. — Histoire des peintres, en coll. avec Ch. […] — Trésors d’art de la Russie (1860-1863). — Histoire de l’art théâtral en France depuis vingt-cinq ans (1860). — Le Capitaine Fracasse (1863). — Les Dieux et les Demi-dieux de la peinture, avec A. […] — La Nature chez elle (1870). — Tableaux de siège (1871). — Théâtre : Mystères, comédies et ballets (1872). — Portraits contemporains (1874). — Histoire du romantisme (1874). — Portraits et souvenirs littéraires (1875). — Poésies complètes, en 2 vol. (1876). — L’Orient, 2 vol. (1877). — Fusains et eaux-fortes (1880) […] Un homme dépourvu d’idées, de sensibilité, d’imagination, et qui n’aime pas le lieu commun, se mêle d’écrire, et écrit toute sa vie : cela n’est pas très rare ; mais il y réussit : cela est extraordinaire, ne s’est produit peut-être qu’une fois dans l’histoire de l’art, est infiniment curieux à étudier. […] Quelques mois avant sa mort, il écrivait encore, et ce qu’il écrivait avant de poser la plume pour jamais, c’était justement l’histoire de la première d’Hernani.
Mais l’autre avait tort aussi bien, et ses propres articles le condamnaient : sans doute la vie littéraire n’était pour lui qu’un prétexte à causeries d’histoire et mœurs, mais tout de même lui advenait-il de parler des livres et, bon gré mal gré, de les juger, soit de leur assigner non leur valeur absolue (ce qui n’a pas de sens), mais celle qu’ils prenaient à ses yeux. […] Brunetière se met à écrire avant que de sentir, et malgré la force de son intelligence, il est un critique pour l’histoire seulement, pour Bossuet, pour Massillon, non pour la littérature qui se vit, qui se fait, qui se sent dans son siècle. […] Ses lectures l’auront à point dégoûté de la badauderie des intrigues : il est bon de s’être diverti jeune à Ponson du Terrail pour se blaser par la suite aux complications feuilletonnées ; non que l’aventure et le romanesque n’aient leur prix, mais à condition qu’ils soient aventure et romanesque de personnages doués de caractère, d’histoires pourvues d’humanité, — et c’est la différence de Balzac à Gaboriau. […] Il y a un intérêt d’histoire littéraire à préciser le genre du talent, et, au besoin, le tour particulier du gâtisme des écrivains aimés du public. […] Brunetière est sage historien en traitant l’histoire littéraire à la manière de l’histoire sociale, et à la lumière de l’hypothèse évolutionniste, instrument actuel de pénétration et de progrès des sciences historiques, qu’aucune hypothèse préférable n’a jusqu’à cette heure rendue caduque.
Entrons maintenant dans l’histoire de son développement ; voyons par quels procédés des actions déterminées se lient à des sentiments déterminés, de telle façon que l’un plus tard puisse commander l’autre. […] Ajoutons que, suivant les habitudes de l’école éclectique, ce Traité a donné à l’histoire des théories une place si ample, que la partie dogmatique s’en trouve singulièrement réduite. […] Il est ce qu’il prétend être dans sa généralité — une histoire naturelle de l’esprit. […] Ce procédé abandonné depuis longtemps pour l’une avec un grand succès, on est en train de l’abandonner peu à peu pour l’autre ; et cette manière de traiter la psychologie comme une division de l’histoire naturelle, montre que l’abandon sera bientôt complet. […] Bain est d’une grande valeur C’est la meilleure histoire naturelle de l’esprit humain qui ait encore été produite, c’est la plus précieuse collection de matériaux bien élaborés.
L’histoire ne m’a offert qu’incertitude ; la physique que ténèbres ; la morale que vérités communes, ou paradoxes dangereux ; la métaphysique que vaines subtilités. […] L’histoire a été mon coup d’essai : j’en ai fait une ou je m’exprimais librement sur des personnes redoutables : car on m’avait assuré que les traits hardis étaient un moyen sûr de plaire. […] Peut-être auriez-vous raison de vous plaindre de l’incertitude de l’histoire, si elle ne devait pas être autre chose pour un philosophe que la connaissance aride des faits. […] Les journaux, j’en conviens, disent encore moins vrai que l’histoire ; mais soyez équitable ; n’avez-vous jamais rien donné dans vos écrits à l’amitié, à la reconnaissance, à l’intérêt, peut-être même à la haine ? […] Vous avez voulu faire une tragédie, et vous ignorez les passions ; une comédie, et vous ignorez le monde ; une histoire, et vous ne savez pas que lorsqu’on écrit l’histoire de son temps, il faut se résoudre à passer pour satirique ou pour flatteur, et par conséquent se préparer d’avance à la haine ou au mépris.
L’idée qui est en lui est le seul principe véritablement actif de l’histoire. C’est donc dans l’idée des grands hommes et surtout des grands philosophes qu’il faut étudier l’histoire. […] L’histoire, par exemple, peut-elle être une science au même titre que l’astronomie et la chimie ? […] Réduirez-vous l’histoire au positif, c’est-à-dire à l’écorce ? Renoncerez-vous au fruit, c’est-à-dire à la pensée, dont l’histoire n’est que la manifestation ?
