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1307. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Vous avez devant vos yeux le ciel, la terre et tous les éléments.

1308. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

La jalousie du Parlement d’Irlande, qui n’avait pas été consulté, la défiance naturelle des populations pour toute monnaie nouvelle et surtout pour une monnaie venant d’Angleterre, offraient les éléments d’une résistance que le talent pouvait rendre insurmontable.

1309. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Pour qui sait voir et sentir, la nature a mis la poésie partout, comme le feu caché dans les éléments ; il ne s’agit que de frapper le caillou pour que la flamme jaillisse ; il ne s’agit que de toucher juste le cœur pour que la poésie en découle à grandes ondes comme le sentiment.

1310. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

L’historien fait l’apologie de ce suffrage universel, au fond duquel gisent tous les éléments d’ordre et de stabilité confusément et sans l’organisation définitive qui en assurerait l’harmonie, mais ne devait-il pas essayer de débrouiller ce chaos et d’élever le levier de la France à son summum de puissance et de lumière, dans les intérêts de l’avenir ?

1311. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

— ne fut d’une construction plus simple, dans sa donnée et dans ses éléments ; jamais bulle de savon ne fut mieux, d’un souffle, tirée d’un plus humble fuseau ; mais ce souffle est d’une délicieuse pureté, et jamais détails, d’une si simple donnée, ne furent plus inattendus et plus charmants.

1312. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Elle exprime simplement le fait qu’une tendance est la poussée d’une multiplicité indistincte, laquelle n’est d’ailleurs indistincte, et n’est multiplicité, que si on la considère rétrospectivement, quand des vues diverses prises après coup sur son indivision passée la composent avec des éléments qui ont été en réalité créés par son développement.

1313. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il y avait dans Scherer comme dans Amiel un élément qui se refusait à la nature française, un vrai protestantisme de la culture. […] Amiel dirigea et confessa non, si l’on veut, dans le bas, mais dans une manière de demi-monde intellectuel, où il trouva son élément comme Alexandre Dumas (qui tout à l’heure se vantait fort) dans l’autre demi-monde : de petites intellectuelles, des institutrices, des femmes de situation difficile ou tourmentée, des vierges mûres, tout un lot féminin pas toujours avantagé par la nature, mais intéressant pour un scrupuleux comme Amiel, pour un homme qui ressemblait par bien des côtés à une vieille demoiselle.

1314. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

« … La seule base générale des relations mondaines, le seul lien d’ensemble pour cette masse qui vient de tant de côtés et, du reste, le seul élément qui constitue la famille, la société, la loi même de l’univers, c’est l’amour ! […] C’est autour de ce colossal personnage que s’agitent les multiples éléments du drame terrible qu’est L’Armature. […] … Cent vingt mille kilos d’ironie pour écraser une mouche ou pour ne rien écraser du tout, vous conviendrez que c’est se donner beaucoup de mal vainement… Non, j’aime mieux être sublime tout le temps… Je suis à l’aise dans le sublime… C’est mon élément naturel, et si j’ose dire, ma véritable atmosphère… J’y brille d’un rare et merveilleux éclat… J’y brille, et même j’y chateaubrille !

1315. (1888) Portraits de maîtres

L’invincible ennui du présent fut donc un élément essentiel de l’état mental de notre société au moment où la poésie de Chateaubriand vint répondre à ce vœu de l’âme française qui demandait à ne pas être étouffée. […] Seulement quelquefois sur l’élément profond Un palais englouti montrait l’or de son front ; Quelques dômes, pareils à de magiques îles, Restaient pour attester la splendeur de leurs villes. […] Il a vérifié ce que l’on avait méconnu depuis le Racine des Plaideurs et le Boileau du Lutrin, à savoir que la rime contenait un élément de comique.

1316. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Déjà toute la comédie larmoyante est dans « le Glorieux ; moralités, caractères vertueux, fictions romanesques, scènes touchantes ; aucun élément ne manque. […] Par cette critique, La Motte commençait le mouvement qui, par Diderot, Mercier et Lessing, se propageait de France en Allemagne, et d’Allemagne, revenant en France, devait aboutir à la révolution dramatique de 1830. » Et, remontant toujours, on retrouverait tel ou tel élément de la « comédie sérieuse » ou de la « tragédie dramatique » dans les « moralités », déjà pleurardes, de Boursault, puis dans les comédies de Corneille ; on noterait aussi, dans la préface de Don Sanche, la phrase bien connue où Corneille fait cette réflexion, que les malheurs des hommes de notre condition, transportés sur la scène, pourraient d’aventure nous inspirer plus de terreur et de pitié que les infortunes des rois (je cite de mémoire ou à peu près) ; et l’on conclurait donc que le « théâtre moderne » est en germe dans cette phrase.

