Elles se sont groupées en deux parties : l’une qui explique la suite de la religion, et l’autre qui traite des empires. […] La même providence qui se manifeste dans la continuité de la religion fait éclater aussi son action dans l’élévation et dans la chute des empires : voilà comment s’introduit la troisième partie.
Ainsi un obscur soldat promène à travers tous les champs de bataille de l’empire une pauvre folle dont il a fusillé le mari ; il se dévoue par pitié à celle que par devoir il a désespérée. […] L’empire le chassa de la politique.
Est-ce donc dresser la science de l’homme que de ne l’étudier, comme l’a fait la psychologie écossaise que dans son âge de réflexion, alors que son originalité native est comme effacée par la culture artificielle et que des mobiles factices ont pris la place des puissants instincts sous l’empire desquels il se développait jadis avec tant d’énergie ? […] La Révolution et l’Empire n’ont produit aucun poème qui mérite d’être nommé ; ils ont fait bien mieux.
Cette passion, assaisonnée à l’inceste et au catholicisme, relève vigoureusement les interminables et banales considérations de René sur le sort des empires, ainsi que ses sentimentales et larmoyantes déclamations sur la faiblesse humaine et ses mélancoliques et ennuyeux épanchements sur la solitude. […] Le romantisme qui ne devait formuler qu’en 1830 son fameux axiome, l’art pour l’art, lequel ne devait être appliqué que sous le second Empire par les Parnassiens, est une littérature de classe ; il est vrai que les romantiques ne s’en sont jamais douté, bien que ce soit là son plus sérieux titre à l’attention de l’histoire.
Que deviennent le libre arbitre, la responsabilité, la moralité, la personnalité de l’être humain, individu, peuple, race, sous l’empire d’une pareille nécessité ? […] Que l’homme essentiellement passionné suive sa voie ; que l’homme essentiellement raisonnable suive la sienne ; que l’homme, chez lequel la raison et la passion se disputent l’empire, flotte entre les deux voies sans s’engager résolument dans aucune : qu’y a-t-il à cela de contradictoire à la notion de liberté ?
le farouche, le bizarre, le colérique Montluc, sous l’empire d’un noble et puissant désir, fera tout cela ; la plus forte de ses passions refrénera pour un temps toutes les autres.
L’Empire et l’Allemagne, la Hollande, l’Espagne, l’Angleterre, la Savoie tout à l’heure, on a à tenir tête à toutes ces puissances, et on y réussit d’abord sans trop de fatigue et sans presque qu’il y paraisse au-dedans.
Ce n’est pas seulement le découragement de moi-même, mais des hommes, à la vue chaque jour plus claire du petit nombre de choses que nous savons, de leur incertitude, de leur répétition incessante dans des mots nouveaux depuis trois mille ans, enfin de l’insignifiance de notre espèce, de notre monde, de notre destinée, de ce que nous appelons nos grandes révolutions et de nos grandes affaires… Il faut travailler pourtant : car c’est la seule ressource qui nous reste pour oublier ce qu’il y a de triste à survivre à l’empire de ses idées, etc.
Si l’on essaye pourtant (car la pensée va d’elle-même) de se figurer ce qu’eût été Joubert devenu maréchal d’Empire, il me semble que l’illustre maréchal Suchet nous en donne assez bien l’idée : un militaire brave, instruit, progressif, un parfait lieutenant, capable de conduire à lui seul des opérations circonscrites, administrateur habile et intègre, combinant des qualités militaires et civiles, se faisant aimer même dans les pays conquis.
Il y aurait, dans les douze volumes que j’ai devant moi et qui représentent dix-sept années de rédaction à l’Univers, à distinguer plusieurs temps : — la période de Louis-Philippe, de 1843 à 1848, très-riche en grandes polémiques sur la liberté d’enseignement, sur la question des Jésuites, en luttes contre les universitaires, les professeurs du Collège de France, les romanciers feuilletonistes, et en croquis parlementaires de toutes sortes et de toutes dimensions ; — la période républicaine proprement dite, la moins féconde (l’auteur gêné dans son journal fit sa débauche d’esprit au dehors, dans les Libres Penseurs) ; — la période qui date de la présidence et qui comprend l’Empire, dans laquelle on distinguerait encore deux moments, l’un de complet acquiescement ou même d’admiration fervente ; l’autre de séparation, de scission jusqu’à la déchirure.
Il s’était donné, à l’origine de l’Empire, un air d’opposition.
Ce genre, en effet, est l’un des plus beaux fleurons de la poésie dite de l’Empire.
Si l’on excepte les relations officielles, il vivait d’ailleurs dans le courant de société le plus opposé à l’Empire, et dans quelques-uns de ces salons de Paris où le maître de l’Europe ne régna jamais.
Il avait ordre, en arrivant à l’armée, d’écrire à tous les Électeurs et princes de l’Empire avec lesquels on n’était point en guerre, « pour leur donner part du choix que le roi avait fait de lui, et leur marquer que Sa Majesté était dans la ferme résolution de faire observer la plus exacte discipline dans ses troupes et d’empêcher toute vexation. » Arrivé à l’armée, ses fautes de général commencèrent dès le premier jour.
« Vitruve dit dans sa préface (du moins cela est dans le chapitre vi, du livre II, du Selectæ e profanis scriptoribus historiæ) : « Cæteri architecti rogant et ambiunt, ut architectentur, mihi autem a præceptoribus est traditum, oportere eum qui curam alicujus rei suscipit rogari, non vero rogare. » « On peut voir en dix endroits du Journal de l’Empire même et, entre autres, le 27 juillet 1812, combien l’intrigue est nécessaire aux succès dans la littérature même.
Elle y eut cet avantage de rencontrer un état social qui leur donnait plus d’empire, et lit une loi de leur goût.
Nous devons enfin considérer comme circonstance favorable la chute de l’empire qui, fermant brusquement la réalité aux activités inquiètes et aux ambitions énormes, les dériva vers le rêve et l’exercice de l’imagination.
Le cas ne serait pas neuf, il advint dans l’Inde, et chez les Arabes, et même en Italie aux derniers siècles de l’Empire.
Issu d’une vieille famille noble, d’origine germanique, introduite en Italie à la suite de Charlemagne et devenue française à l’époque du premier empire, il portait en lui une longue hérédité d’agitations, de fièvres, de rêves éthérés et de sang lourd.
« Les poètes dramatiques sont les meilleurs prédicateurs de l’Empire », écrivait-il.
Béranger a eu l’esprit (lui ou sa fée) de laisser passer la poésie de l’Empire avant d’éclore ; il aurait calculé sa vie, qu’il n’aurait pas mieux réussi.
» Ce côté affectueux de Pascal, se faisant jour à travers tout ce que sa doctrine et son procédé ont d’âpre et de sévère, a d’autant plus de charme et d’empire.
Enfin le possesseur de cette curieuse intelligence, il faut le figurer jeté dès sa jeunesse, avec son frère et son semblable, dans les remous de la vie parisienne, promenant l’aigu de son observation, la délicate nervosité de son humeur, dans le monde des petits journaux, des cafés littéraires, des ateliers, dans les grands salons de l’empire, habitant aujourd’hui une maison constellée de kakémonos et rosée de sanguines, le cerveau nourri par une immense et diverse lecture : à la fois érudit, artiste et voyageur, au fait de l’esprit des boulevards, de celui de Heine et de celui de Rivarol, instruit des très hautes spéculations de la science, l’on aura ainsi la vision peut-être exacte, en ses parties et son tout, de cet artiste divers, fuyant exquis, spirituel, poignant, solide l’auteur des livres les plus excitants et les plus suggestifs de cette fin de siècle.
Tous ont divisé leurs sermons ; tous les ont compassé sur une citation d’une ligne ou deux, & tous divisent encore : tous citent un texte primordial, pour en faire éclore leur dessein & leurs plus belles idées : tant l’habitude a d’empire, & prévaut quelquefois contre la raison.
On essaya de trouver un certain ordre entre ces empires successifs contemporains des diverses couches géologiques, et l’expression d’histoire naturelle, qui n’avait signifié d’abord que science de la nature, se retrouva justifiée dans son acception nouvelle.
Ils étendent partout l’empire des sciences.
En effet, lorsque la Providence veut punir les hommes, elle semble leur enlever pour un temps la liberté dont ils abusèrent, et les placer en quelque sorte sous l’empire de la nécessité : alors paraît au milieu des peuples, ou le fléau de Dieu, ou l’homme du Destin ; mais aussitôt que cette mission redoutable est accomplie, le fléau de Dieu est brisé, l’homme du Destin reste sans pouvoir, les nations sont rendues à la liberté.
Il a jeté dans l’empire de l’imagination toutes les idées et tous les sentiments qu’il devait y jeter.
Il n’était point inutile de voir deux doctrines contraires naître en lui tour à tour du développement de deux facultés diverses, une faculté plus faible, fortifiée d’abord par les circonstances, prendre l’empire, fléchir lorsque le temps emporte les causes qui la soutenaient, et s’effacer enfin devant la véritable souveraine, qui essaye d’anéantir tout ce que sa rivale a produit.
De là ce débordement d’un pouvoir qui menaçait tout ; cette hauteur avec les rois et presque tous les États ; ce plan si vaste de subjuguer la Flandre, d’abaisser la Hollande, de resserrer la Savoie, de dominer en Italie, de donner des électeurs à l’Empire, un roi à l’Angleterre, son petit-fils à l’Espagne, et d’embrasser, par lui ou par ses enfants, Paris, Naples, Milan, Madrid, tandis que ses flottes iraient parcourir l’Océan, et feraient respecter son nom des ports de Brest ou de Toulon jusqu’à Siam, et aux côtes de la Jamaïque ou du Brésil.
L’Antigone, à son tour, nous laisse apercevoir quelques légères traces de cette fausse manière inventée à la fin du dix-huitième siècle et perfectionnée sous l’Empire et qu’on nommait alors la prose poétique. […] L’Asie Mineure, la Syrie et l’Égypte ont été perdues pour l’Église en même temps que pour l’empire romain et la civilisation grecque. […] Ce monstrueux mélange de cruautés et de débauches qui signale les mœurs de l’empire romain est particulier à la nature romaine, qu’il faut distinguer soigneusement de celle des Grecs dans le procès fait à l’antiquité. […] La domination pour elle-même, pour les fruits d’orgueil et de volupté qu’elle rapporte, tel fut le mobile du fondateur de l’empire et celui du génie romain. […] Les deux puissances de notre temps se croient étroitement unies contre la religion, contre la poésie, contre le spiritualisme, et leur empire est déjà divisé contre lui-même ; l’industrie est en voie d’étouffer la science.
Il le surprend au milieu de sa prière et lui offre l’empire du monde. […] Ils lui offrent « l’empire, la puissance, la force, et de longs jours ». […] Je sens en moi une puissance qui ne peut tomber sous l’empire de la mort. […] Il eût pu prophétiser que la défaite de la Pologne sera pour la suite des temps un triomphe sur la Russie, et que, comme l’empire romain a subi le triomphe intellectuel de la Grèce terrassée, l’empire russe subira le triomphe intellectuel et moral de la Pologne. […] Donne-moi l’empire des âmes.
Et il ajoute un peu plus loin, sur le genre d’intérêt qu’il se flatte d’avoir mis dans le même Faramond : « Avec la décadence de l’empire, on y verra le commencement de notre belle monarchie, et, avec celle des Français, on y verra commencer celle des Espagnols, des Huns, des Vandales, des Lombards et des Bourguignons… Je n’ajouterai rien du mien aux choses de conséquence, et je ne dirai rien de l’origine de nos rois qui ne soit appuyé sur un grand nombre d’auteurs célèbres. » Les commencements de la monarchie française, la décadence de l’empire romain, la dissolution de l’empire d’Alexandre, telles sont donc les « grandes révolutions » — l’expression est encore de lui — que La Calprenède s’est proposé de raconter dans ses romans de douze tomes. […] Car n’eussiez-vous pas cru que le pire malheur, pour un chrétien, fût d’avoir détrôné, dans « le temple de son cœur », l’empire de la vérité ? […] La morale des honnêtes gens, avec les facilités qu’elle offrait, a reconquis son empire naturel sur le monde. […] Mais maintenant, émancipée de ses anciennes contraintes, livrée à elle-même, fière de ses progrès, la raison ne voit plus rien qui doive demeurer en dehors de ses prises, aucun domaine sur lequel elle n’ait la prétention d’étendre son empire. […] Ou plutôt, ils se représentent l’homme dans la nature comme un empire dans un autre… C’est pourquoi, bien loin d’attribuer l’inconstance ou la faiblesse de l’homme aux lois de la nature, ils les imputent je ne sais à quel vice de la nature humaine sur laquelle, à ce propos, les uns se lamentent, les autres s’égaient ou la méprisent, ou finissent par la prendre en haine. »
La preuve en est dans ce que je sentais tout à l’heure de suranné et de lointain dans une notable part du théâtre du second Empire, encore si voisin de nous pourtant. […] La science et la sagesse des conseillers hellènes eût servi, fortifié, étendu peut-être l’empire perse. Par suite, l’empire romain, outre qu’il eût été privé de l’enseignement grec, eût trouvé de sérieux obstacles à son développement oriental. […] Des Granges appelle « le sens du relatif » dans le jugement des œuvres d’art, et communique à la critique de cet homme du premier Empire une souplesse et une libéralité fort remarquables pour son temps. […] Les froides et fades tragédies du xviiie siècle et du premier Empire, Geoffroy en dit déjà tout le mal qu’en diront les romantiques.
Sienne, Lucques, Pise et Florence ont possédé des individualités telles que n’en possède point l’immense empire britannique ; mais en revanche, si les individualités sont moins hautes de taille, elles sont plus nombreuses. […] Ils sont assez puissants pour inquiéter Satan lui-même, qui échange une correspondance avec la mort pour la prier de ne pas les lui envoyer, car il craint les séditions qu’ils peuvent semer dans son empire ; mais nul ne se plaint davantage de ces malfaisants trameurs de crimes qu’un certain personnage, vraiment original, que le ministre rencontre dans l’empire de la Mort, mais dont il avait fait antérieurement la connaissance dans les fantaisies de Quevedo. […] Lucifer n’y est pas le souverain despotique que vous croyez, et il a une peine infinie à faire régner l’ordre dans le vaste empire qu’il gouverne. À chaque instant, des conspirations s’organisent contre son pouvoir, et des courriers couverts d’une poussière de suie et d’une sueur infernale viennent annoncer au vieux roi qu’une sédition a éclaté dans telle ou telle province de l’empire. […] L’empire est cette fois réellement en danger.
Une voix même crie en mon cœur oppressé : Tremble, tremble, Néron, ton empire est passé ! […] Albert l’histoire de ces genres dramatiques nouveaux qui sont véritablement nés sous l’Empire et sous la Restauration, très obscurément, et qui sont venus à l’âge adulte aux approches de la Révolution de 1830. […] Il réussit d’une façon inouïe, à travers tout l’Empire et toute la Restauration. […] Le meuble Empire fut complètement délaissé et remplacé par tout un décor archaïque. […] Le prince de Wissembourg est un vieux général du premier Empire ; M.
Une jeunesse hostile à l’Empire avait cru à deux choses chez les hommes nouveaux : à un relèvement de l’intelligence, à un relèvement de la morale, — et malheureusement, il faut bien reconnaître, que chez les gouvernants de l’heure présente, l’intelligence et la morale sont peut-être encore inférieures à l’intelligence et à la morale des gens de l’Empire. […] — Mais je vous ferai remarquer que c’est sous l’Empire, avait répliqué le collaborateur de Zola.
C’est par elle que nous faisons subir aux idées qu’elle conserve toutes les modifications qui les rendent si fécondes…, et que nous nous instruisons nous-mêmes, comme nos semblables nous instruisent par la parole extérieure. » Ainsi, « l’intelligence doit toute sa force et les immenses développements qu’elle acquiert quelquefois à l’empire que nous donne sur nos idées la parole intérieure77 » Comme à la méditation Cardaillac rattache des états moins actifs que la réflexion, tels que la rêverie et la récitation muette78, rien ne manque au tableau qu’il fait de l’extension de la parole intérieure ; on peut dire qu’il a tracé, bien qu’implicitement, la loi de la parole intérieure ; il a, sinon formulé, du moins compris qu’elle fait l’intérim de la parole extérieure émise ou entendue ; il eût pu dire, en style condillacien, que nous sommes toujours parole et que nous sommes parole intérieure quand nous ne sommes pas parole extérieure. […] Ensuite, de même que nous n’avons aucun pouvoir sur nos sensations, nous n’en avons presque aucun sur le souvenir de nos sensations ; au contraire, « nous exerçons un empire absolu sur nos organes moteurs », en particulier sur les organes de la phonation ; or la parole intérieure est tout autant « à notre disposition » que la parole extérieure ; elle suit donc la loi de la parole extérieure au lieu de suivre celle des autres souvenirs sensibles95. — A cette double anomalie, Cardaillac propose une explication que nous ne pouvons, comme lui, trouver « satisfaisante » : notre parole extérieure est un mouvement dont un son résulte ; le son et le mouvement sont liés dans nos habitudes par une association invétérée ; au lieu de vouloir fermement parler tout haut, « modérons l’action de la volonté » : nous parlerons tout bas, le larynx restant immobile, et en même temps se réveillera en nous le souvenir des sons que nous aurions pu émettre au dehors ; si la volonté de parler est encore plus modérée, nous n’éprouverons, tandis que nous entendrons toujours la parole intérieure, qu’un très léger « frémissement » de l’organe vocal ; ainsi la parole, même intérieure, participe aux lois du mouvement, parce qu’elle est l’effet habituel d’un mouvement96. […] Mais l’effort mental n’est pas le même chez tous les hommes ; l’empire que nous exerçons sur la parole intérieure est « proportionné à l’habitude », — c’est-à-dire aux habitudes que nous lui avons données, — et par conséquent à l’effort mental que nous avons déployé pour créer ces habitudes103. — Rien n’est plus juste.
Il n’a pu payer à la Belgique son tribut public de reconnaissance qu’un peu tard, lorsqu’il publia, en 1861, les deux volumes intitulés : Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire. […] Sainte-Beuve les continua trois ans au Constitutionnel, puis ensuite dans le Moniteur, devenu journal de l’Empire.
Il y avait, se plaisait-il à dire quelquefois, trois événements qui avaient eu un grand empire, un empire décisif sur sa vie : l’un était la lecture de l’Éloge de Descartes par Thomas, lecture à laquelle il devait son premier sentiment d’enthousiasme pour les sciences physiques et philosophiques.
L’archevêque de Cambray, duc de Cambray, comte de Cambrésis, a la suzeraineté de tous les fiefs dans un pays qui compte soixante-quinze mille habitants ; il choisit la moitié des échevins à Cambray et toute l’administration du Cateau ; il nomme à deux grandes abbayes, il préside les États provinciaux et le bureau permanent qui leur succède ; bref, sous l’intendant et à côté de lui, il garde une prééminence, bien mieux, une influence à peu près semblable à celle que conserve aujourd’hui sur son domaine tel grand-duc incorporé dans le nouvel empire allemand. […] Près de Fontainebleau et de Melun, à Bois-le-Roi, les trois quarts du territoire restent en friche ; presque toutes les maisons de Brolle sont en ruines, on n’y voit plus que des pignons demi-écroulés ; aux Coutilles et à Chapelle-Rablay, cinq fermes sont abandonnées ; à Arbonne, quantité de champs sont délaissés ; à Villiers et à Dame-Marie, où il y avait quatre corps de ferme et nombre de cultures particulières, huit cents arpents demeurent incultes Chose étrange, à mesure que le siècle va s’adoucissant, le régime de la chasse empire ; les officiers de la capitainerie font du zèle, parce qu’ils travaillent sous les yeux et pour les « plaisirs » du maître.
XXXI La comtesse d’Albany m’accueillit avec une gracieuse bonté dans ce cercle étroit des nationaux et des étrangers qui venaient honorer, dans sa personne, moins la reine d’un empire évanoui que la souveraine légitime de la grâce et de l’esprit dans la conversation. […] « Le ciel avec amour tourne sur toi les yeux ; Quelque chose de saint sur les tombeaux respire, La Foi sur tes débris a fondé son empire !
L’histoire, qui est le registre de naissance et de mort de ces civilisations, nous les montre partout naissant, croissant, dépérissant, mourant avec les dieux, les cultes, les lois, les mœurs, les langues, les empires qu’elles ont fondés pour un moment ici ou là dans leur passage sur ce globe. […] La première ruine d’empire dont la terre est semée le confond, le premier tombeau rencontré sous les pieds le dissipe, la première déception de cœur ou d’esprit le fait fondre en larmes.
Écoutez-la, comme l’hymne d’un siècle qui va finir ; écoutez-la, avant que ces beaux climats, mal défendus par le despotisme inerte de l’empire, mais préservés longtemps des Scythes et des Goths, tombent sous l’invasion musulmane, tombent pour des siècles, restent enfoncés, jusqu’à nos jours de civilisation matérielle et de politique surtout commerciale. […] Mais, en dépit de ces souvenirs que Synésius ne peut dépouiller, vous sentez désormais en lui l’inspiration chrétienne ; et le poëte a pu devenir évêque, surtout à cette époque d’une foi plus ardente et d’un formulaire moins rigoureux, où l’Église enveloppait dans sa communion des prosélytes parfois hétérodoxes sur quelques points, comme un vaste empire, aux premiers jours de ses victorieux agrandissements, reçoit et tolère dans son sein des cités et des territoires auxquels il laisse d’anciens usages et quelques libertés dissidentes de la règle d’obéissance commune.
Mais l’ouvrage, arrivé à ce tome 12e et au xiie siècle, et n’étant plus soutenu par la pensée active du fondateur, était resté interrompu durant près de cinquante ans, lorsque l’Institut le reprit sous l’Empire.
Ils prirent Zara comme fin de solde, en attendant qu’ils gagnassent d’ailleurs à cette croisade l’empire des mers, une bonne partie de la Grèce, de la Morée, et les îles.
Et c’est alors que, tandis que Jésus descend le long de la montagne des Olives, il le présente touché au vif dans son cœur d’une tendre compassion, et pleurant sur la ville ingrate dont il voit d’avance la ruine ; puis, tout d’un coup, sans transition et par une brusque saillie qui peut sembler d’une érudition encore jeune, Bossuet s’en prend à l’hérésie des marcionites qui, ne sachant comment concilier en un seul Dieu la bonté et la justice, avaient scindé la nature divine et avaient fait deux Dieux : l’un purement oisif et inutile à la manière des épicuriens, « un Dieu sous l’empire duquel les péchés se réjouissaient », le Dieu qu’on a nommé depuis des bonnes gens ; et, en regard de ce Dieu indulgent à l’excès, ils en avaient forgé un autre tout vengeur, tout méchant et cruel : et aussi, poussant à bout la conséquence, ils avaient imaginé deux Christs à l’image de l’un et de l’autre Père.
Les passions, multipliées avec la société, s’étaient amincies comme le métal brillant et ductile étendu sur des surfaces ; il y avait moins de liberté et plus de conventions dans la société : l’esprit et le goût en étaient une, et la gaieté moins libre commençait à lui céder l’empire.
Le blâme, la froideur, la pâleur et l’effroi Et la peur d’une mère ont perdu votre empire… Mais je n’oserais trancher la question, et, comme M.
Mais cependant, même après Chateaubriand ou pendant Chateaubriand, sous le Premier Empire et sous la Restauration, il se voyait encore de bien beaux restes, des coins réservés d’atticisme.
On dépeint votre embarquement le plus bas et le plus abject où se soit jamais mise une personne de votre qualité, et on dit que votre ami exerce sur vous un empire tyrannique, et sur tout ce que vous approchez, etc. » On s’embarque donc, et même on se rembarque quelquefois auprès de la même personne pour réparer, s’il se peut, les torts de réputation qu’on a reçus d’un premier échec.