Viollet-Le-Duc1, le possesseur spirituel et érudit de cette bibliothèque vient de publier un curieux volume d’histoire et de biographie littéraire encore plus que de bibliographie. […] Viollet-Le-Duc, qui dans sa jeunesse s’est essayé contre l’école alors régnante de Delille par un petit Art poétique qui parut une satire hardie, a depuis pris place parmi les érudits en vieille littérature par une très-bonne édition de Mathurin Regnier (1822) ; il y mit en tête, comme Introduction, une histoire de la Satire en France. […] La collection riche et complète qu’il avait su rassembler des poëtes de cette époque et de la suivante, dans un temps où la plupart étaient à peine connus de nom par les littérateurs même instruits, fournissait une base essentielle à une histoire de la poésie, et était déjà une partie de cette étude.
L’Histoire de la Baronne de Lus, les Confessions du Comte de ***, sont réellement des Ouvrages bien écrits, pleins d’esprit & de sagacité ; le dernier principalement passera pour un Roman original ; mais ses Ouvrages ne seront, après tout, que des Romans qu’on ne relit pas deux fois. […] L’Histoire de Louis XI est-elle destinée à un meilleur sort ? […] Quelque indulgence qu’on soit disposé à avoir pour cette Histoire, peut-on se dissimuler qu’elle n’ait une touche romanesque ?
Préface Les essais qui forment ce livre sont consacrés à six écrivains de nationalités diverses, introduits, accueillis et devenus célèbres en France pendant ces cinquante dernières années et qui marquent ainsi un des traits particuliers de l’histoire de notre littérature : l’influence qu’y ont exercée des auteurs étrangers de race, de langue, de tournure d’esprit à tout ce que l’on considère comme le propre du génie gallo-latin. […] Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant. […] C’est là toute l’histoire politique, guerrière, artistique, religieuse.
Ajoutons-y l’essentiel de l’histoire. Car le vrai roman est de l’histoire et, comme la poésie, « il est plus vrai que l’histoire même ». D’abord, il étudie en leur principe les idées et les sentiments humains, dont l’histoire n’est que le développement. […] Nous arrivons à l’ère des « histoires naturelles et sociales68. » III. […] Dans son Voyage en Italie, devant les chefs-d’œuvre des siècles anciens, Taine s’écrie » : Que de ruines et quel cimetière que l’histoire !
L’adversaire use du raisonnement et de l’histoire contre une croyance qui ne s’établit ni par l’histoire ni par le raisonnement. […] Ils expliqueront l’histoire des Juifs et du christianisme d’une manière aussi plausible et par des raisons aussi naturelles que le développement du polythéisme et l’histoire du peuple romain. […] Et quel écrivain plus que La Bruyère a besoin d’être commenté par l’histoire ? […] Ce long musée vous fait traverser en une demi-heure toute l’histoire. […] Guizot en histoire.
Rigault, même en le renfermant dans les termes de la seule littérature, est un des plus heureux et des plus féconds que l’on pût choisir, et son travail est devenu un livre qui offre le tableau complet d’un des épisodes les plus curieux de l’histoire de l’esprit. […] Ce sujet même de la querelle des anciens et des modernes, dès le premier moment où il s’est produit à l’état de question et où il est devenu un fait d’histoire littéraire, veut être exactement circonscrit. […] C’est l’histoire de cette insurrection qui constitue proprement l’épisode de la querelle des anciens et des modernes. […] Rigault annonce le dessein de traiter ce sujet de la théorie du progrès, l’histoire de la doctrine de la perfectibilité, dans un ouvrage ultérieur dont celui-ci ne serait que l’introduction. […] Rigault a conçu son travail à un point de vue plus étendu que je ne l’aurais fait moi-même : j’en aurais voulu faire, ce me semble, et si l’on me permet cette imagination bien facile après coup, un épisode distinct et tranché de l’histoire littéraire française, une pure et vraie querelle, une fronde en trois actes, avec une sorte d’intérêt et de gradation, avec début, milieu et fin, les complications étrangères y tenant moins de place, et les grands philosophes énigmatiques comme Vico ne faisant tout au plus que s’apercevoir à l’horizon ; car, dès qu’ils interviennent, ils écrasent un peu trop les nôtres.