1317. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Courir aux succès de tribune au lieu des grands résultats d’opinion, jeter quelques imprécations retentissantes au parti du gouvernement, embarrasser les ministres dans toutes les questions, se coaliser avec tous les partis de la guerre ou de l’anarchie dans la chambre ; se faire applaudir par les factions au lieu de se faire estimer par la nation propriétaire et conservatrice ; ébranler, hors de saison, un gouvernement mal assis, mais qui couvrait momentanément au moins les intérêts les plus sacrés de l’ordre et de la paix ; menacer sans cesse de faire écrouler cette tente tricolore sur la tête de ceux qui s’y étaient abrités ; jouer le rôle d’agitateur au nom des royalistes conservateurs, de tribun populaire au nom des aristocraties, de provocateur de l’Europe au nom d’un pays si intéressé à la paix ; se coaliser tour à tour avec tous les éléments de perturbation qui fermentaient dans la chambre et dans la rue ; harceler le pilote au milieu des écueils et prendre ainsi la responsabilité des naufrages aux yeux d’un pays qui voulait à tout prix être sauvé ; former des alliances avec tel ministre ambitieux, pour l’aider à donner l’assaut à tel autre ministre ; renverser en commun un ministère, sans vouloir soutenir l’autre, et recommencer le lendemain avec tous les assaillants le même jeu contre le cabinet qu’on avait inauguré la veille ; être, en un mot, un instrument de désorganisation perpétuelle, se prêtant à tous les rivaux de pouvoir pour renverser leurs concurrents et triompher subalternement sur des décombres de gouvernement ; danger pour tous, secours pour personne ; condottiere de tribune toujours prêt à l’assaut, mais infidèle à la victoire ; faire du parti légitimiste un appoint de toutes les minorités, même de la minorité démagogique dans le parlement : voilà, selon moi, la direction ou plutôt voilà l’aberration imprimée à ce parti, moelle de la France, qui réduisait les royalistes à ce triste rôle d’être à la fois haïs par la démocratie pour leur supériorité sociale, haïs par les conservateurs industriels pour leur action subversive de tout gouvernement, haïs par les prolétaires honnêtes pour leur participation à tous les désordres qui tuent le travail et tarissent la vie avec le salaire.

1318. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Il a trouvé un dessin carré, un contour fruste qui rend ce corps-paquet, où il n’y a plus rien des rondeurs provocantes de la forme féminine, ce corps que le travail et la misère ont aplati comme avec un rouleau, n’y laissant ni gorge ni hanches, et qui ont fait de cette femme un ouvrier sans sexe, habillé d’un casaquin et d’une jupe, dont les couleurs ne semblent que la déteinte des deux éléments entre lesquels ce corps vit, — en haut bleu comme le ciel, en bas brun comme la terre.

1319. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Mardi 27 juillet En buvant un verre d’ale, rue Royale, dans le roulement incessant des voitures sur le pavé de bois, je pensais que l’activité humaine est arrivée à faire le bruit continu d’un élément.

1320. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Tous les éléments du naturalisme contemporain sont ainsi réunis.

1321. (1887) Essais sur l’école romantique

Il demande qui a voulu que la jeune fille, si frêle et si gracieuse, fût celle par qui l’homme est conçu, l’homme, ce maître de l’infini par la pensée, qui soumet tous les éléments à ses besoins, l’homme qui fonde les cités et les lois, l’homme qui meurt, certain d’être immortel ; et, à chaque demande, il répond : « C’est Dieu !  […] Les critiques sagaces qui rechercheront quelque jour les éléments de cette histoire feront, avec ces détails, de la critique anecdotique et pittoresque, et y trouveront peut-être matière à des paradoxes dont j’aurai été la cause innocente. […] une actrice qui pleure agréablement, qui tombe avec grâce sur les deux genoux, qui dit avec accent des choses communes ; des acteurs, gens d’esprit, dont l’un porte à merveille une phtisie du troisième degré, et dont l’autre sait faire tomber dramatiquement son chapeau ; un duel dans le jardin, à bout portant ; le phtisique honnête homme vainqueur du scélérat valide ; une boîte à pistolets, un testament fait sur le bout d’une table, un chapeau qui tombe à propos ; tous ces éléments dramatiques combinés avec un certain mouvement de scène que tout le monde n’a pas, je le sais, et que j’ai moins que tout le monde ; un succès de nerfs, où la raison n’est pour rien, le style pour rien, la philosophie pour rien, la vérité des caractères pour rien ; mais où l’art des acteurs, hommes et femmes, est pour deux quarts, la réputation de l’auteur pour un quart, et pour l’autre quart ce qu’il y a mis de talent : tout cela vaut-il mieux qu’une phrase de vérité dite du fond du cœur, dans un langage qui n’est ni allemand ni anglais ?

