On veut de l’amour, quelque bon chrétien que l’on soit… Telle est la corruption du genre humain ! […] Ce genre est réprouvé de l’école de Voltaire, parce qu’on ne peut s’y soutenir que par une force extraordinaire de génie. […] A quel genre appartient cet ouvrage ? […] Le génie de Corneille a créé en France ces deux genres, et c’est chez les Espagnols qu’il en a puisé l’idée. […] Le sujet de Pompée est héroïque et pathétique tout à la fois ; il émeut le cœur, il élève l’âme ; il a tout l’agrément que doit avoir un sujet de tragédie : il est aussi agréable dans le genre pathétique, que le sujet du Menteur dans le genre comique.
La critique spontanée me sourit peu, et dans ce sentiment, j’hésitais fort à me livrer à ce genre d’occupation. […] Ce n’est ni l’un ni l’autre, et ce pourrait être en même temps une synthèse de tous ces genres. […] On sait que Marat lui-même écrivit un roman pastoral dans le genre de Jean-Jacques, au cours duquel il se montrait d’une si étonnante candeur d’âme. […] J’avoue aimer infiniment des œuvres dans le genre de la Vocation et du Carillonneur. […] Nous avons connu des prédicateurs mondains dans le genre de M.
En France nous avons des Académies florissantes en tout genre, tant à Paris que dans d’autres villes. […] Les définitions doivent être claires, précises, et aussi courtes qu’il est possible ; car la brièveté en ce genre aide à la clarté. […] Cependant comme une réforme en ce genre serait fort à désirer, je crois qu’on ferait bien de joindre à l’orthographe convenue de chaque mot, celle qu’il devrait naturellement avoir suivant la prononciation. […] Cicéron, qu’on regarde comme le modèle de la bonne latinité, a écrit différents ouvrages, dans lesquels, ni les expressions ni les tours n’ont dû être de la même nature et du même genre. […] Voltaire est presque le seul de nos grands poètes dont la prose soit du moins égale à ses vers ; cette supériorité dans deux genres si différents, quoique si voisins en apparence, est une des plus rares qualités de ce grand écrivain.
Le recueil intitulé la Lyre et l’Épée le transporta ; il eut l’idée de s’enrôler à la suite dans le même genre, et il composa à son tour un petit poëme sur la vie de soldat. […] Mais vous, jeunes gens, vous pouvez dire s’ils ont pour vous de la valeur, et s’ils présentent quelque intérêt, à notre point de vue littéraire actuel. » On voit, dès les premiers jours, le genre d’emploi qu’il assignera à Eckermann et la fonction que celui-ci exercera auprès de lui. […] Énumérons un peu : — Riemer, bibliothécaire, philologue, helléniste : avec lui Gœthe revoit ses ouvrages au point de vue de la langue et cause de littérature ancienne ; — Meyer, peintre, historien de l’art, continuateur et disciple de Winckelmann : avec lui, Gœthe causera peinture et se plaira à ouvrir ses riches portefeuilles où il fait collection de dessins et de ce qui est parfait en tout genre ; — Zelter, musicien : celui-là est à Berlin, mais il ne cesse de correspondre avec Gœthe, et leur correspondance (non traduite) ne fait pas moins de six volumes ; Zelter tient Gœthe au courant des nouveautés musicales, des talents et des virtuoses de génie, et, entre autres élèves célèbres, il lui envoie un jour Mendelssohn, « l’aimable Félix Mendelssohn, le maître souverain du piano », à qui Gœthe devra des instants de pure joie par une belle matinée de mai 1830 ; — puis Coudray encore, un architecte, directeur général des bâtiments à la cour. […] Combien d’esprits et de talents poétiques, dans le temps de la vogue des tragédies ou des poëmes descriptifs, s’y sont épuisés, qui auraient pu toucher ou plaire dans des genres moindres et plus vrais ! […] Combien de charmants livres de poésie, et dans des genres non conventionnels, on aurait ainsi !
Cette étoile lui reste au front et décide souvent de ses mœurs, ou tout au moins de son ton, de son genre. […] Le salon de Mme de Lambert se ressentait fort du genre fin mis à la mode et autorisé par La Motte et Fontenelle. […] N’oublions pas la femme du peuple, la femme des halles alors si caractérisée, le genre poissard. […] Mais parmi la centaine de portraits de tout genre tracés ou esquissés par MM. de Goncourt dans ce volume si plein, il en est un d’un caractère plus sérieux, plus digne, et qu’ils ont très-bien senti, celui de la femme qui peut-être résume le plus complètement en elle l’esprit et le ton du xviiie siècle classique, dans tout ce qui tient à l’ancien régime et qui périt avec cette société, à la veille de 89 : je veux parler de la maréchale de Luxembourg, cet arbitre souverain de l’usage et de la politesse, cette Mme de Maintenon, moins prude et moins confinée à son cercle que l’autre fée, mais qui, comme elle, tient la baguette et marque nettement la fin d’une époque. […] Dans une lettre écrite de Paris au poète Gray (25 janvier 1766), lettre toute émaillée de portraits et qui fait songer à la galerie de la Fronde de Retz, ou plutôt encore aux portraits de haute société de Reynolds et de Gainsborough, après avoir peint de sa touche la plus vive la duchesse de Choiseul et sa belle-sœur, la duchesse de Grammont, et bien d’autres, il continuait ainsi : « Je ne puis clore ma liste sans y ajouter un caractère beaucoup plus commun, mais plus complet en son genre qu’aucun des précédents, la maréchale de Luxembourg.