À voir, sous le Consulat et au commencement de l’Empire, ce jeune homme d’une physionomie et d’une vivacité plus méridionale encore que genevoise, gai, riche, élégant, beau danseur, fort recherché dans le monde, même dans celui de Paris, « faisant de Genève à Paris dix-sept voyages en neuf ans », on n’aurait jamais supposé, remarque M.
S’imagine-t-on bien le caractère original et tout moderne de ce nouvel Empire, qui, sincèrement, ne repousse pas la liberté, qui possède la gloire, et en qui la tradition, dans sa chaîne auguste, se renoue déjà ?
Quelques-uns soutiennent qu’elle représente Caligula, qui, étant fils de Germanicus, avait donné dans son enfance de hautes espérances pour le bonheur de l’Empire, mais qui, dans la suite, devint un monstre.
Quand celui qui se trouve appelé à gouverner un pays comme la France en est à ces cas de conscience et à ces petitesses, ce n’est pas de lui qu’on peut attendre qu’il rétablira puissamment ni qu’il restaurera ce grand empire.
.” — L’architecte prend la parole et dit : “Moi, je construirai le temple où vivront tes peintures, où respireront tes statues ; je bâtirai le théâtre immense où frémira le public sous l’empire de tes chants !
Le progrès est frappant sur tous les poèmes des champs et de l’agriculture qui ont précédé, soit dans le dernier siècle, soit au commencement de celui-ci : c’est un progrès analogue à celui de notre jeune école de paysagistes sur ses prédécesseurs au temps du premier Empire.
» Quelques écrivains, de nos jours, et particulièrement les écrivains dits néo-catholiques, dans leurs peintures de l’Empire romain, se sont livrés à des exagérations, non pas sur la corruption romaine, qui était extrême, en effet, sous les Empereurs, mais sur l’absence de qualités et de vertus civiles qui réellement y brillaient encore.
Frotté plutôt qu’imbu de romantisme, il avait gardé un reste de poésie d’Empire ; le fond de son cœur était à Parny, je l’ai dit, et à Millevoye, pour l’élégie : les premières odes de Victor Hugo, si classiques encore, étaient son idéal et ses colonnes d’Hercule dans le lyrique.
Thiers qui, dans son premier ouvrage, a marché sur ses traces, et qui a plus d’une fois parlé de lui, dans son Histoire de l’Empire, avec considération et haute estime.
Il fit paraître en 1806, sans nom d’auteur, des Essais de Morale et de Politique, qu’appuyèrent fort ses amis, Fontanes notamment dans le Journal de l’Empire.
En France, on a eu Figaro à la veille de la Révolution, Pinto à la veille de l’Empire.
Il n’y en a plus que deux aujourd’hui, le moi et la matière ; mais jadis il y en avait une légion ; alors, pendant l’empire avoué ou dissimulé de la philosophie scolastique, on imaginait, sous les événements, une quantité d’êtres chimériques, principe vital, âme végétative, formes substantielles, qualités occultes, forces plastiques, vertus spécifiques, affinités, appétits, énergies, archées, bref un peuple d’agents mystérieux, distincts de la matière, liés à la matière, et que l’on croyait indispensables pour expliquer ses transformations.
Les mousquetaires de Louis XVIII et les grenadiers à cheval de l’Empire ne formaient, ce jour-là, qu’une même illustration ; l’éclat de la noblesse relevait la sévérité de la démocratie militaire.
Mais il y a pourtant grande différence entre les résolutions qui procèdent de quelque fausse opinion et celles qui ne sont appuyées que sur la connaissance de la vérité : d’autant que, si on suit ces dernières, on est assuré de n’en avoir jamais de regret ni de repentir, au lieu qu’on en a toujours d’avoir suivi les premières lorsqu’on en découvre l’erreur295. » En un mot, « la volonté est tellement libre qu’elle ne peut jamais être contrainte… ; et ceux même qui ont les plus faibles âmes pourraient acquérir un empire très absolu sur leurs passions, si l’on employait assez d’industrie à les dresser et à les conduire ».
Il n’y avait pas tant d’années que la question de la grâce avait été agitée devant eux dans Polyeucte et qu’ils avaient lu passionnément les Provinciales, — tout de même que, sous l’Empire, on se jetait sur la Lanterne de M.
Ce qui constitue la bohème, ce n’est pas le manque d’argent, c’est, avant tout, le manque d’éducation morale, d’empire sur soi-même et de pudeur intellectuelle.
Certaines vérités sont saisies à la première vue : nous y étions préparés, nous dépendions d’elles depuis longtemps, et nous vivions à notre insu sous leur empire ; un esprit supérieur nous en avertit, nous les reconnaissons.
Le dandysme est une fleur des ruines qui s’engendre de la décomposition des empires et qui s’épanouit à l’heure intermédiaire où l’élite d’hier, dépouillée de ses vertus, garde un reste de prestige comme le ciel, à l’heure où le soleil le quitte, en commémore un dernier reflet.
Mme de Mondonville, libre et riche, sans enfants, pensa à se créer un petit empire et à être la Sémiramis d’un monde choisi où elle régnerait.
Quelquefois aussi elle abuse de son empire.
Rappelez-vous les imprécations de Lamartine, vers 1825, contre le temps du premier Empire.
Au contraire, les Anglo-Saxons, les Germains, les Latins et les Celtes, qui ont fondé dans ces contrées leur empire et qui y instituent des expériences nouvelles, appartiennent tous à des groupes européens d’une civilisation avancée, mais qui n’ont cessé de se transformer constamment.
Cette phrase est précédée d’une intéressante liste d’auteurs latins de l’agonie de l’empire, et d’une énumération d’auteurs français dans laquelle se coudoient curieusement des écrivains catholiques qui n’ont d’intérêt que pour des antiquaires en idées et en style, quelques poètes réellement décadents comme Paul Verlaine dont certains volumes ont les subtilités métriques et le niais bavardage des derniers hymnographes byzantins, et une bonne partie de ce que la littérature contemporaine a produit de supérieur et de raffiné.
Dans l’un, le peintre a répresenté l’homme tyrannisé par les passions, et dans l’autre, il exprime d’une maniere simbolique l’empire de la vertu sur les passions.
En vain des expériences répétées lui ont appris que cette toute-puissance, dans l’illusion de laquelle il s’entretient avec complaisance, a toujours été pour lui une cause de faiblesse ; que son empire sur les choses n’a réellement commencé qu’à partir du moment où il reconnut qu’elles ont une nature propre, et où il se résigna à apprendre d’elles ce qu’elles sont.
C’est par la lecture d’une pièce qu’on échappe aux prestiges de la représentation ; c’est en lisant que l’on n’est plus dupe du jeu des acteurs, de l’énergie de leur déclamation et de la sorte d’empire et de possession qu’ils exercent sur nous.
Bien avant, en effet, que Maurice Rollinat se débattit dans cette pénombre d’obscurité dont un poète encore plus fier que lui ne serait pas pressé de sortir et qu’il épaissirait autour de lui comme un mystère, plus beau que l’indiscrétion de la gloire, c’était Baudelaire et Edgar Poe qui partageaient à eux seuls l’empire de l’imagination de ces derniers temps.
N’en a-t-il pas exagéré l’empire ?
Sous le régime qui succède à l’Empire, l’esprit français, rendu aux loisirs de la paix, s’essayant aux luttes de la pensée, de la presse et de la tribune, se jette à la fois et avec ardeur dans toutes les voies de la science, de la littérature et de l’art. […] Pourquoi les deux grandes sectes philosophiques qui se partageaient Rome sous l’Empire, celle d’Épicure et celle de Zénon, si opposées d’ailleurs dans leur morale, s’accordaient-elles pour permettre et conseiller le suicide ? […] Cette esclave, elle a son empire en effet ; cette vassale, elle a sa royauté : empire des affections, royauté du cœur ; n’en enviez pas d’autre pour elle. […] Sans vouloir défendre toutes les démocraties et toutes les monarchies absolues, on ne saurait pourtant s’empêcher de protester au nom de la démocratie d’Athènes, de l’empire d’Auguste et de la monarchie de Louis XIV. […] Il y eut un moment, après l’Empire, où les esprits, distraits par les luttes politiques et littéraires, semblèrent avoir échappé à ces douleurs secrètes, et trouvé dans l’action un remède aux tourments de la pensée.
En les combattant, les chevaliers combattaient donc pour l’Empire : « Ils voulaient médiatiser […] Ils poursuivaient un but social d’une signification éminente. Dans leurs tendances, et nullement dans celles des princes de l’époque […] était le véritable avenir de l’Empire allemand. […] […] » Il assistait en paisible philosophe à l’agonie du vieil empire, sans en rêver un nouveau ; et je crois que M. […] Au printemps de l’année 1772, le conseiller Goethe, qui voulait absolument faire de son fils un avocat distingué, l’envoya à Wetzlar, siège du Tribunal de l’Empire, centre d’une activité juridique considérable, bien que fort lente, et d’un nombre énorme de procès qui traînaient là depuis des siècles. […] Jamais on n’avait prononcé sur moi une plus grande, une plus glorieuse parole… Voilà comment on parlait dans la « Maison allemande », à Wetzlar, siège du tribunal de l’empire, vers l’an 1772.
Des rois ou des héros en tiendront les principaux rôles ; elle roulera sur des événements qui enveloppent le destin des empires ; et elle finira dans le sang. […] Puisque la nature est si différente d’elle-même, comment veut-on asservir à des lois générales, des arts sur lesquels la coutume, c’est-à-dire l’inconstance, a tant d’empire ? […] Apelle et Phidias forcèrent tous les différents États de la Grèce et tout l’empire romain à les admirer. […] Si l’on n’admet pas que le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, la chevalerie et les institutions grecques et romaines se sont partagé l’empire de la littérature, l’on ne parviendra jamais à juger sous un point de vue philosophique le goût antique et le goût moderne. […] Enfin, plus tard encore, quand il se fut rangé du côté de l’Empire, il a eu des complaisances qu’on ne saurait sans doute avoir le rigorisme de lui reprocher, mais qu’il faut bien qu’on dise qu’il a eues.
Mais la « Providence » avait voulu que les « bienfaits » du consulat et de l’empire coïncidassent avec leur union, — deux mille quatre cents francs de pension d’un côté, sur les fonds de l’Intérieur ; six mille francs d’un autre ; deux mille francs d’un troisième, sur le Journal de l’empire ; trois mille quatre cents francs encore sur le grand-livre ; Paul au lycée Napoléon, Virginie à Écouen, etc., etc. — et l’imagination du vieillard, toujours romanesque, lui montrait dans sa jeune femme une bénédiction comme envoyée d’en haut pour le consoler de ses misères passées. […] C’est ce que n’ont point vu ceux qui nous disaient, hier encore, qu’à défaut d’autre mérite, le Roman d’un jeune homme pauvre, et Sibylle, et Monsieur de Camors, vivraient au moins comme images fidèles des modes, et des mœurs, et de la société française du second empire. […] Nous ne formons pas dans la nature un empire dans un empire et il n’y a pas de « règne humain ». […] ou, pour user ici de la forte expression de Spinoza, dans son Éthique : « L’homme est-il dans la nature comme un empire dans un autre empire ?
Et il a eu le royaume qui seyait le mieux à son âme, le bel empire féodal, éternellement splendide, de sa princière fantaisie. […] Le public aime les meubles Empire comme ou aime les merles quand on n’a plus de grives ; et quand les amoureux s’aperçoivent que les belles femmes sont trop belles, ils en aiment de laides. […] Tel qu’il est, le style Empire est au moins un style : il vaut toujours mieux que ce méchant petit style anglais qu’on est en train de vouloir lui opposer. […] Vous n’avez qu’à imaginer le caractère du banquier Laffitte, en supposant seulement qu’au lieu d’une banque c’est un empire que le destin lui donne à diriger. […] Taine auraient-ils jugé cette morale avec la même faveur s’ils l’avaient rencontrée chez des Français, par exemple chez les hommes de la Révolution, ou encore du Premier Empire ?
L’établissement d’un empire que le fondateur, apuyé sur des oracles et sur le sentiment effrené de sa propre valeur, croit devoir s’étendre sur tout l’univers : or la convenance du stile avec ces idées, produit nécessairement l’héroïque, et il est vrai que cette extravagance d’ambition et de confiance en ses propres forces subjugue toujours l’imagination des hommes. […] Titus lui a protesté qu’il l’aime plus que jamais, et que l’absence ni le tems ne lui sauroient ravir son coeur ; ce qui est bien éloigné de la moindre jalousie ; cependant il ajoûte, en s’interrompant, que Rome… l’empire… et il sort pour ne point achever ce qui n’est déja que trop intelligible. […] Elle lui dit, dès qu’il se présente, qu’elle ne murmure pas de son bonheur ; et qu’elle mourra contente, puisqu’à ce prix elle lui assure et la vie et l’empire ; elle ajoûte ensuite. […] Il a reconnu dans Inés la vertu la plus héroïque ; et il voit de plus, des enfans, ses petits-fils, et les héritiers nécessaires de l’empire. […] Auguste déférant aux conseils de Maxime, alloit abandonner l’empire, si le perfide Cinna ne se jettoit à ses genoux, et si, sous l’apparence de l’amitié la plus vive, il ne le conjuroit de le garder, pour pouvoir être en état de le poignarder le lendemain.
Jules Delafosse de nos édiles d’aujourd’hui avec ceux du dernier Empire, et la comparaison, il faut le dire, est loin d’être flatteuse pour les premiers : « … Mais Paris ne saura jamais se donner un Conseil municipal qui l’honore. […] En ce qui concerne le Conseil municipal de Paris, on ne trouvera jamais mieux que l’expédient de l’Empire. […] Il y avait encore une autre raison à cette cordialité et peut-être la principale : c’est que mes parents avaient consenti à recevoir la baronne de Feuchères, qui exerçait sur monsieur le duc de Bourbon un grand empire, mais qui n’était pas admise à la cour. […] Plus tard, après 1789, nous avions vaincu la coalition des empires, porté le drapeau tricolore dans toutes les capitales, propagé les idées et les lois nouvelles jusqu’au bout de la terre. […] Or, les nations peuvent s’affaiblir et disparaître, ainsi que l’a fait l’empire romain lui-même, tandis que l’humanité continue sa course.
Celui qui disait à Ménélas : « Si tu ne restes en repos, tu périras de ma main… » cet autre qui débitait avec emphase ces vers : « Je commande dans Argos, Pélops m’a laissé un vaste empire… » étaient payés à tant par jour, et couchaient dans un grenier. […] Néron ne put jamais l’impliquer dans la conjuration de Pison ; et pour assurer qu’il n’ignorait pas que les conjurés avaient résolu de l’élever à l’Empire, il faut s’en rapporter à un bruit populaire286. […] Par les exemples d’Auguste, de Pompée, de Scipion, de Lucullus, des plus grands personnages de l’Empire. […] L’ingénieux et élégant abbé de Saint-Réal a nommé Sénèque dans plusieurs endroits de ses ouvrages : il y est parlé d’un entretien du philosophe avec la courtisane Épicharis ; de sa présence à une des assemblées des conspirateurs de Pison, et de son projet de monter au trône de l’Empire. […] Il n’aspira point à l’empire ; Néron ne put même l’impliquer dans la conjuration de Pison.
Ces livres-là, on peut les discuter même en temps de bataille électorale. « La critique, a-t-on dit, est une guerrière, non une virtuose. » Ainsi la définissait Lanfrey sous l’Empire. […] Il a débuté, vers la fin de l’Empire, parmi les impassibles et les olympiens du Parnasse contemporain. […] Schérer et de six conférences faites à Paris vers la fin de l’Empire. […] Nous avons bien gardé du Premier Empire cette mirifique administration que les monarchies européennes nous envient et ont tant de raisons de nous envier ! […] Mais je me suis laissé dire qu’on n’a même pas pour but unique d’en faire des soldats, comme au temps du premier empire.
Ces premiers essais, ces éclats brillants, un moment interrompus ou contrariés par le despotisme de l’Empire, devaient, quelques années après, porter fruit et donner en plein leurs conséquences. […] L’adresse ne peut être généralement approuvée dans un empire de trente millions d’hommes ; on regarde de partout, il faut bien qu’on aperçoive tout ; mais le succès est une parfaite réponse. — Je me fais un grand plaisir de vous voir beaucoup cet hiver, monsieur ; il me semble qu’en écrivant vous m’avez fait encore mieux sentir tout le charme de votre esprit ; votre timidité en voilait quelques parties. — Je vais bientôt, à mon grand regret, vous renvoyer Benjamin ; vous avez bien voulu lui promettre de lui envoyer la Clef du Cabinet, où il est question de moi. […] On en a assez pour bien voir déjà comment tous deux furent précurseurs en littérature dès les années de l’Empire, et Fauriel tout aussi précoce que Constant. […] Nous aurions trop à dire si nous voulions épuiser, ou simplement énumérer en détail les autres travaux et les autres relations de Fauriel durant ces années de l’Empire qui furent pour lui si remplies et si fécondes. […] Le second ouvrage, le seul qu’on possède sous sa forme historique définitive, était destiné à établir le lien entre les deux autres : il comprend le récit des événements de la Gaule depuis la grande invasion des barbares au ve siècle jusqu’au démembrement de l’empire frank sous les derniers Carlovingiens.
Empire, République, c’est toujours la même chose. […] Le palais du Sénat, les portes grandes ouvertes, montre aux yeux de qui y pénètre, son raide et solennel mobilier rouge au bois blanc et or, semblable à une salle de spectacle du premier Empire, retrouvé dans le vide d’un palais abandonné, après une représentation de Talma. […] Je vais prendre Burty aux Tuileries… Sous ces vieux plafonds noircis par les fêtes et les soupers de l’Empire, sous ce bel or bruni qui me rappelle l’or des plafonds de Venise, au milieu de ces bronzes, de ces marbres, qui émergent de l’emballage encore incomplet du mobilier, dans le tain de ces glaces splendides, se voient des figures rébarbatives de plumitifs, des têtes aux longs cheveux socialistes, des crânes avec une couronne de cheveux d’un roux grisonnant : — les facies maussades des purs et des vertueux. […] Les empires peuvent succéder aux gouvernements constitutionnels, les républiques aux empires, nous aurons toujours M.
Elle a continué pendant la guerre comme la littérature classique continuait pendant la Révolution et l’Empire. […] Ces écrivains ont catalogué, de la fin du Second Empire aux vingt premières années de la République, toutes les classes d’une société en pleine transformation. […] Dans ce partage de l’empire d’Alexandre, Zola a pris pour l’appliquer à la société contemporaine le gaufrier oratoire, le mouvement épique de Salammbô, en quêtant sans grand succès son style dans les cuisines d’Hamilcar. […] Pour continuer nos images géographiques, il est dans le temps l’équivalent de l’empire britannique dans l’espace. Des études politiques et économiques sur l’empire britannique sont nécessairement des études qui concernent, par la connexion et l’analogie des faits, le reste du globe.
Dans un coin reculé de l’empire, en Judée, un doux et puissant prédicateur évangélisa : Marie-Madeleine tomba à ses pieds et les arrosa de parfums, ou tout au moins elle lui voua son cœur. […] Des trois filles de Mme de Verdelin, l’aînée mourut infirme et sans alliance ; une autre, mariée en 1773 au marquis de Courbon-Blénac, eut pour gendre le général comte d’Hédouville, sénateur etc. ; une troisième enfin fut mariée en 1778 au comte Le Veneur de Tillières, qui devint lieutenant général des armées du Roi, qui fut député sous l’Empire et sous la Restauration, et mourut en 1833, laissant postérité.
L’un dit : la comédie se borne à représenter les mœurs des hommes dans une condition privée294, excluant par sa définition tout le théâtre d’Aristophane ; un autre : le comique exprime l’empire de l’instinct physique sur l’existence morale295, oubliant Philaminte, Armande, Bélise, Vadius, le docteur Pancrace, et Alceste. […] Qu’un poème, par exemple, ruine l’idée de Dieu, l’idée du devoir, l’idée de l’âme, et fonde l’empire de la matière, quoi de plus immoral ?
« Un jeune épileptique, dont chaque accès était précédé par l’apparition d’une roue dentée au milieu de laquelle se trouvait une figure horrible, assurait d’avoir l’empire de commander à ses hallucinations. […] Lorsqu’il dure au-delà d’un certain temps, la fatigue est trop forte, nous dormons ; nos images ne sont plus réduites et conduites par les sensations antagonistes venues du monde extérieur, par la répression des souvenirs coordonnés, par l’empire des jugements bien liés ; dès lors, elles acquièrent leur développement complet, se changent en hallucinations, s’ordonnent librement suivant des tendances nouvelles ; et le sommeil, si peuplé de rêves intenses, est un repos, parce que, supprimant une contrainte, il amène un relâchement.
Il y avait alors dans les possessions flamandes de la maison d’Autriche des abbayes pourvues de dotations considérables, et dont les dignités, c’est-à-dire les revenus, appartenaient de droit à la plus haute aristocratie de l’empire. […] La Toscane était le noviciat de l’empire.
Notre esprit est plein des images du Dieu des Oraisons funèbres, de ce « grand Dieu » qui tient dans ses mains le fil des affaires humaines, et qui fait et défait les empires. […] Voici, par exemple, un homme qui professe, entre autres maximes, « qu’on ne gagne point les hommes sans les tromper ; que l’honneur est la chimère des fous, qu’il y a peu de sciences certaines ; que l’homme du monde le plus digne d’envie est celui qui a le plus d’empire sur l’esprit d’autrui ; que l’homme le plus heureux et le plus libre est celui qui a le moins de préjugés et de devoirs. » Quel est au juste ce personnage ?
Expressions d’ondes vibratoires que l’un, le Verbe, extériorise sous l’empire de la conscience, ils sont une suite de mouvements mesurée de diverses durées émotives et, par là, ils se produisent à soi-même le Rythme… Il serait trop long de même résumer ma complexe technique du Vers et du Rythme-évoluant, ni ce que comporte encore « l’Instrumentation verbale » : construction harmonique de la période, substituée à la strophe, du poème, du livre, de l’œuvre, succession et rappel des motifs, etc. […] En sont possédées les vies des peuples et des empires et nos propres vies, naturelles et intellectuelles, et nos énergies quotidiennes elles-mêmes.
À ce propos quelqu’un racontait que des millions de volumes avaient été détruits sous le premier Empire : les navires de la contrebande faisant des chargements de bouquins, qu’aussitôt qu’ils étaient un peu éloignés de la côte, ils envoyaient au fond de la mer, revenant à la nuit, prendre un chargement de marchandises. […] Dimanche 21 avril Si je fais jamais quelque chose sur la vie élégante du second Empire, il est de toute nécessité, de donner une place au thé de quatre heures, — au thé, à l’instar des thés de l’Impératrice, à Fontainebleau, à Compiègne.
Au dix-huitième siècle, la littérature ayant acquis avec les Voltaire et les Rousseau un empire presque sans bornes, une hégémonie politique et sociale, les littérateurs commencèrent à se considérer comme les nouveaux souverains du monde. […] Il en résulte, comme l’ont remarqué les sociologistes, une tendance de l’art, surtout réaliste, à maintenir l’homme sous l’empire de ses « inclinations ataviques », plus ou moins grossières, haine, vengeance, colère, jalousie, envie, sensualité, etc.
Son empire, transbordé en six mois de Lisbonne en Amérique, sera un jour le texte d’un autre Camoëns. […] Le cours ne fut pas long d’un empire si doux !