1322. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

C’est que nous sommes ainsi faits, tous tant que nous sommes, que nous ne comprenons et ne sentons vraiment que la forme générale et, pour ainsi dire, l’esprit des choses, et qu’au contraire les éléments qui constituent ces choses échappent à notre observation et à notre intelligence par leur infinie complexité. […] À sa place, je laisserais le vampire se gorger de lait tout à loisir et je me dirais : « Voilà qui va bien, à force d’absorber le liquide alcalin, cet animal ne manquera pas de s’assimiler quelques éléments opaques, et il deviendra visible. […] Les éléments d’histoire naturelle introduits dans les classes de lettres y ont donné, en particulier, les plus mauvais résultats. […] Les éléments d’une science exacte ne sont d’aucune utilité à ceux qui ne poussent pas cette science assez avant pour en faire la synthèse ou pour en tirer des applications industrielles.

1323. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Un paysage, quelque simple qu’il soit, se compose de trop d’éléments pour qu’on puisse le décrire minutieusement. […] Il était dans son élément et a tiré parti de tous ses moyens. […] Cette démonstration n’exige pas qu’il y ait trace de secousses dans les éléments.

1324. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Ce sont là les rudiments et les éléments d’une civilisation plus tardive, mais plus saine, moins tournée vers l’agrément et l’élégance, moins fondée sur la justice et la vérité74.

1325. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Après dîner, devant le rideau de peupliers du fond du jardin, au milieu des criailleries de la récréation d’une pension de petits enfants d’à côté, tous trois, à cheval, sur le mur de la terrasse du jardin, nous causons, tout en fumant, de mille choses, du dernier livre de Hugo, duquel Gautier déclare ne pouvoir dire ni bien ni mal, cela lui paraissant n’être pas un produit humain, mais quelque chose de fabriqué par un élément : les œuvres de Polyphème.

1326. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

et, partant de là, il conclut que les histoires extraordinaires, émouvantes, bizarres sont l’élément exceptionnel du réalisme. […] Goudall : « Entre la poésie dont nous faisons un des éléments constitutifs du réalisme et la poésie proprement dite, dans son acception la plus large et la plus complète, il y a un abîme.

1327. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Dire qu’il est libre, c’est dire qu’il y a dans un total plus qu’il n’y a dans les éléments additionnées. […] Ces dernières sont pourtant les plus significatives, et il manquerait un élément essentiel à la science de l’esprit, si Néron, par exemple, ou tel tyran italien du xve siècle n’avait pas existé. » Il ne considère plus l’humanité pensante que comme une substance propre à l’expérimentation psychologique. […] On y voyait l’intérieur de la terre avec cette inscription « Inferi » et tout autour de la terre des cercles marquant la sphère des éléments, les sept sphères des planètes, puis le firmament ou ciel fixe, au-dessus duquel s’étendaient le neuvième ciel où quelques-uns avaient été ravis, le Primum mobile et le Coelum empyreum , séjour des bienheureux. […] Mais ce qui donne à l’aventure une gravité singulière, c’est que Meister Sexthental est un mage très puissant qui, maître des éléments, peut à son gré quitter son corps visible et traverser « en corps astral » les murs les plus épais.

1328. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Il citait, comme exemple de la belle manière de faire parler les héros de la tragédie, un discours de lord Falstaff, chef de la Justice, qui, dans la tragédie de Henri IV, présentant au roi un prisonnier qu’il vient de faire, lui dit avec autant d’esprit que de dignité : — Sire, le voilà ; je vous le livre ; je supplie Votre Grâce de faire enregistrer ce fait d’armes parmi les autres de cette journée, ou… je le ferai mettre dans une ballade avec mon portrait à la tête… Voilà ce que je ferai, si vous ne rendez ma gloire aussi brillante qu’une pièce de deux sous dorée ; et alors vous verrez dans le clair ciel de la renommée ternir votre gloire comme la pleine lune efface les charbons éteints de l’élément de l’air, qui ne paraissent autour d’elle que comme des têtes d’épingles.

