Asellus venait d’y parler. […] Parlons d’abord de vos livres. […] Et qui a parlé ? […] Rouher parlait d’abondance de cœur. […] Je ne sais point parler, si je ne parle de mon fond, ni écouter qui ne me parle pas du sien.
Toutes les fois que Ciceron parle de la déclamation des vers dramatiques, il en parle, non pas comme nous parlerions de la déclamation des vers de Corneille qui est arbitraire. Ciceron parle de la déclamation des vers dramatiques comme d’une mélodie constante, suivant laquelle on prononçoit toujours ces vers. Il en parle comme d’une beauté, pour ainsi dire, aussi inherente aux vers qu’il cite, que la beauté qui résultoit du sens qu’ils renferment, et du choix des mots dont ils sont composez. […] Il est comme impossible que le geste des personnes qui parlent une langue dont la prononciation est devenue plus vive et plus accentuée, ne devienne pas aussi et plus vif et plus fréquent. […] On executoit ces airs avec des luths, des theorbes et des violes qu’on mêloit à quelques violons, et les pas et les figures de ballets composez sur les airs dont je parle, étoient lents et simples.
Étienne ait été l’honneur de l’ancien Constitutionnel, nous parlerons de lui ici sans solidarité aucune et sans prétendre à aucun lien. […] On en parle autant qu’on en peut parler, à toute heure et en tout lieu ; on en parle à satiété et trop, on use le sujet58, et puis tout d’un coup on n’en parle plus, et à peine si l’on s’en souvient. […] Lebrun-Tossa, et dont il parlait aussi négligemment que possible, n’était autre, à très peu près, sauf changement du nom des personnages, que la pièce de Conaxa retrouvée à la Bibliothèque impériale ; il ne croyait pas qu’on pût prendre la mesure exacte du secours qu’il avait reçu, dont il n’avait point parlé jusque-là et dont il ne parlait même alors que le moins possible. […] Mais dans les salons, dans les cafés, de Tortoni à l’Athénée, on ne parlait d’autre chose. […] Une fois, dans une comédie en vers, Racine et Cavois, il s’est avisé d’introduire le grand poète en personne et de vouloir le faire parler, ce qui est plus scabreux que de faire parler Brueys ou Palaprat.
Il est un autre point sur lequel je ne le laisserai pas non plus triompher : c’est quand il dit que, pour parler de lui, je le connaissais à peine. […] Oui vraiment, je ne peux quitter votre ouvrage que pour en parler et aller dire à tout le monde : Avez-vous lu Baruch ? […] Vous en avez même parlé ! […] nous qui parlons sans cesse de vous ! […] Tous les échos en ont parlé, tous les témoins en ont souri.
Mais il n’aime pas sa morale, je vous ai parlé de cela. […] Chamfort ne m’aurait pas paru très bien doué pour parler de La Fontaine. […] Boileau a parlé infiniment de lui dans toutes ses œuvres, plus que La Fontaine. […] Il ne faut pas parler de raison, il faut parler de vérité. […] Vous savez que La Fontaine a parlé pour sa maison ; eh oui !
Il y a encore quelques especes de melopée, comme la comique, mais qui peuvent se ranger sous les trois genres dont il vient d’être parlé, quoique chacune espece ait son ton propre. […] On vouloit qu’il publiât les loix avec la même aide, avec le même secours qu’avoient, comme nous le verrons, les acteurs qui parloient sur le théatre. […] Il ne seroit pas impossible de trouver encore dans les anciens auteurs des faits qui supposent l’usage dont parle Capella. […] Isaac Vossius indique encore dans celui de ses livres dont nous avons déja parlé, plusieurs ouvrages des anciens où l’on peut voir comment de leur temps les chants musicaux s’écrivoient en notes. […] Quant à la melodie tragique, je vais en parler plus particulierement et même assez au long, pour confirmer ce que j’ai écrit déja touchant son existence, par des faits qui la rendent indubitable, en montrant que bien que la melodie théatrale des anciens se composât et s’écrivît en notes ; elle n’étoit pas néanmoins un chant proprement dit.
Celui-ci répond : « C’est ce qu’il faut être lorsqu’on veut parler des hommes. […] il ne peut plus parler, il balbutie : « Or, imaginez ce que c’est que le petit abbé muet ! […] Il y parle trop de ses affaires d’intérêt, de ses ports de lettres. […] Ils sont causeurs, raisonneurs, badins par essence ; un mauvais tableau enfante une bonne brochure ; ainsi, vous parlerez mieux des arts que vous n’en ferez jamais. […] Cela ne l’empêche pas un autre jour de parler bien sévèrement de la liberté de la presse que M.
Toutefois que, à suivie la propriété de la langue française, elle est si diverse en soi selon les pays et régions, voire selon les villes d’un même diocèse, qu’il est bien difficile de pouvoir satisfaire à toutes oreilles et de parler à tous intelligiblement. […] Le Français parle ainsi, le Picard autrement, le Bourguignon, le Xavarrais, le Provençal, le Gascon, le Languedoc, le Limousin, l’Auvergnat, le Savoisien, le Lorrain, tous ont chacun sa particulière façon de parler, différentes les unes des autres. » C’était au même temps que Geoffroy Tory et Rabelais se moquaient des pédants qui « despumaient la verbocination latiale » et corrompaient le français. […] Oresme déjà, sous Charles V, y avait été contraint : ce fut bien autre chose quand toute une armée d’ardents et studieux esprits, théologiens, philosophes, traducteurs, imitateurs, penseurs originaux, se mit à parler en langue vulgaire sur toutes les plus ardues et plus graves matières. […] Bertaut, Régnier, Montchrétien, François de Sales, Du Vair se réduisent à l’usage du peuple, au parler naturel et commun. […] Du Perron, dans sa Rhétorique sacrée, parle de fixer la langue.
Et le dessin est curieux, et je me rappelle que Pouthier m’en parla beaucoup dans le temps. […] Ce soir, rue de Berri, j’ai la surprise de me rencontrer avec des orateurs de mon banquet, avec Hérédia qui doit parler à la place de Coppée, bronchité, de Régnier qui parlera au nom de la jeunesse. […] Et alors cet homme, qui parle très mal le français, en sorte qu’il parle anglais, quand il s’anime, avait été de la plus grande éloquence, disant que cette prière lui revenait aux lèvres, toutes les fois qu’il avait vu un danger sur la mer, sur la terre, dans le ciel. […] Il nous parle de son jardinier japonais, parlant le français par axiomes, axiomes choisis dans l’idiome le plus moderne. […] » un jeune homme s’approchant de moi, me dit : « Vous me parlez, monsieur ?
Et maintenant encore elle parle. — Ce n’est pas vrai ! réplique le chef. — Eh bien si tu constates qu’elle ne parle pas, tu pourras me tuer ! […] L’étranger va avec eux et leur montre la tête : « La voilà, leur dit-il. — Tête, demandent les envoyés, est-il vrai que tu aies parlé ? […] Si tu étais entré dans le village sans me poser de questions, si tu n’avais parlé à personne, on ne t’aurait pas amené ici pour te donner la mort ! […] Il est sage de réfléchir avant de parler, sinon il en résulte des ennuis.
Son imagination lui parle plus haut que sa raison. […] » Sganarelle, tu parles bien, tu agis mal. […] Il parle ni plus ni moins, comme les plus acharnés pamphlétaires ont parlé de Louis XIV depuis sa mort. […] Ne me parle pas ! […] … qu’elles parlent pour moi !
Voici comment il parle lui-même de cette soirée. […] Allez lui parler, et dépêchons-nous. […] Mais il n’y tenait pas, c’était pour parler d’autre chose. […] J’allai à elle, je lui parlai longtemps et le mieux que je pus. […] « Et il me parla encore de Masséna.
De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire Un des plus grands obstacles à l’effort intellectuel est la croyance qu’il nuit à la sincérité du sentiment ; on s’applique à ne pas employer son esprit, afin que le cœur parle tout seul. […] C’est dans les moments où l’on sentie plus, qu’on a souvent le moins d’envie de parler. Surtout quand on veut séparer l’esprit du cœur et ne pas faire appel à son intelligence pour traduire ses sentiments, on est vite à court, et très embarrassé de parler ou d’écrire. […] Même dans ces purs sanglots dont parle le poète, j’entends l’esprit qui parle et qui met sans y songer toute sa puissance au service du cœur, qui ne s’en doute pas. […] On ne saurait donc trop se défaire de ce préjugé si commun, que l’esprit qu’on a nuit aux effusions du cœur, qu’il faut pour ainsi dire en faire abstraction et s’en détacher pour laisser le cœur tout seul parler son pur et naturel langage.
la plus savante théologie ne peut vous parler de la Trinité autrement que votre catéchisme. […] Elle avait beaucoup de grâce à parler comme à tout ce qu’elle faisait : ses discours étaient vifs, simples, naturels, intelligents, insinuants, persuasifs. […] Elle voulait que les Dames parlaient hardiment à leurs élèves de l’état de mariage, et leur montrassent le monde et ses conditions diverses telles qu’elles sont : « La plupart des religieuses, disait-elle, n’osent pas prononcer le nom de mariage ; saint Paul n’avait pas cette fausse délicatesse, car il en parle très ouvertement. » Et elle était la première à en parler comme d’un état honnête, nécessaire, hasardeux : Quand vos demoiselles auront passé par le mariage, elles verront qu’il n’y a pas de quoi rire. Il faut les accoutumer à en parler sérieusement, chrétiennement et même tristement, car c’est l’état où l’on éprouve le plus de tribulations, même dans les meilleurs, et leur apprendre que plus des trois quarts sont malheureux. […] « Nous aimons à parler de nous-même, a-t-elle remarqué, dussions-nous parler contre. » Et elle ne parlait pas contre.
Mon cher directeur, Vous me permettez de parler de Catherine d’Overmeire que vient de publier notre ami et ancien collaborateur Ernest Feydeau, et vous me dites de le faire sans crainte. Je vous remercie de m’encourager ainsi et de m’enhardir, et bien réellement j’avais si fort besoin d’être rassuré que je ne vous écris ceci que pour vous dire comme quoi je n’ose, même après votre mot aimable, venir parler de Catherine. […] ne m’en parlez pas ! […] Mais ce ne sont pas les salons tous seuls qui m’onts donné cette crainte de parler qui, de ma part, vous étonne ; ce sont nos confrères de la presse, les gens du métier et qui ne sont pas sujets d’ordinaire à se scandaliser pour si peu. […] Si j’avais parlé de son livre, il n’aurait pas échappé toutefois aux avis, aux remontrances, aux gronderies même ; il eût essuyé tout un sermon ; il veut bien me les passer quelquefois.
» Mais par quel art ces hommes singuliers pouvaient-ils parvenir à parler sur-le-champ avec éloquence sur toutes sortes de sujets ? […] La coutume même et la nécessité de parler sur-le-champ, quelque piquante qu’elle dût être, et de quelques études qu’elle fût précédée, devait nuire au véritable goût de l’éloquence. […] Parmi ces orateurs ou sophistes grecs dont nous venons de parler, un très grand nombre composèrent des éloges de particuliers, de villes et d’empereurs. […] Nous n’avons rien de ses ouvrages, mais Macrobe dans ses saturnales, Ausone dans son panégyrique, saint Jérôme et Sidoine Apollinaire dans leurs lettres, en parlent avec la plus grande estime. […] Pour moi, vivant, je veux être aimé ; et loué, quand je ne serai plus. » Celui qui parlait ainsi méritait de vaincre en disputant le trône.
N’en parlons plus. […] Il parlait avec lenteur, sans se presser, comme on se figure que doit parler un vieux roi. […] Aujourd’hui nous n’avons presque parlé que de nos affaires. […] Il allait de l’un à l’autre, et il semblait qu’il aimât toujours mieux écouter et laisser parler les autres que parler lui-même. […] Il parle de moi à peu près comme en parlent les personnes de Berlin qui me sont favorables ; du moins je reconnus leur manière de voir et de penser.
M. de Ségur d’Aguesseau a parlé de deux choses. […] Laissez parler l’orateur, on répondra. […] — À la loi. — Parlez, monsieur de Ségur, continuez. […] Croyez-moi, parlons-en peu ici ; ce n’est pas le lieu. — Et pourquoi en parlez-vous vous-même ? […] Est-ce que l’empereur vous a chargé de parler en son nom ?
parla basso ! […] Entre parler politique et parler de la politique, il existe à peu près la même différence qu’entre parler d’amour et parler de l’amour ; or, le siècle se fait vieux et se contente volontiers de théories. […] J’ai parlé de la vie de M. […] Renan dont on parle tant ? […] ne parlons pas de cela.
» et il lui a parlé de la donner avec la sienne, au moment où le succès se ralentirait. […] Puis çà et là, où badaudent des troupes d’ignares, l’histoire parle dramatiquement à l’historien de Marie-Antoinette. […] Il parle des vingt, trente, quarante croquis, qu’il est obligé parfois de faire, pour arriver à l’image voulue. […] Il parle d’un petit paquet de ces impressions, qu’il a vendu 30 000 francs à la femme d’un des plus riches Yankee, et qui a dans son petit salon, en face du plus beau Gainsborough qui existe, une image d’Outamaro. […] Là-dessus Méténier me parle de l’ennui qu’il a d’être forcé de dîner avec quelqu’un.
Parler un moment d’eux tous, c’est encore lui rendre hommage à lui-même. […] Notez que je ne parle ici que de ces questions et de ces sujets qui semblent éternellement à l’ordre du jour, Racine, Corneille, Voltaire, La Bruyère, Lesage. […] C’est ce qui se vérifia pour les écrivains distingués dont nous avons à parler ; il s’agit des écrivains littéraires du Journal des débats d’alors. […] Il parlera bien de Rollin ; mais qui est-ce qui parlera mal de Rollin ? […] Il laissa voir ce défaut quand il eut à parler des Martyrs de M. de Chateaubriand, du Shakespeare de M.
» Il aime à parler, en toute rencontre, de l’homme bien né, de la beauté du naturel, qui nous porte au bien. […] Son impartialité de vue l’élève au-dessus des souffrances partielles, même personnelles, et des accidents : « Si l’ordre domine après tout dans le genre humain, c’est une preuve, se dit-il, que la raison et la vertu y sont les plus fortes. » La vraie biographie de Vauvenargues, l’histoire de son âme est toute dans ses écrits ; c’est un plaisir de l’en dégager et de se dire avec certitude, en soulignant au crayon tel ou tel passage : Ici c’est bien lui qui parle, c’est de lui-même qu’il a voulu parler. […] Je ne parle pas des morceaux où Vauvenargues prélude et où il n’est pas encore dégagé de toute rhétorique et de toute déclamation ; mais, dans ses bonnes pages, il a mis un cachet qui les signe. […] Ceux qui sont nés éloquents, dit encore Vauvenargues, parlent quelquefois avec tant de clarté et de brièveté des grandes choses, que la plupart des hommes n’imaginent pas qu’ils en parlent avec profondeur. […] J’en ai parlé au long dans trois articles du Moniteur des 24 et 31 août et 7 septembre 1857, articles qui se retrouveront dans les derniers volumes de ces Causeries.
Il ne parle qu’argent, chiffres, recettes. […] Il se met à parler. Il parle de l’Institut, de cette admirable conception de la Convention, de ce Sénat dans le bleu, comme il l’appelle. […] Une dureté implacable monte à sa figure, allume le noir de ses yeux, quand il parle de l’Assemblée, de l’armée de Mac-Mahon. […] On causa, on parla de la philosophie de la forme des objets, et on parla de Dieu, auquel ils ne croient pas, ne croyant guère qu’aux esprits, à des manifestations des âmes des trépassés.
Telles sont la plûpart des operations de l’ame dont nous avons parlé, et la plûpart de celles dont nous devons parler encore. […] L’instinct naturel nous l’apprend, en nous enseignant que ceux qui nous écoutent parler sans nous voir, ne nous entendent qu’à demi. […] L’émotion intérieure de celui qui parle, jette un pathétique dans ses tons et dans ses gestes que l’art et l’étude n’y sçauroient mettre. […] Tous les orateurs et tous les comédiens que nous avons vû réussir éminemment dans leurs professions, étoient des personnes nées avec la sensibilité dont je viens de parler. […] Comme les femmes ont une sensibilité plus soudaine, et qui est plus à la disposition de leur volonté, que la sensibilité des hommes, comme elles ont, pour parler ainsi, plus de souplesse dans le coeur que les hommes, elles réussissent mieux que les hommes à faire ce que Quintilien exige de tous ceux qui veulent se mêler de déclamer.
On parlera des autres avec de grands éloges, et l’on ne parlera pas de vous ; on confiera aux autres telle ou telle affaire, et l’on vous jugera propre à rien. […] Celui à qui parle le Verbe éternel est délivré de bien des opinions. […] Les enfants d’Israël disaient autrefois à Moïse : Parlez-nous, et nous vous écouterons ; mais que le Seigneur ne nous parle point, de peur que nous ne mourrions. […] Que Moïse ne me parle point, ni aucun des prophètes ; mais vous plutôt parlez, Seigneur mon Dieu, vous la lumière de tous les prophètes et l’esprit qui les inspirait. […] Parlez-moi pour consoler un peu mon âme, pour m’apprendre à réformer ma vie ; parlez-moi pour la louange, la gloire, l’honneur éternel de votre nom.
Elle me parle ensuite de reprendre Germinie Lacerteux, et peut-être de la jouer en Angleterre, où elle me dit qu’elle a un public à elle. […] Et c’est pour lui, l’occasion de parler de la partie du Cercle impérial, du temps où on pouvait dire qu’une chaise, pendant une heure, coûtait trente mille francs. […] Et dans ce bâtiment, où il avait pour coucher avec le capitaine, un espace grand comme le canapé où nous sommes assis, il parle de son bien-être moral, tout le temps que dura la traversée. Il parle de siestes au grand soleil sur les écueils, où tout le monde se séchait à plat, comme des cloportes sous un pot de fleur. Il parle de bouillabaisses mangées sur des côtes sauvages, où le feu fait avec des lentisques et des branches de genévrier donnait un goût inoubliable au poisson.
Je parle bien entendu des éditeurs littéraires… Les autres n’ont pas le diable au corps, mais ils sont le diable de nos corps et de nos esprits. […] Il en a parlé toujours de la manière la plus touchante, et il est mort dès qu’elle est morte. […] tantôt, à un autre endroit, quand Collé parle de Rousseau comme un honnête homme a le droit de parler d’un drôle, le drôle aurait-il du génie, M. […] Collé, qui n’est pas seulement un moraliste de chanson épicurienne, parle de la flatterie en homme qui sait quel levier c’est, même dans des mains maladroites et imbéciles. Il en parle cruellement pour l’humanité, mais sans déclamation, sans amertume, sans la moindre mauvaise humeur, dans ces Lettres où il distille les plus délicieuses leçons de l’art de flatter.
Combien d’autres parlent au cœur dans une langue qui n’a jamais été surpassée ! […] Dès le début, il parle avec autorité, avec amertume. […] Je ne parle pas des bévues dont le goût seul peut s’affliger. […] C’est à l’histoire qu’il appartient d’éprouver cette théorie, et l’histoire nous répond que la peinture doit parler aux yeux avant de parler à l’esprit. […] Je le tiens pour sincère, et je parle sincèrement.
Il parle doucement, lentement, par petites phrases qui font entrer, à petits coups, la chose dite. […] C’était quelque chose qui vous parlait discrètement, passait, filait dans le lointain. […] Elle parle, avec une certaine chaleur, des six cents cartes d’étudiants, reçues le lendemain de la représentation. […] Notre plaie au fond, c’est l’ambition littéraire insatiable et ulcérée, et ce sont toutes les amertumes de cette vanité des lettres, où le journal qui ne parle pas de vous, vous blesse, et celui qui parle des autres, vous désespère. […] » Et je compris qu’il parlait des maisons de prostitution de la route de Vincennes : « Eh bien !
Le roi, ayant lu la note, fit venir le comte de Vaulgrenant qui, naturellement, parla dans le sens de ce qu’il avait écrit et y abonda. […] Mais le tort des Français, trop souvent, a été de se comporter et de parler devant l’étranger comme s’ils n’étaient point patriotes : on se trompe sur eux, mais on le croit. […] Revenu de l’armée à Fontainebleau et à Versailles, comblé en public de bienfaits et de faveurs, recevant les félicitations de tous pour les attentions royales dont il se voyait l’objet, le maréchal répondait : « Le roi me parle, il est vrai, mais il ne me parle pas plus qu’à l’Assemate (gentilhomme de la Vénerie). […] On craignait qu’il ne se cabrât ; il parlait d’aller à Chambord. […] Dans une lettre toute familière, le maréchal, pour lui prouver qu’il ne le boude pas, lui parle à cœur ouvert de la Cour de France et des intrigues en jeu.
Parler de La Fontaine n’est jamais un ennui, même quand on serait bien sûr de n’y rien apporter de nouveau : c’est parler de l’expérience même, du résultat moral de la vie, du bon sens pratique, fin et profond, universel et divers, égayé de raillerie, animé de charme et d’imagination, corrigé encore et embelli par les meilleurs sentiments, consolé surtout par l’amitié ; c’est parler enfin de toutes ces choses qu’on ne sent jamais mieux que lorsqu’on a mûri soi-même. […] Il avait, certes, ses distractions, ses ravissements intérieurs, son doux enthousiasme qui l’enlevait souvent loin des humains ; le jour où il faisait parler dame Belette et où il suivait Jeannot Lapin dans la rosée, ils lui semblaient plus intéressants tous deux à écouter qu’un cercle de beau monde ou même de brillants esprits. […] A-t-il à parler du soleil, il dira en un langage que Copernic et Galilée ne désavoueraient pas : J’aperçois le soleil : quelle en est la figure ? […] Racine s’appuyait sur l’Écriture qui parle du choix que le peuple juif voulut faire d’un roi en la personne de Saül, et de l’autorité que ce roi avait sur son peuple. […] D’ailleurs, ces histoires d’animaux qui parlent, qui se font des leçons, qui se moquent les uns des autres, qui sont égoïstes, railleurs, avares, sans pitié, sans amitié, plus méchants que nous, me soulevaient le cœur.
« Puisque la Grammaire, dit-il à ce sujet, n’est que pour fournir des regles ou des réflexions qui apprennent à parler comme on parle ; si quelqu’une de ces regles ou de ces réflexions ne s’accorde pas à la maniere de parler comme on parle, il est évident qu’elles sont fausses & doivent être changées ». […] Sanadon, qui trouve dans cette façon de parler (Tom. […] Mais les Romains ont tellement affecté le discours figuré, qu’ils ne parlent presque jamais autrement ». […] Chaque langue doit donc nécessairement tenir des perfections & des défauts du peuple qui la parle. […] On ne peut l’entendre que des choses passées ou présentes à l’égard du moment où l’on parle.
Le passage du style parlé au style écrit était réputé des plus délicats et des plus périlleux. […] Avant d’en parler et de revenir sur la question soulevée, je dirai cependant quelques mots de M. […] Voilà quatre ans (la cinquième année va commencer) qu’il y parle à poste fixe tous les mercredis durant la saison. […] Les faits parlent, et l’histoire littéraire est là. […] Le critique dont je voulais parler, et que j’opposais dans ma pensée à M.
Mais pour ne parler ici que des vers où la rime paroît dans tout son éclat et dans toute sa beauté, on n’y sent la richesse qu’au bout du second vers. […] Les langues qu’ils parloient n’étoient pas susceptibles d’une poësie plus parfaite lors que ces peuples ont posé pour ainsi dire les premiers fondemens de leur poëtique. Il est vrai que les nations européennes dont je parle, sont devenues dans la suite sçavantes et lettrées. […] Les usages de la nation dominante ont prévalu en plusieurs choses et principalement dans la langue commune, qui s’est formée de celle que parloient les anciens habitans, et de celle que parloient les nouveaux venus. Par exemple, la langue qui se forma dans les Gaules où les anciens habitans parloient communément latin quand les francs s’y vinrent établir, ne conserva que des mots dérivez du latin.
On parle du cerveau du mort, qui est chez un tel, de son bras, qui est chez un autre, de je ne sais quoi de son corps, qui se trouve chez un troisième. […] Et les voici, tout le temps sans me connaître, à parler de mes livres, de ma maison. […] Et l’on parle du serpent de Regulus, cité par Tite-Live. […] On parle de l’admirable scène d’ivresse de Dieudonné. […] Il nous parle de son intimité avec Gambetta, et des dîners, que la tante Massabie faisait, tous les dimanches, chez sa mère.
Dès aujourd’hui pourtant je puis indiquer le caractère d’une liaison dont elle-même a si bien parlé en ses Mémoires. […] Elle écouta, parla peu et m’engagea à revenir. […] Le mieux, maintenant, est de la laisser parler elle-même : « (Mars 1833.) […] Donnez-moi de vos nouvelles et parlez-moi de vous. […] Je ne vous ai pas vu, pour ainsi dire ; ces saints-simoniens se sont mis entre nous ; j’avais pourtant bien à vous parler.
Le cardinal de Tournon, l’ayant connu à Rome et apprécié pour ses qualités studieuses et morales, parla de lui à la Cour, lorsque le roi Henri II cherchait un précepteur pour ses deux fils, les ducs d’Orléans et d’Anjou (depuis Charles IX et Henri III), et Amyot fut choisi (1554). […] Il s’exerce à parler à son peuple d’Auxerre un langage clair, pur et lucide ; et l’on se figure, en effet, quel pouvait être le caractère doux, abondant et moral de ces homélies, prononcées d’une voix un peu faible par le bon évêque Amyot. […] D’autres, comme Montaigne, on l’a vu, ont parlé du style de Plutarque comme d’un auteur « épineux et ferré ». […] Joubert, qui parle admirablement de Plutarque et sans superstition, a dit : « Toute l’ancienne prose française fut modifiée par le style d’Amyot et le caractère de l’ouvrage qu’il avait traduit. […] L’homme dont nous parlions ainsi, M.
Necker est en quelque sorte définitif, à prendre celui-ci comme homme de société : il parle bien quand il consent à parler, mais il n’est point d’une facile conversation pour les autres ; on ne se trouve point d’esprit avec lui. […] parlons naturellement et couramment. […] Mais il semble, à la manière dont il en parle, qu’il ne l’avait observé que de haut. […] Le flatteur dit à, tout propos, on peut me croire ; l’homme méticuleux, parlons net ; le pointilleux, qu’importe ? […] Necker assez diversifié : je n’ai pas encore achevé de faire le tour de l’homme, pour parler son langage.
J’en parlerai, quoique ce soit bien voisin encore, comme d’une chose ancienne, avec désintéressement. […] Prevost-Paradol, même en ne voulant parler que littérature. […] Mais je ne veux ici parler que des articles qui ont le poison à l’extrémité, non de ceux qui en sont tout pétris et saturés (article Hérodien). […] Vous parlez toujours avec dédain de gouvernement consultatif ; mais être consulté, est-ce donc une si grande injure ? […] Et quand je parle de César, qu’est-ce donc que je dis ?
Il y a deux façons possibles de parler de M. […] Pour tranquilliser donc, ceux des lecteurs qui aiment, à savoir d’avance de qui on leur parle, je dirai que M. […] Un jour devant M. de Chateaubriand, on parlait du style et des soins infinis qu’il y faut prendre. […] Delécluze était critique d’art au Journal des Débats, et il eut occasion de parler de ce tableau de son ancien maître ; rien de plus simple. […] Il y a un bel endroit dans cette description d’élèves et d’atelier : c’est quand un des élèves, et des plus vulgaires, s’avise de parler mal de Jésus-Christ.
que je ne voudrais pas être ainsi loué par lui, et que j’aime mieux de sa part un jugement plus sobre, plus motivé, où ce n’est plus le Janin du rôle, mais le Janin de l’entracte qui parle, le Janin véridique et franc du collier ! […] lui dirai-je, que ce soit ce dernier qui parle souvent ! […] Jamais on n’a mieux parlé que lui de ces choses fugitives et rapides, qui pourtant ont été l’événement d’un jour, d’une heure, et qui ont vécu. […] Mais je m’oublie à parler de l’écrivain, et le roman est là qui me rappelle. […] Mais c’est dans ce livre d’Arnauld précisément qu’il est parlé de Mlle de Prohenques, et de celui qu’elle épouse, dans les termes de mépris qu’on vient de lire.
Ils daignaient parler de lui. […] Dans un discours tout entier, il lui parle de clémence. […] Thémiste osa parler de douceur à un fanatique, et d’humanité à un barbare ; et ce qui est plus étonnant, il réussit. […] Ainsi cet homme vertueux parlait aux princes, sous prétexte de les louer. […] Ainsi, les hommes célèbres de ce siècle le seront dans les siècles suivants ; on parlera d’eux comme nous parlons de ceux qui les ont précédés ; leur gloire même n’étant plus exposée à l’envie en deviendra plus pure ; car il vient un temps où les ennemis et les rivaux ne sont plus.
Section 45, de la musique proprement dite Il nous reste à parler de la musique comme du troisiéme des moïens que les hommes ont inventez pour donner une nouvelle force à la poësie et pour la mettre en état de faire sur nous une plus grande impression. […] Si quelque musique moderne manque du mérite dont parle ici Monsieur Vossius, ce n’est point celle de Lulli. […] Qu’on se figure donc quelle comparaison Vossius auroit faite des cantates et des sonates des italiens avec les symphonies et les récits de Lulli, s’il les eut connus, lorsqu’il écrivit le livre dont je parle. […] Un homme qui parle long-temps sur le même ton, endort les autres, et la preuve que leur assoupissement vient de la continuation d’un bruit qui se soûtenoit toûjours à peu près le même, c’est que l’auditeur se réveille en sursaut, si l’orateur cesse tout-à-coup de parler, ou s’il lui arrive de faire quelque exclamation sur un ton beaucoup plus haut que le ton sur lequel il déclamoit auparavant. […] La symphonie de l’opera d’Issé dont je viens de parler sembleroit ridicule, si l’on la mettoit à la place de celle du tombeau d’Amadis.
Je ne parle ici que des traductions qu’on donne pour ce qu’elles sont, car il arrive souvent que les traducteurs anglois nient de l’être, et qu’ils veulent donner leur copie pour un original. […] Les allemands ont voulu avoir en leur langue beaucoup d’ouvrages des bons poëtes françois, quoique ces traductions leur fussent moins necessaires qu’à d’autres, d’autant qu’ils font l’honneur à notre langue de la parler très-communément. […] En Hollande toutes les personnes qui ont quelque éducation sçavent parler françois dès leur jeunesse. […] Ils parlent françois. […] Qu’un autre, c’est lui qui parle, aille chercher si le soleil est fixe ou tourne sur son axe.
Vous ressemblez à ces princes qui, en faisant avec la France leurs traités de paix en langue française, ont bien soin de stipuler que, par l’usage de cette langue, ils ne prétendent reconnaître aucune supériorité dans la nation qui la parle. […] On m’a bien parlé de quelques épigrammes de votre façon, dont j’ai ri toute la première de plaisir quand je les ai trouvées bonnes, de pitié quand elles m’ont paru mauvaises. […] Est-ce la peine de parler en rimes et en cadences pour ne dire que des choses rebattues et triviales ? […] Je pense que Molière, indépendamment de ses autres qualités inestimables dont il est inutile de parler, en a une dont on ne parle pas assez, et dont on ne lui tient pas assez de compte ; c’est d’être celui de nos écrivains où l’on trouve le plus la vraie langue française, les tours et la manière qui lui sont propres ; que les ouvrages de Despréaux sont le code du bon goût ; que La Fontaine a donné à la langue un tour naïf et original ; et qu’enfin Quinault, méprisé par Despréaux si injustement, est non seulement le plus naturel et le plus tendre de nos poètes, mais le plus pur et le plus correct de tous, mérite dont on ne lui sait pas assez de gré, et qu’on n’a peut-être pas assez remarqué en lui. […] Alexandre, César, ce roi philosophe dont je viens de vous parler, tous d’aussi bonne maison que ces messieurs, et à ce que je crois, un peu plus grands hommes, seraient d’un autre avis, plus juste et plus flatteur pour celui dont je parle ; et le public, plus fort que tous les gens à la mode, le dédommagera, par son suffrage, de ceux qu’il n’aurait pas le bonheur d’obtenir : ce public, un peu dur quelquefois, mais toujours respectable, prendrait la liberté de dire à ses frivoles censeurs : Rien n’est si ridicule que de vouloir attacher du ridicule aux talents, et de paraître dédaigner ce qu’on n’est pas en état de faire.
Mais, dans l’ordre de l’esprit, chacun en France est chez soi ; des choses et des oracles d’en deçà et d’au-delà du Rhin, on peut parler haut, à son aise ; qu’on parle bien, avec verve et mordant, avec vivacité toujours, avec équité s’il se peut, on est écouté ; sans être cru sur parole, on est pris en considération. […] Heine a donc à merveille choisi son moment pour nous parler à nous de l’Allemagne, et pour parler à l’Allemagne de nous. […] Il faudrait, pour prétendre à le juger, parler autrement que par ouï-dire de ses Chansons, de ses Impressions de voyage ; les morceaux humoristiques que nous a fait connaître M. […] Il parle de nos peintres en homme qui a manié, sinon le pinceau, du moins la clef de l’art, et qui a pénétré par une autre porte dans le même sanctuaire. […] J’ai connu autrefois Henri Heine ; il me faisait beaucoup d’amitiés à la rencontre : il m’est même arrivé de parler, il y a bien longtemps, de ses Reisebilder dans la Revue des Deux-Mondes.
Je parlerai d’abord du concours général. […] Comme on se parle pour s’entendre, et que plus on est de gens à se parler, plus s’entendre est chose difficile, au travail de chacun oui succéder le travail de tous pour se faire un langage commun. […] Je passe au second travail dont j’ai parlé : celui de la société choisie, c’est-à-dire de bonnes mœurs, de bon ton, de bon goût. […] De là naquit la diversité des tons, des styles, des formes de langage qui s’approprièrent à tous les usages de l’art de parler et de l’art d’écrire. […] Déjà on sentait la nécessité de s’exprimer comme il convient à la chose dont on parle, à celui qui en parle, à ceux devant qui on en parle.
La poësie du stile consiste à prêter des sentimens interessans à tout ce qu’on fait parler comme à exprimer par des figures, et à présenter sous des images capables de nous émouvoir, ce qui ne nous toucheroit pas s’il étoit dit simplement en stile prosaïque. […] Ils parlent le langage du coeur. […] D’ailleurs ces évenemens prodigieux veulent que le poëte leur procure la croïance du spectateur autant qu’il est possible, et un moïen de la leur procurer, c’est de les faire raconter dans les termes les plus simples et les moins capables de faire soupçonner celui qui parle d’exageration. […] Il ne doit les emploïer que pour faire parler Chrémes , lorsque ce personnage entre pour un moment dans une passion tragique. […] Ce discours est rempli d’images et de peintures, et c’est à notre imagination qu’il parle contre l’abus de l’imagination.
Nous ne parlerons pas de ses Poésies : on convient généralement qu’elles sont mauvaises, quoiqu’elles fourmillent de pensées ingénieuses, galantes, philosophiques ; ce qui prouve combien M. […] Après Corneille, personne n’a mieux parlé des Romains. […] Soit qu’il peigne les Hommes, soit qu’il parle de Littérature, de Morale ou de Politique, il fait briller par-tout une finesse de raison, qui ne laisse rien à désirer au Lecteur. […] Dans le Chapitre de la seconde Guerre Punique, après avoir parlé de la défaite des Romains à Cannes par Annibal, & des raisons que ce Capitaine opposa à Maherbal, pour ne pas poursuivre sa conquête, Saint-Evremont ajoute cette réflexion, touchant la destinée des Empires. […] Quand il parle ensuite de l'envie qu'eut Annibal de goûter les délices de Capoue, il dit : « qu'il en fut charmé, d'autant plus aisément, qu'elles lui avoient toujours été inconnues.
et croit-on que Virgile et Homère parlassent en vers la même langue que le commun peuple de Rome ? […] Celle-ci a eu la prétention de parler comme la prose, d’en différer aussi peu que possible. […] Au lieu d’avoir comme ailleurs ce qu’on appellerait les sacrés balcons, elle n’a eu, si l’on peut ainsi parler, qu’un trottoir, très-habilement construit, mais très-peu élevé au-dessus de la prose. […] Dans tout ce que nous venons de dire de la poésie française, nous désirons être bien compris ; nous ne prétendons en rien diminuer le mérite des poëtes français dont quelques-uns sont si évidemment supérieurs, nous ne parlons que de la langue même dans laquelle ils ont écrit et des conditions qu’elle leur a fait subir. Les poëtes anciens (et peut-être en est-il ainsi dans quelques langues modernes autres que la française) ont eu à manier une étoffe bien plus disposée pour la poésie, ils ont trouvé plus aisément sous leurs doigts ce tissu des saintes mélodies que déployait Homère pour parler avec André Chénier.
Je n’ai pas la prétention de venir ici parler sur ce pied-là, ni de me donner les airs d’un juge en dernier ressort. […] Il est vrai que, lorsque j’en donnais de si favorables aperçus en avril 1834, je ne parlais que de ce que je connaissais et de ce qui était terminé à cette date ; mais on avait déjà l’idée de l’ensemble. […] Nous touchons là à ces contradictions dont j’ai parlé, et qui sont pour beaucoup dans l’effet discordant des Mémoires. […] Et par exemple, est-ce un homme revenu des préjuges de noblesse et de sang qui nous parle ? […] J’aurais aimé à parler de l’épisode de Charlotte et du Chateaubriand romanesque : le Chateaubriand politique demanderait aussi une étude à part.
je n’en parle pas ; elle est au tombeau depuis longtemps. […] Ils parlent de liberté comme s’ils ne l’avaient pas bâillonnée eux-mêmes ; ils parlent de religion comme s’ils ne l’avaient pas insultée jadis ; ils parlent des gouvernements passés comme s’ils ne les avaient pas jetés dans l’abîme à force de sottises ! […] Ils parlaient de leur temps. […] en cela, imitons-les, et parlons du nôtre. […] Que suis-je pour parler ainsi ?
Le style avait pris partout je ne sais quel ton de panégyrique ; ce fut celui même des Mascaron, des Fléchier et des Bossuet, toutes les fois qu’ils parlaient de Louis XIV : et où n’en parlent-ils pas ? […] On parlait à Louis XIV de ses devoirs, mais on lui parlait presque autant de ses vertus : on mêlait avec adresse, au langage de l’évangile, le langage des cours. […] Ainsi, tout prédicateur, tout orateur, tout historien, tout poète, enfin tout ce qui parlait, tout ce qui écrivait sous ce règne, louait et flattait à l’envi. […] Ces inscriptions n’eurent pas lieu : je parle de celle de la place Vendôme, où il est dit, par exemple, que Louis XIV ne fit la guerre que malgré lui. […] Je ne parle pas des dernières années de ce prince ; je plains tant de grandeur suivie de tant de désastres.
Je ne parlerai pas plus au long de cet interêt de rapport et particulier à certains hommes comme à certains tems, d’autant qu’il est facile aux peintres et aux poëtes de connoître si les sujets qu’ils entreprennent de traiter interessent beaucoup les personnes devant lesquelles ils doivent produire leurs ouvrages. […] Combien de livres de parti doivent leur premiere vogue à l’interêt particulier que prennent à ces livres les personnes attachées à la cause pour laquelle ils parlent. […] Tel est l’interêt que prend une nation au poëme qui décrit les principaux évenemens de son histoire, et qui parle des villes, des fleuves et des édifices sans cesse présens à ses yeux. […] Les fêtes, les combats et les lieux dont il parle ne sont connus à plusieurs de ses lecteurs que par ce que lui-même en raconte. […] Ceux qui disent qu’après avoir lû cette oraison, ils cherchent encore l’endroit qui fut capable de frapper si vivement un homme tel que Cesar, parlent en grammairiens qui n’ont jamais étudié que la langue des hommes, et qui n’ont point acquis la connoissance des mouvemens de leur coeur.
Les cantiques ou monologues sont les endroits d’une piece dans lesquels un acteur parle étant seul, ou dans lesquels, supposé qu’il y ait un second acteur sur la scéne, le second personnage ne dialogue point avec le premier, et cela de maniere que si ce second personnage dit quelque chose, il ne le dise qu’en forme d’ aparté, c’est-à-dire, sans adresser la parole au premier. […] On peut se faire quelque idée du chant ou de la déclamation harmonieuse de ces cantiques, par ce qu’en dit Quintilien, quoiqu’il n’en parle que par occasion. […] Quatre vers d’une épigramme de l’anthologie latine, décrivent très-bien un acteur qui fait les gestes convenables à ce que récitent d’autres acteurs après que le choeur a cessé de parler. […] La seconde est que les acteurs des anciens joüoient masquez, et par consequent on ne pouvoit pas voir aux mouvemens de la bouche et des muscles du visage s’ils parloient ou s’ils ne parloient pas. Ainsi le spectateur ne sentoit pas le ridicule qu’on imagine d’abord dans deux personnes dont l’une feroit des gestes sans parler, tandis que l’autre réciteroit sur un ton pathetique les bras croisez.
