Nous bornerons là nos réflexions sur les conditions matérielles de l’existence du poème.
Il a bâti ce gros pignon-sur-rue littéraire qui s’appelle la Revue des Deux Mondes, laquelle a trente ans passés d’existence, des abonnés fossiles d’une fidélité de moutons antédiluviens, et qui rapporte, tous frais couverts, quatre-vingt mille francs de rente à son directeur.
Je me suis dit que l’amour n’était pas le couteau mutilateur d’Origène, et que la magie du plus beau sentiment qui puisse diviniser l’existence ne supprimait pas d’un seul coup, de sa baguette enchantée, la femme qui vivait intellectuellement avant l’amour.
La vie en commun qu’il mène avec cette maîtresse, exigeante de passion, exigeante de caprice, et, par dessus le marché, exigeante des raffinements de l’existence matérielle, l’oblige à des dépenses qui menacent sa fortune et compromettent son avenir.
Cette scène de l’abdication, comme celles de ces existences royales, sont étudiées, on le voit, d’après la vérité même et l’histoire. […] La Faustin est une comédienne amoureuse d’un lord, et autour de cet amour gravite tout ce qui a rapport à l’existence d’une grande artiste : ses familiers, les coulisses, les répétitions, les soupers, la vie intime. […] Elle aperçut comme dans un éclair sa vie entière de désordre et de honte ; elle mesura ses infamies ; l’abjection de son existence lui apparut. […] Elle a eu une existence houleuse : c’était une femme perdue. […] Non seulement sa mère avait eu une existence honteuse, mais encore c’était une fille de joie qu’on paye, qu’on achète comme une bête de somme.
C’est la condensation et le résumé de toute une existence. […] Elle a signé elle-même son acte de décès dans la dernière session ; son existence politique n’est qu’une fiction, un thème qui suffit aux sophismes ingénieux de quelques publicistes. […] Je ne connais pas de symptômes irrécusables au moyen desquels on puisse constater l’existence d’un amour vrai. […] À seize ans, il a quitté le collège, la tête remplie de plusieurs centaines de poèmes et de romans, et le cœur aussi vieilli que s’il avait déjà éprouvé et analysé les désirs et les affections, contrariées ou satisfaites, qui suffiraient à défrayer plusieurs existences. […] Il est si rarement en scène, qu’il est presque réduit à une sorte d’existence abstraite : c’est plutôt un chiffre, une lettre algébrique qu’un homme vivant de notre vie, animé de nos ambitions.
Mais, en attendant, puisqu’elle règne, je ne vois pas l’avantage qu’il y aurait à feindre d’en ignorer l’existence ; et, puisque nous savons ce que l’histoire naturelle générale, ce que l’histoire, ce que la philosophie en ont déjà tiré de profit, je voudrais examiner si l’histoire littéraire et la critique ne pourraient pas aussi l’utiliser à leur tour. […] Troisième question, celle de la Fixation des genres, ou des conditions de stabilité qui leur assurent une existence, non plus seulement théorique, mais historique — je veux dire, comprise entre une date et une autre date, — une existence individuelle, une existence comparable à la vôtre ou à la mienne, avec un commencement, un milieu et une fin. […] Toutefois, et par cela seul que nous la comparons à l’existence humaine, cette existence historique des genres n’est pas éternelle. […] Envier à la critique, et lui disputer le droit de se réclamer de la tradition, c’est donc proprement lui refuser le droit à l’existence ; mais renoncer à la critique, c’est livrer l’art et la littérature, je ne veux pas dire aux bêtes, quoique j’aie grand tort de ne pas le dire ; — et cela, sans doute est cruel d’abord, mais cela n’est pas ensuite moins dangereux que cruel, si, comme on l’a si bien dit, « une société sans littérature serait une société sans sociabilité, sans morale, et même sans religion ». […] Mais l’auteur des Origines du christianisme, de l’Histoire du peuple d’Israël, des Études d’histoire religieuse, est-ce qu’il s’imagine qu’il doit la célébrité de son nom à tel mémoire, dont je doute que vous connaissiez l’existence, sur la Dynastie des Lysanias d’Abylène ou sur L’Agriculture nabatéenne ?