Né dans ces massacres et grandi dans ces ruines, Audin eut pour premiers spectacles les malheurs de sa ville natale ; et les premières impressions, qui pétrissent et moulent si bien l’âme d’un homme, qu’elles en arrêtent la forme à jamais, affermirent dans l’enfant lyonnais le christianisme de sa mère, et apprirent à cet être doux, fin et candide qu’il était né et qu’il resta toujours, que la religion avait besoin, dans ce temps-là, pour se défendre, de ces doux auxquels elle a promis l’empire de la terre ! […] On sortait de l’Empire, de cette époque de silence sous les armes où le canon parlait seul et disait si tristement le mot imputé aux pères de la Trappe : « Frères, il faut mourir. » La vieille alouette des Franks, échappée à son terrible rétiaire, se prit à babiller et à chanter, comme un seau délivré.
C’est le même moi qui aperçoit des états distincts, et qui, fixant ensuite davantage son attention, verra ces états se fondre entre eux comme des aiguilles de neige au contact prolongé de la main Et, à vrai dire, pour la commodité du langage, il a tout intérêt à ne pas rétablir la confusion là où règne l’ordre, et à ne point troubler cet ingénieux arrangement d’états en quelque sorte impersonnels par lequel il a cessé de former « un empire dans un empire ».
Aussi, un siècle juste après Massillon, un orateur que je n’irai point jusqu’à lui comparer pour le talent, mais qui a soutenu bien honorablement l’héritage de la parole sacrée, l’abbé Frayssinous, dans ses conférences ouvertes sous l’Empire et depuis, avait à discuter devant d’honnêtes gens, la plupart jeunes, non plus désireux de douter, mais plutôt désireux de croire, les points controversés de la doctrine et de la tradition historique, et il le faisait avec une mesure de science et de raison appropriée à cette situation nouvelle.
Cette suite d’empereurs du haut et du bas Empire, qu’elle recueillit avec choix, qu’elle arrangea avec soin, lui remettait tout d’un coup sous les yeux ce qu’il y a eu de plus respectable dans les siècles passés.
Il signale les vices d’organisation dans l’armée des Impériaux ; il en reconnaît les éléments solides, la supériorité de la cavalerie sur l’infanterie, et par où pèche celle-ci : « Ils ont peu d’officiers ; et on ne voit point dans ceux qu’ils ont un certain désir de gloire qui est dans les officiers français. » Lorsqu’il en vient aux Turcs et à leur gouvernement, il donne aussi ses idées, ses pronostics ; il se livre à des considérations proprement dites, et tourne le tout à la plus grande gloire de Louis XIV qu’il se plaît à supposer voisin de l’Empire ottoman, pour lui faire faire de ce côté des conquêtes plus faciles à exécuter, prétend-il, que ne l’a été celle des Pays-Bas.
Ou plutôt qui n’a vu l’un de ces braves guerriers et intrépides serviteurs de l’Empire, mais serviteurs vers la fin moroses et grondeurs envers leur grand chef trop infatigable, et qui, dès qu’ils l’eurent perdu et vu tomber, retrouvèrent l’enthousiasme pur et le culte ?
C’est pour cela que j’amène les Atlantes qui, sous la conduite de Bacchus ou d’Osiris, forcent le passage par leur multitude, détruisent en un moment un grand empire et l’ouvrage des sciences.
Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière.
Il aura à combattre l’empire et l’Espagne, les princes d’Allemagne protestants, la Hollande ; il perd ses alliés, la Suède, le Danemark ; il perd l’Angleterre dont le prince d’Orange va saisir le gouvernail en renversant Jacques II.
Au moment le plus grave du premier empire assyrien ou de l’ère de Nabonassar, il grasseye tout d’un coup en prononçant certains mots que tout à l’heure il prononçait bien.
Ils avaient fait ce quon appelait sous l’Empire de bonnes études ; ils étaient gens du monde, quelques-uns militaires, pressés d’ailleurs de produire, et dignes de se perfectionner par l’étude sans en avoir les loisirs ni les instruments ; mais ils avaient une certain flamme au cœur et une ardeur d’idéal qui ne s’est pas encore éteinte chez tous, et qui fait l’honneur de ces générations rapides dont les individus isolés se survivent ; il y avait eu je ne sais quel astre ou quel météore qui les avait touchés en naissant.
Voiture, en homme d’esprit (et il avait bien autrement d’esprit proprement dit que Balzac, qui avait principalement du talent), ne songea point à lutter avec lui : il laissa ce provincial superbe et solennel croire qu’il régnait de sa maison d’Angoulême sur l’empire des lettres ; il lui rendit même hommage : quant à lui, il ne se piqua que de bien vivre, de vivre le plus agréablement, de conquérir la faveur des plus grands et des plus belles, et, tout en s’amusant à tous les étages, de s’épanouir par son côté précieux au centre de la vraie urbanité dans la plus douce lumière.
Il avait par avance quelque chose des héros de Corneille, et semblait s’être dit : Lorsque deux factions divisent un empire, Chacun suit au hasard la meilleure ou la pire ; Mais quand ce choix est fait, on ne s’en dédit plus.
Frédéric voulait la grandeur de la Prusse, et il savait à quel prix seulement et par quelles luttes il la pouvait conquérir et fonder, cette grandeur nouvelle, au cœur de l’Empire et à la face de l’Europe.
« Et ce qui ajoute à la beauté et au prix des ouvrages, l’art qui a présidé à tout ne se découvre nulle part. » Tout est soigné dans La Bruyère : il a de grands morceaux à effet ; ce sont les plus connus, les plus réputés classiques, tels que celui-ci : « Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire, etc.
Dînant chez le peintre Guérin (1812) avec Arnault, Roger et Auger, tous deux rédacteurs alors du Journal de l’Empire, on lui fit chanter de ses chansons, et il obtint un petit triomphe : « Je n’en ai chanté que des gaillardes ; toutes ont obtenu des applaudissements extraordinaires ; Auger, surtout, me les a demandées avec instances ; et, si grands que soient les éloges que tous m’ont donnés, il m’a semblé qu’ils y mettaient de la bonne foi.
Thiers, de l’appeler « un Marco Saint-Hilaire éloquent. » Il a essayé, depuis, de réparer cela et de recouvrir ce mot malencontreux par de longs et vastes articles sur l’Histoire de L’Empire.
Bientôt se déclare la première atteinte d’un mal singulier qui tourmenta Louis XIV toute sa vie, le tint perpétuellement en échec, et qu’il ne parvint à dissimuler qu’à force de bonne contenance et d’empire sur lui-même, devant sa Cour et aux yeux de son entourage : ce sont des vapeurs, « une douleur de tête sourde et pesante, avec quelques ressentiments de vertiges, maux de cœur, faiblesse et abattement. » C’est en 1662 que les premiers signes de cette indisposition inquiétante apparaissent.
Imaginez-vous maintenant une ville comme Paris où les meilleures têtes d’un grand empire sont toutes réunies dans un même espace, et par des relations, des luttes, par l’émulation de chaque jour, s’instruisent et s’élèvent mutuellement ; où ce que tous les règnes de la nature, ce que l’art de toutes les parties de la terre peuvent offrir de plus remarquable est accessible chaque jour à l’étude : imaginez-vous cette ville universelle, où chaque pas sur un pont, sur une place, rappelle un grand passé, où à chaque coin de rue s’est déroulé un fragment d’histoire.
Les érudits en ces matières l’avaient signalé depuis quelques années comme particulier et peut-être unique en son genre : il offre, en effet, le premier exemple d’un genre de drame historique national, trop peu cultivé de tout temps, quoique si indiqué, dont les rares productions se comptent, et qui n’a eu son retour tardif qu’au xviiie siècle dans le Siège de Calais de du Belloy, et dans les Templiers de Raynouard, sous le premier Empire.
Je ne veux pas me répandre en complaintes morales et en pressentiments sinistres ; mais je n’hésite pas à affirmer qu’il n’y a point d’imagination qui puisse se représenter avec une vérité suffisante ce qui arriverait en nous et autour de nous si la place qu’y tiennent les croyances chrétiennes se trouvait tout à coup vide, et leur empire anéanti.
Ce qui devient comique, c’est que Paris lui semblait, au point de vue du Gouvernement, un tel embarras et un tel fléau, qu’il ne trouvait rien de mieux à conseiller à un monarque qui veut agir librement et en dehors d’une sphère d’influences délétères, que d’abandonner Paris, « l’égout de l’Europe », à sa destinée de cloaque et de Babel, et de transférer le siège de l’empire à Bourges.
Il s’agirait d’y rendre aujourd’hui, sous l’empire d’un sentiment moral tout pratique, le mouvement, le concert et l’action.
Mais c’est quand on est à la seconde ou plutôt troisième guerre sociale, à celle qui complique le retour de Sylla, et dans laquelle les seuls Samnites et Lucaniens indomptés tiennent tête jusqu’à la fin avec l’énergie du désespoir, c’est alors que l’intérêt grandit, et que le sujet, comme dans une dernière scène, se fait égal vraiment au cadre de l’empire.
. — Isnard, né à Draguignan entre 1750 et 1760, député du Var à la Législative et à la Convention, se déroba à la chute de son parti, rentra en 1795 à la Convention, fut député aux Cinq-Cents, et applaudit en 1804 à l’Empire : il mourut en 1830. — Barbaroux, né en 1767, député de Marseille à la Convention, décapité en 1794. — Louvet, né à Paris en 1700, publia son Faublas de 1787 à 1790, fut député du Loiret à la Convention, se cacha dans le Jura, et rentra à Paris après le 9 Thermidor ; il fut élu aux Cinq-Cents, et mourut en 1797. — Buzot, né en 1760, député à la Constituante, président au tribunal d’Evreux sous la Législative, député à la Convention, ami de Mme Roland, essaya de soulever la Normandie, passa dans la Gironde, et s’empoisonna.
Charles Cros disait : « Mallarmé est un Baudelaire cassé, dont les morceaux n’ont jamais pu se recoller. » Ne prenons la boutade que pour ce qu’elle vaut, mais avouons que Mallarmé est resté sous l’empire de Baudelaire et que son œuvre, comme on l’a dit, n’est qu’un appendice édulcoré des Fleurs du Mal.
Le xviiie siècle se partage entre l’Orient et l’Amérique ; il oscille entre la patrie des Mille et une Nuits, du café, des sultanes, des Chinois, des Persans et des Juifs et les fantastiques mirages de la Louisiane et de l’Eldorado, les prairies glacées des Hurons et des Iroquois, l’empire des Incas, fils du soleil, les savanes : de Chactas et d’Atala.
Au début de la période moderne, le premier de ces éléments semble entièrement absorbé par l’autre : le goût de la culture antique a disparu avec l’empire romain, et au commencement du viie siècle, il est presque éteint.
Il pensait comme Hamilton24 que, « pourvu que la raison conserve son empire, tout est permis ; que c’est la manière d’user des plaisirs qui fait la volupté ou la débauche ; que la volupté est l’art d’user des plaisirs avec délicatesse et de les goûter avec sentiment ». — « Je suis fait de sentiments et de volupté », disait-il, — De telles maximes supposent bien de l’oisiveté, du raffinement, et tout un art que nos âges de lutte et de labeur ont peine à comprendre.
Derrière la bourgeoisie satisfaite, il aurait continué d’apercevoir les graves et perpétuels symptômes généraux d’invasion qu’il avait dénoncés le premier dans ces termes en 1791 ; après avoir parlé de la grande et première invasion des barbares contre l’Empire romain : « Dans le tableau de cette mémorable subversion, disait-il, on découvre l’image de celle dont l’Europe est menacée.
Et Carrel, si amoureux de la république consulaire, et qui ne prenait en bien des cas cette république américaine que comme une base nouvelle d’opérations et d’attaques, aurait pu se faire à lui-même la réponse ; car il y avait bien loin de l’esprit américain d’un Franklin, d’un Washington et d’un Jefferson, à ce genre d’inspiration qui lui faisait dire dans le même moment : Loin de répudier les traditions politiques de l’Empire, nous nous faisons gloire d’être de l’école de Napoléon.
En général, dans tout ce discours, il me semble que Napoléon et M. de Narbonne savent trop bien leurs livres et leurs auteurs ; que M. de Narbonne est bien foncé sur son siècle des Antonins et sur son histoire de l’Empire ; que le Dialogue de Sylla et d’Eucrate est resté bien longtemps ouvert sur la table de l’Empereur, et que Bossuet vient là vers la fin avec un peu trop de détail aussi.
L’Évangile a fait, dans toute la force du terme, une révolution dans l’âme humaine, en changeant les rapports des deux sentiments qui la divisent : la crainte a cédé à l’amour l’empire du cœur.
Nous attendions, ainsi que des gens menacés de la justice d’une chambre correctionnelle sous un Empire — nerveux et insomnieux pendant de longues semaines — lorsque dans la fumée de tabac d’une fin de dîner d’amis, tombaient chez nous les assignations.
Mais il resterait à savoir si les idées qui se produisent dans ces circonstances sont vraiment des idées originales et profondes ou si ce ne sont pas de simples lieux communs, des réminiscences qui se réveillent avec une certaine vivacité sous l’empire de la fièvre, et qui étonnent les assistants par leur contraste avec les accidents antérieurs beaucoup plus que par leur valeur propre.
On y lit l’histoire d’une circonstance mal déterminée, désignée par une métaphore poétique, et nommée empire de soi, possession de soi, et on n’y lit rien autre chose.
Personne n’a plus d’empire sur soi-même ; ses élèves n’ont jamais cru l’ennuyer : il lisait leurs thèmes avec le même soin qu’un volume d’Hégel.
Les sciences, qui n’étaient jadis qu’une partie de la philosophie, comme la philosophie n’était elle-même qu’une partie des lettres, se sont fait, à bon droit, un empire à part. Encore cet empire a-t-il dû se partager en de grandes et vastes provinces, sous peine de voir le désordre et l’anarchie s’introduire dans son sein. […] Que la philosophie, l’histoire, la politique, la législation et la morale forment donc des provinces particulières et détachées de son empire ; loin de s’en plaindre, la littérature se félicitera d’avoir été déchargée d’une grande partie du fardeau que Chénier portait trop légèrement. […] La Grèce, cette mère féconde des lettres et des arts, n’a pas eu deux Homère, deux Platon, deux Phidias, quoiqu’elle ait produit plus d’une génération de poëtes, de philosophes et d’artistes, et qu’aucune nation n’ait gardé aussi longtemps qu’elle l’empire de l’esprit et du goût. […] Lebrun, en publiant en 1858 une édition complète de ses œuvres, nous a montré, par quelques pièces de vers charmantes, que dès l’époque du premier Empire il y avait bien des élans et des essors vers ces heureuses oasis de poésie qu’on a découvertes depuis et qu’il a été des premiers à pressentir, comme les navigateurs devinent les terres prochaines au souffle odorant des brises.
Il appartient à cette aristocratie du second Empire dont ce fut la constante méthode d’accepter les faits pour ce qu’ils sont. […] On le trouve à travers toute la littérature du second Empire, et, par exemple, chez tous les raisonneurs de théâtre. […] Après la chute de l’Empire, chaque année, aux vacances, M. […] En face d’un empire fondé par la force, soutenu par elle et qui a immolé à des convenances de stratégie les droits de milliers d’hommes, la République française représente ces droits violés. […] On ne saurait trop le redire : les hommes qui ont atteint leur maturité à l’époque du second Empire ont été de grands coupables.
Poitou a écrit son livre sous l’empire d’une idée fixe. […] Flaubert, la nature de l’homme, qu’elle offre à la sensation extérieure et à son empire brutal aussi peu de résistance, que sera la nature de la femme ? […] Tel est l’empire de l’argent, tels sont les principes qui s’insinuent chez ceux à qui ils ne s’imposent point. […] Le règne de Louis était fini, le sien commençait dès qu’il se voyait assis devant sa table solitaire, avec sa plume, seule consolation et seule ressource laissée par la jalousie de la fortune à un esprit vaste qui se sentait né pour l’empire. […] Mais ce n’est là qu’une partie de l’empire de Molière, et c’est à peu près tout le lot de Regnard.
La renommée d’esprit ou de grand savoir tient lieu d’un ruban bleu ou d’un carrosse à six bêtes. » Mais ce pouvoir et ce rang, il se les croyait dus ; il ne demandait pas, il attendait. « Je ne solliciterai jamais pour moi-même, quoique je le fasse souvent pour les autres. » Il voulait l’empire, et agissait comme s’il l’avait eu. […] Swift n’est qu’un combattant, je le veux ; mais quand on revoit d’un coup d’œil ce bon sens et cet orgueil, cet empire sur les passions des autres et cet empire de soi, cette force de haine et cet emploi de la haine, on juge qu’il n’y eut guère de combattants semblables.
Alors lâchant ses hautes théories, en aparté, il me parle de ses ambitions d’enfance, de tout ce qu’éveillait en lui à Boulogne, sous l’Empire, le passage des troupes… de son envie d’alors d’être militaire : « Il n’y a que la gloire militaire, il n’y a que cette gloire-là. […] 22 mai Après dîner, en compagnie de Flaubert et de Bouilhet, — s’essayant à apprendre, à Mantes, le chinois, pour fabriquer un poème du Céleste Empire, — nous voici rue de Bondy, à l’entrée du boyau noir, encombré de blouses, au milieu desquelles s’ouvre la porte des coulisses de la Porte-Saint-Martin. […] Un fiacre nous emporte à Croisset : une jolie habitation à la façade Empire, placée à mi-côte, aux bords de la Seine, qui a là, une grandeur de lac, et aujourd’hui, un peu des vagues de la mer.
Par des chemins différents, tous ces écrits, d’origine et de caractères si divers, tendent ensemble à deux ou trois fins : dont la première est de rendre à la morale éternelle quelque chose au moins de son ancien empire ; la deuxième, de soustraire l’esprit français à des influences étrangères que l’on regarde alors bien moins comme des entraves à sa liberté que comme les causes de sa corruption ; et la troisième enfin, d’imposer à l’individu, dans l’intérêt commun de la société, les qualités ou les vertus dont il ne se soucierait pas pour lui-même. […] Graux, dans son édition des Vies de Démosthène et de Cicéron] sur l’auteur des Vies Parallèles. — Attrait du genre biographique ; — habileté singulière de Plutarque à mettre ses héros « en scène » ; — tendance morale de son œuvre. — Que, comme auteur de ses Œuvres morales, Plutarque a fait le tour des idées de son temps ; — et, à ce propos, d’une supériorité des contemporains de l’Empire sur les écrivains plus classiques de la littérature grecque. — On ne pouvait donc mieux offrir que Plutarque aux lecteurs du temps de la Renaissance. […] — Mais Pascal l’a sûrement beaucoup pratiqué ; — et à ce propos que les annotateurs de Pascal ont trop oublié Charron. — On sait comme il est facile et difficile à la fois de passer de Montaigne à Pascal ; — mais c’est vraiment Charron qui fait entre eux le pont. — Il n’a pas cru d’ailleurs qu’il pût être mauvais à la religion d’en fonder l’empire sur les bases de la raison ; — c’est ce qu’il a loyalement essayé de faire ; — et ainsi ses contradictions ne viennent que de ce qu’il n’a pas saisi la portée de quelques-unes de ses assertions.
Nul ne contestera qu’ils aient exercé l’empire au plus grand profit de l’histoire. […] Il n’est pas vrai que la nuit se soit étendue subitement sur le monde quand s’effondra l’énorme édifice de l’empire romain. […] Évidemment, on ne saurait avoir la pensée de justifier ou d’excuser seulement les procédés disciplinaires de l’Empire à l’égard des écrivains. […] Que si maintenant on considère toutes ces causes réunies et conjurées en quelque sorte, non pas seulement pour la ruine d’une littérature, mais encore pour la décadence d’un grand peuple, il semblera qu’elles suffisent et qu’elles expliquent assez bien la pauvreté littéraire du Consulat et de l’Empire. […] C’est un préfet de l’Empire, infatigable versificateur, le baron Creuzé de Lesser, qui, dans les intervalles de repos que lui laissent les soucis administratifs, remettra la chevalerie, les Amadis et les Roland en honneur.
À peine cite-t-on quelques femmes de trente ans, parmi lesquelles peut-être aussi quelques-unes de quarante-cinq, qui auraient prouvé à l’auteur combien elles lui savaient gré de la réhabilitation qu’il avait entreprise pour elles, et dont elles avaient fort besoin depuis l’Empire. […] Il est déjà vieux et a beaucoup vécu ; il a traversé toutes les phases de la République et de l’Empire ; il a de l’esprit et crée l’anecdote avec un naturel infini. […] Il a, dit-on, été quelque chose comme aspirant, sous l’Empire, où il y avait tant d’aspirants, et voilà tout. […] Voilà un duc qui porte un des plus beaux noms de l’Empire, qui a eu pour parrain l’empereur Napoléon, qui s’appelle aussi Napoléon, et qui jette un pareil nom au parterre de l’Ambigu-Comique ou de quelque autre bouge des boulevards du peuple !
Et même ceux qui prétendent ne point tomber dans le piège des confusions mélomaniaques, les disciples modernes de M. de Voltaire, après avoir consenti à répéter la phrase célèbre : « Si Dieu a fait l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu m » ces professionnels de l’ironie s’autoriseront de la vieille boutade2 pour continuer à tolérer, c’est-à-dire encourager, de toute leur fielleuse bonasserie, les idées, les idées chrétiennes que le monde se fit au soir angoissé de l’empire romain. […] Le pain et les jeux, on connaît le programme du grossier et sinistre empire romain au temps de sa décadence. […] Les noirs sont aux blancs des moyens, des occasions de se divertir, comme leurs esclaves, aux riches Romains du bas empire. […] Dieu l’immobile Voilà qui nous venge de tous ces petits bals au charnier des entités, quand, à leurs morceaux de bravoure et entrechats divers, la Science, l’Art apportaient le gracieux à-propos, dont, à rêver de ronds de bras et jambes, eût témoigné un cul-de-jatte manchot, unique survivant d’une catastrophe son ouvrage, laquelle eût laissé à son détritus de personne, juste, un empire de poussière.
Victor Hugo est né en 1802 : Ce siècle avait deux ans… Il était le fils d’un général de l’empire, le général comte Léopold-Sigisbert Hugo. […] Elle voulut le voir, le connaître, descendit jusque dans l’empire de l’ange déchu et se perdit avec lui. […] Vous savez qu’au moment où se fonde chez nous le second empire, vers 1852, Victor Hugo ne veut pas rester en France ; il part en exil, il jure une haine implacable au nouveau régime, à celui qu’on appelle le second empire.
Il s’agirait de délibérer sur le destin des empires qu’on n’y mettrait pas plus d’ardeur ou plus de véhémence. […] Un plus sévère lui reprocherait peut-être que, s’étant beaucoup servi du Tableau de la littérature française sous le premier Empire, de M. […] Gustave Merlet, dans son Tableau de la littérature française sous le premier empire ; voici M. […] Il ne peut pas refaire l’histoire ; et il éprouve tous les jours que, comme le succès et l’empire sur l’opinion ne s’obtiennent, de même la vérité ne s’acquiert qu’au prix de l’oubli, de l’abdication, du sacrifice de soi. […] La guerre de France n’a pas plus interrompu ni modifié le cours de l’évolution littéraire, que jadis la révolution et les guerres de l’empire n’ont empêché les écrivains d’alors, les Delille ou les Morellet, les Ducis et les Lemercier, combien d’autres encore, de se retrouver au lendemain de Friedland ou de Wagram, tout ce qu’ils étaient à la veille de la convocation des états généraux !
déjà — beaucoup d’allusions, dans les Châtiments, par exemple, sont obscures ou même parfaitement inintelligibles à ceux qui n’ont pas eu, comme nous, le désavantage d’avoir vécu sous le second Empire. […] Lestiboulois, préfet du second empire. […] Buffon avait l’air d’un maréchal de France, Dumas fils d’un colonel du premier Empire. […] Beyerlein est l’auteur de ce Iéna ou Sedan, étude sur l’armée allemande qui, il y a quelques années, a passionné les esprits dans toute l’étendue de l’empire allemand. […] » Je me suis contenu, parce que j’ai beaucoup d’empire sur moi-même.
