Son rôle de tribun cesse. […] Précipité de la tribune, il y remontait le lendemain ; humilié par les sarcasmes, étouffé par les murmures, désavoué par tous les partis, disparaissant entre les grands athlètes qui fixaient l’attention publique, il était sans cesse vaincu, jamais lassé. […] XIV « Le club dominant était celui des Jacobins ; ce club était la centralisation de l’anarchie ; aussitôt qu’une volonté puissante et passionnée remue une nation, cette volonté commune rapproche les hommes, l’individualisme cesse et l’association légale ou illégale organise la passion publique.
Au reste, le roi ne cessa d’être satisfait de son application, et il le lui témoigna en le faisant entrer à l’Académie, presque malgré la compagnie. […] Nous connaissons mieux les dernières années de Boileau que sa jeunesse et sa maturité, grâce à sa correspondance : de 1687 à 1699 s’étend la correspondance avec Racine, et précisément en 1699, quand celle-ci cesse, nous voyons s’en établir une autre avec Brossette, qui nous conduit jusqu’à la mort du poète. […] Point n’était besoin, pour l’amadouer, des fromages et des jambons dont son futur commentateur l’accablait sans cesse.
Effectivement et pratiquement parlée des Alpes aux Pyrénées, dans ses divers dialectes, par des millions d’hommes, support et expression d’une sensibilité, d’une âme particulière, elle n’a cessé, même aux époques où le sens de sa destinée s’est le plus obscurci, d’être véritablement écrite. […] (Il n’a cessé nonobstant de fournir des prosateurs de premier ordre : témoignage de la prééminence de la Poésie.) […] Cependant, les Muses ne cessent de chanter sur la Montagne… Au fond, M.
On n’avait pas d’ailleurs cessé un seul jour en France d’écrire ou de parler en latin, en sorte que depuis longtemps, par la religion, par l’usage, par ces grands traits de ressemblance avec le peuple romain, nous inclinions du côté où nous poussait le catholicisme, vainqueur de la Réforme. […] Il dégage sans cesse sa raison de son imagination et de ses passions ; il s’attache à la recherche de ce point milieu, où l’on se trouve enfin soi-même, et d’où l’on juge les autres avec le moins de chances d’erreurs. […] Le sceptique, ne s’attachant à rien sans restriction, doit renouveler sans cesse ses connaissances et ses idées.
On craint que, devant ces innombrables yeux ouverts sur sa vie, l’homme, regardé de tous côtés et connu de la nature, ne finisse par moins estimer le privilège de la pensée qui cesse d’être un mystère entre Dieu et lui. […] En un temps où l’on a si fort exalté les écrits de premier jet, et dénoncé le travail comme l’ennemi de l’inspiration, il s’est imposé, sur la foi d’Horace, « le travail et la lenteur de la lime », sur la foi de Boileau, le Polissez-le sans cesse et le repolissez ; il a cru avec Voltaire que « qui ne sait pas se corriger ne sait pas écrire », et il a retravaillé ses poésies avant de les donner à lire dans une dernière édition. […] Une mode vient-elle à tourner les esprits d’un autre côté, tout ce bruit cesse, et voilà de la pâture pour les rares curieux des livres qui ne se lisent plus.
— Messire, dit-elle, vous m’avez requis en cet endroit pour vous plaindre à moi de la haine que vous portent le nain du roi et certains larrons qui ne cessent de vous nuire. […] dit Tristan, qui devina qu’on les observait, je songe à quitter le royaume ; c’est le seul moyen d’échapper aux méchants propos qu’ils ne cessent de tenir sur moi. […] Wolzogen en fut le rédacteur en chef jusqu’à sa mort et la revue cessa alors d’être publiée.
Un des dieux fut touché du malheur des humains : C’est celui qui pour nous sans cesse ouvre les mains, C’est Phébus Apollon. […] La lutte du jour et de la nuit, soit au crépuscule du matin, soit au crépuscule du soir, c’est une des idées poétiques qu’il caresse sans cesse et qu’il a le plus souvent exprimée, toujours avec une certaine variante, variante heureuse. […] Cessez de me louer.
