Dans ce livre, j’exprimais mon opinion, et cette opinion est encore la mienne, sur la puissance tantôt dangereuse, tantôt salutaire, des journaux. […] Tous deux sont blasés, et expriment ce fond d’ennui dont ils sont pleins, sous la forme d’un petit livre qui reste leur chef-d’œuvre : mais l’un, grand artiste, ajoute à son ennui la flamme, et l’on a René ; l’autre y met de son ennui et de sa tristesse partout, et l’on a Adolphe, qui, pour les connaisseurs psychologues, ne le cède pourtant point à l’autre, mais qui n’a ni l’action sur le public ni le prestige.
Comme ils expriment du moins, même dans les données mythologiques, des sentiments humains et naturels de tous les temps ! […] Le baron de Dietrichstein, ambassadeur impérial à Madrid, s’exprimait ainsi dans une dépêche écrite dès son arrivée (22 avril 1564), et avant d’avoir vu le jeune prince : « Les informations que j’ai obtenues jusqu’à présent sur le prince d’Espagne sont peu satisfaisantes.
J’avais autrefois rencontré Gavarni, je ne l’ai connu que tard ; mais j’ai beaucoup causé avec ceux qui l’ont pratiqué de tout temps, je me suis beaucoup laissé dire à son sujet, et insensiblement l’idée m’est venue de rendre à ma manière cette physionomie d’un artiste qui en a tant exprimé dans sa vie et qui les comprend toutes ; j’ai voulu l’esquisser telle qu’à mon tour je la vois et la conçois et telle qu’on l’aime. […] J’ai vu de sa façon un portrait aquarelle de son vieil ami Old-Nick (Forgues), portrait de tout jeune homme, long, fluet, riant, couché, la tête renversée en arrière, les jambes étendues, dans cette délicieuse position horizontale ou demi-horizontale que l’artiste aime à reproduire, et par laquelle il exprime à ravir le far niente, la flânerie, cette première condition du bonheur : il a voulu, tout à côté, faire du même Old-Nick une charge, et il n’a réussi qu’à faire un portrait moins bien, en triste et en laid.
Il sentait tout le premier le besoin d’aller au-devant des objections qu’on n’exprimait pas, de rectifier votre idée à son sujet et, au lieu du Jomini de prévention qu’on se figurait peut-être, d’expliquer le Jomini véritable et réel qu’il était. […] Le Napoléon de Jomini s’exprime de la sorte : « Notre première entrevue eut lieu sur un radeau au milieu du Niémen.
Les Prisonniers du Caucase, par la singularité des mœurs et des caractères si vivement exprimés, semblent déceler, dans ce talent d’ordinaire tout gracieux et doux, une faculté d’audace qui ne recule au besoin devant aucun trait de la réalité et de la nature, même la plus sauvage. […] J’ai entre les mains une ode manuscrite de lui, de 1817 ; c’est un regret de ne pouvoir atteindre au but sublime, et le sentiment exprimé de la lutte inégale avec le génie : Et, glorieux encor d’un combat téméraire, Je garde dans mes vers quelques traits de lumière Du dieu qui m’a vaincu41.
Il fit ainsi bien des essais dès le collége ou dans l’étude d’avoué où il entra pour quelque temps ; car sa mère, en mourant, avait exprimé le désir qu’il fût avocat, et M. […] Et ici je ne ferai qu’exprimer une idée, un regret qu’on me suggère, mais que je sais partagé par les personnes les mieux entendues de la Comédie-Française elle-même67.
Il reçut de la Grèce sa façon de sentir, de juger, de s’exprimer ; il fut Athénien par ses idées sur l’art, sur le beau. […] Raynouard exprimait le vœu qu’un homme d’instruction et d’esprit intervînt et mît ordre à la question éparse et confuse.