Un instinct nous dit que la vérité est l’ennemie redoutable de nos passions, et que si nous lui laissions un instant prendre l’empire, d’un seul coup nous serions des êtres si absolument raisonnables et sages que nous péririons d’ennui. […] Leurs empires sont différents. […] Un grand monument fondé sur une grande force, l’empire romain établi sur la vertu romaine, le Capitole éclatant rivé à son rocher indéracinable, cela plaît à ce méridional, à ce gallo-romain, à ce juriste, né en terre latine, au pays des Ausone et des Girondins. […] Il s’arrête donc, le hasard, va-t-on lui dire ; son empire est donc suspendu par une grande intelligence unie à une grande volonté, par un grand esprit qui s’élève, fixe le chaos flottant, a un plan, commence un dessein ? […] Ce serait quelque chose comme l’Empire sans gloire.
En parlant des gens de lettres, il est à la fois orgueilleux et modeste ; il a le sentiment de la puissance croissante de son ordre : « Cependant de tous les empires, celui des gens d’esprit, dit-il, sans être visible, est le plus étendu.
Taine, qui pense que chaque chose peut être bonne en son lieu, que chaque organisation se justifie elle-même dans son cadre naturel, a estimé qu’une thèse proprement dite n’était nullement déplacée en Sorbonne, même au xixe siècle ; il a trouvé piquant d’appliquer cette forme dans ce qu’elle a de rigoureux au plus libre et au plus irrégulier, au plus doucement enthousiaste des génies, à La Fontaine ; car si cette forme est, en quelque sorte, impertinente par rapport à La Fontaine, elle est très convenable, très bienséante et légitime en Sorbonne, dans ce vieil empire d’Aristote.
Il est très vrai que les études étaient fort tombées en France après les saturnales de la Ligue ; elles n’avaient pas moins besoin de réparation alors qu’elles n’en eurent besoin plus tard sous l’Empire au sortir des désastres de la Révolution : « Les fureurs de Mars, écrivait en ces années Casaubon à Scaliger, ont presque entièrement éteint dans les âmes le culte et l’amour des muses.
« Je vis, me dit quelqu’un dont les paroles sont pour moi un témoignage, je vis Béranger quelques mois après l’Empire : Il était content ; il me dit « Ne voyez-vous pas que nous sommes à jamais délivrés du drapeau blanc ?
Il voudrait faire mentir ceux qui disent « que les Français commencent tout et n’achèvent jamais rien. » Il voudrait les désabuser de ce faux point d’honneur qui, dans les sièges, quand il est tout préoccupé, par ses inventions savantes, de ménager la vie des hommes, leur fait prodiguer la leur, sans utilité, sans aucune raison et par pure bravade ; « Mais ceci, disait-il, est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais, si Dieu, qui est tout-puissant, n’en réforme toute l’espèce. » Hormis ce pur et irréprochable Vauban, tous ceux qui figurent dans cette histoire, y paraissent avec leurs qualités et leurs défauts ou avec leurs vices : Condé, avec ses réveils d’ardeur, ses lumières d’esprit, mais aussi avec des lenteurs imprévues, des indécisions de volonté (premier signe d’affaiblissement), et avec ses obséquiosités de courtisan envers le maître et même envers les ministres ; Turenne, avec son expérience, sa prudence moins accrue qu’enhardie en vieillissant, et son habileté consommée, mais avec ses sécheresses d’humeur et ses obscurités de discours ; Luxembourg, avec ses talents, ses ardeurs à la Condé, sa verve railleuse, mais avec sa corruption flagrante et son absence de tout scrupule ; Louvois, avec sa dureté et sa hauteur qui font comme partie de son génie et qui sont des instruments de sa capacité même, avec plus de modération toutefois et d’empire sur ses passions qu’on ne s’attendait à lui en trouver.
Mais, assistant à des spectacles militaires avec des goûts si prononcés, il s’imbut de l’esprit de ces dernières années de l’Empire ; quand les revers survinrent, et mirent à nu la fibre patriotique, il sentit aussi fortement qu’aucun les douleurs de l’humiliation et de là défaite : garde national zélé, militaire amateur exemplaire, il mérita la croix en 1814 pour les services qu’il avait rendus dans la défense de Paris.
Je l’ai connu, celui-là : il s’appelait Fayolle, un menu littérateur, un auteur de petits vers sous le premier Empire ; il s’était ruiné avec ce qu’on appelait alors les Nymphes de l’Opéra, et il vivait sur la fin à Sainte-Périne, où il est mort.
Mais les Anglais seuls se retirèrent ; les troupes allemandes auxiliaires qui avaient été jusqu’alors à la solde de l’Angleterre se mirent incontinent au service de l’Empire.
Et toutefois je ne demeure pas d’accord que toute leur utilité soit bornée d’un si petit espace de temps, non-seulement parce qu’il n’y a nulle proportion entre ce qui se change et ce qui demeure dans le cours de vingt-cinq ou trente années, le changement n’arrivant pas à la millième partie de ce qui demeure, mais à cause que je pose des principes qui n’auront pas moins de durée que notre langue et notre Empire. » Que vous en semble ?
Il y vit comme par hasard son cousin Eugène, et, sous air de ne chercher que la distraction, il y noua sans nul doute avec l’Allemagne et l’Empire des intelligences sérieuses.
Il s’y détache comme des profils nettement tranchés, celui de l’homme de guerre, par exemple, tel qu’il apparaissait à nu et se dessinait au lendemain du premier Empire : « L’homme qui a toujours vécu dans les camps réduit toutes les questions de morale au mot d’honneur, tous les devoirs à l’observation de la discipline, et la vertu à la bravoure.
Sous le premier Empire, la joie était redevenue une pure joie, une joie naturelle, pétillante, sans arrière-pensée, la joie du Caveau et des enfants d’Épicure ; mais après 1830, aux environs de cette date nouvelle, l’imagination reprit son essor ; le plaisir ne se produisait lui-même que sous air de frénésie et dans un déguisement qui le rendait plus vif, plus divers, plus éperdu, donnant l’illusion de l’infini ; il fallait, même en le poursuivant, satisfaire ou tromper une autre partie de soi-même, une partie plus ambitieuse et plus tourmentée.
Mon mari, excessivement sensible et d’affection et d’amour-propre, n’a pu supporter l’idée de la moindre altération dans son empire ; son imagination s’est noircie, sa jalousie m’a irritée ; le bonheur a fui loin de nous ; il m’adorait, je m’immolais à lui, et nous étions malheureux.
si la reine avait été plus souvent dans la vie ce qu’elle paraît sur cette toile de Tocqué, elle aurait eu plus d’entrain, plus d’empire ; elle n’aurait pas été si effacée.
Dans une des lettres à sa sœur Marie-Christine, publiée par M. d’Hunolstein, la reine dit, à la date du 19 mai 1777, ces paroles bien vagues et qui renferment une allusion que les rapprochements confirment : « Non… mais taisez-vous, voilà ma réponse ; mais tout maintenant fait espérer le contraire. » De son côté, Louis XVI, dans son curieux Journal-itinéraire, conservé aux Archives de l’Empire, inscrivait à la date du 18 août 1777 un mot décisif.
Cet homme est un volcan qui mettrait le feu à un empire ; comptez donc sur lui pour éteindre l’incendie qui nous dévore !
Jeune encore, à l’époque des grandes guerres du premier Empire français, il était à Ghadamès au milieu d’une réunion d’hommes graves, lorsqu’on apporta la nouvelle d’une reprise d’hostilités entre les chrétiens. « Tant mieux 1 dit un vieux marchand, puissent-ils s’entre-tuer jusqu’au dernier !
Il se passa là ce qui s’est vu souvent : nos hommes instruits, nos professeurs du temps de l’Empire, de la Restauration, nos académiciens même étaient à peine informés de ces doctes débats.
On convient communément que le maréchal de Noailles est fol et hypocrite ; il est cependant à la mode de dire qu’il est dévot et homme de beaucoup d’esprit : tant le discernement à la Cour se plie sous l’empire de la mode et des apparences, et tant l’habitude est formée de voir de méchants hommes dans les grandes places et de les craindre !
Il est sans épée, mais les cheveux en bourse, et en habit brodé et galonné ; il doit deux millions dans Paris, et change tous les jours de maîtresse. » D’inconstances en inconstances et qui, toutes, faisaient bruit, il passa sous la bannière ou plutôt sous le joug d’une danseuse de l’Opéra, Mlle Leduc, qui exerça sur lui un durable empire, devint sa marquise de Pompadour au petit pied, tint bon jusqu’au bout, parodia même la Maintenon et finit par être épousée.
Bien des opinions considérables et plausibles sont différentes de celles de l’auteur sur l’aspect de ces guerres entre le sacerdoce et l’empire, entre Simon de Montfort et les Albigeois.
Après que le roi païen a convoqué ses émirs et fait annoncer la guerre jusqu’aux bornes fantastiques de son mystérieux empire, le poète nous montre les chrétiens offrant leur vie à Dieu, qui par un de ses anges la reçoit et leur promet sa récompense : après la bataille, où tous périssent, l’ange bénit leur sacrifice et confirme leur gloire.
Biographie : Jules Michelet (1798-1874 . fils d’un imprimeur ruiné par le Consulat et l’Empire, répétiteur dans une pension en 1817, professeur au collège Sainte-Barbe en 1822, maître de conférences à l’Ecole normale en 1827. supplée Guizot à la Sorbonne (1833-1836), puis est désigné pour la chaire de morale et d’histoire du Collège de France (1838).Éditions : Principes de la philosophie de l’histoire ; Précis d’histoire moderne, 1828 ; Histoire romaine, 1831 ; les Mémoires de Luther, 1835. 2 vol. in-8 ; Du Prêtre, de la Femme et de la Famille, 1844. in-8 ; le Peuple, 1816. in-8 ; le Procès des Templiers, 1841-52, 2 vol. in-4 ; l’Oiseau, 1850, in-12 ; l’Insecte, 1857, in-18 ; l’Amour, 1858, in-18 ; la Femme, 1859, in-18 ; la Mer, 1861, in-18 ; la Sorcière, 1832, in-18 ; la Bible de l’humanité, 1861. in-18 ; la Montagne, 1868, in-18 ; Histoire de France (Moyen Age, 1833-13, 6 vol. in-8 ; Révolution, 1847-53. 7 vol. in-8 ; Renaissance et Temps modernes, 1855-67, 11 vol. in-8), 1878-80, Marpon, 28 vol. in-12 ; 1885 et suiv., Lemerre, 28 vol. pet. in-12. — Œuvres posthumes : Histoire du xixe siècle, 3 vol., 1876 ; Ma Jeunesse (pub. p.
Vitellius, comme on sait, fut le plus gourmand des empereurs : quelquefois on rassemblait pour sa table, de tous les points de l’empire, force gibier de toute espèce, et de chaque animal on prenait seulement la cervelle, ou quelque autre partie délicate, pour offrir dans un seul plat à cet empereur gastronome un extrait de tout ce que la voracité humaine peut désirer.
Exemples : le christianisme dans l’empire romain ; le socialisme de nos jours dans l’Europe entière. — L’intégration ainsi entendue rend-elle les individus plus libres et plus heureux ?
Joubert continua de vivre et de penser, mais avec moins de délices ; il s’entretenait souvent d’elle avec Mme de Vintimille, la meilleure amie qu’elle eût laissée ; mais rien ne se reforma de tel que la réunion de 1802, et, dès la fin de l’Empire, la politique et les affaires avaient relâché, sinon dissous, les relations des principaux amis.
Je ne dirai même rien de l’esprit et du ton de sa société qui se perpétua assez fidèlement après elle dans le cercle des Beauvau, et jusque dans le salon de la princesse de Poix sous l’Empire.
Grâce à Dieu, m’estimant à ma juste valeur, je n’ai jamais prétendu à l’empire… Ce talent supérieur, c’est Mme de Staël qui se trouve traduite ici comme coupable (le croirait-on ?)
Ces lettres de Mme du Châtelet, il faut l’avouer, sont charmantes et vraiment tendres ; il semble que, sous l’empire d’un sentiment vrai, il se soit fait en elle une sorte de renouvellement de pensée et de rajeunissement.
Ses successeurs sont allés plus loin ; ils n’ont pas seulement transféré le siège de l’Empire à Byzance, ils l’ont souvent porté à Antioche et en pleine Asie.
Pourtant daignons réfléchir, et disons-nous qu’en laissant en dehors l’Empire, lequel, à l’intérieur, était une époque de calme et, avant 1812, une époque de prospérité, nous qui nous plaignons si haut, nous avons vécu paisiblement depuis 1815 jusqu’en 1830, quinze longues années ; que les trois journées de Juillet n’ont fait qu’inaugurer un autre ordre de choses qui, durant dix-huit autres années, a garanti la paix et la prospérité industrielle ; en total trente-deux années de calme.
Il y a certainement des coins du génie russe que Rulhière n’a point pénétrés ni appréciés ; n’ayant vécu qu’à Saint-Pétersbourg et dans le grand monde, il a vu surtout dans ce peuple plein de disparates les mœurs d’un Bas-Empire, il a cru y voir une sorte d’Empire grec finissant, et il n’a pas assez signalé, sous ce vernis de civilisation avancée, un peuple jeune qui commence.
Écoutons M. de Féletz, rapporteur de la séance dans le Journal de l’Empire d’alors (26 novembre) : Après avoir jeté, dit-il ironiquement, quelques fleurs sur M.
Placez-le encore en idée sous l’Empire, et adressez-vous la même question.
C’est ainsi que dans un genre tout différent et dans une pensée toute parisienne, après avoir discuté avec impartialité des deux musiques italienne et française, il ajoutera : « Je souhaiterais seulement voir établir à Paris un Opéra italien, en laissant subsister le nôtre tel qu’il est. » C’est ainsi encore qu’en visitant le Forum, et en se rappelant que la première pierre milliaire était au milieu, et que c’était de là que partaient toutes les grandes routes dans l’Empire, il proposera quelque chose de pareil dans notre pays : En France, où nous avons fait sous ce règne-ci, disait-il, tant de beaux grands chemins, ne ferait-on pas bien de placer, de lieue en lieue, de pareilles petites colonnes numérotées, à commencer par la première, placée au centre de Paris sur le Pont-Neuf, au pied de la statue de Henri IV ?
Dans un admirable portrait de Wallenstein, ce glorieux généralissime de l’Empire assassiné par ordre de son maître, Richelieu, qui se reporte à sa propre situation de ministre calomnié et sans cesse menacé de ruine, trouve de magnifiques paroles pour caractériser l’infidélité et l’ingratitude des hommes ; et, après avoir raconté la vie de ce grand guerrier, après nous l’avoir montré avec vérité dans sa personne et dans son habitude ordinaire, il ajoute en une langue que Bossuet ne surpassera point : Tel le blâma après sa mort, qui l’eût loué s’il eût vécu : on accuse facilement ceux qui ne sont pas en état de se défendre.
Mardi 30 décembre Quelqu’un dit, au dîner des Spartiates : l’Empire a branlé dans le manche, depuis le jour de l’attentat d’Orsini.
Un joli détail de coquetterie, confié par une femme du premier Empire à une de mes vieilles amies.
Augier a beaucoup fréquenté le monde officiel sous l’Empire : c’était un des aimés du prince Napoléon et de la princesse Mathilde.
Nos malheurs nous ont rendus, sinon plus sensés, du moins plus sérieux ; nos âmes, longtemps froissées par le choc des événements extérieurs, aiment davantage à rentrer, en elles-mêmes, pour y trouver quelque repos ; la religion a repris tout son empire, et la morale tous ses droits, ou du moins on n’outrage plus impunément l’une ni l’autre.
Quoique, par le titre qu’ils portent, les Quatre chapitres puissent donner à penser que l’auteur avait eu l’intention d’écrire une histoire de cette Russie dans laquelle il avait vécu et qu’il connaissait bien, ce ne sont pourtant que des lettres confidentielles à un haut fonctionnaire russe, sur des questions qui importaient alors à la prospérité et à la force de l’Empire.
Chef-d’œuvre du Charpentier divin et de ses coopérateurs, Édifice ultra-mondain, Royaume sur lequel il est plus vrai de dire que le soleil ne se couche pas que sur l’empire de Charles-Quint, l’Église inspirerait au Génie et à l’Amour de magnifiques et inépuisables litanies !
Lui-même, après une éducation toute religieuse, grave, studieux, muni de convictions fortes, éprouvé par la proscription, formé pour gouverner les hommes sans les contraindre, et préparé à la politique par la morale, il entrait dans les affaires publiques, lorsque l’anarchie du Directoire et le despotisme de l’Empire lui fermèrent la carrière pour laquelle il était né et il était prêt.
Henriette, je le sais, paraît à plusieurs prosaïque et vulgaire ; il semble aux génies lyriques de notre temps qu’un tel personnage, réduit aux mesquines proportions d’une bonne ménagère, n’a pas droit de cité dans l’empire poétique, et qu’elle devrait tout au plus figurer dans une famille de province. […] Alfred est las d’une maîtresse désormais inutile à son avancement, il lui signifie son congé et lui annonce la nouvelle conquête qu’il a convoitée, une jeune fille de seize ans, d’une grande famille, et dont le nom mêlé aux gloires de l’empire lui permet de tout espérer. […] Élevé sous le consulat et l’empire, au milieu des idées belliqueuses qui nourrissaient alors la jeunesse, dans un temps où toutes les fortunes commençaient par une épaulette, et finissaient par un boulet ou le bâton de maréchal, quand vint la restauration avec ses quinze années de paix extérieure et de luttes intestines, son éducation, comme celle de tant d’autres, se trouva sans destination et sans avenir. […] Ainsi la vie d’Alfred de Vigny se divise en trois parties bien distinctes : son éducation, commencée et achevée tout entière sous le Consulat et l’Empire, ses travaux littéraires et sa vie militaire sous la restauration, et enfin, depuis 1828, une solitude volontaire et laborieuse. […] Les projets romanesques de Charles VIII sur le royaume de Naples et sur l’empire ottoman, les querelles de Bajazet et de son frère s’offrirent à lui comme une première et magnifique occasion.
Le prince de Kaunitz était à cette époque chancelier de l’empire. […] Un condamné politique avait été guillotiné sous le second empire. […] laquelle a l’empire et tous les honneurs ? […] Ce qu’il salue en lui avec une espèce d’adoration, c’est l’empire absolu de la conscience, rare parmi les hommes et presque introuvable chez les rois. […] À l’époque où Hugues Capet fonda sa dynastie, un long respect s’attachait déjà dans l’esprit des peuples au nom et aux souvenirs de l’empire carlovingien ; on avait le sentiment de la valeur de l’hérédité monarchique, comme principe de stabilité et d’ordre.
Il me dit néanmoins un : « C’est toi, André, comme tu es aimable d’être venu… » qui me prouva, une fois de plus, le degré de son empire sur lui-même, et il me tendit une main que je ne pris pas. […] Je me sentis soudain exalté par la colère, au point de perdre tout empire sur ma frénésie intérieure : « Ah ! […] Il adore, il méprise, il hait tour à tour, il va jusqu’à frapper, ivre de colère, d’outrages, celle qui a pris sur lui ce terrible empire. […] Le dimanche, elles allaient à la messe, pieds nus, avec des robes éclatantes, de forme Empire, du corail à la bouche, aux oreilles, au cou, des fleurs dans les cheveux. […] Mais la corruption aidant (cela se passait sous l’Empire seulement, paraît-il), on intimide la jeune fille qui, croyant son amant menacé, se désiste pour une somme relativement faible.
non : ces Normands, aventuriers magnifiques, n’ont rien fait de bon, n’étant pas civilisateurs ni créateurs d’empires, Leur Guiscard les conduit à Rome : ils démolissent la ville éternelle. […] Les dieux sont en lutte contre les hommes ; et le mythe de Prométhée prouve que l’empire des dieux est un empire menacé. […] On leur apprit l’arithmétique, les capitales de l’Europe, les départements de l’Empire français, la chronologie des rois de France depuis Pharamond, les empereurs romains, le code civil et la botanique. […] Le positivisme avait magnifiquement flori sous l’Empire ; et l’on essaya de compter sur la science pour compenser la défaite et pour régénérer la France. […] Vieillard ou non, vous ne lirez pas sans chagrin des lignes telles que celles-ci : « Qu’importe cette victoire du monde en 1918, cette victoire qui a failli, cette victoire qu’on a abandonnée avec honte comme une défaite, cette victoire du nombre sur le nombre, de tant d’empires sur un empire, cette victoire anonyme ?
Jules de Gaultier (dans son livre « De Kant à Nietzsche », Paris, 1900) : « Aux époques de civilisation avancée, alors que la religion particulière à une société voit diminuer son pouvoir d’illusionner, alors que la coutume se voit contester son empire, alors que le goût étranger menace d’altérer par l’invasion de son art et de sa littérature la sensibilité particulière du groupe, l’intervention de ces esprits libres est seule capable de retirer des fictions anciennes prêtes à sombrer tout ce qu’elles contenaient d’utile et d’essentiel. […] Telle était la méthode de Rousseau, si l’on peut nommer cela une méthode et elle était neuve, en ce sens que de longs siècles de culture avaient au contraire plié l’homme à l’empire de la raison. […] Ce n’est qu’en limitant le rôle des représentants de la nation et même en les dirigeant comme le fit l’Empire, qu’on parvient à gouverner… Il n’y a plus d’activité quand tout le monde est chef, et je dois ajouter aussi qu’il n’y a plus d’intelligence… » Après de semblables maximes, des dialogues, la présentation de plaisantes silhouettes, mille mésaventures tragiques ou comiques, on arrive, intrigué, amusé et non point las, à la fin de ces gros volumes. De même que celui-ci nous met en pleine vie parisienne du second Empire, « la Nichina » nous conduit dans la Venise de la Renaissance, et « la Camorra » dans la Naples criminelle et crapuleuse d’aujourd’hui. […] Aussi, lorsque sortant des questions religieuses ou sociales il se trouvait en présence d’un cas particulier de vie individuelle ou de morale privée, il redevenait l’homme de principes, intraitable en ses revendications de règles générales, et c’est par là justement qu’il prenait comme directeur de conscience un empire réel sur certains esprits… Le troupeau des tièdes, rebuté, s’éloignait de ce juge sévère ; mais les âmes troublées, ferventes et sincères aimaient son autorité.
Comme si ce n’était pas assez des haines politiques, il se charge encore des inimitiés littéraires, attaque le corps entier des critiques1251, diffame la nouvelle poésie, déclare que les plus célèbres sont des « Claudiens, des gens du bas empire », s’acharne sur les lakistes, et garde un ennemi venimeux et infatigable dans Southey. […] Cent fois l’Ambition, la Gloire, l’Envie, le Désespoir et le reste des personnages abstraits, tels qu’on les mettait sur les pendules au temps de l’Empire, font invasion au milieu des passions vivantes1273. […] En Angleterre, la dureté du climat, l’énergie militante de la race et la liberté des institutions prescrivent la vie active, les mœurs sévères, la religion puritaine, le mariage correct, le sentiment du devoir et l’empire de soi.
Eu perdant sa liberté, il perd son charme et son empire. […] La musique ne peint pas, elle touche ; elle met en mouvement l’imagination, non celle qui reproduit des images mais celle qui fait battre le cœur, car il est absurde de borner l’imagination à l’empire des images119. […] Si l’expression juge les différents arts, ne suit-il pas naturellement qu’elle peut, au même titre, juger aussi les différentes écoles qui dans chaque art se disputent l’empire du goût ? […] — Qu’il ne faut pas chercher les croyances naturelles de l’humanité dans un prétendu état de nature. — Étude des sentiments et des idées de l’homme dans les langues, dans la vie, dans la conscience. — Du désintéressement et du dévouement. — De la liberté. — De l’estime et du mépris. — Du respect. — De l’admiration et de l’indignation. — De la dignité. — De l’empire de l’opinion. — Du ridicule. — Du regret et du repentir. — Fondements naturels et nécessaires de toute justice. — Distinction du fait et du droit. — Le sens commun, la vraie et la fausse philosophie. […] L’empire de l’opinion est immense, la vanité seule ne l’explique pas ; il tient sans doute aussi à la vanité, mais il a des racines plus profondes et meilleures.