Nous avons été quinze ans son ami, et, pendant les innombrables entretiens que nous avons eus ensemble, nous ne lui avons pas parlé une seule fois de ses chansons, de même qu’il ne nous a jamais parlé de nos œuvres en vers. […] Nous ne parlons encore que de son talent. […] C’est au peuple et au soldat que Béranger avait à parler ; il faut parler à chacun sa langue, si l’on veut être compris, et surtout si l’on veut être répété. […] Je parlerai tout à l’heure de celle qui fut Lisette, compagne de la jeunesse, de l’âge mûr, de la poésie et de la vieillesse de Béranger. […] Béranger changea d’abord en mal, selon nous ; puis il changea en bien ; et c’est de ce dernier changement que nous parlons ici.
N’y parlent-ils pas peut-être aussi avec un peu d’emphase ? […] On en a trop parlé. […] Parlez ! […] je ne te parle pas. […] Il ne parla pas tout à fait si modestement.
Ce n’est plus eux qui vous parlent, par moi, c’est moi-même qui vous parle à mon tour. […] Ça parle moins du nez. […] Je parle de Hugo, je ne parle plus de Corneille. […] En parle peu. […] Ils parlent, ils parlent, ils écrivent.
Quanto lui parla fort du frère de Monsieur (du roi), et si elle voulait lui mander quelque chose, et ce qu’elle dirait pour elle. […] Je vous en parle moins, parce qu’il me revient que vous dites tout à l’abbé Testu. Voilà un trait de ma sincérité naturelle. » Madame de Maintenon, non seulement parle moins de sa retraite, mais elle ne veut pas surtout qu’on en répande le bruit. […] Bossuet lui avait souvent parlé là-dessus avec une liberté digne des premiers siècles et des premiers évêques de l’église ; il avait interrompu le cours de ses liaisons plus d’une fois ; il avait osé poursuivre le roi qui lui avait échappé. […] Je ne puis lui parler seule, parce qu’elle ne me le pardonnerait jamais ; et quand je lui parlerais que je dois à madame de Montespan ne peut me permettre de parler contre elle. » Une lettre explicative de celle qu’on vient de lire, et qui heureusement porte la date précise du lundi 29 juillet, détermine très approximativement cette de la précédente, la voici : « Je pense toujours de même, quoique le changement de mon style vous ait fait craindre un changement d’idée. » (Cette phrase suppose une lettre intermédiaire d’un ton moins triste que la précédente.)
Dans d’autres cas, le malade perd la faculté d’écrire et de lire avec celle de parler ; et cette impuissance d’écrire ne vient pas de la paralysie54. […] Nous pouvons, jusqu’à un certain point, parler une langue étrangère sans comprendre ce qu’on nous répond. […] Le docteur Forles Winslow rapporte l’observation d’un officier d’artillerie, qui, à la suite d’une attaque de paralysie, ne pouvait plus parler lorsqu’il essayait de le faire. […] La plupart des hommes parleraient par l’hémisphère gauche, et quelques-uns par l’hémisphère droit. […] La question est donc toujours en suspens, ou, pour mieux parler, l’unité du cerveau, comme organe d’intelligence et de sentiment, peut être considérée comme le fait le plus vraisemblable dans l’état actuel de la science.
Nous parlerons bien-tôt de ce carmen. […] Nous parlerons fort au long de ces semeia, quand nous expliquerons comment les anciens écrivoient en notes le chant musical, ou le chant proprement dit, et ce chant qui n’étoit qu’une déclamation. […] Ainsi nous remettons à en parler, que nous traitions de celui des arts musicaux que les grecs nommoient orchesis et les romains saltatio. […] Ils ont eu raison d’introduire cette regle : car il est également messeant de commencer à gesticuler avant que d’avoir ouvert la bouche, et de continuer à gesticuler après avoir cessé de parler. […] La premiere, c’est que Quintilien n’entend point ici parler des professeurs en éloquence, qu’il désigne par d’autres noms dans ses institutions.
… Or, c’est de ceux-ci, les malins, que je veux exclusivement parler aujourd’hui. […] Littré est un de ces habiles dont nous parlions tout à l’heure, qui font la bonne distinction dans Auguste Comte, du fondateur de religion et du philosophe. […] Il ne doit donc strictement parler que de philosophie et n’avoir pas de distractions. […] Comte a pour homonyme un homme dont on a beaucoup parlé autrefois. […] Ainsi, vous le voyez, la simplification dont je parlais est assez tôt faite.
On était humilié de parler de soi. […] Je vous parle franchement ». […] Il ne parle jamais littérature. […] On parla de la langue provençale. […] Aucun n’en parla.
Est-ce bien un sceptique qui parle ainsi ? […] : je veux parler de M. […] Il parle du prêtre avec une sympathie tendre. […] Parlez-lui de M. […] Écrire comme on parle (quand on parle bien), voilà l’idéal qu’il vise et qu’il atteint presque toujours.
La Boétie a été la passion de Montaigne ; il lui a inspiré son plus beau chapitre, ou du moins son plus touchant ; leurs deux noms sont à jamais inséparables, et sitôt qu’on parle d’amitié, on les rencontre des premiers, on les cite inévitablement, de même que lorsqu’on parle de l’amour d’une mère pour sa fille, on nomme Mme de Sévigné. […] On a lieu de le craindre, en effet, si en présence de cet homme on parle inexactement et à la légère de ce qu’il possède à fond et qu’il a étudié de longue main : il n’a qu’un mot à dire pour dénoncer votre erreur et pour la révéler. […] Ce qui nous frappe dans tous les endroits où Montaigne parle de La Boétie, ce n’est pas seulement l’affection, c’est le respect et l’admiration, sentiments que Montaigne, en général, ne prodiguait pas, mais qu’il pousse jusqu’à l’apparence de l’illusion lorsqu’il parle de son ami. […] C’est bien alors que celui qui survit peut s’écrier avec Pline le Jeune : « J’ai perdu un témoin de ma vie… Je crains désormais de vivre plus négligemment. » Parler de La Boétie et de Montaigne, c’est nécessairement parler de l’amitié. […] Cette amitié-passion n’a pas été connue de beaucoup de ceux même qui ont le mieux parlé de l’amitié.
» le grand Maurice, certes, dès qu’il parle de nous en arrière, n’est pas poli. Nos vieux Gaulois parlent bien lestement du sexe : lui, il est plus que Gaulois. […] Fritsch à son départ… Le Cardinal a envie de parler, et il s’accroche partout. […] Les catalogues du temps parlent d’un modèle de galère qu’il avait inventé avec un manège et un rouage propre à la faire voguer. […] Voici un passage où le maréchal parle de Voltaire, et avec esprit certainement.
Malgré le titre, et quoiqu’il soit toujours très difficile de venir parler de sermons, et de l’art d’en faire, sans ennuyer, l’abbé Maury instruit et n’ennuie pas. […] si l’abbé Maury nous avait parlé un peu de religion, il nous aurait parlé de tout. » Mais nous n’en sommes qu’aux débuts de l’abbé Maury. […] Il parla peu dans la chambre du clergé, et y témoigna, dit l’abbé de Pradt, de la timidité. […] Les Mirabeau et autres lui offrirent cent mille écus s’il voulait s’engager à ne parler ni sur les assignats, ni sur les finances, ni sur le pouvoir exécutif. […] Le soir, je le revis encore ; nous parlâmes longuement sur différents sujets qu’il rasa à tire-d’aile.
Comme les romains ne connoissoient pas les choses dont le traducteur doit parler, les romains n’avoient point de termes propres pour les signifier. […] L’on a remarqué depuis long-tems que toute prononciation pénible pour la bouche de celui qui parle, devient pénible pour l’oreille de celui qui l’écoute. […] Il faut la sçavoir pour être capable de bien parler latin, comme il faut sçavoir la quantité de syllabes de sa langue naturelle pour la bien parler. […] Leur unique ressource seroit de consulter l’oreille ; mais la meilleure oreille ne suffit pas toûjours, principalement lorsque pour parler ainsi, on ne l’a point cultivée. […] Mais puisque le poëte ne sçauroit faire faire cette besogne par d’autres, comme le peintre fait broyer ses couleurs, il nous convient d’en parler.
Tout à l’heure nous parlerons de l’artiste, c’est-à-dire du talent, de l’exécution, du dessin, du style : nous viderons la question. A présent je ne parle que de l’esprit. […] Ce n’est pas un suicide de poëte qui veut être repêché et faire parler de lui. […] Il appelait cela une impiété et parlait de la belle Hélène comme d’autres parlent de la Vierge Marie. […] Il est juste la contre-partie de l’homme dont nous venons de parler.
Je ne parle point des tragedies ni même des comedies à longue robe qui, par la gravité qu’elles gardent, tiennent le milieu entre les comedies plaisantes et la tragedie. […] Macrobe parle beaucoup de leur concurrence dans ses saturnales. […] Nous parlerons plus bas des pantomimes, espece de comediens qui déclamoient sans rien prononcer. […] Ces comediens ont été obligez de parler françois, c’est la langue de ceux qui les païent. Mais comme les pieces italiennes qui ne sont point composées dans nos moeurs ne peuvent amuser le public ; les comediens dont je parle ont encore été obligez de joüer des pieces écrites dans les moeurs françoises.
Après la mort de Socrate, dont il avait été le disciple, il osa paraître en deuil dans Athènes, aux yeux de ce même peuple assassin de son maître ; et des hommes qui parlaient de vertus et des lois en les outrageant, ne manquèrent pas de le nommer séditieux, lorsqu’il n’était que sensible. […] Il est difficile que dans les plus beaux temps de la Grèce, on ait rendu ces honneurs à un homme médiocre ; d’un autre côté, Aristote n’en parlait qu’avec mépris : Il est honteux de se taire, disait-il, lorsqu’Isocrate parle. […] Je ne parlerai ici que des éloges de cet orateur ; ils sont au nombre de six. […] Il faut en vérité estimer bien peu l’art d’écrire et de parler aux hommes pour donner de pareilles leçons. […] L’autre me parle toujours de loin ; j’aperçois sans cesse deux mille ans entre lui et moi.
Un soir nous passâmes cinq heures ensemble, et il me parla d’Éléonore, etc. » Sur Le Brun, il y a un commencement de portrait qui, en trois coups de crayon, est admirable : « Le Brun a toutes les qualités du lyrique. […] Le ciel m’est témoin que les miens n’ont jamais manqué d’être pleins d’eau15, toutes les fois que je parle de vous. […] Il faut que je vous parle encore de l’ouvrage auquel vous vous intéressez18. […] Vous parlez de talents ; que sont les nôtres auprès de ceux que vous possédez ? […] Je suis à présent fort lié avec cet admirable jeune homme auquel vous me léguâtes à votre départ21 ; nous parlons sans cesse de vous ; il vous aime presque autant que moi.
Il est élégant et parle volontiers de l’Italie. […] Léon Bloy parle aussi intelligemment qu’un bigot parle de Voltaire ? […] Et il convient de parler enfin du principal mérite de M. […] On a parlé de lui plus que du lauréat. […] Parlons net : il se solidarise avec son héros.
ils parlent. […] C’est la pire quand elle tient lieu de tout le reste, comme dans un Parlement où l’on parle pour parler. […] Le poète parle de ce qu’il a senti, le voyageur de ce qu’il a vu, le professeur parle généralement de ce qu’il a lu. […] Exagérer le droit des morts qui parlent, c’est déjà parler soi-même un peu comme un mort. […] Et Brunetière parle justement.
Mais ici se place un de ces « malentendus féconds » dont aimait à parler Renan. […] En tout pays où il est venu, il en parlait le langage. […] On y parle de Félicia, fille de Sibylle, qui, avec Junon ( !) […] Le livre juif intercale ici un passage dont je parle plus loin, p. 244, n. 3. […] Vous vous occupez tant de parler que j’ai peur que vous ne les oubliiez.
L’abbé Le Dieu, dans cet ouvrage, se soigne, et il écrit comme en vue du public ; son style a de la facilité, du développement, des parties heureuses : on sent l’homme qui a vécu avec Bossuet et qui en parle dignement, avec admiration, avec émotion. […] Toute cette partie des mémoires de Le Dieu, où il parle de l’éloquence première de Bossuet et des études par lesquelles il la nourrissait, est d’un grand charme. […] Qu’on remarque cette nuance d’éloges ; elle revient perpétuellement sous la plume de l’abbé Le Dieu, soit qu’il cite des témoins plus anciens que lui, soit qu’il, parle de ce qu’il a entendu lui-même. […] Nous ne parlons en ce moment que de l’orateur. […] Sur cette matière informe il faisait une méditation profonde dans la matinée du jour qu’il avait à parler, et le plus souvent sans rien écrire davantage, pour ne se pas distraire, parce que son imagination allait bien plus vite que n’aurait fait sa main.
Avec une rapidité surprenante dans les mouvements, dans les désirs, dans les projets, dans les fantaisies, dans les idées, ils ont le parler lent. […] Gros mangeur, gourmand, il ne nous fait pas grâce de ses indigestions : il est plein de son sujet, il faut qu’il parle. […] Aussi ne peut-on parler ici de labeur artistique, de lente élaboration, de composition savante et réfléchie : toutes ces simagrées ne sont pas sa manière. […] Je ne parle pas de l’exécution, souvent lâchée, précipitée ; la perfection du travail ne se rencontre guère chez lui. […] Et n’est-ce pas aussi que les tableaux, les statues dont il parlait ne le comportaient pas ?
S’accoutumer à écrire comme on parle et comme on pense, n’est-ce pas déjà se mettre en demeure de bien penser ? […] Quoi qu’il en soit, entre la fin de La Bruyère ou de Fénelon et les débuts de Jean-Jacques, on embrasse une période calme, éclairée, modérée, où se retrouve la langue telle que nous la parlons ou que nous la pourrions parler, et telle que rien n’en a vieilli encore. […] Il était à la fleur de l’âge dans cette cour de Charles II, qu’il nous a si vivement décrite ; mais les Hamilton dont il parle sont ses frères, et il ne s’y donne à lui-même aucun rôle. […] C’est aujourd’hui le seul ouvrage d’Hamilton qu’on doive relire ; car pour ses vers et même pour ses contes, il en faut peu parler. […] Il nous dit quelque part qu’il sait très bien se taire, ou plutôt qu’il n’aime pas trop à parler.
Vous en avez ouï parler ! […] Il ne parlait point, ou voulait toujours parler de Platon. […] On parla beaucoup de la nouvelle tragédie. […] » Ou bien j’allais parler de la pudeur de Racine. […] Mais il ne faut point parler d’imitation.
— Vous n’en avez jamais parlé, je crois, jette quelqu’un. […] — C’est étonnant, dis-je, comme au dessert on parle toujours de l’immortalité de l’âme. […] toi, ne me parle pas…. […] Parmi les acteurs de la scène dialoguée, il ne voit rien, ne perçoit rien, ne distingue pas celui qui parle. […] Mais au fond, c’est ce larynx… » Nous lui parlons alors d’une consultation, à laquelle il ne se refuse pas trop.
Nous parlâmes beaucoup en route de notre métier, et j’étais impatient de m’y remettre. […] Cesano, qui était fort laid, me parla selon sa figure. […] Je m’étais aperçu que quelques valets parlaient bas entre eux, et étaient sortis avec moi, en prenant une rue opposée. […] Ils me parlèrent ainsi parce qu’ils me croyaient à moitié mort. […] Il en fit parler au duc de Florence.
Charles Pageon, me parla de Sully-Prudhomme, qui fut son voisin et son ami. […] Il arrive et se met tout de suite à parler au prince avec désinvolture. […] Ils parlèrent de Rome. […] tu parles du monde : tu ne sais guère ce que c’est. […] Quant au poète, il parle toujours avec douceur, certes.
Il y eut, en effet, trois femmes du nom de Boufflers fort célèbres et très à la mode dans le grand monde et dans le même temps : la duchesse de Boufflers, celle dont je parlais récemment et qui échangea plus tard son nom contre celui de maréchale-duchesse de Luxembourg. […] Mais ce n’est pas d’elle non plus que nous avons en ce moment à parler ; femme aimable et qu’on aime à rencontrer dans ce monde-là, elle n’a pas, dans l’histoire de la société d’alors, le degré d’importance des deux autres […] Un historien de la société anglaise au xviiie siècle, pour être un peu complet, ne pourrait éviter de parler d’elle, et la meilleure partie des pièces et témoignages qui la concernent, et qui mettent hors de doute son propre mérite à elle-même, nous vient du dehors. […] Je ne parle point de ses talents pour la guerre… » Tout en disant qu’il n’en parlera point, l’agréable président sait très-bien rappeler ici la victoire de Coni, remportée par le prince de Conti à son début (1744), presque au même âge, dit-il, où le grand Condé, frère de son bisaïeul, battait les ennemis à Rocroi. […] On parlait des affaires qui agitaient alors le Parlement (1776), et Diderot, dans sa chaleur, voulant louer le prince : « Monseigneur, dit-il, il paraît que vous êtes bien entêté ?
Il a parlé des choses humaines, il a chanté les choses divines. […] qui est-ce qui a enseigné ou imposé à l’humanité qu’il fallait parler ces choses et chanter en vers celles-là ? […] Je vous défie de parler en sa présence le langage vulgaire. […] C’est une femme qui parle : Quand, assise à douze ans, à l’angle du verger, Sous les citrons en fleurs, ou les amandiers roses, Le souffle du printemps sortait de toutes choses, Et faisant sur mon cou mes boucles voltiger, Une voix me parlait, si douce au fond de l’âme, Qu’un frisson de plaisir en courait sur ma peau. […] C’est aussi cette voix intérieure qui lui parle à tous les âges, qui aime, chante, prie ou pleure avec elle à toutes les phases de son pèlerinage séculaire ici-bas.
Louis Racine nous apprend que ce même Despréaux fut sa satire sur Le Festin, publiée en 1665, chez le comte de Brancas en présence de madame Scarron et de madame de La Sablière, dont nous parlerons dans un moment. […] Nos biographes n’en parlent point ; mais les mémoires de Tallemant-des-Réaux, qui viennent d’être publies, la vengent de cet oubli, à la vérité de manière à faire désirer qu’un autre chroniqueur la venge de ses injures. Tallemant parle d’elle comme d’une insigne catin, d’une intrigante fieffée, d’une janséniste outrée, d’une gourmande, d’une visionnaire, d’une maniaque. […] Cette dame, alors âgée au moins de 60 à ans, d’une santé très délicate, ne voyait du monde que chez elle, et c’est sans doute pour cette raison qu’il en est peu parlé dans les écrits concernant les grandes sociétés de cette époque. […] Les mortels, les héros, les demi-dieux, les dieux dont parle La Fontaine, comme composant la société de madame de La Sablière, étaient les Chaulieu, les Lauzun, les Rochefort, les Brancas, les La Fare, les de Foix, et, entre plusieurs étrangers illustres, Jean Sobieski, lequel fut depuis roi de Pologne.
Il est dans deux questions terribles dont nous allons parler et qui s’élancent tout à coup de toute cette littérature tumulaire sur laquelle elles planent, sur laquelle, depuis que nous enterrons nos morts, elles n’ont pas cessé de planer ! […] il nous parle seulement des avantages relatifs du cimetière de Méry, à cette heure en projet, et ne touche nullement à la question générale des grands cimetières, qui n’est, en somme, que la question retournée des grandes villes, de ces grands centres de population, les hypertrophies dont les peuples modernes, si on n’y prend garde, pourraient bien mourir ! […] J’ai parlé déjà de l’étonnante frivolité humaine, mais on ne peut jamais assez y revenir… Le livre du docteur Favrot, tout animé qu’il est d’intentions excellentes (je l’en voudrais passionné et vibrant), donne dix fois la preuve de cette frivolité qui n’appuie pas, quand il serait si nécessaire de fortement appuyer. […] Le docteur Favrot parle de cadavres par hasard déterrés et qui, en des angoisses que l’imagination épouvantée n’a pas de peine à se représenter, s’étaient, dans leurs cercueils, mangés les bras de fureur vaine et de désespoir ! […] … Il n’en parle pas, et il ne peut pas en parler.
On parle de cet Almanach de Bottin, où passent les deux critiques fraîchement décorés, Brunetière et Lemaître. […] On parlait, ce soir, des cartons du Figaro portant : Affaires en souffrance. […] » Daudet comprenait, que c’était de son jeune enfant, mort il y avait deux ans, qu’il parlait. […] … » Et la jolie trouvaille, qu’elle a faite dans la scène de l’hôpital, de cette toux, qu’elle a seulement, quand elle parle de choses d’amour. […] » s’est attiré une réponse à peu près semblable à celle-ci : « Pardon, monsieur, nous ne sommes pas assez intimes, pour que vous me parliez ainsi !
Huysmans parle dans ce quartier Saint-Séverin d’un garni encore plus effroyable, du garni de Mme Alexandre. […] Ce soir, Rosny qui vient de lire, chez Antoine, Nell Horn, faite en collaboration avec son frère, nous parle de ce frère. […] Elle est très au courant de ce qui s’imprime, et de ce qui s’imprime de très littéraire, et elle en parle avec simplicité, sans le moindre étalage de bas-bleu. […] Il parlait encore assez mal l’anglais et un de ces hommes lui enfonçait d’un coup de poing son chapeau sur les yeux. […] À propos d’un bal, où elle devait aller en Diane, on lui a parlé d’un buste de Diane de Houdon, que possédait un de ses voisins de campagne, où elle trouverait sa coiffure.
Qu’il oublie tant qu’il lui plaira qu’il parle à des hommes sensés, il n’y a pas grand mal à cela, mais qu’il ne se souvienne jamais qu’il parle à des hommes libres, c’est une inadvertance qui blesse partout et qui est très-dangereuse dans ce pays-ci. […] Il a vu Rome en cinq jours, il aura vu Paris en quinze, et il en parlera comme s’il y avait passé toute sa vie. […] Quand le moule d’un homme de génie est cassé, il l’est pour jamais ; je ne crois pas qu’on en puisse dire autant de l’homme vertueux, en prenant cette expression dans son sens le plus rigoureux et le plus raide : je parle de la vertu de Caton ou de celle de Régulus. […] La passion qui fait quelquefois si bien parler, fait plus souvent encore balbutier, même l’homme de génie. […] Je viens de proposer la question à ma femme, et voici sa réponse : « Je ne suis qu’une bête, je ne sais point écrire, je parle assez mal, et je sens en moi tout ce qu’il faut pour faire une grande action.
Jules Roche parle un moment des hauteurs et des abaissements des événements du xviiie siècle. […] Je parle, par exemple, du japonisme, et ils ne croient exister de cet art, que quelques bibelots ridicules, qu’on leur a dit être le comble du mauvais goût et du manque de dessin. […] Il est vrai qu’à sa suite, Spuller se met à m’en parler… aimablement, mais comme d’un livre, dont l’auteur lui échappe, lui est fermé, lui est peu intelligible. […] » Dina portait le mourant sur son lit, où il ne parlait plus, n’ouvrait plus les yeux, avait seulement des contractions nerveuses des bras et des mains. […] Ils sont exposés comme épouvantails, non pour ceux qui auraient l’intention de les tromper, mais pour ceux qui seraient tentés de parler trop haut de leur cocuage.
Le théâtre parle et ne chante pas assez pour moi. […] Personne n’avait ni parlé ni respiré entre ces deux actes. […] Racine ici fait parler Machiavel dans la langue de Tacite. […] Il date du ciel, et il est digne d’y être parlé. […] Nous vous parlerons bientôt de Shakespeare, et nous en parlerons avec l’étonnement sublime qu’on éprouve à l’aspect du géant du drame moderne.
Je ne parlerai pas bien longuement de la correspondance qui se publie, de peur que le commentaire ne devienne plus gros que le texte. […] Elle a parlé légèrement en un endroit de Bernardin de Saint-Pierre. […] Pendant ce temps-là, quelques vieilles femmes assises dans leur chambre parlent le français à ravir, familièrement, crûment, comme chez elles, sans demander la permission à personne, et tout à fait comme des vieilles d’Athènes. […] Au sortir du xviiie siècle, nous franchissons le plus périlleux des détroits, je parle toujours au point de vue de l’atticisme. […] On ne parlait plus que d’une seule chose, et les dangers de la situation dominaient les âmes.
de quoi parlez-vous là ? […] de quoi parlez-vous là ? […] l’idée, cette fois, parle aux yeux ! […] Je ne veux parler que de ce que j’ai vu. […] Ne parlons pas de la moralité de la pièce ; on ne parle que de ce qui existe.
On est bien guéri aujourd’hui de cette spécialité d’esprit ; nos poètes parlent de tout. […] Bossuet, par moments, ne parlerait pas autrement, et Cousin n’est pas Bossuet. […] Thiers sait tout, parle de tout, tranche sur tout. […] Il parle de Corneille un peu comme il parle de Puget, comme il parle de Jean-Jacques, et le trouve déclamatoire. […] Royer-Collard m’en ayant parlé un jour et m’ayant raconté comment les choses s’étaient passées.
Il y faut ajouter la hardiesse du langage, qui ne lui est commune qu’avec le poëme épique, lorsqu’il ne fait pas parler ses personnages. […] La plûpart de ceux qui parlent de l’enthousiasme, en parlent comme s’ils étoient eux-mêmes dans le trouble qu’ils veulent définir. […] Je dois présentement parler des auteurs que j’ai eu la hardiesse d’imiter, pour donner une foible idée des odes grecques et latines. […] J’avertis que dans ces odes anacréontiques, je parle toujours pour un autre, et que je ne fais qu’y joüer le personnage d’un auteur, dont j’envierois beaucoup plus le tour et les expressions que les sentimens. […] Ces figures quelquefois si excessives, ces maniéres de parler aussi obscures qu’emphatiques, étoient du goût de son siécle.
Nous nous contenterons de vous parler de ces fameuses lettres d’une religieuse portugaise, publiées, sous le titre de Lettres portugaises 7, conformément à l’édition de 1669 de Barbin. […] On parle de passion sincère ! […] Cette religieuse, dont tout le monde parle et qu’on vante, est-ce vraiment une réalité ? […] Lorsque cette pauvre madame de Sévigné, cette prude dont Bussy se moquait, parlait de la tendresse des Lettres portugaises, elle n’était pas fort difficile. […] Ces lettres d’une religieuse qui n’a pas un remords, — qui n’a pas un scrupule, — qui, nous le répétons, ne parle pas une seule fois de Dieu dans sa chute, qui n’a pas même sur son front le signe de la Bête dont Dieu marque ses réprouvés, ce coup de marteau donné à l’arbre qui doit être coupé pour l’enfer ; — ces lettres à mignardises éplorées et à obscénités hypocrites sont apocryphes en nature humaine, et nous n’hésitons pas à le déclarer !
Les millionnaires parlent de la jouissance de dîner au bouillon Duval et de porter des sabots à la campagne. […] Un souper froid, une causerie où l’on ne parlerait d’aucune des choses du moment ni de l’année présente. […] Alors il nous parle de tableaux qu’il a eu, un temps, l’idée de peindre, de tableaux allégoriques et décoratifs pour des monuments publics ; il nous parle de la proposition qu’il a faite jadis à M. […] avec les enfants, il faut toujours descendre à eux, bêtifier, parler nègre. […] Ainsi cette femme qui nous parlait, a manqué deux couronnes impériales.
Remarquons bien que la faculté de parler n’aurait point suffi : dès l’origine il a dû nécessairement parler, puisque dès l’origine il a été nécessairement dans la société. […] Nous, pourrions également, si nous voulions épuiser ce sujet, parler des noms cabalistiques et magiques, traditions détournées de la croyance primitive dans la force des noms. […] Cependant on trouve dans sa Contemplation de la Nature, au sujet de l’orang-outang qui ne parle point, quoiqu’il présente à l’œil même de l’anatomiste de si grandes conformités avec l’homme, on trouve, dis-je, ces mots : « Il ne pense donc point, car pour penser il faut parler. » M. […] Le professeur d’analyse de l’entendement humain y disait affirmativement : L’homme ne pense que parce qu’il parle ; ce qui revient à cette proposition de M. de Bonald : L’homme ne peut parler sa pensée sans penser sa parole . […] Fabre d’Olivet, dont nous parlions il y a quelques instants.
Plus on le laisse parler lui-même, mieux il se dessine ; il semble d’ailleurs que, sur son compte, toutes les formes de l’éloge brillant soient épuisées. […] Il a parlé singulièrement de son père : « Mon père ne m’aimait pas, je ne sais pourquoi ; car nous ne nous connaissions point. […] Écoutez-les, ils parlent bien ; lisez-les, ils écrivent à merveille ; du moins cela se dit comme cela. […] Il est de l’avis de La Fontaine : « Les jardins parlent peu ». […] Je parle du prince de Ligne comme étant tout à fait un Français quand il écrivait sur Belœil, et il l’était pour ne plus cesser de l’être.
Gibbon déclare qu’il ne reconnaît avoir aucune obligation à l’université d’Oxford, et il en parle en effet comme le fils le moins reconnaissant. […] Il faut ajouter avec Suard qu’il prononçait avec affectation, et d’un ton de fausset, la langue française, laquelle il parlait d’ailleurs avec une rare correction et comme un livre. […] J’ai jasé environ un quart d’heure avec elles ; j’ai parlé de Lausanne et suis devenu si familier et si à mon aise que j’ai tiré ma tabatière, ai tapé dessus, ai prisé deux fois (crime inouï jusque-là dans la salle de réception !) […] » Ailleurs il parle « de la tranquille administration des lois, de ces arrêts salutaires qui, sortis du cabinet d’un seul ou du conseil d’un petit nombre, vont répandre la félicité chez un peuple entier ». […] Lui qui devait écrire l’histoire du peuple le plus guerrier, il sut par la pratique les détails du métier : il fut digne de parler ensuite de la Légion.
Une femme de bien (je laisse au cardinal son langage) ne coucherait pas avec son mari, ni une coquette avec son galant, s’ils ne leur avaient parlé ce jour-là d’affaires d’État ; elles veulent tout voir, tout connaître, tout savoir, et, qui pis est, tout faire et tout brouiller. Nous en avons trois entre autres (et il nommait les trois dont je viens de parler), qui nous mettent tous les jours en plus de confusion qu’il n’y en eut jamais à Babylone. […] Voilà comment, tout en se complimentant, deux femmes politiques parlaient des hommes dans le tête-à-tête, et prenaient leur revanche sur don Louis de Haro et sur Mazarin. […] Je n’ai pas le moindre repos, et je ne trouve pas même le temps de parler à mon secrétaire. […] On a parlé de ce d’Aubigny comme de la cause principale de la première disgrâce de Mme des Ursins.
La Savoie est un des pays voisins de la France où l’on parle le mieux le français, où on le parle avec le plus de propriété, de clarté et de naturel. […] Mais aujourd’hui je ne puis insister que sur le grand succès littéraire et moral par lequel il se rattache à la langue française de son temps, je veux parler de son Introduction à la vie dévote, qui parut d’abord en 1608, et dont l’effet fut soudain et universel. […] J’en parlerai donc à ce point de vue, sans exagérer le côté fleuri, sans m’enfoncer dans les parties déjà raffinées de doctrine ; j’en parlerai comme d’un livre qui, sur la table d’une femme comme il faut ou d’un gentilhomme poli de ce temps-là, ne chassait pas absolument le volume de Montaigne, et attendait, sans le fuir, le volume de d’Urfé. […] Il ne peut s’empêcher de sourire par le talent et de sembler presque se distraire par le langage, lors même qu’il est le plus sérieux au fond ; il ressemble à ces abeilles dont il parle si souvent : on dirait qu’il se joue, et il travaille. Il sait bien que toute voie humaine a ses épines et ses ronces encore plus que ses fleurs, et que, lorsque Dieu se manifeste et parle, c’est plutôt parmi les premières : « Je ne me ressouviens pas qu’il ait jamais parlé parmi les fleurs, oui bien parmi les déserts et halliers plusieurs fois. » Et pourtant, François de Sales sème involontairement devant lui et prodigue les fleurs ; il répand le lait et le miel, et les fruits savoureux ; il a surtout ce qui les fait naître sans effort, un fonds de fertilité et d’onction.
Dans cette grande ville inconnue, sans relations aucunes, sans une lettre de recommandation, sans même la connaissance de la langue qu’on y parle, il se sent tout à coup pris d’un immense découragement, au milieu duquel il s’endort. […] Mme Commanville nous a parlé du cher mort, de ses derniers instants, de son livre qu’elle croit incomplet d’une dizaine de pages. […] » Et toujours marchant d’un bout de la chambre à l’autre, il parle de la population qui a augmenté d’un quart, pendant que le capital quadruplait ; du temps prochain, où le capital sera l’esclave du travail ; de la phrase de Cambon : « Il faut écraser ces morpions ! […] * * * — On parlait aujourd’hui d’une grande dame de la société romaine, qui faisait essayer ses confesseurs par sa femme de chambre. […] Il s’échoue dans un fauteuil, en se plaignant geignardement, et un peu à la manière d’un enfant, de maux de reins, de gravelle, de palpitations de cœur, puis il parle de la mort de sa mère, du trou que cela fait dans leur intérieur, et il en parle avec un attendrissement concentré.
L’Histoire, pour lui, qu’elle parle ou se taise, est une révélation de toutes les vérités nécessaires à l’homme et à la société, ces deux êtres qu’il ne sépara jamais ! […] La Critique n’en a point parle. Quand un homme ou un livre lui imposent, elle n’en parle pas, cette brave Critique ! […] Je ne parle point de ses sentiments. […] » Ces circonstances imprévues dont parle de Maistre se sont-elles produites en Russie ?
Nous ne parlerons pas de quelques autres Pieces fugitives ; comme d’une Epître, où nous partageons, avec MM. […] Parler froidement de ce qui nous a semblé médiocre ; ridiculiser l’extravagance & la prétention ; accabler d’indignation ou de mépris le délire, l’inconséquence & la perversité : telle a été constamment notre marche. […] Sommes-nous donc obligés de tout connoître & de parler de tout ? […] mais nous avions nos raisons pour en parler. […] Benoît qui nous a fait ce reproche, il eût dû être satisfait de la maniere dont nous avons parlé de ses Confreres distingués dans les Lettres.
On y est tenu, pour l’honneur de l’homme dont on ose parler et pour son honneur à soi-même. Il ne s’agit d’envoyer de cartes à personne, quand il faut parler d’un homme immortel ! […] Car les statues ne parlent plus. […] Puisqu’il parlait de Lamartine, il ne pouvait pas taire absolument le poète, mais le républicain l’emporte, pour lui, sur le poète, comme la forme l’emporte sur le fond. […] Il vous parlera, par exemple, de la « sainteté dans le tumulte » (c’est un tumulte, politique, bien entendu).
Nous voulons encore que ces acteurs parlent d’un ton de voix plus élevé, plus grave et plus soutenu que celui sur lequel on parle dans les conversations ordinaires. […] C’est de quoi nous parlerons plus au long dans le traité de la musique des anciens qu’on trouvera à la fin de cet ouvrage. […] Les acteurs de la scene tragique dont je parle, étoient dispensez de noblesse dans leur geste, de mesure dans leur prononciation, de dignité dans leur maintien, et de décence dans leurs démarches. […] On voit sur la scéne dont je parle ici, Scipion fumer une pipe de tabac et boire dans un pot de biere sous sa tente, en méditant le plan de la bataille qu’il va donner aux carthaginois. Je ne parlerai point ici du théatre flamand, parce que dans le tragique, il ne fait presque autre chose que de copier la scéne françoise dès le temps où l’on y représentoit les comedies de la passion.
Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands Ce discours paroît me conduire naturellement à parler de la difference du goût des italiens, et du goût des françois sur la musique. Je parle du goût des italiens d’aujourd’hui beaucoup plus éloigné du goût des françois, qu’il ne l’étoit sous le pontificat d’Urbain VIII. […] L’erreur de croire que les italiens fussent les restaurateurs de la musique en Europe, a jetté le poëte, dont je parle, dans une autre erreur, c’est de faire un italien de Roland Lassé, un des musiciens des Païs-Bas, loüé par Guichardin. […] Il est contre la vrai-semblance, me dira-t-on, que des acteurs parlent toûjours en vers alexandrins, comme ils le font dans nos tragédies ordinaires. […] Je parle du commun des hommes.
Aristote parle même d’un poëte qui ne composoit jamais mieux, que lorsque sa fureur poëtique alloit jusques à la phrenesie. […] Voilà en quoi consiste cette fureur divine, dont les anciens ont tant parlé, et sur laquelle un moderne composa un sçavant traité, il y a quarante-cinq ans. […] Je ne parle point de celle qui consiste dans le ton de voix et dans l’air de tête, cette espece de hauteur n’est qu’une morgue qui marque un esprit borné, et qui rend un homme plus méprisable aux yeux des philosophes, que ne l’est aux yeux des courtisans, le laquais chargé de la livrée d’un ministre disgracié. […] Mais les hommes nez pour être de grands peintres ou de grands poëtes, ne sont point de ceux, s’il est permis de parler ainsi, qui ne sçauroient se produire que sous le bon plaisir de la fortune. […] On ne parla jamais du maître en poësie de Virgile, ni de celui d’Horace.
Seulement ce n’est pas du mérite intrinsèque du livre de Houssaye que nous voulons parler. […] — nous voulons, du moins, parler de son succès, s’il en a un, comme dit la musette, et l’expliquer par Voltaire lui-même, qui suffit tout seul pour l’expliquer. […] Comme tous les écrivains actuels qui ont parlé avec enthousiasme de Voltaire (et ils sont nombreux), Houssaye n’a pas dit le mot suprême, l’éloge suprême, auquel strictement, pour ceux qui l’aiment, Voltaire a droit. […] Il n’y a que deux manières de parler de Voltaire. […] les admirateurs de Voltaire ne sont, après tout, rien de plus que les exécuteurs de son testament de putréfaction, et c’est ce qu’il ne faut pas oublier quand ils parlent si haut de leurs admirations littéraires.
Ces forces aveugles, le premier venu les fait agir ou les laisse agir ; le philosophe doit en parler ; pour en parler, il doit en connaître le peu qu’on en peut connaître, il doit donc les regarder agir. […] Le Roy a dit quelque part que la science se trompait plus souvent qu’on ne croit, que les comètes jouaient parfois des tours aux astronomes, que les savants, qui apparemment sont des hommes, ne parlaient pas volontiers de leurs insuccès et que, s’ils en parlaient, ils devraient compter plus de défaites que de victoires. […] Sans doute ceux-là répondraient non qui parleraient une langue où clair se dirait noir et où noir se dirait clair. […] Mais la réponse, ce seront mes sens qui l’auront faite, ce ne sera pas vous en me disant : c’est en anglais ou c’est en français que je vous ai parlé. […] S’il prédit un fait, il emploiera ce langage, et pour tous ceux qui sauront le parler et l’entendre, sa prédiction est exempte d’ambiguïté.
Demogeot est cause que je vais aussi parler avec lui, après lui, et des choses mêmes qu’il a le mieux dites. […] Il leur a composé des épitaphes magnifiques, fastueuses ; il les y fait parler à sa guise. […] Il le désavouait énergiquement, et en parlait à Chapelain comme d’un avorton de sa jeunesse. […] Des Yveteaux, qui en parlait à son aise, disait de lui qu’il demandait l’aumône le sonnet à la main. […] — Mais je m’oublie depuis longtemps à parler d’un autre siècle.
— Titus, forcé de parler lui-même, se demande encore s’il parlera. Il parle enfin. […] Ils parlent tous après que les critiques ont parlé et ils profitent de leurs observations. […] Faisant parler un certain Mario (Chopin ? […] Alceste et Orgon parlent aussi mal en vers que Hernani et Ruy Blas parleraient mal en prose.
Je vous en parlerai ; elle est curieuse. […] Pourquoi ses personnages parlent-ils en vers ? est-ce qu’on parle en vers ? il devait les faire parler en prose. […] Un jour, il s’avisa de m’en parler.
Il parle, les foules le reconnaissent et s’inclinent. […] Sans doute, si l’on parle du génie. […] De cette façon, on ne parlerait plus d’elle du tout. […] Il parle de mes théories nouvelles. […] Je ne parle pas de la langue, qui est bien médiocre.
M. de Tessé alla à lui, et voyant qu’il parlait aussi bien espagnol, il crut que c’était un Espagnol effectivement. […] Le roi eut curiosité de lui parler : le maréchal de Tessé l’amena ; le cuisinier parla au roi mauvais français ; le roi lui trouva de l’esprit et dit à Mme la Dauphine de le prendre pour danser. […] Le cuisinier lui dit qu’il pouvait lui en dire des nouvelles, pourvu que cet Espagnol fût sûr de ne lui avoir pas déplu, mais qu’il fallait qu’il lui parlât en particulier. […] Colbert par cette idée ; le roi en parla à M. […] Elle a pour elle, à la longue, le parti des honnêtes gens ; elle est devenue avec le temps, si l’on peut ainsi parler, une maîtresse légitime.