Le premier Recueil de ce genre dont on ait gardé souvenir était celui que Méléagre avait désigné du nom de Couronne, et qu’il avait tressée en effet de mille fleurs. […] Il y en a aussi d’héroïques et de grandioses ; car le genre de l’épigramme, il faut bien le savoir, n’est pas un genre de décadence ; il a été perpétuel en Grèce et a commencé dès le jour où l’on a eu une inscription à tracer en l’honneur des dieux ou des héros. […] C’est pourquoi ne point fuir le doux désir, mais le poursuivre, c’est ce que je dis à tous : l’Amour est la pierre à aiguiser de l’âme. » D’autres épigrammes (et il en est de très belles en ce genre) sont pour décrire des tableaux ou des statues. […] Il en a, je l’ai dit, dans presque tous les genres que comprend l’Anthologie.
L’Antiquité grecque et latine avait trouvé dans tous les genres les belles formes, les moules admirables, des modèles qu’une fois ressaisis, on ne perdait plus de vue et qu’on révérait sans cesse. […] Il ignore ce que nos jeunes savants appellent aujourd’hui « la belle langue du xiiie siècle », cette langue si délitable, si en usage et en faveur dans tout l’Occident, et qui, vers le temps de saint Louis, était peut-être plus voisine d’une certaine perfection dans son genre que cette même langue, remise en mouvement et en fusion, ne l’était au xvie siècle. […] N’affectons pas trop de dédaigner, même en nous en dispensant, ce genre qui a été cher et utile à nos pères. […] Il apostrophe le poète nouveau ; il lui ordonne de sortir des chemins battus, de pendre une bonne fois au croc toutes ces vieilles formes, ces défroques de poésies surannées et usées, qui sentent le siècle du bon roi René, et de mise tout au plus pour les Jeux floraux ou, comme nous dirions, pour l’Almanach des Muses ; il le convie aux genres élevés, à l’ode conçue à l’antique, à la satire entendue moralement, aux « plaisants » épigrammes (épigramme était alors masculin), au sonnet d’invention italienne et alors tout neuf chez nous, à l’églogue d’après Théocrite et Virgile, ou même à l’exemple de Sannazar. […] Parmi les genres qu’il conseille, Du Bellay ne pouvait omettre le « long poème françois ».
Ampère nous est revenu un historien littéraire de plus en plus consommé et enrichi ; dans ce genre élevé et combiné tel qu’il l’embrasse, il nous a rendu et nous rend incessamment ce que lui seul pouvait faire. […] Béranger d’abord ne se croyait pas fait pour la chanson ; il cherchait la grande poésie dans les genres réputés nobles ; s’il s’essayait dans le refrain, c’était sans but et par délassement. […] En effet, un grand nombre des vrais précédents de l’époque et du goût Louis XIII en littérature sont aux iiie et ive siècles de la Gaule romaine, comme les précédents naturels du goût et du genre Louis XIV sont plutôt à l’époque d’Auguste. […] Le Panégyrique de Trajan, cette grande gloire littéraire si chère aux âges de décadence, offrait au palais, pour les avocats Arnauld et Le Maître, le sublime du genre démonstratif, tout comme, pour les rhéteurs gaulois, Pacatus, Eumène ou Nazaire ; dans les harangues de présentation au parlement, on ne s’attachait à rien tant qu’à reproduire emphatiquement ce modèle oratoire. […] Ce qu’en partant communément de Louis XIV et en remontant aussi haut qu’on le pouvait, on proclamait çà et là, dans les divers genres, comme des points extrêmes et des limites littéraires, n’est plus, dans la vraie perspective où il se place, qu’une suite, un rameau plus ou moins renaissant des mêmes branches, un chaînon plus ou moins brillant d’une même loi.
C’est ainsi depuis longtemps dans les plus petites comme dans les grandes choses : Dufreny, avant Wathely, avait déjà tenté le genre des jardins dits anglais, qu’on a repris ensuite de l’Angleterre, tout comme Beaufort ou Pouilly nous est revenu par Niebuhr, comme le rationalisme de Richard Simon nous revient par Strauss. […] Comme goût, même dans ce genre spécial, j’aimerais parfois un peu moins de luxe d’érudition en certaines parenthèses, qui font trop souvenir l’irrévérencieux lecteur de ce joli mot de Bonaventure Des Periers : « Que, comme les ans ne sont que pour payer les rentes, aussi les noms ne sont que pour faire débattre les hommes. » Enfin on se passerait très-bien çà et là de quelques petits mouvements comme oratoires, qui sortent de l’excellent ton critique, et qui semblent dire avec Scipion : Montons au Capitole ! […] Allez aux grands noms, aux pics éclatants ; laissez ces bas-fonds et ces marnières. » Mais il ne s’agirait pas ici de réhabiliter des noms ; les noms en ce genre sont peu ; les hommes y sont médiocrement intéressants d’ordinaire, et même les personnes morales s’y trouvent le plus souvent gâtées et assez viles ; il s’agirait de relever des idées et de prendre les justes mesures des choses autour des œuvres qu’on admire. Quand on a vécu très au centre et au foyer de la littérature de son temps, on comprend combien, en ce genre d’histoire aussi (quoiqu’il semble que là du moins les œuvres restent), la mesure qui ne se prend que du dehors est inexacte et, jusqu’à un certain point, mensongère et convenue ; combien on surfait d’un côté en supprimant de l’autre, et comme de loin l’on a vite dérangé les vraies proportions dans l’estime. […] ne nous exagérons rien ; si la tâche s’allonge, elle se simplifie aussi avec le temps : combien peu de gens, d’ici à quelques années, seront encore à même de contrôler et de contredire en ce genre l’approximatif de nos travaux !