On remarquera pourtant que, sauf sous le second Empire, il n’a jamais fait que suivre une impulsion déjà donnée. […] De là sa prédilection pour les époques légendaires et les luttes épiques, pour les chevaliers du moyen âge et les héros du premier empire. […] lancé sur l’Océan avec douze compagnons à bord d’un garopera, on défiait un empire, et l’on faisait flotter au vent, pour la première fois sur ces côtes méridionales, une bannière d’émancipation, la bannière républicaine du Rio-Grande ! […] Les Souvenirs de Massimo d’Azeglio et la correspondance du baron Ricasoli nous révèlent un état d’esprit très curieux et très caractéristique : ces jeunes gens, nés sous l’empire, entraient dans la vie avec de hautes ambitions, et surtout avec un grand besoin d’action ; tous rêvaient d’être « les premiers » dans quelque chose, tous entrevoyaient comme but suprême à leurs désirs le maniement des hommes. […] Elle a déjà fait de grands progrès ; mais on ne peut tout obtenir d’une fois, ni prétendre que les personnes qui ont été élevées sous l’empire d’autres idées entrent de plain-pied dans la voie de la justice et de la raison… Je comprends bien que les bruyantes exécutions qui se sont accomplies en France aient réveillé le zèle et la sollicitude des fauteurs de l’abolition de la peine de mort.
« Le contact de Rome, dit-il, engourdit la Grèce et l’Égypte, la Syrie et l’Asie-Mineure, et s’il existe de grands édifices qui attestent la grandeur de l’Empire, où sont les indices de vigueur intellectuelle et morale, si nous en exceptons cette citadelle de la nationalité, le petit pays de Palestine ? […] De même que Lord Tennyson aime l’Angleterre, Virgile aimait Rome : les grands spectacles de l’histoire et la pourpre de l’empire sont également chers aux deux poètes, mais ni l’un ni l’autre n’a la grandiose simplicité, ou la large humanité des chanteurs primitifs, et comme héros, Énée est manqué non moins qu’Arthur. […] Sladen a fait preuve d’une grande énergie dans la compilation de cet épais volume, qui ne contient pas beaucoup de choses d’une réelle valeur, mais qui offre un certain intérêt historique, surtout aux personnes qui auront souci d’étudier les conditions de la vie intellectuelle dans les colonies d’un grand Empire. […] Ils ont aussi un grand empire sur les variétés de l’expression faciale. […] Son équilibre mental lui donne l’empire du monde.
) Il ne pardonnait pas à la France la diminution et la confiscation de l’Italie sous l’Empire ; ces impressions d’enfance lui demeurèrent durables et profondes. […] Mérimée, M. de Rémusat, vengeant les anciens Romains de quelques accusations trop promptes, a dit : « Auprès des vices de Rome, au déclin même des anciennes mœurs, que d’exemples de dignité, d’empire sur soi, de mépris de la souffrance et du danger !
Il s’agit de je ne sais quel conseil (page 229) dont Saint-Ange croit que les politiques d’alors pourraient tirer grand profit ; Mascurat répond : « Quand ils le feroient, Saint-Ange, ils ne réussiroient pas mieux au gouvernement des États et empires que les plus doctes médecins font à celui des malades ; car il faut nécessairement que les uns et les autres prennent fin, tantôt d’une façon et tantôt de l’autre : Quotidie aliquid in tam magno orbe mutatur, nova urbium fundamenta jaciuntur, nova gentium nomina, extinctis nominibus prioribus aut in accessionem validioris conversis, oriuntur (chaque jour quelque changement s’opère en ce vaste univers ; on jette les fondations de villes nouvelles ; de nouvelles nations s’élèvent sur la ruine des anciennes dont le nom s’éteint ou va se perdre dans la gloire d’un État plus puissant). […] Et au nombre des causes de ces mystérieuses vicissitudes, Naudé ne craint pas de mettre « la grande bonté et providence de Dieu, lequel, soigneux de toutes les parties de l’univers, départit ainsi le don des arts et des sciences, aussi bien que l’excellence des armes et établissement des empires, ou en Asie, ou en Europe, permettant la vertu et le vice, vaillance et lâcheté, sobriété et délices, savoir et ignorance, aller de pays en pays, et honorant ou diffamant les peuples en diverses saisons ; afin que chacun ait, part à son tour au bonheur et malheur, et qu’aucun ne s’enorgueillisse par une trop longue suite de grandeurs et prospérités. » C’est là une belle page et digne de Montaigne.
Aussi la vraie honnêteté est indépendante de la fortune ; comme elle s’en passe au besoin, elle ne s’y arrête pas chez les autres ; elle n’est dépaysée nulle part : « Un honnête homme de grande vue est si peu sujet aux préventions que, si un Indien d’un rare mérite venoit à la cour de France et qu’il se pût expliquer, il ne perdroit pas auprès de lui le moindre de ses avantages ; car, sitôt que la vérité se montre, un esprit raisonnable se plaît à la reconnoître, et sans balancer. » Mais ici il devient évident que la vue du chevalier s’agrandit, qu’il est sorti de l’empire de la mode ; son savoir-vivre s’élève jusqu’à n’être qu’une forme du bene beateque vivere des sages ; son honnêteté n’est plus que la philosophie même, revêtue de tous ses charmes, et il a le droit de s’écrier : « Je ne comprends rien sous le ciel au-dessus de l’honnêteté : c’est la quintessence de toutes les vertus. » Vous êtes-vous jamais demandé quelle nuance précise il y a entre l’honnête homme et le galant homme ? […] Cette victoire eût décidé de l’empire romain.
Le meurtrier est un « coupe-bourse de l’empire et des lois » pour lequel il a le plus profond mépris, et que la couronne ne rend pas sacré à ses yeux. […] En effet, dans un État qui mérite ce nom, tout est sous l’empire des lois et des coutumes, tes droits par lesquels la liberté est fixée et régularisée d’une manière générale et abstraite sont indépendants de la volonté individuelle, et du hasard des circonstances particulières.
Mais un homme sensé, qui voit des bandes de vautours planer sur deux armées près d’en venir aux mains, ne fait pas retomber sur eux le sang versé dans la bataille, bien que les cadavres soient leur partage. » Sans cette altération des principes de la constitution, ajoute Swift : « Un misérable comme Antoine, un enfant comme Octave, auraient-ils osé rêver qu’ils donneraient des lois à un tel empire et à un tel peuple ! […] Une vue complète de la nature, de ses lois, de son tranquille et immense empire, réduit à leur juste valeur les agitations du monde, sans les avilir, par le seul rapprochement de leur mobile petitesse et de l’ensemble des choses.
Bernis, sans être encore ministre, en fut l’agent principal, le plénipotentiaire confidentiel ; il en débattit et en régla les articles avec l’ambassadeur de l’Empire, M. de Starhemberg.
Nous le laisserons marcher d’un pied sûr dans cette haute carrière administrative, pour le considérer dans ses dernières productions littéraires avant l’Empire et sous le Consulat.
Il y a un malheur public dans votre joie ; elle est un fléau pour votre pays ; une folie telle que la vôtre, parée d’une épée quand elle mériterait mieux un éventail, a fait, ce que jamais les ennemis n’eussent pu faire, que cette voûte de notre empire, inébranlée jusqu’à vous, n’est plus qu’un édifice mutilé qui menace ruine.
Il a jugé que cette sorte d’éloquence ne pouvait souffrir deux Balzacs, non plus que l’empire d’Asie deux souverains, et le monde deux soleils ; que même la nature, je dis la jeune nature, lorsqu’elle était la plus féconde en miracles34, eût eu de la peine de produire en France deux hommes faits comme vous, et que sur son déclin, pour vous donner au monde, elle a épuisé ses derniers efforts.
Frédéric ne pouvait admettre l’invasion violente de la Bavière par l’Autriche et ce mépris des droits des princes de l’empire ; il avait de la plupart de ces derniers, tels qu’ils étaient alors, une très chétive idée : « Aussi n’est-ce pas mon intention de devenir leur don Quichotte, disait-il.
Mirabeau lui adresse de là, de ce lieu qu’il déteste, dit-il, par excellence, et où il est pour une affaire qui doit lui procurer de l’avancement ou amener sa démission du service, une lettre toute de conseils et d’excitations, et sur le même thème toujours ; « Vous êtes le premier raisonneur de France, mais le plus mauvais acteur » (acteur pour homme d’action) ; et en même temps il se représente, lui, comme un sage, un homme à principes fixes, et aussi un désabusé de l’ambition : Pour moi, dans les idées qui s’offrent à mon imagination, plusieurs se présentent avec empire, mais nulle avec agrément, que celle d’une solitude aimable et commode, quatre ou cinq personnes assorties de goût et de sentiment, de l’étude, de la musique, de la lecture, beau climat, agriculture, quelque commerce de lettres, voilà mon gîte !
Quand un prince traiterait avec indolence toutes les affaires de son empire, il devrait toujours traiter avec soin celles qui ont rapport à l’éducation publique.
Après avoir dompté et décapité les grands, maté les protestants comme parti dans l’État, déconcerté et abattu les factions dans la famille royale, tenant tête par toute l’Europe à la maison d’Autriche, faisant échec à sa prédominance par plusieurs armées à la fois sur terre et sur mer, il eut l’esprit de comprendre qu’il y avait quelque chose à faire pour la langue française, pour la polir, l’orner, l’autoriser, la rendre la plus parfaite des langues modernes, lui transporter cet empire, cet ascendant universel qu’avait eu autrefois la langue latine et que, depuis, d’autres langues avaient paru usurper passagèrement plutôt qu’elles ne l’avaient possédé.
Il était, et il représenta toujours le guerrier libre, volontaire, indiscipliné, de la première République, de la première levée en masse de 93, incapable de se ranger à être un militaire distingué et subordonné de la seconde époque et de l’Empire.
Jusqu’ici, j’en conviens, la nouvelle est parfaite ; elle se gâte à partir de ce moment, et elle se gâte par suite d’un parti pris et sous l’empire d’une fausse idée morale.
. — Sa famille est d’ailleurs bien connue, et jouissait déjà avant elle d’une illustration gracieuse : les Mémoires du xviie siècle ont beaucoup parlé de l’aimable Anne de Gampet de Saujon, qui eut tant d’empire (en tout bien tout honneur) sur Gaston d’Orléans.
Malouet avait d’abord contre l’éloquent tribun de grandes préventions : sous l’empire du soupçon universel qui planait sur cette tête fameuse et que ne démentaient pas les apparences, il n’était pas éloigné de le considérer comme un chef de conjurés, et il se tenait envers lui à distance respectueuse.
Elle était l’intime amie de cette grande et royale cantatrice, Mme Branchu65, qui régnait au temps du premier Empire et qui trouvait que tout avait été en décadence à l’Opéra depuis le jour où le préfet du palais n’était plus là pour lui donner poliment la main et l’introduire, comme le comte de Rémusat ne manquait jamais de le faire, lorsqu’elle allait jouer par ordre au château de Saint-Cloud.
L’Empire écroulé, l’autour d’Oberman ne fit rien pour se remettre en évidence et attirer l’attention des autres sur des ouvrages déjà loin de lui.
Il n’y a qu’un mot à dire du roman qui a pour titre Une Raillerie de l’Amour, et que Mme Valmore vient de publier ; c’est une heure et demie de lecture légère et gracieuse, qui reporte avec charme au plus beau temps de l’Empire, à cette société éblouie et pleine de fêtes, après Wagram.
Il revint en France, à la débâcle de l’Empire, âgé d’environ sept ans, et gardant plus d’un souvenir d’Italie.
Nous sommes arrivés à une période qui ressemble, sous quelques rapports, à l’état des esprits au moment de la chute de l’empire romain, et de l’invasion des peuples du Nord.
X Bossuet était le ministre intime de cet empire sur les consciences.
Après le cataclysme de la Révolution et les guerres de l’Empire, il n’y eut plus de société : donc plus de théâtre d’art.
Après le cataclysme de la Révolution et les guerres de l’Empire, il n’y eut plus de théâtre d’art.
Littré père garda, sous l’Empire et la royauté constitutionnelle, le culte de la Révolution.
Il serait devenu le comte Barnave sous l’Empire.
Tout est destinée dans ce monde, et l’Espagne n’était pas digne d’avoir un M. de Mora. » Et encore (8 juillet) : « Il y a des vies qui tiennent à la destinée des empires.
Plus tard, à Hambourg (1810), il fit jouer des proverbes écrits, par la société française qui s’y trouvait amenée à la suite des guerres de l’Empire.
M. de Bonald avait pris pour épigraphe cette phrase de Rousseau dans le Contrat social : « Si le Législateur, se trompant dans son objet, établit un principe différent de celui qui naît de la nature des choses, l’État ne cessera d’être agité jusqu’à ce que ce principe soit détruit ou changé, et que l’invincible nature ait repris son empire. » — M. de Bonald se réservait de prouver qu’ici la nature n’était autre chose que la société même la plus étroitement liée et la plus forte, la religion et la monarchie.
Dès le début, on sent l’homme désabusé qu’un devoir ramène sur la scène bien plus que l’illusion ou l’espérance : Lorsqu’on a atteint quarante ans, et qu’on n’est pas absolument dépourvu de jugement, on ne croit pas plus à l’empire de l’expérience qu’à celui de la raison : leurs instructions sont perdues pour les gouvernements comme pour les peuples ; et l’on est heureux de compter cent hommes sur une génération à qui les vicissitudes humaines apprennent quelque chose.
La religion prit de plus en plus d’empire dans cette âme toute faite pour l’accueillir et si naturellement ordonnée.
D’un autre côté, ceux qui s’arment de ce qu’un homme d’esprit a fait pour en conclure qu’il ne saurait faire autre chose, ces personnes-là, sous l’Empire ; ne manquaient pas de répéter, quand on leur parlait des écrits sérieux de M.
On a dit que c’était à Gourville que La Bruyère avait pensé dans la page célèbre qui commence par ces mots : « Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire… » Le peintre moraliste y montre les palais et les magnificences de bâtiments d’une grande reine, ne paraissant pas encore dignes de lui à un enrichi qui n’achète cette royale maison que pour l’embellir.
Courier, en ces années 1814-1815, jouissait de la meilleure réputation dans le monde royaliste de son pays ; on lui savait gré de n’avoir jamais donné dans l’Empire.
Ainsi un mauvais principe de philosophie, l’ignorance d’une cause physique, engourdit dans un moment toutes les forces de deux grands empires ».
Par je ne sais quel prestige, dont l’illusion se perpétue de génération en génération, nous regardons le temps de notre vie comme une époque favorable au genre humain et distinguée dans les annales du monde… Il me semble que le xviiie siècle a surpassé tous les autres dans les éloges qu’il s’est prodigués à lui-même… Peu s’en faut que même les meilleurs esprits ne se persuadent que l’empire doux et paisible de la philosophie va succéder aux longs orages de la déraison, et fixer pour jamais le repos, la tranquillité et le bonheur du genre humain… Mais le vrai philosophe a malheureusement des notions moins consolantes et plus justes… Je suis donc bien éloigné d’imaginer que nous touchons au siècle de la raison, et peu s’en faut que je ne croie l’Europe menacée de quelque révolution sinistre.
Cette volonté, telle que je la dépeins d’après un grand modèle, est la première qualité pour gouverner en chef un grand empire.
L’hôtel de Nana sertit dans sa splendeur le corps radieux de cette invincible fille, comme sont grossies pour la rehausser les turbulences du Grand-Prix où elle triomphe, et exagérées pour montrer son empire les ruines qu’elle accumule.
Ce Vipsanius Minator était un personnage consulaire, vieux romain si entêté de Rome qu’il gêna l’empire.
Amnistie, clémence, grandeur d’âme, une ère de félicité s’ouvre, on est paternel, voyez tout ce qui est déjà fait ; il ne faut point croire qu’on ne marche pas avec son siècle, les bras augustes sont ouverts, rattachez-vous à l’empire ; la Moscovie est bonne, regardez comme les serfs sont heureux, les ruisseaux vont être de lait, prospérité, liberté, vos princes gémissent comme vous sur le passé, ils sont excellents ; venez, ne craignez rien, petits, petits !
Elle a tantôt bouleversé la Grèce, par les Philippiques de Démosthènes, & tantôt l’Empire Romain par celles de Ciceron.
La fondation de l’empire Diolof (B.
Il s’agissait de conquérir à la gloire du génie catholique l’universel empire des esprits, — et ce génie pour cette œuvre produisit des vertus admirables. […] La Révolution et l’Empire déterminent le mouvement romantique. […] La Révolution et l’Empire au physique, le Romantisme au spirituel furent les ministres de ce grand œuvre. […] Comparez à ces points de vue divers l’époque présente avec la Restauration, avec la Monarchie de Juillet, avec le Second Empire. […] Victor Hugo… — Sous le Second Empire, qui était célèbre ?
Au même instant on annonce que Sévère, qu’on croyait mort, est devenu général, a été vainqueur, est le premier dans l’Empire après l’Empereur, et qu’il arrive sans doute dans le dessein d’épouser Pauline. […] Elle a sur ses passions un souverain empire et qui semble lui être assez facile. […] C’est la seule des trois « femmes savantes » qui ait à proprement parler le pathos de 1650 : « Les muets interprètes, les muets truchements » — « On n’a pas pour un cœur soumis à notre empire » (ce n’est pas un seul cœur qui m’est soumis). […] Il convient de lui montrer la famille, et la famille seule, comme son vrai domaine, son vrai empire, et, simplement, comme sa vraie place. […] Et le premier gredin frotté de jargon mystique, qui leur monte la tête, prend sur eux un souverain empire.
Si, vingt ans après, il se rallie à l’empire, n’est-ce pas une transmission des idées paternelles et comme un effet d’atavisme ? […] Le second empire, qui sentait le tort que lui faisait l’éloignement ou l’hostilité de l’élite des gens de lettres, devait nécessairement faire des avances à Désiré Nisard, qui, de son côté, devait nécessairement aller à l’empire. […] Lui créer quelque difficulté, susciter contre lui l’opinion, c’était lui faire expier la faveur d’en haut, c’était aussi faire acte d’opposition à l’empire. […] N’y aurait-il pas aussi l’empire d’une idée fixe ? […] Il ne s’est pas mis en frais pour le public, toujours de bonne composition avec les auteurs qui ont établi sur lui leur empire.
Puisque le cours des choses — que ce soit un bien ou un mal — tend de plus en plus à accroître la part de la multitude dans l’empire du monde, n’est-il pas indispensable que la poésie, si elle ne veut s’abdiquer elle-même, donne Il ces nouveaux souverains des leçons qu’ils puissent directement s’appliquer ? […] Trouvera-t-on chez les anciens, je le demande, beaucoup de personnages qui agissent sous l’empire d’une disposition pareille ? […] Philosophie, lettres, politique, sciences, semblent ne former qu’un seul empire indivisible. […] L’Institution chrétienne ne sépare pas la société des Méchants de la communion des Justes par un abîme plus infranchissable ; l’Empire des Ténèbres et le Royaume de la Lumière ne s’y juxtaposent pas l’un à l’autre en masses plus compactes et plus impénétrables. […] Lui-même le confesse plus tard en se séparant de Sabine ; il ne se croit pas, à proprement parler, sous l’empire d’une passion, il est à la poursuite d’un rêve. « Elle a été la première, dit-il, qui ait adressé au pauvre orphelin des paroles amies lorsqu’il s’en allait seul dans le monde.
Vers la fin du Second Empire, en France, il n’y avait pas, en matière de travaux historiques, d’opinion publique éclairée. […] Il répugne d’admettre que de grands effets puissent avoir de petites causes, que le nez de Cléopâtre ait pu agir sur l’Empire romain. […] (Tacite cherchait à énumérer tous les peuples de la Germanie ; la Notitia dignitatum indiquait toutes les provinces de l’Empire ; l’absence sur ces listes d’un peuple ou d’une province prouve qu’ils n’existaient pas alors.) 2° Le fait, s’il eût existé, s’imposait à l’imagination de l’auteur de façon à entrer forcément dans ses conceptions. […] Les professeurs d’histoire ont été affranchis de la surveillance soupçonneuse que le gouvernement de l’Empire avait fait peser sur leur enseignement, et en ont profité pour expérimenter des méthodes nouvelles. […] Avant les dernières années du Second Empire, l’enseignement supérieur des sciences historiques était organisé en France d’une manière incohérente248.
La gloire des troubadours a trouvé sa juste fin dans les dessus-de-pendule empire. […] Nos combats républicains pour la liberté de toutes les nations ressemblèrent à une valeureuse chanson de geste, à un aventureux roman de chevalerie libératrice, que l’Empire, il est vrai, régularisa, avec trop de pompe peut-être, par la précision de la discipline et les splendeurs de l’étiquette. […] Mais, croyez-le, elle n’est pas morte, la force de verbe et d’acte qui fut la Révolution et l’Empire, cette force faite de tous nos éléments nationaux unifiés en un seul peuple précipité ; seulement elle se transpose, elle ne s’exerce plus dans les assemblées ni sur les champs de bataille ; de l’éloquence politique, de l’exploit militaire, elle reflue en le for des âmes, en l’intimité de la pensée, en le mystère du rêve. […] Nous allons chanter pour l’amour de la beauté, comme nous avions parlé et agi pour l’amour de la liberté et de la victoire ; nous serons des poètes lyriques, comme nous avons été des orateurs, des poètes épiques, comme nous avons été des guerriers ; et de même que la Révolution fut une espèce d’ode, de même que l’Empire fut une espèce d’épopée, notre ode sera une révolution et notre épopée triomphera impérialement. […] Même on découvre en cet arrangement pour la scène française plus d’une concession au métier des auteurs dramatiques de l’Empire.
Reybaud ait jamais eu la fantaisie de peindre, dans une œuvre publiée sous l’empire, les vices du régime personnel. […] Flaubert a été l’objet sous l’empire. […] L’Empire ne méritait pas d’exciter contre lui une passion si ardente, qu’elle tourne presque à son profit. […] L’Empire ne méritait pas d’exciter contre lui une passion si ardente, qu’elle tourne presque à son profit. […] Il nous transporte au milieu de la gloire du premier empire et nous fait déjà entrevoir les lézardes et les crevasses qui annoncent dès cette époque l’écroulement de l’édifice et l’effondrement du sol.
Que ce soit sous l’Empire dans le silence du journalisme politique, ou sous la Restauration comme frère cadet du journalisme politique, le journalisme littéraire est le langage naturel de la critique littéraire. […] Le culte de Sainte-Beuve figure un des principes de la religion universitaire, alors que, pour des raisons diverses, entre autres son hostilité contre le romantisme et son rôle officiel sous l’Empire, tels critiques journalistes, comme le regretté Paul Souday, le conspuent périodiquement. […] Pendant la monarchie de Juillet et le Second Empire, Saint-Marc Girardin à la Sorbonne et Nisard à l’École Normale ont représenté l’opposition de l’Université au romantisme. […] Mais non du point de vue de la critique qui est un simple loisir de l’esprit, qui ne vise à aucune fin pratique, à aucun empire sur les âmes, qui cherche à éclaircir ses propres idées plutôt qu’à les persuader, — critique socratique, qui ne répugne nullement à être considérée comme tiro ac radis, peregrina et hospes , — critique académique au bon sens du mot, c’est-à-dire qui descend des jardins d’Académus, de l’esprit du dialogue, de Socrate et de Platon, de Plutarque et de Montaigne. […] La continuité et l’imbrication de générations qui croissent et décroissent à chaque instant de la durée n’empêche pas que la façon de penser du Second Empire diffère probablement, et par certains traits généraux, exprimables, réels aussi, de la façon de penser de 1900.