Ces Mémoires sont trop spirituels pour qu’on ne tienne pas à en dire son mot après tant d’autres critiques qui en ont bien parlé. […] Pourquoi cet ennui du bonheur (c’est lui qui parle) a-t-il jeté la France d’alors dans les extravagances et les aventures ? […] » Plus tard, dans la prison, l’airain lui mesure les heures ; il nous parle de deux condamnés qui, avant de monter sur la fatale charrette, « épuisent encore une fois la coupe de la volupté. » C’est ce que j’appelle un style à la Vicq d’Azyr. […] Napoléon en personne parle, en quelques rencontres, comme il a dû parler. […] Beugnot non seulement comme un homme d’une société fort agréable, mais comme fort distingué en affaires et « le plus capable de naturaliser les institutions françaises dans le Grand-duché. » C’est dans ces termes qu’il en parlait à l’Empereur.
Armand Silvestre est obligé de parler pêle-mêle de vingt volumes en deux cents lignes — de vingt volumes sur deux cents reçus ! […] À l’heure actuelle, même des écrivains réputés ont peine à parler d’un livre au cours d’une chronique, sans que leur éloge ne soit taxé à réclame par l’administration du journal. […] Il ne peut plus y avoir que leur critique, — ou la médiocrité dont je parlais, et il faut remercier le journalisme de bannir la critique quotidienne et de la forcer ainsi à être synthétique et élevée. […] Ceux-là fuient la nécessité de leur état en se réfugiant dans l’idée générale aussitôt qu’ils peuvent la faire entrer dans trois lignes avarement économisées sur l’insipidité du roman ou du vaudeville dont il faut parler. […] Marcel Schwob parle comme seul Mallarmé savait le faire d’une certaine critique psychologique de la littérature étrangère.
Je n’ai à parler ici que de ce dernier. […] Mme Récamier les connaissait tous et en parlait très bien ; celui qui aurait voulu en écrire avec goût aurait dû en causer auparavant avec elle ; mais aucun ne devait ressembler au sien. […] À ses nouveaux amis (comme elle voulait bien quelquefois les appeler), Mme Récamier parlait souvent et volontiers des années anciennes et des personnes qu’elle avait connues. […] Mme Récamier entra : elle parla d’abord à M. […] Quant à la jeunesse, à la beauté de son cœur, s’il a été donné à tous de l’apprécier, c’est à ceux qui en ont joui de plus près qu’il appartient surtout d’en parler un jour.
J’y trouve un prétexte dont, après tout, je n’aurais pas besoin pour venir parler de M. […] … Je parle de la jeunesse d’il y a plus de dix ans. […] Mais, à force d’en parler, de s’en donner le désir et le tourment, patience ! […] » Cet amour fut le grand événement de la vie de M. de Musset, je ne parle que de sa vie poétique. […] J’ai parlé tout à l’heure, dans les jeunes générations, de ceux qui, les premiers, ont admiré M. de Musset avec sincérité, avec franchise.
Les Tallemant des Réaux de notre âge parleront — comme elle en a parlé elle-même, — des passions posthumes qu’elle inspira à Villemain, — cette colonne vertébrale, infortunée, — et au cœur philosophique de Cousin, le testamentaire, qui lui légua, avec la grandeur d’un Harpagon amoureux, une somme qu’il ne pouvait pas emporter… Villemain et Cousin ne furent pas les seuls, d’ailleurs, que l’on vit, chez elle, dans des positions compromises… Elle pêcha toujours aux académiciens, même quand elle ne pouvait pas les faire pécher… Son salon était le parc aux huîtres de l’Académie. […] « J’étais en communion avec lui, de pensée philosophique », — dit-elle quelque part avec cette fatuité de bas-bleu, qui ne l’abandonna jamais, et c’est de Lamennais qu’elle parlait et qui méritait bien, du reste, l’insolence de cette familiarité. […] Elle parle de sa mère et du château de sa mère comme le mulet de la Fable parlerait de sa mère, la jument, et de la splendeur de son écurie… La classe à laquelle elle tient par son père, puisque nous n’en sommes pas encore à l’application des idées de M. de Girardin, qui veut que la mère fasse la possession d’état des enfants, cette classe ennemie des Marquis, l’a timbrée de ses opinions, et ses opinions se sont naturellement exaltées des révoltes d’un amour-propre toujours sur le qui-vive, quand il n’était pas furibond. […] Parler de Léonard de Vinci la fait penser à elle. […] Un jour elle avait écrit Lui, un livre qui n’était pas trop le « Lui » dont elle parlait.
Quant à Préville, ne parlons pas de Préville, ou plutôt parlons-en, rien que pour rendre heureux celui qui en parle. […] Moi qui vous parle (ce n’est pas Diderot !) […] » ainsi parlait, mademoiselle de Lenclos ! […] C’était peut-être le cas de vous parler de M. […] voilà maintenant la maîtresse qui parle comme parlait la soubrette tout à l’heure.
Pellisson parle dans son Histoire de l’Académie. […] Il y a des notes très-bonnes et très exactes, d’amples marges, pour faire connaître les personnes dont il est parlé. […] Il n’y a qu’à la savoir parler ; on y trouve tout. […] C’est eux tous qu’il a particulièrement en vue quand il parle des Sénèques et des Lucains modernes. […] Vous savez qui m’a parlé pour vous.
On ne les devine point, ils parleront des choses dont on parlait quand ils sont entrés. […] De là le moule classique : il est formé par l’habitude de parler, d’écrire et de penser en vue d’un auditoire de salon. […] On la parle dans toute l’Europe. On ne parle qu’elle dans la diplomatie. […] Elle a pris son caractère dans celui du peuple qui la parle.
Et comme Thierry s’entêtait à parler le premier, se rapprochant le plus possible de la fosse ouverte, Maquet lui disait au milieu de ce monde, croyant que les deux orateurs se faisaient des politesses : « Si tu persistes, je te fous dans le trou ! » Thierry renonçait à parler le premier. […] Il parle de la désorganisation du service de sûreté, de ces hommes uniques, qui avec un flair de chien de chasse, et sans se rendre bien compte comment — c’était l’aveu de l’un d’eux — arrivent à la connaissance du voleur, de l’assassin. […] Mercredi 4 juin Aujourd’hui, dans mon jardin en fleurs, son petit corps maigre perdu dans sa robe à queue, Mme de Nittis parlait, tout au fond d’un grand fauteuil, où elle ne tenait guère plus de place qu’un enfant, parlait, avec des interruptions, des silences, de pâles sourires ; parlait des premiers temps de son bonheur avec son mari, dans un certain carré de roses trémières, aux environs de la Malmaison, et qu’il avait fallu vendre, un jour de mauvaises affaires. […] Il est inquiet, ne tient pas en place, éprouve, comme une fatigue lorsqu’on lui parle trop longtemps.
Qui en parle ? Qui voudrait en parler ? Pour en parler, il faudrait être prêtre et entre prêtres ! […] Réjouissons-nous de ce que, grâce à l’initiative de l’Académie, nous puissions parler, sans être moine et à d’autres qu’à des moines, d’un des plus grands esprits du temps passé, qui eut le malheur moderne d’être moine. […] Pendant que la Philosophie cherchait à le retenir en bas, il monta, et telle fut l’indéfectible sécurité, le maître aplomb de cet homme, que les analogies ou, pour mieux parler, les identités de sa pensée avec celle d’Aristote entraînaient, vers les erreurs du péripatétisme, qu’il s’arrêta toujours à temps pour les éviter !
M. le Conte de L’Isle s’était d’abord révélé par de magnifiques vers descriptifs dont nous parlerons tout à l’heure, et sur cet échantillon d’un ballot trompeur et qu’on nous étale aujourd’hui tout entier, quelques personnes, promptes à l’enthousiasme, avaient voulu faire de M. le Conte de L’Isle une puissance. […] Malgré les vers sur Hypathie, Glaucé, Thyoné, Cybèle et Khiron, etc., etc., M. le Conte de L’Isle est un Indien qui parle en indien et pense en indien, si une telle chose s’appelle penser ! […] On parla de Poussin, on parla d’Ingres, on parla aussi de Delacroix, quand M. le Conte de L’Isle fit les Jungles et peignit les bras d’ambre de ses femmes et le tacheté de ses panthères. […] En vain disait-il avec une impuissante magie : Viens, le soleil te parle en lumières sublimes ! […] L’auteur y parlait de la divinité du néant : Le cœur trempé sept fois dans le néant divin !
En se servant de la plus belle langue de l’univers, Platon ajouta encore à sa beauté : il semble qu’il eût contemplé et vu de près cette beauté éternelle dont il parle sans cesse, et que, par une méditation profonde, il l’eût transportée dans ses écrits. […] On ne pourra pas juger dans un extrait, du style et l’éloquence de Platon ; mais on connaîtra du moins le caractère moral de Socrate, un des plus beaux qu’il y ait jamais eu, depuis que chez les plus civilisés on parle de vertu en commettant des crimes. […] Sa réponse aux accusations est pleine de simplicité et de force ; il parle comme l’innocence doit parler à la calomnie, et la sagesse à la superstition. […] Regardez mon âge ; je ne tiens presque plus à la vie, et déjà je touchais à ma tombe. » Socrate continue ; il parle tranquillement à ses juges ; il peint le plaisir qu’il aura de converser, dans un autre univers, avec les grands hommes de tous les temps, avec ceux qui ont été, comme lui, les victimes d’un jugement injuste, et il fait des vœux pour que ses enfants meurent un jour comme leur père, s’ils ont le bonheur d’importuner aussi les Anitus par leur vertu. […] Socrate se justifie en conversant avec ses ennemis et avec les Athéniens ; c’est l’homme sage qui montre la raison et parle en paix à ceux qui la condamnent.
J’userais, si j’avais à en parler, d’une mesure un peu différente. […] Au lieu de cela et faute de trouver à qui parler, sa tendresse se consuma ou s’égara. […] Malherbe dit peu au cœur de la femme : Racan parlerait davantage. […] Vous me parlez de votre prétendue bêtise, pour me faire sentir la mienne. […] Rousseau, très sensible à la beauté, n’en parle pas.
Il a parlé d’elle avec vérité et justice, comme d’une nature mâle un peu parente de la sienne ; tout ce qu’on a lu et ce qu’on lit dans les nombreuses lettres où Madame se déclare et se montre à tous les yeux, n’est en quelque sorte que la démonstration et le commentaire du jugement premier donné par Saint-Simon. […] Si quelques personnes viennent me rendre visite, je ne les vois qu’un moment, je parle de la pluie et du beau temps ou bien des nouvelles du jour, et je me réfugie ensuite dans ma retraite. […] Quand elle parle de solitude, on voit que c’était une solitude de cour, et encore très diversifiée. […] Elle détestait ces conversations de pure politesse, où l’on parle sans avoir rien à dire : J’aime bien mieux être seule qu’avoir à me donner le tourment de chercher ce que j’aurai à dire à chacun ; car les Français trouvent mauvais qu’on ne leur parle pas, et alors ils s’en vont mécontents ; il faut donc se mettre en peine de ce qu’on peut leur dire ; aussi suis-je contente et tranquille lorsqu’on me laisse dans ma solitude… Elle faisait exception avec moins de déplaisir quand il s’agissait des Allemands de qualité, qui demandaient tous à être présentés chez elle et qu’elle accueillait fort bien. […] Elle parlait beaucoup et parlait bien : elle aimait surtout à parler sa langue naturelle que près de cinquante années de séjour en France n’ont pu lui taire oublier ; ce qui était cause qu’elle était charmée de voir des seigneurs de sa nation et d’entretenir commerce de lettres avec eux.
C’est-à-dire que, de ces hommes plus sages, les uns rient, et les autres pleurent : les uns se moquent et prennent tout par le ridicule, les autres penchent du côté de la plainte ou de la crainte, n’osent parler que bas et à demi-bouche ; ils déguisent leur langage ; ils mêlent et étouffent leur pensée ; ils ne parlent pas sec, distinctement, clairement : Je viens après eux et au-dessous d’eux, ajoute Charron ; mais je dis de bonne foi ce que j’en pense et en crois, clairement et nettement. […] S’il se mêle de parler, ce seront de longs discours, des définitions, divisions d’Aristote : Ergo, etc. Écoutez en ce même conseil un marchand, un bourgeois, qui n’a jamais ouï parler d’Aristote ; il opinera mieux, donnera de meilleurs avis et expédients que les savants44. […] Il a tout à fait pressenti la méthode de Messieurs de Port-Roval, lorsqu’il a engagé le maître « à souvent interroger son écolier, à le faire parler et dire son avis sur tout ce qui se présente ». […] Si, sans les faire parler, on leur parle tout seul, c’est chose presque perdue : l’enfant n’en fait en rien son profit, pour ce qu’il pense n’en être pas d’écot ; il n’y prête que l’oreille, encore bien froidement ; il ne s’en pique pas comme quand il est de la partie.
Autrement, on ne cause plus ; il y a un homme plus ou moins éloquent qui parle, qui est devant la cheminée comme à la tribune, et tous font cercle et écoutent. […] Il est nécessaire, recommande-t-il, d’écouter ceux qui parlent. […] M. de La Rochefoucauld avait sa veine en causant et parlait volontiers de suite79, mais il laissait les intervalles, et semblait aplanir l’accès à ce que chacun avait à dire. […] Quand on parle des femmes, il me semble que ce n’est point là la véritable question à se faire, et qu’il serait mieux de se demander tout bas, non pas si on daignera les accueillir, mais si elles vous auraient accueilli. […] [NdA] N’est-ce point Goldsmith qui disait au docteur Johnson : « Convenez, docteur, que si vous aviez à faire parler de petits poissons, vous les feriez parler comme des baleines ?
Les mânes de Santeuil, pour parler son langage, se sont donc encore moins indignés que réjouis. […] Mais la Cour ne lit plus les rythmes d’Ausonie… C’était certes un barbare, celui qui le premier me convia à parler comme un Grec, à parler comme un Romain… L’ambition de Santeul, il le confesse dans cette pièce de vers, ce serait d’être connu du grand mécène Colbert, de lui être présenté, et d’avoir part à ses attentions, à ses munificences. […] Le Tourneux ne parle pas autrement ici que ne le ferait l’abbé de la Trappec. […] » Or, cette prière qui est, je l’ose dire, plus forte et plus pénitente que Santeul, et qui a trouvé grâce auprès de ceux mêmes qui ont parlé de lui le moins favorablement, c’est M. […] Le Tourneux) a parlé de la prière de Jésus-Christ dans le Jardin des oliviers a répandu des doutes sur ses sentiments à l’égard de la divinité du sauveur des hommes. « Ainsi voilà M.
Ailleurs il parle encore de cette mine « entre douce et niaise » et de ses sourcils joints. […] il faut courir vite sur ce nom quand on parle de Voiture, de peur d’être trop sévère à celui-ci. […] Il a eu, en parlant de Lesbie, des accents d’une simplicité brûlante et passionnée, et il est au comble de la perfection (Fénelon l’a dit) quand il fait parler son désespoir. […] Voiture, en écrivant à son familier Costar, a pu d’ailleurs se donner les airs de parler une fois avec aisance sur un sujet qui d’ordinaire lui plaisait moins. […] Il faut bien que les contemporains aient cru voir sur le visage de ce charmant homme une certaine grimace quand il parlait de son père ou quand on lui en parlait, pour qu’ils l’aient dit. « Il faisait son possible, dit Tallemant, pour cacher sa naissance à ceux qui n’en étaient pas instruits. » J’en reste donc là.
J’en parlai à messieurs nos cardinaux, qui approuvèrent mon raisonnement. […] Je parle, outre cela, espagnol, et je suis sûre d’ailleurs que ce choix plairait à toute la nation de laquelle je puis me vanter d’avoir toujours été aimée et estimée. […] Il me siérait mal de parler de la capacité que je crois avoir pour un tel emploi ; ainsi, madame, c’est encore à vous à me faire valoir par les endroits que vous trouverez moins défectueux dans ma personne. […] Je n’ai pas le moindre repos, et je ne trouve pas même le temps de parler à mon secrétaire. […] Elle parle quelquefois, il est vrai, comme l’usurier d’Horace, de se retirer aux champs, d’aller « vivre en repos, dans quelque solitude éloignée du commerce des hommes.
Il regarda beaucoup, il écouta ; on ne disait rien ; on s’entre-regardait, ou l’on parlait de pluie et de beau temps. Les chefs ne disaient presque mot ; les subalternes approuvaient en silence et selon les personnes qui avaient parlé. […] » — Ces femmes parlent de notre condition avec autant d’ignorance que ceux d’une condition inférieure parlent de celle d’une duchesse ou d’une princesse. […] Mandé chez l’avoyer, il s’attendait à ce que celui-ci lui parlât affaires et s’ouvrît avec lui des secrets d’État : il repassait en idée, au moment de l’audience, son Machiavel et son Montesquieu. […] Bonstetten, lui, n’a rien de cette ambiguïté, de cette odieuse condition d’amphibie ; il écrit comme il parle, et il parle en même temps qu’il pense ; je laisse aux Allemands le soin de le qualifier par le côté qui leur appartient, mais en tant qu’il nous regarde et qu’il s’adresse à nous, il est, comme Grimm, un des nôtres.
Étienne ; mais certainement, lorsqu’il retraçait les caractères de la première famille, et à mesure qu’il en dépeignait à nos regards le type accompli, on sentait combien M. de Vigny parlait de choses à lui familières et présentes, combien, plus que jamais, il tenait par essence et par choix à ce noble genre, et à quel point, si j’ose ainsi parler, l’auteur d’Éloa était de la maison quand il révélait les beautés du sanctuaire. […] Étienne dans ces derniers temps ; nous en parlerons très-brièvement en le montrant tel qu’il nous paraît avoir réellement été. […] On a beaucoup parlé de la littérature de l’Empire, et on range sous ce nom bien des écrivains qui ne s’y rapportent qu’à peu près : M. […] Étienne, quand il parle en vers, est facile, coulant, élégant, comme on dit, mais d’une élégance qui, sauf quelques vers heureux242, devient et demeure aisément commune. […] Molé s’est livré à des réflexions pleines de justesse et d’application : ce n’était plus un simple et noble amateur des lettres qui excelle à y toucher en passant, il en parlait avec autorité, avec conscience et plénitude.
Mallarmé parlait à mi-voix, sur un ton de confidence. […] Mallarmé commençait à parler d’une voix douce, musicale, inoubliable !… Chose étrange : il pensait avant de parler. […] Schopenhauer a parlé. […] Mallarmé a sévèrement et superbement parlé du vrai symbole.
Cette pièce donna lieu à un incident qui servit à cimenter et à manifester l’alliance de nos deux poètes avec la société que favorisait chaque jour plus hautement une des plus notables personnes qui en avaient fait partie ; je parle de madame de Maintenon. […] Si j’en parle ici, c’est parce que je dois relever la méprise des écrivains qui ont confondu des sociétés si différentes, à l’occasion de la Phèdre de Racine, jouée pour la première fois le 1er janvier 1677. […] Un de ces biographes, qui mettent Racine aux prises avec l’hôtel de Rambouillet, nous assure que madame de Sévigné était de la coterie qui soutenait Pradon et dépréciait Racine, de sorte que ce pourrait bien être d’elle que Boileau eût voulu parler dans sa satire. […] Elle a senti le mérite du fabuliste mieux que n’a fait Boileau, qui n’en parle point dans sa poétique : elle l’apprécie en moraliste profond, en esprit délicat et fin, en écrivain habile, en poète du premier ordre. […] Vigueul-Marville rapporte qu’il disait à ses amis : « Vous voyez la manière dont je parle : sachez que je suis toujours sur mes gardes et que personne n’observe mieux que moi les longues et les brèves. » T.
Cette austérité des habitudes républicaines, cette aridité du régime constitutionnel, sont peu à notre usage : nous aimons à pouvoir nous occuper de la chose publique, comme de tout, et en nous jouant, si j’ose parler ainsi ; car tout ce qui nous intéresse, tout ce qui fait le sujet de nos études ou de nos méditations, nous aimons à en parler, le, soir, dans la chambre des dames, comme disaient nos anciens chevaliers sur le champ de bataille ou sur la brèche d’une forteresse ouverte par leur vaillance. […] Si nous nous ennuyons dans une discussion, c’est que la discussion n’a plus rien à nous apprendre : nous ne sommes inépuisables pour parler et patients pour écouter que lorsque la chose qui nous occupe entraîne de l’agrément avec soi. […] Je ne parle pas encore de cet ostracisme de l’envie qui existe partout, mais qui doit faire plus de ravages parmi nous. […] On a beaucoup parlé de la puissance des salons : elle est grande en effet ; c’est toujours la chambre des dames. […] On pourrait citer quelques exceptions à une règle aussi générale ; mais je parle ici du train ordinaire des choses.
peut-être ces jeunes gens ne parlent-ils pas un français absolument pur. […] Ne parlez point de faire quoi que ce soit « sans arrière-pensée politique ». […] Et que l’on ne nous parle pas de culture scientifique ! […] ; 2º Évidemment ; mais qui parle de politique ? […] On vous parle politique !
Vous entendez bien par là notre M. de Malherbe, et savez bien qu’en qualité de premier grammairien de France, il prétend que tout ce qui parle soit sous sa juridiction, comme il est cause en effet qu’on parle plus régulièrement qu’on ne faisait, et moins au hasard et à l’aventure4. » La déclaration n’est point suspecte : c’est à la forte discipline de Malherbe que nous devons la double réforme de la poésie et de la prose. […] Mais cette première image charmait les esprits ; chacun, pour parler comme Sirmond, aimait cette douce violence que nous font les ouvrages écrits par un auteur persuadé. […] et de qui parle Balzac sur ce ton de Bossuet parlant des révolutions des empires, ou tout au moins de quelque Cromwell ? […] Il n’entend pas, d’ailleurs, lui ôter la louange d’avoir « un peu de capacité, et quelque chose de bon et de relevé dans ses discours. » Mais pour cette réputation d’unique éloquent, d’empereur des orateurs, qu’on fait à Narcisse, « comment, dit naïvement Goulu, lui pourrait appartenir le titre d’orateur, vu qu’il n’a jamais parlé en public ? […] Il est parlé plus bas, au chapitre VI, des poésies de Voiture.
Les ténèbres sont si profondes entre deux âmes qui ne parlent pas la même langue et n’ont pas vu les mêmes collines ! […] Ils ne parlent et n’agissent devant nous que dans les intervalles de liberté qu’elle leur laisse. […] Pour le prouver, j’ouvrirai ces notes dont j’ai parlé. […] Ici, je suis obligé de parler de moi, d’analyser mon expérience personnelle. […] Il faut s’identifier avec eux, souffrir et se réjouir avec eux, de telle sorte que ce soient eux qui parlent et agissent par notre âme qu’ils possèdent.
Je crois inutile de parler du succès d’un tel morceau en un tel lieu. […] Voulez-vous absolument que vos contemporains parlent de vous tandis que vous êtes jeune ? […] Qu’ai-je à faire de vous parler de New-York et de nom supposé ? […] Racine et Corneille, au nom desquels vous parlez, n’ont rien à craindre de ce voisinage ; mais vous ! […] Cousin parle trop bien pour que jamais on le laisse reparler.
Aujourd’hui l’un d’eux dépouillant la réserve israélite, et en veine de confidence, me parlait des conditions avantageuses pour traiter une affaire. […] Daudet me parle de ses heureuses soirées, là dedans, avec sa femme, après des journées de travail et de courses désordonnées dans la forêt de Senart. […] Daudet me parlait aujourd’hui de sa mère, dont il tient plus que de son père ; de celui-ci il n’aurait que les violences. […] Dîner après lequel, je ne sais comment, on s’est mis à parler des pourquoi de la vie. […] Et, par moments, il vient à sa parole passionnée, une étrange exaltation, qui tout à coup s’étrangle dans de l’émotion, quand il parle de son rêve, et du relèvement, et de la glorification du nom des Parrocel : rêve qui le tient souvent éveillé la nuit, le fait parler tout haut, « invoquant, ainsi qu’il le dit, son créateur ».
Ce n’était pas le vulgaire seul qui parlait de magie. […] J’en connais quatre ou cinq où cela est fort remarquable : d’abord le vieil Homère ; mais je ne parle pas de lui. […] Joubert y parle surtout au nom de l’amateur qui veut lire. […] Telle philosophie, telle politique, ou, pour parler plus exactement, telle morale, telle politique. […] Il fut amèrement regretté de tous, particulièrement de Guy Patin, qui ne parle jamais de son bon et cher ami M.
On parlait de l’obscurité de ses poésies, qui est telle que ses compatriotes eux-mêmes ne l’entendent pas. […] On y parla des parties de plaisir des semaines précédentes et des projets semblables pour les semaines suivantes. […] Mais parlez-moi donc de votre flèche et de votre arc. […] Mais parlez-moi toujours de votre arc. […] Mais parlez-moi donc un peu de la mue.
C’est du génie du christianisme qu’il parle ? […] Ils ont le frisson des choses dont ils parlent. […] Je ne parle plus des créations de Gœthe et de Byron. […] Je ne parle point de M. de Goncourt et de M. […] Je parle de M.
Mais ils se contentent de parler. […] Quoi d’étonnant à ce que la race qui la parlait ait été, pour des siècles, poétiquement désemparée, déroutée ? […] Parler de pays au-dessus et au-dessous de la Loire est trop simple. […] On y parle aux Foules en plein air, grâce aux organes puissants dont la Nature a généreusement gratifié ses enfants. […] D’une façon générale on parle moins dans le Nord.
J’aurais aimé à ne pas parler, cette fois, de Victor Hugo — et si j’en parle, c’est malgré moi. […] Ils ont mis les culottes de leur Empereur… Ils ont crocheté… son dictionnaire, pour parler de lui avec ses propres mots. Rude tâche que de vouloir parler cette langue qui éventre tout et s’éventre elle-même ! […] Évidemment, il parle du sien ! […] Car elles avaient parlé.
La seconde langue, qui répond à l’âge des héros, se parla par symboles, au rapport des Égyptiens. […] Ces premiers hommes ne devaient s’essayer à parler que lorsqu’ils éprouvaient des passions très violentes. […] Enfin l’intelligence et la prononciation ayant acquis une grande rapidité, on commença de parler en prose, ce qui était une sorte de généralisation. […] Il ne nous reste aucune connaissance des langues que parlaient alors les Italiens, les Français, les Espagnols et les autres nations de ce temps. […] Les Chinois, qui avec un très petit nombre de signes diversement modifiés, expriment en langue vulgaire leurs cent vingt mille hiéroglyphes, parlent aussi en chantant.
Il y a des temps très distincts à observer quand on parle de Bernis : il ne fut cardinal qu’à l’âge de quarante-trois ans, et il ne s’engagea réellement dans les ordres qu’à l’âge de quarante. […] Diderot a parlé quelque part des dîners qu’il fit plus d’une fois avec lui, à six sous par tête3. […] Dans son discours de remerciement, il rappela avec modestie sa jeunesse qui, « loin de lui nuire, avait parlé en sa faveur ». […] En attendant, il cause avec son ami, il lui parle de ce qui l’intéresse le plus, de sa chère fondation, de cette École militaire, pour laquelle Duverney rencontrait à l’origine tant d’obstacles. […] Ses actions imprudentes l’élevèrent, ses vues sages le perdirent ; il fut disgracié pour avoir parlé de paix… Et sur l’heure même de la disgrâce de Bernis, Frédéric parle de lui à Milord Maréchal dans le même sens : « On a trop exagéré le mérite de Bernis lorsqu’il était en faveur ; on le blâme trop à présent.
L’un d’eux (M. de Malleville) fut le premier à y manquer ; il parla un peu indiscrètement des conférences et de ce qu’on y agitait entre soi à Faret, auteur de L’Honnête homme, et qui y porta son livre, alors nouvellement imprimé. Faret en parla à d’autres. […] Il y a des gens qui parlent d’un grand siècle littéraire de saint Louis, comme s’ils le voyaient aussi clairement que le siècle de Louis XIV. […] On parle toujours des fauteuils académiques. […] [NdA] Boileau écrivait à Brossette qui lui avait parlé de l’Académie de Lyon (1700) : « Je suis ravi de l’Académie qui se forme en votre ville.
Il est peu de lettres où elle n’en parle ; chaque grossesse de sa belle-sœur, la comtesse d’Artois, lui est un crève-cœur. […] Je lui en ai parlé la première, en débutant par un reproche obligeant sur ce qu’il se servait d’un tiers avec moi. […] Je vous prie donc en amie, et comme votre tendre mère, qui parle par expérience, ne vous laissez aller à aucune nonchalance ni sur votre figure, ni sur les représentations. […] Elle doit apprendre de bonne heure à s’occuper de choses sérieuses et se rendre capable d’être utile à son époux, s’il lui demandait un avis et lui parlait amicalement des affaires. […] Il n’y eut pas seulement des bracelets vendus vers ce temps à la reine par le joaillier Bœhmer, mais encore des boucles d’oreilles en diamants dont Mme Campan a parlé.
Buffon, d’ailleurs, disait tenir surtout de sa mère, dont il parlait avec tendresse et complaisance. […] Remarquez comme tous, plus ou moins, y cèdent et y succombent, excepté lui ; je dis tous, et je parle des plus grands. […] Quand il parle des animaux, c’est toujours des animaux plus ou moins analogues à l’homme, des animaux vertébrés d’un ordre supérieur. […] Il souffrait qu’on parlât de lui et de son génie à bout portant, et il en parlait lui-même avec bonhomie, comme en parlait déjà son siècle et comme allait faire la postérité. […] Habituellement il est dans le point de vue purement naturel, dans celui de Lucrèce, mais la prudence le lui fait masquer par endroits, et il parle du Créateur pour la forme.
« Le grand tort qu’ont les journalistes, c’est qu’ils ne parlent que des livres nouveaux, comme si la vérité était jamais nouvelle. […] La seconde raison, c’est qu’il en a été excellemment parlé par des maîtres, et qu’il est inutile de venir répéter faiblement ce qui a été bien dit une fois. […] On parle d’ouvrages précoces et assez hardis qu’il composa et qu’il eut la prudence de retenir. […] D’où Montesquieu a-t-il pris l’idée de faire ainsi parler des Persans, et de mettre sous ce léger déguisement ses propres pensées ? […] J’ai parlé tout à l’heure de l’utile : Montesquieu y joignait une idée du beau.
Vous parlez de M. […] N’en parlez pas, la dame parlera pour vous. […] L’art ne doit parler qu’à l’esprit ; s’il parle aux sens, il se dégrade. […] Ainsi parle Juvénal. […] Un si tendre parler, un si doux sourire !
Le voilà enfin qui parle, quand il fait la langue vulgaire, dans les fabliaux, les mystères, les chansons de geste ; mais toute cette littérature s’arrête au milieu de sa poussée ; elle ne s’achève point ; elle n’a point son Dante ou son Boccace ; elle s’enfouit, s’efface de la mémoire des hommes ; les écrivains du dix-septième siècle n’en savent que deux ou trois noms, et les derniers, Villon, Marot, la reine de Navarre ; elle n’a été qu’un babil d’enfants malicieux et gentils. […] Il est rempli de Virgile, il a traduit de lui des vers suaves et passionnés ; il parle comme lui des troupeaux « qui retranchent l’excès des moissons prodigues22 », des boutons printaniers « frêle et douce espérance, avant-coureurs des biens que promet l’abondance. » Il entend par lui le sourd et voluptueux murmure qui sort de la campagne endormie. […] Vergier conte qu’il raisonne à l’infini, « qu’il parle de paix, de guerre, qu’il change en cent façons l’ordre de l’univers, que sans douter il propose mille doutes. » Voilà que ce bonhomme se trouve un spéculatif, et aussi un observateur. « Il ne faut pas juger les gens sur l’apparence. » Il a l’air distrait, et voit tout, peint tout, jusqu’aux sentiments les plus secrets et les plus particuliers. […] Ce conteur de gaudrioles, au besoin, parlait comme les plus nobles. […] On dit qu’il était gauche quand il parlait avec sa bouche ; à tout le moins, quand il parle avec sa plume, il est le plus aimable des hommes du monde et le plus fin des courtisans.
Mais parler, écrire, quelle pitié ! […] Chaque lecteur substitue ses visions aux nôtres… » Ainsi parle le littérateur Paul Vence, dans un des premiers chapitres du roman. […] Roxane adore Bajazet sans lui avoir jamais parlé : on ne saurait donc dire que c’est l’âme de ce jeune prince dont elle est éprise. […] Cela vient peut-être de ce que l’auteur parle presque toujours pour eux. […] France, l’a contraint à sortir, pour ainsi parler, tout le dix-huitième siècle qu’il avait dans le sang.
Il parla de fort bon sens sur son incommodité, il est tel qu’on vous l’a dit : fort doux, simple, point charlatan. […] Et dans la même lettre, où elle parle de ce mariage projeté, elle dit à Gobelin : « J’ai une extrême envie d’acheter une terre et n’y puis parvenir. […] « Je le les lui expliquai peut-être avec un peu trop de sincérité, vous savez qu’il ne m’est pas possible de parler autrement. […] « Et madame de Montespan et moi devons nous parler ce matin ; ce sera de ma part avec beaucoup de douceur » (douceur est là pour indulgence). […] Le petit duc parle souvent de vous. » Le roi a entendu parler, veut dire : j’ai parlé au roi.
Avant de parler du Fils, n’était-il pas besoin de parler du Père ? […] Assurément, s’il avait pu se dispenser de parler de Renan, Caro aurait eu bien assez de goût pour s’en taire. […] Il y a, en effet, entre Caro, qui a fait ce livre que j’aime, et moi qui viens vous en parler, bien des différences de manière de sentir, de penser et d’être. […] Louis XIV lui-même, qui parlait chapeau bas aux femmes de chambre dans les escaliers, est vaincu. […] Il est pour nous, en ce moment, ce qu’avant lui, au xviiie siècle, fut Spinoza pour l’Allemagne tout entière, laquelle s’empoisonna (puisque nous parlons de poison) avec le verre pilé des lunettes de ce philosophe opticien.
Elle en a parlé comme les saintes parlaient de l’amour divin qui les consumait. […] Il n’y a pas à lui parler d’autre chose. […] Il faut être grave quand on parle au peuple ! […] Je me suis imposé la loi sévère d’en parler ici. […] Il parle en un endroit du Péché jaloux.
Quoique Tacite n’ait composé aucun panégyrique de prince, Cependant l’ordre des temps, la liaison des idées, le mérite de ce grand homme et le caractère particulier de ses ouvrages, semblent exiger que nous en parlions ici. […] J’ai parlé de son éloquence, elle est connue ; en général ce n’est pas une éloquence de mots et d’harmonie, c’est une éloquence d’idées qui se succèdent et se heurtent ; il semble partout que la pensée se resserre pour occuper moins d’espace ; on ne la prévient jamais, on ne fait que la suivre ; souvent elle ne se déploie pas tout entière, et elle ne se montre, pour ainsi dire, qu’en se cachant. […] Pline le jeune, dont Virginius avait été le tuteur et l’ami, en parle avec transport dans plusieurs de ses lettres. […] Le début, qui est d’une grande beauté, est d’une éloquence tout à la fois simple et forte ; il y parle de l’ancien usage de célébrer les grands hommes, de l’indifférence de son siècle pour ceux qui l’honorent, du danger de louer la vertu sous les tyrans, des effets de l’oppression, qui fait mourir les arts en étouffant le génie. […] Les recherches des délateurs nous ont ôté jusqu’à la liberté de parler et d’entendre, et nous eussions perdu le souvenir même avec la voix, s’il était aussi facile à l’homme d’oublier que de se taire44. » Il se représente ensuite, au sortir du règne de Domitien, comme échappé aux chaînes et à la mort, survivant aux autres, et, pour ainsi dire, à lui-même, privé de quinze ans de sa vie, qui se sont écoulés dans l’inaction et le silence, mais voulant du moins employer les restes d’un talent faible et d’une voix presque éteinte, à transmettre à la postérité et l’esclavage passé, et la félicité présente de Rome.
Je ne crois pas qu’il soit de l’essence de l’églogue de ne faire parler que des amoureux ? […] Un jeune prince qui s’égare à la chasse, et qui seul, ou bien avec un confident, parle de sa passion, et qui emprunte ses images et ses comparaisons des beautez rustiques, est un excellent personnage pour une idille. […] Nos galans porte-houlettes sont paîtris de métaphisique amoureuse ; ils ne parlent d’autre chose, et les moins délicats se montrent capables de faire un commentaire sur l’art qu’Ovide professoit à Rome sous Auguste. Plusieurs de nos chansons faites il y a soixante ans, et quand le goût dont je parle ici regnoit avec plus d’empire, sont infectées des mêmes niaiseries. S’il en est quelques-unes où la passion parle toute pure, et dont les auteurs n’invoquerent Apollon que pour trouver la rime, combien d’autres sont remplies d’un amour sophistiqué qui ne ressemble en rien à la nature.
Il se met à me parler de sa femme qui était morte. Les Russes ne sont pas en général tendres, et celui-ci me parlait de sa femme avec une tendresse inexprimable. […] On parla ensuite entre Thiers et Gambetta des élections. […] » Puis Hugo parle de l’Académie. […] La femme cause politique, et l’homme parle d’amour.
Je l’ai entendu parler femmes, bouquins, cuisine ; et la manière dont il en parle, ne peut laisser aucun doute sur cette qualité distinguée de l’homme. […] Il parle de sa vie de travail, cet hiver, entre le piano de sa femme et les devoirs de ses petites filles. […] Il me parle de la fièvre jaune dans ces villes, vous faisant repasser, sous les yeux, toute l’horreur épouvantable de la peste de Marseille, et amenant, chez les survivants, un curieux dédain de la vie. […] On parlait de Bulher, le dessinateur-paysagiste illustre, le créateur du parc d’ici. […] Il parle de Réjane, proclame qu’elle a été admirable, alors que dans son écroulement moral, elle l’a forcé, pour ne pas l’y laisser, de la suivre dans sa tournée.
J’engage Monseigneur de Bordeaux à laisser parler l’orateur. […] Continuez, monsieur Sainte-Beuve, parlez librement, le Sénat vous écoute. […] Auriez-vous la bonté de parler un peu plus lentement ? […] Sée, ferme et impassible, attendait que le moment de parler fût venu. […] Dès qu’il trouva jour à parler, M.
Bien peu de physiciens aujourd’hui oseraient parler d’aisé à connaître. […] Parlez-moi d’une philosophie sévère. […] Si je puis le faire un jour je parlerai en chrétien et en catholique. Je parlerai sans autorité mais je ne parlerai pas sans entente et sans entendement. […] Et ici encore et en ceci même nous sommes forcés de parler le langage bergsonien et en ceci on n’en parlera jamais d’autre.
Quelqu’un parle d’une lettre écrite par lui à Paganini, le lendemain de sa première audition, lettre dans laquelle le maestro est tout entier. […] Et passant en revue les autres orateurs, il ajoute : « Par exemple, il ne faut pas les lire, ces discours, oui, ce sont des conférences, d’aimables conférences, dont l’effet ne dépasse pas le troisième jour… Et cependant, messieurs, dit-il, en se levant, l’ambition d’un orateur ne doit-elle pas être de parler pour plus longtemps que ça… de parler à l’avenir ? […] Là, les bras croisés sur la poitrine, le corps un peu renversé dans sa redingote boutonnée, et le blanc d’un foulard au cou, Hugo se remet à parler. Il parle de cette voix douce, lente, peu sonore, et cependant très distincte, une voix qui s’amuse autour des mots ; et les caresse. […] Et en même temps, comme j’entendais sans cesse parler d’opérations, ainsi que de choses habituelles et ordinaires, je songeais sérieusement à prier mon père, de m’ôter le cœur.
On en doit parler comme d’un mort. […] Hugo n’en est pas tout seul responsable, et c’est de lui seul que nous voulons parler aujourd’hui. […] Nous parlions de Ronsard, mais M. […] Au lieu de parler la langue de son pays dans cette pureté d’accent qui est une patrie qu’on emporte avec soi, comme les Anciens emportaient leurs dieux, il pouvait parler une langue barbare : il était exilé ! […] Parle : es-tu ton propre géant ?
Mais nous parlons des voyages pittoresques, individuels, artistiques ou littéraires, de ces dilettanti quelconques qui ont, sur tout, une phrase qu’on a vue quelque part au service de leurs impressions ou de leurs souvenirs. […] Qui parlera d’Un An dans le Sahel dans quelques années, excepté, entre eux, les amis auxquels il aura été adressé ? […] Du Camp est, en effet, volontairement ou involontairement, parle style, un des échos les plus semblables de Théophile Gautier. […] On y discute des manières de peintre et des sujets de tableau ; on y trouve du respect pour Rembrandt, sentiment honorable, mais insuffisant pour parler dignement de ce grand homme. […] Je ne parle pas de la bravoure ni du talent de cette histoire.
Je ne veux parler en ce moment que du quatrième et dernier volume récemment publié, et qui est tout entier rempli des poëtes contemporains et vivants, Lamartine ouvrant la marche et le cortège. […] Janin en a parlé ici le premier, et chose merveilleuse ! il s’est mis à en parler en vers et comme s’il n’avait jamais fait que cela toute sa vie. […] Soulary, un autre sonnet qui renferme dans son bref espace, sans un mot de plus ni de moins (sauf une rime peut-être), un de ces petits drames dont nous parlions tout à l’heure : Les Deux Cortèges. […] Trop plein de pudeur, et au lieu de parler en son nom à un siècle qui n’entend pas les vers à demi mot, il s’est déguisé ou enveloppé dans le carrick ou la douillette d’un certain chevalier d’Aï, dont il a mêlé la prétendue biographie à ses poésies mêmes.