L’abus violent qu’on a fait de certains dons, la volonté ambitieuse et bruyante qu’ont marquée certains esprits de conquérir, d’afficher du moins ce qu’ils n’avaient pas naturellement, la perturbation qui s’en est suivie dans les genres les plus graves, bien des circonstances contribuent aujourd’hui à donner un prix tout nouveau et comme un attrait particulier à ces physionomies d’écrivains calmes, modérées, ingénieuses, à ceux qui ont uni l’élévation ou la distinction de l’idée à la discrétion du tour, qui, en innovant quelque peu à leur moment, n’ont détruit ni bouleversé les grandeurs et les vérités existantes, qui se sont mûris à leur tour dans des applications diverses, et ont su imprimer à l’ensemble de leur vie et de leur œuvre la règle souveraine de la bienséance et une noble unité. […] M. de Barante, dès son premier coup-d’œil, s’était montré choqué des abus de la méthode dite philosophique en histoire ; il fut conduit au désir d’en purger absolument le noble genre, et de lui rendre, s’il se pouvait, son antique sincérité. […] En venant plaider dans sa préface contre l’histoire officielle et oratoire, il n’a jamais demandé, il n’a pu demander que l’histoire vraiment philosophique fût supprimée ; il n’a pas dit, à le bien entendre, il n’a pas cru que l’histoire morale, celle des Tacite, des Salluste et des grands historiens d’Italie, dût cesser d’avoir ses applications diverses, surtout à des époques moins extérieures et plus politiques, aux époques d’intrigue et de cabinet : mais, ce jour-là, il demandait pour le genre qui était le sien, pour cette méthode appliquée une fois à une époque particulière qui y prêtait, il demandait place au soleil et admission légitime, et, en homme d’esprit, il a trouvé à ce propos toutes sortes de raisons et de motifs qu’il a déduits ; et il en a su trouver un si grand nombre là même où l’on s’était dit qu’il y avait objection, qu’on a pu croire que les conclusions chez lui dépassaient le but. […] Il n’en restera pas moins vrai en principe que, puisqu’après tout l’historien fait toujours quelque peu l’histoire, soit qu’il articule à l’occasion ses pensées, soit qu’il se borne à extraire, à disposer les faits de manière à produire indirectement l’effet qu’il désire, il n’y a pas lieu, dans le champ ordinaire de ce noble genre, à tant de scrupule artificiel, à tant d’effacement de soi, à tant de confiance surtout en la réflexion du lecteur. […] Enfin la campagne qui se termina à la bataille de Nancy, et qui forme la troisième période de la guerre de Bourgogne, cette expédition dans laquelle le duc de Lorraine recruta dans les cantons, moyennant solde fixe, les hommes d’armes de bonne volonté, ne fut à aucun titre une guerre nationale, pas plus que toutes celles du même genre où les troupes suisses capitulées ont figuré depuis.
De quel genre te faire, équivoque maudite Ou maudit ? […] En ce genre Boileau a des sonorités qui sont de vraies trouvailles. […] On peut trouver le génie de Boileau étroit, incomplet : il lui reste d’avoir été unique en son genre au temps où il vivait. […] Surtout il se crut obligé de s’enfermer dans un genre défini : et n’ayant aucun sentiment naturel qui le tournât vers une partie plutôt qu’une autre de l’éloquence et de la poésie, il se fit satirique, sans indignation et sans malignité : de là la morosité des Satires, caractère littéraire qui ne représente pas du tout le naturel de l’homme. […] Puis la littérature n’avait en vérité à présenter rien de pareil aux Épîtres ; quant aux Satires, elles pouvaient passer pour les chefs-d’œuvre du genre, quand on les comparait aux pièces de Courval-Sonnet et de Du Lorens, et des autres dont on ne sait même plus les noms aujourd’hui.
Au moyen âge appartiennent certains genres que cultive la reine Marguerite, les mystères, moralités, farces ; certaines formes d’idées et de composition, les abstractions, les allégories, les constructions, si j’ose dire, massives et subtiles ; certaines doctrines, la galanterie logique et chevaleresque ; un certain extérieur enfin, une certaine attitude et démarche de l’œuvre, je ne sais quelle raideur encore gothique, une héraldique complication de lignes entortillées sans souplesse. […] Cela ressort aussi de l’examen de ses œuvres : on y trouve des ballades, des chants royaux, des rondeaux, des chansons, des poèmes allégoriques, genres du moyen âge ; le coq-à-l’àne qu’il invente procède des fatrasies, qui sont du moyen âge aussi. […] L’élégie, l’églogue, l’épitre, l’épigramme sont des genres antiques. […] Ce que la poésie de circonstance a de plus léger, voilà son genre : des étrennes, des vers de mascarade et de ballet, des inscriptions à mettre sur des luths, sur des boites, pour des cadeaux. […] Cf. des traits de ce genre : « Un tout seul pour qui seul j’étais une me fut ôté », etc.
En publiant à la suite de cette traduction ce qu’il y ajoutait de son fonds, d’après des modèles pris dans sa nation, il faisait voir, par la comparaison, que notre littérature était mûre pour ce genre d’écrits. C’est à lui, en effet, qu’il faut faire honneur d’avoir su le premier présenter la morale sous la forme d’un genre ou d’un art. […] Je ne les note point comme des progrès du bien au mieux dans un genre, mais comme des beautés d’un même fonds, dont aucune ne fait ombre à l’autre. […] La Bruyère n’arriva pas tout d’abord à cet ensemble de convenances qui constitue un genre, et il y arriva guidé par ce même public qui lui fournissait la matière de son livre. […] Ainsi, pour La Bruyère, moraliste et peintre de portraits, cette variété, cette finesse, cette originalité des formes, dont parle Suard, seront, si je puis parler ainsi, les qualités du genre.