Le Clerc a exprimé une vue historique très-séduisante et très-ingénieuse ; c’est que, sous Vespasien, il y eut un renouvellement d’études, et, pour tout dire, une véritable rénovation des travaux historiques : « Cet empereur, renonçant le premier aux traditions patriciennes de la famille des Césars qui venait de finir dans Néron, lorsqu’il reconstruisit le Capitole incendié par les soldats de Vitellius ou par les siens, ne craignit point d’en faire un musée historique où se dévoileraient, aux yeux de tous, les mystères de l’antiquité romaine….. […] » Ces bonnes pièces, ces bonnes copies, comme on dit dans les classes, c’est une manière plus prosaïque d’exprimer la même chose qu’on a depuis appelée magnifiquement du nom d’épopées.
Il pousse plus d’un bout de texte en un sens auquel on n’avait pas songé, et il lui fait rendre de subtiles nuances ; il a des impatiences et des éclairs d’interprétations qu’après tout, en ces matières humaines si complexes, un esprit supérieur a peine à s’interdire, et que le talent se plaît à exprimer. […] Je regretterais trop de quitter ses savants volumes sans donner idée du caractère animé, brillant et tout à fait heureux de bien des pages, et je détache de préférence, comme échantillon, celles où il nous exprime l’état vivant des croyances et des mœurs rustiques dans le midi de l’empire au lendemain de Théodose.
Ce petit volume, qui présentait moins des développements que des résultats, a trop bien réussi, il a trop contribué à répandre et à faire accepter de tous aujourd’hui les conclusions qu’il exprimait, pour qu’on n’ait pas besoin de se reporter au moment où il parut, si l’on veut en apprécier l’originalité. […] Il pensa que rien qu’avec des récits contemporains bien choisis, habilement présentés et enchâssés, on pouvait non-seulement rendre aux faits toute leur vie et leur jeu animé, mais aussi en exprimer la signification relative16.
Quand on pense avec tant de délicatesse, on a raison de choisir pour s’exprimer la langue de Sévigné et de La Fayette. » Voici quelques-unes de ces pensées, qui sont en effet délicates et fines ; l’esprit du monde s’y combine avec un souffle de rêve et de Poésie. […] Ces quelques pages du Mercure se terminaient par cette pensée, qui exprimait à ravir son rêve et sa prétention du moment : « La mélancolie des âmes tendres et vertueuses est la station entre deux mondes.
Il y a là sans doute des mots satiriques, des mots de bourgeois de Paris qui a fréquenté chez Ninon : mais ce qui frappe et qu’on retient le plus, c’est une figure joufflue d’ecclésiastique, un intérieur de chambre confortable, une « cruche au large ventre » que se passent de main en main des chanoines attablés, toute une série de types et de scènes, que le crayon ou le pinceau exprimeraient plus facilement que la plume. […] Il exprimait là le fond intime de son être, les idées dont il vivait ; et c’étaient des idées originales, personnelles, s’il en fut.
Il a consigné plus tard dans un colloque (ΊὙθυοφαΥία) ses souvenirs de Montaigu : l’ascétisme imbécile et inélégant, la nourriture sordide, l’écœurante malpropreté, les manières brutales ; et de telles rancunes exprimées après vingt ans attestent bien qu’avec l’étude des anciens se développe une conception absolument nouvelle de l’ordre général de la vie. […] Quelques vers au début d’une de ses meilleures pièces expriment très bien le vœu de son esprit et le vœu de son cœur167 : 1re Fille. — Tout le plaisir et le contentement Que peut avoir un gentil cœur honnête, C’est liberté de corps, d’entendement, Qui rend heureux tout homme, oiseau, ou bête !
