ni leur biographie ; il n’analyse point leurs livres et n’étudie point leurs procédés ; il ne définit point l’impression que leurs livres lui ont donnée en tant qu’œuvres d’art : il cherche seulement à bien expliquer et décrire ceux de leurs états de conscience et celles de leur idées qu’il s’est le mieux appropriés par l’imitation et par la sympathie. […] Cette connaissance a sa fin en elle-même… Il voit la naissance des idées, leur développement, leur combinaison, les impressions des sens aboutir à des émotions et à des raisonnements, les états de conscience toujours en voie de se faire et de se défaire, une compliquée et changeante végétation de l’esprit et du cœur.
Mais le couple qu’il a choisi est trop grotesque pour servir d’exemple ; il n’excite qu’un rire méprisant, et le dégoût efface toute autre impression. […] Cette impression a été celle de la salle entière à la première représentation de l’Ami des Femmes. […] Une impression salutaire de moralité se dégage de ce mélange de vérités et de paradoxes, de sophismes et de bons conseils ; comme des accords contrastés d’un savant orchestre sort une large et pénétrante harmonie.
Quand la nature a une fois doué quelqu’un de cette vivacité de tact et de cette susceptibilité d’impression, et que l’imagination créatrice ne s’y joint pas, ce quelqu’un est né critique, c’est-à-dire amateur et juge des créations des autres. […] Selon Grimm, il n’y a que deux manières de s’y prendre : ou bien s’appliquer à faire concevoir le plus clairement possible le petit nombre de vérités qu’on peut savoir (c’est ce qu’a fait Locke) ; ou bien peindre vivement l’impression particulière qu’on reçoit de ces mêmes vérités, ce qui sert du moins à multiplier les points de vue : et c’est ce qu’a fait Montaigne. […] Un biographe nous raconte que jeune, étudiant à l’université de Leipzig, Grimm avait surtout été frappé de la lecture du traité Des devoirs de Cicéron, expliqué par le savant Ernesti, et qu’il en avait emporté une impression profonde.
Si l’impression devient trop angoissante, un conte égrillard, une fable satirique dissipent la terreur qui commence à peser sur l’auditoire. […] C’est encore le cas pour La guiloguina et quelques autres contes correspondant à des impressions réelles de gens affolés par un sentiment de la nature que l’on vient d’indiquer. […] Il existe un conte gourmantié : La femme enceinte analogue au conte haoussa de L’implacable créancier mais l’impression d’effroi y est moins intense.
On se rappelle l’impression animée et profonde que fit autrefois cet ouvrage sur l’Allemagne, qui continuait, en le persiflant, le livre de madame de Staël. […] Ce sont les fragments retrouvés de ces correspondances et de ces articles, mêlés à quelques impressions d’un voyage dans les Pyrénées, qu’on a réunis et qu’on a eu raison de recueillir. […] Les siens, à la moindre impression, se tordaient et résonnaient, comme ces cordes à violon sur lesquelles le Diable semblait jouer des sonates, plus enragées que ce fameux trille qu’il joua, un soir, sur le violon de Tartini !
J’ai chaque matin l’impression que je viens seulement de naître et que je vois le vaste monde pour la première fois… » Certaines de ses lettres écrites sur ses genoux, à la lueur d’une pauvre bougie, à cinq mètres sous terre, sont d’un grand lyrique. […] J’y suis comme sous un réflecteur, je m’y vois dans une clarté toute crue, avec une lucidité qui mieux que n’importe quel bureau de travail facilite l’analyse… Je lis peu, j’ai plus de plaisir à voir autour de moi, à essayer de démêler et de coordonner mes impressions ; travail de prolongement et d’approfondissement, ce que mes hommes font pour les boyaux, je le fais en moi-même. […] Je rapporterai une magnifique collection d’images et d’impressions. » A la longue, on s’en offenserait.
Voilà pourquoi il est toujours très délicat à un critique qui a des procédés et des habitudes marquées de venir se prononcer sur la valeur absolue du procédé d’un autre critique, son contemporain et son confrère, si ce dernier a de son côté, une vue ferme, complexe mais arrêtée, et qui, s’appliquant à chaque point d’un vaste sujet, l’embrasse, le serre, le transpose même au besoin, et prétend à en tirer non seulement une impression et une image, mais une preuve et une conclusion. […] Le dernier chapitre, consacré aux principaux auteurs du xixe siècle, et qui condense un si grand nombre de jugements en termes frappants et concis, prouverait, une fois de plus, s’il en était besoin, la parfaite sincérité de l’auteur, sa bienveillance unie à ce fonds de sévérité qu’elle corrige bien souvent et qu’elle tempère même jusqu’à la faveur, dès qu’il y entre un peu d’amitié ; son scrupule à ne tirer son impression que de lui, de son propre esprit, et de l’écrivain à qui il a directement affaire, sans s’amuser aux accessoires et aux hors-d’œuvre ; son attention à choisir, à peser chaque mot dans la sentence définitive qu’il produit.
Personnne parmi les doctes ne songeait à eux ; il arriva seulement que leurs successeurs profitèrent, depuis lors, du bénéfice général, et participèrent aux honneurs de l’impression. […] C’était, il est vrai, un vieux poëte unique en son genre, et par mille endroits ne ressemblant à nul autre, ni à maître Vincent, ni à maître Clément, ni à maître François ; un vieux poëte, adorateur de Platon, fou de Machiavel, entêté de Boccace, qui chérissait Homère et l’Arioste, oubliait de dîner pour Tite-Live, goûtait Térence en profitant de Tabarin, qu’une ode de Malherbe transportait presque à l’égal de Peau d’Ane, et dont l’admiration vive et mobile, comme celle d’un enfant, embrassait toutes les beautés, s’ouvrait à toutes les impressions, en recevait indifféremment du nord ou du midi, et trouvait place même pour le prophète Baruch, quand Baruch il y avait199.