On est ce qu’on est, on ne peut être autre chose : Coupeau ne pourrait cesser de boire, Denise ne pourrait se donner à Mouret. […] Lorsque la mort nous emporte, est-ce nous qui cessons de voir les choses, ou sont-ce les choses qui s’abîment ? […] Ainsi, il a observé, que dans tous les domaines ses impressions et ses goûts se modifient sans cesse : aussi ne les donne-t-il jamais comme définitifs. […] Il en est d’autres qui ne cessent pas d’avoir peur, mais dont le miel adoucit pourtant la crainte et qui, l’attente se prolongeant et le miel ne s’épuisant pas, finissent par trouver leur position à peu près tolérable. […] Desjardins, dont l’action, depuis deux ou trois ans, grandit sans cesse.
Est-ce qu’on cesse d’être méchant à volonté ? […] Ce n’est pas elle, c’est votre mauvais jugement qui ne cesse de les accuser. […] Adieu, mon ami ; soyons et continuons d’être honnêtes gens : l’état de ceux qui ont cessé de l’être me fait peur. […] Il est bien malheureux pour moi d’avoir à vous importuner sans cesse et qu’il ne suffise pas toujours d’être innocent pour être tranquille. […] Ainsi Moïse peut cesser de tenir les mains élevées vers le ciel.
Le prince Ouroussoff le connaît et le susdit baron n’a cessé de lui dire que la position qu’il occupe si jeune lui fait trop d’honneur, qu’il ne croit pas l’avoir méritée, que c’est à la bonté de l’Empereur qu’il la doit. […] Vous aimez une femme, elle vous aime ; un beau jour elle cesse de vous aimer ; mais est-ce sa faute ? […] Je cesse car Coco et Prater recommencent leur sabat-stien. […] Et je suis encore bonne de vous le dire car je vais cesser d’être intéressante, si je l’ai jamais été. […] Devant les doux accents d’un noble repentir, Me faut-il donc, seigneur, cesser de vous haïr ?
La civilisation ayant développé en l’entretenant sans cesse, en le tenant sans cesse en exercice, l’instinct de la curiosité, l’objet nouveau, ne rencontrant et n’excitant chez le civilisé que cet instinct de curiosité, rend plutôt l’homme très sérieux. […] Quand je dis qu’elle n’a jamais cessé, je commence à croire que c’est une erreur. Elle a complètement cessé de nos jours. […] J’ai cessé d’être timide. […] Ou plutôt l’amoureuse qui, parce qu’elle est amoureuse, cesse d’être courtisane.
Dans un temps en effet où toute la politique française tournait sur cette grave question de la succession d’Espagne, on reprenait aux choses d’Espagne une vivacité d’intérêt qu’à peine, pendant quinze ou vingt ans, avait-on cessé d’y porter. […] Toujours est-il que sa carrière littéraire se termine avec la onzième partie de Marianne, en 1711, et qu’à partir de cette date, ayant cessé d’écrire, il a vraiment cessé de vivre. […] À dater de ce jour, l’aventure, destituée de la place qu’elle avait occupée jusqu’alors, cesse d’être le principal élément d’intérêt du récit. […] Tout ce que nous savons, c’est qu’à partir de 1746, ou environ, s’il ne cessa pas d’écrire, il cessa de composer des romans, et que les travaux de librairie l’absorbèrent tout entier. […] Le fait est que Rousseau a connu la misère, puisqu’il note lui-même dans ses Confessions le jour où il a cessé de sentir la faim, et puisque, d’ailleurs, on a pu prétendre que la détresse de ses dernières années le conduisit au suicide.
Pendant la courte maladie de Drusus, et dans les premiers jours qui suivirent sa mort, Tibère ne cessa point de paraître au sénat. […] Plutarque, pendant le long séjour qu’il fit dans sa patrie, fut sans cesse occupé d’elle. […] Sans cesse appuyée par les faits, presque toujours embellie par des images heureuses, de vives allégories, elle parle au cœur et à la raison. […] Arrêtez-vous, sphères toujours mouvantes du ciel ; arrêtez-vous, afin que le temps puisse cesser, et que minuit n’arrive jamais ! […] Homère, après la Bible, avait toujours été sa première lecture ; il le savait presque par cœur, et l’étudiait sans cesse.