Corneille est d’un autre temps, il a et il exprime une nature plus rude et plus forte, qui a longtemps été la nature française, une nature intellectuelle et volontaire, consciente et active. […] Il exprime la force, et non la bonté de l’âme.
puisqu’aussi bien l’une était un éloge : c’est quand Pradon lui donne le talent de peindre « en vers frappants » la réalité vulgaire ; — et l’autre exprimait bien ce qu’il était et voulait être : c’est quand tous, successivement, lui reprochaient de n’être qu’un bourgeois, et de n’entendre rien au sublime des ruelles. […] Donc, l’antiquité, c’est la nature ; et imiter l’antiquité, c’est user des meilleurs moyens que l’esprit humain ait jamais trouvés pour exprimer la nature en perfection.
C’est moins de la critique que de la guerre, et je n’affirmerais pas que ces prophètes de malheur et ces éplucheurs de mots aient été purs du péché d’envie ; cependant, ne sont-ils pas plus près de la vérité dernière sur la Henriade que la Harpe, qui ne trouve à porter au compte des fautes qu’un seul exemple de « vérités communes exprimées en vers communs ? […] Un poète incapable d’inventer et capable d’exprimer est chose tout aussi inconnue qu’un poète qui aurait l’invention et n’aurait pas l’expression.
La littérature sérieuse n’est pas celle du rhéteur, qui fait de la littérature pour la littérature, qui s’intéresse aux choses dites ou écrites, et non aux choses en elles-mêmes, qui n’aime pas la nature, mais aime une description, qui, froid devant un sentiment moral, ne le comprend qu’exprimé dans un vers sonore. […] L’art, la littérature, l’éloquence ne sont vrais qu’en tant qu’ils ne sont pas des formes vides, mais qu’ils servent et expriment une cause humaine.
Même celui qui est soutenu dans l’accomplissement du devoir par sa situation sociale, le bourgeois vertueux, s’il est permis de s’exprimer ainsi, vous ne le couronnez pas. […] Le naturel, l’élan de cœur, la vivacité, l’entraînement, un esprit prodigieusement inventif, joint à une fermeté à toute épreuve, font de madame Gros un exemple unique peut-être de l’art d’exprimer au peuple dans son langage les plus hauts sentiments.
Ses héros expriment un sentiment immuable. […] Dans deux de ses tragédies perdues, Achille n’exprimait son deuil de Patrocle que par un mutisme farouche.
Huet sentait à merveille l’antique poésie ; il y mêlait l’amour de la nature et de la campagne, et il en a plus d’une fois exprimé le sentiment avec charme. […] Si le monde se réglait sur eux, on n’aurait plus qu’à s’asseoir, à jouir des richesses acquises, à se ressouvenir, à exprimer ses pensées avec les expressions des anciens, car tout a été dit.
Je trouve dans une lettre familière le récit d’une visite chez Béranger, qui exprimera ce que j’ai à dire de lui, plus au vif que je ne le pourrais en termes généraux, et qui ne renferme rien d’ailleurs que d’honorable et d’adouci : Mai 1846. — J’ai revu Béranger, que je n’avais pas rencontré depuis des années, écrivait le visiteur ; c’est Lamennais qui m’avait fort engagé à l’aller revoir. […] Je vais oser exprimer ce que vous pensez. » J’ai connu autrefois M. de Pontmartin, et je n’ai pas attendu ses succès pour rendre justice à toutes ses qualités d’homme agréable et de causeur fort spirituel.
Que dire de Gil Blas qui n’ait pas déjà été dit, que n’aient pas senti et exprimé tant de panégyristes ingénieux, de critiques délicats et fins, et que tout lecteur judicieux n’ait pas pensé de lui-même ? […] Tous les vrais jugements littéraires s’y trouvent exprimés.