Le catholicisme, réduit aux pratiques extérieures et aux tracasseries cléricales, vient de finir ; le protestantisme, arrêté dans les tâtonnements ou égaré dans les sectes, n’a pas encore pris l’empire ; la religion disciplinaire est défaite, et la religion morale n’est pas encore faite ; l’homme a cessé d’écouter les prescriptions du clergé, et n’a pas encore épelé la loi de la conscience. […] Dans la défaillance de la foi, la raison n’a pas pris l’empire, et l’opinion est aussi dépourvue d’autorité que la tradition. […] Nul respect humain ; l’empire des convenances et l’habitude du savoir-vivre ne commenceront que sous Louis XIV et par l’imitation de la France ; en ce moment, tous disent le mot propre, et c’est le plus souvent le gros mot.
Voilà le sentiment qui a fourni des hommes aux exploits et aux carnages de l’Empire, qui a fait la révolution de 1830, et qui aujourd’hui, dans cette énorme démocratie étouffante, contraint les gens à faire assaut d’intrigues et de travail, de génie et de bassesses, pour sortir de leur condition primitive et pour se hausser jusqu’aux sommets dont la possession est livrée à leur concurrence ou promise à leur labeur. […] Les peuples isolés, Français, Anglais, Italiens, Allemands, arrivent à se toucher et à se connaître par l’ébranlement de la Révolution et par les guerres de l’Empire, comme jadis les races séparées, Grecs, Syriens, Égyptiens, Gaulois, par les conquêtes d’Alexandre et la domination de Rome : en sorte que désormais chaque civilisation, élargie par le choc des civilisations voisines, peut sortir de ses limites nationales et multiplier ses idées par le mélange des idées d’autrui. […] Le propre de l’âge où nous vivons et qu’il ouvre, c’est d’effacer les distinctions rigides de classe, de catéchisme et de style ; académiques, morales ou sociales, les conventions tombent, et nous réclamons l’empire dans la société pour le mérite personnel, dans la morale pour la générosité native, dans la littérature pour le sentiment vrai.
Quand l’art a donné toutes ses œuvres, la philosophie toutes ses théories, la science toutes ses découvertes, il s’arrête ; une autre forme d’esprit prend l’empire, ou l’homme cesse de penser. […] Et ce penchant s’est trouvé tellement souverain, qu’il a soumis à son empire les arts et la poésie elle-même. […] La générosité sympathique de la Révolution française a fini par le cynisme du Directoire et par les carnages de l’Empire.
Il indique alors quelques ridicules du jour qui sont un sujet tout fait pour la moquerie : « Il est plaisant, dit-il, que l’orgueil s’élève à mesure que le siècle baisse : aujourd’hui presque tous les écrivains veulent être législateurs, fondateurs d’empires, et tous les gentilshommes veulent descendre des souverains. » Il finit surtout par un conseil que Voltaire a trop peu suivi, et qui, au lieu de cette ricanerie universelle à laquelle il s’abandonnait, aurait dû être le but idéal suprême du grand écrivain en ces années de sa vieillesse : Riez de tout cela et faites-nous rire, lui dit Bernis en lui développant son plan ; mais il est digne du plus beau génie de la France de terminer sa carrière littéraire par un ouvrage qui fasse aimer la vertu, l’ordre, la subordination, sans laquelle toute société est en trouble.
Enfant, né en 1704, il avait vu cette fin de Louis XIV, comme ceux qui sont nés au commencement de ce siècle, à la date correspondante, ont pu voir les dernières années de l’Empire.
Là on voyait rassemblés les ministres passés, présents et futurs ; là étaient distribuées les places à l’Académie, et préparées les intrigues qui devaient élever un homme au ministère et en faire descendre un autre ; là, le maréchal de Beauvau, qui depuis le ministère de M. de Choiseul ne pouvait renoncer à la jouissance d’un grand crédit, était une des personnes qui avaient le plus d’empire dans le monde.
Haag, qui dans une notice savante, mais composée et construite sous l’empire d’un ressentiment vivace contre celui qui a quitté leur communion, ont cru devoir assombrir ou, comme ils disent, ombrer le tableau des dernières années de ce beau règne.
Petit commis, puis secrétaire d’une mairie dans l’un de ces départements de l’Elbe nouvellement incorporés à l’Empire français, il se vit relevé, au printemps de 1813, par l’approche des Cosaques, et il prit part au soulèvement de la jeunesse allemande pour l’affranchissement du pays.
Ce n’est plus ni la République ni l’Empire, c’est l’armée d’Afrique, c’est-à-dire la réunion un jour de bataille de toute les vertus militaires, et le lendemain… sauf quelques exceptions chez de certains hommes trop bien trempés pour ne pas résister à la contagion !
» logé dans les palais du prince ou chez les premiers seigneurs de l’empire, présenté par l’empereur dans les manœuvres comme étant de son État-major, l’accompagnant dans ses voyages à l’intérieur, traité par lui non comme un peintre, mais comme un ami, comme un fils, comme un enfant gâté, avec une confiance, un laisser-aller que les lettres n’exagèrent pas, et que les meilleurs témoins nous ont certifié, Horace sut garder sa tête, son bon sens, et ne pas se laisser enivrer ni enguirlander.
Charles-Quint, en passant à Valladolid, y vit pour la première fois ce petit-fils qu’il ne connaissait pas encore et qui devenait l’héritier présomptif d’une moitié de son empire ; don Carlos avait onze ans.
« Après ce grand caractère sont venues les dames de l’Empire, qui pleuraient dans leurs calèches au retour de Saint-Cloud, quand l’Empereur avait trouvé leurs robes de mauvais goût ; ensuite les dames de la Restauration, qui allaient entendre la messe au Sacré-Cœur pour faire leurs maris préfets ; enfin les dames du juste-milieu, modèles de naturel et d’amabilité.
Poniatowski et Fritsch étaient les vraies gens pour M. le Cardinal, et il avait confiance en eux. » La Saxe avait donc en lui, chez nous, un très bon observateur, un attaché du premier ordre, qui de tout temps l’aima, la servit, et qui certainement l’aurait servie encore davantage, à plein collier et de son épée, si elle l’avait voulu et si elle avait osé prendre un grand parti à l’heure décisive où, Charles VI mort, s’ouvrit la succession de l’Empire.
L’histoire de sa vie, en ces années de l’Empire, est dévolue à son digne petit-fils, qui saura s’acquitter de cette pieuse tâche dans un esprit de vérité et avec mesure.
Guttinguer avait publié vers 1828, Amour et Opinion, les mœurs de l’époque impériale, celles de 1815, étaient déjà bien exprimées : élégie de fin d’Empire, écrite par un ex-garde d’honneur, où les personnages sont de beaux colonels et des généraux de vingt-neuf ans, de jeunes et belles comtesses de vingt-cinq ; où la scène se passe dans des châteaux, et le long des parcs bordés d’arbres de Judée et de Sainte-Lucie : en tout très-peu de Waterloo. — Mais Arthur est le vrai, le seul roman de M.
Sous l’Empire, relativement, on écrivit peu ; sous la Restauration, en écrivant beaucoup, on garda, je l’ai dit, de nobles enseignes.
elle agit sur moi avec tant d’empire, que je suis porté à croire que cet amour de l’ordre fait partie de notre essence… » Peu s’en fallait, si l’ami s’en était mêlé davantage, que le Lépreux ne fût devenu un Vicaire savoyard catholique et, non moins que l’autre, éloquent.
Sa plume acérée a donné à ce qu’on appelle la littérature de l’Empire, bon nombre de ses plus cruelles blessures.
XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition.
Retirée à Thonon, dans un couvent d’Ursulines, elle entretenait avec le père Lacombe des relations extatiques qui maintenaient son empire sur son esprit faible, asservi et charmé.
La ruine de l’empire grec avait envoyé en Occident de savants hommes, mais aussi toute sorte de gens, qui n’avaient de grec que le nom, et, s’ils savaient à peu près leur langue nationale, étaient tout à fait incapables de l’enseigner.
Anatole France a surtout aimé les belles pécheresses du premier et du second siècle de l’empire romain, celles qui, épuisées de voluptés, l’âme en quête d’inconnu, demandaient à l’Orient des dieux tristes à aimer, des cultes caressants et tragiques : Les femmes ont senti passer dans leurs poitrines Le mol embrasement d’un souffle oriental.
Lelio, dont l’état empire sensiblement, se désole ( le zucche non crescono ne gli horti, dit-elle, tanto quanto à me il ventre ).
C’est d’ailleurs ce sentiment qui m’a dicté le sonnet que vous connaissez : Je suis l’Empire à la fin de la décadence.
Si le monde est un excellent terrain de culture pour certains genres littéraires, tous, sans en excepter les plus sévères, sont modifiés par son voisinage et par l’empire qu’il exerce sur les esprits.
« Les meilleurs prédicateurs de l’Empire, disait Voltaire, sont les auteurs dramatiques. » Mais il faut ajouter qu’ils prêchent tout autre chose que l’orthodoxie catholique.
Elle aime avec une passion chaude et sensuelle, allumée par l’été de la Saint-Martin, le mirliflor qui l’exploite ; elle l’aime servilement, en ancienne servante, domptée par l’empire qu’il a sur sa chair, et qui la ramène, après chaque révolte, matée et soumise.
Voilà bien des genres, et il semble que tout soit épuisé : on assure pourtant que Béranger garde encore en portefeuille une dernière forme de chanson plus élevée, presque épique : ce sont des pièces en octave sur Napoléon, sur les diverses époques de l’Empire.
« Il y a des empires qui ne sont jolis que dans leur décadence », dit-il encore de nous.
Dans sa petite maison du Luxembourg, qui est isolée et champêtre, et où l’on n’arrive que par un détour comme dans un village, elle se montre presque comme une fermière retirée au lendemain des grandeurs de Versailles : C’est un délice que de se lever matin ; je regarde par ma fenêtre tout mon empire, et je m’enorgueillis de voir sous mes lois douze poules, un coq, huit poussins, une cave que je traduis en laiterie, une vache qui paît à l’entrée du grand jardin, par une tolérance qui ne sera pas de longue durée.
Pourtant il paraît qu’elle avait sa bonne part aussi de la vanité de famille ; elle disait toujours : Depuis le renversement de notre maison… « Vous diriez qu’elle parle du bouleversement de l’Empire grec », remarquait le malin Tallemant des Réaux.
Bossuet encore était aisé, ce semble, à saisir et à manifester, à cause des éclairs qui signalent sa marche ; mais Bourdaloue, plus égal et plus modéré, nul ne l’a plus admirablement compris et défini que l’abbé Maury, dans la beauté et la fécondité incomparable de ses desseins et de ses plans, qui lui semblent des conceptions uniques, dans cet art, dans cet empire de gouvernement du discours, où il est sans rival, « dans cette puissance de dialectique, cette marche didactique et ferme, cette force toujours croissante, cette logique exacte et serrée, cette éloquence continue du raisonnement, dans cette sûreté enfin et cette opulence de doctrine ».
» Il fut donné à Marmont de se poser deux fois ce fatal problème : « Heureux, s’écriait-il, heureux ceux qui vivent sous l’empire d’un gouvernement régulier, ou qui, placés dans une situation obscure, ont échappé à cette cruelle épreuve !
On l’avait nourri à dessein dans ces futilités, en vue de son frère à qui on réservait tout l’effectif du commandement et le sérieux de l’empire.
Il lui arriva alors comme aux hommes d’imagination qui embrassent d’autant plus qu’on leur refuse davantage ; ne pouvant obtenir aussi vite qu’il le voulait sa réintégration et de l’emploi au service de France, il revint à l’idée d’être législateur en grand, et résolut d’aller proposer ses services en Russie, où Catherine venait de saisir l’empire.
Elle retrouvera, sous la cendre des bouleversements, cette mémoire vivante et présente que nous a gardée, d’un grand empire évanoui, la cendre du volcan de Naples.
Et peu à peu dans ce commerce avec toutes les terreurs imaginaires de l’homme, il pénètre de l’antique croyance aux dieux de ténèbres, à ce vol de spectres et de larves qu’a fait naître dans les âmes septentrionales et médiévales, la dureté des temps, la tristesse menaçante du sol et du, ciel, le désastreux empire des forces élémentaires.
Le comte de La Villette. » En remplaçant « une épaulette » par « un empire », très léger changement, c’était, en quatre mots, toute la destinée de Bonaparte, et une sorte de Mané Thecel Phares écrit d’avance sur cette muraille.
Faut-il croire que la nature et la liberté sont, comme le corps et l’âme dans le système de Leibnitz, deux horloges allant d’accord parce qu’elles ont été primitivement montées ensemble, mais en réalité ne se connaissant pas, et n’ayant aucun empire l’une sur l’autre ?
En préface des Chants de la Vie Ardente M. de Bouhélier renonce à l’empire.
Robert d’Humières nous a fait un tableau de l’Île et l’Empire de Grande-Bretagne.
L’histoire, de l’aveu même des éditeurs, y est totalement négligée ; on n’y parle d’aucun de ces faits qui piquent la curiosité, ou qui instruisent sur les mœurs des différens siécles ; on n’y fait connoître aucun de ces hommes fameux qui ont bien mérité des Lettres ou de la patrie, ou dont les vices & les passions ont été funestes aux Empires & à l’humanité.
Cela vient aussi et principalement de ce que les dieux et les saints ne font des miracles que dans des temps d’ignorance et de barbarie, et que leur empire est fini lorsque celui des arts commence.
» Elle aussi, elle est gigantesque, et, comme le duc de Guise, nous l’avons balafrée… Mais elle est debout, malgré ses blessures ; mais elle combat toujours ; mais elle lutte pour l’empire ; et l’Europe, qui la croyait vaincue et qui la sent maintenant agiter son sol à tous les points de sa surface, s’aperçoit qu’il faut de nouveau compter avec elle, comme aux jours où elle poussa sa furieuse croissance à travers le sang, la boue et les larmes.
La Lorette, on l’a déjà dit, n’est pas la fille entretenue, cette chose de l’Empire, condamnée à vivre en tête-à-tête funèbre avec le cadavre métallique dont elle vivait, général ou banquier.
Ils n’ont pas mentionné dans leur récit le concours que ceux-ci leur avaient prêté, et d’autre part les historiens officiels de l’empire franc, qui présentent comme beaucoup plus heureuse qu’elle ne le fut l’expédition de Charles en Espagne, n’ont pas voulu avouer que les auteurs du désastre étaient, au moins en partie, les « Sarrasins », — censés alliés des Francs, — et que le roi n’avait pu même essayer de tirer vengeance de leur perfidie. […] Ce qui est plus grave encore, c’est ce qu’il constate bientôt : le samedi, tous les habitants de cet empire prennent des formes de bêtes, de serpents ou de scorpions, et les gardent jusqu’au lundi à l’heure où le pape, à Rome, a terminé sa messe. […] La pauvre Sibylle est oubliée sur la montagne même dont son royaume occupe les fondements ; l’accès de son empire est fermé, et nous n’aurions pu, même si le temps nous avait favorisés, arriver au pont fantastique, aux dragons, aux portes de métal qui battent toujours, et à la porte de cristal derrière laquelle est le paradis plein de délices pour le corps et de péril pour l’âme. […] Ailleurs, c’est dans une de ces montagnes qui semblent former la barrière de l’empire nocturne du soleil, qu’on a placé le palais de l’éternelle jeunesse. […] Cette Sibylle, mère de la Félicité, et son empire souterrain doivent provenir de la légende italienne.
Après tout, Nietzsche lui-même nous a invités à tenir compte, en ce qui le concerne, des circonstances pathologiques sous l’empire desquelles il composa ses ouvrages. […] Les faits même la démentent : Mozart est bien plus loin de nous que le maître de Bonn ; il n’y a aucune apparence qu’il reprenne jamais le complet et absolu empire qu’il exerça au début de ce siècle. […] On comprend que sous l’empire de ces sentiments, Nietzsche se trouve fort incertain en face de la musique nouvelle. […] Sous l’empire de ce sentiment on s’abandonne aux choses, on les force à prendre quelque chose de nous-même, on les violente, et ce processus on l’appelle idéaliser. […] La deuxième, c’est que rien n’est laid que l’homme qui dégénère ; — avec cela l’empire des jugements esthétiques est circonscrit. » Et il explique que l’horreur du laid résulte d’instinct de la crainte de la dégénérescence, de la décomposition.
Il s’agit donc d’une génération qui a gaspillé ses forces et qui a été déclarée en faillite, avec le second Empire pour syndic. […] Il est possible et même probable que la génération de 1848 et de 1851 ait fourni ce type, mais, comme il apparaît moins dans l’histoire de cette époque, qu’en 1793, où les natures de commandement et d’autorité faisaient prime, et où le jacobinisme préparait à l’Empire des préfets et des policiers ! […] Dire la vérité, c’était être immoral, Persigny m’a reproché tout l’hiver dernier de manquer d’idéal, et il était peut-être de bonne foi. » Mais si l’Éducation fit hurler la critique, si elle ne dissipa point les illusions du second Empire en lui montrent les illusions de ceux qui l’avaient précédé, elle allait rayonner lentement, sûrement et puissamment sur toute l’évolution du roman réaliste. […] Elle aura coïncidé avec Napoléon III, aura mené à son plus haut point l’art propre du second Empire. […] Il pensait à un roman sur la vie politique du second Empire, faisant suite à l’Éducation sentimentale.
S’il avait eu soin d’entretenir l’estime des honnêtes gens, l’homme n’aurait pas eu besoin d’être aimable, ni l’écrivain fréquenté et fêté, pour jouir, dans la critique, d’une espèce d’empire solitaire, pareil à celui de l’ours blanc assis sur son îlot. […] Existe-t-il un plus frappant exemple de l’empire du préjugé et de la convention ? […] Cette convention singulière n’exerce-t-elle pas toujours le même empire sur tous ceux que la force de leur génie, de leur caractère ou de leur humeur n’autorise pas à être de ces « originaux » dont le monde s’étonne et s’égaie ? […] L’influence que nous connaissons et sentons le moins est précisément celle que nous subissons le plus ; et lorsque, nous imaginant la bien connaître, nous tâchons de lui résister, notre lutte inhabile souligne son empire mieux qu’une inconsciente soumission. […] La popularité, longtemps persistante, de Gessner s’explique surtout par l’incontestable empire que conserve, malgré les réclamations de la critique, l’éternel « goût bourgeois », dont on n’exagérera jamais la secrète puissance, même sur ceux qui s’en croient affranchis, et dont j’ai tenté la description dans la première série de ces Essais84.
On sait que les Odes funambulesques et les Occidentales sont d’inoffensives satires des hommes et des ridicules du jour dans les dernières années du règne de Louis-Philippe et pendant le second Empire. […] Demeure dans l’empire innommé du possible, Ô fils le plus aimé qui ne naîtras jamais ! […] Puis il a vu sa race dispersée, la religion nouvelle s’emparer du monde, l’empire crouler. […] Jupiter lui envoie, pour lui arracher ce secret et en lui offrant de partager l’empire, le subtil Mercure, puis le bon Vulcain. […] Pas une figure qui ne soit hyperbolique dans l’ignominie ou dans la platitude ; leur groupement même est un fait exceptionnel ; les moindres détails ont été visiblement choisis sous l’empire d’une idée unique et tenace, qui est d’avilir la créature humaine, d’enlaidir encore la laideur des vices inconscients et bas.
Pour nous, au contraire, quelle belle Ode, toute sincère et pleine de sens, de patriotisme, d’à-propos, — d’un à-propos qui se fait sentir encore aujourd’hui à ceux qui ont traversé des temps plus ou moins semblables, et qui comprennent qu’il est des moments où le salut de tous dépend d’un seul bras, d’une seule tête, — que cette Ode, Stances ou Prière pour le roi allant en Limousin (1605)127 : Ô Dieu, dont les bontés de nos larmes touchées Ont aux vaines fureurs les armes arrachées, Et rangé l’insolence aux pieds de la raison, Puisque à rien d’imparfait ta louange n’aspire, Achève ton ouvrage au bien de cet Empire, Et nous rends l’embonpoint comme la guérison. […] Je la vois qui t’appelle137 et qui semble te dire : Roi, le plus grand des rois et qui m’es le plus cher, Si tu veux que je t’aide à sauver ton Empire, Il est temps de marcher.
La Renommée, ce monstre infatigable, du même vol dont elle a touché les ruines des empires, s’arrête à cette chose aimable, s’y pose un moment ; elle en revient, comme la colombe, avec le rameau. […] Je sais quelqu’un qui a écrit : « Ce qu’était l’abîme qu’on disait que Pascal voyait toujours près de lui, l’ennui l’était à Mme du Deffand ; la crainte de l’ennui était son abîme à elle, que son imagination voyait constamment et contre lequel elle cherchait des préservatifs et, comme elle disait, des parapets dans la présence des personnes qui la pouvaient désennuyer. » Jamais on n’a mieux compris cet effrayant empire de l’ennui sur un esprit bien fait, que le jour où, malgré les plus belles résolutions du monde, l’ennui que lui cause son mari se peint si en plein sur sa figure, — où, sans le brusquer, sans lui faire querelle, elle a un air si naturellement triste et désespéré, que l’ennuyeux lui-même n’y tient pas et prend le parti de déguerpir.
Ici, ici même, parmi nous, pères conscrits, dans ce conseil, le plus auguste et le plus saint de l’univers, sont assis ceux qui méditent la ruine de Rome et de l’empire ; et moi, consul, je les vois et je leur demande leur avis, et, ceux qu’il faudrait faire traîner au supplice, ma voix ne les a pas même encore attaqués ! […] toi, nommé dans tous les temps le soutien de l’empire romain !
Il y avait dans presque toutes les comédies romanesques du second Empire, un Desgenais qui le définissait avec indignation : « Ah ! […] Les « clous » de Paméla sont plus modestes. — Dans Madame Sans-Gêne il y avait le premier Empire, et il y avait « Lui » !
L’Empire tomba, le livre reparut, illustré par un châtiment qu’on avait appelé une persécution, et la France vécut plus de trente ans famélique-ment sur les idées de madame de Staël. […] L’Allemagne du temps de Goetz de Berlichingen est si confuse, la guerre des Paysans est si peu montrée dans le drame de Gœthe et sous un angle si aigu (or c’était la grande chose à peindre, dans son épouvantable horreur, si Gœthe avait eu vraiment le génie tragique), les rapports des nobles de l’Empire et de l’Empereur sont si mal déterminés, qu’un talent d’une force moyenne — et il n’y a pas à accorder davantage si on n’est pas emporté dans la valse allemande qu’on danse en ce moment en l’honneur de Gœthe — se trouvera moins à l’aise là-dedans et moins lucide que dans Egmont.
Comme toutes les puissances destinées à prendre l’empire, l’idée intérieure végète et absorbe à son profit le reste de leur être. […] Là-dessus Satan fait défection : il emmène ses troupes à l’autre bout du pays, comme Lambert ou Monk, « dans les quartiers du nord », probablement en Écosse, traversant des régions bien administrées, « des empires » avec leurs shérifs et leurs lords lieutenants. […] Cet héroïsme sombre, cette dure obstination, cette poignante ironie, ces bras orgueilleux et roidis qui serrent la douleur comme une maîtresse, cette concentration du courage invaincu qui, replié en lui-même, trouve tout en lui-même, cette puissance de passion et cet empire sur la passion530 sont des traits propres du caractère anglais comme de la littérature anglaise, et vous les retrouverez plus tard dans le Lara et dans le Conrad de lord Byron.