Nous prétendons réconcilier la liberté et l’ordre, et faire cesser un divorce vieux comme le monde. […] Sainte-Beuve pouvait être plus utile, plus actuel, d’une application plus réelle et plus directe, en un mot plus moral, sans cesser pour cela d’être catholique. […] Il faut donc une morale pour les cœurs que la foi délaisse, pour les âmes que la religion ne saurait remplir ; il faut une morale pour combler l’abîme que les révolutions des empires, que les prédications des philosophes, que le scepticisme naturel à l’esprit humain, creusent sans cesse dans la conscience des hommes. […] Le major Hall, au lieu de sévir contre les coupables, a fait cesser la cause du crime, l’a rendu inutile, nuisible même à ceux qui le commettaient ; et il n’y en a plus un seul exemple. […] Aussi ne cesse-t-il, dans sa correspondance, de combattre par des raisonnements moitié sérieux, moitié plaisants, les inquiétudes de sa famille et de ses amis.
Quoiqu’il ait eu, comme La Fontaine, le tort de préférer dans le particulier les Jeannetons aux Climènes, il savait ce que valent les Climènes, et il les rechercha, il les convoita sans cesse ; il se frottait à elles, sauf à s’y brider. […] Mme de Verdelin mérite d’être distinguée entre les diverses dames amies de Rousseau, en ce qu’elle n’était nullement bel esprit ni bas-bleu, ni rien qui en approche70 ; qu’avec un esprit fin elle n’avait nulle prétention à paraître ; qu’elle aimait l’écrivain célèbre pour ses talents et pour son génie sans doute, mais pour lui surtout, pour ses qualités personnelles, non pour sa réputation et sa vogue : elle n’apporta dans cette liaison aucun amour-propre ni ombre de susceptibilité, lui resta activement fidèle tant qu’il le lui permit, et elle ne cessa, elle ne renonça à la douceur de le servir que lorsqu’il n’y eut plus moyen absolument de l’aborder ni de l’obliger ; et alors même elle garda intact son sentiment d’amitié, comme un trésor, hélas ! […] Son mari meurt ; il a cessé de souffrir dans les derniers jours de 176377. […] Il n’est que de vivre et de durer un peu longtemps pour que toutes les variétés et les oppositions se produisent dans ce grand drame historique bigarré qui change sans cesse et qui lui-même se reflète en mille faces dans l’existence d’un chacun.
J’irai bientôt vous voir à Iéna. » VIII Schiller travaillait alors à son vaste drame historique de Wallenstein, sans cesse interrompu par la souffrance, sans cesse repris par l’obstination de la volonté. […] Ses mains actives sont sans cesse à l’œuvre ; elle augmente par son esprit d’ordre le bien-être du ménage ; elle remplit de trésors les armoires odorantes, tourne le fil sur le fuseau, amasse dans des buffets soigneusement nettoyés la laine éblouissante, le lin blanc comme la neige ; elle joint l’élégant au solide et jamais ne se repose. […] C’est à cette hauteur que l’homme cesse pour ainsi dire d’être homme pour devenir artiste.
Jouer n’est pas un caractère ; la preuve c’est qu’on s’en corrige : le joueur cesse de jouer. […] La finance renouvelle sans cesse les copies de Turcaret. […] La comédie de Destouches avait cessé de faire rire ; c’était une transition naturelle à la comédie qui allait faire pleurer. […] La doctrine de Diderot n’a pas cessé d’être en honneur.
Le progrès analytique de la pensée eût-il été scientifiquement reconnu si les langues ne nous eussent montré, comme dans un miroir, l’esprit humain marchant sans cesse de la synthèse ou de la complexité primitive à l’analyse et à la clarté ? […] Il est temps que la raison cesse de critiquer les religions comme des œuvres étrangères, élevées contre elle par une puissance rivale, et qu’elle se reconnaisse enfin dans tous les produits de l’humanité, sans distinction ni antithèse. […] Dans le premier âge, la religion n’a pas besoin de symboles ; elle est un esprit nouveau, un feu qui va sans cesse dévorant devant lui ; elle est libre et sans limites. […] On n’a pu commencer à voir dans le christianisme une Poétique que quand on a cessé d’y voir une Théologie, et je me suis souvent demandé si Chateaubriand a voulu faire autre chose qu’une révolution littéraire.