D’heureux génies travaillaient la langue et l’illustraient de chefs-d’œuvre en tout genre. […] « Il est bien aisé d’être fécond, lui disait son adversaire, quand on ne fait que copier ; tout le monde en peut faire autant. » Non, cela n’était pas si aisé, et la preuve c’est que personne autre que Rollin ne réussissait alors à le faire ; car, tout en copiant et en traduisant, soit dans les termes mêmes, soit dans les liaisons qui joignaient les passages d’emprunt, Rollin y mettait de son propre esprit et de son âme ; un courant de bon sens et de bonté s’y faisait sentir, et animait cet ensemble qui devenait agréable et plus neuf que ce qu’on avait vu jusqu’alors en ce genre. […] Les Histoires de Rollin ont été dans le temps un service et un bienfait du même genre ; à mesure qu’il les composait, l’auteur découvrait en lui et déployait aux yeux de tous un véritable talent d’ampleur, de développement et de récit, qui s’est soutenu jusqu’à la fin, et qui a charmé le public durant bien des années. […] Il les avait fait instruire par les plus habiles maîtres en tout genre, n’épargnant pour cela aucune dépense, quoiqu’il n’eût qu’un bien très médiocre… L’union intime de notre Scipion avec Polybe acheva de perfectionner en lui les rares qualités qu’un heureux naturel et une excellente éducation y faisaient déjà admirer… Cette allusion, sur laquelle insistait Rollin, avait pour but de déterminer le duc d’Aremberg à augmenter les appointements d’un très bon précepteur, M. […] Il en est de même de ce qu’ont donné les plus habiles gens dans chaque genre, sur la botanique, l’anatomie des plus petits insectes, les coquillages de mer, etc.
Toute sa vie, dans tous les domaines de son activité, il s’est tenu au carrefour de deux routes, à l’angle de deux directions cardinales, il a oscillé entre le judaïsme, le christianisme et une sorte de paganisme poétique ; entre la France et l’Allemagne ; entre tous les genres, en prose et en vers. […] Que l’on ajoute à cette beauté des poèmes les nobles mélodies dont les ont ornés Schumann et d’autres, ces récitatifs lyriques qui font retentir et vivre les mots, les accentuent et les cadencent sur des lèvres humaines, et l’on pourra sentir par quel charme la chanson allemande demeure un genre populaire et exquis, comment elle est la poésie lyrique la plus vivace de toutes les littératures, la seule qui ait renoué avec la musique son ancienne alliance naturelle et profitable. […] Ce qui est constitutionnel dans Heine, c’est l’instabilité des sentiments et des sensations, une instabilité qui rompt la suite de ses moindres poèmes, qui le fait terminer une pièce triste par une gambade, et une épigramme par un sanglot, qui le pousse dans tous les genres, dans toutes les opinions, dans toutes les liaisons, et du salon de Rahel Lewin dans le mariage d’une grisette à peu près nulle. […] III Nous sommes au terme de notre analyse ; que l’on prenne les influences successives, nationales et esthétiques auxquelles Heine s’est soumis, que l’on considère la diversité de ses inspirations, des genres qu’il a cultivés, des facultés qu’il a exercées, le trait marquant de son organisation mentale s’accuse en une sorte d’instabilité naturelle qui fit passer le poète par toute la succession des humeurs ; de la gaieté à l’ironie, de l’ironie au désespoir, et cela sans cesse, avec une singulière rapidité. […] Par une décadence de ce genre, il est probable qu’en Henri Heine, le spéculatif, mort en 1856, était tout pareil au judaïsant de 1823, tandis que le poète, par un effet inverse du même principe de psychologie, conservait intact et vivace son génie, jusqu’aux portes du tombeau.
On ne doit donc plus s’étonner de cette confusion des genres, cause première de notre décadence générale, Encore ne faudrait-il point nous abuser sur les mots. […] Dans la hâte de tout savoir et de tout comprendre, on aboutit à l’abâtardissement unanime des genres. […] C’est que former son talent compte aujourd’hui pour peu de chose ; c’est un génie qu’il faut être d’emblée, et le préjugé court qu’un génie est nécessairement un esprit indompté, tumultueux, semblable aux éléments déchaînés, de préférence un peu fou… « Ce que je regrette aujourd’hui, c’est qu’aucune voix ne soit assez forte ou assez autorisée pour rétablir un peu d’ordre dans la confusion générale, remettre la littérature à sa place, et dans la littérature, apprendre, sans pédanterie et avec le ton persuasif d’une belle foi d’artiste, à discerner la beauté propre à chaque genre. » De cette confusion, la responsabilité se répand de Victor Hugo à M. […] De la philosophie, la contagion s’étendait à toute la littérature, roman, poésie, théâtre, et aux genres mêmes dont la définition répugne le plus au dilettantisme, tels que la critique. […] Ce genre un peu spécial de classicisme qui n’est ni celui de Bossuet, ni celui de Racine, ni celui de Fromentin, a son origine dans l’œuvre du plus grand poète européen : Frédéric Mistral.
Voilà un genre de peinture où il n’y a proprement ni unité de temps, ni unité d’action, ni unité de lieu. […] Le genre de bataille est celui de l’expression. […] Cet honnête homme, honnête, et très-honnête, fait peu de cas du genre humain, et vit beaucoup pour lui ; il est receveur général des finances, il s’appelle Randon De Boisset. […] C’est qu’avant de se livrer à un genre de peinture, quel qu’il soit, il faudrait avoir lu, réfléchi, pensé ; c’est qu’il faudrait s’être exercé à la peinture historique qui conduit à tout. […] Je ne sais si, à tout prendre, ils ne sont pas plus faits dans leur genre que les tableaux de l’artiste ; ici il n’y a rien à reprendre.
Dans les Eloges de Fontenelle, tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une maniere [Omission] « également mis sur les rangs pour m’injurier ; & c’est dans une Lettre théologique de près de cent pages d’impression, qu’il m’a lâché sa bordée. […] Helvétius, que vous avez longtemps vécu de ses bienfaits ; qu’en reconnoissance vous avez fait, pour lui plaire, un Livre d’athéisme, qu’il n’a pu lire, & ensuite rimé des ordures que vous lui disiez être votre véritable genre ; qu’après cela vous écrivîtes des Libelles contre des gens qu’il estimoit, qu’il vous chassa de chez lui, en continuant cependant de vous faire l’aumône .