Mme Émile de Girardin4 I Ce n’est pas la première fois qu’on lit le nom de Mme Émile de Girardin, dans cette histoire critique de la littérature au xixe siècle. […] Une femme seule pouvait nous donner ces feuilletons, qui feront certainement suite, dans l’histoire de la société française, aux lettres de Mme de Sévigné, cette feuilletoniste du grand siècle de Louis XIV, et déplier au regard qui craint qu’elles ne s’envolent ces fragiles peintures d’éventail On aura beau, par un tour de souplesse de l’imagination, se faire spirituel, dandy, Rivarol en habit violette expirante, grand seigneur, prince de Ligne, avec ses coureurs roses et argent, devant sa voiture rose, on n’arrivera jamais, si on n’est qu’un homme, à être le vicomte de Launay d’un siècle grave, par des choses que le siècle dédaigne ou n’aime plus, avec cette supériorité ! […] tout aussi bien que dans les livres de ces Messieurs, de la littérature, de la politique et de l’histoire. Seulement, nous l’avouons, nous, avec franchise, la femme de cette politique, de cette histoire et de toute cette littérature, quoiqu’elle soit protégée et même éclairée par la merveilleuse distinction de son être, par la formidable finesse de femme qui n’est jamais dupe des grosses choses du temps ; et quoiqu’elle sache très bien plonger toujours sa longue épingle au point juste où il faut la plonger, la femme nous plaît moins alors en ces sujets, et nous paraît beaucoup moins elle ! […] Jamais la plaisanterie dans le récit n’eut un accent plus vif, et jamais en racontant, le soir, l’histoire du matin, avec le ton d’une femme qui ne cherche pas d’effet, on ne mit plus d’imagination dans la gaieté.
Guy Livingstone est le frère du Giaour, de Lara, de Conrad le Corsaire, moins coupable sans doute que ces sombres figures de la Force blessée au cœur et qui continuent de vivre avec la fierté de la Force jusqu’au moment où, d’un dernier coup, Dieu les achève… C’est un héros de Lord Byron resté au logis (at home), dans son ordre social, qui a été très bon pour lui et qui lui a donné à peu près tout ce que l’ordre social peut donner : la naissance, la fortune, l’éducation, les relations, tout ce qui s’ajoute à la force individuelle dans un pays où l’ordre social est si bien fait qu’un homme s’y dira, avec la certitude qu’on n’a jamais ailleurs, dans les pêles-mêles que l’on prend pour les sociétés : « Je nais ici, et c’est là que je puis mourir. » Comme les héros de Lord Byron, Guy Livingstone est un de ces Puissants taillés pour l’Histoire, et qui les jours où l’Histoire se tait, — car il y a de ces jours-là dans la vie des peuples, — débordent de leur colosse inutile le cadre de la vie privée. […] Mais, excepté le rhapsode tremblant et débile de cette épopée de la force, il n’y a personne qui tranche en faiblesse sur cette force à outrance, et les femmes elles-mêmes s’y raccordent aux autres personnages de l’histoire avec la plus étrange vigueur. […] Guy Livingstone, ce Samson, victime de sa force comme l’autre Samson ; Guy Livingstone, ce dandy héroïque, qui efface d’un trait tous les dandys connus dans l’histoire des mœurs de l’Angleterre, finit par la douceur de l’humilité sous la plus mortelle injure, parce qu’il a promis à la femme qu’il a aimée et perdue d’être doux, et qu’il veut la revoir dans le ciel ! […] Rien de plus saisissant que cela, après une pareille histoire.
Le roman qu’il publie aujourd’hui, et qu’il intitule aussi « une histoire dalmate », rappelle par le titre le livre vanté, beaucoup trop vanté, selon moi : la Femme en blanc, de Collins. […] Il n’y prononce pas une seule fois le nom de « vampire. » Il a même des habiletés singulières pour nous voiler le dénoûment de cette histoire dalmate, dont le titre est une distraction et nous avertit trop : mais il n’en est pas moins vrai que La Dame au manteau rouge est une monstruosité à la façon de lord Ruthwen. […] C’est un esprit positif, qui a même la raillerie des esprits positifs, et qui, ne pouvant la mettre dans cette effroyable histoire de La Dame au manteau rouge, qu’il faudrait appeler La Buveuse de sang, l’embusque dans le titre des chapitres de cette histoire, et très-maladroitement, selon moi. […] Mais si, au lieu d’être une étude, une tentative consciencieuse d’art, le livre n’est plus qu’un parti pris, une mystification, une hypocrisie dans la redite de cette vieille histoire du Vampire, qu’on déguise en femme pour qu’on ne le reconnaisse pas et parce qu’on sait l’empire des femmes !
Comme les héros de lord Byron, Guy Livingstone est un de ces Puissants taillés pour l’histoire et qui, les jours où l’histoire se tait, — car il y a de ces jours-là dans la vie des peuples, — débordent de leur colosse inutile le cadre de la vie privée. […] Mais, excepté le rhapsode tremblant et débile de cette épopée de la force, il n’y a personne qui tranche en faiblesse sur cette force à outrance, et les femmes elles-mêmes s’y raccordent aux autres personnages de l’histoire avec la plus étrange vigueur. […] Guy Livingstone, ce Samson, victime de sa force comme l’autre Samson, Guy Livingstone, ce dandy héroïque, qui efface d’un trait tous les dandys connus dans l’histoire des mœurs de l’Angleterre, finit par la douceur de l’humilité sous la plus mortelle injure, parce qu’il a promis à la femme qu’il a aimée et perdue d’être doux, et qu’il veut la revoir dans le ciel ! […] Rien de plus saisissant que cela, après une pareille histoire.