Et dès ce moment il ne cesse de penser sérieusement à mettre ce drame en musique. […] En octobre, déjà, il cessait cette tentative futile, qui fut sa dernière tentative d’opéra. […] Mais l’hostilité de la foule ayant cessé peu à peu et s’étant transformée en curiosité, il a enfin fallu passer à la période éducatrice. […] Wagner, qui dans ses lettres de Zurich traite déjà les premières brochures de ses admirateurs de « tas de fatras », Wagner, qui ne cessait de demander « des hommes, des hommes, et pas de mannequins » !
Ils ont peur, en plaignant autrui, d’en venir à cesser de se plaindre eux-mêmes : et pourtant le meilleur moyen de rétablir en soi l’équilibre, ce serait d’y faire une part à autrui. […] Répétons, d’ailleurs, qu’à notre époque les idées marchent vite, la science se transforme sans cesse ; comment les écoles littéraires pourraient-elles échapper à ce mouvement continu ? […] Même s’il s’agit d’une paysanne italienne, un être bien réel cependant, sa façon de voir restera la même : Ses grands yeux, Qui parfois tournaient, à moitié étourdis, sous Ses paupières passionnées, et comme noyés, quand elle parlait, Avaient aussi en eux des sources cachées de gaieté, Lesquelles, sous les noirs cils, sans cesse S’ébranlaient à son rire, comme lorsqu’un oiseau vole bas Entre l’eau et les feuilles de saule, Et que l’ombre frissonne jusqu’à ce qu’il atteigne la lumière323. […] C’est ainsi que, peu à peu, en élargissant sans cesse ses relations, l’art en est venu à nous mettre en société avec tels et tels héros de Zola.
On rit, pendant longtemps, de la bonne opinion que Saint-Sorlin avoit de lui-même ; mais, pour que toute plaisanterie cessât, il eut l’adresse de faire de ses intérêts ceux de la France, d’opposer ses grands hommes à tous ceux d’Athènes & de Rome. […] Cependant les auteurs de la querelle avoient envie de la faire cesser : ils étoient las de prêter si longtemps à rire au public : des amis communs s’employèrent pour cela. […] Il ne pouvoit sur-tout passer à son adversaire le conte des Souhaits ridicules, où est cette aune de boudin que le grand Jupiter fait descendre par la cheminée, & qui pend au bout du nez de l’héroïne : mais tous les obstacles de accommodement furent levés, & Boileau le célebra l’an 1699 : Tout le trouble poëtique, A Paris, s’en va cesser. […] Son dialogue, à la manière de Lucien, fit cesser l’illusion.
Il lui fiait (à Gabrielle) les avis et rapports qu’on lui faisait de ses serviteurs, et, lui découvrant les blessures de son esprit, elle en apaisait incontinent la douleur, ne cessait que la cause n’en fût ôtée, l’offense adoucie et l’offensé content ; en sorte que la Cour confessait que cette grande faveur dangereuse à un sexe impérieux soutenait chacun et n’opprimait personne ; et plusieurs s’éjouissaient de la grandeur de sa fortune. […] On annonçait sa mort même avant qu’elle eût cessé de vivre.
Et tout en disant cela, et toujours sans écouter la réponse de la duchesse de Berry, qui, piquée, fit une profonde révérence et sortit, Madame continuait d’écrire sa lettre en allemand, et sa plume ne cessait de courir sur le papier. […] Elle n’était pourtant pas sans se rendre compte du principe de faiblesse de son gouvernement ; elle le dit et le redit sans cesse : « Il est très vrai qu’il vaut mieux être bon que méchant, mais la justice consiste à punir aussi bien qu’à récompenser, et il est sûr que celui qui ne se fait pas redouter des Français, a bientôt sujet de les craindre ; car ils méprisent bientôt celui qui ne les intimide pas. » Elle connaît la nation et la juge toujours comme quelqu’un qui n’en est pas.
Cela ne l’oblige guère, et il ne cesse de vaquer, par monts et par vaux, à l’accroissement et à l’engrossement de son trésor. […] Dans ce pays qui a conservé sans interruption le culte du gothique fleuri et de la noblesse chevaleresque, Froissart n’a pas cessé d’être apprécié, ou du moins il a de bonne heure retrouvé des lecteurs d’élite et des admirateurs, non pas seulement chez les savants et les érudits comme en France, mais chez les hommes de lettres et les curieux délicats.