C’est son exemple qui m’a fait préférer à l’existence précaire du journalisme la carrière honorable, sérieuse, utile de l’enseignement public. […] Son existence devait trouver un jour à s’y affermir dans son ensemble et à s’y compléter. […] Il s’y mit de tout cœur ; le zèle qu’il déploya, les services qu’il rendit ou qu’il essaya de rendre en qualité de secrétaire et d’organe à l’association dont il était l’âme, et qui n’eut que deux années d’existence, ont été exposés et appréciés dans une excellente notice de M.
Il est de la race de ces hommes qu’il ne faut pas prendre au premier mot, mais dont il faut attendre le développement intellectuel, politique et moral, développement qui ne s’arrête plus en eux qu’à la mort ; hommes qui grandiraient toujours en intelligence, en sagacité, en talent, si Dieu n’avait pas mis à leur développement les bornes de leur existence ici-bas. […] Je ne demanderais au Ciel que d’avoir fait comme le moins éminent de ces historiens pour être assuré d’avoir bien fait et de laisser après moi un souvenir de mon éphémère existence. […] On a beau ensevelir la conscience dans un drapeau de victoire, elle n’est pas tuée, et elle se réveille toujours à toutes les crises de l’existence du soldat qui lui a porté un coup d’épée.
Vous reproduisez la partie mécanique et prosaïque de l’existence, que nous-mêmes nous avons oubliée ; vous décrivez les pierres du chemin que nous n’avons pas vues ; vous mettez, en relief le plat et le monotone de la vie, tout ce qui s’est confondu et perdu dans notre souvenir, tout ce qui n’est pas vraiment entré dans notre vie même ; en un mot, vous voulez nous intéresser à ce qui ne nous a pas intéressés et à ce qui n’est pas intéressant ! […] Lorsqu’on s’est ennuyé longtemps à attendre une personne, qu’on la rencontre enfin et qu’elle vous sourit, on oublie d’un seul coup la longue heure passée dans la monotonie de l’attente ; cette heure ne semble plus former dans le passé qu’un point sombre, bientôt effacé lui-même : c’est là un simple exemple de ce qui se passe sans cesse dans la vie.Tout ce qui était gris, terne, décoloré (c’est-à-dire en somme la majeure partie de l’existence) se dissipe, tel qu’un brouillard qui nous cachait les côtés lumineux des choses, et nous voyons surgir seuls les rares instants qui font que la vie vaut la peine d’être vécue. […] Le musicien, lui, n’a qu’à se chanter intérieurement une série de mélodies pour éveiller les souvenirs de telle période de son existence.
2° Si l’esprit se manifeste, non par des bruits ou des sons inarticulés, mais par des sons humains, par des paroles, il est, en cela du moins, notre semblable ; une suite régulière de sons coordonnés et rythmés, c’est une succession pure et continue, comme notre existence intérieure ; puis ces sons expriment des idées que nous comprenons : cet esprit est donc une intelligence, comme nous, et une intelligence analogue à la nôtre ; il est donc notre semblable : il n’est pas quelque chose d’absolument nouveau pour notre expérience, partant quelque chose d’étrange et d’effrayant. […] L’imaginatif ne se croit jamais seul ; il promène avec lui ses enfants, ses amis, ses ennemis, ses supérieurs, tous ceux dont l’existence est liée à la sienne et peut l’émouvoir en joie ou en tristesse. […] Au moyen âge, tout le monde croyait à l’existence d’esprits parfaitement bons et d’esprits parfaitement méchants.
L’un est un pessimiste, et c’est du pessimisme même, de l’existence du mal, exagéré du reste à plaisir par lui, qu’il tire une conclusion déiste et chrétienne. […] Sa preuve de l’existence de Dieu est exactement l’argument de saint Anselme un peu développé et à l’idée de Dieu ajoutant le sentiment de Dieu. […] Ce n’est qu’une raison de plus de ressaisir, s’il se peut, en elle la complexion d’esprit des quelques milliers d’êtres intelligents qui ont passé sur la terre vers 1800, laissant ses œuvres comme monument de leur existence. […] Elle lui a permis d’avoir des principes très nets, très arrêtés, invariables, tout en menant une existence privée qui n’en admettait guère et, dans le monde politique, cette existence d’ambitieux toujours pressé qui n’en comporte pas. […] Comme il est des philosophes qui fondent le libre arbitre sur l’existence de la loi morale au cœur de l’homme, Constant fonde la liberté politique sur cette même loi et sur l’impossibilité où est l’homme de s’en affranchir.