Entrepris dans un but de propagande religieuse, — l’auteur était lazariste, — ces voyages, dont nous avons rendu compte avec une sympathie presque enthousiaste, car, à part de leur but, le plus grand que puisse atteindre l’homme, ils prouvaient autant de caractère, de décision, de persévérance que de curiosité élevée ; ces voyages, qu’il faudra désormais citer quand on parlera de l’Asie, ont mis pour la première fois dans la circulation des notions certaines sur ces mystérieuses populations qui vivent et meurent depuis tant de siècles comme des fourmilières d’insectes dans des boîtes fermées, sous le couvercle semé d’hiéroglyphes de leurs impénétrables civilisations. […] Huc, dans ses voyages comme dans ce livre-ci, ne nous parle que des Chinois et des Tartares ; mais ce qui est vrai de ces deux peuples l’est de toutes les populations de l’Asie, de toutes ces masses de momies peintes qui pourrissent silencieusement sur leurs bases depuis des éternités, et qui y pourriront jusqu’au jour, peu éloigné maintenant, où, touché par la main vivante de l’Occident, s’émiettera définitivement en poussière tout cet amoncellement de sanie ! […] En un clin d’œil ces chrétientés, pour parler comme les missionnaires, établies à Macao, à Canton, et même à Péking, ces espèces d’édifices élevés dans le sang des martyrs et dans l’effort d’un prosélytisme divin, se sont écroulées comme des châteaux de cartes, au contact du plus misérable événement. […] Pour montrer à quelles proportions étranges et rapides cette haine est, d’un seul trait, montée, ne parlait-on pas, récemment, de l’empoisonnement en masse de tout le thé que, chaque année, les Chinois vendent aux Européens ? […] Leur affaire, à ces hommes sublimes, à ces promoteurs du Saint-Esprit dans les âmes, c’est d’agir toujours en dehors de toute prévision naturelle et humaine, c’est de montrer Dieu même aux aveugles, c’est de le parler même à des sourds !
Jacques Demogeot a été parlé avant d’être écrit. […] Mais, quand un homme a eu le bonheur de parler sa pensée au lieu de l’écrire, pourquoi, du moins, ne pas la conserver comme il l’a parlée, et lui ôter, en faisant un livre, de sa vie première et de son bouillonnement de source ? […] Il y est parlé d’Henri IV, loué cette fois par ses côtés louables, oublié par ses côtés mauvais. […] Si nous le suivions dans le pas à pas de son livre, nous nierions sans broncher sa justice envers un écrivain comme Mathieu (l’auteur du Louis XI, dont il ne parle pas !) […] Quoiqu’il ait la phrase claire et l’esprit ironique (voir ce qu’il dit de Tallemant des Réaux et de bien d’autres, dont il parle avec un pli de bouche d’une raillerie profonde), ce n’est point un voltairien que M.
S’il s’en était tenu à des productions aussi spéciales et aussi techniques, il est bien probable que nous n’eussions jamais parlé de lui ; mais cette fois il vient à nous par Laïs et Ninon, c’est-à-dire par l’histoire, et, dans un temps où les plus honnêtes femmes vont rêver aux dramatiques apothéoses des Dames aux camélias, il est peut-être bon de dire un mot des grandes courtisanes, remises avec tant d’admiration en lumière, pour dégoûter des petites qui y sont. […] Puisque de tels règnes ont des histoires, nous parlerons du plus long et du plus beau de tous peut-être. […] Les mots de Ninon sont trop connus, ses lettres authentiques et les livres qui nous parlent d’elle ne sont point des manuscrits grecs, confiés à des savants qui meurent (peut-être du plaisir de les lire), et qui ne se retrouvent plus. […] Un grand artiste, qui écrivait, mais qui ne parlait pas, Chateaubriand, a écrit sur Ninon deux ou trois pages excellentes, dans lesquelles il lève, du bout de sa plume, ce falbala qui cache un squelette, avec le dédain de Charles Ier quand il toucha, de sa longue badine, la masse d’armes placée devant l’Orateur du Parlement. […] Cette « probité d’honnête homme » dans une malhonnête femme ne lui a pas paru si sublime, et le trait du dépôt rendu, dont on nous rabat les oreilles, valoir la peine que toute une époque en parlât comme du Qu’il mourût des Horaces.
Si nous choisissions nos sujets de critique, s’il nous était loisible de faire planer seulement notre examen sur les ouvrages considérables ayant réellement une importance, soit dans le bien, soit dans le mal, nous ne parlerions jamais d’une foule de productions sans portée et sans caractère. […] Sans doute, tu lui dis… Ce « sans doute tu lui dis » est Augier tout entier dans un seul mot et donne, sans plus nous faire attendre, une idée de son tour poétique et des ressources de la langue qu’il parle. […] Son accent est donc plus animé et plus chaud, mais, après tout, c’est le clair de lune d’un homme qui a été lui-même un clair de lune, et nous demandons ce que, de clair de lune en clair de lune, doit devenir, dans un temps donné, la vie de la littérature… On a beaucoup parlé de l’originalité de Musset, et ce n’est pas là son plus grand mérite. […] Ce qui s’obtient et ce qui s’imite, c’est la manière de rire et de parler au corps avec le corps, de briser son vers, de l’enlever et de lui donner sa tournure. […] Pour ne parler donc que des procédés d’une poésie toute en procédés, — par le mètre, par le mouvement, par la crudité des tons, par la hardiesse dans la nudité du détail, — Louis Bouilhet nous donne les bas-côtés du talent de Musset assez réussis.
Je voyais l’histoire de la nature et n’entendais point parler de son auteur. […] Lemaître a parlé d’Octave Feuillet ? […] J’ai parlé de Gil Blas, mais j’ai parlé d’un autre chef-d’œuvre. […] Ou bien encore, parlerai-je de la facture de son vers et de la trame de son style ? […] Cependant nous parlons, nous raisonnons, nous agissons comme si nous ne le savions pas.
Emportés par une action, ils n’ont pas le temps de s’écouter parler ; ils ne parlent que pour attaquer et se défendre. […] On ne demande pas au poète des beaux esprits qui ne parlent que pour parler, mais des gens naïfs, qui remplissent tout le caractère qu’ils personnifient, et qui soient éloquents en ne disant que ce qu’ils ont à dire. […] Chacun parle avec son tour d’esprit, ou son travers. […] La langue qu’ils parlent, dans les changements que subit la langue nationale, devient peu à peu savante. […] Quant à la langue de la comédie, qu’est-ce autre chose, dans sa plus grande perfection, que notre langue de tous les jours, quand nous avons le bonheur de parler bien ?
Vous parlez toujours de pensée ; mais quelle pensée ? […] — Non, me direz-vous : je parle de la pensée appliquée aux grands problèmes de la destinée, aux facultés de notre nature, je parle de la pensée appliquée à elle-même. — Ici, je vous arrête encore, et je ne puis admettre que ce genre d’application et d’étude ait jamais été la mesure de la force morale des sociétés ni de la vigueur de la civilisation : car cette philosophie-là touche de bien près à la sophistique. […] Mignet n’en a point parlé, ne le comprenez-vous pas ? […] Car enfin elle est arrivée au pouvoir et au gouvernement des affaires à partir de 1830 ; et dès lors (je puis en parler devant M. […] Riaux, professeur de philosophie, parle à l’appui du genre d’étude qu’il professe.
Le maître parle ; on obéit à sa voix. […] Tels sont ses vœux du moins et ses rêves de sensibilité et de sagesse, les jours où la raison lui parle et où il semble plus enclin à l’écouter. […] Ainsi, pour parler net, il ne ressemble pas à ceux qu’on appelait généralement classiques de 1820 à 1830, lorsqu’il écrit de Rome, à la date de juillet 1824 : Alaux vient de faire un tableau qui représente Mercure et Pandore dans les airs. […] J’éprouve un plaisir bien différent pour toutes les choses qui parlent à l’âme, à présent que mon frère est avec moi. […] [1re éd.] pour ainsi parler
Son parler était simple et doux, et pourtant profond et sublime ; sans étonner l’oreille, il nourrissait l’âme : c’était du lait pour les enfants et du pain pour les hommes. […] Rousseau a à vous parler. » La porte s’ouvre ; on l’introduit dans une petite chambre ; il y a deux chaises ; Rousseau le fait asseoir : « Monsieur, j’ai voulu vous parler ; il est arrivé un accident, je ne puis vous livrer la musique comme je vous l’avais promis. […] Desjobert (c’était le nom du jeune homme) parle de cette masse de livres à un libraire, et, trouvant quelques difficultés, il pense qu’il est plus simple de les supposer vendus et d’envoyer une somme ronde. […] Il parle à tout propos de ses ennuis, de ses tracas, de ses hardes, des ports de lettres, et il se formalise si l’on affranchit. […] Comme la plupart de ces lettres qu’on donne aujourd’hui sont adressées à son compatriote Coindet, il se passe les locutions genevoises, et il en gardera dans son parler, même là où il y songera le moins.
Dès qu’on y entre, on salue, on s’assoit et l’on n’en parle plus. […] Un certain charme d’orateur ou de causeur est bien quelque chose à noter le jour où l’on parle d’académie. […] « Mais il me semble, répliqua M. d’Andilly un peu fièrement, qu’il n’avait pour cela qu’à parler la langue de sa maison. » A la modestie de M. […] Et quant au fond, il ne sera pas sans intérêt ici de parler de ces leçons du malheur qu’il a touchées d’un mot. […] L’académicien parlait entre M. de Chateaubriand et M.
que de voix plaintives lui parleront comme à Tancrède dans la forêt enchantée ! […] En un mot, c’était la disposition lyrique qui prévalait évidemment dans le poëte, et qui le plus souvent, au défaut d’épanchement convenable, débordait dans ces larmes dont nous avons parlé. […] Est-ce à dire pourtant que le caractère dramatique manque entièrement à cette manière de faire parler des personnages ? […] Tout s’y tient avec art, rien n’y jure et ne sort du ton ; dans cet idéal complet de délicatesse et de grâce, Monime, en vérité, aurait bien tort de parler autrement. […] Du temps de Racine, Fénelon, son ami, son admirateur, et qui semble un de ses parents les plus proches par le génie, écrivait de Molière : « En pensant bien, il parle souvent mal.
Après le plaidoyer de Baron, Arlequin dit au roi : « Sire, comment parlerai-je ? […] Tu vois, mon cher enfant, que je te parle en père et je te fais voir les entrailles de notre profession. […] Voilà comme je parlerais à mon frère si j’en avais un. […] Monsieur Rabatjoie demande à vous parler. […] N’en parlons plus, c’est une affaire faite.
Wilde parlait imparfaitement notre langue. […] C’était Catulle Mendès., Il parlait haut, d’un verbe cathédrant. […] On a parlé de Lauzun, du duc de Richelieu, de d’Orsay. […] C’est d’Elle qu’il a pris cette habitude de ne parler qu’en paraboles. […] Ils osent parler de vertu.
Rien n’est moins commode que de venir parler convenablement de ces livres, car Rabelais a de ces licences qui ne sont qu’à lui, et que la critique la plus enthousiaste ne saurait prendre sur son compte. […] et, même quand on ne parle que devant des hommes et qu’on est de sang-froid, il faut choisir. […] Je veux parler des chapitres qui traitent de l’éducation de Gargantua. […] Je ne parle qu’avec quelque réserve ; car, en reconnaissant les parties sérieuses, il faut prendre garde de les supposer et de les créer comme l’ont fait tant de commentateurs, ce qui doit bien prêter à rire à Rabelais, s’il se soucie de nous chez les Ombres. […] On rappelle les passages des anciens qui en ont parlé ; au besoin on se fait apporter les livres ; sans s’en apercevoir, l’élève devient aussi savant qu’un Pline, « et n’étoit médecin alors qui en sût la moitié autant qu’il faisoit ».
L’amour qui m’attendrit me fait parler ! […] Ne parle pas d’elles, mais regarde seulement, et passe ! […] ” leur criai-je, “daignez venir nous parler, si cela vous est permis par le souverain maître de ce séjour ! […] « “Mais, puisque tu as un si violent désir de connaître jusqu’à sa première racine l’amour qui nous perdit, je parlerai comme celui qui parle en pleurant. […] Dante y fait parler tantôt saint Thomas, tantôt Béatrice.
Montausier a parlé pins brusquement. Bossuet a repris la parole et a parlé avec tant de force, a fait venir si à propos la gloire et la religion que le roi, à qui il ne faut que dire la vérité, s’est levé fort ému et serrant la main au duc, lui a dit : Je vous promets de ne plus la revoir. […] Elle était distinguée dans la société, généralement regardée à Paris comme héritière de l’hôtel de Rambouillet : je parle des hôtels d’Albret et de Richelieu. […] iº Elle est antérieure au 15 novembre 1671, puisqu’elle parle de madame de Montausier, qui est morte le 15 novembre de cette année. […] 4° La rupture dont parle la lettre est de peu de jours antérieure à cette lettre, puisqu’au moment où madame Scarron l’écrit, madame de Montespan est encore dans l’accès de sa première fureur, qu’elle est renfermée depuis deux jours.
Section 6, que dans les écrits des anciens, le terme de chanter signifie souvent déclamer et même quelquefois parler Strabon qui a vécu sous le regne d’Auguste, nous apprend d’où procedoit la signification abusive que le mot de chant, celui de chanter et leurs dérivez avoient alors. […] Dans les dialogues de Ciceron sur l’orateur, Crassus un des interlocuteurs après avoir dit que Laelia sa belle-mere prononçoit uniment et sans affecter des accents trop fréquens et trop marquez, ajoute : lorsque j’entens parler Laelia, je crois entendre joüer les pieces de Plaute et celles de Noevius. […] Cependant les auteurs anciens se servent du mot de chanter lorsqu’ils parlent de la recitation des comedies, ainsi qu’ils s’en servent en parlant de la recitation des tragedies. […] Or il auroit été inutile à Quintilien de dire, (…) et de défendre à son éleve d’imiter le chant des cantiques dans les circonstances où il le lui défend, si ce chant eut été un chant veritable, suivant notre maniere de parler. […] Lorsque Juvenal fait dans sa septiéme satyre l’éloge de Quintilien, il y dit entr’autres choses que cet orateur chantoit très-bien, lorsqu’il avoit daigné prendre les soins et les précautions que les romains prenoient pour se nétoïer les organes de la voix, et dont nous parlons ci-dessous.
Elle n’a pas seulement parlé de ses parents très à la légère et au naturel, elle s’en est pris à tout ce qui l’entourait de sots et d’ennuyeux ; elle a trahi le secret de l’intérieur des petites principautés. […] Mariée par une boutade de son père au prince héréditaire de Bareith, qu’elle ne connaissait pas auparavant, elle en parle toujours avec estime et affection ; elle l’aima, s’attacha tendrement à lui, et n’eut pas d’effort à faire pour mettre son âme en accord avec ses devoirs. […] La manière dont Frédéric parle de lui à sa sœur, et dont il parle aussi des autres beaux esprits en toute vérité et sincérité, est piquante. […] La margrave s’étant avisée de lui parler du brillant Saint-Lambert comme d’un hôte et d’un académicien possible, il lui répond (20 janvier 1754) : J’ai entendu parler de Saint-Lambert, dont vous faites mention, ma très chère sœur, mais je ne crois pas que ce soit un homme qui me convienne. […] Elle veut parler de Jacques, roi d’Écosse, fils de Marie Stuart, et qui dut cette crainte, dit-on, à la circonstance de l’assassinat de Riccio, tué sous les yeux de sa mère enceinte.
Il vient de parler de la sécurité des Hollandais sur ce point de la branche principale du Rhin, tandis qu’ils avaient porté toutes leurs précautions et leur vigilance sur les autres bras du fleuve : (Ai-je besoin de m’excuser de la longueur des citations que je suis forcé de faire ? […] Avec quel respect Louis XIV y parle de Condé et d’un moment d’oubli où le parent et le soldat remportent sur le général ! […] ce n’est pas le style bref et nu, le style abrupt et souverain de Napoléon racontant ses campagnes, ce n’est pas une plume d’airain qui écrit : c’est un roi qui, même à cheval et à la tête de ses armées, parle à loisir et sans se presser sa langue héréditaire. […] Boileau (et je ne parle pas ici du poète louant en public, mais de l’homme de sens s’épanchant dans la familiarité), Boileau était d’un tout autre avis ; il entrait, nous assure-t-on, dans une espèce d’enthousiasme lorsqu’il parlait de Louis XIV, et l’on a recueilli de ses lèvres ces propres paroles, qui renferment un si bel éloge sous forme littéraire : « C’est, disait-il, un prince qui ne parle jamais sans avoir pensé ; il construit admirablement tout ce qu’il dit ; ses moindres reparties sentent le souverain ; et quand il est dans son domestique, il semble recevoir la loi plutôt que la donner. » Ce dernier trait se rapporte à la facilité de vivre du roi dans son intérieur et à son égalité d’humeur avec tout ce qui l’entourait. […] Son bon esprit et sa fermeté, ajoute le témoin, ne font pas abandonné un instant, et, en parlant avec douceur et bonté à tous ceux à qui il a bien voulu parler, il a conservé toute sa grandeur et sa majesté jusqu’au dernier soupir. » En un mot, Louis XIV s’est montré roi jusqu’à la fin, avec la conscience et le respect de son rôle qui n’était pas un rôle pour lui, mais qui était un ministère.
C’est moins du frère que de la sœur que je voudrais m’occuper ici ; je ne parlerai donc qu’assez brièvement de Maurice de Guérin, ayant déjà discouru de lui ailleurs. […] qui a parlé de la sorte ? […] Je veux maintenant parler de sa rare et touchante sœur Eugénie, dont les Œuvres ou plutôt les fragments sont réunis devant nous, grâce aux soins du pieux éditeur, M. […] … Avec ton parler commença notre causerie. […] Elle a parlé amèrement des « déceptions d’estime, d’amour, de croyance. », dont elle eut à y souffrir : Chose piquante !
Avant de parler de cet inédit de mince importance, j’ai pourtant un mot à dire de celui dont on est redevable à M. […] Tout ce monde-là parlait d’origine la même langue, et la parlait comme sienne, chacun avec sa légère différence d’accent, et sans en demander la permission au voisin. […] Je ne parle pas ici en un sens vulgaire et grossier. […] Vous avez bien parlé de quelqu’un, c’est que vous vouliez le flatter ; vous avez parlé sévèrement d’un autre, c’est que vous aviez contre lui une dent et une rancune. […] Je n’ai point, pour parler son langage, élevé fort haut la valeur de tous les habitants de l’abbaye.
n’en parlons plus, laissons mon rêve. […] » Mais quand il lui parlait avec cette effusion, avec ce naturel d’un amant artiste et philosophe, la grande dame en elle se réveillait avec ses hauteurs ; elle parlait avec dédain de ces filles du peuple comme ignorant le noble et le fin de la passion. […] Marie lit trop, je l’ai dit ; elle est pleine de ces livres du temps où l’on ne parlait jamais d’amour sans parler de croyances et sans faire intervenir l’humanité : « Marie, Marie ! […] Vous voulez que je parle. […] La Fantaisie est la reine du monde. » C’est l’artiste et le poète qui parle.
Il y parle de lui, de ses titres littéraires qu’il détaille au long et du peu de fruit qu’il en a tiré ; il ne craint pas d’étaler sa pauvreté avec sa bonne humeur ordinaire. […] Il a cependant parlé de la poésie en toute occasion avec bien du charme, mais nulle part avec plus de délicatesse que par la bouche de Don Quichotte, lorsque celui-ci, dans sa dernière sortie, vient à rencontrer l’homme au gaban vert, le vertueux hidalgo, qui se plaint à lui de son fils unique, trop adonné à la poésie. […] Tâchez de rattraper votre bête, et cheminons en causant pendant le peu de chemin qui nous reste à faire. » On vint à parler de ma maladie, et le bon étudiant me désespéra en me disant : « C’est une hydropisie, et toute l’eau de la mer océane ne la guérirait pas, quand même vous la boiriez goutte à goutte. […] La Harpe en parle mieux, mais en une demi-page et comme quelqu’un qui ne l’a qu’entrelu. […] Florian, dont on parle avec trop de mépris et qui a eu, comme Marmontel, le malheur de donner son nom à un genre faux, contribua du moins à remettre en circulation et en vogue Don Quichotte.
On a dernièrement beaucoup parlé, et avec raison, de M. […] Le chantre du Gardon surtout l’ensorcèle, et, nouveau Némorin, il essaye, pour Estelle, des vers en ce doux patois qu’elle parlait si bien. […] Quoi qu’il en dise, il n’a pas tout à fait quitté la guitare pour le flageolet ; et Marot, qui parle aussi de son flageolet, n’avait-il pas, au milieu de sa verve badine, de tendres accents, que le contraste fait mieux sentir encore ? […] personne n’en a parlé. […] Nous concevons, en effet, le peu d’estime que des antiquaires, épris de cette belle langue en ce qu’elle a de pur et de classique, expriment pour le patois extrêmement francisé qu’on parle dans une ville du Midi en 1836.
Voilà ce que je suis par ma naissance… D’être reconnu par moi pour m’appartenir, un Montmorency parlerait-il autrement ? […] Il n’eut que le temps d’écrire une première lettre où se trahit une émotion violente ; il s’excuse, il se justifie ; il a parlé de Voltaire, dit-il, comme il eût parlé d’un classique, d’un ancien ; il a parlé de Zulime comme il eût fait de l’Othon de Corneille, sans prétendre rabaisser le génie du poète lui-même. […] On n’a jamais mieux parlé de la tragédie de Racine et selon Racine. […] Il n’avait fait qu’abonder de plus en plus et se confirmer chaque jour dans son penchant naturel à imposer à soi et aux autres, quand il parlait, une conviction invariable. […] [1re éd.] il parle de ses cousins nobles de Suisse dont l'un l'a visité autrefois à Ferney e.
N’est-ce pas ainsi que parlait Saint Paul ? […] Diotime, parlez. […] Parlez. […] Il n’a jamais parlé de ses fils, de sa famille, bien qu’il parle constamment de lui-même, de ses amis, de ses proches. […] Diotime avait parlé longtemps.
En effet, pour ne parler que des états extrêmes, le souverain doit la justice au dernier de ses sujets aussi rigoureusement que celui-ci lui doit l’obéissance. […] Je ne puis me dispenser de rapporter à cette occasion une anecdote bien propre à faire connaître le caractère et l’injustice des hommes dont je parle. […] Quand on oblige d’honnêtes gens, on doit laisser parler en eux la reconnaissance, elle sait s’imposer à elle-même des lois sévères. […] Les Mécènes dont je parle ont pour maxime qu’un homme de lettres doit être pauvre. […] An reste je ne parle ici de l’éducation des grands qu’en passant, et à cause de son rapport nécessaire à mon sujet.
Le beau mérite vraiment de parler quand on a quelque chose à dire ! […] À quoi bon parler à tout propos du soleil et des étoiles ? […] Parlerai-je d’une très longue pièce adressée à M. […] voilà parler. […] Hugo parle du granit de Notre-Dame.
À présent on parle de Moréas. […] Ils parlent du romantisme ! […] … Enfin… n’en parlons plus ! […] monsieur, je ne parle jamais. […] Réclame pour réclame, mieux vaut en faire à ceux dont on ne parle pas assez, qu’à ceux dont on parle de trop.
On y voit bien des méchants propos sur cette duchesse, dont ses poètes officiels ne parlaient que comme de la moderne Pénélope. […] Après ces premiers propos sur M. le Duc, on parla encore, mais un peu en sous-ordre, du président de Mesmes, que la duchesse voulait s’attacher pour gouverner par lui le Parlement. […] Nous pouvons parler de Mme du Maine à fond et comme si nous l’avions connue, car nous avons sur son compte le témoignage le plus direct, le plus intime et le plus sûr. […] « La langue ne se perfectionne que quand vous la parlez ou quand on parle de vous », lui écrivait Mme de Lambert. […] On l’enterra ; « puis la toile fut baissée, et l’on n’en parla plus ».
Tous les talons rouges ne parleront pas ainsi ; mais c’est à cause de cela que je les vaux peut-être bien en tous sens. […] Mais tout cela n’était que la préparation et en quelque sorte le cours d’études de l’orateur, duquel les anciens exigeaient qu’il sût tout, afin de pouvoir parler sur tout. […] Il est impossible de lui parler raison, prudence, qu’il ne dise cent fois mieux, et tout cela ne passe pas l’épiderme. […] Toutes les fois qu’il parle d’eux, il est indulgent, il est modeste, il se met à la suite, il les admire vraiment à l’excès. […] Je sais qu’une prochaine occasion se prépare de parler du Mirabeau politique et définitif, et je compte bien ne pas la manquer.
Je veux parler de M. […] De la vie de l’homme j’ai parlé suffisamment ailleurs. […] et il me reste à parler de l’Assonance, qui est à la mode. […] Et d’abord Banville avait parlé. […] J’en parlai un jour à Vacquerie lui-même, qui me dit : « Croyez-vous que cela valût mieux auparavant ?
On leur permet encore de parler d’eux dans leurs vers, mais on ne leur permet plus de n’y parler que d’eux. […] On parlait de droits du peuple, et de pacte ou de contrat social. […] que l’homme balbutie toujours avant de parler ! […] Je parle maintenant du comte de Murat. […] Ne parlons plus de Bossuet ni de Pascal.
Elle consiste à se donner beaucoup de mal pour ne pas parler naturellement ni clairement. […] La Motte parle de la poésie comme un aveugle des couleurs. […] Ces deux grands esprits condamnaient la poésie, parce qu’ils n’étaient pas poètes, le vers, parce que, n’étant pas poètes, ils n’en avaient pas besoin ; et ils ne voyaient autour d’eux que des gens qui versifiaient sans nécessité, qui eussent mieux fait de parler en prose. […] Faut-il parler de l’épopée ? […] Je ne parle pas de l’ennuyeux Racine ou de l’innocent Delille : les Discours sur l’homme de Voltaire, en s’enveloppant de la dignité du vers, ont perdu ce trait, ce mordant, ce jaillissement d’idées, d’ironie et d’esprit, toutes les qualités les plus constantes enfin et les plus séduisantes de l’humeur voltairienne.
La musique, c’est Quintilien l’orateur qui parle, donne des enseignemens non seulement pour regler toutes les inflexions dont la voix est susceptible, mais encore pour regler tous les mouvemens du corps. […] Dès que la musique des anciens donnoit des leçons methodiques sur tant de choses, dès qu’elle donnoit des preceptes utiles au grammairien, et necessaires au poëte comme à tous ceux qui avoient à parler en public, on ne doit plus être surpris que les grecs et les romains l’aïent crue un art necessaire et qu’ils lui aïent donné tant d’éloges qui ne conviennent pas à la nôtre. […] D’ailleurs ceux des auteurs anciens qui ont écrit sur la musique et dont les ouvrages nous sont demeurez, ont très-peu parlé de la mécanique des arts subordonnez à la science de la musique qu’ils ont regardez comme des pratiques faciles et communes, dont l’explication n’étoit bonne qu’à exercer les talens de quelque maître à gages. […] Ainsi les auteurs dont je parle, ont écrit plutôt en philosophe qui raisonne et qui fait des speculations sur les principes generaux d’un art dont la pratique est sçue de tous ses contemporains, que comme un auteur qui veut que son livre puisse sans aucun autre secours, enseigner l’art dont il traite. Cependant j’espere qu’en m’aidant des faits racontez par les écrivains anciens qui par occasion ont parlé de leurs arts musicaux, je pourrai venir à bout de donner une notion ; si non pleine et entiere, du moins claire et distincte de ces arts, et d’expliquer comment les pieces dramatiques étoient representées sur le théatre des anciens.
J’ai parlé plusieurs fois de Sieyès à propos de Roederer : il importe de bien établir leurs rapports et de reconnaître aussi leurs différences. […] On causait hier, dit-il, chez un libraire au Palais-Égalité ; on parlait sans ménagement de Barère et des Jacobins ; on était unanime, lorsqu’entre un homme assez mal vêtu, la figure hâve, les cheveux à la jacobine. […] Au milieu de ces idées et de ces conseils politiques, Roederer ne cessait de varier les applications de sa plume et de parler à son public sur mille sujets littéraires qui se présentaient. […] On le trouve toujours plus grand que soi quand il parle, quand il pense, quand il agit. […] S’il parle, on l’écoute, parce qu’il parle en homme instruit, en homme supérieur.
Est-ce pas ainsi que je parle partout ? […] Partout s’échappe sa franche et personnelle sensibilité, atténuant les saillies de haut style par le laisser-aller du langage domestique et quotidien, relevant la négligence du parler populaire par la chaude sincérité de l’accent, d’une façon tout originale et inimitable. […] Montaigne, encore ici, s’est défini excellemment : « Le parler que j’aime, c’est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu’à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré ; non tant délicat et peigné, comme véhément et brusque ; plutôt difficile qu’ennuyeux ; éloigné d’affectation, déréglé, décousu et hardi ; chaque lopin y fasse son corps ; non pédantesque, non fratesque, non plaideresque, mais plutôt soldatesque238. » 2. […] ou sa vanité le détournait-elle d’en parler, si cette mère était d’origine juive, d’une famille portugaise de nouveaux chrétiens ? Michel de Montaigne est un aimable homme, quand il parle de soi (et il en parle toujours), mais jamais plus que lorsqu’il parle de cette partie de lui qui est son intelligence, ses idées : alors il devient singulièrement intéressant ; alors il nous parle de nous, en parlant de lui ; il nous confesse, en se confessant ; il nous guide, en s’orientant.
Je parle de Dieu. […] Avec Dieu disparaissait le sentiment des œuvres de la nature, lesquelles ne parlent à notre âme qu’à la condition d’y trouver la croyance à l’ouvrier. […] La science sourit ou parle avec dédain de tout ce qui y est pur système. […] J’ai relu à plusieurs reprises René, et une dernière fois avant d’en parler ici. […] Mais combien qui, attirés d’abord par l’enchanteur, voulurent regarder de près les choses dont il parlait, en sentirent la vie, et y devinrent plus savants et plus croyants que lui !
Quand on parle de Mirabeau, on ne saurait assez insister sur cette organisation physique si singulière, si déterminante en lui. […] On dit que l’ennui naquit un jour de l’uniformité : l’uniformité me sauve au contraire de l’ennui… Mais c’est trop parler de moi. […] Sophie parle comme parlerait en pareil cas une des femmes de Rousseau, ou la Claire ou la Julie, ou la Sophie de l’Émile, ou cette Mme de La Tour-Franqueville que nous connaissons. […] N’en parlons plus. […] En vain me répéteriez-vous que vous ne voulez être que mon ami, vous m’avez déjà parlé comme un amant.
Dans les premiers moments où ce livre parut, je me suis abstenu d’en parler, estimant qu’un tel sujet revenait de droit à notre vaillant et hardi collaborateurq, M. […] c’est ce dont plus tard il parlera toujours : « Quelqu’un cette nuit a flétri mon cœur », dira-t-il dans son dernier discours au 9 Thermidor. […] Donnez-en à MM. de Lameth et Barnave ; j’y parle d’eux. […] Les notes qu’on a trouvées dans ses papiers ne parlent que de vertu, de justice et d’innocence. […] » — « Ils parlent allemand, et nous français ; ils nous tirent des coups de fusil, et nous leur répondons par des coups de canon.
Sans doute il y avait des idiomes locaux, des patois qui se cachaient dans quelque coin de village ; mais la religion parlait latin, la loi parlait latin, la guerre parlait latin ; partout le latin était la langue que le vainqueur imposait au vaincu. […] Ils laissèrent subsister la langue que parlait cette religion. […] On n’en parlait plus au quinzième siècle. […] La chancellerie de Clovis parlait également assez bon latin. […] Est-ce la légende des croisades, si l’on peut parler ainsi ?
J’aime à parler moi-même, surtout quand vous m’écoutez. […] J’ai parlé à plusieurs personnes au fait. […] Mme de Staël en a parlé dans un de ses livres. […] Vous parlez de vos feuilles ou de votre Pénélope. […] C’est ainsi qu’on parle quand on est sûr d’être reçu.
Saint-Simon veut avoir vu tout ce qu’il raconte ou le tenir de la bouche des premiers rôles, et il parle en confident là où il ne parle pas en acteur. […] C’est ainsi que Mme de Grignan laissa copier plus d’une lettre où sa mère parlait de sa beauté comme eût fait un amant, et de l’esprit de sa fille comme on parlait du sien. […] S’ils en parlent, c’est par conjecture plutôt que sur des renseignements authentiques. […] Je ne parle pas des différences, toutes à l’honneur de la France et de Louis XIV. […] Ce sont, si l’on peut parler ainsi, deux réformateurs rétrogrades.
Et écoutez parler la science. […] Nous venons de voir que des changements se produisent sans cesse dans le cerveau, ou, pour parler plus précisément, des déplacements et des groupements nouveaux de molécules et d’atomes. […] Je veux parler de ces mouvements naissants qui indiquent symboliquement toutes les directions successives de l’esprit. […] Nous parlions de l’effet de certains toxiques sur la conscience, et plus généralement de l’influence de la maladie cérébrale sur la vie mentale. […] — À vrai dire, je ne suis pas sûr que la question « où » ait encore un sens quand on ne parle plus d’un corps.
Même si l’idée est fine, subtile, le style sera fin et subtil, en restant simple : Marivaux même, en dépit de sa réputation, parle souvent avec simplicité, parce qu’il rend de la seule façon possible, par les termes les plus exacts et les plus nécessaires, des pensées infiniment délicates et complexes. […] Il y a des mots qui doivent être parlés, d’autres criés, d’autres écrits ; il y en a même qui conviennent moins au manuscrit qu’à l’impression. […] Les mots propres à être ouïs de tous, et les phrases propres à ces mots, sont ridicules, lorsqu’on ne doit parler qu’aux yeux et pour ainsi dire à l’oreille de son lecteur. » On ne parle pas devant cent personnes comme devant une seule ; le choix de mots, la correction de phrases, qui sont nécessaires, quand on écrit, deviennent ridicules quand on cause ; et je ne sais pas de gens plus fastidieux que ceux qui, dans la conversation, parlent comme un livre.
France, il n’en a pas moins très agréablement parlé. […] Nous avions cependant peu parlé de son pessimisme. […] et, — sans parler du talent, qui fait, hélas ! […] On parle beaucoup d’états d’âme. […] Je ne parle plus de Balzac maintenant.
La conséquence du syllogisme (pour parler comme elle) se tirait irrésistiblement en vertu d’une logique inexorable et de cette force des choses qui n’est que la somme totale et la résultante, à la longue, des actions, de la conduite et des caractères. […] Ici il paraît bien, quelque connexion qu’il y ait entre les deux faits, que Catherine, qui voulut et accomplit l’un, ne commanda pas l’autre ; on a en sa faveur, à cet égard, l’opinion du grand Frédéric, celle du prince de Ligne, et le témoignage aussi de la princesse Daschkoff, cette ancienne complice un peu désabusée, qui parle d’une lettre écrite par Alexis Orlof à l’Impératrice aussitôt après la perpétration du meurtre ; lettre dans laquelle il implore son pardon. […] J’ai parlé de Louis XIV : Catherine eut comme lui des faiblesses, elle les eut en public avec montre et ostentation, et de plus sans interruption ni cesse jusqu’au dernier jour. […] Elle ne veut pas de temple : « Laissez-moi, je vous prie, sur la terre ; j’y serai plus à portée d’y recevoir vos lettres et celles de vos amis. » Elle aime le vrai, et elle l’y ramène doucement : « Ces lois dont on parle tant, lui dit-elle, au bout du compte ne sont point faites encore. […] Mais ce n’est pas à vous qu’il faut parler sur cette matière : vous connaissez trop les hommes pour vous étonner des contradictions et des extravagances dont ils sont capables. »
Un jour, il s’avisa de m’en parler. […] Monsieur de Montausier était à Rambouillet, il n’apprit pas cette affaire. » Le duc de Saint-Simon a aussi parlé des avanies du marquis de Montespan ; mais, né seulement en 1673, il n’en a parlé que plus de vingt années après, et sur des traditions fort suspectes ; l’on verra même qu’il en a adopté de fabuleuses ; il n’aimait pas M. de Montausier, et n’était pas fâché de trouver la duchesse de Montausier digne de reproches auxquels son mari n’aurait pas été étranger. […] Selon lui, quelque temps après la scène que fît Montespan à madame de Montausier, « cette dame descendant, avec son écuyer et ses gens, un petit degré pour aller de chez elle chez la reine, elle trouva une femme assez mal mise qui l’arrêta, lui fit des reproches sanglants sur madame de Montespan, et lui parla même à l’oreille. […] On prétendit que sa tête se troublait souvent, et l’on ne sut si cette femme qui lui avait parlé en était une ou un fantôme. » On conçoit pourquoi mademoiselle de Montpensier a l’air de croire à la simple apparition d’un fantôme de femme qui s’évanouit sans rien dire à madame de Montausier. […] Son honorable cause n’était pas de nature à être comprise parle vulgaire ; elle n’était pas non plus de celles qu’on divulgue.
Il trouva peut-être qu’il lui ressemblait trop pour en parler, et il fut modeste pour deux. […] Sans cette lumière, on n’aurait rien su de ce qu’il était ; et encore il y avait, quoiqu’il fût un causeur de ce salon où l’on parlait plus qu’on ne causait, bien des petits coins voilés dans son âme où cette lumière ne pénétrait pas. […] Quoiqu’il ait écrit ce chef-d’œuvre de discussion sur le scepticisme dont j’ai parlé plus haut, Doudan était un sceptique de fait, s’il ne l’était pas de théorie. […] … Il n’a point parlé de Joubert ; il aurait cru parler de lui-même. […] De Vigny, le troisième grand poète de l’époque, et d’un idéal qui aurait dû attirer un esprit qui ne parle que d’idéal, est traité de poète « musqué, pincé, poudré »… Ah !
que pour ma part j’aurais voulu le supprimer par le mépris qui ne parle pas ; ne pas dire le plus petit mot de cette ineptie, car c’est une ineptie, et joué ce bon tour aux finauds qui avaient compté sur les profits de l’indignation et du scandale et nous avaient tendu cette souricière, si bien approvisionnée, dont l’abbé Trois-Étoiles était le lard et les éditeurs de Hugo le fromage ! […] Coûte que coûte, il faut que je vous parle du Maudit. […] Les gens à qui on en avait parlé se sont mis à lire le fatras de ces trois volumes, mais personne n’y a trouvé ce qu’il y cherchait. […] Ainsi je n’ai pas parlé de l’amour de Louise pour un avocat nommé Verdelon, lequel la trahit pour épouser une femme que lui donnent encore ces gredins de jésuites ! […] pas parlé, tant elle est bête, — disons le mot, nous ne sommes plus ici dans la littérature !
Il semblait, en un mot, pour parler le langage d’alors, que Pallas l’eût instruite en tous ses arts ingénieux et dotée de tous ses dons. […] Ainsi prennent les plus sévères hommes plaisir d’ouïr parler de ces propos, encore qu’ils ne le veuillent confesser. » Et la poésie, qui donc l’inspire ? […] Ainsi, pour parler du tour du soleil, elle écrira : Quand Phébus a son cerne fait en terre. […] Mais nous ne parlons que de Louise. […] Louise Labé, nous l’avons pu voir en l’étudiant de près, était beaucoup moins fille du peuple et moins naïve ; mais qu’importe qu’elle ait été docte, puisqu’elle a été passionnée et qu’elle parle à tout lecteur le langage de l’âme ?
On n’avait pas d’ailleurs cessé un seul jour en France d’écrire ou de parler en latin, en sorte que depuis longtemps, par la religion, par l’usage, par ces grands traits de ressemblance avec le peuple romain, nous inclinions du côté où nous poussait le catholicisme, vainqueur de la Réforme. […] Quand il parle de ses faiblesses ou de certaines facilités qui, sans être des vices, sont bien moins encore des vertus, nous hésitons d’autant moins à les trouver en nous, que la pensée de les avoir en commun avec un homme supérieur nous en atténue le tort. Nous nous trouvons aussi quelques-unes de ses qualités, soit qu’en effet nous en ayons certains traits, soit qu’à notre insu, sous le charme de simplicité naïve avec lequel il nous en parle, le désir de lui ressembler nous persuade que nous lui ressemblons. […] Je prends de la fortune le premier argument ; ils me sont esgalement bons154. » Comme il a le mieux peint son humeur, Montaigne a le mieux défini son style « Le parler que j’ayme, dit-il, c’est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu’à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant deslicat et peigné que véhément et brusque, Haec demum sapiet dictio, qUse feriet plutôst difficile qu’ennuyeux, esloigné d’affectation, desreglé, descousu et hardy, chaque loppin y face son corps ; non pedantesque, non fratesque, non plaideresque. » C’est là, en effet, le style de Montaigne. […] Montaigne n’a pas parlé de Plutarque d’un style plus vif, ni sous une impression plus forte et plus présente des fruits qu’il avait tirés de cette lecture : « M’amye, j’attendois d’heure à autre une lettre.