Cessez donc d’écrire à un homme qui traîne tous les malheurs après lui, et dont l’étoile est empoisonnée… » Lassay fera toute sa vie grand usage de cette étoile, pour lui imputer tout ce qui sera faute ou légèreté de sa part : et quant à vouloir mourir sans cesse, cette manière de dire le mènera jusqu’à quatre-vingt-six ans.
Cessez cette cruelle philosophie ; ne ravissez point à l’infortuné sa dernière espérance : qu’importe qu’elle soit une illusion, si cette illusion le soulage ? […] Je suis à présent fort lié avec cet admirable jeune homme auquel vous me léguâtes à votre départ21 ; nous parlons sans cesse de vous ; il vous aime presque autant que moi.
Quelque goût personnellement qu’il eût à jouer de la hallebarde ou de la pique, il y entremêle sans cesse l’arquebuserie ; il combine l’action de ce nouveau moyen avec les autres armes de guerre, et, loin d’avoir aucun préjugé qui l’enchaîne aux us et coutumes de l’ancienne chevalerie, on le voit aussi ouvert et aussi entendu qu’homme de son temps à toute invention et à toute pratique militaire utile. […] Vinrent pourtant les objections, de la part du connétable surtout : pour cette place de lieutenant du roi dans une république italienne, au milieu des partis et des ordres divers de citoyens à contenir et à ménager, il fallait un grand fonds de prudence, et Montluc, disait-on, en manquait : sa réputation d’homme fâcheux, bizarre et colère, était mise sans cesse sur le tapis.
Ce livre de controverse par un catholique royaliste eut du succès : l’évêque de Cahors, entre autres, messire Antoine Hébrard de Saint-Sulpicel, sur la seule lecture de la première édition, voulut en rapprocher de lui et en posséder l’auteur ; il n’eut point de cesse qu’il n’eût établi Charron dans sa maison épiscopale avec charge et fonction de prêcher en son église les dimanches et fêtes. […] Mourin, la chaire était devenue une tribune : les orateurs attisaient sans cesse les haines des masses.
Pour des hommes d’école tels que Gui Patin, la poésie française qui allait se renouveler et atteindre à sa perfection par Despréaux, par Racine et La Fontaine, existait peu ; la poésie latine, si florissante au xvie siècle, n’avait pas cessé de régner. […] … Ce second du Périer, et qui se croyait le plus célèbre, avait été l’un des maîtres de Santeul pour les vers latins, et en même temps il était son rival, son antagoniste et son antipathique, celui à qui il se comparait volontiers et à qui il se préférait sans cesse.
Cette vie oisive eût paru trop longue et trop monotone si le travestissement ne l’avait sans cesse renouvelée. […] Pourtant on ne peut s’empêcher de remarquer que si Boileau avait ajouté à ses talents de poète et à sa finesse de critique les grâces et le monde de Voiture, son art de vivre sur un pied de familiarité avec les plus grands et de jouer sans cesse avec eux sans s’oublier, il eût mieux ressemblé à Horace.
Au lieu d’une route désormais tout ouverte pour lui de grand capitaine en plein soleil, de généreux et féal Français, sous un grand homme dont il aurait été le lieutenant illustre et le second, il va se trouver engagé par la force des choses dans une vie de faction, de lutte en tous sens, de dispute pied à pied et de chicane avec les siens et les orateurs envieux de son parti, de rébellion en face des armées et de la personne même de son roi, d’alliance continuelle avec l’étranger ; il va former et consumer ses facultés d’habile politique et d’habile guerrier dans des manœuvres où l’intérêt et l’ambition personnelle font, avec les noms sans cesse invoqués de Dieu et de conscience, le plus équivoque mélange, tellement que celui même qui s’y est livré si assidûment serait bien embarrassé peut-être à les démêler. Enfin, avec des qualités d’un ordre supérieur qu’il aura eu sans cesse à exercer et à combiner, à tenir en échec les unes par les autres, il ne trouvera jamais cette occasion pleine et entière qu’il avait une fois espérée, l’une de ces journées de gloire éclatante et incontestable qui consacrent un nom ; et même après ses plus belles campagnes, par quelque accident final qui en rompt l’effet, il aura toujours besoin d’éclaircissement et d’apologie.