Voilà des éloges qui donneraient une haute idée du personnage ; mais n’oublions pas que c’est dans une épître dédicatoire que Voltaire s’exprime de la sorte. […] L’auteur du portrait continue de nous montrer ainsi tous les vices naïfs de sa princesse, toutes ses qualités sans âme et sans lien, sa religion sans piété, sa profusion sans générosité, beaucoup de connaissances sans aucun vrai savoir, « tous les empressements de l’amitié sans en avoir les sentiments », pas le moindre soupçon de la réciprocité et de la sympathie humaine : « On n’a point de conversation avec elle ; elle ne se soucie pas d’être entendue, il lui suffit d’être écoutée. » Et à la voir ainsi se montrer à nu non par franchise, mais parce qu’elle n’a en elle aucun principe d’égards et d’attention pour autrui, Mlle de Launay conclut en citant ce mot qui exprime le résultat de toute son étude, et qu’elle aurait bien trouvé d’elle-même : Elle (la duchesse du Maine) a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les princes étaient en morale ce que les monstres sont dans la physique ; on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes.
Ce que je dis là, Mme de Girardin elle-même semble l’avoir senti, et elle l’a exprimé à sa manière bien mieux que moi. […] Mistress Félicia Hemans, poète anglais d’une grande distinction, d’une moralité profonde, d’une sensibilité naturelle, toujours revêtue d’imagination et voilée de modestie, a voulu exprimer aussi ce moment amer et cruel, deux fois amer pour un poète et pour une femme, où le cœur déplore la fleur première d’espérance et d’illusion qui s’est à jamais flétrie.
Un jour que Mme de Montespan lui demandait si, tout de bon, elle était aussi aise qu’on le disait : « Non, répondit-elle avec un tact que l’esprit emprunte au cœur, je ne suis point aise, je suis contente. » Content est bien, en effet, le mot chrétien, celui qui exprime la tranquillité, la paix, la soumission, une joie sans dissipation, quelque chose de contenu encore. […] Disons seulement, de notre ton le moins profane, que, quand on vient de relire l’admirable chapitre v du livre III de l’Imitation, où sont exprimés les effets de l’amour divin, qui n’est dans ce chapitre que l’idéal de l’autre amour, Mme de La Vallière est une de ces figures vivantes qui nous l’expliquent en leur personne et qui nous le commentent le mieux.
Cet orateur inné qui était en lui, et qui s’agita de bonne heure sous l’écrivain, sentait bien que, pour arriver à cette action vaste et souveraine, pour embrasser les masses et les foules d’un tour familier et puissant, il fallait quitter cette langue que j’appellerai patrimoniale et domestique, cette manière de s’exprimer toute particulière qui était ta griffe et parfois le chiffre de sa maison ; il lui fallait quitter une bonne fois le style de famille et descendre de sa montagne. […] Ce sentiment de sa valeur et de ce qu’il pourrait être, il l’a profondément ; mais comme il l’exprime sans jactance et avec une sorte de modestie encore !
Suit alors l’énumération de ses talents, vers, prose, chansons improvisées : Elle exprime même si délicatement les sentiments les plus difficiles à exprimer, et elle sait si bien faire l’anatomie d’un cœur amoureux, s’il est permis de parler ainsi, qu’elle en sait décrire exactement toutes les jalousies, toutes les inquiétudes, toutes les impatiences, toutes les joies, tous les dégoûts, tous les murmures, tous les désespoirs, toutes les espérances, toutes les révoltes, et tous ces sentiments tumultueux qui ne sont jamais bien connus que de ceux qui les sentent ou qui les ont sentis.
Elle ressemble en ceci au vieux moraliste Charron qui se contente de bien exprimer les pensées et de les joindre ensemble, de quelque part qu’elles lui viennent, pourvu qu’il les trouve justes et à son gré. […] Les idées qu’elle a exprimées sur le rôle et la condition des femmes sont faites par moments pour surprendre, tout en inspirant une grande estime pour l’auteur.