Il aurait pu ce qu’il fait à quelques endroits du reste il aurait pu se contenter de parler des bienfaits du quinquina, des personnes que déjà il avait guéries. […] J’ai oublié de vous parler de l’Eunuque. […] Et La Baguenaudière fait une espèce de prologue ou de préface, c’est-à-dire qu’il leur parle de ce qu’il a mis dans sa tragédie ou de ce qu’il a voulu y mettre, de la façon dont il a voulu la faire, et voici comment il en parle : Trêve d’encens, Messieurs ! […] Que sert d’en parler aux échos ? […] Surtout est-elle toute en sordidités comme il le faudrait, ou à peu près, puisque c’est de pièces sordides tout entières que La Fontaine parle ?
Les conversations y sont aussi longues et le paraissent bien plus, parce que les personnages nous parlent trop d’eux et pas assez de nous. […] Le devoir parle d’ailleurs ; à peine a-t-il apparu aux âmes bien nées, qu’il y règne en maître. […] Il fallait le génie profond et la tendresse de Racine pour faire parler un cœur de mère. […] Il en est un autre pourtant qui lui parle plus intimement : c’est le vrai des sentiments tendres. […] L’alexandrin est insupportable dans des scènes romanesques, où des personnages indécis nous parlent des petites contrariétés qu’il a plu au poète de leur donner, ou ne savent pas nous parler des grandes affaires que les événements leur ont mises sur les bras.
En donnant un extrait du livre de l’abbé d’Aubignac, je me suis mis dans la fâcheuse nécessité de dire quelque chose des ruelles, des alcôves, des réduits, dont il parle, et dont on ne parlait pas antérieurement aux précieuses. […] » La guerre dont parle l’auteur, c’est la Fronde, qui a éclaté en 1648, et fini en 1652. […] Il parle probablement de mademoiselle de Scudéry. […] Il me reste à parler de la morale des précieuses. […] Une occupation manuelle est pour les femmes une contenance : elle permet de reposer l’esprit de conversation ; elle dispense de parler quand on n’a rien à dire ; elle donne un moment de réflexion avant de parler ; elle sert de prétexte pour ne point écouter, et autorise une distraction quand on ne vent point répondre.
Je parle à peine allemand, je parle une nouvelle langue en ajoutant irt à tous les mots français. Tout le monde rit et parle comme moi. […] Chaque accord et chaque phrase parle. […] Examinez cela et parlez-moi franchement. […] Je parle sérieusement.
On serait très-aisément disposé ainsi de nos jours ; on irait faire volontiers un pèlerinage dont on parlerait longtemps ensuite, et dont on raconterait au public les moindres circonstances et les impressions ; mais il y a dans l’idée de durée attachée à une telle vie quelque chose qui effraie, qui glace et qui rebute ; or ce quelque chose, on le ressent inévitablement à chaque page des lettres du réformateur de la Trappe. […] Celui-ci avait laissé le jeune abbé en train de fortes études et de thèses théologiques ; il se le figurait toujours sous cet aspect : « Vous avez trop bonne opinion de ma vocation à l’état ecclésiastique, lui écrivait Rancé : pourvu qu’elle ait été agréable à Dieu, c’est tout ce que je désire… » On a beau relire et presser les lettres de cette date, on y trouve de bons et respectueux sentiments pour son ancien précepteur, un vrai ton de modestie quand il parle de lui-même et de ses débuts dans l’école ou dans la chaire, de la gravité, de la convenance, mais pas le plus petit bout d’oreille de l’amant de Mme de Montbazon. […] C’est bien là véritablement celui qui a le droit de se rendre avec sincérité ce témoignage : « Ce que je puis vous dire, Monsieur, c’est qu’il y a longtemps que les hommes parlent de moi comme il leur plaît ; cependant ils ne sont pas venus à bout de changer la couleur d’un seul de mes cheveux. » L’abbé Nicaise, toujours aux aguets et le nez au vent, met bien des fois la patience du saint à l’épreuve et agace en quelque sorte sa curiosité. La plupart des nouvelles qu’il commente, ou des ouvrages qu’il préconise (voulant toujours savoir le jugement qu’on en porte), n’arrivent point jusqu’à la Trappe ; Rancé se tue à le lui dire avec douceur, avec tranquillité : « Nous n’avons vu ni même ouï parler d’aucun des livres dont vous m’écrivez. […] J’avais déjà parlé de Rancé à propos de sa Vie par M. de Chateaubriand (Voir au tome Ier, page 36, des Portraits contemporains) ; depuis j’ai reparlé de Rancé tout à fait à fond, au tome III de Port-Royal, pages 532 et suiv.
Je voudrais parler ici de M. de Montalembert orateur, au point de vue du talent, pour le caractériser et le saisir dans les principaux traits de son éloquence. Ce n’est point un adhérent qui parle, c’est encore moins un adversaire ; c’est quelqu’un qui l’a suivi dès son entrée sur la scène publique avec curiosité et intérêt, et bientôt avec admiration et applaudissement. […] Son cœur saigne véritablement devant certains spectacles, et son âme parle par sa blessure. […] Ici l’approche des grands événements dont il sent à l’avance le courant électrique, enflamme l’orateur : ce n’est plus de la Suisse, ni de la souveraineté cantonale, ni des jésuites d’au-delà du Jura, qu’il parle ; il s’agit bien de tout cela ! […] Enhardi bientôt, il s’est mis à parler sur de simples notes, et, si je ne me trompe, aujourd’hui il combine ensemble ces diverses manières, en y ajoutant ce que la pure improvisation ne manque jamais de lui fournir.
Quel est celui qui parle, et à qui la parole est-elle adressée ? […] » Joseph, levant les yeux, vit Benjamin, son frère, fils de Rachel, sa mère, et il leur dit : Est-ce là le plus jeune de vos frères, dont vous m’aviez parlé ? […] Faisant un effort pour parler, il lui adresse rapidement ces mots : Étranger, tu me parais bien différent de ce que tu étais avant d’avoir ces habits, et tu n’es plus semblable à toi-même. […] » Il leur parla avec douceur, et leur dit : Approchez-vous de moi ; et s’étant approchés de lui, il ajouta : Je suis Joseph votre frère, que vous avez vendu pour l’Égypte. […] Homère a souvent parlé des joies de deux époux, mais l’a-t-il fait de cette sorte ?
Ceux qui parlent d’un poëme, disent ce qu’ils ont eux-mêmes senti en le lisant. […] C’étoient des femmes, c’étoient des gens du monde moins lettrez, peut-être que ceux qui bâtissent à leur mode l’histoire de la réputation des grands poëtes, au lieu de la chercher dans les écrits qui en parlent. […] Les personnes dont je parle ne sçauroient s’être trompées de bonne foi, puisque c’étoit de leur propre sentiment qu’elles rendoient compte. Le nombre de ceux qui ont parlé autrement est si petit, qu’il ne mérite pas d’exception. […] Si l’auteur écrit mal, personne n’en parle.
Ainsi Horace, Virgile, Boileau, et Racine, sont, en quelque sorte, contemporains, et parlent presque la même langue. […] Je serais maintenant conduit à parler de cette littérature de mouvement, qu’on a appelée romantique, littérature absolument nouvelle, qui ne remonte pas plus haut que J. […] Je ne parle point ici de ces idées fugitives et délicates qui tiennent seulement aux usages du monde, à une élégance convenue : ces idées, tout en nuances, sont, par leur nature même, mobiles et passagères. Je parle de ces idées fondamentales qui sont comme le pivot sur lequel toutes les autres roulent, de ces idées centrales vers lesquelles toutes les autres gravitent, enfin de ces idées fécondes qui engendrent toutes les autres. […] Je ne parle même pas de ces heureux préjugés qui subsistaient encore naguère, sans raison de leur existence, débris vénérables des temps anciens, qui viennent de disparaître du milieu de nous, sans autre raison aussi de leur fin.
Nous avons parlé de Renaissance, mais ici nous sommes bien loin de Desportes et des Sonnets de Gramont. […] D’ordinaire, les poètes jeunes encore, les poètes aux pensées infinies, pour parler comme eux, ne s’enterrent pas de leurs propres mains dans ce titre solennel et un peu funéraire de Poésies complètes, qui implique la fin de leurs travaux et le dernier mot de leur manière ; mais un détail touchant de cette publication, c’est que Banville, quand il en eut l’idée, croyait mourir. […] Et quand nous disons qu’on ne les lit plus, nous ne parlons pas des curieux qui lisent tout ou des poètes qui cherchent des manières à renouveler parce qu’ils n’ont pas d’inspiration personnelle, nous parlons de cette masse lisante qui dispense la gloire et qui la fait. […] parlez-moi d’elle, antres et rochers, Retraites à tous cachées ! Parlez, parlez d’elle, ô sentiers fleuris !
La métaphysique dont je parle, c’était leur poésie, faculté qui naissait avec eux. […] Les sibylles et les oracles sont les choses les plus anciennes dont nous parle le paganisme. […] Cette philosophie de la propriété suit naturellement la théologie civile dont nous parlions. […] Nous venons de donner un essai du vocabulaire dont on a parlé dans les axiomes 13 et 22. […] Ils parlent de celui qui regarde la conservation du genre humain, et ils ne disent rien de celui qui a rapport à la conservation des peuples en particulier.
Saint-Simon impute à Racine, en présence de Louis XIV et de Mme de Maintenon, une distraction maladroite qui lui aurait fait parler et mal parler de Scarron. […] Dès ce premier volume on a (et je parle des moindres) Crécy, Montgommery, et Cavoye, et Lassay, et Chandenier ; qui donc les distinguerait sans lui ? […] On a remarqué comme une chose singulière que tandis que Saint-Simon parle de tout le monde, il est assez peu question de lui dans les mémoires du temps. […] Les différents endroits où il parle de lui sont d’admirables pages d’histoire ; le marquis n’a pas parlé de son père en des termes plus expressifs et mieux caractérisés que ne le fait Saint-Simon, qui n’y a pas mis d’ailleurs les ombres trop fortes : tant il est vrai que le talent de celui-ci le porte, nonobstant l’affection, à la vérité et à une sorte de justice quand il est en face d’un mérite réel et sévère, digne des pinceaux de l’histoire. […] La forme de Saint-Simon tranchait trop avec les habitudes du style écrit, au xviiie siècle, et on en parlait à peu près comme Fénelon a parlé du style de Molière et de cette « multitude de métaphores qui approchent du galimatias. » Tout ce beau monde d’alors avait fait, plus ou moins sa rhétorique dans Voltaire.
Tout le monde lui parlait d’Éléonore, et il sentait que pour lui le souvenir même s’enfuyait, s’effaçait déjà dans le passé. […] Garat voulait parler à M. de Parny de son poëme honteusement célèbre de la Guerre des Dieux. […] … » Ainsi parlait Théocrite, accusant déjà son époque d’être toute à l’industrie et à l’argent. […] Il parlait, ai-je dit, avec un petit défaut de prononciation : c’était un parler un peu court, un peu saccadé, pourtant agréable et doux ; quand il s’animait, son feu se faisait jour, et sa conversation, sans y viser, arrivait au brillant et au charme. […] Un soir, nous passâmes six heures ensemble, et il me parla d’Éléonore.
Il y était encore à l’heure où je parle. […] « Mais je vais le laisser parler lui-même. […] Parlez, parlez, homme intéressant ! […] Ce ne fut que longtemps après que nous pûmes parler. […] Cela fend le cœur, et on ne peut parler d’autre chose.
Mais il ne parlera pourtant jamais la langue académique et mondaine : et la raison eu sera dans son tempérament plutôt que dans son goût. […] Aussi les plus belles sont-elles celles où il parle des gens qu’il a connus et aimés, de Madame ou du prince de Condé. […] Un seul homme, sans doute, ne leur fut pas inférieur, je veux parler de Fénelon. […] Dans sa prédication, il parla convenablement des vices du jour, des dettes, des mariages d’argent, des vocations forcées, des devoirs des mères. […] Il ne parlait que de crimes et de supplices : il fermait la porte à l’espérance.
C’est un instinct virtuel, comme celui qui est derrière l’habitude de parler. […] Ne parlons donc pas d’intérêt en général. […] Nous parlions des fondateurs et réformateurs de religions, des mystiques et des saints. […] Je parle, bien entendu, d’un amour qui absorbe et réchauffe l’âme entière. […] Socrate enseigne parce que l’oracle de Delphes a parlé.
Nous en parlerons comme des amis et admirateurs gens du monde, c’est-à-dire assez librement. […] Nous autres gens du moins beau monde, nous avons besoin qu’on nous parle clair et de savoir vite et avec netteté de qui il s’agit. […] Venez, charmantes messagères, c’est à présent que j’ai besoin de vous. — Vous le voyez, ma chère, je parle au papier, je veux tout supplier, plume, encrier, et ces petits doigts qui font les morts à présent : n’aurez-vous pas pitié de moi ? […] Ainsi, on vient de le voir, si elle parle de quelqu’un qui a de bons sentiments dormants, elle souligne le mot comme un peu singulier ; elle craindra ailleurs de dire des cordes vibrantes. […] Un jour qu’elle a assisté à une profession de religieuse au Bon-Sauveur, elle raconte ainsi à sa chère Louise son impression enflammée et attendrie : « Si Cholet ne m’avait pas dit que les charbonniers (qui servent de messagers) partent à onze heures, je vous parlerais au long de la cérémonie du Bon-Sauveur, cérémonie belle et touchante, qui fait admirer, qui fait pleurer.
On ne distingue point assez les personnes devant qui l’on parle. Le moindre prédicateur, devant le plus chétif auditoire, imagine parler aux grands & briller dans la chapelle de Versailles. […] Il ne parla point des prédicateurs du Nord, & peignit mal les nôtres. […] Toutes les fois que M. de Voltaire a eu occasion de parler là-dessus, il a gémi également de voir un tel abus aussi enraciné. […] Quand M. de Moncrif conseille aux jeunes prédicateurs d’apprendre les plus beaux sermons & de les débiter, il ne parle point de ceux qui sont nés avec un talent décidé pour la chaire.
La Fontaine fait mieux parler les animaux qu’il ne parle lui-même. […] et quelle grâce fine à la fois et naïve, pour justifier Circé qui parle la première ! […] Quel rapport y a-t-il entre une querelle de chiens et de chats, et le combat des élémens, dont il résulte une harmonie qu’on ne peut concevoir, et dont le fabuliste ne parle pas ? […] Il paraît que cette fable avait été laissée dans le porte-feuille de l’auteur, et qu’elle était faite depuis longtemps ; car il y parle un peu d’amour : ce qui eût été ridicule à l’âge où il était, quand ce douzième livre parut. […] La vanité de l’éléphant, le besoin qu’il a de parler voyant que Gille ne lui dit mot, l’air de satisfaction et d’importance qui déguise mal son amour-propre, le ton qu’il prend en parlant du combat qu’il va livrer et de sa capitale : tout cela est parfait.
C’est Rabelais, Marot, Malherbe, Pascal et Racine qui ont conduit celle que nous parlons au point où elle est. […] C’est de chercher, dans la langue étrangère qu’on apprend, des expressions correspondantes à celles de la langue qu’on parle, et qu’on sait. […] — Et voilà les raisons pour lesquelles nos littérateurs écrivent et parlent couramment le latin, que peu écrivent le grec et qu’aucun ne le parle. […] Je ne parlerai pas de cet arbitre Pétrone du bon goût de la cour de Néron, son nom seul fait rougir. […] Il n’a pas fait davantage parler de lui.
Nous ne parlons pas de ces derniers, dont le cas a été étudié et n’a plus qu’un intérêt historique. […] Parler de la traduction de ces œuvres serait venir trop tard sur uns place déjà déblayée. […] Schuré (je parle du second volume), un certain caractère de précision analytique. […] Quand l’auteur de ces articles a parlé de Wagner, il n’a pensé qu’à Wagner. […] Gounod parlait impartialement du maître de Bayreuth, il disait, assure-t-on, que Wagner a tracé un sillon de feu.
N’en parlons plus. […] Il en parle avec détachement. […] D’abord, on n’y parle guère que des morts. […] Ils n’ont parlé que d’eux. […] Je ne parle pas des Grecs.
Gabrielle était la cinquième de six filles qui firent toutes parler d’elles. […] Sully a beaucoup parlé de Gabrielle dans ses Mémoires, et les pages en ont été fort commentées. […] Mais je crois, mon ami, que cette femme est morte, voire peut-être n’est pas encore née ni prête à naître ; et partant, voyons un peu ensemble quelles filles ou femmes dont nous avons ouï parler seraient à désirer pour moi, soit dehors, soit dedans le royaume ». […] Pourtant elle avait des ennemis72, des rivales ; on parlait déjà de la jeune princesse de Florence, Marie de Médicis, pour la faire arriver au trône de France. […] Sully survenant lui cita les Psaumes et lui parla du doigt de Dieu, dont la sagesse convertit souvent notre mal en bien ; il parlait en cela comme sentaient tous les bons Français, que la mort de cette pauvre femme tirait d’une inquiétude grave.
Ce que je veux dans cet article, n’est que de faire littérairement, et à l’aide des mémoires de Lassay, le commentaire et la démontstration (sauf correctif) du portrait que Saint-Simon a donné de lui ; je laisse donc avant tout parler le maître. […] La Grande Mademoiselle, chez qui le père de Marianne avait l’office d’apothicaire et qui considérait Marianne elle-même comme une de ses domestiques, a parlé d’elle avec hauteur. […] M. de Lorraine parla à ses parents de ses intentions, et la chose alla si loin qu’il y eut un contrat de mariage fait dans toutes les formes ; que les bans furent publiés, et le jour pris pour faire le mariage. […] Le Tellier, qui demanda à parler en particulier à la mariée. […] Dans la visite qu’il fait à une charmante villa à Bagnaia près Viterbe, il est évident, à la manière dont il y est accueilli et dont il en parle, qu’il s’y considérait volontiers en passant comme le maître de la maison.
Ainsi j’ai déjà parlé de Buffon1 : mais comment n’être point tenté de reparler d’un si noble écrivain à propos d’une édition nouvelle et vraiment nouvelle de ses Œuvres, édition excellente de texte, élégante et commode de format, sobre et classique de notes, et à laquelle M. […] J’ai souvent causé avec des savants modestes qui se rattachent à cette méthode de philosophie et d’expérience, et, après chaque entretien, je suis toujours sorti plein de respect pour Buffon savant, sans parler de cette autre admiration qu’on a de soi-même pour le peintre et l’écrivain. […] Mais il semble que les auteurs, dans leur préoccupation morale, aient vu Buffon plus chrétien finalement et en général plus religieux qu’on n’est accoutumé à se le représenter ; il y est parlé, en un endroit, « de sa profonde religion de cœur ». […] Si ces mêmes choses avaient été dites pour la première fois par quelqu’un en français, on ne les remarquerait guère ; Goethe parle de Buffon en termes élevés, mais vagues, et en passant : ce passage, il est vrai, se lie à une défense de la doctrine de M. […] Je ne me pardonnerais point d’avoir parlé si longuement de Buffon sans en rien citer, et le lecteur aurait droit de m’en vouloir.
Dans son Histoire, d’Aubigné affecte de ne vouloir qu’exposer et raconter, et de ne point porter de jugements ; il s’impose la loi de ne donner louange ni blâme : il lui suffit de faire parler les choses. […] Ce notable seigneur, deux heures après avoir donné le bonsoir à sa femme, fut réveillé par les chauds soupirs et sanglots qu’elle jetait : il se tourne vers elle, et après quelques propos il lui donna occasion de parler ainsi. […] Il ne se montre pas moins orateur et moins à son avantage en une autre circonstance mémorable où il eut à parler devant de nombreux témoins. […] Il est trop plein et trop près de son sujet pour nous l’expliquer, et il parle à des gens qui alors l’entendaient à demi-mot. […] [NdA] Je ne parle (bien entendu) que de la Réforme simplement en France, et de la Réforme considérée comme parti politique.
Le marquis de Villars, qui découvrit leur intention. parla haut, maintint son droit, et eut raison de leur procédé malhonnête ; il assista à la cérémonie : « Le roi arriva sur les onze heures du matin au village, composé de neuf ou dix maisons. […] Après cela, nous nous sommes tenus en repos… » Enfin, la visite a lieu ; nous sommes maintenant entre les mains du plus aimable guide, et je le laisse parler : « Je fus hier au Retiro. […] Le roi a un petit nain flamand qui entend et qui parle très bien français. […] L’ennui du palais et de la vie qu’on y mène est affreux ; « et je dis quelquefois à cette princesse, quand j’entre dans sa chambre (c’est toujours Mme de Villars qui parle), qu’il me semble qu’on le sent, qu’on le voit, qu’on le touche, tant il est répandu épais ! […] Elle est particulièrement agréable à nous parler du Mançanarès, qui a si peu d’eau et sur lequel on a bâti deux énormes ponts, assez larges pour laisser passer le Rhin ou le Danube : « Je veux vous parler (24 mars 4680) d’une promenade où je fus hier, qui est la plus ordinaire quand il fait chaud, et il en fait déjà beaucoup ici.
En remontant à quelques années en arrière, je rencontre sur Corneille quelques ouvrages littéraires qu’il n’est que juste de rappeler quand on parle de lui : Et d’abord le Corneille et son temps de M. […] J’ai laissé échapper l’occasion de parler, au moment où il a paru, du volume assez controversé de M. […] Quand on parle de l’intuition historique de Corneille, il faut l’entendre dans ce sens-là, dans le sens large et non étroit. […] Le Cid en personne, vieux et amoureux, n’aurait point parlé d’un autre ton. […] Aussi, messieurs, s’il vivait, je le ferais prince. » Quand Napoléon parlait ainsi de cette tragédie qui transporte et qui élève, il n’avait pas seulement entendu ou lu du Corneille, il avait vu Corneille par Talma.
Il y a déjà longtemps que j’ai envie, ne fût-ce que par variété, de parler une fois d’un ancien, et je n’ose. […] À propos du soleil, âme de la nature, dont il trace un éclatant tableau, il en vient à parler de Dieu. […] Je ne parle pas ici de son courage, de sa fermeté, de cette hauteur de pensée capable d’embrasser tout ce qui est sous le ciel ; mais je parle d’une vigueur qui lui était propre, et d’une rapidité qui semblait de feu. […] Sans parler des victoires remportées dans les guerres civiles, 1 192 000 hommes ont péri dans les combats livrés par lui. […] Il faut voir comme il parle de ses affranchis, des gens de sa maison, comme il les soigne en père de famille quand ils sont malades, comme il les pleure quand il les perd !
Mais il faut que Michelet parle lui-même. […] Quand il en parle, le voilà bourgeois ! […] Mais il parle pour lui, du reste ; il a raison. […] Mais on en parle peu. […] Je parle pour ceux qui l’ont grande et sensible.
Vous parlez comme il faut des ordurières tentatives d’un M. […] Mais j’ai parlé de notion divine. […] Les poètes savants commencent à parler. […] À parler vrai, il était temps qu’on renonçât à la gracieuse friperie des regrets poétiques. […] On parle chinois à Paris et anglais à Singapour.
Nous parlons à l’artiste comme Schopenhauer à la Nature. […] Lui, il parlait plutôt en artiste. […] La passion, au contraire, ne parle pas ; elle ne s’exprime pas en sentences. […] Ici parlent une autre sensualité, une autre sensibilité, une autre joie. […] » Depuis lors, plus jamais Nietzsche ne parla à Wagner de ses compositions.
Grimm, Collé, ont parlé de lui avec esprit, mais avec quelque dédain et bien de la sévérité. […] On s’en moquera tant que l’on voudra ; le reste de la vie n’est que de la galanterie, de la convenance, des traités, dont la condition secrète est de songer à se quitter au moment que l’on se choisit, comme l’on dit que l’on parle de mort dans les contrats de mariage. […] Il en parla à M. d’Argenson le cadet, alors lieutenant de police, et l’ami intime du président Hénault : M. d’Argenson indiqua celui-ci. […] Il parle de lui, au début, en termes modestes, et qui sont faits pour être agréés : Je n’ai point joué de rôle, dit-il, mais j’ai souvent été témoin. […] Ce fut le chant du cygne… C’est Grimm qui vient de parler si méchamment.
Il me fallait cette occasion pour parler de Collé, quoique j’en aie eu envie bien souvent. […] Mais la fumée littéraire si subtile lui a évidemment monté au cerveau et l’a légèrement enivré ; bien traité et plus que poliment par des critiques en renom, il s’est dit qu’il était un critique littéraire lui-même, et voici en quels termes il parle ou fait parler de lui dans un Prospectus, destiné, dit-il, à la province, mais que les gens de Paris ont pu lire au passage : « M. […] Bonhomme : il n’est pas commode de parler à fond de ce poète-là dans un journal ; je compte y revenir ailleurs ; mais sur Collé, nous avons et allons avoir tous les moyens d’en juger. […] Dès lors n’en parlerons-nous que pour mémoire. » Non, cela est capital dans la biographie de Collé, et il s’accommoda longtemps de ce genre de vie. […] Je conseille à tous ceux qui veulent connaître Collé de chercher les feuilletons où Mlle de Meulan a parlé de lui, et de lire les anecdotes qu’elle cite.
Avec sa sœur Marie-Christine elle entre dans plus de détails ; elle parle plus à cœur ouvert et ose avouer ses craintes qu’avec un peu de superstition il ne tiendrait qu’à nous de prendre pour des pressentiments : « Ma chère Christine, la seule à qui j’ose parler à cœur ouvert, je suis arrivée à Augsbourg aussi navrée que la dernière fois que je vous ai écrit. […] Voilà à quoi sert un Mentor homme d’esprit qui parle à demi-mot à qui sait entendre. […] Je n’ose pas parler devant lui depuis que je l’ai entendu à un cercle reprendre déjà pour une petite faute de langue la pauvre Clotilde qui ne savait où se cacher. […] C’est dans une lettre à Marie-Thérèse qu’elle en rend compte : « Reste Mme Du B. dont je ne vous ai jamais parlé. […] Je ne me départirai pas de vos conseils, dont je n’ai pas même parlé à M. le Dauphin, qui ne peut la souffrir, mais n’en marque rien par respect pour le roi.
Dès la fin de 1788, ce n’était plus le roi qui parlait, c’était l’avocat consultant de la Couronne, « demandant conseil à tout le monde et ayant l’air de dire à tout venant : Que faut-il faire ? […] Après avoir parlé pendant trois heures sans lasser personne95, il me dit qu’il était à jeun depuis vingt-quatre heures, qu’il ne vivait que de lait et qu’il n’avait pu en trouver sur la route. […] « Prenez bien garde, ajouta-t-il, que je suis le seul dans cette borde patriotique qui puisse parler ainsi sans faire volte-face. […] On parle toujours de l’Angleterre à tort et à travers pour l’opposer à la France. […] Jean de Muller qui le vit à Berne a dit de lui : « Il aime à parler, sa conversation est instructive, et c’est un honnête homme. » (Études sur l’histoire littéraire de la Saisie française, par E.
Il a été parlé surabondamment, ce semble, de Mme Roland ; nous-même en avons écrit une longue fois, on vient de le voir ; mais puisque l’occasion se présente, parlons d’elle encore. […] Elle a parlé dans ses Mémoires de ce qu’elle appelait proprement ses extraits, de ses Œuvres de jeune fille ; ces lettres-ci en sont le complément. […] Quand elle parle de son barbouillage, est-ce bien sérieux ? […] On ne parle pas ainsi d’un indifférent ; c’est bon signe pour M. […] J’ai parlé une dernière fois de Mme Roland, à l’occasion des nouveaux documents publiés en 1864 (tome VIII des Nouveaux Lundis.
Mme d’Épinay, qui a fait des traités d’éducation (et des traités couronnés par l’Académie), et qui a eu des amants, valait mieux que ces femmes dont je parle. […] Rousseau a parlé d’elle dans ses Confessions avec peu de justice, même en ce qui concerne la beauté ; il a insisté sur de certains agréments, essentiels selon lui, et qui auraient manqué à Mme d’Épinay ; il a parlé d’elle, enfin, comme un amoureux qui n’aurait pas été écouté. […] Et la scène continue sur ce ton, Mme d’Épinay se promettant de n’avoir jamais d’amant, flattée cependant qu’on lui en parle, et au fond en ayant un déjà, et Mlle d’Ette, pour la faire parler et se rendre maîtresse, s’attachant adroitement à piquer, à effaroucher, à rassurer et à enhardir cette jeune âme, à l’incliner vers les fins qu’elle se propose. […] On ne parle jamais de Grimm sans en dire beaucoup de mal, je ne sais en vérité pourquoi. […] Et quand ce n’est pas à elle qu’il parle, avec quelle justesse encore, redoublée et animée de tendresse !
Puisqu’on en peut causer comme d’une chose morte, et que le poison a péri avec le parfum, parlons-en donc sans complicité, sans pruderie, et comme d’un des témoignages les plus curieux des mœurs d’une époque qui a commencé par être frivole et qui a fini par être sanglante. […] Parler de Mme de Lauzun à propos de M. de Lauzun, est la plus grande vengeance qu’on puisse tirer de celui-ci, et je ne m’en ferai pas faute. […] Cette Mme Du Deffand dont il parle si négligemment l’a très bien jugé dans une lettre d’alors à Horace Walpole. […] On a beaucoup parlé d’une certaine plume de héron blanche que la reine avait remarquée au casque de Lauzun, qu’elle avait désiré avoir, et qu’il avait donnée à Mme de Guémené pour la lui offrir. […] Je lui témoignai mon étonnement que l’ami du duc d’Orléans… me parlât ainsi.
Il ne parla point vaguement d’opinions religieuses, il montra la croix. […] Necker est une langue qu’il ne faut pas parler, mais qu’il faut s’appliquer à entendre, si l’on ne veut pas être privé de l’intelligence d’une multitude de pensées utiles, importantes, grandes et neuves. […] Il n’aurait pas osé parler ainsi deux ans plus tard, après 1793 ; car il était certes un des privilégiés du sort ; mais, en 1794, il se croyait une victime choisie entre tous, et il gémissait. […] Beaucoup de gens ont parlé après lui de l’accord parfait de la morale et de la politique ; il n’en parlait pas seulement, il y croyait, et s’y astreignait aussi scrupuleusement que possible en toute circonstance ; mais il entendait cette morale au sens strict et particulier de l’homme de bien agissant dans la sphère privée. […] Je conçois encore qu’on parle avec cette légèreté de Mazarin, dont la réputation historique, à cette date, n’était pas rétablie encore ; mais s’exprimer avec ce dédain naïf sur Richelieu, dire avec satisfaction et en redressant la tête : « S’il vous faut un Richelieu, trouvez-le ailleurs, ce n’est pas moi » ; cela juge le politique, en M.
. — Naudé commence sa lettre par des compliments et des excuses à Peiresc et parle de diverses commissions ; puis il ajoute : « Je viens tout maintenant de recevoir lettre de Paris de M. Gaffarel qui me parle entre autres choses de l’affaire de C. […] C’est pourquoi je vous prie, monsieur, de pardonner si je vous en parle si longtemps : Ipse est catharma, carcinoma, fex, excrementum, — de tous les hommes de lettres auxquels il fait honte et déshonneur… » Le reste de la lettre est sur d’autres sujets ; elle est datée de « Riète, ce 30 juin 1636. » On y peut joindre cette note que Guy Patin écrivait vers le même temps dans son Index ou Journal : « 1635. — Le 19 mai, un samedi après midi, ai visité aux Jacobins réformés du faubourg Saint-Honoré un Père italien, réputé fort savant homme, nommé Campanella, avec lequel j’ai parlé de disputes plus de deux heures. […] J’ai mené assez volontiers ma vie littéraire avec ensemble et activité, selon le terrain et l’heure, avec tactique en un mot, comme on fait pour la guerre, et je la divise en campagnes. — Je ne parle ici que de ma critique.
Alors, de quoi que l’on parle, science, art, industrie, il faut employer les mots de tout le monde. Il ne s’agit plus de parler en homme de métier, puisqu’on ne parle plus à des gens de métier. […] La langue que tout le monde parle emprunte aux langues spéciales des sciences et des métiers un certain nombre de termes techniques qui correspondent aux objets les plus usuels et les plus connus. […] Ce sont comme des visages inconnus, indifférents, s’ils ne sont pas étranges, qui arrêtent l’œil un moment par l’étrangeté, mais ne parlent pas à l’âme.
Section 25, du jugement des gens du métier Après avoir parlé des jugemens du public sur un ouvrage nouveau, il convient de parler des jugemens que les gens du métier en portent. […] Ainsi le sujet de l’imitation, c’est-à-dire, les évenemens de la tragédie et les expressions du tableau, font une impression legere sur les peintres et sur les poëtes sans génie, qui sont ceux dont je parle. […] On voit bien que j’ai parlé seulement ici des peintres et des poëtes qui se trompent de bonne foi. […] L’on a souvent eu raison de reprocher aux illustres dont je parle, le trait d’amour propre dont Auguste fut accusé ; c’est de s’être choisi dans la personne de Tibere le successeur qu’il croïoit le plus propre à le faire regretter.
Quand ils parlent d’eux-mêmes, c’est comme s’ils parlaient de tout le monde. […] Et si les ombres parlent, elles ne parlent que des choses de la terre. […] C’est là que parlé la science. […] Sarcey le soin d’en parler. […] Parlerai-je du purgatoire ?
Bourdaloüe ; il fut un des premiers qui firent parler la raison. […] Parler avec trop de liberté, c’est marquer de l’audace ; parler avec trop de franchise, c’est trop ouvrir son coeur. […] Les grands se couvrent devant le roi, ou avant de lui parler, ou après lui avoir parlé, ou seulement en se mettant en leur rang avec les autres. […] Polybe contemporain n’en auroit-il pas parlé, si elle avoit été vraie ? […] Il daigne parler dans un buisson le langage humain ; il paroît sur une montagne.
« Que parlé-je, au reste, de mon vœu personnel ? […] N’en parlons plus. […] Matthieu est ici, et nous nous sommes déjà beaucoup parlé de vous. […] Millin l’antiquaire : il m’a parlé de M. […] Il vient de m’envoyer ses derniers ouvrages ; si je les trouve dignes de vous, je vous les ferai passer. — Le directeur de la police, M. de Norvins, m’a parlé de vous ; il connaît plusieurs de vos amis et des miens, et parle de vous comme tout le monde en parle.
Nous n’avons point parlé de toutes les productions de M. […] Henri Heine que nous voulons parler. […] Partout on parlerait latin ; et les Souabes s’appelleraient Quirites. […] Maintenant, si tu veux monter chez moi, parle ! […] La preuve c’est qu’au moment où je parle, il est retombé de tout son poids dans la très profonde obscurité d’où M.
Il a parlé de l’amour, plus souvent qu’il ne l’a ressenti : plus ingénieux encore, plus guindé et plus alambiqué, quand il adresse ses propres soupirs à la vicomtesse d’Auchy, que lorsqu’il porte ceux du roi à la princesse de Conti. Il a parlé de la mort : toujours on sent Horace, ou Sénèque, ou la Bible derrière lui. […] Jamais il n’a pu parler à Henri IV sans lui promettre la conquête de l’Égypte. […] Car si l’on parle pour se faire entendre, c’est raison qu’on parle comme tout le monde. […] Il entrait encore dans le grand chemin du siècle, en laissant les sentiers des libertins comme des hérétiques, et, tout indifférent qu’il était au dogme, il enveloppait son stoïcisme des façons de parler chrétiennes.
À exactement parler, ce n’est pas un livre, et c’est sa gloire comme son caractère, de n’être pas un livre. […] Craven raconte bien moins la vie des siens qu’ils ne la vivent et ne la parlent eux-mêmes devant nous. […] Comme disait le prince de Ligne, cet homme d’un esprit fou qui créait un Rousseau, lorsqu’il parlait de Rousseau : Elle aurait eu du style quand elle aurait parlé d’un morceau de fromage. […] Mme Craven parle comme tout le monde. […] Elle ajoutera au tas de feuilles tombées… Mais puisque j’ai parlé de roses, pour elle, ce ne sera pas des feuilles de roses qui y tomberont !
Parce que Swedenborg est Suédois, on a beaucoup parlé des aurores boréales de ses livres. […] Matter, qui aurait dû parler de Balzac, a-t-il gardé le silence ? […] Je ne parle pas du protestant de naissance, du protestant nominatif ; Byron, Shakespeare, Klopstock, et tant d’autres, étaient protestants, et, certes ! […] Il fut, pour parler toujours comme M· Matter, la grande personnification des éléments théosophiques de son époque. […] je me trompais évidemment quand je parlais du tort que lui avait fait, dans l’esprit des connaisseurs en poésie, la comparaison de ses œuvres avec un livre comme Séraphitus-Séraphita.
Pourtant il parlait assez distinctement. […] Elle ne peut plus parler. […] Ne peut-on pas se dispenser de parler français ? […] Michel fut le seul qui parlât pendant le dîner. […] Pierre parle de son ami avec une vive cordialité.
Donc il parlait peu. […] Il ne parlait pas ; mais ses yeux parlaient pour lui. […] Vaut-il mieux en parler sans conclusion, et, en apparence, pour le seul plaisir d’en parler ? […] Il aimait à parler. […] On parle d’ambition personnelle.
Vous qui commencez à écrire, ne déguisez pas la platitude de la pensée sous la prétention du style : parlez platement, tant que vous ne penserez pas mieux. […] La condition de tout progrès, c’est de toujours mesurer son langage à sa pensée, et de ne viser qu’à parler avec propriété. […] Une certaine catégorie de synonymes ne paraît pas présenter cette différence de sens dont je parlais tout à l’heure : un coursier n’est ni plus ni moins qu’un cheval. […] Cette révolution, où périt le langage noble, mit naturellement hors d’usage le terme noble de chaque couple de synonymes : qui parle de coursiers aujourd’hui ? Ceux de ces mots qui ont survécu n’ont pas été gardés comme nobles, mais comme propres à certains objets : on parle de guerriers germains ou de guerriers indiens, faute d’autre terme et parce que le nom de soldat implique une organisation et une hiérarchie militaires qui ne se rencontrent pas chez les tribus barbares ou sauvages.
N’oublier ni les femmes, ni les enfans des Rois ; mais ne parler des Rois mêmes, qu’à propos des affaires, & ne relever aucune circonstance de leur vie, qu’autant que cette circonstance aura contribué aux grands changemens. […] Quand les affaires publiques font le fil de l’Histoire, il est toujours suivi : quand les Rois n’y sont considérés qu’autant qu’ils ont servi à les faire changer, on les y fait entrer avec bien plus d’agrément, que lorsqu’on se met en tête de ne parler des affaires que selon qu’elles servent à relever ou diminuer la gloire des Rois. Il n’est permis de suivre toutes les années d’un Prince, & toutes ses actions en détail, que quand on entreprend d’écrire sa Vie en particulier ; alors on peut ne parler des affaires, que pour le faire paroître tel qu’il a été : mais en écrivant l’Histoire d’une Nation, il ne faut parler des Princes, que pour faire paroître quels ont été les différens ressorts de l’Etat.
Et toujours, toujours, toujours il parle de lui, mais avec une vanité de gros enfant qui n’a rien d’agaçant. […] Non seulement la femme, mais même le mari me parle à table ! […] Il y a, chez presque tout le monde un respect, admiratif pour le beau qui ne leur parle pas leur langue. […] Quand nous l’aidons à remonter en voiture, il est suffoqué à ce point qu’il peut à peine nous parler. […] Dans la rue les gens qui se rencontrent, dans les restaurants, les gens qui causent ; tout Paris parle de nous dans nos oreilles.
Quand le roi fait à quelqu’un l’honneur de lui parler, c’est d’un ton royal. […] 67 C’est un cadavre. « Otons-nous, car il sent », il parle avec bon sens, et franchement, mais grossièrement et avec des tournures triviales, Il appelle la lionne « ma commère », tout comme s’il parlait à une bonne femme de village. […] Seulement il parle d’un ton plus doux. […] Parlons-en tout à notre aise ; nous sommes de cette bande, et nous avons le droit de la montrer telle qu’elle est. […] Non, non, c’est à vous de parler.
Est-ce vous qui parlez avec la voix du cor ? […] ne parlez de cela à personne ; vous irez rendre ce livre à M. […] Et pourquoi donc en as-tu parlé ? […] je n’oserai jamais lui parler ! […] De quelle bonté parlez-vous ?
Parlez ! […] Mais si l’on avait parlé à Piron de ces services que rendait à l’esprit humain l’auteur de l’Essai sur les Mœurs, il aurait haussé les épaules. […] Son hôte m’en parla fort mal et me dit surtout qu’il avait plus besoin de demeurer chez un apothicaire que chez un marchand de vins. […] Un jour, on parlait devant lui du maréchal de Belle-Isle, de son ambition sans bornes, de cette vanité propre aux Fouquet et de ce faste qui se mêlait à tout. […] C’est bien l’inspiré dont Grimm a parlé, et qu’une pointe de demi-vin ou d’ivresse de gaîté anime.
Je mêle tout et je parle, je parle, je parle. […] Le parnassien pense et parle par symboles. […] Soit, exorcisons le fantôme de l’Absolu, pour ne parler que d’états d’âme. […] Pour être plus clair parlons allemand. […] Scaliger en France et Jean de la Taille en parlèrent.
