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530. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Je sonnai, et tout au loin, derrière un second ou troisième treillis, apparut la figure du chansonnier dans le cadre d’une fenêtre ouverte. […] Le sentiment du devoir nous apparaît comme un fruit, qui croît et mûrit d’après ses propres lois. […] Tantôt le front du poète se renflait, les narines palpitaient et le malin satyre apparaissait, avec des yeux tirés aux coins, qui appellent la jouissance. […] La guillotine elle-même, apparaisse au bout de l’horizon, comme le point de repère et de repos final. […] Et je ne sais pas s’il n’apparaîtra pas à la fin que le monde a mieux compris Renan, que Renan ne s’est parfois compris lui-même.

531. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

L’excès où pourrait tomber la passion des lettres, si elle se tournait ainsi en récréation perverse, apparut clairement à M.  […] La loi morale leur apparaît très confusément. […] L’histoire de la fondation de Rome apparut soudain plus claire à l’explorateur de l’Asie centrale, lorsqu’il arriva à Tcharkalik, et qu’il vit naître presque sous ses yeux une ville nouvelle. […] Quel dommage que nous n’ayons pas, en France, un ouvrage complet sur cette période décisive où la limpidité de l’esprit grec se troubla et où apparurent les premiers linéaments de l’esprit moderne ! […] L’âme intérieure des dogmes est pareille à l’âme humaine : c’est surtout dans son divorce avec les apparences et les symboles éphémères, qu’apparaîtra son immortalité.

532. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

La plénitude du principe monarchique, entendue selon la libre et nationale interprétation, elle est là où il y a passé glorieux et gloire nouvelle, là où apparaissent deux restaurateurs de la société à cinquante ans de distance, deux conducteurs de peuple remettant la France sur un grand pied et, sans trop se ressembler, la couronnant également d’honneur.

533. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

Ce qui arrive ordinairement, c’est que, dans ces bouleversements de l’âme entière, le fond de la nature apparaît, et le mot est ce que le caractère primitif et les habitudes invétérées le font.

534. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

Les grands écrivains, et même Boileau, observent sans superstition la loi de la noblesse du langage ; Bossuet fait apparaître une poule dans l’oraison funèbre, et livre Jésus-Christ aux crachats de la canaille.

535. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

Les cadres anciens sont brisés ; les vieilles institutions préservatrices et coercitives branlent ou sont à bas… Il apparaît avec une clarté croissante que le monde — et chacun de nous par conséquent — ne sera sauvé que par la multiplicité, sinon par l’unanimité, des bonnes volontés individuelles.

536. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

* * * Puisque j’ai dû au docteur Eugène Doyen quelques-unes de mes émotions les plus rares — émotions artistiques, car le bon sorcier était beau à voir ; il respirait la force et la joie dans sa fonction salutaire et sanglante, et je sentais le « drame » conduit par une main délicate et forte, et cette main elle-même dirigée par une intelligence audacieuse et inventive ; — puisque, d’autre part, ce poète du scalpel m’apparaît comme un des hommes les plus évidemment prédestinés à diminuer parmi nous la somme du mal physique, pourquoi ne vous le dirais-je pas ?

537. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Cette poésie m’apparaît comme un jardin : mais ce n’est pas la solennité grandiose de Versailles ; ce n’est pas non plus le pittoresque vaste et théâtral de la savante Italie qui connaît si bien l’art d’édifier les jardins (ædificat hortos) ; pas même la Vallée des flûtes ou le Ténare de notre vieux Jean Paul.

538. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

Les Érynnies y personnifièrent, dès qu’elles apparurent, le remords et le châtiment : — plus encore, les lois primordiales de la nature et du monde dont le dépôt était sous leur garde.

539. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Oui, des sentiments si troubles, si complexes, si peu naturels, déconcertent toutes les notions que l’on a sur la famille, le mariage, le cœur humain ; en sorte que cet homme apparaît comme le sphinx des cocus. […] Le fœtus enfin, dessine l’être créé et le laisse apparaître : la tête n’écrase plus les membres, le corps se fonde et s’établit ; et voici, à quelques mois, l’enfant à peu près tel qu’il doit naître. […] * * * — La grandeur de Dieu m’apparaît surtout dans l’infini de la souffrance humaine. […] La maison du garde, une masure, une bâtisse de plâtre, rapiécée par place, et où apparaissent, comme des esquilles, les lattes sortant du mur. […] Il nous parle de cet ahurissement que produisit sur lui, sortant de son pays, le harnachement, le travestissement, l’habillement presque fantastique de la Parisienne, qui lui apparut comme une femme d’une autre planète.

540. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Or, parmi les jeunes gens quelles tendances voyons-nous apparaître ? […] Rien qu’à cette façon de poser le problème, conformément, je le reconnais volontiers, aux idées de l’immense majorité des esprits à l’heure présente, je vois apparaître l’opposition fondamentale qu’il y a entre sa conception et la mienne. […] Cette vie de l’âme individuelle, aussitôt qu’on cherche par l’intuition à dépasser le domaine abstrait et conventionnel des concepts tout faits, apparaît comme une formule d’énergie ou comme un centre de force économisée dans une évolution mille fois séculaire, tandis que le fond des choses se révèle comme étant une Durée qui s’écoule. […] Une seule chose apparaît nécessaire : c’est d’énoncer pour le mieux des émotions vraies et profondes, ou des vérités nouvelles. […] Il nous est apparu que les discussions les plus vives qui eurent lieu entre écoles différentes au siècle précédent venaient surtout de la méconnaissance de rapports encore inconnus.

541. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Ce son est apparu au quatorzième mois ; pendant plusieurs semaines, je ne l’ai considéré que comme un gazouillement. […] Tous les soirs, elle voulait la voir ; quand elle l’apercevait à travers les vitres, c’étaient des cris de plaisir ; quand elle marchait, il lui semblait que la lune marchait aussi, et, pour elle, cette découverte était charmante ; Comme la lune apparaissait selon les heures à divers endroits, tantôt devant la maison, tantôt par derrière, elle criait : « Encore une lune, une autre lune !  […] Jusqu’au dix-septième mois, point de mots généraux et compris comme tels. — Ils n’ont apparu que du dix-septième au vingtième mois ; toujours ils ont désigné d’abord un objet individuel et dans cet objet un caractère général ; Loulou (nom du chien, l’enfant l’a très vite appliqué aussi à d’autres chiens), Minet (appliqué tout de suite à plusieurs chats), tuture (voiture, appliqué à ses diverses petites voitures), dada (appliqué à tous les chevaux qui passent sur la route), l’eau, l’eau (appliqué également au lac et aux ruisseaux), cocotte (appliqué également aux oiseaux et aux papillons), fleurs (assez tardivement, et avec un certain embarras, une certaine peine pour reconnaître une similitude entre des couleurs et des formes si différentes).

542. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

C’est ainsi que s’expliquent les longues impuissances et les éclatantes réussites qui apparaissent irrégulièrement et sans raison apparente dans la vie d’un peuple ; elles ont pour causes des concordances ou des contrariétés intérieures. […] Si par exemple on admettait qu’une religion est un poëme métaphysique accompagné de croyance ; si on remarquait en outre qu’il y a certains moments, certaines races et certains milieux, où la croyance, la faculté poétique et la faculté métaphysique se déploient ensemble avec une vigueur inusitée ; si on considérait que le christianisme et le bouddhisme sont éclos à des époques de synthèses grandioses et parmi des misères semblables à l’oppression qui souleva les exaltés des Cévennes ; si d’autre part on reconnaissait que les religions primitives sont nées à l’éveil de la raison humaine, pendant la plus riche floraison de l’imagination humaine, au temps de la plus belle naïveté et de la plus grande crédulité ; si on considérait encore que le mahométisme apparut avec l’avènement de la prose poétique et la conception de l’unité nationale, chez un peuple dépourvu de science, au moment d’un soudain développement de l’esprit ; on pourrait conclure qu’une religion naît, décline, se reforme et se transforme selon que les circonstances fortifient et assemblent avec plus ou moins de justesse et d’énergie ses trois instincts générateurs, et l’on comprendrait pourquoi elle est endémique dans l’Inde, parmi des cervelles imaginatives, philosophiques, exaltées par excellence ; pourquoi elle s’épanouit si étrangement et si grandement au moyen âge, dans une société oppressive, parmi des langues et des littératures neuves ; pourquoi elle se releva au seizième siècle avec un caractère nouveau et un enthousiasme héroïque, au moment de la renaissance universelle, et à l’éveil des races germaniques ; pourquoi elle pullule en sectes bizarres dans la grossière démocratie américaine, et sous le despotisme bureaucratique de la Russie ; pourquoi enfin elle se trouve aujourd’hui répandue en Europe avec des proportions et des particularités si différentes selon les différences des races et des civilisations. […] Chacune d’elles a pour cause directe une disposition morale, ou un concours de dispositions morales ; cette cause donnée, elle apparaît ; cette cause retirée, elle disparaît ; la faiblesse ou l’intensité de cette cause mesure sa propre intensité ou sa propre faiblesse.

543. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Dans les forêts de l’équateur, la scène est la même, ou peu s’en faut, tous les jours de l’année, ce qui rend d’autant plus intéressante l’étude du cycle quotidien : chaque jour voit apparaître des bourgeons, des fleurs et des fruits ou tomber des feuilles dans une espèce ou dans l’autre. […] Des nuages blancs apparaissent du côté de l’orient, et se rassemblent par masses dont le bord inférieur est une frange noire grossissante. […] Quand une des cinq portes de ce portique s’ouvre, l’édifice apparaît tout entier.

544. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Les ruines apparaissent, et les germes sont cachés, surtout pour les contemporains. […] L’esprit positif du siècle apparaît ici, dans l’honneur que rend Froissart à tous ceux qui savent gagner ; c’est le règne de l’argent qui commence. […] Même au xiv° siècle, quand les discordes civiles, les assemblées des États généraux, les soulèvements et les prétentions de la bourgeoisie parisienne et de l’Université font apparaître une ébauche d’éloquence politique, quand vers le même temps l’ordre de la procédure et des débats devant les tribunaux de légistes suscite le développement d’une éloquence judiciaire et la constitution d’un corps d’avocats, le sermon reste encore la forme type du discours oratoire.

545. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Trop souvent même, les intérêts personnels passèrent au premier plan ; et les orateurs de l’orléanisme nous apparaissent comme occupés surtout de saisir ou de retenir le pouvoir, divisés par leur ambition seule, et montant à l’assaut du ministère, sans s’inquiéter de discréditer la bourgeoisie qu’ils représentent tous au même titre, ou d’ébranler la dynastie dont ils sont tous également serviteurs. […] Guizot698 fut un grand caractère, énergique, autoritaire, un puissant esprit, étroit, dogmatique, d’une certitude sereine et inébranlable : les idées utiles à sa classe lui apparurent toujours dans une lumineuse évidence, comme la forme même de la raison ; et il ne les trouva jamais réalisées suffisamment dans la politique gouvernementale que par lui-même. […] Didon cherche à faire apparaître dans le catholicisme le remède aux misères sociales, la réponse aux incertitudes morales de l’heure actuelle : de tous les prédicateurs qui veulent faire de la religion une chose vivante, efficace, pratique, il n’y en a pas qui soit mieux informé, plus habile et plus fort.

546. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Valmore y jouait le rôle de Jupiter ; à la dernière scène, lorsqu’il apparaît dans un nuage, armé de sa foudre, appuyé sur son aigle, la corde qui le retenait en l’air se brisa, et précipita de quarante-cinq pieds de haut le dieu amoureux. […] C’est quand le résultat en doit être comique, quand la personne dupée doit finalement apparaître dans une posture qui prête à rire. […] Il y apparaît vraiment bon, d’une bonté active et effective.

547. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

La vie d’Alfred de Vigny apparaît là comme un défi sublime. « La plus forte protestation contre le monde injuste et contre Dieu absent, c’est de m’appliquer à faire ce qui me permettra de m’estimer le plus. […] Avant de toucher ce vrai fond de Henri Lavedan, voyons d’abord en lui ce qui, tout de suite, apparaît. […] Né d’un vieux sang républicain et très pur ; muni des meilleures « humanités » ; formé à la fois par la fréquentation du monde, par l’étude de l’histoire et de l’économie politique, et par de longs voyages en Amérique et en Allemagne (tout à fait l’éducation d’un homme politique d’outre-Manche, comme vous voyez) ; honnête homme avec raffinement ; très courageux, et du courage le plus allègre ; et, par surcroît, ayant eu l’esprit de n’être pas encore ministre, il m’apparaît, j’ai plaisir à le dire, comme une des grandes espérances de notre pays.

548. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

L’idéal qui apparaissait à Crébillon, à travers les bouffées du tabac, ne serait-ce pas le mélodrame d’aujourd’hui ? […] Le devoir parle d’ailleurs ; à peine a-t-il apparu aux âmes bien nées, qu’il y règne en maître. […] A mesure que je m’éloigne des défauts, les beautés m’apparaissent, et, dans ce lointain où je les regarde une dernière fois, il me semble voir un monde ingénieux de personnages brillants, animés, éloquents, et au-dessus de toutes ces figures, dont plus d’une est indécise, une tête charmante et immortelle, Zaïre, et une tête sacrée, que les anciens appelaient l’épouse et la mère, Mérope.

549. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

En l’âge de la force, quand l’esprit critique est encore dans sa vigueur, que la vie apparaît comme une proie appétissante et que le plein soleil de la jeunesse verse ses rayons d’or sur toute chose, les instincts religieux se contentent à peu de frais ; on vit avec joie sans doctrine positive ; le charme de l’exercice intellectuel adoucit toute chose, même le doute. […] Chez l’homme réfléchi, elle m’apparaît comme une révoltante absurdité, le signe d’un art épuisé, l’amulette d’une avilissante dévotion ; chez le paysan, elle m’apparaît comme le rayon de l’idéal qui pénètre jusque sous ce toit de chaume.

550. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Cette faune, qui apparaît comme fabuleuse, est plutôt énigmatique que chimérique. […] Ici le pythagoricien s’efface, et le mage apparaît. […] Il ne l’oublie pas pourtant, car subitement, derrière la grimace, la philosophie apparaît.

551. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Cette impression que Mme de Girardin (alors Mlle Delphine Gay) fit sur moi la première fois qu’elle m’apparut, après en avoir beaucoup entendu parler, fut si vive, que le lieu, le jour, le site, la personne, sont restés comme un tableau dans ma mémoire, et que je pourrais dicter aujourd’hui encore à un peintre, le ciel, le paysage, les traits, les couleurs, le regard, sans qu’il manquât un éclair dans les yeux, une inflexion aux lèvres, une rougeur ou une pâleur aux joues, une ondulation aux cheveux, un nuage au ciel, une feuille même au paysage. […] Madame Sophie Gay était contemporaine de ces quatre ou cinq femmes de beauté mémorable et de célébrité historique qui apparurent à Paris après le 9 thermidor, comme des fleurs éblouissantes prodiguées toutes à la fois, la même année, par la nature pour recouvrir le sol ensanglanté par l’échafaud. […] Sur un nuage d’or une femme apparaît… Son sein était couvert d’une robe éclatante ; Du bandeau virginal sa tête se parait, Et son bras agitait la bannière flottante.

552. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Il est parvenu, par le seul exposé des faits et la pénétration du détail, à rendre intéressant en même temps que distinct ce personnage si peu gracieux, si peu brillant, si peu sympathique, et en apparence si indéchiffrable ; désormais Louis XIV, avec sa physionomie solaire, nous apparaît comme encadré entre ses deux grands ennemis pâles et sombres, le prince d’Orange, Guillaume, et le duc de Savoie, Victor-Amédée. […] On se perd dans ces mille artifices qui se croisent et se multiplient, jusqu’à ce qu’enfin l’hostilité se déclare et qu’il devienne et apparaisse, aux yeux de tous, ce qu’il est bien réellement quand il ose, un jeune prince glorieux, fier et obstiné.

553. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il s’y détache comme des profils nettement tranchés, celui de l’homme de guerre, par exemple, tel qu’il apparaissait à nu et se dessinait au lendemain du premier Empire : « L’homme qui a toujours vécu dans les camps réduit toutes les questions de morale au mot d’honneur, tous les devoirs à l’observation de la discipline, et la vertu à la bravoure. […] Je note dans Émile quantités de pensées délicates et pures sur les femmes : « La femme qui vous aime n’est qu’une femme ; celle que nous aimons est un être céleste dont tous les défauts se cachent sous le prisme à travers lequel il vous apparaît. » Ou encore : « Une femme dont on est aimé est une vanité ; une femme que l’on aime est une religion : vous serez tout pour moi, existence, vanité, religion, bonheur, tout. » « Les femmes, qui sont si habiles en dissimulation, feignent plus adroitement que nous un sentiment qu’elles n’éprouvent pas ; mais elles cachent moins bien que les hommes une affection sincère et passionnée, parce qu’elles s’y adonnent davantage. » Sur le bienfait, qui produit des effets si différents selon la terre qui le reçoit, selon les cœurs sur lesquels il tombe : « Toutes les fois que le bienfait ne pénètre et ne touche pas le cœur, il blesse et irrite la vanité. » Sur le désabusement qui vient si tôt, qui devance les saisons, et qui n’est pas même en rapport avec la durée naturelle de la vie : « Il y a un certain âge dans la vie où l’exaltation n’est plus possible ; la sensibilité peut être assez profonde pour assister au spectacle de tant de maux et de tant de douleurs sans être entièrement usée, mais l’exaltation n’a jamais résisté à l’expérience du cœur humain.

554. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Telle apparaît au lecteur impartial la régence d’Anne d’Autriche ; tel est le fond ténébreux et sanglant sur lequel se dessina un beau matin la Fronde, qu’on est convenu d’appeler une plaisanterie à main armée. […] Il apparaît en pleine floraison et il a tout son éclat au début de la Régence (1643-1648).

555. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Tout cela nous apparaîtra à mesure que nous parcourrons ses ingénieuses études et nous permettra sans doute de définir son talent. […] Le « monde » apparaîtrait, à quelque puritain qui aurait de l’imagination, comme un libre harem, inavoué, inachevé et épars.

556. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

. — En admettant même que l’anarchie qui préside à la division du travail social s’atténue ou même disparaisse, en supposant qu’on arrive un jour à une correspondance mieux réglée entre les aptitudes des individus et l’emploi social de ces aptitudes, l’impuissance de la différenciation sociale pour assurer la liberté et le bonheur des individus et pour les harmoniser avec la société n’en apparaîtra que mieux. […] Elle apparaît dans des maximes comme celle-ci : « il ne faut jamais révéler les fautes d’un collègue ».

557. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Le Figaro l’abandonne, et lui ne s’indigne pas ; il comprend : « J’admets très bien, pour un journal, la nécessité de compter avec les habitudes et les passions de sa clientèle. » Quoi, même lorsqu’il s’agit de ce qui apparaît à tes yeux naïfs la grande bataille de ton siècle, tu admets qu’on sacrifie la justice à un intérêt personnel et que, s’étant jeté volontairement dans la lutte, on s’enfuie à la pensée du risque, abandonnant sans armes ses compagnons de combat. […] Aujourd’hui, elle lui apparaît tout à fait condamnable parce que sa laideur éternelle s’est extériorisée : « Elle sent la gamelle et la buffleterie des bas officiers, l’amour ancillaire d’une populace de Gothons en extase devant le caporal ignominieux. » Il y a, paraît-il, un parti politique « où les professeurs d’élégance oublient de saluer sur le terrain un adversaire qu’ils jugent pourtant digne de croiser le fer avec eux » ; et Tailhade s’irrite contre ces vilains « à qui mesdames leurs mères, trop occupées de leurs confitures et du point de sel à mettre dans le pot, n’eurent guère le temps d’apprendre le bel air des choses ».

558. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Il y a ici, dans la carrière de saint François de Sales, une première partie active, militante, chevaleresque, où cette douceur qu’on lui connaît se montre revêtue de vigueur et dans tout son éclat de courage ; il nous apparaît comme un missionnaire généreux et vaillant du temps de saint Louis. […] Chez saint François de Sales, il y a plus que le juste, il y a plus que l’utile, il y a plus que l’humain, il y a le saint : chose réelle, et qui, dès qu’elle apparaîtra sincèrement, sera toujours adorée parmi les hommes.

559. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Dès lors la classification des rimes masculines et féminines apparaissait erronée . […] Kahn apparaît surtout tel que libéré de la tyrannie du nombre symétrique .

560. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Au milieu de ces truculents, de ces abondants, de ces sanguins, de ces pléthoriques, de ces hauts en graisse et en couleur, de ces tempéraments sulfureux, attaqué plus ou moins, la plupart, de satyriasis littéraire, il apparaît, lui, Mérimée, comme un saisissant contraste. […] Sincèrement, tel il m’apparaît, à moi, ce Mérimée posthume et postiche, en ces Lettres où il a paru si différent à d’autres… Mais il s’agit de savoir qui se trompe de nous.

561. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Dans les Walpole, il est vrai, le talent de Macaulay commence d’apparaître, mais ce n’est pas dans Robert, sujet politique et plaidoirie whig, qu’il se montre, c’est dans Horace, sujet humain et littéraire, qui allait aux instincts et au genre de sagacité de ce grand critique littéraire en puissance, mais seulement en puissance, car il y est resté ! […] L’historien, le protestant, l’Anglais, ces trois vivants préjugés, qui ont mêlé tant de fois, en Macaulay, leur triple personnalité intéressée et turbulente à l’impersonnalité du critique, apparaissent encore dans cet article sur Southey, que M. 

562. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

Pour la première fois, nous nous voyons transportés avec lui sur cette terrible Montagne, qui ne nous avait jamais apparu qu’à distance, environnée de tonnerres et d’éclairs ; nous en montons tous les degrés, nous l’explorons comme un volcan éteint ; et, il faut en convenir, bien qu’effrayés nous-mêmes de cette hauteur inaccoutumée, nous comprenons enfin qu’on a pu voir de là les choses sous un aspect tout particulier, et les juger autrement que d’en bas.

563. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Qu’il m’apparaît différent de la plupart des autres rois !

564. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Il y a aussi ce fait que la littérature, plus lucrative de nos jours qu’elle ne l’a jamais été, apparaît de plus en plus comme une profession à laquelle il est avantageux de se vouer exclusivement : et de là le nombre toujours croissant des jeunes écrivains, un pullulement prodigieux, une concurrence âpre, amère, enragée.

565. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Ainsi les snobs du commun ont pour guides des façons de snobs inventifs et supérieurs ; et, au point où nous sommes parvenus, le snobisme ne nous apparaît plus que comme un des noms particuliers de l’universelle illusion par laquelle l’humanité dure et semble même marcher.

566. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

Et même, ce mérite m’apparaît mieux en y réfléchissant.

567. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

En ses premiers vers d’une qualité d’art qui nous charma, Dierx disait le bruissement des filaos, la houle vaste où s’endormait son île natale, et les grandes fleurs qui en encensaient les étendues ; — puis, les forêts, les lointains, l’espace, et les figures de femmes, ayant des yeux merveilleux, Les Yeux de Nyssia, par exemple, apparaissaient en ses transparentes strophes.

568. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

Son inspiration, apparaît-il, se recueillit en une maison de bon accueil, sise sur la lisière d’un menu village et que veille la gloire sonore, aromatique et ténébreuse d’une forêt : C’est ici la maison de douce solitude Dont le vantail de bois ne s’entr’ouvre, discret, Comme à l’appel de Dieu, qu’au cri d’inquiétude Du vagabond venu du fond de la forêt.

569. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Mais il a eu chez nous une destinée à part : il n’a brillé que sur les théâtres de marionnettes ; il n’apparaît point ou guère dans les troupes italiennes qui vinrent en France ; il ne s’est point fait place, non plus, sur notre scène comique.

570. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Magnin, est une extravagante féerie dans laquelle apparaissent la Mort et les Esprits follets.

571. (1911) La valeur de la science « Introduction »

À des esprits si dissemblables, les théorèmes mathématiques eux-mêmes pourront-ils apparaître sous le même jour ?

572. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

I Depuis la fin de l’Empire romain, ou, mieux, depuis la dislocation de l’Empire de Charlemagne, l’Europe occidentale nous apparaît divisée en nations, dont quelques-unes, à certaines époques, ont cherché à exercer une hégémonie sur les autres, sans jamais y réussir d’une manière durable.

573. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

En traversant la forêt du mont Parthénion, Pan lui était apparu, joyeux et radieux, sous les étoiles que reflétait sa poitrine.

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