D’ailleurs, l’enfant, comme s’il eût pressenti que son existence devait se passer au milieu des tempêtes politiques, se sentit peu ému des cris du peuple et de l’agitation générale des citoyens. […] Ses moyens d’existence étaient bornés à ce point qu’il vivait pour moins de vingt sous par jour. […] « Mais, après une vie pleine d’amertume, celle qui eût été à son gré le MICHEL-ANGE de la poésie ou l’OSSIAN de la peinture, tomba inconnue sur la terre, et les larmes de quelques infortunés qui devaient leur existence à ses secours firent les frais de sa pompe funèbre. […] L’académie royale de peinture, menacée dans son existence par le mouvement révolutionnaire, et voulant essayer de ramener à elle le peintre David, qui s’en était séparé dès 1789, l’avait nommé, le 7 juillet 1792, professeur adjoint. […] Cette existence précaire de la nation, cette inquiétude constante des esprits, causées par les efforts incessants du Directoire pour combattre alternativement les jacobins et les royalistes, entretenaient une activité extraordinaire dans toutes les intelligences.
Ce besoin impérieux de sa nature l’a suivi toute son existence. […] Tocqueville est tellement occupé et comme obsédé de l’idée de la démocratie qu’il y fait rentrer tout ce qu’il a observé aux Etats-Unis, et attribue à l’existence de la démocratie sur le sol américain tout ce qui existe de caractéristique et de saillant et même d’ordinaire de Boston à la Nouvelle-Orléans. […] Un peuple est libre et n’a rien à demander ou à souhaiter quand il est une association discutant librement ses moyens d’existence, de défense et d’amélioration, ou même quand il fait partie d’une association plus vaste qui l’embrasse, où il peut discuter librement ces mêmes moyens. […] Si c’est l’égalité que je cherche et uniquement l’égalité, elle se constituera aussi bien par la disparition des inférieurs que par celle des supérieurs ; car ce qui constitue l’infériorité c’est la supériorité ; mais ce qui constitue la supériorité c’est aussi l’existence des inférieurs. […] Et ces ombres vaines, ces fantômes, parfois seulement doués d’existence sans qu’on sache pourquoi, c’est pourtant ce dont je vis, ce dont vivent les miens, et la seule ressource dont les miens et moi pouvons vivre.
Elle a un rôle très important à remplir, car elle établit les faits dans leur signification et dans leurs conditions d’existence. […] La chimie elle-même ne dirige pas ses réactifs sur des substances dont elle ignore l’existence. […] C’est ce qui fait qu’on a été si longtemps à découvrir l’existence et la formation fonctionnelle de cette matière dans l’animal. […] Je portais mes études sur les conditions d’existence et de développement des cellules organiques. […] Je commençai donc par faire des observations sur les conditions d’existence des êtres les plus simples.
La fièvre électorale qui a marqué le dernier mois de l’existence du gouvernement provisoire recommence avec une intensité nouvelle. […] Il écrase, il menace, il enlace, il tue, il poursuit l’individu dans tous les développements de son existence, dans ses intérêts, dans ses affections, dans ses devoirs, dans ses droits. […] Ponson du Terrail sortait de la crise de 1848, qui, en emportant dans ses grandes eaux beaucoup d’existences anciennes, jeta quelques hommes nouveaux sur le rivage. […] Enfin, ces présomptions prennent le caractère de l’évidence lorsqu’on vient à se souvenir du labeur insensé auquel Gérard de Nerval employa les derniers mois de son existence. […] Feydeau, seront beaucoup plus disposés à penser que Fanny est une aimable femme et que Roger a dérangé par des exigences ridicules une existence qui ne manquait point de charmes et pouvait durer longtemps, s’il avait été moins absurde.
Oui, oui, je crains bien que l’opinion de Leconte de Lisle soit l’opinion des intelligents et des délicats, sur l’existence humaine. […] Sur le refus de son père de lui laisser prendre cette carrière, il abandonna la maison paternelle, et subsista on ne peut savoir comment, pendant des années de misère, où il coucha sous les ponts, en compagnie de Forain, qu’il avait rencontré dans son existence vagabonde ; une existence non de bohèmes, dit-il, mais de camelots. […] » Un moment, comme on parlait du peu de sérieux des travaux de la statistique, Pichot affirme, en riant, que les statisticiens recueillent sérieusement des blagues, comme celles qu’il faisait, quand il était dans le service de la Clinique des enfants, et qu’à propos de morts d’enfants de quatre ou cinq jours, il inscrivait : « Mort du dégoût de la vie, mort du spleen. » Dimanche 26 août Mon existence s’est passée, tout entière, dans la recherche d’un décor original des milieux de ma vie.