L’ère de guerre et de rivalité à main armée, entre les deux communions, avait cessé ; on entrait dans un régime nouveau, qui aurait dû être un régime de police civile, de légalité, de raison ferme, d’action douce et de conquête par la seule parole. […] Mais cet astre contrariant, qui a tant de fois traversé et obscurci la carrière de Rohan, reparaît de nouveau, et nous retrouvons ses malignes influences qui ne cesseront plus.
Il l’avertit plus d’une fois combien il importe, en cas d’événement imprévu, qu’il soit au fait de toutes les choses qui concernent l’État, il ne cesse enfin de considérer en lui son héritier présomptif ; car un des caractères philosophiques de Frédéric, c’est de penser habituellement à la mort, mais d’y penser en homme-roi et en vue de pourvoir à la sûreté de l’État après lui. […] Nombre de lettres de Frédéric adressées à son frère, à la veille ou au lendemain des batailles acharnées où il risque tout et où, tantôt battu, tantôt battant, sa personne est continuellement enjeu, lettres toutes remplies de recommandations nettes et précises, attestent sa simplicité, sa force d’âme et son souci patriotique de l’État, il met certainement le plus haut prix aux services que le prince Henri ne cesse de rendre, en ces cruelles années, par ses soins et ses bonnes dispositions autant que par sa valeur : « L’Europe, lui dit-il (mai 1759), apprendra à vous connaître non seulement comme un prince aimable, mais encore comme un homme qui sait conduire la guerre et qui doit se faire respecter.
Elle n’avait cessé d’être en de bons termes avec Voltaire et de correspondre avec lui avant et depuis sa disgrâce de Berlin : « Je vous ai promis, monsieur, de vous écrire, et je vous tiens parole, lui disait-elle en décembre 1750 au début de leur relation, quinze jours après l’avoir vu à Berlin. […] Toute cette fin d’année (1757), elle ne cesse, même après la nouvelle et tout à fait glorieuse victoire de Lissa ou Leuthen, de suivre la négociation entamée : elle ne respire que la paix.
L’idéal a cessé ; le lyrique est tari. […] Ici commence une analyse profonde, délicate, serrée ; une dissection cruelle s’entame et ne cessera plus.
Si au contraire, au lieu de te traîner lentement sur la route du bonheur et de la gloire, chargé d’un lourd costume d’avoyer, et escorté d’une troupe d’huissiers à baguette, tu veux, dans toute la vigueur de ton esprit, cursu contingere metam, cesse de regarder derrière toi, à droite, à gauche, en haut, en bas, et tiens constamment les yeux fixés sur le but qui t’est offert. […] Ainsi l’homme de lettres en Bonstetten profitait de l’administrateur déjà, de même que l’administrateur en lui profita et s’inspira sans cesse de l’homme de lettres éclairé, bienveillant et ami sincère de l’humanité.
C’est là son fin mot : il est le contraire de ces natures affamées de vivre et de renaître sans cesse, altérées d’immortalité, et dont Mme de Gasparin nous offre un type ardent et palpitant dans la fréquence et la récidive de ses éloquents écrits. […] Mais non, cesse, mortel, de tant t’humilier : Comme un rêve la nue est fugitive et belle ; Qu’importe que son front éblouisse, étincelle, Si l’homme au fond de soi n’en jouit tout entier ?
Par exemple, en terminant une Histoire de Port-Royal où le grand Racine aurait rempli toute la place qu’il doit tenir, et où l’on aurait montré l’esprit religieux de cette sainte maison s’exprimant par sa bouche avec un caractère unique de tendresse, de mélodie et de grandeur, dans l’œuvre d’Athalie et surtout dans celle d’Esther on ajouterait quelque chose comme ceci : « Il est un autre Racine que l’on aurait aimé à y joindre, ce Racine fils qui n’a pas été tout à fait sans doute le poète tendre, plaintif, l’élégiaque chrétien, le Cowper janséniste qu’on aurait souhaité à Port-Royal expiré, mais qui en a eu quelques accents ; ce Racine fils qui offre le modèle de la manière la plus honorable de porter un nom illustre quand on est engagé dans la même carrière ; car si le crime d’une mère est un pesant fardeau, la gloire d’un père n’en est pas un moins grand, et Racine fils n’a cessé de le sentir en même temps qu’il a suffi dignement encore à ce rôle difficile. […] Ce que Virgile a remarqué des semences est vrai des hommes : il faut les trier, les épurer, les agiter sans cesse ; autrement tout dégénère.