La récolte des grains de la petite métairie assurait notre subsistance : la cire et le miel des abeilles, que l’une de mes tantes cultivait avec soin, était un revenu qui coûtait peu de frais ; l’huile, exprimée de nos noix encore fraîches, avait une saveur, une odeur que nous préférions au goût et au parfum de celle de l’olive. […] Pour nous, à parler franchement, dans un genre aussi faux que l’était la tragédie à cette époque, il nous serait impossible, si nous n’étions guidé par le résultat, d’exprimer aucune préférence pour l’une ou pour l’autre de ces cinq ou six tragédies ; nous ne pouvons nous former un avis qui les différencie et les distingue, tant l’insipidité et l’ennui, en les lisant, paralysent tout d’abord notre attention.
Cette lettre, qui ne fut point envoyée, ne paraîtra point invraisemblable à ceux qui connaissent Marmont ; et, si incohérente que puisse sembler cette double action, elle est peut-être ce qui exprimerait le mieux la lutte et la contradiction de ses pensées dans toute cette crise. […] Mais c’est précisément parce que M. de Bourmont faisait montre de cette liste, c’est parce qu’aux questions confidentielles et aux ouvertures du maréchal il répondait : « Je ne veux pas être nommé ; c’est vous que j’appuie et que je propose » ; c’est parce qu’il parlait ainsi, tout en sachant très bien que le maréchal ne serait pas nommé et qu’il devait l’être lui-même, c’est par routes ces raisons que j’ai dû m’exprimer sur son compte comme je l’ai fait.
C’est un petit homme, âgé de soixante-treize ans, sans mine, qui ne s’exprime pas aussi noblement qu’il écrit, modeste au suprême degré, et dont le caractère de probité frappe. […] Ainsi s’exprimait éloquemment, dans l’amertume de son cœur et avec un sentiment de deuil profond, un biographe et un successeur de Rollin, il y a près de cinquante ans, en présence des générations dont René ouvrait la marche, et auxquelles nous avons tous plus ou moins appartenu.
Volney n’est pas un peintre, c’est un grand dessinateur ; dans ses descriptions de l’Égypte à laquelle il se montre sévère, il lui refuse absolument d’être pittoresque ; après l’avoir tant étudiée, il l’aime peu ; il l’exprime dans tous ses contours et dans sa réalité visible, sans en embrasser la grandeur profonde et sans en pénétrer peut-être le génie ; il n’a pas l’amour de son sujet. […] La pureté de ses eaux, les beaux ombrages qui l’entourent, les rochers escarpés et les épaisses forêts qui en défendent l’approche ; ce mélange de beautés tout à la fois douces et imposantes cause un saisissement difficile à exprimer, et semble annoncer la secrète présence d’un Être supérieur à l’humanité.
« Quand la puissance secrète qui anime l’univers forma le globe que l’homme habite, elle imprima aux êtres qui le composent des propriétés essentielles qui devinrent la règle de leurs mouvements individuels, le lien de leurs rapports réciproques… » C’est ainsi que s’exprime ce Génie, qui n’est pas un de ceux des Mille et Une Nuits. […] Je ne sais si je m’abuse, mais il me paraît être sa vivante image ; il rappelle son ton apprêté, sa manière sentencieuse et lente de s’exprimer.
Ces relations peuvent être fugitives, uniques, rares ; elles peuvent être permanentes ou, malgré leur diversité, considérées selon leur état le plus fréquent, le plus visible, le plus connu : une phrase faite une fois pour toutes exprime parfaitement ces rapports vulgaires au retour rythmique ou périodique. […] L’homme est ainsi organisé qu’il ne peut exprimer directement ses idées et que ses idées, d’autre part, sont si obscures que c’est une question de savoir si la parole trahit l’idée ou au contraire la clarifie.
Beaucoup d’objections, de défiances, de malentendus, couvrent encore la solide et éclatante vérité que ce principe exprime ; on en subit la nécessité sans en comprendre la justice, on en accepte les inconvénients sans en attendre beaucoup de bienfaits. […] Descartes a exprimé d’une manière définitive le principe de la liberté de penser lorsqu’il a déclaré « qu’on ne doit reconnaître pour vrai que ce quiparaît évidemment être tel, c’est-à-dire ce que l’esprit aperçoit si clairement et si distinctement qu’il est impossible de le révoquer en doute. » On a dit que cette méthode de Descartes, cet appel au libre examen, avait répandu dans le monde le scepticisme, qui en est le fruit naturel ; car si chacun est juge de la vérité, dit-on, rien n’est plus ni vrai, ni faux ; l’un juge d’une manière, l’autre juge d’une autre ; l’un trouve évident ce que l’autre trouve absurde ; tous se réfutent réciproquement.