Ces peuples fondent des capitales improvisées, comme Pétersbourg ; des étapes d’un moment dans des climats inhabitables, aux bords de la mer, pour surveiller de là des voisins plus avancés qu’eux-mêmes dans les arts de la navigation ; puis, lorsque le péril est passé, ils passent dans de meilleurs climats et bâtissent, comme en Crimée, aux bords d’autres mers, des capitales d’avenir, pour porter leurs yeux et attirer leurs cœurs vers des empires croulants, qui offrent à leur espoir des capitales définitives, où le soleil et l’ambition les invitent. […] VIII Le principal mérite de ces Essais russes de Tourgueneff est de nous faire connaître, classe par classe, homme par homme, les mœurs encore peu connues de l’immense population de l’empire. […] On voyagerait dans tous les villages de l’empire, qu’on s’y reconnaîtrait comme dans son propre pays.
Timidement, pour commencer ; mais bientôt avec plus d’audace, on la voit poindre et s’essayer dans la comédie de Marivaux : — Le Jeu de l’amour et du hasard, 1730 ; Les Serments indiscrets, 1732 ; La Mère confidente, 1735 ; Les Fausses confidences, 1737, — dix autres pièces, qui non seulement vengent les femmes des dédains de Molière, mais encore qui font passer la comédie sous l’empire de leur sexe, l’y rangent, et l’y maintiendront à l’avenir. […] « C’est en affaiblissant la stupide vénération des peuples pour les lois et les usages anciens, écrit Helvétius, qu’on mettra les souverains en état de purger la terre de la plupart des maux qui la désolent et d’assurer la durée des Empires » [Cf. […] L’Œuvre historique de Voltaire. — À cette époque de la vie de Voltaire appartiennent ses deux grandes œuvres historiques : — le Siècle de Louis XIV, dont la première édition paraît à Berlin, en 1751 ; — et l’Essai sur les mœurs, dont la première édition sous ce titre est datée de Genève, 1756 ; — mais dont il y avait alors onze ans que des morceaux détachés avaient commencé de paraître dans le Mercure de France. — Les Annales de l’Empire sont également de cette époque, 1753 ; — et aussi l’édition définitive du Charles XII, qui est celle de 1756-1757. — Les deux premiers de ces ouvrages ont inauguré dans la littérature européenne une nouvelle manière d’écrire l’histoire. […] 3º Ses Histoires, qui sont l’Histoire de Charles XII, 1732 ; — Le Siècle de Louis XIV, 1751-1752 ; — les Annales de l’Empire, 1753-1754 ; — l’Essai sur les mœurs, 1756 ; — l’Histoire de Russie, 1763 ; — et l’Histoire du Parlement, 1769.
*** Mme Blanche Sari-Flégier, cantinière premier empire, porte aussi d’autres déguisements. […] Leur vêtement comme leur démarche hésite entre deux modes ; la coupe lamartinienne et la façon premier empire. […] Je suis touché quand Mme William Mitchel reproche à la défaite, plus que nos biens pillés « et notre honneur terni », de nous apprendre la haine et de nous induire à prêcher la vengeance aux enfants que nous voulions autrefois généreux et doux. — Malgré la pauvreté anguleuse de la forme, la méditation est noble où, devant un tumulus qui recouvre des Allemands, elle plaint ces vainqueurs que leur victoire même entraîna pour le dernier sommeil loin de toute affection et coucha dans le froid inhospitalier d’une terre ennemie. — Pendant la guerre, on interroge des officiers prussiens : …« C’est l’Empire et sa gloire Que vous vengez ? […] Je ne m’égayais pas non plus à lui voir parodier Musset : Si vous croyez que je vais dire Qui j’ose aimer, On a bien moins que sous l’Empire Droit de parler… et adresser une déclaration, d’un grotesque inconscient, à Zola « sans le nommer » ! […] Au Fil de soie l’étudiera sous le second Empire, et Au Balcon fleuri chantera le commerce actuel.
L’Australie, à peine formée, est en dégénérescence, faute de ferments ; fermés à l’immigration, les États-Unis tomberaient en langueur, sans les voyages en Europe de leur aristocratie, sans la diversité extrême des climats, des sols et par conséquent des races en évolution dans ce vaste empire. […] Ce qui va suivre est plus frappant encore : « L’empire de l’âme sur les organes corporels se montre principalement par rapport aux images tracées. dans notre cerveau. […] Le latin, sur la fin de l’empire, en était plein, si bien que, les grammairiens faisant défaut, elles sont tombées, tout doucement. […] Ils défilent encore, et l’on ira jusqu’au Louis-Philippe et au Second Empire. […] A moins qu’après l’Empire premier on ne remonte d’un coup à l’un des Louis, ou au gothique ou à l’antique.
Vers le commencement du second Empire, il fut accusé, par d’assez tristes prêtres, d’ailleurs, de propager les doctrines condamnées de Baïus, doctrines qui consistent à croire qu’il n’y a pas de vertus naturelles, et que l’homme, en dehors du corps de l’Église, est absolument incapable de tout bien. […] Que ces puissants s’arrangent donc avec les Sémites, nos vainqueurs, pour le partage de l’empire du monde ! […] Les onagres philosophiques du dix-huitième siècle ne pouvaient ni ruer ni braire en sécurité et, jusqu’aux derniers jours du second empire, un certain degré d’insolence n’allait pas sans quelque danger. […] Il suffira de rappeler que la franc-maçonnerie, presque invisible au dix-septième siècle, a été importée d’Angleterre en France, de là en Europe, sous la Régence et, favorisée par nos parlements jansénistes devenus les maîtres, a gagné, de proche en proche, le droit de cité et de souverain empire. […] Il se livre là, dans cet atome vivant de leur cœur, de fières batailles, des batailles plus grandes qu’Arbelles et Austerlitz, où tombent des empires et se perdent des provinces, où décampent des multitudes et se signent parfois de honteux traités.
La légende napoléonienne et l’effroi d’une république sans force et sans union servaient l’Empire en dépit de ses agissements sans pudeur. L’Empire était proclamé, je ne saurais dire fondé ; le titulaire en sapait la base lui-même en montant sur ce pavois souillé que lui tendaient les mauvaises passions. […] Il tenait son titre de son grand-père, général sous le premier Empire, et sa fortune de son père, qui l’avait conquise honorablement dans l’industrie. […] Les empires sont à peine consolidés, qu’ils s’écroulent : ils ressemblent à ces fourmilières qu’élèvent avec de grands efforts de pauvres insectes ; quand il ne faut plus qu’un fétu pour les achever, un bœuf les effondre sous son large pied, ou une charrette sous sa roue. […] Ces grands noms qui retentissent dans la bouche des hommes, noms de capitales, de monarques, de généraux, ce sont des tessons de vieux empires qui résonnent.
Savez-vous bien qu’il y a une mine de sujets à peine entamée dans l’histoire de l’empire byzantin ? […] Combien immense ce champ qui s’ouvre alors devant notre énergie poétique et combien pauvre la figure que fait notre misérable Moi devant les symboles grandioses, que nous apporte l’immense empire de l’art, ininterrompu depuis les premiers siècles jusqu’à nous ! […] L’équilibre politique se déplace en faveur du pouvoir des Osmanlis ; leur empire est raffermi, et la suprématie sur les pays de la Méditerranée semble devoir leur donner à brève échéance la domination de l’Asie, de l’Afrique et de l’Européen même temps. […] Cependant par là même il nous donne l’explication de l’histoire extraordinaire de l’empire ottoman. […] La chute de l’empire romain nous a montré ce qui pourrait arriver de nouveau.
Nous ne nous contenterons même pas d’étudier ceux qui vivent autour de nous, sous l’empire des mêmes circonstances : nous observons les documents que l’histoire nous a laissés sur les grands hommes des temps passés. […] Mais cette doctrine affirme ce qui est contestable, que nous pouvons agir rien que sous l’empire d’une idée. […] Si nous voyons l’ensemble, nous comprendrons qu’il est sous la dépendance des choses : au lieu de nous sembler un empire dans un empire, l’homme nous semblera une partie du tout. […] Par elle, les jugements deviennent de plus en plus universels et objectifs ; on se soustrait ainsi, au moins dans ce qu’il a de nuisible, à l’empire de la sensibilité et de la volonté. […] Cela est si vrai qu’on ne rend jamais responsable celui qui a agi sous l’empire de la passion ou de la maladie, qui n’était pas maître de lui-même.
Et bien loin que, comme on l’enseigne, la société du Grand Cyrus et de la Clélie tout entière ait achevé de succomber sous les coups de Boileau, l’auteur des Satires n’a pas eu plus tôt abandonné le champ que la voilà qui renaît des ruines qu’il en croyait avoir faites, et qui ressaisit son empire momentanément perdu. […] Guerrier ne craint pas de nous présenter cette nomination à l’archevêché de Cambrai, — lequel valait alors de 150 000 à 200 000 livres de rentes, et conférait les titres de duc et de prince de l’empire, — comme une marque de défaveur, pour ne pas dire un commencement de disgrâce. […] … » Et plus tard, dans son Petit Carême : « Sire, regardez toujours la guerre comme le plus grand fléau dont Dieu puisse affliger un empire, et n’oubliez jamais que, dans les guerres les plus justes, les victoires traînent toujours après elles autant de calamités pour un État que les plus grandes défaites90… » À ce dernier trait, vous reconnaissez les formes d’exagération qui lui sont ordinaires. […] Pour moi, je ne puis vous donner qu’un conseil : c’est de vous tenir tranquille et de prendre garde surtout qu’on n’aille, à l’occasion de vos justifications sur l’Histoire universelle, vous attaquer sur les Annales de l’Empire, que vous ne pourrez pas désavouer. […] Visiblement, il a déjà perdu une part du gouvernement de lui-même, et, sous l’empire de la double exaltation de la souffrance et de la folie, il est abandonné et comme livré en proie aux variations de sa sensibilité : c’est un malade.
Loin de chercher la célébrité, elle la fuyait, et les jolis romans qu’elle a faits sous l’empire : Laure d’Estell, Léonie de Mombreuse, Anatole, parurent d’abord sans nom d’auteur. […] Mais c’est la liberté et non l’argent qui fait le poëte, et l’art de l’Empire est un des plus inférieurs qui se soient produits dans les évolutions du génie humain. […] Lorsque les hommes se taisaient et qu’un grand silence régnait sur cet immense empire, les femmes parlaient et souriaient derrière leur éventail, et ce chuchotement inquiétait Napoléon, et il l’écoutait à travers les rugissements de son artillerie et les tonnerres de ses combats de géants, et il avait raison, car ce petit bruit, c’était la voix de l’humanité qui se révoltait contre les excès de la force et de la puissance. […] La banqueroute, dans Grandeur et Décadence de César Birotteau, vous fait palpiter comme l’histoire d’une chute d’empire ; la lutte du château et de la chaumière des Paysans offre autant de péripéties que le siège de Troie.
D’ailleurs j’en devins las, et pour les arrêter, J’envoyai le Destin dire à son Jupiter Qu’il trouvât un moyen qui fit cesser les flammes Et l’importunité dont m’accablaient les dames ; Qu’autrement ma colère irait dedans les cieux Le dégrader soudain de l’empire des dieux. […] Elle l’annonce encore d’une autre manière et en cet autre sens, que, pour la première fois, les intérêts d’amour nous apparaissent dans Rodogune comme étroitement unis au destin même des empires. […] Nous nous intéressions à l’amour de Rodrigue et de Chimène, et notre sympathie pour Pauline le disputait à notre admiration pour son « chrétien de mari » ; mais, après tout, quoi qu’il en pût advenir, nous savions bien qu’il n’y allait ni du sort des Espagnes, ni de celui de l’empire romain. […] N’est-il pas vrai que le destin de l’empire ottoman y dépend de savoir si Bajazet acceptera l’amour de la sultane ? […] Et, pour accroître l’illusion, voici qu’en même temps, un à un, tous les souvenirs de la mythologie, comme par une espèce de génération spontanée, se lèvent, nous entourent, s’emparent de nous, ressaisissent enfin sur nos imaginations toujours aryennes leur ancien et séduisant empire : J’ai demandé Thésée aux peuples de ces bords Où l’on voit l’Achéron se perdre chez les morts.
Il est fier de son sexe et le fait sonner bien haut : « J’ai souvent loué Dieu, dit-il, de ne m’avoir fait ni femme, ni prêtre, ni Turc, ni Juif. » En présence de l’hôtel Rambouillet et de ce nouvel empire, il reste de l’avis de Scaliger qui raillait le cardinal Du Perron de ce que, pour paraître savant, il entretenait les dames du flux et reflux de la mer, de l’Être métaphysique et autres points de philosophie.
Il y en a qui sont tout l’opposé ; un vrai philosophe de nos jours, Maine de Biran, qui avait vu la Révolution et l’Empire, n’avait de plaisir que quand il se tournait en dedans et qu’il regardait en lui-même comme dans un puits.
Cependant, tout ce qu’on sait de la position de son fils auprès de la duchesse douairière de Bourbon et de son empire établi, semblerait indiquer que c’est plutôt celui-ci qui, tout à côté du palais princier, a dû avoir l’idée de construire l’élégant et somptueux hôtel.
Elle ne paraît grande que pour faire apercevoir l’immensité de l’empire de la mort. » Vingt-cinq ans après, écrivant à une jeune et brillante amie qui faisait ce voyage : « Que je voudrais voir l’Italie avec vous !
Un jeune homme, à peu près du même âge qu’avait alors M. de Tocqueville, visite, à trente-trois ans d’intervalle, les mêmes contrées, le même empire transatlantique ; ce jeune homme a été élevé dans des conditions à peu près semblables à celles dans lesquelles l’avait été en son temps M. de Tocqueville, ou du moins il a été nourri dans un milieu fort approchant ; mais quelle manière différente d’aborder son sujet !
Le frère, auquel elle écrivait régulièrement, était un ancien soldat qui avait servi sous l’Empire dans la guerre d’Espagne, qui n’avait pas dépassé le grade de sergent, et qui avait été ensuite prisonnier des Anglais sur les pontons d’Écosse.
Mais, après la crise dont nous approchons, on ne remontera pas immédiatement à l’état chrétien : le despotisme et l’anarchie continueront longtemps encore de se disputer l’empire, et la société restera soumise à l’influence de ces deux forces également aveugles, également funestes, jusqu’à ce que d’une part elles aient achevé la destruction de tout ce que le temps, les passions, l’erreur, ont altéré au point de n’être plus qu’un obstacle au renouvellement nécessaire ; et, de l’autre, que les vérités d’où dépend le salut du monde aient pénétré dans les esprits et disposé toutes choses pour la fin voulue de Dieu. » Vers le même temps où l’esprit de M. de La Mennais acceptait si largement l’union du catholicisme avec l’État par la liberté, il tendait aussi à se déployer dans l’ordre de science et à le remettre en harmonie avec la foi.
Qu’on les loue, qu’on les préconise, pourvu qu’on n’empiète pas trop sur notre empire et qu’on ne fasse pas trop écho dans notre bruit.
Bossuet, jugeant les révolutions des empires, pensait comme De Maistre ; lui aussi, il n’envisage des factions, des nations entières, que comme un seul homme sous le souffle d’en haut ; il les fait marcher et chanceler devant lui comme une femme ivre.
Louis XIV avait dit, dans ses Instructions au Dauphin, une belle parole trop méconnue par son indigne petit-fils : « Les empires, mon fils, ne se conservent que comme ils s’acquièrent : c’est-à-dire par la vigueur, par la vigilance et par le travail. » 283.
La raison ne sert, dans les empires despotiques, qu’à la résignation individuelle ; mais, dans les états libres, elle protège le repos et la liberté de tous.
Ce qui échappe à l’histoire tombe sous l’empire de la mode.
Il ne songe pas un moment que derrière l’extérieure bizarrerie des faits il y ait une pensée vraie, un sentiment sérieux : il serait bien étonné si on lui disait qu’il nous a parlé de l’empire des morts, et de héros qui, comme Hercule et comme Orphée, ont été Illuc unde negant redire quemquam, et forcé l’avare roi des morts à lâcher sa proie.
Et c’est pareillement un coin d’idylle qui fleurit en pleine aridité de la métaphysique amoureuse, quand le poète fait dire à son amant : Je ressemble le paysan Qui jette en terre sa semence, Et il a joie à regarder Comme elle est belle et drue en herbe : Mais avant qu’il en cueille gerbe, Par malheur l’empire et la grève Une male nue, qui crève Quand les épis doivent fleurir : Et fait le grain dedans mourir, Et ravit l’espoir du vilain.
La Basoche était la corporation des clercs de procureurs au parlement de Paris : les clercs de procureurs au Châtelet en formaient une autre, soumise à la première ; les clercs de procureurs à la Cour des Comptes nommaient leur association l’Empire de Galilée.
Nommé archevêque de Cambrai grâce au silence des commissaires d’Issy sur ses doctrines, qu’il paraissait avoir rétractées, sacré par Bossuet, le souple abbé, devenu prélat et prince de l’empire, se redresse ; il travaille à regagner le terrain perdu, à rattraper ses désaveux : dans ses lettres, il incrimine Bossuet, il se montre persécuté, offensé par lui ; et, le gagnant de vitesse, il fait paraître son Explication des Maximes des Saints avant les États d’Oraison.
Voilà sous l’empire de quelles idées, en 1735, en 1737, en 1738, Voltaire travaillait fiévreusement.
Il eut la chance de survivre à l’Empire, de revenir de l’exil et, à partir de ce moment, d’être l’interprète des sentiments et des passions du Paris révolutionnaire.
Par dépit de ne pouvoir pétrir le monde à sa guise, il se taille dans les nuages un vaste empire de rêve.
Il n’a point jusqu’ici tyrannisé les âmes ; Mais l’empire inhumain qu’exercent vos beautés Force jusqu’aux esprits et jusqu’aux volontés.
Mais que dire de la situation que se prête et de l’empire que s’adjuge cette courtisane immaculée, qui se fait des millions de rente, joints à ceux que lui prodigue un mari purement honoraire, en aspergeant d’eau bénite d’alcôve une troupe de soupirants imbéciles ?
Tout ce que ceux-ci accomplissent en réalité en sa faveur semble entrepris au service d’une entité majeure dont ils s’estiment des parties et des dépendances et dont la seule fonction consiste pourtant à relier entre eux par un lien mnémonique les actes successifs des différents groupes d’instincts qui tour à tour possèdent l’empire et fondent des dynasties.
Il nous dit, et nous le croyons, que l’Empereur a corrigé les épreuves, que Fould y a travaillé et que Morny a fourni la fin, « la Métropole à Paris », une idée du Mémorial, une idée de l’autre, dont tout cet empire est une contrefaçon.
Son nom seul est un mur à l’Empire ottoman : C’est le roi polonais.
Il y a un couplet qui est un peu connu parce qu’il a été cité dans quelques manuels de littérature, c’est une description, un portrait de Vénus : C’est pourquoi nous dirons en langage rimé Que l’empire flottant en demeura charmé.
Quelques-unes des lettres ont été écrites sous l’empire de cette ardente et dernière préoccupation.
En juillet 1914, quand la question serbe s’est posée, on est parti du vote de la fédération parisienne, où l’on a voté à la quasi-unanimité la grève générale en cas de guerre, et quelques jours après, fin juillet, à Lyon, Jaurès lançait la fameuse phrase que si la guerre arrivait tout de même, la France se souviendrait non point de son alliance avec l’empire russe, mais de son contrat avec l’humanité.
Cette conception ruinée par la conception toute moderne de l’évolution des choses, des hommes et des mondes associés sous l’empire intérieur d’un principe commun de vie, est en complète et radicale décrépitude, après avoir engendré une montagne d’erreurs qui s’affaisse peu à peu sous l’effort du temps.
Quelles ressources pour un romancier, dans cet empire colonial universel, vivant et fréquemment parcouru ; quelles inspirations multiples et toujours dominées par le souvenir de l’immense cité du bord de la Tamise ; quelle saine rénovation des thèmes les plus communs !
Ceux qui t’avaient vu se pencheront vers toi, te regarderont de haut : Est-ce là cet homme qui troublait la terre et secouait les empires, qui rendait le globe désert, qui détruisit les villes et n’ouvrit pas à ses captifs la porte de leur prison ?
le roi de toutes choses, que ceci n’échappe pas à tes regards et à ton éternel empire !
Il se procure pour ainsi dire, divers exemplaires plus ou moins imparfaits chacun : il les superpose et les fond en un exemplaire général et typique qui donne bien l’image idéalisée des batailles de l’Empire et des soldats de Napoléon. […] Les hommes y sont trop souvent les esclaves des faits et des actions : — Il leur donne l’empire sur ce qui les entoure. […] Le mot qui nous paraît exprimer le plus clairement tout ce qui s’est fait en Europe après les agitations morales de la Révolution et les bouleversements matériels des guerres de la République et de l’Empire, c’est encore le mot Restauration pris à la lettre. […] Le réalisme a été plus dur pour elle que l’idéalisme classique : il l’a rendue sujette et serve de l’observation, jadis son humble auxiliaire, même au temps de l’empire le plus absolu de la raison. […] Rambaud sur l’empire byzantin.
Pourquoi veut-on alors que nous ayons la littérature de Louis-Philippe et de l’empire ? […] Nos personnages modernes, individualisés, agissant sous l’empire des influences environnantes, vivant notre vie sur la scène, seraient parfaitement ridicules dans le décor du dix-septième siècle. […] Par exemple, au Vaudeville et au Gymnase, les dernières années de l’empire ont amené des exhibitions de grands couturiers qui durent encore. […] Pendant les dernières années de l’Empire, il a été le centre du seul groupe poétique qui ait poussé après la grande floraison de 1830. […] Le groupe auquel on a donné un moment le nom de parnassien représentait en somme toute la poésie jeune, sous le second empire.
Bonaparte disait à Arnault : « Les intérêts des nations, les passions appliquées à un but politique, le développement du projet de l’homme d’Etat, les révolutions qui changent la face des empires, voilà la matière tragique. […] Ils sentent l’indignité de l’objet, et combien ils sont ridicules de retomber sous son empire, et ils y retombent, et ils ont recours pour s’excuser à toutes sortes de mauvaises raisons, qui ne font que plus éclater, même à leurs yeux, leur faiblesse. […] Domitian lui disputerait l’empire. […] Il s’agit de cet empire américain que le beau Léandre a visité dans son voyage à Caïenne quand il fut déporté avec le curé de Rouel à Rochefort : L’héroïque leçon qu’il offre aux opprimés En semant la vertu produit l’indépendance. […] l’Empire, l’Empire !
Ce qui ressort de ces Origines de la France contemporaine, c’est que l’ancien régime fut un chaos malsain, la Révolution une crise de boue et de sang, le premier empire une monstruosité ; quant à notre état actuel, il est représenté comme détestable et plat. […] Lisez surtout les Cloches de l’Empire. […] Oui, les cloches du premier Empire tintent encore dans toutes nos poitrines, et leur durable écho n’est point mort. […] Pour la première fois on nous offrait un ensemble de renseignements clairs et méthodiques sur ces contrées mystérieuses, ces sociétés si durables et caractérisées, ce puissant organisme qu’est le Céleste Empire ; un aussi grand corps vit en harmonie et en santé sur notre planète, à quelque distance de nous, alors que les maladies nationales, l’usure et la mort, paraissent la règle universelle : et nous n’irions point étudier le phénomène, profiter de ses secrets si simples, voir comme il se nourrit, comme il se vêt, comme il se reproduit et comment la somme des vertus l’emporte sur la somme des vices, ce qui garantit la durée ! […] Dans un récent et bien curieux ouvrage, la Lutte des Races, Gumplovicz insiste sur ce fait que l’éloignement et l’abîme des mœurs supprimant les différences, lesquelles ne se sentent qu’après une forte prise de contact, nous sommes portés à considérer les Chinois comme tous semblables les uns aux autres et leur civilisation ainsi qu’une surface plane, ininterrompue dans le temps et l’espace, une série de formules figées, une momification (tel fut longtemps le préjugé), alors qu’au contraire il n’est rien de plus vivace, de plus modifiable et de plus menaçant que l’énorme empire oriental.