Histoire d’un conscrit de 1813. […] Mais les détails de ce simple roman sont vrais comme l’histoire et mille fois plus vrais que les histoires de l’Empire, dont des hommes de grand talent flattent la gloire pour grandir leur héros. […] dit-il ; c’est donc vrai cette histoire ? […] C’est de l’histoire, nous vous renvoyons aux analystes des guerres de l’Empire. […] ne la cherchez dans aucune de vos histoires, mais dans le roman vrai d’Erkmann et Chatrian !
Mais, je le répète, il a de bons articles, et fort sensés, à propos de livres politiques et d’histoire, dont on cause et dont on disserte autour de lui. […] Thiers, de l’appeler « un Marco Saint-Hilaire éloquent. » Il a essayé, depuis, de réparer cela et de recouvrir ce mot malencontreux par de longs et vastes articles sur l’Histoire de L’Empire. […] Il a donné, depuis, un résumé de son enseignement, en publiant une Histoire de la Littérature française, Gautier, son maître. […] Le vieux comte de Ségur eut la satisfaction de voir nommer son fils, le général Philippe de Ségur, hautement désigné au choix de tous par l’éclatant et national succès de son beau livre de L’Histoire de la Grande-Armée en 1812. […] Histoire (composition et style historique).
Napoléon Peyrat et dans l’Histoire des Protestants de France de M. de Félice quelle était alors la condition de ceux qu’on appelait les Pasteurs du Désert. […] Cette histoire appartient à nos neveux… » Nous sommes de ces neveux ; répondons à son appel : soyons justes enfin, tâchons, s’il est possible, de nous montrer impartiaux et équitables, sans revenir à notre tour passionner et renflammer l’histoire à l’égal de la réalité. […] Il a ce que bien peu obtiendront, il a par là sa journée marquée dans l’histoire ; il a sa place parmi ces représentants plus généreux qu’expérimentés, prodigues d’eux-mêmes et des autres, qui durent tout improviser, tout organiser, et la victoire et jusqu’à la défaite, cette fois glorieuse ; dont les uns moururent en chargeant l’ennemi, comme Fabre ; dont les autres, comme Merlin de Thionville, figurent en artilleurs sur la brèche dans des défenses mémorables. Lui aussi il apparaît à son poste dans l’histoire, debout sur le tillac balayé de feux, et lançant la foudre, du vaisseau la Montagne. […] Jomini écrit ainsi le nom (Histoire critique et militaire des Guerres de la Révolution, tome V, page 284) ; Jean-Bon, dans ses comptes rendus des opérations, écrit également Vanstabel : M.
L’année 1789 arrive, et nous apporte les institutions nécessaires au développement de cette éloquence : et c’est un des faits considérables de l’histoire littéraire du temps. […] Mais elle se lie trop intimement à notre histoire politique, et l’on ne pourrait exposer les facultés oratoires des Constituants, des Girondins, des Montagnards, sans raconter toute la Révolution. […] Mais, séparée des faits de l’histoire, saisie seulement dans ses formes littéraires, l’éloquence révolutionnaire perd singulièrement de sa valeur. […] Elle se fût aussi plus facilement détachée de l’histoire : telle qu’elle est, elle a besoin d’être encadrée dans les circonstances, rapportée aux actions et aux intérêts qui lui ont donné lieu. […] Et ce qu’il a dicté à Sainte-Hélène, ce sont des mémoires oratoires ; ces récits de ses campagnes et de ses victoires sont de l’histoire tout juste comme le tableau de la politique athénienne dans le Discours pour la Couronne, de l’histoire arrangée pour persuader.
Histoire naturelle, traduite par M. […] J’ai là sur mon bureau des livres qui sont fort dignes qu’on s’en occupe et qu’on les recommande aux lecteurs studieux : et, par exemple, un Essai sur l’histoire de la critique chez les Grecs, dans lequel M. […] Outre sa grande Histoire naturelle, dans ses dernières années il avait écrit l’Histoire politique de son temps, en trente et un livres. […] On devine déjà ce que peut être l’Histoire naturelle, écrite par un homme dont c’est là la principale méthode. […] Il apprécie et définit Pline et ses caractères avec autant de précision qu’il en mettrait à décrire tout autre individu de l’histoire naturelle.
Je ne veux insister que sur quelques-unes des vues de M. de Laborde, ou, pour mieux dire, sur sa vue principale en ce qui touche à l’histoire de ces temps qu’il a étudiés de si près. […] Ravenel publiait, pour la Société de l’histoire de France, des Lettres de Mazarin, écrites, pendant sa retraite hors de France, à la reine, à la princesse Palatine, à d’autres personnes de sa confidence, et qui prouvent du moins que, dans un temps où il se rencontrait si peu de cœurs français parmi tant de factieux, il était encore le plus français de tous dans les vues de sa politique et de son ambition toute sensée. […] Bazin, dans les deux volumes qu’il a consacrés à l’Histoire de France sous le ministère du cardinal Mazarin, s’est attaché à dégager le récit historique des séductions qu’y avaient jetées les peintures du cardinal de Retz, et il l’a fait, même au risque d’y éteindre quelque peu la vivacité et l’intérêt. […] De plus, dans ce genre d’histoire, il n’est pas obligé de renoncer à ses passions, dont il se détache avec peine. […] Ces hommes qui ont le génie d’écrivain ont toujours, sans bien s’en rendre compte, une arrière-pensée secrète et une ressource dernière, qui est d’écrire leur histoire et de se dédommager par là de tout ce qu’ils ont perdu du côté du réel.