« Vous avez tort de douter de l’existence de Patterdale. […] … » Au milieu de ces sottes fonctions, de ses ennuis, de ses bavardages épistolaires, il se remet à l’étude ; car, qu’on ne l’oublie pas, l’étude a toujours ses heures réservées au fond de ces existences qui plus tard marqueront ; il avait entrepris une Histoire de la Civilisation en Grèce, il relit ses classiques sur le conseil de Mme de Charrière, laquelle les lisait elle-même dans les textes, au moins les latins. […] C’est à ce moment qu’un grave incident survint dans l’existence de Benjamin Constant. […] On fait bien des choses avec un louis de Lausanne quand il vaut 800 francs, et que les denrées ne sont point en raison de la valeur de l’or… Il me paraît conserver ici la même existence d’esprit que M. […] » Nous n’avons pas besoin d’excuses, ce semble, pour avoir si longuement entretenu le lecteur d’une relation si singulière et si intime, pour avoir profité de la bonne fortune qui nous venait, et des lumières inattendues que cette correspondance projette en arrière sur les origines d’une existence célèbre.
Voilà ce que Mme Henri de Régnier nous illumine d’un vif éclat, ce qui donne sa pleine signification à cette figure féminine : la prédominance, l’absorption de la sensation, ne laissant subsister aucune place dans cette âme d’instinct, pour quoi que ce soit d’autre qu’une existence d’amante ! […] Non point : elles vivent d’une existence distincte, individuelle, et bien que se rattachant au groupe central par cette solidarité qui fait l’unité d’un ouvrage, on les pourrait concevoir comme autant de petites esquisses détachées, se suffisant à elles-mêmes. […] Si personnel est leur accent qu’un nouvelliste à la Française, doué du pittoresque concis qui fit un Maupassant, pourrait en chacun d’eux trouver la matière d’un de ces contes où se reflète toute une existence. […] De notre existence contemporaine, avec ses inquiétudes, ses tourments, ses angoisses, sa beauté aussi — car tout ce qui lutte a sa beauté propre — voici donc une jeune femme qui se refuse à rien connaître, parce que délibérément elle plaça son amour dans la contemplation d’un rêve. […] Les plus grands chefs-d’œuvre de la Littérature d’imagination ne prennent leur relief à nos yeux que par l’existence de ces conflits, et sans remonter aux ouvrages que consacra le recul des années, la Femme de trente ans par exemple ne garde son prestige littéraire, que dans la phase morale si je puis dire, celle où l’instinct du devoir poursuit sa lutte avec les mouvements de la passion13.
Vers le café arrive la question de l’immortalité de l’âme et de l’existence de Dieu. […] Ce n’étaient que combats de plume et de paroles qui ne nous paraissaient pouvoir faire aucun dommage à la supériorité d’existence dont nous jouissions et qu’une possession de plusieurs siècles nous faisait croire inébranlable.
Les idées sont nées avec notre âme, et ne font que s’appliquer, pendant notre existence terrestre, aux phénomènes qui sont sous notre perception. […] Une seule chose l’embarrasse dans cette théologie, c’est l’existence de la matière ; il ne veut pas la reconnaître divine, et cependant il ne veut pas reconnaître que Dieu ait pu créer, lui esprit, une substance si étrangère à sa perfection ; il fait donc coexister la matière avec Dieu.
Il n’est que trop vrai qu’un petit nombre de boutades d’esprit, éparses çà et là dans ses lettres au roi de Prusse, à d’Alembert, à Diderot, à madame du Deffand surtout, semblent jeter quelques doutes ou quelques dédains sur la nature et sur l’immortalité de l’âme, sur la personnalité et sur la providence de cet être suprême et infini appelé Dieu, auteur de tous les êtres, sans lequel tous les êtres seraient des effets sans cause ou des existences plus irrationnelles que le néant ; mais ces crimes de la raison contre elle-même dans Voltaire sont de lâches complaisances de plume, de honteuses concessions de bon sens faites par adulation à la femme impie, au prince immoral, aux écrivains sceptiques à qui ses lettres étaient adressées. […] Mais à peine avait-il écrit ces lignes impies qu’il rougissait de les avoir écrites et qu’il s’en vengeait en écrivant d’une main plus ferme les pages les plus solides de pensée et les plus magnifiques d’expression sur l’existence de Dieu dans ses œuvres, sur la conscience, ce code vivant de la morale une et éternelle, sur la moralité ou sur l’immoralité des actes humains, moralité ou immoralité qui suppose une peine ou une rémunération finale, et par conséquent une immortalité.