1329. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

À l’humiliation que Daudet et moi, éprouvons à voir notre littérature, allemanisée, russifiée, américanisée, Rodenbach oppose la théorie, qu’au fond les emprunts sont bons, que c’est de la nutrition avec laquelle s’alimente une littérature, et qu’au bout de quelque temps, quand la digestion sera faite, les éléments étrangers qui auront grandi notre pensée, disparaîtront dans une fusion générale.

1330. (1908) Jean Racine pp. 1-325

. — Tout ce qu’on peut dire, c’est que l’un des éléments de cette combinaison, l’élément « Louis XIV », domine un peu plus dans Mithridate et surtout dans Iphigénie que dans les autres pièces de Racine. […] Il conçut avec horreur que la notion même du péché peut devenir un élément de volupté… L’inquiétude que lui inspira sa première tragédie chrétienne acheva de faire de lui un chrétien.

1331. (1910) Rousseau contre Molière

On y pouvait voir aussi, et c’est ce qu’on y a vu le plus, depuis, pour l’incriminer, un portrait de « méchant homme » où beaucoup de traits sont favorables au méchant homme : Don Juan est brave, généreux, charitable et se jette au danger pour sauver des gens qu’il ne connaît pas ; pourquoi ces éléments de sympathie ajoutés au portrait d’un scélérat ; pourquoi Molière semble-t-il craindre de faire Don Juan trop noir ? […] Elle a parfaitement, notez-le bien, quoique, ce semble, aussi ignorante que Sophie, cette pénétration psychologique, cette adresse à démêler les sentiments des hommes, dont Rousseau nous parlait plus haut ; mais elle n’a aucune coquetterie ; ce n’est pas dans son roman, c’est dans son traité didactique que Rousseau a fait de la coquetterie un élément essentiel de la femme telle qu’il désire qu’elle soit. […] Mais Arnolphe est-il autre chose que le personnage le plus naturel et le plus nature du monde, avec son égoïsme de primitif, de barbare, de sauvage, de fuégien, qui ne songe même pas à se dissimuler et qui a pour essentiel élément de comique la naïveté même et le cynisme ?

1332. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

On voit jusqu’où peut pousser l’amour du détail ; le tort est de tout aimer à un même degré, et de n’avoir pas ce que nous appellerons des plans d’intérêt qui ne mettraient pas tant d’éléments divers sur la même ligne et, par conséquent, sans perspective. […] …………………………………………………………………………………………… Mais l’amour de M. de Maurescamp ne contenait aucun élément impérissable : c’était — pour employer une expression de ce temps, — un amour naturaliste, et les amours naturalistes, quoiqu’ils ne ressemblent guère à la rose, en ont cependant l’éphémère durée. […] En effet, il composait ou plutôt recueillait les éléments d’un ouvrage singulier auquel tout le monde travaillait, excepté lui, ne faisant que prendre le crayon et écrire sous la dictée de chacun, car il est bon que le lecteur sache que le conteur charmant, que l’homme à boutades, que le faiseur de charges, comme nous disait tout à l’heure son interlocuteur, n’est pas un fantaisiste dont l’esprit exploite plus ou moins heureusement un caprice éclos dans son cerveau.

1333. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Si dans son amour effréné de la matière, elle perd le souvenir de son origine, l’étincelle divine qui était en elle et qui aurait pu devenir plus brillante qu’une étoile retourne à la région éthérée, atome sans vie, et l’âme se désagrège dans le tourbillon des éléments grossiers. » Je passe sur l’explication des Sept rayons et je reviens au livre intitulé : le Masque, conte milésien, qui vient de paraître. […] C’est pour éviter l’ennui généralement enfanté par la villégiature, que six ménages du grand monde de Paris ont loué un vaste chalet au bord de la mer, espérant trouver dans leur vie commune un élément de distraction. […] On trouvera bien d’autres passages saisissants dans l’Italie d’hier, mais c’est l’élément artistique qui est la note dominante de ce volume, qui, outre les impressions écrites, contient de nombreux croquis exécutés d’après nature par Jules de Goncourt.