Charles Louandre, fils du savant bibliothécaire d’Abbeville, et les deux amis avaient projeté de concert une Histoire des Prédicateurs du Moyen-Age. Cette seule idée était déjà d’une vue pénétrante : c’était comprendre qu’une telle histoire présenterait beaucoup plus d’intérêt qu’on ne pouvait se le figurer au premier abord. […] XII. — GEOFFROY, ou la Critique pendant la Révolution et sous l’Empire. — Histoire du Journal des Débats. […] Après avoir été chargé quelque temps d’un cours d’histoire au collège de Charlemagne et à celui d’Henri IV, Charles Labitte avait été envoyé à la Faculté de Rennes par M. […] Suivre les phases diverses de la chaire à travers la Ligue, c’est comme qui dirait écrire l’histoire des clubs ou des journaux pendant la Révolution française, c’est à chaque moment tâter le pouls à cette révolution le long de sa plus brûlante artère.
C’est sous le règne de ce prince que se passe cette histoire. […] C’est là ma propre histoire. […] Quand elle a voulu toucher à l’histoire, qui est-ce qui a dit : « C’est de l’histoire ? […] En outre, la courte histoire de sa vie politique est devenue l’histoire des tracasseries littéraires de M. […] L’histoire des ouvrages de M.
C’est chez Walter Scott que nous avons appris l’histoire. Et cependant est-ce de l’histoire ? […] Il est dans l’histoire comme dans son château d’Abbotsford, occupé à disposer des points de vue et des salles gothiques. […] Ce poëme, qui est l’histoire d’une plante, est aussi l’histoire d’une âme, l’âme de Shelley, la sensitive. […] La critique arrive d’Allemagne, remanie la Bible, refait l’histoire du dogme, atteint le dogme lui-même.
En cas de nécessité, j’en ferais bien une petite histoire. […] Il n’a que vingt-neuf ans ; sa curiosité n’est pas encore beaucoup sortie du cercle des écoles, mais il en sait toutes les anecdotes, il en pourrait écrire la chronique, une petite histoire, non pas académique, non pas solennelle, mais recueillie oralement. […] Il est lui-même un original achevé, non pas un témoin d’histoire, mais une médaille de mœurs. […] Il y a dans toute cette querelle, et dans le fatras d’écritures qu’elle produisit, des choses fort curieuses et pour l’histoire de la médecine et pour l’histoire des journaux en France. […] Il vous eût été plus honorable de prendre la qualité d’historiographe, puisque Lucien veut et démontre qu’il appartient plutôt aux médecins à décrire les histoires qu’à d’autres.
Mon histoire dite, je recommence à raisonner, ou plutôt mon raisonnement est tout fait : chacun fera de lui-même la réponse. […] Deschanel, un esprit sincère, autrefois professeur distingué de rhétorique, qui, dans un livre ingénieux, plein de faits et de remarques, vient réclamer cette transformation de l’ancienne rhétorique en histoire et en observation naturelle. […] Havet pour l’histoire de la Littérature grecque ; M. […] Voilà ce qu’il prêche, ce qu’il distribue à ses auditeurs, des fragments d’histoire, des biographies de grands hommes. […] Les faits parlent, et l’histoire littéraire est là.
Il le fit avec assez de chaleur pour intéresser ses auditeurs et pour s’intéresser lui-même à cette histoire, dont il n’avait jusque-là rien dit à personne. […] L’histoire du Lépreux est donc véritable, comme l’est celle de la Jeune Sibérienne, que l’auteur avait apprise en partie d’elle-même, et comme le sont et l’auraient été en général tous les récits du comte Xavier, s’il les avait multipliés. Je lui ai entendu raconter ainsi la touchan histoire d’un officier français émigré, vivant à l’île de Wight, qu’il n’a pas écrite encore. […] Quoi qu’il en soit, c’était faire preuve d’un esprit bien subtil ou bien inquiet que de voir dans la simple histoire de ce bon Lépreux, à côté de passages reconnus pour touchants, beaucoup d’autres où respire une sorte d’aigreur farouche : voilà des expressions tout d’un coup extrêmes. […] On lira avec plaisir cette histoire, traduite par M.