L’harmonie n’était point encore née ; l’harmonie, qui est la musique du langage, qui, par le mélange heureux des nombres et des sons, exprime le caractère du sentiment et de la pensée, et sait peindre à l’oreille comme les couleurs peignent aux yeux ; l’harmonie qui établit une espèce de balancement et d’équilibre entre les différentes parties du discours, qui les lie ou les enchaîne, les suspend ou les précipite, et flatte continuellement l’oreille, qu’elle entraîne comme un fleuve qui coule sans s’arrêter jamais. […] On sait que les langues anciennes avaient une foule de mots qui exprimaient, non point des idées, mais le rapport des idées qui précédaient avec celles qui devaient suivre ; des mots qui serpentaient à travers la marche du discours pour en rapprocher toutes les parties et en faire la liaison et le ciment, rappelaient par un signe la phrase qui était écoulée, appelaient celle qui devait naître, remplissaient les intervalles, animaient, vivifiaient, enchaînaient tout, et donnaient à la fois, au corps du discours, de l’unité, du mouvement et de la souplesse.
exprima Henriette. […] Peut-être ces idées gagneraient-elles à être exprimées plus clairement ! […] Ce dernier entre dans son atelier, on parle de la jeune femme ; le peintre, dissimulant, exprime vaguement ses doutes : — Des doutes sur une femme comme la vôtre ? […] Et bien d’autres choses, toutes aussi vraies et toujours exprimées avec cette franchise, cette netteté que les prétendus modernes rendent si précieuses aujourd’hui. […] La chaleur du cœur de celui qui a écrit ces quelques lignes a traversé les années, car c’est le privilège des saines pensées, noblement exprimées, de rester vivantes et intelligibles pour tous les âges.
Il me serait difficile de vous exprimer tous les sentiments que j’ai éprouvés en le lisant ; je ne les démêle pas très-bien moi-même.
Nous n’entendons exprimer ici aucune préférence, et bien plutôt nous félicitons l’un et l’autre de cette éclatante diversité de mérites qu’ils ont portée dans le même sujet et jusque dans les mêmes opinions.
L’originalité des grands poètes, on le sait, consiste surtout à voir et à exprimer la nature, la vie et les hommes par un côté intime et nouveau.
Une mise en présence aussi tranchée de deux intérêts différents, de deux portions de la société aussi inégales, de ceux qui ont et de ceux qui n’ont pas, ne nous paraît avoir aucun inconvénient dans une analyse philosophique, et peut même être commode pour manier, pour dégager certaines vérités sociales et les exprimer plus en saillie ; mais il n’en serait pas ainsi, suivant nous, dans la pratique.
La gaieté ramène à des idées naturelles ; et quoique le bon ton de la société de France fût entièrement fondé sur des relations factices, c’est à la gaieté de cette société même qu’il faut attribuer ce qu’on avait conservé de vérité dans les idées et dans la manière de les exprimer.
Sa beauté est relative aux pensées qu’il exprime.
… De passants en passants tu erres, quasi candide, point effrontée, point brutale, et à celui qui te renvoie moins durement que les autres, tu demandes de quoi boire une goutte d’eau-de-vie ; et tout à l’heure, je pourrai te voir debout auprès du comptoir d’un bar, au milieu d’autres filles, jeunes et douces comme toi, parmi des hommes en haillons, et ton visage d’ange exprimera un plaisir naïf tandis que tu videras un large verre de brandy.