1334. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

ou les premières idées de la vie ont-elles pour base, ainsi que les éléments de toute science et de tout art, quelques phénomènes acquis par les sens ? […] Mais Sénèque écrivait à Gallion, homme instruit,, que les définitions que l’on exige ici auraient ramené aux premiers éléments de la philosophie.

1335. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

La réciprocité latente de l’un à l’autre de ces deux éléments y est nécessaire. […] La théorie des quatre vertus, dernière conclusion de leur morale, vaut la théorie des quatre éléments, dernier progrès de leur physique. […] Ce jour-là, le xviie  siècle eut définitivement en main tous les éléments de la science de l’homme, moral ou politique, simple particulier ou personnage public. […] Obstinément cramponné à un sol qui se dérobe sous lui jeté avec une idée inflexible et, qui pis est, une idée stérile et morte, au milieu d’une société où les intérêts deviennent sans cesse et chaque jour plus ondoyants et plus compliqués, il ne saurait défendre son système contre tant d’éléments hostiles sans se forger chaque jour et sans cesse des haines nouvelles.

1336. (1904) Zangwill pp. 7-90

Le bonhomme avait prévu tout cela ; il en avait prévu bien d’autres ; il avait, croyons-le, nommément prévu Taine ; il savait qu’un faisceau est plus et autre que la somme arithmétique des dards ; il savait que l’homme est plus et autre que la somme arithmétique des sections, qu’un livre est plus et autre que la somme arithmétique des chapitres ; séparer les éléments du faisceau, c’est le meilleur, c’est le seul moyen de le rompre ; mais dans l’histoire il ne s’agit pas de rompre la réalité, de briser son auteur, de fracturer son texte ; il faut les rendre, les entendre, les interpréter, les représenter ; on me permettra de citer sur une édition non savante : Un vieillard près d’aller où la mort l’appeloit, Mes chers enfants, dit-il, (à ses fils il parloit), Voyez si vous romprez ces dards liés ensemble.

1337. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Au fond c’est nu, garni du strict nécessaire, des éléments du mobilier, sans le luxe et la distraction de la moindre inutilité, à peine une gravure au mur, pas un portrait, pas un souvenir, pas un de ces objets personnels, pour ainsi dire, à un lieu.

1338. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Lequel de nous a dit que l’art poétique pouvait se passer de ses éléments principaux de force et de grandeur, et dans quel monde inconnu trouver un poète qui ne soit pas pétri d’humanité ? […] Ceux que l’hydre a couchés dans ses flancs ténébreux, Ce sont nos morts sacrés, devenus la pâture Des éléments, cruelle et lente sépulture !

1339. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

[Avertissement] Selon le vœu de Jean Moréas nous avons recueilli, dans les papiers qu’il a laissés, les éléments de plusieurs ouvrages en prose et en vers. […] La Provence et toute cette bande de terre heureuse, ourlée par la Méditerranée, honneur du liquide élément, avait bercé l’âme lyonnaise avec le doux chant des troubadours ; d’un Arnaud Daniel, par exemple, d’un Pierre Vidal, ou de ce Geofroi Rudel, seigneur de Blaye, dont Amour causa la mort par le voyage qu’il lui fit faire sur mer.

1340. (1900) Molière pp. -283

Et, vous venez de le voir, cet élément comique, cher à Molière, au début et à la fin de son théâtre, se traduit par des images également sinistres. […] Ce spectre qui est le moteur principal, cette statue du commandeur qui vient souper chez Dom Juan, qui l’emmène souper avec lui et l’entraîne au feu de l’Enfer, tout cela ne se combinait pas d’une manière aisément acceptable avec l’élément comique.

1341. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Dans cette origine l’homme lit sa destinée : il doit séparer en lui les deux éléments dont il est formé, le pur de l’impur, Bacchus des Titans ; cette purification, commencée maintenant, continuée à travers des existences successives, le conduira à l’existence finale, où, délivré des misères humaines, il se reposera dans la béatitude infinie. » (Bersot, d’après le Sentiment religieux en Grèce, par M. 

1342. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Avec une pareille donnée, on a, certes, les coudées franches pour représenter le bonheur, ou au moins le plaisir ; le poète a cependant tiré un très médiocre parti de tant d’éléments réunis à si grands frais.