L’aspect du ciel et de la terre, à toutes les heures du jour et de la nuit, réveille dans notre esprit diverses pensées ; et l’homme qui se laisse aller à ce que la nature lui inspire, éprouve une suite d’impressions toujours pures, toujours élevées, toujours analogues aux grandes idées morales et religieuses qui unissent l’homme avec l’avenir. […] La langue anglaise, quoiqu’elle ne soit pas aussi harmonieuse à l’oreille que les langues du Midi, a, par l’énergie de sa prononciation, de très grands avantages pour la poésie : tous les mots fortement accentués ont de l’effet sur l’âme, parce qu’ils semblent partir d’une impression vive ; la langue française exclut en poésie une foule de termes simples, qu’on doit trouver nobles en anglais par la manière dont ils sont articulés.
Le Romantique était poli ; il ne voulait pas pousser l’aimable académicien, beaucoup plus âgé que lui ; autrement il aurait ajouté : Pour pouvoir encore lire dans son propre cœur, pour que le voile de l’habitude puisse se déchirer, pour pouvoir se mettre en expérience pour les moments d’illusion parfaite dont nous parlons, il faut encore avoir l’âme susceptible d’impressions vives, il faut n’avoir pas quarante ans. […] Leur âme étant susceptible d’impressions vives, le plaisir peut leur faire oublier la vanité ; or, c’est ce qu’il est impossible de demander à un homme de plus de quarante ans.
Nul autre ne donnait une si grande impression de beauté, nul autre « n’avait la gueule construite pour mordre d’une façon aussi parfaite ». […] Voici comment elle nous définit Lucie Altimare, « l’aventureuse », la plus significative de ses héroïnes : « Au fond, un cœur froid et aride, sans une palpitation d’enthousiasme ; au-dehors une imagination trompeuse qui grandissait toute sensation, qui augmentait toute impression… Au fond, un manque absolu de sentiment ; au-dehors, des rêveries sur les nobles utopies humanitaires, des aspirations flottantes vers un idéal incertain. » Et on nous fait connaître longuement « l’artifice de sa personne, un artifice si naturel, si absolu, si complet, qu’il la trompait elle-même, en lui donnant une fausse sincérité ; en devenant son véritable caractère, son tempérament, son sang, ses nerfs ; en la persuadant de sa propre bonté, de sa propre vertu, de sa propre supériorité ».
On les lira encore quelque temps, puis ils tomberont des mains, ne laissant dans les esprits d’autre impression que l’impression du bruit qu’ils firent, et ce sera bientôt effacé !
Ou n’a pas oublié sans doute que les prétentions en présence sur cette question de l’enseignement, c’étaient, d’une part, l’innocuité morale, des classiques et leur convenance littéraire, et de l’autre, le danger auquel ils exposent de jeunes esprits qui prennent leurs premiers plis et reçoivent les terribles premières impressions de la vie, — terribles, car ce sont peut-être les seules qui doivent leur rester ! […] Naturalisme d’abord, scepticisme ensuite, toutes les influences qui sortent, pour l’enfant, des premières impressions littéraires, des premières ivresses de son imagination ravie, M.
C’est là une impression donnée avec une légèreté coupable, et qui, malheureusement, est dans les mœurs de ce temps-ci, que M. […] L’Aveugle (Homère), Le Mendiant (Lycus), la partie de l’œuvre intitulée les Églogues, frappèrent tout le monde à la tête, et la tête de presque tout le monde garda si bien l’impression du coup qu’aujourd’hui c’est s’aventurer que de dire tardivement et hardiment comme je le dis : le meilleur de la poésie d’André Chénier n’est pas là !
qui n’est presque jamais l’intérêt profond, passionné, à impression ineffaçable, que donnent les livres forts et grands ; mais il a cette fleur de l’amusement qu’on respire et qu’on jette aussi (rarement pour la reprendre) après l’avoir respirée ! […] Jusqu’à l’impression du chemin qu’on a fait et des endroits par où l’on a passé, tout s’efface.
Dans ce nouveau livre, en effet (un roman au lieu d’être un poëme), il s’agit du même terroir et du même ciel que dans Miréio, c’est-à-dire du Midi et de ses mœurs ardentes, saisies et reproduites avec une observation passionnée dans ce qu’elles ont de vivant encore, et jusqu’à ce jour d’inaliénable… Amour et souvenance de la patrie dont les premières impressions teignent à jamais le talent et teignent bien plus fort le génie, sentiment profond des poésies du sol, recherche de la vie où elle est, c’est-à-dire dans les classes populaires, plus près que nous de la nature, préoccupation des choses primitives que tous les jours, hélas ! […] On était en rivalité de tragédies, et dans ces luttes pacifiques on apportait la même passion que dans ces rixes terribles où, vingt ans auparavant, des villages entiers venaient offrir la bataille aux villages ennemis. » Or, à cette tragédie jouée à Montalric, il y avait, au milieu de la foule compacte, un homme qui assistait pour la première fois a cette solennité, et c’est de la rencontre et de la combinaison de la tête singulière de cet homme, simple potier-terrailler de son état, et de cette tragédie, dont l’impression le bouleversait, que va sortir tout le roman de M. de La Madelène.