Walter Scott déclare, pour son compte, qu’il ne sait point de plus intéressant ouvrage en toute la littérature anglaise que l’histoire du docteur Johnson par Boswell. […] De là, dans l’histoire de Corneille par son neveu, dans celle de Racine par son fils, mille ignorances, mille inexactitudes qui sautent aux yeux, et en particulier une légèreté courante sur les premières années littéraires, qui sont pourtant les plus décisives. […] Dans cette histoire, aussi bien que dans celle de Molière, M. […] Nous n’insisterons pas ici sur les détails de cette querelle, qui est un des endroits les mieux éclaircis de notre histoire littéraire. […] Ce morceau a été écrit à l’occasion de l’Histoire de la Vie et des Ouvrages de Pierre Corneille, par M.
Sa force est dans les histoires qu’elle raconte avec une connaissance achevée des moyens de toucher la fibre populaire. […] Il paraît que, pendant que madame Gros raconte ses histoires à ceux qu’elle appelle ses « brigands du dimanche », son auditoire est tout oreilles. […] « Je me livrais à la boisson, disait-il dernièrement à madame Gros, quand votre histoire m’a sauvé. […] — Il attend queje lui porte mes souliers ; je les lui porterai quand la leçon sera finie, et il entendra l’histoire. Dimanche ce sera son tour d’avoir la leçon, et moi j’aurai l’histoire. — Alors vous n’avez qu’une paire de souliers pour vous deux ?
Quelques mois après, l’abbé de Choisy, pour faire sa paix, offrait et dédiait à Louis XIV une Vie de David, puis une Vie de Salomon, avec toutes sortes d’allusions flatteuses et magnifiques ; et, en général, toutes les histoires qu’il composa depuis lors, soit celle de l’Église, soit celle de divers rois de France, paraissaient invariablement avec des dédicaces à Louis XIV, conçues en des termes où toutes les formes de l’idolâtrie sont épuisées. […] Histoire sacrée, histoire profane, historiettes morales ou de sainteté, peu lui importait ; il avait la plume toujours taillée et prête à tout. […] C’est bien lui qui, lorsqu’il eut terminé son Histoire de l’Église, en onze volumes in-4º, se prit à dire pour dernier mot : « Grâce à Dieu, mon Histoire est faite, je vais me mettre à l’apprendre. » De ses nombreux écrits que je ne songe même pas à énumérer, il n’en est qu’un seul qui mérite aujourd’hui d’être relu : ce sont ses Mémoires. […] Il ne se vantait pas qu’il écrivait ses Mémoires ; il était censé s’occuper des vieux âges de l’histoire de France, ou bien de l’histoire de l’Église, ne s’intéresser qu’au comte Dunois et à la belle Agnès, et les politiques ne se contraignaient pas devant lui. […] Sa vie elle-même a son coin dans l’histoire comme une des anecdotes les plus singulières du Grand Siècle.
Dans ce portrait et cette histoire de Sapho, qui se lit vers la fin du Grand Cyrus, elle marque à quel point elle en était pénétrée, et elle y apporte plus de nuances et de tact que de loin, d’après sa réputation, on ne lui en suppose. […] En le faisant, elle se flattait encore de concilier la fable avec l’histoire, l’art avec la vraisemblance : « Il n’est jamais permis à un homme sage, pensait-elle, d’inventer des choses qu’on ne puisse croire. […] Pour bien apprécier ses romans comme tels, il faudrait remonter aux modèles qu’elle s’est proposés et faire l’histoire de toute une branche. […] D’abord, on n’avait alors aucune idée véritable du génie des divers temps et de la profonde différence des mœurs dans l’histoire. […] Ses romans ont obtenu une vogue qui marque une date précise dans l’histoire des mœurs et dans l’éducation de la société.
En 1804, l’auteur d’une de ces Biographies universelles idiotes où l’on trouve moyen de raconter l’histoire de Calas sans prononcer le nom de Voltaire, et que les gouvernements, sachant ce qu’ils font, patronnent et subventionnent volontiers, un nommé Delandine, sent le besoin de prendre une balance et de juger Shakespeare, et, après avoir dit que « Shakespear, qui se prononce Chekspir », avait, dans sa jeunesse, « dérobé les bêtes fauves d’un seigneur », il ajoute : « La nature avait rassemblé dans la tête de ce poëte ce qu’on peut imaginer de plus grand, avec ce que la grossièreté sans esprit peut avoir de plus bas. » Dernièrement, nous lisions cette chose écrite il y a peu de temps par un cuistre considérable, qui est vivant : « Les auteurs secondaires et les poètes inférieurs, tels que Shakespeare », etc. […] Il vous montre une mère, Constance mère d’Arthur, et quand il vous a amené à ce point d’attendrissement que vous ayez le même cœur qu’elle, il tue son enfant ; il va en horreur plus loin même que l’histoire, ce qui est difficile ; il ne se contente pas de tuer Rutland et de désespérer York ; il trempe dans le sang du fils le mouchoir dont il essuie les yeux du père. […] À toutes ces profusions, analyse, synthèse, création en chair et en os, rêverie, fantaisie, science, métaphysique, ajoutez l’histoire, ici l’histoire des historiens, là l’histoire du conte ; des spécimens de tout : du traître, depuis Macbeth, l’assassin de l’hôte, jusqu’à Coriolan, l’assassin de la patrie ; du despote, depuis le tyran cerveau, César, jusqu’au tyran ventre, Henri VIII ; du carnassier, depuis le lion jusqu’à l’usurier. […] Et cette antithèse, d’où sort l’antiphrase, se retrouve dans toutes les habitudes de l’homme ; elle est dans la fable, elle est dans l’histoire, elle est dans la philosophie, elle est dans le langage. […] Un curieux genre pudibond tend à prévaloir ; nous rougissons de la façon grossière dont les grenadiers se font tuer ; la rhétorique a pour les héros des feuilles de vigne qu’on appelle périphrases ; il est convenu que le bivouac parle comme le couvent, les propos de corps de garde sont une calomnie ; un vétéran baisse les yeux au souvenir de Waterloo, on donne la croix d’honneur à ces yeux baissés ; de certains mots qui sont dans l’histoire n’ont pas droit à l’histoire, et il est bien entendu, par exemple, que le gendarme qui tira un coup de pistolet sur Robespierre à l’Hôtel-de-Ville se nommait La-garde-meurt-et-ne-se-rend-pas.