C’est le symbole vague et confus de mes sentiments et de mes idées à mesure que les vicissitudes de l’existence et le spectacle de la nature et de la société les faisaient surgir dans mon cœur ou les jetaient dans ma pensée ; ces sentiments et ces idées ont varié avec ma vie même, tantôt sereines et heureuses comme le matin du cœur, tantôt ardentes et profondes comme les passions de trente ans, tantôt désespérées comme la mort et sceptiques comme le silence du sépulcre, quelquefois rêveuses comme l’espérance, pieuses comme la foi, enflammées comme cet amour divin qui est l’âme cachée de toute la nature. Mais quelle qu’ait été, quelle que puisse être encore la diversité de ces impressions jetées par la nature dans mon âme, et par mon âme dans mes vers, le fond en fut toujours un profond instinct de la divinité dans toutes choses ; une vive évidence, une intuition plus ou moins éclatante de l’existence et de l’action de Dieu dans la création matérielle et dans l’humanité pensante ; une conviction ferme et inébranlable que Dieu était le dernier mot de tout !
Un an avant de se donner ce contentement trop peu digne de lui, la Bruyère écrivait les belles pages où il fait servir les vérités de l’astronomie à la démonstration de l’existence de Dieu. […] Il est impossible, selon lui, de prouver par « moyens humains » l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme.
Ce bon et sain programme de l’existence, que mes professeurs m’inculquèrent, je n’y ai jamais renoncé. je ne crois plus que le christianisme soit le résumé surnaturel de ce que l’homme doit savoir, mais je persiste à croire que l’existence est la chose du monde la plus frivole, si on ne la conçoit comme un grand et continuel devoir.
Un jour, il me trouva dans une allée du parc, assis sur un banc de pierre, je me rappelle que je lisais le traité de Clarke sur l’Existence de Dieu. […] J’aperçus l’insuffisance de ce qu’on appelle le spiritualisme ; les preuves cartésiennes de l’existence d’une âme distincte du corps me parurent toujours très faibles ; dès lors, j’étais idéaliste, et non spiritualiste, dans le sens qu’on donne à ce mot.
Et le poète s’apitoie sur cette population qui ne peut se consoler de la vie qu’en s’abrutissant de gin ; il montre l’amour dégénérant en bestialité sauvage dans ces centres putrides ; il supplie les habitants de climats plus doux, les joyeux enfants de l’Italie, de ne pas changer leur heureuse pauvreté pour cette existence infernale, où, dans le bruit des métiers, des rouets, des bobines, Le fer use le fer et l’homme use les hommes. […] Les autres, les plus nombreux, sont obligés d’employer leur talent comme moyen d’existence et pour ceux-ci il faut toujours se demander quel est, en dernière analyse, le groupe qui les paie ; car de sa valeur intellectuelle et morale, de la part de revenus qu’il veut ou peut consacrer à la satisfaction de ses goûts esthétiques dépend en une mesure non négligeable l’orientation des œuvres littéraires.
Chez nous donc la musique a toujours été et, en dépit de tout ce qu’on peut dire, est toujours un article de luxe ; elle n’entre nullement dans la vie ordinaire de notre peuple, et il y a des milliers d’excellents citoyens qui passent à travers l’existence sans jamais entendre une seule note de musique. […] La grotte, en se refermant, laisse voir l’extérieur de la montagne, au sein de laquelle les traditions populaires plaçaient son existence, et tout le paysage qui environne le château de la Wartbourg.
Il dit encore, que dans le commerce, les Boissier, les Marquis, sont des maisons à part, et que tout le reste à peu près du commerce de Paris, vit toute son existence, en ayant la plus grande peine à ne pas faire faillite. […] Il entremêle son récit de détails sur la vie des habitants, sur leurs habitudes, sur les mouvements d’âme de ces infirmes, sur les originaux de l’endroit, des détails enfin, avec lesquels un romancier ferait un original et neuf début d’une existence.