Nous allons vous parler aujourd’hui du sublime musicien Mozart, comme nous vous parlerons dans quelque autre entretien de Phidias et de Raphaël, ces deux grands littérateurs de la pierre ou de la toile, qui ont parlé aux siècles par la main au lieu de parler par les lèvres. […] Ils s’étudièrent, avant même que l’enfant pût parler, à cultiver son oreille plus encore que sa parole. […] La reine parle aussi bien l’allemand que nous. […] En passant, les uns après les autres parlèrent avec notre Wolfgang, et nous les suivîmes jusqu’à la table. […] Le cardinal en témoigna une grande joie, disant que Wolfgang parlait bien l’italien.
Ainsi crient-ils ; demandez-leur cependant, à ces difficiles, quel âge ils ont en effet, eux qui parlent ? […] » Ainsi pouvait parler mademoiselle Mars ! […] De tous ces causeurs, proscrits ou morts, Marivaux est resté, comme celui de tous qui parlait le mieux, et comme le dernier qui ait parlé. […] » Parlant ainsi, elle était belle et elle parlait bien ! […] En ce moment elle m’apparaît comme cette loi suprême dont il est parlé dans un dialogue de Cicéron ; écoutez !
Quand on avance qu’un nombre est plus grand qu’un autre nombre ou un corps qu’un autre corps, on sait fort bien, en effet, de quoi l’on parle. […] et n’y a-t-il point alors contradiction à parler de quantité inextensive ? […] Pourtant vous parliez d’abord d’une seule et même sensation de plus en plus envahissante, d’une piqûre de plus en plus intense. […] N’a-t-on pas dit qu’entendre, c’est se parler à soi-même ? […] La physique nous parle en effet des degrés d’intensité lumineuse comme de quantités véritables : ne les mesure-t-elle pas au photomètre ?
Je vous parle de la guerre des comités. […] Ce fameux relativisme esthétique dont vous m’avez si souvent parlé ? […] Paul Vous en parlez à votre aise. […] Pierre On ne parlera jamais trop d’un si grand poète. […] Et les auteurs dont on ne parle pas sont les plus enragés.
Avant de répondre, il ne se dissimule pas combien il lui sera plus difficile de convaincre aussi victorieusement ses lecteurs que ses auditeurs quand il parlait au public. […] Cette apostrophe rappelle les pages les plus lyriques des philosophes modernes ; Rousseau y a puisé certainement ses mouvements d’âme qui chantent au lieu de parler. […] « Et, comme toute espèce a quelque propriété qui la distingue essentiellement, aussi l’homme en a-t-il une, mais bien plus excellente ; si c’est parler convenablement, que de parler ainsi de notre âme, qui est d’un ordre tout à fait supérieur, et qui, étant un écoulement de la divinité, ne peut être comparée, l’oserons-nous dire, qu’avec Dieu même. […] C’est ainsi qu’en parlent tous les écrivains du temps. […] C’est Scipion qui parle, et qui, après avoir professé la politique de la vertu, chante les récompenses que le ciel réserve aux vrais politiques : lisez toujours.
* * * — Ne jamais parler de soi aux autres et leur parler toujours d’eux-mêmes, c’est tout l’art de plaire. […] répétait Flaubert dans un coin du salon avec l’ignorance d’un vrai provincial, — Mon cher, — c’est Claudin qui parle, — Markowski était un bottier. […] De grosses moustaches blanches lui masquent la bouche, et lui remontent jusqu’au bout du nez, quand il parle. […] * * * — Parler pour parler, c’est la femme. […] La femme chante, quand elle est seule, pour parler.
Pour parler le langage de M. […] Retz, moins engagé à ce sujet que La Rochefoucauld, et qui aurait bien voulu l’être autant, a merveilleusement parlé de Mme de Longueville. […] Brayer monte, et, après le pouls tâté, il se met à parler d’un livre nouveau qui fait bruit, et qu’on attribue, dit-il, à messieurs de Port-Royal : « Les uns le donnent à M. […] « Elle écoutoit beaucoup, n’interrompoit jamais, et ne témoignoit point d’empressement de parler. […] On ne va parler d’autre chose durant quelque temps… Je la crois heureuse et que Dieu lui aura fait miséricorde.
L’instinct de chanter est aussi naturel à l’âme, et surtout à l’âme émue, que l’instinct de parler. […] L’œil plus perçant et plus exercé d’une jeune couturière nommée Nicette, qui travaillait habituellement au château, finit par tout entrevoir ; elle parla à la Jumelle des attentions du petit Didier ; elle parla au petit Didier des préférences de la Jumelle ; elle finit ainsi par en savoir assez sur l’état de ces deux cœurs pour que le toucheur de bœufs crût pouvoir s’enhardir jusqu’à la pensée de faire parler de mariage au père de la jeune fille. […] J’en parlai à mon oncle : c’était l’esprit le plus accommodant et le cœur le plus facile à émouvoir qu’il y eût sous une poitrine d’homme […] « Il m’a dit : — Parle, je t’écoute ! […] — Et qu’il parle aux merles, à la lune, aux étoiles, aux bœufs et aux alouettes ?
Je lui parlais du bon Dieu ; rien n’est plus aisé que d’être entendu des pauvres, des malheureux, des délaissés du monde, quand on leur parle du ciel. […] Ceci n’est qu’un délassement, un temps de reste que je te donne quand je puis, la nuit, le matin, à toute heure, car à toute heure on peut causer quand c’est avec le cœur que l’on parle. […] N’en parlons plus, elle n’est plus là ; mais sa chère âme y est tout entière. […] Adieu, Maurice ; nous avons bien parlé de toi en montrant les cadeaux de noce. […] Si, quand je lisais Prascovie ou le Lépreux, l’espoir d’en voir l’auteur ou de lui parler m’était venu, j’en aurais eu des enthousiasmes de bonheur.
Je ne parlerai que des genres et ne nommerai que les morts. […] Elle parle plus volontiers de ses plaisirs que de ses dégoûts ; elle tient plus à nous faire aimer les beautés des livres, qu’à nous rendre trop délicats sur les défauts des écrivains. […] On parle des auteurs de comédies comme d’agréables esprits qui ont fait passer de bons moments à leurs contemporains ; on parle des auteurs de tragédies comme d’esprits fourvoyés qui ont eu le travers de viser au génie. […] Si j’ai pu croire, pour les œuvres antérieures au dix-neuvième siècle, que je parlais au nom de beaucoup de gens, pour toutes les œuvres contemporaines je n’ai parlé qu’en mon nom. […] J’y parle d’un plus grand’nombre d’auteurs, et plus longuement de plusieurs de ceux qui figurent dans la conclusion.
Le saint évêque parla sur ce sujet d’une manière si vive et si touchante, qu’il changea la haine et l’aversion qu’on avait pour Eutrope en compassion, et fit fondre en larmes tout son auditoire. […] Avais-je tort de vous parler ainsi ? […] Mais si c’est un fils, l’éducation en est bien plus difficile, et c’est un sujet continuel d’appréhensions et de soins, sans parler de ce qu’il coûte pour le faire bien instruire. […] Partout ailleurs, c’est un homme qui parle à des hommes : ici, c’est un être d’une autre espèce : élevé entre le ciel et la terre, c’est un médiateur que Dieu place entre la créature et lui. […] Le lieu même d’où il parle, celui où on l’écoute, confond et fait disparaître toutes les grandeurs pour ne laisser sentir que la sienne.
Mais écrit de sang-froid et crûment, c’est trop facile, et l’auteur mérite qu’après avoir lu son compliment, on lui réponde : « Parlez pour vous ! […] Deux témoins considérables, et qui ont eu part inégalement à sa familiarité, nous en parlent sur le même ton, et nous le peignent dans les années qui précédèrent 89. Mirabeau, dans des lettres intimes à Chamfort, lui parle comme à l’ami non seulement le plus cher et le plus sympathique, mais le plus excitant, le plus inspirateur. […] M. de Chateaubriand, dans son Essai sur les révolutions, parle de Chamfort avec un enthousiasme à peu près égal à celui de Mirabeau. […] » — Pour en revenir à Chamfort qui a servi de prétexte et de point de départ à la querelle qui m’est faite, je le goûte certes, et je fais le plus grand cas de son esprit et du tour qu’il y donne ; mais j’ai parlé de son âcreté, de son acrimonie et de son cynisme final comme en ont parlé presque tous ceux qui l’ont connu : mon étude a été une étude morale et non politique.
En un mot, j’ai pénétré dans le secret de Sieyès, et c’est pourquoi j’ose en venir parler. […] Vous me parlez des genres démonstratif, judiciaire, etc. […] toutes les fois qu’il a à parler du clergé, il est plus sage. […] Vous en tenez un, et vous lui parlez raison. […] C’est donc folie que de parler avec eux, et surtout que de chercher à les instruire.
La rime et la gaudriole, ça excuse, ça autorise les choses les plus cochonnes ; — mais que si vous vous avisez de parler en prose et de tenter le cru, le vrai, le philosophique : les Legonidec sont là. […] Puis il nous parle des peintures de la Sainte-Chapelle qu’il a été voir avec son neveu Viollet-le-Duc, qui s’est écrié : « Eh bien, maintenant il faut un perroquet pour cette cage ! […] Ici tout est de l’homme et à l’homme ; à peine un maladif arbre dans une crevasse d’asphalte, et ces façades lépreuses me parlent comme ne m’a jamais parlé la nature. […] » C’est Banville qui nous parle ainsi, après la lecture d’un acte intitulé : Incroyables et Merveilleuses, et que nous avions écrit, après notre Histoire du Directoire. […] Quand on lui parle de l’avant-dernière couche de ses amis, on sent qu’il y a déjà des pelletées d’oubli dessus.
Tous ceux qui l’ont connu parlent de son absence d’humeur et de la douceur de son commerce. […] Saint-Simon parle de lui dans sa vieillesse comme d’un fade adulateur du cardinal de Fleury ; mais, en examinant les idées, les inclinations douces et pacifiques de Lassay, on voit que le cardinal de Fleury les réalisait suffisamment à son heure, et, s’il y a eu flatterie, c’était une flatterie toute naturelle, un faible de vieillard pour un vieillard. Bolingbroke, dans une lettre à Mme de Villette (lady Bolingbroke), a parlé mieux que personne de Lassay arrivé à la grande vieillesse, et il en a fait le portrait le plus souriant : Que j’aurais mangé avec plaisir, écrit-il, de ce potage aux choux chez le plus aimable homme du monde ! […] Les écrits dont j’ai parlé ne sont pas proprement de la littérature, ce sont des témoignages de société qui viennent en aide et en ornement aux jugements littéraires. Lassay, je l’ai dit, n’est pas un écrivain ; son style est sans cachet, mais il parle en perfection cette langue pure, polie, incolore, exempte du moins de tout mélange, et parfaitement naturelle, que continuent de parler et d’écrire les personnes de goût de l’époque qui succède, le président Hénault, Mme de Tencin.
Les Français sont sujets à ces intermittences de fatigue et d’excitation et, pour parler net, à des fièvres périodiques de turbulence. […] Mais indépendamment de ce que de si grands modèles sont toujours fort au-dessus de toutes les copies, Montesquieu a trouvé dans son livre des facilités qu’il n’aurait pas eues dans celui dont je parle. […] Montesquieu, qui savait l’histoire et qui a si fortement parlé de la République romaine, n’avait pas cette horreur des Trajan ; il a sur eux, à la rencontre, d’humaines et de magnifiques paroles, et il s’est montré en cela un parfait philosophe. […] Je n’ai parlé que de la Correspondance. […] malgré les dissentiments qu’il doit faire naître en vous dans cette partie, à la vérité minime, de sa Correspondance, tout ce que je souhaiterais serait que vous pussiez parler encore de ce nouveau livre à vos lecteurs.
L’abbé Séguin me parlait souvent de ce travail, et j’y avais une répugnance naturelle. […] je parle des plus sincères. […] Pendant qu’il se disait ces choses assez haut, une voix intérieure lui parlait plus bas, et cette voix avait un nom pour lui. […] Je ne parle pas des libelles qui coururent, mais il eut à soutenir des discussions sérieuses et dans lesquelles il ne parut pas toujours avoir raison. […] Il ne parle jamais du pénitent rigoureux qu’avec tendresse.
Par les Odelettes dont j’ai parlé à plusieurs reprises, il se rapproche il est vrai des choses simples, mais dans un esprit différent. […] On a parlé des héros grecs avec le langage de la France, c’était une âme française qui se pliait à imaginer Thésée, Brutus ou Cinna. […] Même lorsqu’il parle de son âme — ce qui arrive trop fréquemment, — il semble impossible qu’il ne s’agisse pas d’une âme supposée. […] La première affirme, ordonne et convainc, la seconde suppose et persuade ; l’une parle et s’écrie, l’autre chuchotte. Selon le précepte de Flaubert celle-ci se dérobe pour devenir cette « impersonnalité » haute et pure, où le poète laisse parler son œuvre plutôt qu’il ne parle lui-même. — Tandis que M.
Je ne lui ai parlé encore que de l’Allemagne, et cela a suffi pour la désoler. […] … Ses caresses me désolent ; ses beaux rêves, ont elle me parle sans cesse et que je n’ai pas le courage de contredire, me navrent le cœur. […] Je veux parler de Ronge et de Czerski, dont vous avez dû entendre parler. […] On ne trouve pas mauvais que je ne leur parle pas allemand. […] Je vous en parlerai beaucoup, et je suis enchanté d’avoir fait sa connaissance.
Mon admiration et mon amour pour Gœthe s’accroissaient journellement, si bien que je ne pouvais plus rêver ni parler d’autre chose. […] Il y a des gens qui ne sauraient parler de lui sans le faire quelque peu grotesque et ridicule ; il ne l’est pas. […] Gœthe parle à Eckermann de son manuscrit, lui en fait l’éloge, lui promet d’en écrire au libraire Cotta. […] Il parlait avec lenteur, sans se presser, comme on se figure que doit parler un vieux roi. […] Il laissait reparaître en cela le fond de goût ovidien ou du moins olympien dont nous avons parlé.
Molé, avec son tact fin, en parlait à merveille. […] Sous la Restauration, vers 1818, dans le cabinet du roi, il se prenait à parler haut ; il disait à M. […] Les courtisans se retournaient tout étonnés de ce verbe haut, eux qui ne se parlaient qu’à l’oreille dans cette chambre sacrée où l’on aurait entendu une mouche voler ; Louis XVIII ne paraissait pas l’entendre. […] Sa souplesse, dont on a trop parlé, avait ses limites, et il savait très-bien retirer sa main à M. de Villèle pour lui avoir manqué de foi, dans le même temps que le duc de Richelieu refusait la sienne au comte d’Artois pour la même cause. […] Dans sa haute et suprême situation publique de président de la Chambre des pairs, il retrouva toute sa valeur un peu dispersée jusqu’alors, il la rassembla pour ainsi parler, et l’accrut encore au su et vu de tous.
On dit qu’elle n’est point grande, que son nez est fort mal, et que, quoiqu’elle entende fort bien le français, elle le parle mal et avec peine. […] M. le dauphin se mit la couverture sur le visage, mais ma princesse ne cessa de me parler avec une liberté d’esprit charmante, ne faisant non plus d’attention à ce peuple de Cour que s’il n’y avait eu personne dans la chambre. […] De récents historiens ont dit sur elle d’étranges choses ; ils parlent de cette aimable princesse, même au physique, en des termes qu’on ne saurait répéter, bien qu’ils soient sans malveillance ; mais ils sont gratuitement déplaisants23. […] Un autre ami de Mme Favart et du mari, l’abbé de Voisenon, initié plus que personne au ménage Favart, a parlé de cette aventure un peu inexactement peut-être encore, mais du moins d’un ton approprié, sans rien d’emphatique. […] C’est Napoléon qui est censé parler et qui explique comment, en quittant l’Egypte, il avait laissé le commandement en chef de l’armée à Kléber : « Kléber, dit-il, était capable de lutter contre tous les ennemis alors existants dans ces contrées.
A son arrivée dans sa vraie patrie littéraire, sa surprise fut grande, comme sa reconnaissance : il s’était cru étranger, et chacun lui parlait de la Sibérienne, du Lépreux, des mêmes vieux amis. […] 35. « La lecture du Lépreux m’avait touchée, dit Mme Olympe Cottu dans sa préface ; j’en parlai à un ami auquel une longue et douce habitude me porte à confier toutes mes émotions ; je l’engageai à le lire. […] Doux ornement de la nature, Viens me retracer sa beauté ; Parle-moi de la liberté, Des eaux, des fleurs, de la verdure ; Parle-moi du bruit des torrents, Des lacs profonds, des frais ombrages Et du murmure des feuillages Qu’agite l’haleine des vents. […] … tu ne peux parler. […] — Il aimait à parler avec éloges d’un écrivain génevois spirituel qui est un peu de son école pour le genre d’émotion et pour l’humour.
Parlons donc de ce volume que solennise d’abord au frontispice le nom de M. de Chateaubriand éditeur, parlons-en comme s’il était déjà public : trop heureux si nous hâtions ce moment et si nous provoquions une seconde édition accessible à la juste curiosité de tous lecteurs ! […] Je suis ménager de mon encre ; mais je parle tant que l’on veut. […] Il parle là-dessus avec un frais sentiment du paysage, avec un tour et une coupe dans les moindres détails, qui fait ressembler sa phrase familière à quelque billet de Cicéron : « Cette chaumière au pied d’un mur est une maison de curé au pied d’un pont. […] D’abord le vieil Homère, mais je ne parle pas de lui. […] « On parle de leur imagination : c’est de leur goût qu’il faut parler ; lui seul réglait toutes leurs opérations, appliquant leur discernement à ce qui est beau et convenable.
Il lui suffit à l’ordinaire de marquer qu’on a parlé beaucoup dans un sens et dans l’autre : et il vient aux résolutions prises. […] Elle se rattache, par ce caractère, à toute une littérature, dont je n’ai pas parlé encore, et dont elle résume et ramasse les meilleures qualités : je veux dire la littérature narrative d’inspiration cléricale. […] Mais rien n’est charmant comme le geste affectueux du roi, venant appuyer les deux mains sur les épaules du sénéchal, auquel il n’a pas parlé de tout le dîner, et qui, tristement retiré près d’une fenêtre grillée, se croit en disgrâce pour avoir parlé selon l’honneur et selon la vérité. […] J’ai déjà parlé de ses dialogues : ses tableaux ne valent pas moins. […] Paris, Joinville utilisa, en 1303, des mémoires personnels qu’il avait rédigés peu après 1070 ; voilà pourquoi il parle tant de lui dans une vie du saint roi.
Ils se professent eux-mêmes au public, ils parlent comme des livres et non comme des hommes, et semblent reliés plutôt qu’habillés. […] Octave, est là qui lui parle d’un enfant clandestin, élevé à la campagne chez des paysans, et sur lequel il leur faut prendre un parti. […] Ainsi parle M. […] Elle s’indigne qu’on puisse ainsi arracher les enfants des bras de leurs mères pour les jeter aux premiers venus ; elle atteste la justice divine et humaine ; elle parle en pleurant, comme elle se parlerait à elle-même, si elle était seule. […] Les gens de Rueil ont parlé ; elle sait que la mère vit encore : à tout prix, elle veut la connaître.
C’est l’abbesse de Caen, depuis abbesse de Malnoue, la célèbre Marie-Éléonore de Rohan, qui parle et qui lui fait son portrait selon la mode du temps : Vous êtes plus grand et de belle taille que vous n’avez bon air. […] La grandeur de vos traits et de votre visage fait que vous avez quelque chose de ces médailles qui représentent les hommes illustres (vous vous doutez bien que j’entends plutôt parler de ces grands philosophes que des conquérants). […] En toute occasion, Huet ne parle de Boileau et de sa clique que comme le plus vénérable des classiques d’aujourd’hui aurait parlé des insolents qui firent invasion à un certain jour dans le temple, et y entrèrent par effraction. […] Ceux qui aiment surtout les lettres ne doivent jamais parler de Huet qu’avec un respect mêlé d’affection. […] Toutes les fois qu’il parle d’Aunay, il a des peintures vives et il trouve des accents ; n’étant jamais poète avec son expression propre, il l’est quelquefois avec celle des anciens.
Mais c’est elle-même qui, en 1835, deux ans après la mort de Goethe, a publié cette Correspondance qui nous la fait connaître tout entière, et qui nous permet, qui nous oblige d’en parler si à notre aise et si hardiment. […] Mais à qui en parlerait-elle ? […] Personne n’a mieux parlé que lui de Voltaire même, ne l’a mieux défini et compris comme le type excellent et complet du génie français ; tâchons à notre tour de lui rendre la pareille en le comprenant, lui le type accompli du génie allemand. […] Je me couche sur le gazon vert en l’embrassant… » Elle lui répète trop souvent : « Tu es beau, tu es grand et admirable, et meilleur que tout ce que j’ai connu… Comme le soleil, tu traverses la nuit… » Elle lui parle dans ces moments comme on parlerait à Jéhovah. […] Beethoven était informé de la liaison de Bettina avec Goethe ; il lui parla beaucoup de celui-ci, il désira que ses pensées sur l’art lui fussent redites par elle.
Cette place était de la plus grande importance à ses yeux, parce que le prince, presque toujours malade ou très délicat, passait des journées entières dans sa chambre : Ainsi ceux qui avaient à parler à lui étant obligés de parler à moi, cette charge était d’un grand commerce et me donnait une grande facilité pour entrer dans ses affaires et dans ses secrets. […] Je répondis d’un air fort sérieux que je venais lui parler de sa part ; ensuite je la pris en particulier, et je lui dis les ordres que j’avais. […] Cette manière de parler aux ministres se ressentait de la Fronde et d’un homme qui n’avait pas encore plié sous le régime de Louis XIV. […] Si Monsieur a paru un jour plus enhardi et disposé à en parler au roi, le lendemain il se trouve tout dégoûté sur ce qu’on lui a dit qu’il y a près de Naples une montagne de feu qui rend cette ville sujette aux tremblements de terre. Que vient-on lui parler d’entreprise glorieuse et de couronne ?
quoi, vous qui parlez et qui venez de si loin pour apprendre, dites-vous, la vérité et pour rapporter la sagesse, n’êtes-vous point d’une famille, d’une patrie ? N’est-ce point de la ville chère et sainte à vos pères et à vos aïeux que vous parlez ? […] Volney cite les prophéties sur Tyr, il n’en dit point les auteurs ; il parle d’un écrivain seulement, comme si ces noms des prophètes lui faisaient mal à prononcer. […] Jamais, avec lui, un grand mot de Job ne vient traverser l’âme humaine et faire parler ses douleurs ; jamais l’aigle du prophète ne s’élève à l’horizon et ne plane sur les ruines. […] On a beaucoup parlé, à son sujet, de l’affaire de Corse, de la mission qu’il avait sollicitée du gouvernement auprès du ministre M. de Montmorin dès le mois de décembre 1789, et on lui en a fait un crime.
Les sauvages font des voyages immenses sans se parler, parce que les sauvages sont ignorants. […] Je ne la flatte point, je parle avec sincérité, lorsque j’assure que, sous ce point de vue, sa position est plus avantageuse que la nôtre. […] Vous parlez de chimie ? […] Vous parlez de métaphysique ? […] Il ne parlera point à contre-temps sans s’entendre lui-même et sans être entendu, si les connaissances élémentaires sont bien ordonnées dans sa tête.
Ayant à parler de M. […] Voilà le point de départ et ce qui nous ouvre un jour sur ces fameux déjeuners dominicaux dont on a tant parlé et médit. […] Daru y parlait de lui-même avec modestie, de ses amis hommes de lettres avec un juste sentiment de réciprocité, et des grandeurs du règne présent sans exagération, avec vérité et force. […] Le groupe de littérateurs dont je parle était instruit sans être savant ; mais tous connaissaient Horace et le citaient sans cesse, c’était leur bréviaire ; il était, à lui seul, toute leur Antiquité. […] On y verrait surtout le besoin de se mettre en avant à tort et à travers, de parler de soi et de dire moi.
) Vous me parlez de votre tristesse avec la plus grande gaieté, et de votre ennui de la façon du monde la plus amusante. […] Faire du courage n’est point, je le sais bien, une expression française ; mais je veux parler ma langue avant celle de ma nation, et nous devons souvent à l’irrégularité de nos pensées celle des expressions, pour les rendre telles qu’elles sont. […] ) Vous voulez que je vous parle de tout ce que je sens, de tout ce que je fais, de tout ce que j’éprouve ! […] Vous n’aimez pas que je vous parle de moi ; je vous ennuie, quand je vous communique mes pensées, mes réflexions ; vous avez raison ; elles sont toujours fort tristes. […] Imaginez que tout à l’heure on m’annonce qu’un homme de Chanteloup est là qui veut me parler.
Quand, dès les premières années du règne, d’infâmes chansons (comme c’était alors l’usage) cherchaient à diffamer les gaietés et les étourderies innocentes, elle n’en tenait compte, s’en consolait aisément, et il lui suffisait de répondre à qui lui en parlait, que le roi en était plus indigné qu’elle. […] On a entendu Marie-Antoinette s’écrier dans cette réponse où elle parlait du Zamore de Mme Du Barry : « Si j’étais mère ! […] En annonçant sa naissance à Marie-Thérèse, elle parlait du roi, de « son bien-aimé roi », d’un ton de tendresse : « Je ne lui ai pas donné un Dauphin, disait-elle, mais la pauvre petite qui est venue ne m’en sera pas moins chère. […] Je vous ai déjà parlé de notre Chambre haute et basse et de toutes les ridiculités qui s’y passent et qui s’y disent. […] Je ne suis entourée que de gens qui en sont révoltés. — Un duc (le duc de Guines), grand faiseur de motions, et ayant toujours la larme à l’œil quand il parle, est du nombre.
Le Conseil se réunit au sortir de là ; il venait de s’ouvrir lorsqu’un officier de service entra, s’approcha du roi et lui parla à voix basse : le roi, appelé par la reine, sortit, et en rentrant il ajourna la délibération, disant qu’elle serait reprise à Versailles. […] Je parle au peuple : milices, poissardes, tous me tendent la main : je la leur donne. […] La reine parla avec toute la grâce que vous lui connaissez. […] Ce n’est pas parce que ma lettre sera lue que je te parle ainsi ; non, mon cœur, c’est que je le pense de bien bonne foi. […] J’avais besoin de cette assurance pour me décider ; le frisson me restait encore malgré cette affirmation, qui cependant devait être une certitude, vu le caractère de celui qui parlait.
Joubert, et je voudrais pourtant en parler encore aujourd’hui sans redire et sans me contredire. […] La première fois que je parlai de M. […] Joubert est toute dans ses Pensées ; mais on ne dirait pas de cette vie le peu qui est à en dire, si l’on ne parlait de Mme de Beaumont. […] Le plaisir que j’avais autrefois à parler est entièrement perdu pour moi. […] Puisque j’ai parlé de pierres précieuses, je dirai tout d’abord qu’il y en a trop.
Il y a quelque temps, je parlais de M. de Montalembert, en l’envisageant au point de vue du talent : aujourd’hui, je voudrais parler au même titre d’un autre orateur, diversement et non pas moins éloquent, qui a passé par plusieurs des mêmes phases, qui s’est aussi dégagé à temps de la voie étroite de l’École, et qui, depuis déjà quatorze ans, s’est créé dans la chaire une place singulière, originale, éclatante. […] S’il s’affranchit de la rhétorique, c’est en vertu d’un principe supérieur de rhétorique ; et, pour suivre sa comparaison, il ne parle pas le grec plus mal que ses devanciers, il le parle autrement. […] » Il parle donc à ces juges de vingt ans leur langue, il sait leurs images, il leur rend visible par moments leur poésie. […] En sorte qu’il ne nous a fallu, pour parler comme nous l’avons fait, qu’un peu de mémoire et d’oreille, et que nous tenir dans le lointain de nous-même, en unisson avec un siècle dont nous avions tout aimé. […] Un jour, au collège Stanislas, il lui est arrivé de parler du saint-simonisme, alors tout récent ; je me souviens d’une sorte de prière, qui était généreuse aussi.
Les républicains y ont vu la prédiction de la république universelle, sans trop se soucier du mépris avec lequel il est parlé, tout à côté, de cette société présente ou future et de ces générations avortées. […] j’espère bien que vous n’allez pas souffler mot sur… » Il la tranquillisa d’un sourire, et répondit que ses Mémoires ne parleraient pas de toutes ces choses. […] On voit qu’il parlait en 1832 tout comme en 1795. […] Il aurait bien désiré que l’aimable personne à qui il s’adressait, et que les Mémoires, qui parlent de tant d’idoles, ne mentionnent pas, le vînt rejoindre à ce moment même. […] Attendez ma mort et mes mémoires pour vous détromper. » — Un jour, on lui avait dit que quelqu’un avait parlé de lui avec intérêt, avec bienveillance.
Vieux, quand on lui parlait de Chateaubriand, il répondait : « Je l’ai peu lu, mais il a l’imagination trop forte. » Si l’on avait parlé à Buffon de Bernardin de Saint-Pierre, Buffon aurait eu droit de répondre : « Il a l’imagination trop tendre. » Bernardin a fait ainsi au moral ; il n’est pas seulement pieux et touchant, il est sermonneur ; il pèche par le trop de sensibilité de son temps, et il y a un certain goût sévère qu’il n’observe pas. […] Toutes ces harmonies, tous ces contrastes, ces réverbérations morales dont il a tant parlé dans les Études et dont il traçait une poétique un peu vague, il les a ici réalisés dans un cadre heureux, où, dès l’abord, le site, les noms des lieux, les aspects divers du paysage sont faits pour éveiller les pressentiments et pour concourir à l’émotion de l’ensemble. […] Je n’aurais probablement point songé à parler de la séance publique à l’Institut, du 24 novembre 1807, dans laquelle Bernardin eut à recevoir à la fois les trois nouveaux académiciens, Laujon, Raynouard et Picard, si M. […] Sur quoi il avait répondu : « J’ai assez de voix pour lui parler à six pas de distance. » Mais le Nestor mélodieux n’en avait pas assez pour prononcer son discours en séance publique ; ce fut François de Neufchâteau qui le lut pour lui. […] Bernardin de Saint-Pierre ne nous a point parlé, il est vrai, de Castor et Pollux, mais il a parlé de la philosophie qu’il a prise pour thèse et pour muse.
C’étaient des scélérats qui parlaient, les poètes étaient innocents ! […] Il a joué une comédie ; mais c’est la comédie sanglante dont parle Pascal. […] On avait bien le café et le thé, des excitants dont a parlé Balzac comme Balzac a parlé de tout, c’est-à-dire en grand maître, même quand il gausse, le Rabelaisien dont Rabelais serait fier comme d’un fils, s’il vivait, et s’il n’en était pas jaloux ! […] Je veux parler de l’américain Edgar Poe, dont il nous a donné une traduction vraie comme la Passion et éloquente comme elle ; Edgar Poe, dont il a fait tellement peser sur lui l’influence, que je le défierais bien de maintenant l’effacer. […] Baudelaire me rappelle souvent ce kief oriental dont il parle, cet état de visions splendides et doucement terrifiantes et en même temps plein de consolations .
Le Parisien parle du provincial sans indulgence. […] « Beauté surprenante » quand on parle d’un arbre ! […] Mon Dieu, elle parlait comme son siècle. […] On parle des médisances de province. […] Il faut ajouter que tous ces Français parlent la même langue.
On parle du livre que celui-ci vient de faire paraître ; il en demande son avis à l’officier, qui lui répond d’abord : « Je ne suis guère en état d’en juger ; ce n’est pas un livre fait pour moi, je suis trop vieux », donnant à entendre qu’en vieillissant, le goût, comme le palais, devient plus difficile. […] Tous ceux qui ont vu et connu Mme Balletti, dite au théâtre et dans la société Silvia, ont parlé d’elle comme parlent de Mlle Mars ceux qui l’ont vue à quinze ans : « Action, voix, esprit, physionomie, maintien, et une grande connaissance du cœur humain », Silvia possédait tout cela. […] Ce sont deux personnes, la marquise et Ergaste, qui font état avant tout de parler franc et d’être sincères. […] Tous les contemporains, Voisenon, Marmontel, Grimm, s’accordent à dire que vers la fin, et sentant que son moment de faveur était passé, Marivaux était incommode et épineux dans la société par trop de méfiance ; il entendait finesse à tout ; « on n’osait se parler bas devant lui sans qu’il crût que ce fût à son préjudice ». […] Quand on a aujourd’hui à parler de lui après cent ans, on rencontre encore des esprits justes et amis qui le possèdent en entier, et qui vous disent en le soignant, comme on ferait d’un contemporain : « Prenez garde de n’en pas trop mal parler !
Commenter Bossuet est à la longue une tâche difficile et même périlleuse ; les citations qu’on fait parlent d’elles-mêmes et éclairent certaines pages jusqu’à éteindre tout ce qui est à l’entour. […] La grande préférence païenne de Bossuet, si l’on peut ainsi parler, a été tout naturellement pour Homère, ensuite, pour Virgile : Horace, à son jugement et à son goût, ne venait que bien après. […] Il aime ces formes souveraines ; il étend la main sur les choses, et, durant le temps qu’il parle, il ne peut s’empêcher de faire l’office du Dieu son maître. […] Sa bouche s’ouvrait largement entre des lèvres fines ; ses lèvres frémissaient souvent sans parler comme sous le vent d’une parole intérieure que la modestie réprimait devant les hommes plus âgés. […] et encore quels sont ces regards, et puis-je en parler dans cette chaire ?
Il m’écrit quatre mots fort galants : il y a longtemps que je n’avais ouï parler de la beauté de mes yeux… Dangeau, qui touchait à quatre-vingts ans, trouvait encore à faire son compliment galant à une autre octogénaire ; c’est bien de l’homme. […] Les mœurs étaient telles dans la jeunesse de Dangeau que tous ceux qui ont parlé de lui et qui ont relevé son adresse et son bonheur, l’ont presque loué de n’avoir pas triché et volé au jeu. […] Lui et son frère étaient véritablement des gens de lettres ; j’en parle comme je le dois dans l’histoire de l’Académie. […] Lundi 3. — Le roi à son lever parla fort sur les courtisans qui ne faisaient point leurs Pâques, et dit qu’il estimait fort ceux qui les faisaient bien, et qu’il les exhortait tous à y songer bien sérieusement, ajoutant même qu’il leur en saurait bon gré. […] Dangeau, tout lié qu’il est avec celle-ci, ne parle point de la sorte ; il se garde bien d’être indiscret, il ne dit que ce qu’il voit, ce que tout le monde a vu comme lui.
Quand il fait parler Napoléon, il le traduit volontiers et le paraphrase plutôt que de le citer dans ses paroles textuelles, brusques, incisives, saccadées, impératives. […] Lui convient-il de parler leur langage ? […] Le roi de Hollande parle aussi de la vie privée. […] L’empereur ne peut pas dire à un homme, Parles, et lui mettre un bâillon dans la bouche. […] Chacun, s’il se laisse aller, parle bien ou assez bien de ce qu’il sait à fond, de ce qu’il a vu, de ce qu’il a compris en détail ; et s’il, laisse courir sa plume avec naturel, il trouve moyen d’intéresser.
Je parlais il y a peu de temps et ici même de Joseph de Maistre, et j’en parlais d’après les jugements d’un esprit exact et rigoureux, d’un savant moderne, M. […] Laissez parler l’homme. […] Dès qu’il est là et qu’il parle, on l’entend de loin. […] Ces vendeuses de pommes dont il parle de ce ton de mépris sur l’article de la conversion, n’ont-elles donc pas des âmes, et des âmes respectables aux yeux du chrétien, autant que d’autres ? […] Mais du fond des idées avec lui, je le répète, et de la solidité du jugement, il en faut peu parler.
Il y a, pour parler son langage, trois éléments à considérer dans la société : les idées, les intérêts, les passions. […] C’est assez parler de l’homme d’État, lequel d’ailleurs n’est pas au bout de ses récits : l’orateur politique nous appelle. […] J’aimerais qu’il nous en parlât davantage et avec détail, sans fausse modestie, et comme l’a fait à sa manière Cicéron. […] J’insiste ; j’aimerais qu’il nous parlât lui-même de ces choses, des secrets de son art, de ce en quoi il a véritablement excellé. […] à qui parlons-nous de l’insuffisance des discours en politique ?
N’allez pas lui parler des choses qu’il aimait le mieux il n’y a qu’un moment : par la raison qu’il les a aimées, il ne les saurait plus souffrir. […] On parle tout bas, il s’imagine que c’est contre lui. On parle tout haut, il trouve qu’on parle trop, et qu’on est trop gai pendant qu’il est triste. […] A son reflet, comme à une torche agitée dans l’ombre, toutes ces tièdes peintures en grisaille s’illuminent et parlent à leur tour. […] Mais, lors même qu’il gronde et châtie, comme tout cela rit et parle à l’imagination en même temps que cela va droit à la raison !
Il ne se réveillait, vers la fin, que par éclairs et lorsqu’on lui parlait du passé et des malheurs de sa famille. […] « Il avait tellement bu à souper, qu’il était ivre au point de ne pouvoir parler d’affaires. […] Bonstetten en parle assez bien : « Le Prétendant était un grand homme, maigre, bon et causant. Ilme témoignait de l’amitié parce que j’étais à peu près le seul homme, reçu chez lui, qui entendît bien l’anglais et le parlât au besoin. […] On y parle français : il y a quelques religieuses d’un mérite très-distingué… Votre nom de comtesse d’Albany vous mettra à l’abri de mille tracasseries… » La translation de la comtesse de Florence à Rome se fit avec toutes sortes de précautions.
On peut être tranquille, je ne viens parler ici ni du drame de Cénie, ni même des Lettres péruviennes, de ces ouvrages plus ou moins agréables à leur moment, et aujourd’hui tout à fait passés. Je viens surtout parler de Voltaire, chez qui Mme de Graffigny nous introduit et qu’elle nous aide à surprendre sous un jour assez nouveau ou du moins très au naturel. […] J’ai dit que Mme de Graffigny, en vraie curieuse et caillette, écrivait tout ce qu’elle voyait et entendait à son ami Devaux, autre caillette, qui en parlait, de son côté, aux gens de Lorraine. […] Un jour donc, elle eut vent qu’on avait parlé dans le monde de Nancy ou de Lunéville de ces lectures de La Pucelle qu’on faisait à Cirey, et, décachetant là-dessus une lettre de M. […] Plus je parlais, moins je le persuadais ; je pris le parti de me taire. » Mais, nouvel orage !
L’abbé Barthélemy, en introduisant et en faisant parler constamment un personnage du passé, se retranchait la ressource des considérations modernes et vraiment politiques ; mais, eût-il parlé en son propre nom, il se les fût également interdites : elles n’entraient pas dans la nature de son esprit. […] Chez Barthélemy, Platon commence à parler ; la vue de cette tempête ayant amené l’entretien sur les époques primitives de la nature, sur le débrouillement du monde au sein du chaos, il débute en disant : « Faibles mortels que nous sommes ! […] Si vous voulez faire parler Platon au Sunium (ce qui est difficile), inspirez-vous de lui à l’avance, remplissez-vous de son esprit et de ses formes ; et alors, si l’imagination vous le dit, parlez de source et en toute abondance de cœur, improvisez un moment ; mais ne venez point citer de mémoire des centons cousus ensemble de ses pensées. […] Barthélemy, en voulant se forcer, confond tous les tons ; il s’y ressouvient, en commençant, des chœurs d’Esther et des psaumes hébreux de la captivité ; puis il parle au nom des cœurs sensibles de tous les temps et de tous les pays. […] Il avait le bon esprit d’étouffer sa plainte, en songeant à l’oppression de tous et à la calamité commune : Je ne vous parle que littérature, écrivait-il à M. de Choiseul-Gouffier en mars 1792, parce que tout autre sujet afflige et tourmente.
Parlons d’abord des allegories pittoresques. […] Avant que de nous étendre davantage sur ce sujet, parlons des personnages allegoriques. […] Je ne parlerai que des personnages allegoriques de la premiere espece, c’est-à-dire des aînez ou des anciens. […] Voilà comme parle Horace. […] Au lieu de nous parler la langue des passions qui est commune à tous les hommes, ils ont parlé un langage qu’ils avoient inventé eux-mêmes, et dont les expressions proportionnées à la vivacité de leur imagination, ne sont point à la portée du reste des hommes.