Tel qu’il est, ce précis d’Histoire contemporaine, dans sa spécialité nettement circonscrite, est une œuvre séduisante. […] André Lebey s’apparentent mieux à l’histoire. […] Charles Foleÿ (Écho de Paris), plus intéressé par les travaux de philosophie et d’histoire que par les romans, M. […] André Lebey s’applique à la biographie exacte du Connétable de Bourbon, à l’histoire de Napoléon III ou aux avatars du Condotierre Castruccio Castracani ; M. Henri d’Alméras s’adonne aux romans de l’histoire (Émilie de Sainte Amaranthe, Cagliostro, Fabre d’Églantine, Les Dévotes de Robespierre, Le Marquis de Sade).
Plus rien du civilisateur, du grand rêveur politique, du constructeur d’histoire. […] Abel Lefranc en a fait, l’an dernier, une histoire très exacte). […] Racine songea : « Vous voulez de l’histoire, et notamment de l’histoire romaine ? […] Ignoraient-ils l’histoire du sacrifice d’Abraham ? […] De la terrible histoire il fait une espèce de petit roman bourgeois.
Rollin, dans les nombreux morceaux traduits en ses histoires, nous semble le type de cette manière simple, facile et agréable, quoique faible. […] Burnouf va faire pour Tacite, à en juger par les deux livres des Histoires qu’il vient de publier. […] Le culte d’admiration qui environna au XVIIIe siècle l’historien de Néron et de Tibère amena dans la lice des émules plus dignes de lui ; mais ils n’y tinrent pas longtemps : d’Alembert se borna à des morceaux de choix ; Rousseau n’acheva que le premier livre des Histoires, et il avoue qu’un si rude jouteur l’eût bientôt lassé. […] En examinant sous le rapport du style ce premier livre des Histoires, traduit par l’illustre auteur, nous l’avons trouvé plus digne qu’on ne croit de Tacite et de lui, par le ton libre et ferme qui y respire, et je ne sais quelle séve de grand écrivain qui y circule ; on sent qu’il y traite son émule d’égal à égal, et que même, au besoin, il s’inquiète assez peu de le brusquer.
Mais, en somme, cette dernière portion de l’histoire est plutôt médiocre que détestable ; l’on peut même en retirer quelques notions nouvelles sur la diplomatie anglaise et les diverses négociations auxquelles elle eut tant de part. […] Cependant, comme l’auteur d’Ivanhoë et des Puritains l’est aussi de cette déplorable histoire, nous étions ramené sans cesse et involontairement à nous expliquer cette singulière communauté d’origine autrement que par les préjugés nationaux et la rapidité du travail. Et nous nous disions : Si, au lieu d’une Vie de Napoléon Bonaparte, Walter Scott avait eu l’idée d’écrire un roman historique où ce personnage eût joué un rôle, s’il avait saisi cette occasion pour peindre des scènes de la Révolution française et pour montrer en action quelques-uns des caractères principaux qui s’y rencontrent, il eût fait un ouvrage plus intéressant à coup sûr que son histoire, mais également plein de vues fausses, de descriptions superficielles, et de portraits de fantaisie : et pourtant Walter Scott a eu sur cette période contemporaine autant et plus de renseignements que sur les époques d’Ivanhoë, de Quentin Dthrward, d’Élisabeth, de Cromwell et des Puritains. […] Entendu de cette façon, il nous semble que le talent fécond, brillant et pittoresque de Walter Scott, abordant le genre austère de l’histoire, a bien pu s’égarer, comme il l’a fait, à la merci de passions mesquines et de préjugés aveugles ; égarement miraculeux et de tout point incompréhensible, si l’on reconnaît à l’auteur cette intelligence profonde des époques et ce sens historique pénétrant dont on l’a jusqu’ici trop libéralement doué.