Daguesseau est-il parvenu à le rendre ainsi supérieur dans chaque genre ? […] Aussi tous les genres de savoir, acquis par une application infatigable, avoient-ils concouru à enrichir l’esprit de M.
Son ouvrage est pourtant utile dans son genre, & il paroît fait avec soin. […] Mais il ne faut pas trop entasser en ce genre, comme dans les autres.
Ainsi les bergers langoureux de nos églogues ne sont point d’après nature ; leur genre de vie dans lequel ils font entrer les plaisirs les plus delicats entremêlez des soins de la vie champêtre, et sur tout de l’attention à bien faire paître leur cher troupeau, n’est pas le genre de vie d’aucun de nos concitoïens.
Aussi devrait-on, dans les arts d’écrire, éviter de trop s’extasier sur les « trouvailles » des grands stylistes, le « grignotement » de la pluie ou la molle intumescence » des vagues » ; qui sait ce que les admirateurs de ce genre nous réservent ! […] Elle éclate dans leur prose, c’est là que nous avons appris à l’aimer, et c’est précisément ce genre d’originalité que nous recommandons.
Eugène Delacroix aimait tout, savait tout peindre, et savait goûter tous les genres de talents. […] Nous avons dans ce genre de véritables monuments. […] Mais il était un genre plus mort encore que le burin ; je veux parler de l’eau-forte. […] Aussi a-t-il pleinement réussi dans les divers genres de nouvelle auxquels il s’est appliqué. […] Sitôt que vous voulez me donner l’idée d’un parfait artiste, mon esprit ne s’arrête pas à la perfection dans un genre de sujets, mais il conçoit immédiatement la nécessité de la perfection dans tous les genres.
Beethoven a construit l’opéra idéal, sacrant ce genre, comme il a sacré tous les genres. […] Mais ils n’en restent pas moins les productions parfaites d’un genre dépassé ; précieux surtout parce qu’ils montrent déjà les qualités singulières qui vont conduire le poète à un genre nouveau. […] Et il y a tant de vieux genres qui ne demandent qu’à servir encore, chers vieux genres commodes et sûrs, si injustement délaissés ! C’est un de ces vieux genres qu’a choisi M. Léon Daudet, un des plus charmants et des plus oubliés, le genre du voyage satirique.
Ils veulent dire tous les deux que, dans la nature, notre imagination ne trouve jamais de satisfaction entière ; que rien de naturel, en aucun genre, n’épuise l’idée que nous nous formons de sa perfection ; et qu’ainsi nous y pouvons toujours ajouter quelque chose de notre fonds. […] Pareillement, s’ils ont condamné les anciens genres — la ballade, le rondeau, le virelai, le chant royal et « autres telles épisseries », — c’est qu’il leur a paru que la forme en avait quelque chose de contraint, d’étriqué, de « gothique » ; et c’est alors que, guidé dans sa tentative par le génie même du rythme, Ronsard, sur le modèle des combinaisons des anciens, en a tant inventé lui-même qu’on en trouve encore aujourd’hui d’inutilisées dans son œuvre. […] Les autres Œuvres. — Que la Franciade n’est pas pour cela méprisable. — Mais le cœur de Ronsard n’y était pas. — Des conditions de l’épopée ; — et que le sujet de la Franciade n’en réalisait aucune. — Mais, à mesure que l’inspiration poétique se retire de Ronsard, le prosateur ou l’orateur se développent en lui ; — [Cf. les Discours des misères de ce temps] ; — et, à ce propos, du catholicisme de Ronsard ; — et de la parenté du genre lyrique et du genre oratoire. — Des Discours de Ronsard comme témoins de cette parenté. — L’inspiration patriotique dans les Discours. — Si du Bellay a eu le pressentiment de la satire, ce sont les Discours de Ronsard qui l’ont constituée comme genre dans notre littérature. — Le dernier amour de Ronsard et les Sonnets pour Hélène. […] Graux, dans son édition des Vies de Démosthène et de Cicéron] sur l’auteur des Vies Parallèles. — Attrait du genre biographique ; — habileté singulière de Plutarque à mettre ses héros « en scène » ; — tendance morale de son œuvre. — Que, comme auteur de ses Œuvres morales, Plutarque a fait le tour des idées de son temps ; — et, à ce propos, d’une supériorité des contemporains de l’Empire sur les écrivains plus classiques de la littérature grecque. — On ne pouvait donc mieux offrir que Plutarque aux lecteurs du temps de la Renaissance. […] Gautier, « Notice sur Baudelaire »]. — Enfin la Pléiade a prétendu relever la dignité du poète en même temps que celle de la poésie ; — et elle y a réussi. — De l’acclimatation des genres de l’antiquité dans notre littérature.
S’il est vrai d’ailleurs qu’un genre ou une doctrine littéraire ne sauraient disparaître qu’une autre doctrine ou un autre genre ne les aient remplacés, on vient de voir avec Balzac le roman s’enrichir de tout ce que perdait le drame, le réalisme de tout ce qu’abandonnait le romantisme. […] Mais s’il y a des familles d’esprits, s’il y a des genres, des espèces dans ces genres, des rangs dans ces espèces, nos impressions ne sont donc plus rien en critique, ni même nos jugements ? […] On a mieux qu’eux en leur genre en Angleterre ou en Allemagne ! […] Brunetière, L’Évolution des genres, t. […] Brunetière, L’Évolution des genres, t.