Louis Paris ait rappelé le souvenir de l’Œdipe-Roi de Sophocle ; mais, ce qui est moins naturel, il s’est mis, à force de vouloir admirer la scène du mystère, à la préférer presque à la situation et à la conception de l’antique : « La seule différence dans le sujet, dit-il, consiste dans la continuelle innocence d’Œdipe : ses crimes sont involontaires ; écrasé sous le poids de la fatalité, le malheureux Œdipe ne cesse d’être vertueux. […] Didron, ce vrai pionnier du moyen âge, n’a cessé d’être un provocateur et un promoteur utile et des plus méritants dans cette branche de recherches qui semblent aujourd’hui arrivées à leur terme.
J’ai parlé des Martyrs, dont la comparaison ici revient sans cesse, et qui ne sont eux-mêmes qu’à demi réussis ; mais, dans Chateaubriand, il y a de temps en temps l’enchanteur qui passe avec sa baguette et son talisman : ici l’enchanteur ne paraît nulle part. […] Quant à la peinture même des visages, c’est la physionomie qu’il convient de rendre d’un mot et d’un éclair, bien plus que le détail des traits dont l’énumération ne doit pas revenir sans cesse.
L’idée philosophique de Condorcet, le rêve ardent du progrès, cessait d’être une aspiration vague et presque chimérique : elle prenait corps, elle allait trouver son moyen d’exécution et son organe. […] Et pourtant la routine a-t-elle donc cessé ?
Osant blâmer M. de Richelieu d’avoir accédé, de guerre lasse et le cœur navré, à ce traité nécessaire et imposé qui diminua la France et qui en rogna la carte, bien moins pourtant qu’on ne l’avait craint, il disait d’un air capable : « Au reste, il y avait une autre carte plus respectable que celle dont on a parlé : elle était tracée dans le cœur de tous les Français attachés à leur roi. » Il répétait sans cesse, en se flattant d’avoir une recette royaliste de son invention : « On peut étouffer la faction, sans arracher un cheveu de la tête d’un seul factieux. » C’était le même qui, autrefois préfet à Metz sous l’Empire, un jour de cérémonie et de fête impériale, avait dit à sa fille en présence d’un buste de Napoléon : « Fille d’un guerrier, couronnez le buste d’un héros ! […] Il la tenait toujours entre ses mains : s’il était content de ce qu’il entendait, il oubliait de prendre sa prise ; sinon, il prisait sans cesse et vidait sa tabatière.
La Diète de Ratisbonne, prise à tout instant pour juge et harcelée de réclamations, ne savait qu’opposer un veto impuissant, réserver les droits, se plaindre et demander, que la France voulût bien produire une bonne fois toutes ses prétentions : c’était, disait-elle, le seul moyen pour elle de couper court d’un seul coup à « ce chancre de prétentions que la France proposait sans cesse, et qui ne pourrait être qu’irrémédiablement contagieux pour l’Empire. » On en vint même, dans cette guerre de chicane, jusqu’à soupçonner que, parmi les titres qu’on produisait à l’appui du droit de la France, tous les parchemins n’étaient pas aussi vieux qu’on le disait. […] Tant que Strasbourg n’était pas déclarée une cité française, des affinités naturelles de tout genre et des habitudes invétérées la rattachaient instinctivement à l’Allemagne ; la France, en chaque occasion douteuse, devait avoir, à son sujet, des motifs légitimes de plainte et des griefs sans cesse renaissants.
D’autres esprits plus précis et plus fermes étaient écoutés : Dumarsais, Duclos, — n’oublions pas un de leurs prédécesseurs, le Père Buffier, un jésuite doué de l’esprit philosophique, — l’abbé Girard, — mais Voltaire, surtout, Voltaire le grand simplificateur, qui allait en tout au plus pressé, et qui, en matière d’orthographe, sut se borner à ne demander qu’une réforme sur un point essentiel, une seule : en la réclamant sans cesse et en prêchant d’exemple, il finit par l’obtenir et par l’imposer. […] Le mot énormément encore s’emploie sans cesse.