Nous parlions, à nous quatre, une bonne partie des différentes langues de l’empire des lettres, et tous les sujets de cette petite société se sont dispersés de là dans toutes les Académies. […] Cette similitude du Français et de l’enfant, qui ne se bornait pas à un simple aperçu comme en ont les gens d’esprit, mais qui était l’idée favorite de l’abbé, revient continuellement dans ces notes de Rousseau : « Il était mal reçu des ministres et, sans vouloir s’apercevoir de leur mauvais accueil, il allait toujours à ses fins ; c’est alors surtout qu’il avait besoin de se souvenir qu’il parlait à des enfants très fiers de jouer avec de grandes poupées. » — « En s’adressant aux princes, il ne devait pas ignorer qu’il parlait à des enfants beaucoup plus enfants que les autres, et il ne laissait pas de leur parler raison, comme à des sages. » Rousseau, à qui tant de gens feront la leçon pour sa politique trop logique et ses théories toutes rationnelles, sent très bien le défaut de l’abbé de Saint-Pierre et insiste sur la plus frappante de ses inconséquences : « Les hommes, disait l’abbé, sont comme des enfants ; il faut leur répéter cent fois la même chose pour qu’ils la retiennent. » — « Mais, remarquait Rousseau, un enfant à qui on dit la même chose deux fois, bâille la seconde et n’écoute plus si on ne l’y force. […] L’abbé de Saint-Pierre, en négligeant de plaire aux lecteurs, allait donc contre ses principes… Son défaut était moins de nous regarder comme des enfants que de nous parler comme à des hommes. » Que ne connaissait-il mieux les poètes ! […] Il prie des gens, qu’il ne connaît point, de le mener chez d’autres dont il n’est pas connu : il écrit à des femmes qu’il connaît de vue : il s’insinue dans un cercle de personnes respectables, et qui ne savent quel il est ; et là, sans attendre qu’on l’interroge, ni sans sentir qu’il interrompt, il parle, et souvent, et ridiculement. […] C’est qu’ils savent qu’il ne remarquera dans leur caractère, pour en parler, que ce qu’il y a de louable. » C’est une réponse.
Il fit signe à Jean de tâcher de savoir de qui le maître parlait. […] La plupart des disciples ne virent plus leur maître après le souper dont nous venons de parler. […] Un moment Jésus songea à quelques précautions et parla d’épées. […] Cicéron parle de Jérusalem comme d’une bicoque (Ad Atticum, II, IX). […] Jean ne parle même pas d’un salaire en argent.
Tandis que Morus parlait en métaphysicien, Descartes marquait avec une précision définitive le point de vue de la science. […] On parle, ici et là, de mouvement ; mais le mot a-t-il le même sens dans les deux cas ? […] C’est dans ce sens précis que nous parlerons d’un « système de référence ». […] La tendance à parler indifféremment du « système » ou du « système de référence » fut d’ailleurs immanente à la théorie de la Relativité dès l’origine, puisque c’est en immobilisant la Terre, en prenant ce système global pour système de référence, qu’on expliqua l’invariabilité du résultat de l’expérience Michelson-Morley. […] Nous ne parlons, bien entendu, que d’un éther fixe, constituant un système de référence privilégié, unique, absolu.
Certes, quoi qu’ait pu dire Vauvenargues, Fénelon n’aurait point parlé ainsi, lui qui, au moment où il apprit la mort de Fléchier, s’écria : « Nous avons perdu notre maître ! […] Il a écrit avec succès, il a parlé en public, même avec applaudissement « Sa conversation n’est ni brillante ni ennuyeuse ; il s’abaisse, il s’élève quand il le faut. Il parle peu, mais on s’aperçoit qu’il pense beaucoup. […] Il ne parla doucement qu’à son maître à danser… » Madame Talon elle-même, dont M. […] Un tout petit trait de bon goût qui n’est pas à omettre : pendant ce séjour en Auvergne, Fléchier a prêché deux fois, avec succès, et il ne parle que très-peu de ses sermons.
Cinézootrope appartient au grec industriel et commercial : c’est une langue fort répandue, qui se parle au Marais et qui s’écrit dans les prospectus. […] Il y a là quelque chose de honteux, mais le grand point est de parler français le moins possible et d’avoir l’air, en prononçant des syllabes barbares, d’avouer un secret. Les médecins de Molière parlaient latin, les nôtres parlent grec. […] Ce médecin osait encore parler français. […] Il ne faut pas confondre cette opulence imaginative ou verbale, qui témoigne de la vitalité d’une langue, avec l’indigente richesse dont on a parlé plus haut, qui ne met en circulation que de la fausse monnaie.
Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps Le Feuilleton de 1830 et années suivantes parlait souvent de la comédienne unique et charmante, mademoiselle Mars ; c’est qu’à entendre parler de cette femme adorée, le public, inconstant d’habitude, ne se lassait pas ! […] — Et cependant voyez-la sourire encore, entendez-la parler, de cette voix divine qui sait le chemin de tous les cœurs ; voyez-la se parer avec cette science naturelle que tant de femmes ont rêvée ! […] Pour nous, nous ne pouvons que parler de ce que nous avons vu et entendu. […] Nous voulons parler des couronnes et des bouquets qui se jettent à la fin d’un opéra, d’un ballet ou d’une comédie, aux pieds, souvent assez laids et assez plats, de la divinité à la mode. […] Ingrate génération, à qui mademoiselle Mars a enseigné à parler et à se taire, à s’habiller, à saluer, à vivre, enfin ; que disons-nous, les moindres choses de la vie ordinaire, cette aimable femme les a apprises à cette génération ; elle leur a appris à entrer dans un salon, à tenir un éventail, à prendre un fauteuil, et les moindres détails de la vie élégante !
Il n’y avait qu’une plume de guerre comme il l’était, qui pût parler convenablement et dignement de cette plume de guerre. […] J’ai dans le temps parlé avec une chaleureuse approbation de cette vie de saint Vincent de Paul. […] » C’est ainsi que l’abbé Maynard parle, non pas comme un apologiste, mais comme le plus verbeux, le plus traînant en longueur des avocats. […] Est-ce que, dans la vie des hommes faits, on a besoin de parler de leurs petites maladies d’enfants ? […] Ce n’est pas la prudence timorée qui peut parler de l’extrême bravoure, les froids qui peuvent parler des ardents, et la lymphe, du tempérament.
Même dans son pays et dans sa langue, l’astre de Swift a déjà pâli et ira chaque jour en décroissant, et par la souveraine raison que nous avons déjà donnée, mais que la Critique, cette vigie qui parle, doit incessamment répéter : c’est qu’en littérature tout ce qui ne s’appuie pas sur la grande nature humaine, doit, de nécessité périr ! […] Elle ne lira pas ses fameuses Lettres d’un drapier, — ces lettres qui turent de l’O’Connell écrit cent ans avant qu’O’Connell fût du Swift parlé aux masses soulevées de l’Irlande ; elle ne lira pas davantage ce Conte du tonneau, qui est du Rabelais anglaisé, qui est à Rabelais, le gigantesque bouffon aux entrailles si humaines, ce que sont les six pouces d’un habitant de Lilliput à la taille proportionnée d’un homme ; mais elle lira Gulliver. […] Ce fut, pour parler exactement, son unique forme littéraire, rivée comme un masque d’acier sur sa pensée. […] En effet, Swift a beau s’élever, dans cet odieux morceau, jusqu’au cannibalisme de l’ironie, l’humour, s’il est permis de parler comme M. de Wailly de cet épouvantable humouriste, est de l’humour aux écrouelles. […] Je ne parle point du bruit qu’il a fait, je parle du bruit qui lui reste à faire.
Un homme, un poète, un Juif aussi, réussi comme un Juif lorsqu’ils sont réussis : Henri Heine a parlé dignement de Lessing, avec cette imagination charmante qui fait de la vérité, sans la fausser et sans même l’atteindre, une chose belle comme une illusion. […] Avec quelle lestesse il en parle ! […] Il prouve, comme on ne l’avait jamais prouvé avant lui et comme on ne le prouvera jamais (on n’en a plus besoin), que même ceux-là qui ont le plus parlé d’Aristote ne l’entendaient pas. […] Il se dit et il est lui-même aristotélicien : « Je suis capable — dit-il — de prendre Rodogune, par exemple, et en lui appliquant les règles d’Aristote, d’en construire une pièce meilleure que celle de Corneille. » C’est là le dernier trait, mais c’est aussi l’erreur et l’infatuation… C’est l’homme du temps qui parle, ce n’est pas l’homme de l’avenir, qui allonge son regard par-dessus la tête des autres parce qu’il est plus grand qu’eux, — et Lessing l’était ! […] Un homme dont il parle dans sa Dramaturgie avec le sentiment du respect le plus profond, mais de l’apparition duquel dans l’histoire littéraire il n’a pas tiré les conséquences qu’il aurait fallu, aurait dû lui apprendre que l’ancien monde dramatique était clos et forclos, et qu’il sortirait de cet homme-prodige une théorie qui ne serait même plus une théorie et qui emporterait les théories anciennes, comme des pailles dans un ouragan !
Si, comme nous l’avons dit dans les axiomes, la science doit prendre pour point de départ l’époque où commence le sujet de la science, nous devons, pour nous adresser d’abord aux philologues, commencer aux cailloux de Deucalion, aux pierres d’Amphion, aux hommes nés des sillons de Cadmus, ou des chênes dont parle Virgile ( duro robore nati ). Pour les philosophes, nous partirons des grenouilles d’Épicure, des cigales de Hobbes, des hommes simples et stupides de Grotius, des hommes jetés dans le monde sans soin ni aide de Dieu , dont parle Pufendorf, des géants grossiers et farouches, tels que les Patagons du détroit de Magellan ; enfin des Polyphèmes d’Homère, dans lesquels Platon reconnaît les premiers pères de famille. […] Ces preuves théologiques seront appuyées par une espèce de preuves logiques dont nous allons parler. […] Cela même montre encore que les preuves dont nous avons parlé sont d’une espèce divine, et qu’elles doivent, ô lecteur, te donner un plaisir divin : car pour Dieu, connaître et faire, c’est la même chose. […] Ainsi sous un autre aspect, la science nouvelle devient une philosophie de l’autorité, source de la justice extérieure, pour parler le langage de la théologie morale.
Il en parlait quelquefois à l’un de ses anciens secrétaires, M. […] Un critique est toujours tenu à de certaines réserves, quand il parle de gens qu’il connaît, — avec lesquels il peut se rencontrer tous les jours dans le monde ; il y a des convenances obligées. […] Cela est vrai tant qu’on n’a pas vu les hommes ; mais si on les a vus une fois de près, on est bien mieux de loin pour les juger, pour en parler sans superstition, et sans se faire l’écho de l’opinion. — Pour les jugements littéraires j’ai pensé dès longtemps qu’on ne les aurait tout à fait libres et indépendants sur les hommes de France, qu’en étant à la frontière, à Genève, à Bruxelles, — à Liége. » C'était aussi l’opinion de Voltaire et, avant lui, comme on va le voir, celle d’un esprit de la même famille, Bayle, l’illustre réfugié protestant du xviie siècle, avec lequel Sainte-Beuve avait tant d’affinité3. […] Je l’ai éprouvé durant les années dont je parle (1843-1845). […] Nous tâchons d’en parler comme il est permis au dehors et le dos tourné, sans faux respect comme sans amertume, selon l’occasion, selon même le caprice et l’humeur.
Ainsi un feuilletoniste, qui s’efforce de m’être agréable, dira par exemple : « Jeune, quand vous alliez à l’Abbaye-au-Bois, vous écoutiez ; maintenant, c’est votre tour de parler, on vous écoute… » Il semblerait en vérité que, dans ce charmant salon où présidaient la politesse et le goût, M. de Chateaubriand eût charge de rendre des oracles et que le rôle des autres fût de l’écouter bouche béante. Mais, chers messieurs, sachez donc que nous parlions alors comme nous n’avons jamais fait depuis ; que, pleins de rêves et d’espérances ou de généreuses colères, nous parlions beaucoup plus et beaucoup mieux qu’aujourd’hui ; et que, lorsqu’on avait le tact de ne prendre la parole et de ne la garder qu’à propos, M. de Chateaubriand était le premier à se plaire à nos discours et à nous en savoir gré en s’y mêlant. […] J’avais, d’ailleurs, mes restes de fantaisie et de résistance, et, par exemple, je me refusai tout net un jour, quoique j’en fusse très-sollicité, à parler de l’Essai sur la Littérature anglaisequi est en tête de la traduction de Milton de Chateaubriand. […] « Chateaubriand. » Et maintenant qu’on s’étonne, si l’on veut, et qu’on se scandalise qu’après des années écoulées, en ne cessant de placer M. de Chateaubriand au premier rang littéraire du siècle, j’aie écrit sur lui, dans les deux volumes dont il est le sujet et le centre, comme en pensaient et en parlaient dans la familiarité tous ses amis et connaissances, toutes les personnes de la société en dehors de sa coterie, M.
. — Constructions insolites et néologismes J’ai eu déjà plusieurs fois occasion de parler d’une des causes les plus actives du mauvais style, l’ignorance de la langue. […] Je ne parle pas de ces néologismes nécessaires, qui manifestent la vie même de la langue et lui font suivre par son incessante transformation l’évolution de la pensée : si le progrès des sciences et de l’industrie, les révolutions politiques, sociales, religieuses, économiques, ont fait éclore des idées nouvelles dans le cerveau de l’homme, ont revêtu les idées anciennes d’une forme nouvelle, il est inévitable que bien des choses ne puissent être désignées par les mots anciens, et il serait absurde de s’opposer à l’admission dans le langage de ce qu’on admet dans la pensée. Ce serait un labeur insensé et inutile que de prétendre penser en homme du xixe siècle et parler en homme du xviie . […] Il ne faut recevoir les mots du jour que pour parler des choses du jour ; les faits, les sentiments, les pensées qui n’ont pas de date, doivent se revêtir de mots qui soient de toutes les époques. […] Pour s’habituer à trouver vite et facilement les mots dont on a besoin, pour acquérir la facilité de parler avec propriété, il sera excellent de traduire, par écrit quelquefois, souvent de vive voix, des morceaux d’auteurs anglais ou allemands.
Non-seulement les hommes dont je parle n’excellent que dans une profession, mais ils sont encore bornez ordinairement à n’exceller que dans quelques-uns des genres dans lesquels cette profession se divise. […] Ceux des peintres hollandois, dont je parle, qui ont osé faire des tableaux d’histoire, ont peint des ouvrages admirables pour le clair-obscur, mais ridicules pour le reste. […] On peut mettre en quelque façon Teniers au nombre des peintres dont je parle, quoiqu’il fût né en Brabant, parce que son génie l’a déterminé à travailler plûtôt dans le goût des peintres hollandois que dans le goût de Rubens et de Vandick ses compatriotes, et même ses contemporains. […] Il est donc également important aux nobles artisans, dont je parle, de connoître à quel genre de poësie et de peinture leurs talens les destinent, et de se borner au genre pour lequel ils sont nez propres. […] l’imitation du parler suit incontinent… etc. les leçons d’un maître de musique habile développent nos organes, et nous apprennent à chanter méthodiquement ; mais ces leçons ne peuvent changer que très-peu de choses dans le son et dans l’étenduë de notre voix naturelle, quoiqu’elles la fassent paroître plus douce et tant soit peu plus étenduë.
Mais en quoi consiste l’art de cette unité dont je parle ? […] Que parlez-vous, madame, et d’époux, et d’amant ? […] Aussi un auteur judicieux ne se permet pas les audaces épiques, en faisant parler ses acteurs. […] Puisque vous faites agir des hommes, faites les parler comme des hommes. […] Je vous prie d’abord de remarquer que je n’ai parlé que de la versification françoise.
On parle de blessés à Javel, à Billancourt. […] Pendant qu’il parlait, qu’il parlait, comme devait parler Rabelais, je songeais à l’injustice de la rémunération dans l’art. […] On parle des menaces de la nuit. […] Jonckind a beaucoup parlé. […] Donc un récit parlé pour la première partie.
Rigal eût pu se passer de parler. […] Hardy n’a pas d’intérêt par lui-même, et, du ton qu’il en parle, je ne pense pas que M. […] Nous connaissons, ou nous croyons connaître la littérature allemande ; nous en parlons du moins ; et, pour être francs, quoique nous n’y parlions guère que de Lessing, de Goethe, de Schiller et de Heine, il semble qu’en cela même nous en parlions assez convenablement. […] Ne parlons pour cela ni de Rabelais ni de Montaigne. […] Arrivons donc promptement à Arnolphe, et parlons de l’École des femmes.
Il vante les vertus patriarcales de l’époux : « … A qui vais-je parler ? […] « Heureux, lit-on au début, heureux les peuples dont on ne parle pas ! […] s’écriera le théoricien absolu ; qu’on ne me parle pas de cet enfant au maillot ! […] Nous en parlerons plus longuement. […] Il n’y a point ici un théâtre pour parler un certain langage.
Tous parlaient lentement, et à vide. […] Et puis il lui parla de M. […] Tour à tour il parle à M. […] Mais par-dessus tout il parle de M. […] Mais à quoi bon en parler ?
Et d’abord, il s’est présenté lui-même, tel qu’il est, avec son propre accent, avec ses sentiments et ses doctrines ; il n’a pas emprunté aux traditions académiques les exordes tant de fois renouvelés : il a parlé à sa manière, modestement, honnêtement, traçant de l’homme de lettres et du poète le caractère et le rôle qu’il conçoit, et s’y peignant lui-même avec cette sincérité élevée qui vient du cœur : on a senti dès ses premières paroles quelqu’un qui ne se mettait ni au-dessus ni au-dessous de ce qu’il devait être. Il a parlé de son prédécesseur en des termes que je me permettrai tout bas de trouver indulgents, mais qui étaient convenables dans la circonstance et qui n’ont semblé que justes. […] Ponsard a prouvé, une fois de plus, dans ce discours académique, que là, comme au théâtre, il y a des cordes qu’il sait faire vibrer, et que, sans trop d’art ni de raffinement, sans trop demander à l’expression, et en disant directement les choses comme il les pense et comme il les sent, son talent a en soi une force qui vient de l’âme et qui parle aux âmes. […] C’est en ces termes que chacun en parlait tout haut en sortant.
En effet, ou le chœur parlait dans les entr’actes de ce qui s’était passé dans les actes précédents, et c’était une répétition fatigante ; ou il prévoyait ce qui devait arriver dans les actes suivants, et c’était une annonce qui pouvait dérober le plaisir de la surprise ; ou enfin il était étranger au sujet, et par conséquent il devait ennuyer. […] Le chœur, ainsi incorporé à l’action, parlait quelquefois, dans les scènes, par la bouche de son chef, appelé Choryphée. […] Quand le chœur ne faisait que parler, un seul parlait pour toute la troupe ; mais quand il chantait, on entendait chanter ensemble tous ceux qui composaient le chœur.
Le génie avait parlé en eux bien avant que Louis XIV fût roi et que la nation eût connu son goût. […] On lui parlait la langue de son âge ; on se servait de son imagination pour mûrir sa raison. […] Moins peintre que Bossuet, moins logicien que Bourdaloue, Massillon parlait plus au cœur, ou plutôt à la raison par la sensibilité. […] Louis XIV, en élevant la chaire de Bossuet, lui donna le moyen de parler de plus haut. […] Aucun n’en a parlé dans des termes plus expressifs.
Eh bien, j’attends toujours cette semaine prochaine. » La princesse nous parle du prince impérial. […] * * * — Le plus grand signe du noble est de parler à son domestique ; l’homme, qui n’est pas un peu né, lui commande et ne lui parle pas. […] * * * — Les étrangers parlent haut en public, ils ont la conscience de parler une langue qu’ils sont seuls à comprendre. Le Français parle bas, parce qu’il se sait compris de tous, et parler la langue universelle. […] Le dîner Magny aura été, en dépit de quelques empêcheurs, un des derniers cénacles de la vraie liberté de penser et de parler.
On en parle en bien et en mal dans son pays, comme de tout le monde. […] Si Pascal eût été orateur politique, c’est ainsi qu’il aurait parlé. […] Un orateur qui parle aux flots séditieux ? […] Il parlait le premier, il parlait le dernier, il écoutait peu les répliques : mais il parlait avec une justesse, une audace, une fécondité d’idées qui lui faisaient pardonner la volubilité de ses lèvres. […] … Osez parler, après de tels noms, de la décadence de la nature en France !
et, à ce propos, parlerons-nous à notre tour de la « banqueroute de la science » ? […] Qui sont d’ailleurs ceux qui parlent ici de banqueroute ou de faillite ? […] Quelque ambition qu’on ait affectée de la « rabattre », pour ainsi parler, sur le plan des autres histoires, on n’y a point réussi. […] ou l’histoire n’est-elle que le « lieu », pour ainsi parler, du désordre et de l’incohérence ? […] » Ne faudrait-il pas peut-être avoir lu Bossuet avant d’en parler ?
Je laisse parler M. […] Dites-leur : parlez ! […] … » — Qu’est-ce que tu parles ? […] Miserey lui parla. […] » bégaya l’autre aussitôt qu’il parla.
Cette brusque obligation d’entrer dans des sujets pour lui nouveaux et d’en parler au fur et à mesure de l’étude lui fut très utile. […] Parler aujourd’hui des œuvres d’un grand poète, c’est parler de son époque, de ses contemporains, de ses sources et de ses dérivés, non seulement de tout ce qu’il est, mais de ce qu’il a pu être et de ce qu’il représente. […] C’est dire que je commence à parler véritablement : bien ou mal, c’est selon les jours ; une ou deux fois, c’était bien. […] Jeudi dernier, j’ai commencé à parler de Michel-Ange ; je l’ai conduit depuis le berceau jusqu’à la mort de Jules II. […] Je laisserai ici parler M.
il n’eût point parlé comme il l’a fait ? […] Il m’en parla chaleureusement, bien des fois. […] — Parlez ! […] … Moi qui te parle, mon vieux, j’ai connu la Barucci ! […] parlons-en !
Fiévée commence par nous parler de lui, de ses articles au Temps, et pourquoi il a cessé d’en faire, et pourquoi il pourra bien reprendre, toutes particularités fort curieuses et fort agréablement assaisonnées sans doute, mais qui tiennent d’assez loin en apparence aux questions politiques tranchées ou soulevées par les événements de juillet, il y a des gens d’esprit qui ont une manière de causer à eux ; ils débutent à leur façon, ils parlent d’eux-mêmes, ils ont peine à se dégager de leur personnalité ; avant de vous exposer les résultats de leurs réflexions, ils ont besoin d’établir où et comment ces réflexions leur sont venues. Prenons ces hommes comme ils sont ; écoutons-les sans les interrompre s’ils parlent ; ou, si nous les lisons, ne sautons pas trop vite quelques feuillets. […] « De tous les ministères, le plus coupable âmes yeux est celui qui pouvait le plus assurer l’avenir ; je parle du ministère de M. […] Parlera-t-on de la démocratie industrielle, de l’aristocratie territoriale, lorsque le plus grand propriétaire rural n’aurait pas pu disposer de quatre hommes, tandis que les industriels prétendus démocrates ont mis cinquante mille hommes sous les armes, par un seul acte de leur volonté ? […] Sainte-Beuve signale en ces termes son ancien article que nous allons reproduire : « Comme il m’est arrivé de parler bien des fois des mêmes hommes et que c’est par suite de ce commerce réitéré que je me hasarde ainsi à les juger en définitive, j’indiquerai encore quelques lignes de moi sur la nature de talent et d’esprit de M.
… Même ceux-là qui auraient trouvé leur compte à une histoire de Louis-Philippe, ont semblé s’être donné le mot pour n’en pas parler, et l’on a pu croire à cette vieille tactique qui s’appelle la conspiration du silence et qui n’est peut-être que celle de la peur. […] L’intérêt brûlant dont je parlais plus haut a peut-être été trop brûlant… On a craint d’y exposer ses doigts. […] Naïvement épouvanté de ce qu’il trouvait dans ce livre contre ses nouveaux seigneurs et maîtres, M. de Riancey s’écria : « Je n’en parlerai certes pas ! […] On n’aime pas que quelqu’un y parle très haut, et on s’y met du coton dans les oreilles contre la vérité âprement exprimée. […] La seule indulgence inexplicable et que je reproche nettement à l’auteur, si vaillant de franc parler, est l’étrange silence qu’il a gardé sur Guizot, si longtemps ministre et président du Conseil sous le gouvernement de Juillet.
Quelle langue parle-t-on ici ? […] Fréron n’a parlé de personne, jamais, comme Voltaire a parlé de Rousseau dans ses Lettres sur la Nouvelle Héloïse ; il n’a parlé de personne, jamais, non pas même de d’Alembert ou de Marmontel, comme Grimm, dans sa Correspondance littéraire, a parlé de Fréron. […] si vous lui parliez de ma cruelle aventure avec Merlin ? […] Il parle donc de peinture en pur littérateur qu’il est. […] Et la ligne et la couleur, évidemment, leur parlent un langage qu’elles ne nous parlent pas.
On parlait de la femme. […] On parle toujours des circonstances ; eh bien ! […] On parle toujours de l’enfance, de la jeunesse ! […] Et c’est assez ; n’en parlons plus. […] Parlez-moi de pitié !
Célèbre par les poètes qu’elle a produits et au Moyen Âge et à la naissance de notre littérature classique (sans parler des plus récents), elle les honore, et, ce qui est la meilleure manière de les honorer, elle les étudie. […] Ce plan lui eût fourni un poème grand, noble, varié, plein d’âme et d’intérêt, et plus flatteur pour une jeune princesse, surtout s’il eût su lui parler de sa beauté moins longuement et d’une manière plus simple, plus vraie, plus naïve qu’il ne l’a fait. […] Depuis cette ode de bienvenue à la reine Marie de Médicis, cinq années s’écoulèrent encore avant que Malherbe fût appelé à la Cour, où ses compatriotes Du Perron et Des Yveteaux avaient parlé de lui et l’avaient recommandé au roi. […] Sa verve même, quand elle lui vient, se combine avec une certaine habitude raisonnable qui est le propre de la race française en poésie, et qu’il a contribué à fortifier, jusque dans les familiarités et les inélégances de sa conversation, il avait cela du poète que, s’il parlait peu, « il ne disait mot qui ne portât ». […] On parle toujours des Bergeries de Racan.
S’étant trouvé un jour chez le célèbre coadjuteur de Paris, le futur cardinal de Retz, comme on vint à parler des traductions des poètes et que ce prélat eut avancé qu’il ne croyait pas qu’on en pût faire une de Virgile, à la fois agréable et juste, Marolles répliqua qu’avant de déclarer la chose impossible il faudrait essayer, et il se mit à l’œuvre incontinent : il a bien soin de nous avertir dans sa préface qu’il n’y employa que peu de mois. […] Ainsi parlait un ami et un camarade dans son style de réclame et de prospectus, comme nous dirions aujourd’hui. […] On connaît la jolie idylle d’Ausone, Les Roses : le poète se promène un matin de printemps dans un jardin, et il y voit les roses briller humides de rosée, les unes s’entrouvrir, les autres se déployer et s’épanouir, d’autres enfin pâlir et s’effeuiller déjà au moment où il parle : Ecce et defluxit rutili coma punica floris Dum loquor, et tellus tecta rubore micat. Ce que Marolles traduit en ces termes : Au moment que j’en parle, on voit que sa perruque (la perruque de la rose) Tombe en s’élargissant, qu’elle devient caduque. […] [NdA] Dans un écrit de Furetière, Nouvelle Allégorique, ou histoire des derniers troubles arrivés au royaume d’Éloquence (1659), on lit : « Il y vint (à l’armée du Bon Sens) un illustre abbé de Marolles, qui poussa ses conquêtes jusques dans les terres de Tibulle, Catulle, Properce, Stace, Lucrèce, Piaule, Térence et Martial ; terres auparavant inconnues à tous ceux de sa nation ; cependant il les dompta, et les mit sous le joug de ses sévères versions, et il les traita avec telle exactitude et rigueur, que de tous les mots qu’il y trouva, il n’y eut ni petit ni grand qu’il ne fît passer au fil de sa plume, et qu’il n’obligeât à parler français et à lui demander la vie… » Ce jugement ne ferait guère d’honneur à la critique de Furetière qui était d’ailleurs un homme d’esprit, mais il est à croire qu’il ne parlait pas sérieusement quand il écrivait cela.
Autant les lettres de Tessé racontant ses visites clandestines à Turin, ses conversations avec le duc et avec son ministre, sont gaies, vives, amusantes, cachant le sérieux sous le badin85, autant la correspondance de Catinat qui prêche misère, qui ne parle que vivres, rations, farines, mulets, caissons et charrettes, est sèche, ingrate, toute spéciale et monotone. […] Catinat put écrire au roi, le 22 juillet 1696 : « L’échange des otages va se faire aujourd’hui… C’est une grande affaire que d’avoir l’épine de cette guerre ici hors du pied, et je suis persuadé que ceux qui en parleront autrement et qui en contrôleront les conditions, c’est qu’ils ne la connaissent pas. » Il y a peu de militaires qui, pour tout chant de triomphe, à la fin d’une guerre où ils ont acquis de la gloire, se félicitent et félicitent leur pays d’avoir « une épine hors du pied ». […] On possède peu de détails originaux et de renseignements écrits sur ces dix années de sa fin : la tradition presque seule a parlé. […] Il se promenait sans épée ; il était mis comme un bonhomme ; il jouait avec les enfants, il parlait au premier venu. […] Elle écrivait d’Ormesson, le 7 juillet 1703, à Mme de Grignan ; — elle vient de parler de MM. de Boufflers et de Villars : « Mais, madame, je m’amuse à vous parler des maréchaux de France employés, et je ne vous dis rien de celui [Catinat] dont le loisir et la sagesse sont au-dessus de tout ce que l’on en peut dire ; il me paraît avoir bien de l’esprit, une modestie charmante ; il ne me parle jamais de lui, et c’est par là qu’il me fait souvenir du maréchal de Choiseul ; tout cela me fait trouver bien partagée à Ormesson : c’est un parfait philosophe, et philosophe chrétien ; enfin, si j’avais eu un voisin à choisir, ne pouvant m’approcher de Grignon, j’aurais choisi celui-là… » De son côté, Fénelon, en décembre 1708, énumérant toutes les qualités nécessaires à un général qui eût commandé une armée sous le duc de Bourgogne et qui, en même temps, lui eût servi de mentor, écrivait au duc de Chevreuse : « Il faudrait qu’au lieu de M. de Vendôme, qui n’est capable que de le déshonorer et de hasarder la France, on lui donnât un homme sage et ferme, qui commandât sous lui, qui méritât sa confiance, qui le soulageât, qui l’instruisît, qui lui fît honneur de tout ce qui réussirait, qui ne rejetât jamais sur lui aucun fâcheux événement, et qui rétablît la réputation de nos armes.
Quand on parle de la sagacité infaillible de M. de Talleyrand, on oublie trop ce discours ; mais en fait de prophéties, on ne se souvient guère que de celles qui réussissent. […] Sachons voir les hommes sans parti pris et par tous leurs aspects ; écoutons-les parler sur leur vrai ton. […] Ayant à parler de la mort de M. […] Je ne lui parlerais que de M. […] Cette affaire Maubreuil, dont Talleyrand va parler si négligemment et d’un air d’indifférence, s’était terriblement réveillée en 1827.
Avec une rapidité surprenante dans les mouvements, dans les désirs, dans les projets, dans les fantaisies, dans les idées, ils ont le parler lent. […] Il s’est surpassé lui-même toutes les fois qu’il a parlé de Vernet et de Greuze. […] Çà, petite, ouvrez-moi votre cœur : parlez-moi vrai : est-ce bien la mort de cet oiseau qui vous retire si fortement et si tristement en vous-même ? […] On y parle de la nature, de l’art, et de leurs rapports délicats ; on y parle du monde ; de l’ordre universel, et du point de vue relatif à l’optique humaine. […] On m’a raconté que David, le grand chef d’école, sinon le grand peintre, ne parlait de Diderot qu’avec reconnaissance.
Depuis Villon jusqu’à Molière, jusqu’à Voltaire et Beaumarchais, les Parisiens ne parlent point ainsi. […] Il n’avait jamais interrompu personne ; il écoutait jusqu’au bout sans rien perdre ; il n’était point pressé de parler ; et, si vous l’aviez accusé, il aurait écouté tout le jour sans rien dire. […] Fontenelle fait semblant de vouloir parler d’autre chose : « Non, répliquai-je, il ne me sera point reproché que dans un bois ; à dix heures du soir, j’aie parlé de philosophie à la plus aimable personne que je connaisse. […] Totalement dénué de la forme poétique idéale supérieure et de cette richesse des sens qui en est d’ordinaire l’accompagnement et l’organe, il parle de la poésie en toute occasion comme ferait son ami La Motte, c’est-à-dire comme un aveugle des couleurs. […] Je parlais l’autre jour de Diderot.
Il est à remarquer que lui qui a si admirablement parlé d’Alexandre, de Charlemagne. de Trajan et de Marc Aurèle, il est moins généreux au sujet de César ; il n’en parle pas du moins comme de ces autres grands mortels avec une sorte d’enchantement. […] Ainsi sur Alexandre, il dira : « Parlons-en tout à notre aise. » Ainsi encore : « On ne peut jamais quitter les Romains… » Ou bien : « Je ne saurais quitter ce sujet… » Ou bien : « Je prie qu’on fasse un peu d’attention… », etc. […] Mais là encore Montesquieu fait comme un Athénien qui, sans le vouloir, aurait si bien parlé de Lacédémone à Athènes, qu’il aurait beau dire ensuite à ses compatriotes : Ne l’imitez pas ! […] C’est bien en ce sens qu’il a eu raison de parler de la majesté de son sujet et d’ajouter : « Je ne crois pas avoir totalement manqué de génie. […] Vous voulez parler comme vous, je veux que vous parliez comme moi. » — Va-t-on prendre l’essor, ils vous arrêtent par la manche.
Si l’on excepte le parti encyclopédique auquel il était trop mêlé pour en parler avec indépendance, mais dont encore il savait le faible, nul d’alors n’a mieux vu que lui en tout ce qui est de ses contemporains. […] Il s’étonne quelque part que Voltaire ait si mal parlé d’Homère dans un chapitre de son Essai sur les mœurs, où tous les honneurs de l’épopée sont décernés aux modernes : « Si cet arrêt, dit Grimm, eût été prononcé par M. de Fontenelle, on n’en parlerait point ; il aurait été sans conséquence : mais que ce soit M. de Voltaire qui porte ce jugement, c’est une chose réellement inconcevable. » Et il donne ses raisons victorieuses tout à l’avantage de l’antique poète. C’est que Grimm ne parlait ainsi d’Homère que pour l’avoir lu en grec, et Voltaire ne l’avait jamais parcouru qu’en français. […] C’était une Voix qui était censée parler à un pauvre faiseur de menuets de Bohême. […] Dans la joie de son cœur, elle en parle à Grimm : J’ai été très étonnée, dit-elle, de le voir désapprouver le service que je rendais à Rousseau, et le désapprouver d’une manière qui m’a paru d’abord très dure.
Ce n’est pas aux forêts qu’il parle, c’est aux villes. […] Parlez-lui donc de l’art pour l’art, à ce cénobite de l’idéal. […] Cette poésie parle politique à ses heures. […] Et Samuel parla au nom de l’Éternel au peuple qui demandait un roi. […] Parler si haut, cela ne l’empêche point de parler bas.
malheureux que vous êtes, laissez agir, laissez parler votre âme ; elle se peindra sur tous vos traits, elle dirigera tous vos mouvements, elle modulera toutes vos expressions. […] En jugeant les imitations, nous parlerons de l’effet qu’aurait dû produire l’opposition de ces deux caractères. […] peut-il convenir à la femme respectable qui vit dans le sein d’une famille honnête, et qui parle à un mari plus que dévot ? […] Quant aux divertissements, nous sommes convenus de n’en parler que lorsqu’ils mériteraient ce titre, par leur liaison intime avec l’ouvrage. […] Le bel esprit se compromet toujours quand il veut parler d’un art qu’il n’a pas approfondi.
Goulden que j’achetais la montre ; j’aurais voulu tenir toutes ces choses secrètes : cela m’ennuyait beaucoup d’en parler. […] Goulden parlait toujours : moi, je ne pensais qu’à Catherine. […] — Eh bien, je parle pour qu’on m’entende, reprit-elle ; ton Napoléon ne me fait pas peur ; il a commencé par nous empêcher de parler, pour faire ce qu’il voudrait… mais tout cela va finir ! […] Mais vous avez tort, mère Grédel, de parler comme vous faites et de lui donner un mauvais conseil. […] » Il se parlait à lui-même en marchant d’un air rêveur, les mains croisées sur le dos.
Pour ce qui regarde le dogme, nous n’en pouvons guère juger, et je le dis de ceux surtout qui se croiraient le droit d’en parler légèrement. […] Quand il nous parle de nous, fût-ce avec sévérité, ce n’est pas sans douceur que nous sommes mécontents de nous. […] Il y a eu là tout au moins un jour où la religion de sa mère lui a parlé. […] C’est ainsi qu’il faudrait parler des livres. Mais combien savent lire les livres de façon à en parler comme Vauvenargues ?
« Tu parles comme la tempête », lui disent-ils. […] Parle ! […] Inspirez-moi, et j’oserai parler ! […] Si j’ai mal parlé, je n’ajouterai pas une parole à ma faute ! […] Je dis donc comme Job : Je parlerai !
Villemain a parlé. […] Le vieux Michaud, l’auteur de l’Histoire des Croisades, ne parlait jamais de lui que comme d’un bel esprit de collége, ce qui, dans ces termes brefs, était souverainement injuste. […] Il eût été fort possible, par exemple, et l’on conçoit très-bien que Villemain, né en d’autres temps, et venu un peu plus tôt, n’eût jamais parlé, comme il l’a fait, de Shakspeare. Il en a parlé, parce que c’était la vogue et que le vent y poussait. […] Il passait pour classique, et on ne l’entend plus parler que de Shakspeare.
« Les médecins de Molière parlaient latin, remarque finement Rémy de Gourmont en sa lumineuse Esthétique de la langue français.89, les nôtres parlent grec. […] « On parle, ajoutait-il, et l’on écrit, en général, pour être compris et les mots qui s’appliquent nettement et exclusivement à la chose qu’on veut désigner sont nettement les meilleurs. » 91 « Il ne s’agit pas, développe encore Rémy de Gourmont en l’ouvrage précité, il ne s’agit pas de bannir les termes techniques, il s’agit de ne pas traduire en grec les mots légitimes de la langue française et de ne pas appeler céphalalgie le mal de tête. […] Brieux, quoique — et peut-être parce que — traitant un sujet plus médical encore102, les a délibérément proscrits, ces mots dangereux et, « bien que fort renseigné sur le sujet dont il parle, n’a pas adopté absolument les termes spéciaux, le style particulier du traité de pathologie » 103 ; délibérément, disons-nous, et nous récusons la suite du commentaire : « on dirait presque que c’est à son insu et qu’il les aurait employés s’ils lui étaient venus sous la plume » 104. […] On parla de cynisme et M. le Dr Prieur conclut dans le Mercure de France : « Je crois même que ce dernier mot est insuffisant quand on se souvient qu’à la répétition générale le professeur Bertry, ce guignol incohérent, qu’un accès d’angine de poitrine venait frapper au dernier acte, avait pris la tête et les gestes de Charcot que l’angine de poitrine avait frappé à mort, une nuit de voyage, dans une auberge de province, peu de temps auparavant… » 105 Outre une erreur de diagnostic (car Charcot succomba à une insuffisance aortique dûment constatée par les professeurs Strauss et Debove qui assistèrent à son agonie)106, nous pouvons signaler que M.
Mais l’homme qui écrit par besoin, pour défendre ce qu’il croit ou ce qu’il aime, pour réaliser un idéal d’art, ou même pour satisfaire son ambition, son égoïsme ou ses vices, ne songe qu’à parler juste, et qu’à trouver les mots qui rendent sa pensée et l’approchent de son but : celui-là est aussi éloigné de concerter ses figures que l’homme du peuple, qui, en jurant, ne pense guère à faire une imprécation. […] Mais lorsqu’il s’agit de parler à l’intelligence, de lui découvrir une vérité théorique ou pratique, il faut se défier de ce langage figuré, qu’une certaine chaleur de sentiment, uni à une certaine paresse d’esprit, produit. […] L’homme irrité parle de tout briser, de tout réduire en poudre : on serait bien embarrassé de trouver dans ce langage l’indication de la conduite qu’il peut ou veut tenir. […] Mais il menace toujours de détrôner Jupiter ou d’enflammer le monde aux éclairs de son épée, et, par ces hyperboles que son imagination enfante, il conserve son amour-propre dans la douce persuasion de son invincible vaillance : il ne peut être mis à l’épreuve sur de tels desseins ; s’il parlait terre à terre, il perdrait l’illusion de son héroïsme au premier choc de la réalité. […] La conclusion de tout ceci, c’est qu’il faut se proposer de parler proprement et justement ; qu’il ne suffit pas même que les figures soient le produit spontané de l’esprit ; qu’il faut encore exercer sur ce que l’on écrit un contrôle sévère, et ne recevoir aucune métaphore, aucune figure d’aucune sorte, que lorsqu’on sent qu’elle est dans la circonstance l’expression propre, adéquate de la pensée, lorsqu’elle apparaît comme véritablement et rigoureusement nécessaire.
Ce n’était sans doute qu’un dégoût passager qui le faisait parler de la sorte. […] il débuta de la sorte : Sire, Si le monde parlait ici à la place de Jésus-Christ, sans doute il ne tiendrait pas à Votre Majesté le même langage. […] Ainsi parlerait le monde ; mais, Sire, Jésus Christ ne parle pas comme le monde. […] Est-ce Massillon, est-ce Bernardin de Saint-Pierre plus chrétien, est-ce Chateaubriand faisant parler le père Aubry à la mourante Atala, mais dans un langage plus pur et que Fontanes aurait retouché, — lequel est-ce des trois, on pourrait le demander, qui a écrit cette belle et douce page de morale mélodieuse, cette plainte humaine qui est comme un chant ? […] [NdA] Le père Bougerel, dans son exacte notice sur Massillon (Mémoires pour servir à l’histoire de plusieurs hommes illustres de Provence), ne parle que du Carême de 1704 prêché à la Cour par Massillon et ne dit rien du Carême de 1701.