1343. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Dans cette biographie, tout émaillée d’expressions provençales, que le raconteur de lui-même, jetait en marchant dans les allées du parc, il était question de deux mariages ; d’un mariage avec une Mistral, lui apportant des millions, et qu’il avait rompu avec une grande tristesse d’âme, en rentrant dans son domaine, sur le sentiment qu’il éprouvait de la disproportion de son avoir et de celui de sa femme, et dans la crainte que cette grande fortune ne lui fît perdre les éléments inspirateurs de sa poésie.

1344. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Vendredi 14 septembre Les éléments de la cuisine (viande de boucherie, gibier, poisson, légumes) sont si mauvais en Picardie, cette province, où règne le veau aux pruneaux, que Rattier père, qui était un gourmet supérieur, après avoir passé une journée à Doullens, où son fils était sous-préfet, lui dit : « Fais-toi nommer à Bayonne, ou n’importe où, et aussi loin que tu voudras… j’irai te voir… mais ici, jamais je ne reviendrai, on mange trop mal ! 

1345. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Au surplus les éléments de sa réponse prévue sont déjà épars dans ses répliques à Stanislas et à Bordes. […] Ce pessimisme, quoique mitigé, avait paru odieux à Rousseau : et alors (chose vraiment admirable), Rousseau, pauvre, infirme et malade, avait écrit à l’auteur une longue lettre qui contient déjà plusieurs des principaux éléments de la Profession de foi du Vicaire Savoyard, — et où il démontrait que « de tous les maux de l’humanité, il n’y en avait pas un dont la nature ne fût disculpée, et qui n’eût sa source dans l’abus que l’homme a fait de ses facultés plus que dans la nature elle-même ». — Il soutenait même expressément que la destruction de Lisbonne et de ses habitants, c’était encore la faute des hommes, puisque c’était la faute de la civilisation. […] beauté, plus terrible aux mortels que l’élément où l’on t’a fait naître, malheureux qui se livre à son charme trompeur !

1346. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Qui pourra connaître le mystère de cette délicate alchimie qui combine la mythologie et la grammaire comparée, l’épigraphie sémitique et la paléographie phénicienne, et forme de ces éléments associés le génie d’un Renan ? […] En recueillant les éléments épars et discordants des vieilles légendes, en groupant les idées qui s’agitaient dans l’âme obscure des foules, les prophètes ont rendu possible la série des récits bibliques.

1347. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Arnolphe est-il de ceux qui masquent la nature et la déguisent et n’est-il pas le personnage le plus naturel du monde et le plus nature avec son égoïsme de primitif, de sauvage, de Fuégien , qui ne songe même pas à se dissimuler et qui a pour essentiel élément de son comique la naïveté même et le cynisme ? […] La belle impétuosité lyrique avec laquelle il se peint lui-même au premier acte est d’un tout jeune homme ardent, lancé par le monde comme un élément, et presque sympathique. […] Tout ce caractère se tient très bien, avec des éléments différents qui sont très loin d’être incompatibles et qui concordent très bien pour l’effet scénique.

1348. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

D’abord, par suite d’une animosité personnelle dont on connaît quelques éléments, mais dont l’histoire reste obscure ; ensuite par haine de métier : Molière, bohème de circonstance, marié à une comédienne fille de comédienne et trompé par elle, amant de comédiennes, jalousait vaguement et détestait très précisément et s’excitait à mépriser ces hommes de lettres qui réussissaient « à la ville », qui étaient les protégés d’une ou deux princesses ou duchesses, qui jetaient de la poudre aux yeux des bourgeois riches, qui éblouissaient les bourgeoises riches et qui épousaient leurs filles ; et, fier de l’appui qu’il avait du côté du roi, il leur opposait « la cour », vrai juge et vrai appréciateur du vrai mérite… Et enfin et surtout, Molière, non plus par circonstance, mais de naissance, de famille et de race, est bourgeois, profondément bourgeois, « le bourgeois des bourgeois », comme dit la dame de la Question d’argent. […] Il faut leur faire savoir que mon misanthrope est un caractère et qu’il a au fond même de sa nature tous les éléments du misanthrope, et pour cela il faut le montrer dès l’entrée du jeu comme un misanthrope complet et encore faire dire à d’autres personnages qu’il est tel.

1349. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Royer-Collard ajoutait : « Si on l’ouvrait, on trouverait au-dedans de lui un petit mécanisme ingénieux comme dans le canard de Vaucanson. » — Ce ne sont pas ici des jugements, ce sont des éléments de jugements.

1350. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Le monde des livres et des auteurs lui appartient, comme, au poète, le monde des éléments.

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