« Son existence ne correspond, chez l’individu, à aucun signe extérieur, et jamais ne justifia ces singularités d’attitude auxquelles la légende est si complaisante et les farceurs si fort enclins. […] C’est un être comme chacun de nous, et les notions de l’existence sont en lui pareilles à celles de tous les mortels.
Les modernes qui contestaient l’existence du péché, ne contestaient cependant pas l’existence des maisons de fous.
qui marquent mieux les profanations dans le poète et le deuil des regrets dans ceux qui l’aimèrent, ne sauveront pas d’un oubli certain ce recueil, où se réfléchit toute une existence, depuis la jeunesse jusqu’après la maturité. […] Cette espèce d’illusion que le livre détruirait à coup sûr, pour peu qu’on lût le livre, pour peu qu’on eût la force d’absorber ces huit cents pages de vers qui n’ont pas d’autre raison d’existence que le moi de M.
C’est que le vice comique a beau s’unir aussi intimement qu’on voudra aux personnes, il n’en conserve pas moins son existence indépendante et simple ; il reste le personnage central, invisible et présent, auquel les personnages de chair et d’os sont suspendus sur la scène. […] Une fois écartées ces infériorités qui intéressent le sérieux de l’existence (et elles tendent à s’éliminer elles-mêmes dans ce qu’on a appelé la lutte pour la vie), la personne peut vivre, et vivre en commun avec d’autres personnes.
J’ai cependant entendu dire, je ne sais plus par qui, que l’on se plaignait dans l’Aragon que les ministres de Madrid n’y donnaient aucun signe d’existence, et qu’on n’y recevait aucun ordre du roi.
Quand je veux m’instruire, je passe là-dessus, je marche sur ces cailloux au risque de m’écorcher un peu ; mais jamais pour le grand public français, jamais dans la patrie de Malebranche et de Jouffroy je ne croirai qu’il est nécessaire ou utile de se servir de ces termes que je prends au hasard, le déterminisme, l’hypothèse d’une chute préexistentielle, l’existence de l’inconditionné, etc.
Il s’était mis cependant à l’étude de l’Allemagne, et par l’Allemagne il s’était vu initié à ces sciences de formation moderne qui ont tant de peine à pénétrer chez nous et à y prendre pied, même après trente et quarante ans d’existence constatée et régulière.
Une année de pension, le second mariage de son père, qui épousa une jeune personne, douée elle même du goût et du talent d’écrire60, apportèrent quelque variété dans l’existence concentrée et casanière de notre poëte.
Bien que ce rapport ne soit point nécessairement un lien de plus de l’homme avec le monde, puisque dans le cas du christianisme c’était du mépris et un complet détachement, toutefois la conception nouvelle qui établit ce rapport tend toujours à se réaliser socialement ; elle s’empare en souveraine de l’existence actuelle de l’homme ; elle le prend et l’enserre de ses plis et replis en cette vie, sans lui donner relâche ni trêve ; elle l’associe sous une forme plus saisissante et plus large à la fois que toutes les formes qui ont précédé ; elle le presse et le soulève tour à tour de tout le poids d’une institution forte et sainte.
» Mais si un autre jour, et cela a dû arriver bien des fois, on disait à quelqu’un de ces hommes d’État qui ne comptaient point dans leur spécialité l’opinion, qui n’en paraissaient pas même soupçonner l’existence et les courants cachés persistants : « Mais prenez garde !
Nous prenons des abstraits fort simples, la surface qui est la limite du solide, la ligne qui est la limite de la surface, le point qui est la limite de la ligne, l’unité ou qualité d’être un, c’est-à-dire l’existence distincte parmi des semblables.
à nous deux nous imaginerons, nous vivrons une vie affinée, grandiose, non vécue jusqu’ici… Elle ne t’attire donc pas, cette existence surhumaine ?
J’estime que si le mensonge produit parfois dans l’existence d’agréables comédies, la sincérité est absolument nécessaire en art.
De même que la vie monastique, où tout est prévu et réglé dans ses moindres détails d’une manière invariable, détruit le pittoresque de la vie et efface toute originalité, de même une civilisation régulière, en traçant à l’existence un trop étroit chemin, et en imposant à la liberté individuelle de continuelles entraves, nuit plus à la spontanéité que le régime de l’arbitraire 187. « Cette liberté formaliste, a dit M.
La société n’étant plus sûre de son existence, en contracta une sorte de tremblement et ces habitudes de basse humilité, qui rendent le moyen âge si inférieur aux temps antiques et aux temps modernes 816.