Mais avant d’en dire quelque chose, il est indispensable de parler du genre même des Mystères, duquel il n’est, après-tout, qu’une variante ; et cela nous mène à expliquer ce qu’était notre ancien théâtre ; car tout s’y tient, et il n’est pas possible d’en prendre une juste idée sans remonter aux origines et le suivre dans ses progrès et son développement. […] Le savoir, à la fin, dissipant l’ignorance, Fit voir de ce projet la dévote imprudence : On chassa ces docteurs prêchant sans mission… On ne sait de quels pèlerins veut parler Boileau. […] On a un exemple de ces petits drames farcis dans le mystère des Vierges sages et des Vierges folles ; elles y parlent en latin avec un refrain en roman ou provençal ; ailleurs, l’entrelardement devait être en français. […] Et non-seulement lui, mais que tous les personnages soient également exercés à parler comme il convient, et qu’ils fassent le geste en rapport avec la chose dont ils parlent ; et que dans les rythmes (les vers) ils n’ajoutent ni ne retranchent une syllabe (cet avis du xiie siècle n’aurait-il pas bien pu s’adresser encore à plus d’un tragédien ou d’une tragédienne que nous avons entendus ?) […] Je veux te parler… » C’est assez vif, c’est sobre et assez fin : cela ne manque ni de grâce ni d’une naïveté assez heureuse.
Pour toute la partie industrielle, économique, et dans cet ordre d’institutions et de projets, les faits ont parlé. […] Guéroult de ne pas savoir à qui il parle ni de quoi il parle. […] Quand on parle de liberté, au risque d’étonner et de formaliser un peu ceux qui ne prononcent ce nom qu’avec frémissement, je demande aussitôt laquelle, — de quelle liberté il s’agit. […] elle a atteint l’âge de majorité et de raison ; elle trouve désormais tous ses stimulants et ses motifs d’agir en elle-même ; les lumières circulent, chacun a droit de parler et d’être écouté ; la somme totale de tous les avis, la résultante de toutes les contradictions est, en fin de compte, la vérité même ! […] Je veux parler du vieil et loyal Laurent (de l’Ardèche).
Elle a pleuré à Marianne ; elle a ri à l’Indiscret ; elle me parle souvent, elle m’appelle mon pauvre Voltaire. […] Je ne prétends pas dénigrer Louis XV, ni ajouter au mal qu’on a dit de lui ; j’ai lu bien des Portraits de ce roi : je n’en connais point de plus juste que celui qu’a tracé un homme qui l’aimait assez et qui le voyait tous les jours, Le Roy, lieutenant des chasses de Versailles ; on peut s’y fier : c’est un philosophe qui parle et qui, pendant de longues années de service, n’a cessé devoir de près son objet. […] N’ayant jamais été mis en demeure d’en triompher parle travail, il s’y était totalement livré. […] Il ne lui est libre ni de parler à qui elle veut, ni d’écrire. […] Un mois après le retour d’Issy et ce qu’on appelait alors une seconde Journée des dupes, il nous fait part d’une confidence de la reine et de ce qu’il répondit : « La reine, nous dit-il, me mena le même jour (20 janvier) dans son cabinet, et me parla avec une vive douleur des changements qu’elle voyait dans l’amitié du roi.
Il parle des Polonais comme on en parlait alors, c’est-à-dire comme d’une espèce de peuple barbare, à demi asiatique, et chez qui les moindres singularités de mœurs et de costumes intéressent : Vous ne sauriez vous faire une idée de la majesté et de la fierté des Polonais, dont ils sont redevables moitié à leur barbe, moitié à leurs grandes robes et à leurs sabres. […] On mangeait plus alors qu’aujourd’hui, surtout on en parlait davantage et sans honte. […] Les méchants couplets satiriques contre lui, dont j’ai parlé, sont de ce temps. […] Et continuant de parler d’elle : « C’est, ajoutait-il, comme une nuance de raison et d’agrément qui occupe les yeux et le cœur de ceux qui lui parlent ; on ne sait si on l’aime ou si on l’admire : il y a en elle de quoi faire une parfaite amie, il y a aussi de quoi vous mener plus loin que l’amitié. » Et l’éloge continue sur ce ton délicat. […] Il y aurait à parler de La Fare assez longuement.
Sans doute, c’est là un très petit champ d’observation, et ce qu’on en a tiré est par conséquent un critérium, pour ainsi parler, très pauvre. […] Les étonnements mêmes que nous causent quelquefois les fictions, et je parle encore une fois de celles qui sont bonnes, nous amènent à des découvertes. […] Il veut lire dans une « langue artiste », dans cette langue, comme a dit Musset, que le monde entend et ne parle, pas et j’ajouterai que le monde n’entend même pas beaucoup. […] Il ne peut pas être très sociable ; ne lui parlez pas ; vous êtes au nombre des choses connues. […] Ce lecteur est généralement un professeur de littérature latine dans une faculté, mais ce n’est pas de lui que je veux parler ; je ne parle pas ici des lecteurs professionnels.
De ses deux sœurs, il perdit l’aînée, qui avait eu beaucoup d’action sur son enfance ; il parle d’elle avec sensibilité dans des vers composés longtemps après. […] Élise (la sœur) me dit de passer l’hiver sans plus parler. […] Elle sortit un moment avec Julie, et je remerciai Élise qui me parla froidement. […] … Vendredi, 9 décembre à dix heures du matin. — Elle m’ouvrit la porte en bonnet de nuit et me parla un moment tête à tête dans la cuisine ; j’entrai ensuite chez madame Carron, on parla de Richelieu. […] Ampère parle d’une difficulté première qui lui semblait insurmontable, et dont M. le chevalier de Biran lui fournit la solution.
Bouche prédestinée à parler avec accent des grandes choses. […] Heureux les hommes qui parlent ou qui écrivent en français ! […] Nous ne voulons parler du prêtre qu’en qualité de littérateur. […] une voix qui ne parle qu’à des auditeurs à genoux ! […] Ils parlaient de la terre, il parle du nuage.
Bon, tu es mauvais ; vrai, tu parles faux ; pur, tu rauques en conduite. […] F., un beau brun, côtelettes épaisses, voix de stentor, parle beaucoup et très haut. […] On eût dit qu’il se rangeait, pour parler bourgeoisement. […] Je parlerai beaucoup plus sobrement de mes visites en Hampshire. […] Je ne parle, soyez-en sûr, que de défauts élégants et respectables.
Ceux dont parle cet ouvrage laissent subsister le libre arbitre. […] J’ai parlé de M. […] C’est d’elle que j’ai maintenant à parler. […] Il eût fait sensation s’il eût désiré parler. […] Je veux parler de Maurice de Guérin, et de sa sœur Eugénie.
C’est ce que ne doit pas oublier le critique qui parle de ces choses-là. […] Il y avait pourtant, parmi les solitaires, pour ne parler que des gens de plume, de grandes diversités de caractères. […] Tout en combattant pour la cause commune, il parlait sans cesse de paix, de repos. […] La grammaire, c’est l’Art de parler ; la logique, c’est l’Art de penser. […] C’est l’art de parler qui nous apprend l’art de penser.
Mais elle a vraiment un sens pour le Paris des quelques années dont je vous parle. […] Je ne parlerai pas de cette bataille dans le Figaro ! […] J’en parlerai au rédacteur en chef, M. […] Qui eût prédit qu’on parlerait encore de la censure en France ? […] Parlons-nous de théâtre ?
Nous l’avons vu parler de la jeunesse avec feu et sympathie, en s’identifiant avec elle ; il ne parle pas moins bien de l’âge mûr et de la vieillesse. […] Souvenez-vous que la sagesse consiste plus souvent à se taire qu’à parler ; car il est toujours temps de penser, mais il ne l’est pas toujours de dire ce qu’on pense. […] Ceux qui parlent ainsi n’avaient pas présent au souvenir le remarquable passage où Vicq d’Azyr commente ce mot de Buffon : « Voilà ce que j’aperçois par la vue de l’esprit », et où il le montre dans ses diverses théories faisant en effet tout ce qu’on peut attendre de l’esprit, devançant l’observation, et arrivant au but sans avoir passé par les sentiers pénibles de l’expérience. […] Je n’ai point parlé de lui comme savant, comme anatomiste ; ceux qui sont compétents en ces matières lui accordent de l’étendue, des vues comparatives, et une faculté de généralisation qui ne nuisait nullement chez lui à l’examen du détail et à ses travaux particuliers comme observateur. […] Dans le transport de la fièvre, il ne cessait de parler du Tribunal révolutionnaire ; il croyait voir Bailly, Lavoisier, tous ses amis immolés l’appeler sur l’échafaud : « Ce délire d’un mourant, a dit éloquemment Lémontey, montra au jour ce qu’était alors en France le sommeil des gens de bien. » Vicq d’Azyr est trop oublié, ou du moins, si son nom reste connu, ses ouvrages le sont trop peu.
En revanche, il traite fort mal Horace ; il en parle de haut, comme d’un sensuel et d’un sceptique. […] vous allez parler d’organes à M. de Laprade ? […] Il parle volontiers de Raphaël ! […] Le volume dont nous parlons aujourd’hui ne se termine pas non plus sans une pointe de dénigrement politique. […] Je parle selon mon sens grossier.
Pour parler sans figure, cette seconde partie a perdu considérablement et elle perdra de plus en plus dans l’opinion de ceux qui examinent. […] Il parle fort bien, pour commencer, des Égyptiens, et il a un sentiment juste de l’importance de ce premier grand empire civilisé. […] Il parle ensuite des deux empires d’Assyrie ; mais tout cela est trop conjectural encore, et ce n’est qu’avec la Grèce que l’historique proprement dit commence. […] On ne peut qu’admirer, en somme, la large et intelligente manière dont Bossuet a parlé de la Grèce. […] Un mot d’éloge, à la fois excessif et vague, sur Charlemagne qui était la fin indiquée d’avance, montre qu’il avait peu étudié de près ce dernier des grands conquérants dont il parle comme d’un saint Louis.
On parle toujours de corruption à propos du xviiie siècle : cette corruption, ce semble, la voilà bien, nous la touchons ici du doigt dans un exemple qui n’a, d’ailleurs, rien de personnellement odieux et qui peut se considérer sans trop de dégoût. […] Il suffit de jeter les yeux sur les singuliers autographes qui nous viennent de Berny pour mesurer en un clin d’œil toute la distance : on était tombé de la langue si pure encore et si juste des dernières années de Louis XIV à celle que parlaient Mlle Leduc et ses pareilles. […] Négligent jusqu’à la fin et mal instruit des mouvements de l’ennemi, il remettait d’établir une communication facile de sa droite à son centre et de son centre à sa gauche, et quand on lui en parlait, il disait qu’il le ferait faire dans deux jours. […] « Le roi lui dit qu’il le trouvait maigri ; il lui parla de sa santé, de la ville de Cologne, de l’élection du pape ; enfin il fit la conversation avec lui pendant trois quarts d’heure comme à l’ordinaire. » Roi et prince du sang, voilà des gens assurément d’humeur commode et sans bile : je ne les en félicite pas. […] Cependant les divertissements de Berny avaient aussi reçu leur échec : sans parler des dettes où tant de spectacles et de violons à payer avaient jeté le prince, il n’y avait plus moyen, comme auparavant, de venir à chaque fête, dans un couplet final, célébrer invariablement le héros de Lawfeld ou de Raucoux.
S’il parle d’un homme célèbre, il le voit dans sa famille, dans sa race, dans sa province, dans ses relations de toutes sortes ; s’il parle d’un des écrits de son auteur, il met de même cette production dans tout son jour ; il la rapproche des événements qui lui ont donné naissance ; il explique tout ce qui peut s’y renfermer d’allusions personnelles et de peintures de la société. […] Maucroix, chanoine de Reims et poète, naïf comme La Fontaine, et, dans sa jeunesse, un peu plus romanesque que lui ; ce Champenois de l’Île-de-France, qui parlait un français si pur, qui a trouvé quelques vers heureux dans la veine de Racan, et qui a du La Fontaine en lui, au génie près, mais qui en tient pour la bonhomie et pour le cœur ; Maucroix, l’ami aussi de Patru et de d’Ablancourt, était de cette race bourgeoise bien parlante, bien clouée et paresseuse. […] Cette infidélité de ton, il l’aura en toute circonstance lorsqu’il parlera du Grand Siècle, et malgré sa familiarité si réelle avec les principaux comme avec les moindres personnages de ce beau temps. […] C’est assez faire entendre aussi, je pense, ajoute-t-il, que les personnages ne sont pas des sauvages de l’Ancien ni du Nouveau Monde ; ils sont Français et costumés à la française : enfin, ce qui est encore plus extraordinaire, autant du moins qu’il a été possible à l’auteur, ils parlent français… ». […] Et pourtant, ce Chateaubriand, qui semblait alors ne point parler français, revenait et nous ramenait par des hauteurs un peu escarpées et imprévues à la grande et forte langue, et c’était sur ses traces que le goût lui-même devait retrouver bientôt sa vigueur et son originalité.
Les panégyriques doivent donc être tombés : on lit beaucoup moins d’oraisons funèbres : les dédicaces deviennent rares ; elles ne s’ennoblissent que lorsque la philosophie sait parler avec dignité à la grandeur, ou lorsque la reconnaissance s’entretient avec l’amitié. […] Je sais qu’il y a beaucoup de différence entre l’orateur qui parle, et l’écrivain qui ne doit être que lu. […] Des sons tracés, des caractères muets sont la seule communication qu’il y ait entre vous et lui : il n’y a que sa pensée qui parle à la vôtre. […] C’est aux vivants qu’il faut parler ; c’est dans leur âme qu’il faut aller remuer le germe de l’honneur et de la gloire : ils veulent être aimables, faites-les grands ; présentez-leur sans cesse l’image des héros et des hommes utiles ; que cette idée les réveille. […] Un conquérant qui aimait la gloire, mais plus avide de renommée que juste, s’étonnait de ce qu’un homme vertueux, et que tout le peuple respectait, ne parlait jamais de lui : il le manda. « Pourquoi, dit-il, les hommes les plus sages se taisent-ils sur mes conquêtes ?
Le Père Brumoy a remarqué qu’Euripide, en donnant à Iphigénie la frayeur de la mort et le désir de se sauver, a mieux parlé, selon la nature, que Racine, dont l’Iphigénie semble trop résignée. […] Son père et le Ciel ont parlé, il ne reste plus qu’à obéir. […] Pour achever le cercle des caractères naturels, il faudrait parler de l’amitié fraternelle, mais ce que nous avons dit du fils et de la fille s’applique également à deux frères, ou à un frère et à une sœur. Au reste, c’est dans l’Écriture qu’on trouve l’histoire de Caïn et d’Abel, cette grande et première tragédie qu’ait vue le monde ; nous parlerons ailleurs de Joseph et de ses frères.
Il est de ceux qui disent : « Quand je ne parle pas, je ne pense pas » et qui croient penser quand ils parlent. […] Dans la pièce dont je parle ce dernier n’est-il pas l’honnête homme ? […] Voilà le véritable office de la comédie, voilà, pour ainsi parler, sa circonscription. […] Donc il doit l’employer un peu quand il parle amour. […] Henriette parle de ses enfants à venir ; elle vient d’en parler, elle en parle encore : Et ne supprimez point, voulant qu’on vous seconde, Quelque petit savant qui veut venir au monde.
Je suis terriblement en arrière avec les poëtes ; il y a des années que je n’ai parlé d’eux. C’est qu’il est difficile de parler d’un seul et d’en omettre plusieurs : le choix de l’un devient injustice pour tous les autres. […] Et pourtant je passe et ne parlerai pas de lui28. […] C’est le cœur qui a parlé, comme dans une de ces courtes prières de Racine converti. […] On s’étonne d’avoir à parler d’un poëte réputé vengeur et terrible, du poëte des Iambes, de l’auteur du Pianto, d’un front deux fois ceint du chêne et du laurier, presque comme on ferait d’un commençant : ce n’est pas sans charme.
mais les masques dont parle Phedre, étoient dans le même cas que la tête d’Esope. […] Les compositeurs de déclamation, c’est Quintilien qui parle, lors qu’ils mettent une piece au théatre, sçavent tirer des masques mêmes le pathetique. […] Pollux dans l’ouvrage que nous citons, dit quelque chose qui me paroît propre à confirmer la conjecture ingénieuse et sensée dont je viens de parler. […] C’est sur le visage que l’ame se peint, et les yeux sont la partie du visage, qui, pour ainsi dire, nous parle le plus intelligiblement. […] Stratocles, c’est le nom de l’autre comedien, de qui parle aussi Juvenal, avoit une voix aigre.
Voyez les nations et la suite de leurs progrès : elles chantent d’abord, puis elles parlent, elles critiquent enfin ; c’est l’amusement de leur vieillesse, et quand on voit commencer ce radotage, mauvais signe, le génie s’en va. […] À ces qualités que je suppose réunies dans mon critique, j’en ajouterais volontiers quelques autres, quoiqu’elles semblent moins indispensables, par exemple d’être discret et de parler français. […] D’un autre côté, plusieurs critiques paraissent, en écrivant, plus occupés d’eux-mêmes que de l’ouvrage dont ils parlent. […] Pour la langue, ma théorie est celle de Martine : Quand on se fait entendre, on parle toujours bien. […] Mais vous, critiques, en quel nom me parlez-vous ?
Dans ce livre écrit par une femme qui doit tout savoir de l’homme dont elle parle, puisqu’elle l’aima et en fut aimée, il n’y a pas même une vue, une pensée, une observation sur cet homme qui puisse ajouter à ce que nous en savons. […] la cause de ce déchet d’un livre médiocre, sur un homme de génie, par l’être qui devait trouver, pour en parler, des accents de génie dans le fond de son propre cœur, — oui, la cause de ce triste phénomène d’un livre, écrit et pensé comme l’eût écrit et l’eût pensé le premier bas-bleu venu, c’est uniquement le bas-bleuisme. […] Dans la vie, lord Byron sur lequel on a tant parlé et tant écrit, — tant entassé de versions ineptement brillantes ou absurdement contradictoires, lord Byron, malgré tout cela, et peut-être à cause de cela, n’est pas lumineusement et intégralement connu encore. […] Elle n’a rien compris à ce pensif et capricieux, qui eut le caprice au même degré que la pensée… Je parlais d’arc-en-ciel. […] Qui en parle maintenant que le salon bleuâtre de la marquise de Boissy a été fermé par la mort ?
Le livre est là… Ces lettres de tant d’âme ont été envoyées à l’impression comme de la copie littéraire, et le cœur a beau me saigner de faire de la critique sur un pareil livre, de disséquer une vivante d’hier, — si ce n’est même pas une vivante d’aujourd’hui, — je suis bien obligé de vous en parler. […] … Un jour qui n’est pas encore très éloigné, je parlais d’un livre incomparable. […] C’est comme si j’avais parlé au fond de la mer, où, perles qu’on n’y pêchera pas, elles sont allées rejoindre celles qu’on y pêche ! […] Ce qu’était Réa Delcroix avant de rencontrer l’homme qu’elle a éperdument aimé, nous ne le savons pas… mais certainement elle était quelqu’un par la tête, en attendant qu’elle fût plus que quelqu’un par le cœur… Et si, dans ses lettres embrasées du double feu de l’esprit et de l’amour, elle parle par hasard — comme elle y a parlé — de quelques poètes ou de quelques artistes contemporains avec une justesse qui est un éclair, allez ! […] celle qui les a écrites, qui a parlé avec tant d’enthousiasme des triomphants bonheurs de l’amour, un jour elle-même a été brisée.
Sur deux ou trois cents orateurs qui en divers temps parlèrent à Rome, à peine y en eut-il un ou deux par siècle qui pût passer pour éloquent ; peu même eurent le mérite de parler avec pureté leur langue. […] Il y parlait avec les plus grands égards de Cicéron, dont il était l’admirateur et le rival, et dont il feignait d’être l’ami. […] Tous ceux qui verront ce monument, ceux même qui apprendront que nous l’avons élevé, parleront de vous avec reconnaissance. […] Après tous ces éloges de Cicéron pour les autres, il nous reste à parler de ceux qu’il fit pour lui-même. […] qui pouvait lui faire un crime de parler de ses grandes actions, dans ces moments où l’âme réclamant contre l’injustice des hommes, semble élevée au-dessus d’elle-même par le sentiment et le caractère auguste du malheur ?
J’ai déja parlé de celui de la Rose. […] Je parle de la Gravure en taille douce. […] Desmarais voulut parler ; un geste lui imposa silence. […] Chacun était séduit avant même qu’il eût achevé de parler. […] Les a-t-il fait parler comme lui ?
Car, si l’on rencontre des doutes jusque dans le domaine de la conscience sur la réalité de certains phénomènes psychiques, on n’en rencontre jamais dans le domaine de l’expérience, du moment que celle-ci a parlé clairement. […] En sorte qu’à parler rigoureusement l’ouïe et la vue devraient être considérées comme les organes et non les facultés du beau. […] Sans parler des œuvres qui ne font que manifester telle ou telle faculté corporelle, il ne suffit pas de noter, par exemple, que l’homme seul a le langage pour donner une juste idée de la supériorité sur l’animal. […] La vérité est que l’homme parle parce qu’il pense, c’est-à-dire abstrait, généralise, juge, raisonne, tandis que l’animal ne pense pas, dans la véritable acception du mot, étant incapable de ces diverses opérations. […] C’est du dehors que l’école dont nous parlons observe ce qui se passe à l’intérieur.
Il est de ceux dont il convient de parler à l’heure où ils disparaissent, car il est compliqué, difficile à comprendre, et la postérité n’a le temps de se souvenir que de ce qui se détache avec unité et netteté. […] Il inspira plus d’un dévouement de femme, sans parler de la sienne (car il était marié, et à une femme de mérite, ce qu’il cachait aussi tant qu’il pouvait) ; il se fit plus d’une fois aimer. Une balle, en jouant, lui avait atteint un œil dès le collège ; il ne parlait jamais de cet accident. […] Je n’en parle que parce que c’est là encore un coin essentiel de son caractère et de son talent : ce prétendu démocrate se délectait en effet, soit en vers, soit en prose, aux peintures aphrodisiaques les plus raffinées. […] Après les succès d’Ourika et d’Édouard, la duchesse de Duras avait lu, à quelques personnes de sa société, une nouvelle intitulée Olivier, dont on parlait assez mystérieusement.
Bien parler, c’est penser tout haut. […] Et cette façon aussi de parler de Pascal ? […] Pellissier a cru pouvoir s’en tenir à parler de Chateaubriand et de madame de Staël, du moins en a-t-il bien et heureusement parlé. […] On entend bien que je ne parle qu’en gros. […] Dumas : je veux parler de celle de Gustave Flaubert.
Il ne me reste plus qu’à parler des entrées du palais royal. […] Je parle de ce logis comme bien instruit, l’ayant tenu l’an 1675 et 1676, par permission du roi ; car les chrétiens ne sauraient loger dans la ville d’Ispahan sans cette permission. […] Tous les grands donnaient les mains à cette élection, et pas un de ceux qui avaient droit de parler ne lui avait refusé son suffrage. […] Chardin a sans doute voulu écrire Acroceraunii ; car aucun géographe ancien ne parle des monts Acrocerontes. […] Cherâbdjy bâchy, dont il a été parlé déjà plusieurs fois.
Parlez-nous de lui, grand’mère, Parlez-nous de lui. […] — Il vous a parlé, grand’mère ! Il vous a parlé ! […] Il veut vous voir, me disaient-elles, mais il ne faut pas le faire parler. […] Ils ne doivent parler que de vertu !
Il est aussi rare de voir des hommes nez sans le sentiment dont je parle, qu’il est rare de trouver des aveugles nez. […] Souvent elles ont décidé avant que d’avoir parlé et même avant que d’avoir pensé à faire une décision. […] Le public dont il s’agit ici est donc borné aux personnes qui lisent, qui connoissent les spectacles, qui voient et qui entendent parler de tableaux, ou qui ont acquis de quelque maniere que ce soit, ce discernement qu’on appelle goût de comparaison, et dont je parlerai tantôt plus au long. Le lecteur en faisant attention aux temps, aux lieux, comme à la nature de l’ouvrage dont il sera particulierement question, comprendra beaucoup mieux encore que je ne pourrois l’expliquer, à quel étage d’esprit, à quel point de lumieres et à quelle condition le public dont je voudrai parler sera restraint. […] Le mot de public est encore ou plus resserré ou plus étendu, suivant les temps et suivant les lieux dont on parle.
Si son talent n’a pas jailli d’un bloc, il ne s’est montré que quand il a été bloc, c’est-à-dire, pour parler plus littérairement, quand il a réuni en soi tout ce qui fait l’unité de la force et la perfection de cette harmonie que Platon compare à une sphère ! […] Malgré les différences qu’on a cru voir entre le de Maistre qui parle à cet être abstrait et sans visage, le public, et le de Maistre qui parle à ses amis ou à ses enfants, aux visages qu’il aime, il y a pour le vrai critique le de Maistre de toutes les Correspondances dans le de Maistre des Œuvres, et j’en atteste particulièrement les Soirées de Saint-Pétersbourg ! […] Ce talent de Joseph de Maistre, caractérisé tant de fois par nous et par d’autres, ajoute certainement, par ce qu’on en retrouve et ce qu’on en publie, à la somme de nos plaisirs intellectuels, mais embarrasse pour en parler après tout ce qu’on en a déjà dit. […] vous pouvez prendre les plus spirituels parmi les plus spirituels quand l’esprit est aimable, vous pouvez prendre Hamilton, Rivarol et Voltaire lui-même, et vous n’aurez jamais rien de plus aimable que ce de Maistre qui parle si délicieusement des torts qu’on a envers lui avec ceux-là mêmes qui les ont ! […] L’esprit le plus absolu, mais aussi le plus élevé qu’ait produit l’ancien régime expirant, l’auteur illustre du Pape, des Soirées de Saint-Pétersbourg et du Bacon, ne pouvait être compté parmi ces jaloux contemporains de Napoléon qui ont parlé de lui avec la voix de femme de la jalousie : madame de Staël, Marmont, Chateaubriand !
Le service, pour parler les abominables argots du journalisme et de la librairie, bien dignes, du reste, de parler le même langage, a été oublié, du moins pour moi. […] C’était, pour moi : Anonyme Rocquain… J’ai entendu et j’entends tous les jours parler de grimauds dont on devrait se taire, et je connais assez de gens de talent dont on ne dit pas un seul mot pour que ce que j’écris là puisse l’offenser. […] … Et, en effet, tous ceux qui ont jusqu’ici parlé de l’esprit révolutionnaire, ne l’ont guères vu avant la Révolution elle-même. […] Félix Rocquain, qui, dans son livre, ne parle que par la voix des autres, doit penser, s’il en prend la peine, comme les voix dont son livre est l’écho… Évidemment, en effet, il doit être, dans l’intimité de sa conscience d’historien, de l’avis de ces hommes dont il répète les mots comme un commissionnaire qui fait sa commission, et sa pensée doit transpirer à travers les citations qu’il leur emprunte. […] Il n’est pas douteux pour qui que ce soit que si cet historien avait vécu dans la mêlée du temps qu’il raconte, il n’eût parlé, écrit, agi, dans la mesure de sa force, qui n’est pas grande, il est vrai, mais dans le sens de tous ceux-là dont il nous répète les observations, les opinions et les maximes.
Les Mémoires d’une femme de chambre I Il faut donc en parler malgré nous, de ce petit livre que le doux Jules Janin appelait, l’autre jour, bête et ennuyeux, et qui n’a pas moins son succès, je ne dirai pas comme s’il était spirituel, car ce n’est plus là une raison ! […] qui est, du reste, le vrai succès pour la vanité, quand on n’a ni fierté, ni délicatesse ; et par cela seul me voilà obligé de parler. Les lecteurs de ce livre auraient le droit de me dire : « Pourquoi ne nous parlez-vous pas de ces Mémoires d’une femme de chambre dont on a tant parlé partout ?… » Car c’est la vérité, on en a parlé ! […] Tout le temps que je le lisais, cet auteur : Voilà, me disais-je, une femme de chambre qui parle comme tous les livres à couvertures jaunes que je connais, et Dieu sait, hélas !
Je ne parle, bien entendu, que de ce qui est senti. […] Il parla à peu près en ces termes. […] Schnoudi y apprit à parler et à écrire le copte. […] Il nous apporte ces planches d’écorchés dont parle M. […] Je ne parle ni de M. de Banville ni de M.
Sans parler des poésies publiées et connues, comme le recueil des Deux Voix 7, il y a bien de jeunes espérances, et qui ne se gâtent pas jusqu’ici de fausses ambitions. […] J’ai parlé des excellentes petites biographies et des notices en quelques lignes, mises à la tête des extraits. […] Dès qu’on en vient là, il hésite un peu, il parle des maîtres de la lyre et s’y replie scrupuleusement. […] Mais c’est à produire, à solliciter une impression entière et efficace qu’ils sont destinés ; et aussi n’en parlons-nous qu’avec rapidité et une sorte de crainte sous un point de vue autre. […] Viret demande déjà excuse en son temps de parler un français un peu étrange ; mais de loin ces différences s’effacent, et l’on n’est plus frappé que des ressemblances.
Ainsi, en ces deux années, à force de parler pour, contre et sur, on avait tant fait de tous les côtés qu’on avait rendu Pascal problématique ; restait à savoir si on pourrait le remettre sur pied. […] C’est assez en dire, mais il nous a semblé qu’ayant à parler de Pascal, il n’était que juste de faire à M. […] Au fait, on peut parler hardiment, aujourd’hui qu’un texte solide nous est rendu sur lequel nous avons pied ; on le pouvait même auparavant sans risquer de se compromettre. […] Son cœur parlait plus haut et faisait taire l’autre. […] Je ne contesterai pas cette qualification, si par mystique il est entendu qu’il s’agit surtout ici d’un chrétien, qui sans négliger les raisons et preuves qui parlent à l’intelligence, met la raison de sentiment au-dessus des autres.
Enfin pour moi, dans les modernes, il n’y a eu jusqu’ici qu’un homme qui ait fait la trouvaille d’une langue pour parler des temps antiques : c’est Maurice de Guérin dans Le Centaure. […] Tout, jusqu’aux rideaux d’un blanc nuptial, parle d’un amour honnête, consacré, autorisé. […] ” » Là-dessus il nous parle de Sœur Philomène, disant que seules ont de la valeur, les œuvres venant de l’étude de la nature, qu’il a un goût très médiocre pour la fantaisie pure, qu’il prend peu de plaisir aux jolis contes d’Hamilton ; qu’au reste, cet idéal dont on parle tant, il n’est pas bien sûr que les anciens s’en soient préoccupés, qu’il croit au contraire que leurs œuvres étaient des œuvres de réalité, — que peut-être seulement ils travaillaient d’après une réalité plus belle que la nôtre. […] Il lui a parlé d’un sérail d’oiseaux, de choses incompréhensibles. […] Il y a une volupté étrange à avoir, ainsi sur soi, un corps de femme dont on n’aperçoit rien, qu’une obscure envolée de cheveux, et la lumineuse réflexion de son visage, perdant un peu de sa réalité matérielle dans son éclairement glaceux… Et elle parle de l’enterrement d’une voisine, — un de ses sujets favoris, — elle parle des franges du corbillard, de la beauté du cercueil dont le bois de chêne n’avait pas de nœuds, et elle finit par déclarer, que si on ne faisait pas bien les choses pour son enterrement, elle en aurait un chagrin mortel.
Pour donner plus de vie, plus de mouvement à son poëme, il fait presque toujours parler ses personnages. […] Mais, à mon sens, le plus grand trait de ressemblance entre les héros dont je parle, c’est la cruauté militaire. […] On ne sçait ce qui blesse le plus dans le discours de ce prétendu sage, ou l’envie demesurée de parler, ou la vanité, ou l’imprudence. […] Cela est vrai, à parler philosophiquement, mais en matiere de poësie, rien n’est plus faux. […] Il faut qu’elles soient bien placées, c’est-à-dire, qu’elles conviennent aux actions et aux événemens dont on parle ; car si l’esprit ne les trouve appuyées de l’expérience, il les juge frivoles, et elles ne sçauroient faire d’impression.
Ainsi parlait-on à l’hôtel de Rambouillet. […] Nous ne parlons point la même langue. […] Je veux parler de Jean-Jacques Rousseau. […] Puis-je vous parler de l’Essai sur les mœurs avant de vous parler de L’Esprit des lois ? puis-je vous parler de Candide avant de vous parler de la Lettre sur la Providence ?
Lorsqu’elle parle de l’ambassadeur défunt, elle le fait en des termes d’affection qui n’impliquent aucun ressentiment, tel qu’un pareil acte aurait dû lui en laisser. […] Elle parle souvent de vous comme j’en parle et comme j’en pense. » La naïveté de Mlle Aïssé n’était pourtant pas si champenoise que le malin veut bien le dire, ce n’était pas la naïveté d’Agnès ; elle savait le mal, elle le voyait partout autour d’elle, elle se reprochait d’y avoir trempé ; mais du moins sa nature généreuse et décente s’en détachait avec aversion, avec ressort. […] À la manière dont elle parle d’elle et de sa personne, on serait par moments tenté de lui croire des charmes médiocres et de chétifs agréments. […] Elles sont tout à fait inédites : ce sont les deux lettres dont parle la marquise de Créquy, page 317 de l’Édition ; elles proviennent, en effet, des papiers de Mme de Créquy. […] Je ne parle longtemps de la même chose que lorsque je la considère en vous.
Une fois à distance, on parle des choses en grand, c’est-à-dire le plus souvent en gros. […] Royer-Collard disait : « Que veulent-ils parler de doctrinaires ? […] Victor Le Clerc, la traduction du De Legibus dont nous avons parlé. […] Nous dirons quelque chose de ceux de ces ouvrages dont nous n’avons point parlé. […] Royer-Collard à la tribune ne parlait qu’en premier et ne répondait pas.
On pourra vous parler en littérateur et vous dire : « Admirez combien ces petites bêtes sont adroites. » On pourra vous parler en moraliste et vous dire : « Mettez à profit l’exemple de ces insectes si laborieux. » On pourra enfin vous parler en naturaliste et vous dire : « Nous allons disséquer une abeille, examiner ses ailes, ses mandibules, son réservoir à miel, toute l’économie intérieure de ses organes, et marquer la classe à laquelle elle appartient.
on ne doit jamais lui parler. […] L’art consiste à déployer le caractère d’un personnage et tous ses sentiments, par la manière dont on le fait parler, et non par la manière dont ce personnage parle de lui. […] Si vous introduisez un ambitieux obligé de parler d’amour, qu’il en parle conformément à son caractère ; qu’il fasse servir même l’amour à ses desseins, comme Assur, Catilina dans Rome sauvée : surtout qu’il ne vienne point parler de son amour après qu’il vient de commettre quelque crime, moins par amour que par ambition. […] Un roi, un simple particulier, un commerçant, un laboureur, ne doivent point parler du même ton ; mais ce n’est pas assez. […] Il serait également faux de faire alternativement parler et chanter les personnages du drame lyrique.
Il conte de race, si l’on peut ainsi parler. […] Qu’on ne parle point de propreté. […] Il a plaisir à parler l’argot des faubourgs. […] Coppée parle tout le temps de politique pour dire qu’il n’en parlera pas ; la moitié du volume au moins en est pleine. […] — Si l’on veut ; quand il ne parle pas comme M.
Est-ce bien pour leur bonheur que tu veux leur parler ? […] Ces défauts choquans se sont encore plus sentir dans Cinna où les conspirateurs parlent dans le cabinet d’Auguste. […] C’est le Poète alors qui parle. […] On nous en parle, & je voudrois me livrer à cette espérance. […] Je ne parle pas ici des Médecins, des Jurisconsultes, des Chirurgiens, qui écrivent sur leur Art ; je ne parle pas des Compilateurs, des Journalistes des Traducteurs, à tant la feuille ; ceux-ci sont des manœuvres.
Ses ennemis parlent de la femme d’un libraire, qui, pour une petite fièvre de rhume, fut saignée quinze fois en douze jours, et mourut d’un purgatif en sus qu’on lui administra. […] Belin, avec qui il était dans les meilleurs termes, il lui a parlé contre les qualités occultes admises par Fernel. […] Il leur jette à la face, dès le premier abord, toutes les épithètes injurieuses de Plaute, sans parler de ces autres injures plus raffinées qui n’ont pu être inventées que depuis le xvie siècle et après la découverte de l’Amérique. […] D’un autre côté, les médecins qui sont entrés dans la voie de Guybert, dans la voie du médecin charitable et populaire (et Gui Patin semble quelquefois de ceux-là), continuent de parler comme les membres d’une corporation d’initiés. […] Quant à ses notes sur Gui Patin, il y parle plus volontiers de la Révolution française et de la décadence sociale que de Gui Patin même et du xviie siècle.
Il parle de son unité de principes, ce qui lui a été le plus contesté. […] Ne me confiez rien ; agissez sans moi et contre moi-même. » Voilà parler en homme qui se connaît et qui se juge. […] Lanfrey s’exagère la gloire de celui dont il parle. […] Parlez-moi ô ! […] Je ne savais pas, quand je parlais ainsi, qu’indépendamment de son Introduction toute théorique, M.
Lisez ce portrait-type de la femme telle que le siècle la dégagea après ses premières fureurs de Régence, et telle que la mit en scène et la fit parler, le premier, Marivaux : « Mais déjà, au milieu des déités de la Régence, apparaît un type plus délicat, plus expressif. […] La profondeur, la réflexion, le sourire viennent au regard, et l’œil parle. […] La confiance de M. de Choiseul est revenue ; ils ont parlé de leur ancien temps, ils ont ri ; et vous savez qu’ils sont tous deux de nature à aimer les choses et les gens qui les font rire : ainsi ils ont été parfaitement bien ensemble. […] Si les Mémoires de M. de Talleyrand ne sont pas un leurre et une vaine promesse, il lui reste à parler d’elle, lui le dernier de tous, et, avec le prince de Ligne, le meilleur juge. […] C’est une faute de français ou plutôt contre la grammaire ; mais dans ces styles parlés on n’y regarde pas de si près, et l’on n’en reste que mieux dans le génie de la langue.
L’époque, en tant que nouvelle et que moderne, n’avait rien produit encore de grand et de vraiment beau ; je parle de ce beau et de ce nouveau qui est propre à chaque époque et qui la marque d’un cachet à elle. […] En général, pour en bien parler, le mieux est d’être tout à fait contemporain de son sujet. […] Quand on parle de création à propos du Cid, il faut bien s’entendre. […] Ils gardent ainsi quelque chose de plus abstrait que dans la pièce espagnole, où ces changements de lieu sont fortement accusés, et que dans la réalité de la vie, où mille particularités du discours avertissent à tout instant de l’endroit précis où l’on est et où l’on parle. […] Ces mots de Rodrigue : parlons bas, écoute, indiquent assez que les gens de la suite du comte pourraient les entendre.
Ce fut un échec qui fit beaucoup parler et sur lequel il courut plus d’une version. […] Je te parle confidemment comme à mon frère, et tu crois bien que je ne m’étale pas de cette manière en public. […] Il parlait du cœur plutôt que des lèvres. — Catinat ressentit en effet, avec un esprit d’humilité et un vrai trouble, ce « comble d’élévation » que le roi mettait dans sa famille ; sa correspondance avec son frère, à ce moment, est touchante et d’un naturel charmant. […] Les discours à Paris ne tarissaient pas ; d’honnêtes gens blâmaient sans rien y entendre ; M. de Pomponne, parent de Feuquières, parlait plus qu’il n’était séant à un homme si sage et si ignorant de la matière. […] dit Grupel ; car ce qui est fait est fait. » — Nous bombarder, lui dis-je (c’est Tessé qui parle), ce qui sera pour lui et pour ses alliés un divertissement de quatre jours, et puis Son Altesse le payera par le bombardement que nous ferons dix jours après de Turin.
Eynard me dira que c’est dans le sens chrétien qu’il parle ; je le sais ; mais je ne voudrais pas que, dans une vie comme celle qu’il nous expose si bien, l’expression même la plus rigoureuse parût choquer une nuance sociale, une nuance féminine. […] C’est ainsi que parlerait Nicole ; c’est ainsi que Bossuet parle de l’horrible fin de Molière. […] Dans ce même temps, Mme de Krüdner écrivait à une amie plus simple, à Mme Armand, restée en Suisse, et elle lui parlait sur le ton de l’humilité, de la vertu, en faisant déjà intervenir la Providence : « Quel bonheur, mon amie ! […] On s’arrache un mot de moi comme une faveur ; on ne parle que de ma réputation d’esprit, de bonté, de mœurs. […] Elle aimait à parler d’amour ; ce mot chéri allait déborder plus que jamais de ses lèvres, et des foules entières affluaient déjà à ses pieds.