À chaque âge son genre de poésie, mais le plus parfait, sinon le plus émouvant de ces genres, est certainement celui qui n’a pas besoin de tous ces auxiliaires et de tous ces accessoires étrangers à la poésie elle-même et qui ne demande, comme le poète épique ou le poète lyrique, qu’une goutte d’encre au bout d’une plume de roseau. […] Mais le chef-d’œuvre en tout genre n’est-il pas la plus merveilleuse des nouveautés, la nouveauté éternelle et suprême du beau, celle de Phidias, celle de Raphaël, celle de Racine ? […] Ce genre de composition avait été inventé par les poètes italiens du seizième siècle et importé en France par les Médicis. […] Racine, sans y penser, avait inventé un genre. Ce genre était admirablement approprié à la scène moitié royale, moitié monastique, sur laquelle Esther était destinée à être représentée, et aux jeunes actrices qui devaient la représenter devant le moderne Assuérus.
C’est qu’au milieu des plus sublimes modèles de tout genre, la peinture et la sculpture tombent en Italie ; on y fait de belles copies, aucun bon ouvrage. […] Vous êtes un habile homme, vous excellerez, vous excellez dans votre genre ; mais étudiez Vernet, apprenez de lui à dessiner, à peindre, à rendre vos figures intéressantes ; et puisque vous vous êtes voué à la peinture des ruines, sachez que ce genre a sa poétique ; vous l’ignorez absolument, cherchez-la. […] Et puis des masses de pierres détachées et autres accessoires communs à ce genre. […] Voyez le beau champ ouvert aux peintres de ruines, s’ils s’avisaient d’avoir des idées, et de sentir la liaison de leur genre avec la connaissance de l’histoire. […] Montrez-moi tous les genres d’architecture et toutes les sortes d’édifices ; mais avec quelques caractères qui spécifient les lieux, les mœurs, les temps, les usages et les personnes ; qu’en ce sens vos ruines soient encore savantes.
Cet apologue heureusement développé offre la peinture et la poésie de la basse-cour au naturel, et nous montre dans un cadre bien rempli le genre de talent des prédécesseurs de La Fontaine. […] Ce vaisseau, dont chaque partie et chaque agrès est un vice et une méchante pensée, est décrit d’une façon ingénieuse et pédantesque qui rentre déjà tout à fait dans le genre faux du xive siècle, et qui signale une véritable décadence dégoût en même temps qu’un raffinement très habile dans les idées. […] Et il y a même eu, dans ce Roman de Renart, une épopée du même genre antérieure à la sienne et bien plus digne de ce nom. Depuis que l’on connaît le Roman de Renart, La Fontaine, même dans ce sens peu rigoureux et tout favorable où on l’entend, ne peut vraiment être dit que le second Homère dans son genre.
On voit qu’il faisait la double part, et que, tout en donnant l’avantage au genre qui était le sien, il n’était pas exclusif. […] Je crois en avoir dit assez sur le genre de moralité et de talent qui s’unissaient pour faire de Léopold Robert un artiste à part entre tous ceux de notre âge. […] Marcotte : Nous avons ici, à Rome, un jeune peintre qui est de la nouvelle école, et je suis bien aise d’avoir pris par ses ouvrages une idée du genre de talent qu’on peut leur accorder. […] Il y a des choses de ce mauvais goût de Vincent qu’on ne digérera pas facilement ici, et c’est comme tu l’observes : on commence à bien tourner en ridicule le genre français.
Marolles, qui joindra plus tard (1627) à ce premier bénéfice l’abbaye de Villeloin, plus considérable, et qui en prit occasion de recevoir l’ordre de prêtrise moins par vocation que par convenance (les bulles y mettant cette condition), fut lié avec quelques-uns de messieurs de Port-Royal, fort sévères sur ce genre d’abus et de d’irrégularités ; mais, tout en se prévalant de leur amitié et en la leur rendant par de bonnes paroles et des témoignages publics d’intérêt, il ne fut touché en aucun temps de scrupules sur la manière dont il était entré dans les bénéfices et dans le sacerdoce ; il avait le christianisme assez large et coulant, et n’était rien moins que rigoriste, soit pour la doctrine, soit pour les mœurs : se contentant de vivre en honnête homme, comme on disait alors. […] Il a fait de ce que nous appellerions le salon de la princesse Marie une description qui respire la félicité suprême ; il était parvenu au comble de ses vœux : Comme je logeais dans l’hôtel de Nevers, je ne me mettais pas en peine d’aller bien loin pour faire ma cour et pour voir le grand monde, si j’en eusse eu la curiosité, parce qu’il nous venait chercher de tous côtés ; et après la conversation qui se trouvait dans le cabinet de Mme la princesse Marie, il n’y avait plus rien à désirer en ce genre-là. […] Le mariage royal de la princesse Marie apporta un changement notable dans le genre de vie et dans les idées de Marolles. […] Marolles, en embrassant ce genre de vie, avait-il donc besoin d’être consolé de quelque chose ?
Rousseau est aussi dans son genre un grand épistolaire ; mais quel travail, quelle lenteur de lime, que de soin ! […] Buffon, aux saillies près, et avec plus d’égalité dans la façon ou dans le sans-façon, serait assez, comme épistolaire, du même genre que Montesquieu. […] Si cela n’avait l’air d’une plaisanterie à force d’être vrai, je dirais qu’il est le contraire des Marot, des Sarrasin, des Voiture, de Voltaire dans le genre léger. […] Buffon, grand écrivain et homme de génie, a son genre, sa manière, ses disciples.