C'est un chapitre de l’ouvrage qui paraît en même temps : Histoire de la littérature française ; les deux premiers volumes sont en vente. […] Villemain en effet ne forment pas une histoire littéraire complète, et M. […] » Thiers, indigné de ce débordement, disait l’autre jour que s’il n’était pas lié par des traités pour cette histoire à écrire, il briserait sa plume de dégoût et de honte, de voir la littérature descendue si bas.
La pièce est bien, elle est conduite conformément à l’histoire, et raisonnablement ; il y a d’assez beaux vers et il n’en est pas qui choquent ; la couleur locale, les apostrophes aux dieux lares, les allusions aux coutumes romaines, la farine et le miel, l’orge et le sel, tout cela est assez à point employé ; mais ce qui donne le caractère dramatique, c’est l’accent de mademoiselle Rachel en deux ou trois moments, c’est son attitude simple, noble, virginale, dans toute la pièce ; elle est belle comme certaines figures des vases antiques. — Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que toute cette couleur d’André Chénier romain, où la scène se retrempe et rajeunit tant bien que mal sa teinte en ce moment, a été pour la première fois essayée et appliquée par un poëte peu connu, M. […] Alors en effet on se plaisait à concevoir une sorte de drame à la fois réel et idéal, qui reproduirait avec étude et fidélité les mœurs et les personnages de l’histoire, y associerait les passions éternelles de la nature humaine, et ferait parler le tout d’un ton plus simple et plus sincèrement poétique à la fois qu’on n’avait osé jusqu’ici. […] La critique, pendant tout ce temps-là (je parle de la critique qui compte) ; faisait son office avec zèle et courage ; elle s’attachait à réfuter les sottes querelles des adversaires, à démontrer qu’il y avait quelque chose de possible en dehors de l’ancien système, que le siècle devait avoir son drame à la scène comme il l’avait eu dans l’histoire.
Michelet (il nous l’a dit) a voulu faire de l’histoire, non une narration comme Augustin Thierry, non une analyse comme M. […] Ces sciences conjecturales, ces sciences à demi occultes sont-elles donc devenues comme la seconde vue de l’histoire ? […] Michelet a eu d’admirables pages dans ses autres livres, dans celui du Peuple, dans celui du Prêtre, dans son Histoire de la Révolution (au tome premier, par exemple, la terreur des campagnes), s’il a eu des pages qu’une fois lues on retient à jamais, il en a de charmantes dans ce volume même.
Son nom peut servir à deux époques différentes dans l’Histoire, chez notre Nation : au développement de la Philosophie, & à la corruption du goût. […] C’est ce qu’il est facile de remarquer dans son Livre sur la Pluralité des Mondes, dans son Histoire de l’Académie des Sciences, & dans les Eloges qu’il a faits de plusieurs Académiciens. […] L’Histoire de l’Académie, aussi bien que les Eloges des Académiciens, forment une espece d’Encyclopédie, où tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une manière conforme à leur objet.
Mais, selon nous, la division du travail ainsi appliquée à l’Histoire est funeste. […] … Dans l’esprit humain et dans l’Histoire, qui est la glace de l’esprit humain, mais une glace où les traits restent au lieu de passer, rien n’est isolé, tout se tient, tout s’enchaîne, et le devoir de l’historien est de montrer ces enchaînements, ces jointures, ces articulations, qui constituent l’ensemble de l’Histoire et de son unité.
Pour déterminer les commencements de l’histoire universelle, antérieurement au règne de Ninus d’où elle part ordinairement. […] Ainsi par le simple secours de l’intelligence, et sans avoir besoin de celui de la mémoire, qui devient inutile lorsque les faits manquent pour frapper nos sens, nous avons rempli la lacune que présentait l’histoire universelle dans ses origines, tant pour l’ancienne Égypte que pour l’Orient plus ancien encore. […] Voilà pourquoi l’histoire universelle a tiré si peu d’avantages pour éclairer son origine et sa suite du génie admirable et de l’étonnante érudition de Pétau et de Joseph Scaliger.
Après avoir observé dans ce Livre comment les sociétés recommencent la même carrière, réfléchissons sur les nombreux rapprochements que nous présente cet ouvrage entre l’antiquité et les temps modernes, et nous y trouverons expliquée non plus l’histoire particulière et temporelle des lois et des faits des Romains ou des Grecs, mais l’histoire idéale des lois éternelles que suivent toutes les nations dans leurs commencements et leurs progrès, dans leur décadence et leur fin, et qu’elles suivraient toujours quand même (ce qui n’est point) des mondes infinis naîtraient successivement dans toute l’éternité. À travers la diversité des formes extérieures, nous saisirons l’identité de substance de cette histoire.
« L’histoire romaine à Rome », disait J. […] L’histoire est, me dira-t-on, fort estimée de l’Encyclopédiste. […] Son maître en cela fut Thiers, qui reste, pour longtemps, le modèle même de l’histoire administrative et de l’histoire militaire. […] D’hier Victor Hugo est entré dans l’histoire. […] Sans eux, comme l’histoire, l’histoire littéraire n’est qu’une sorte de poussière impalpable.