Tous les genres d’intérêt sont là réunis, et après même que la compassion contemporaine et vivante pour le grand homme souffrant est épuisée, les moindres de ses paroles conservées et transmises appartiennent à jamais au monde et vont émouvoir encore ou instruire la dernière postérité. […] Qu’on veuille songer à ce qu’on doit de reconnaissance à celui qui, dans une publication continue de vingt années, nous a initiés à ce degré, tous tant que nous sommes, à l’esprit et au détail politique, administratif, militaire, de la plus grande époque et la plus invoquée dans les entretiens de chaque jour ; qui, sans que nous soyons hommes d’État ni politiques de métier, nous a fait assister, par le dépouillement des pièces les plus secrètes et les plus sûres, aux conseils et aux débats diplomatiques d’où sont sorties les destinées de l’Europe et de la France pendant l’ère la plus mémorable ; qui, sans que nous soyons financiers, nous permet, avec un peu d’attention, de nous rendre compte des belles et simples créations modernes en ce genre ; sans que nous soyons administrateurs, nous montre par le dedans ce que c’est que le mécanisme et les rouages de tout cet ordre civil et social où nous vivons ; sans que nous soyons militaires, nous fait comprendre la série des mouvements les mieux combinés, et par où ils ont réussi, et par où ils ont échoué en venant se briser à des causes morales et générales plus fortes. […] là elle se défend encore et par des raisons excellentes, judicieuses ou du moins dès plus spécieuses, appropriées au genre, tirées de la nature et de la grandeur même de l’œuvre en question. […] En histoire, il en est ainsi, et je soupçonne qu’il doit en être un peu de même dans les autres genres de littérature.
Le cadre n’est pas découpé ; le genre proprement dit n’était pas né alors. On raconte que la poésie idyllique ou bucolique, comme on l’a entendue depuis, fut inventée en Sicile par un berger poète, Daphnis : c’est le beau bouvier Daphnis qui, chez Théocrite, remporte le prix du chant et gagne contre Ménalque la flûte à neuf tuyaux ; c’est lui qui chante ce ravissant couplet où se résume tout le thème, où respire toute la félicité et la douceur du genre : « Que ce ne soit point la terre de Pélops, que ce ne soient point des talents d’or que j’aie à cœur de posséder, ni, au jeu de la course, d’aller plus vite que les vents ! […] Ici, comme il arrive souvent dans les genres littéraires, c’est l’arrière-saison qui nous a laissé le fruit le plus savoureux. […] Tout ce qu’il a dit à cet égard est juste : ce qu’il faut reconnaître en effet, c’est que ce sont deux œuvres parfaites, achevées, chacune dans son genre : Bernardin de Saint-Pierre, ce Grec d’imagination et de goût, s’est inspiré de l’une pour faire l’autre, et la faire un peu autrement ; il a vu, il a deviné au premier coup d’œil ce qu’il devait introduire de neuf dans la même donnée, pour inventer et réussir à la moderne ; non content de renouveler le paysage, il a renouvelé les âmes ; il les a montrées aussi naïves, aussi primitives, mais travaillées et comme perfectionnées à leur insu par l’air qu’elles ont respiré, par la nourriture qu’elles ont reçue des parents.
N’ayant point apporté là d’idée préconçue ni de lieu commun d’aucun genre, il n’a éprouvé « ni déception ni dégoût. » Il a prévu pourtant qu’un moment viendra où les Grecs se lèveront contre les Turcs. […] Ce qu’il faut dire à son éternel honneur, c’est qu’il partit prévoyant sa fin, ne se faisant pas plus illusion alors que le premier jour sur le caractère et les défauts de ceux qu’il allait servir, s’étant tout dit sur les lenteurs et les misères de tout genre inhérentes à une telle entreprise : « Je n’ai pas de bourdonnement poétique aux oreilles, je suis trop vieux pour cela ; des idées de ce genre ne sont bonnes que pour rimer. » — « Je ne m’aveugle pas sur les difficultés, les dissensions, les défauts des Grecs eux-mêmes ; mais il y a des excuses pour eux dans l’âme de tout homme sensé. […] About n’a senti et n’a décrit le caractère et le genre de beauté des paysages, l’éclat et la transparence du ciel de l’Attique à de certaines heures, la maigreur élégante de cette plaine, opposée à la terre riche et grasse, aux fertiles glèbes d’Argos ou de Thèbes.
Il a donc été écouté, mais pas avec toute l’attention et le silence qui sont dus à tout organe de l’enseignement public, et auxquels avait droit particulièrement un savant qui est maître en son genre. […] Entré à la Sainte-Chapelle en qualité d’inspecteur vers 1840, il dut se mettre à étudier particulièrement l’architecture gothique ; il recommença, en ce sens, des voyages ; il refit des comparaisons sans nombre, et plus attentives, en France, en Allemagne, en Italie encore, et bientôt sa vocation dans ce genre fut déterminée et constatée. […] Vitet, déjà prêt par ses voyages antérieurs, devenu inspecteur général des monuments historiques après Juillet 1830, homme de verve et de science, donnait à ce genre d’études une impulsion nouvelle, en l’éclairant d’une vue plus générale et en traçant, le premier, avec vérité et largeur le cadre des époques : il a eu l’initiative. […] Sont-ce là, en un mot, des spécialités inhérentes à la race, et les différences en ce genre tiennent-elles à une autre cause qu’à l’état des matières premières qu’on avait sous la main dans des lieux différents ?
Mais de plus Ronsard s’est trompé sur la définition du genre : il a pris l’épopée pour un roman. Il s’est trompé sur les conditions du genre : il a cru que l’épopée était une plante de tous climats et de toute saison. […] Il s’est trompé d’abord, ici encore, sur la définition du genre : il n’en a pas saisi l’essence, il n’a su que cataloguer les sujets traités par les anciens (notons que Boileau ne fera guère mieux). […] Et là, ce sont bien des chefs-d’œuvre, les premiers du lyrisme moderne, qui s’épand en toutes formes, et, négligeant les factices distinctions de genres que seule la spécialisation rigoureuse des mètres maintenait chez les anciens, met la même essence, la même source d’émotions et de beauté dans l’ode et dans le sonnet, dans l’hymne et dans l’élégie : ces chefs-d’œuvre se constituent par l’ample universalité des thèmes, et par l’intime personnalité des sentiments : c’est de l’amour, de la mort, de la nature que parle le poète, mais il note l’impression, le frisson particulier que ces notions générales lui donnent, la forme et la couleur par lesquelles se détermine en lui leur éternelle identité.
Puis on a la bonne fortune d’avoir dans les œuvres de Du Vair les monuments d’une éloquence réelle221 qui pendant six années, des barricades à l’entrée du Roi, dans les plus critiques circonstances, fut une arme au service de l’ordre et du droit : on voit alors le genre oratoire vivre véritablement, adapté à son milieu, et faisant son office. […] Puis, comme l’éloquence politique, l’éloquence judiciaire, un instant soulevée au-dessus de la chicane journalière, eut les ailes coupées, et nous la verrons se traîner au xviie siècle sans pouvoir jamais sortir du pédantisme, tandis que l’éloquence religieuse, aidée des circonstances qui étouffent les deux autres genres, s’acheminera rapidement à sa perfection. […] La Satire Ménippée À l’éloquence se rattache un genre auquel la vivacité de la lutte donna soudain un développement considérable. […] Le chef-d’œuvre du genre est l’Apologie pour Hérodote que j’ai déjà nommée ; Henri Estienne, pour défendre Hérodote dont la véracité était soupçonnée, imagina de démontrer que la sottise et la malice des hommes de son temps produisaient des effets aussi étonnants que les invraisemblables contes de l’historien grec ; et mettant ses haines huguenotes au service de ses goûts littéraires, il se prit à conter tant de graveleux et scandaleux exemples de la corruption catholique, à dauber fidèles et clergé avec une verdeur si rabelaisienne, que l’austère Genève crut entendre un accent d’impiété dans la trop pétulante gaieté de son champion.
Je tenais à expliquer leur genre de succès. […] Et, par ce genre d’exécution, il rappelait, je viens de le dire, Thomas Moore, l’ami de lord Byron, qui avait enchanté autrefois les salons de Londres avec ses Mélodies irlandaises. […] Seulement, qu’importe à la Critique, comme au Poète, qu’un monsieur quelconque, désarmé de tout principe et de toute sécurité d’affirmation et n’étant que la marionnette de son genre de sensibilité, trouve un poète adorable ou insupportable, selon le fil qu’il a entre les deux jambes, ce pantin ! […] Il ne s’agit, en définitive, que d’une seule chose pour elle : c’est, après avoir constaté le genre d’inspiration du poète, de déterminer son degré de puissance et sa place dans le hiérarchique Pandémonium des poètes, où il faut le mettre et où il doit rester.
Il a onze volumes à son catalogue : aucun n’est bâclé ; deux au moins, Diogène-le-Chien et Peints par eux-mêmes, en leurs genres divers, sont délicieux. […] Las d’un petit genre où il était le maître, il s’est efforcé loyalement vers une maîtrise supérieure. […] Et vous entendez aussi que la vertu de ce style correct, précis, clair comme du La Bruyère, n’est rien auprès du genre de mérite intellectuel, de netteté, de sûreté et d’économie dont cette écriture même est le signe tangible.
« La prose, dit-il, ne sçauroit représenter qu’imparfaitement les graces de la poësie ; c’est-à-dire qu’elle ne peut en réprésenter le rythme & la cadence : mais, à cela près, elle peut en représenter parfaitement toutes les graces, en retracer toutes les images & en rendre même toute l’harmonie, par une autre sorte d’harmonie qui lui est propre & qui vaut bien, dans son genre, celle dos vers. » Il soutient que le traducteur en vers & le traducteur en prose font sujets aux mêmes loix ; qu’ils sont aussi astreints à la fidélité l’un que l’autre ; qu’il est aussi ridicule de voir l’un se donner l’essor & perdre de vue son original, que de voir l’autre ramper servilement & ne faire de sa traduction qu’une glose ennuyeuse & littérale. […] Il est telle petite pièce d’un genre élevé, où non seulement on peut, mais où l’on doit nécessairement employer les vers. […] En effet, que Racine ou Despréaux & le plus excellent prosateur du siècle passé eussent entrepris, à l’envi l’un de l’autre, de mettre en notre langue Virgile ou Horace, est-il douteux que les deux traductions ne se fussent balancées, & n’eussent un égal dégré de mérite, chacune dans son genre ?
Le genre humain n’est déjà que trop inondé de méchants vers ; que deviendrait-il, s’il était réduit aux vers pour tout aliment ? […] Tout dépend de la nature du sujet, de l’endroit où est placé le vers, soit de sentiment, soit d’image, et surtout du genre de sensibilité de celui qui lit. […] Mais puisque vous admettez dans les vers tant de genre de beautés et d’ornements, dont aucun ne les caractérise, puisque aucun n’y est essentiel, quelle est donc selon vous la marque distinctive des bons vers ?
La Critique, qui doit tout comprendre et tout embrasser, excepté le faux, la Critique, qui doit même se réjouir de ce que la science ait investi l’art d’une force nouvelle, devait non-seulement applaudir à l’influence physiologique dans le roman, et dans le roman de la moralité la plus spirituelle, mais elle devait même encourager, sous toute réserve, le genre spécial du roman, qui allait fatalement tendre à se constituer, et qu’on peut appeler le roman purement physiologique. […] l’écueil de ce genre de composition sera toujours le bas prix auquel il met la curiosité et l’émotion qu’il fait naître. […] Je crois qu’en voulant maintenir jusqu’au bout sa donnée physiologique d’une monstruosité complète, il a versé dans un genre de fantastique qui sera sa punition.
C’est le sublime de l’ennuyeuse platitude et dans des proportions tellement énormes et tellement continues, qu’on ne sait vraiment plus, au bout de quelque temps de lecture, lequel est le plus insupportable de la Russie ainsi peinte, ou du genre de talent de celui qui l’a peinte ainsi. […] C’est son genre, c’est peut-être à jamais son seul genre d’originalité !