Taine encore dit, avec force, et c’est à propos de Bacon : « L’homme croit tout faire par la force de sa pensée personnelle, et il ne fait rien que par le concours des pensées environnantes ; il s’imagine suivre la petite voix qui parle au dedans de lui, et il ne l’écoute que parce qu’elle est grossie des mille voix bruissantes et impérieuses qui, parties de toutes les circonstances voisines ou lointaines, viennent se confondre avec elle en vibrant à l’unisson… Pour se développer, il faut qu’une idée soit en harmonie avec la civilisation qui l’entoure ; pour que l’homme espère l’empire des choses et travaille à refondre sa condition, il faut que de toutes parts l’amélioration ait commencé, qu’autour de lui les industries grandissent, que les connaissances s’amassent, que les beaux-arts se déploient, que cent mille témoignages irrécusables viennent incessamment donner la preuve de sa force et la certitude de son progrès […] « Monseigneur, Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons. […] Il est à noter, toutefois, que ce département menace de devenir à lui seul un empire, comme l’Ile-de-France est devenue la France. […] « Haydn resta toujours l’enfant de chœur enrégimenté dans ce vaste empire, qu’il ne pensa jamais à regarder avec sa conscience d’homme libre. […] Elle me rappelle qu’au temps des guerres du premier Empire français, il y avait des primes pour les fortes femmes qui mettaient au monde beaucoup de garçons : il me semble que le public italien, dans son enthousiasme excessif, décerne une prime de ce genre à cette Muse peu spiritualiste, d’une fécondité incontestable, mais quelquefois brutale.
Il disait encore : « On ne jette pas brusquement un empire au moule… » Que voulait-il donc ? […] Si Pauline de Beaumont exerça un empire de séduction très particulier sur tout son groupe, c’est qu’elle incarna mieux que personne les tendances ondoyantes et mélangées de ce moment fugitif. […] Lorsque au lendemain du premier empire les jeunes gens ouvrirent les yeux sur la vie, il se trouva que leur sensation de toutes choses ne ressemblait guère à la sensation notée par leurs pères du dix-huitième siècle. […] Car il a écrit, et beaucoup, dans les feuilles socialistes de la fin de l’Empire. […] Cet homme, brave et subtil, héroïque et réfléchi, qui avait vécu dans la brûlante, dans l’électrique atmosphère du premier Empire, possédait, développé en lui au plus rare degré, le sens de l’énergie.
Comme tous les jeunes gens de la cité, Alfred de Vigny rêva la gloire des armes, mais l’Empire tomba. […] « Si Corneille avait vécu sous mon règne, a dit Napoléon, je l’aurais fait duc. » Je ne sais ce que l’Empire eût fait André Chénier si le poète avait survécu à la Terreur. […] L’Empire eût mal goûté le doux André et il n’y aurait pas plus eu de baron Chénier qu’il n’y eut de duc de Chateaubriand. […] Le fondateur, déjà séculaire, du plus grand empire démocratique qui ait jamais existé y dort comme à l’écart de la ville même qui porte son nom et qui est le centre gouvernemental de la vaste fédération dont il fut l’épée victorieuse. […] Toute la vie semble coalisée pour nous éloigner à jamais de ce réduit intime : elle ruse avec nous pour que nous ne nous dérobions pas à son empire.
Parmi ses bois, ses boues et ses neiges, sous son ciel inclément et triste, dans sa longue barbarie, les instincts rudes ont pris l’empire ; le Germain n’a point acquis l’humeur joyeuse, la facilité expansive, le sentiment de la beauté harmonieuse ; son grand corps flegmatique est resté farouche et roide, vorace et brutal ; son esprit inculte et tout d’une pièce est demeuré enclin à la sauvagerie et rétif à la culture. […] Bien plus, sous la contrainte du climat et de la solitude, par l’habitude de la résistance et de l’effort, le modèle idéal s’est déplacé pour lui ; ce sont les instincts virils et moraux qui ont pris l’empire, et parmi eux, le besoin d’indépendance, le goût des mœurs sérieuses et sévères, l’aptitude au dévouement et à la vénération, le culte de l’héroïsme.
Dans l’exposé des théâtres de l’Empire, pendant l’année 1866, on trouve de secrètes félicitations et de transparents encouragements à Pipe-en-bois, à la justice duquel, on remet dans la personne du public, la police du goût. […] Nous regardons cette misérable maison ambitieuse de bourgeois de l’Empire, cette maison de plâtre, plaquée de fenêtres d’occasion, avec son fronton de temple grec, grignoté par la pluie.
Le Consulat et l’Empire ne furent pas des époques littéraires. […] La chute de l’Empire fut tout à coup une renaissance des lettres, de l’éloquence, de la poésie, des tribunes, du journalisme.
Le plus curieux, c’est qu’on était sous le second Empire. […] Le milieu où se passe cette décomposition rapide est le second Empire.
— Oui, l’abbé, le génie, et puis le bon choix des sujets, l’homme de nature opposé à l’homme civilisé, l’homme sous l’empire du despotisme, l’homme accablé sous le joug de la tyrannie, des pères, des mères, des époux, les liens les plus sacrés, les plus doux, les plus violens, les plus généraux, les maux de la société, la loi inévitable de la fatalité, les suites des grandes passions. […] Je voyais toutes ces scènes touchantes, et j’en versais des larmes réelles. ô mon ami, l’empire de la tête sur les intestins est violent sans doute ; mais celui des intestins sur la tête l’est-il moins ?
On se représente le corps vivant comme un empire dans un empire, le système nerveux comme un être à part, dont la fonction serait d’abord d’élaborer des perceptions, ensuite de créer des mouvements.
C’est, comme le dit Antoine, l’ombre de César « promenant sa vengeance » ; et pour ne pas laisser méconnaître son empire, c’est encore cette ombre qui, aux plaines de Sardes et de Philippes, apparaît à Brutus comme son mauvais génie. […] Malgré les flatteries des poëtes et des historiens, Shakespeare nous semble avoir deviné le vrai caractère de ce prince, qui avoua lui-même, en mourant, qu’il avait porté un masque depuis son avènement à l’empire. […] Voltaire aussi était un homme de génie ; la meilleure preuve du génie, c’est l’empire qu’il exerce sur les hommes : là où s’est manifestée la puissance de saisir, d’émouvoir, de charmer tout un peuple, ce fait seul répond à tout ; le génie est là, quelques reproches qu’on puisse adresser au système dramatique ou au poëte. […] Précisément le contraire de ce que dit Othello : Je vais donner une heure aux soins de mon empire Et le reste du jour sera tout à Zaïre. […] Pour quiconque n’a pas vu la fortune se jouant avec les empires, ce personnage ne serait que comique ; mais pour qui a assisté à de pareils jeux, n’est-il pas d’une effrayante Vérité ?
…) Il faut l’admirer, vous dis-je, bien que la royauté constitutionnelle, même l’empire démocratique et enfin la République aient fort réduit cette partie des devoirs d’un chef d’État qui consiste à se laisser voir. […] Puis des souvenirs d’autrefois : statues ou bustes de l’empereur, portraits de ses maréchaux, drapeaux français de la Révolution ou du premier Empire… Et alors, on a beau savoir que la guerre est impie, absurde, abominable ; que les armées permanentes volent chaque année, aux peuples d’Occident, une somme incalculable de travail et de richesse, et que ce palais où l’on se promène est proprement le temple du Meurtre et de la Destruction ; on a beau se dire tout cela : comme, après tout, les peuples se battent depuis quelque dix mille ans — et peut-être parce qu’on sent confusément que la guerre est ce qui donne à l’énergie humaine et au courage, père des autres vertus, leur plein développement — on est ému jusqu’aux entrailles, un petit souffle froid vous passe dans les cheveux … et tenez, par exemple, ce guidon de la garde impériale, où sont inscrits les noms de toutes les capitales de l’Europe, ce carré de soie pâlie fait un plaisir à regarder, mais un plaisir ! […] Aujourd’hui la Russie est à la veille d’être le plus puissant empire du monde. […] Il songe avec épouvante que, « si l’Empire avait duré, si Mgr Darboy avait vécu, l’Église de France se serait trouvée, une fois encore et malgré le concile, sous la domination d’un semi-gallicanisme pratique, parlementaire et régulier ».
Raynaud cisèle d’agréables pastiches qui ressemblent aux bijoux du premier empire. […] Les rayons du soleil, qui trouent les volutes de la brume, semblent des flèches d’or dardées contre les princes d’un empire de la paresse. […] Du reste, les coudes percés, toujours nécessiteux autant que prodigue, jetant le peu qui lui venait, puis mendiant sans honte au nom de l’Empire. […] Elle se voile la face, elle verse quelques pleurs gras, elle se récrie ; elle brandit le grand sabre de l’Empire.
Toute la causerie est sur la cherté de la vie, et l’orateur du groupe conte qu’il a eu un père qui tournait la meule : « Il ne gagnait que cinquante sous par jour, dit-il, et cependant il a pu nourrir trois enfants, tandis que moi qui gagnais cinq francs sous l’Empire, j’ai eu toutes les peines à en nourrir deux. » La hausse des salaires ne correspondant pas au surenchérissement de la vie ; voilà au fond le grand et le juste grief de l’ouvrier contre la société actuelle… Ici je me rappelle que mon frère et moi, avons écrit quelque part que la disproportion entre le salaire et la cherté de la vie tuerait l’Empire… Et l’ouvrier ajoute : « Qu’est-ce que ça me fait à moi, qu’il y ait des monuments, des opéras, des cafés-concerts, où je n’ai jamais mis le pied, parce que je n’avais pas d’argent. » Et il se réjouit de ce qu’il n’y aura plus, dorénavant, de gens riches à Paris, persuadé qu’il est, que la réunion des gens riches, en un endroit, y fait monter la vie. […] Place de l’Hôtel-de-Ville, on crie la biographie de Jules Vallès, et j’achète le canard, où mon confrère est présenté comme le type et le parangon de l’homme né « entre la réaction Orléano-clérico-légitimo-bonapartiste et la restauration de l’Empire, entre une intrigue ténébreuse et un crime tel qu’aucun qualificatif ne saurait le caractériser ». […] Jeudi 15 juin Lefebvre de Béhaine, qui a pris un congé, me parle avec un grand découragement de Versailles, disant : « C’est toujours le mensonge, comme sous l’Empire, comme sous le Quatre-Septembre. » Mardi 20 juin Un triste anniversaire.
Et il me souvint — et je le racontai — d’avoir, vers la fin de l’Empire, dîné avec lui, Francis et Gustave Courbet (qui découpait), au restaurant Laveur. […] Au-dessus, une glace dans le mur, entourage de bois peint en blanc, de style Premier Empire des plus sobres, et bordée de cartes, d’enveloppes, de menus illustrés peu répondus. […] L’exception morale dont il s’agit est, depuis l’avènement du christianisme, devenue un problème douloureux, une question absolument digne d’attention et des réflexions les plus profondes, de simple lieu commun et de léger paradoxe qu’elle se trouvait être dans l’antiquité païenne, depuis l’Iliade pour parler de temps déjà héroïques, jusqu’aux dialogues de Lucien, en passant par le Banquet, jusqu’à l’empire romain et la décadence. […] On réunira sans doute quelque jour ces fleurs de jeunesse, et ce sera, je ne crains pas de l’affirmer, un des plus beaux, sinon le plus beau bouquet de la poésie fugitive de la période finale du second Empire.
Avec moins d’impudence, avec moins de prodigalités, avec plus de réserve, les filles entretenues obtinrent, sous le règne de Louis-Philippe, une gloire et une importance égales à celles qu’elles eurent sous l’Empire. […] Combien de natures révoltées ont pris vie auprès d’un cruel et ponctuel militaire de l’Empire ! […] « Wagner, par un procédé qu’il applique d’une manière tout à fait imprévue, réussit à étendre l’empire et les prétentions de la musique. […] Sous la République et le premier Empire, la musique s’était élevée à une hauteur qui en fit, à défaut de la littérature découragée, une des gloires de ces temps. Le chef du second Empire n’a-t-il été que curieux d’entendre l’oeuvre d’un homme dont on parlait chez nos voisins, ou une pensée plus patriotique et plus compréhensive l’excitait-elle ?
Aveugle empire du préjugé ! […] On pouvait prendre pour le mari les conseils que Chapelle semble ne donner qu’au directeur de troupe ; mais Molière, qui n’avait plus assez d’empire sur lui-même pour les mettre à exécution, se persuada facilement qu’il étoufferait par la suite un mal qui devait faire tous les jours de nouveaux progrès, et qu’il lui était si facile de détruire à sa naissance. […] Néron, s’ils en sont crus, n’est point né pour l’empire …………………………………………… Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière, À disputer des prix indignes de ses mains, À se donner lui-même en spectacle aux Romains. […] Malherbe consultait sa servante, même sur ses vers ; et Voltaire se soumettait aussi à la juridiction de sa bonne Barbara, ou, comme il l’appelait, « Baba », « dans le moment même, a dit lady Morgan, où il exerçait un empire absolu sur les opinions de la moitié de l’Europe littéraire… Baba et La Forêt appartiennent autant à la postérité que les génies illustres qu’elles avaient l’honneur de servir ». […] Cet homme, auquel sa taille gigantesque et son caractère altier avaient donné un certain empire dans son quartier, la cour de la Sainte-Chapelle, avait épousé en premières noces une femme vive et emportée qu’il « étrillait » comme Sganarelle « sans s’émouvoir ».
C’est une « monographie de jeune fille observée dans le milieu des élégances, de la richesse, du pouvoir, de la suprême bonne compagnie, une étude de jeune fille du monde officiel sous le second Empire », ainsi parle M. de Goncourt, et nous ne saurions mieux résumer que lui sa pensée. […] J’ajouterai, pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de ce beau roman historique, que son action évolue pendant les guerres de la fin du premier empire et qu’il pourrait presque être considéré comme une suite de documents politiques contenus dans une action des plus intéressantes. […] Par exemple à côté de morceaux exquis comme les Petits Princes : Le front courbé, rêveur, suivant les lois du sort, Je lisais un journal qui racontait la mort Du petit Bonaparte ; et perdu dans la foule, Sourde aux vaines clameurs d’un empire qui croule, J’allais, plaignant la mère et songeant à l’enfant. […] On revoit ; mais cette fois, sous l’empire des émotions amassées, la réalité prend des proportions surnaturelles ; on la divinise.
Je crois, ma chère grand’mère, que ce mal est incurable, et qu’il résistera à la raison même ; je devrais en avoir quelque étincelle, car j’ai douze ans et quelques jours ; cependant je ne m’aperçois pas de son empire : si son aurore est si faible, que sera-t-elle à vingt-cinq ans ? […] Cependant, pour ne pas perdre entièrement le fruit de ses veilles, comme on dit, il se décida à publier un spécimen de sa traduction (à Londres, et à Paris chez Lejay, 1787) : « Il existe, dit-il dans sa préface, un autre ouvrage en anglais dont le sujet n’est pas moins intéressant et dont les vues sont plus vastes et plus importantes, qui sera désormais l’objet de tous mes efforts ; je veux parler de l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire romain, par M. […] Cette conviction et le sentiment profond et constant de la brièveté de la vie me fait tomber le livre ou la plume des mains, toutes les fois que j’étudie… Nous n’avons pas plus de motifs pour acquérir de la gloire, pour conquérir un empire ou pour faire un bon livre, que nous n’en avons pour faire une promenade ou une partie de whist… » 178.
, Goethe docteur en droit, beau, noble, aimable, après de fortes et libres études commencées à Leipzig, continuées à Strasbourg, et ayant su résister dans cette dernière ville à l’attraction vers la France, est rappelé à Francfort sa cité natale, et de là il est envoyé par son père à Wetzlar en Hesse pour se perfectionner dans le droit et y étudier la procédure du tribunal de l’Empire ; mais en réalité, et sans négliger absolument cette application secondaire, il est surtout occupé de lire Homère, Shakespeare, ou de se porter vers tout autre sujet « selon que son imagination et son cœur le lui inspireront ».
Mais, ne pouvant prendre aucun empire sur cet esprit charmant, à la fois prévenu et découragé, je la regarde, la torture dans l’âme, et je prie Dieu sans savoir ce que je dis, car j’ai bien du chagrin !
Cette idée morale, au milieu des exagérations et des égarements qu’elle eut à traverser, se conserva de la sorte jusqu’au commencement de l’Empire.
En vain les grands esprits de l’époque, Montesquieu, Buffon, Rousseau, tentèrent de s’élever à de hautes théories morales ou scientifiques ; ou bien ils s’égaraient dans de pleines chimères, dans des utopies de rêveurs sublimes ; ou bien, infidèles à leur dessein, ils retombaient malgré eux, à tout moment, sous l’empire du fait, et le discutaient, le battaient en brèche, au lieu de rien construire.
Puis l’imprévu s’en mêle à tout moment, et, dans ce jeu continuel d’entrées en matière et de sorties, on est plus d’une fois enlevé à de soudaines hauteurs que le discours continu ne permettrait pas : Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire, etc.
rentrez dedans vos cieulx, Car la beaulté de ceste vous empire.
Lenoir-Laroche, sénateur de l’Empire, qui lui donna asile et protection.
Admirons combien l’empire de cette dernière a duré.
C’est là cette grande discipline du xviie siècle, plus jalouse de perfectionner dans chacun la raison générale que d’y encourager l’humeur et le caprice individuel ; toujours en défiance de la liberté, forçant le poëte à choisir entre ses pensées, mais, par là, lui assurant l’empire sur les âmes.
et de qui parle Balzac sur ce ton de Bossuet parlant des révolutions des empires, ou tout au moins de quelque Cromwell ?
Tout le monde l’accepte : la multitude, sans en raisonner, par le doux et irrésistible empire du vrai sous l’habit le plus simple ; les doctes et les poètes, parce que ses exemples n’accablent personne.
Tandis que, pendant le second empire, le public courait entendre les opéras de Meyerbeer, d’Auber et de Gounod, des critiques, de jeunes écrivains et même des musiciens cherchaient du nouveau, et, comme Wagner leur en offrait une ample provision, ils se firent ses adeptes.
En un mot, malgré tant de disparates capables de faire ouvrir les yeux, tout ce que cet Ecrivain a produit, a été accueilli, cru, préconisé ; il est devenu l’idole de son Siecle, & son empire sur les Esprits foibles ne sauroit être mieux comparé qu’à celui du grand Lama, dont on révere, comme chacun sait, jusqu’aux plus vils excrémens.
On l’avait trouvée assez belle pour décorer la cité des vainqueurs, et on la conservait même sous l’empire, au milieu des chefs-d’œuvre de l’architecture et de la statuaire.
Ainsi il préludait aux récits des batailles de l’Empire.
Enfants de six mille ans qu’un peu de bruit étonne, Ne vous troublez donc pas d’un mot nouveau qui tonne, D’un empire éboulé, d’un siècle qui s’en va !
J’affirme au contraire : 1° que, si les limites du monde fini sont celles de la science humaine, elles ne sont pas celles de la réalité ; 2° que l’homme porte en lui-même non-seulement des désirs et des ambitions, mais des instincts et des notions qui lui révèlent des réalités au-delà du monde fini, et que, si l’homme ne peut pas avoir la science de ces réalités, il en a la perspective ; 3° que, sous l’impulsion et le légitime empire de cette perspective, l’homme poursuit dans sa vie intellectuelle la connaissance de ces réalités, qu’il ne peut que reconnaître, comme il poursuit dans sa vie pratique la perfection morale, qu’il ne peut atteindre.
En effet, pour que les sentiments collectifs que protège le droit pénal d’un peuple, à un moment déterminé de son histoire, parviennent ainsi à pénétrer dans les consciences qui leur étaient jusqu’alors fermées ou à prendre plus d’empire là où ils n’en avaient pas assez, il faut qu’ils acquièrent une intensité supérieure à celle qu’ils avaient jusqu’alors.
Drames, romans, nouvelles, beaux-arts et jusqu’aux modes, tout, depuis trente ans, a porté, plus ou moins, l’empreinte de ce règne dont l’abbé Galiani disait avec son filet de voix claire : « Il y a des empires qui ne sont jolis que dans leur décadence », et pour lequel les Austères révolutionnaires de l’histoire, séduits comme des bourgeois par des duchesses, se sont parfois senti une indulgence, — que l’on comprend très bien, du reste, quand on regarde ce règne et ce temps, entre leurs trois grandes cariatides, Rousseau, Montesquieu et Voltaire.
« Richelieu lui-même, — dit-il dans un style de faiseur de romances sous l’Empire, — ne fut point insensible à ses charmes, il s’efforça de lui plaire, mais ses hommages ne furent point accueillis. » Nous ne savons pas à quel point ce terrible muguet de Richelieu assouplit et inclina ses vertèbres de tigre pour faire accepter ses hommages, mais, s’il eut envie de cette Marion Delorme titrée (et pourquoi pas ?
L’idée qui a passé (sous l’empire de qui ou de quoi ?)
Parce que la vérité, même repoussante, a sur l’homme un souverain empire ; parce que, de tous les sujets d’étude, le plus intéressant pour l’homme, c’est l’homme, même lorsqu’il est abject, et qu’il ne mérite pas un seul regard de l’artiste, une seule minute de l’attention du philosophe. […] On trouve bien sous l’empire de ces sentiments des gens capables d’actions criminelles, comment donc ne trouverait-on pas des gens capables d’actions basses ou simplement malpropres ? […] Étonnerai-je beaucoup en avançant qu’ils ont une valeur de documents, et que le futur historien des mœurs françaises y trouvera plus tard une série de précieuses indications sur le ton et les manières de notre société pendant le second empire ? […] Ce fut là beaucoup l’histoire du second empire ; avis aux futurs maîtres de nos destinées, si notre démocratie doit jamais faire retour à cette forme de gouvernement ! […] Le luxe de toilette des femmes avait atteint son point culminant sous le second empire, lorsque M.
Mais il n’y avait pas que les poètes, Shakespeare, Hugo, les Parnassiens, les romanciers où l’on apprenait, frémissants, l’histoire du second Empire, les romanciers qui refoulaient dans nos campagnes le roman idéaliste. […] Ce sont des lignes qui ne tombèrent pas dans les oreilles sourdes, et, quoique le mot fût surtout applicable à ce qu’on dit de la décadence latine, on arriva à l’appliquer à notre époque, par dérivation plutôt politique, l’Empire, le Bas-Empire, Paris, Byzance et autres sornettes. […] Puis enfin quand, l’empire tombé et Hugo rentré en France, sa parole politique pourra se satisfaire par des discours, il donnera des œuvres surtout empreintes de ce spiritualisme panthéistique vague, conviction ou foi bien plus qu’opinion, qu’il professa sans cesse. […] Mais celui-ci n’a cure d’eux ; sans rien demander à personne, il se jette aux pieds d’Aelis, lui dit que c’est elle qui avait combattu par son bras, qu’elle tait sa force, et qu’il l’adore ; si elle consent à être sa femme, il se fait fort de lui conquérir un empire. […] À la quatrième période romantique qui correspond à peu près à la période du second Empire, il arrive d’abord que Béranger meurt.
Toutes les atrocités, toutes les barbares violences contre la personne humaine, commises dans les mornes et inaccessibles solitudes de l’Empire du Nord, on aurait, peut-être, pu en suspecter le récit, tant elles dépassaient les limites de la cruauté répressive et de la folie autoritaire, si un autre que M. […] Napoléon n’apparaît ici que par lointains épisodes, en brefs raccourcis, dans le recul de son héroïsme fatidique, de son cabotinisme prodigieux, de ses foules surmenées, piétinées, et toujours râlantes, et toujours en marche, sur un fond de clameurs, de canons, de sang, d’agonies de peuples, de résurrections d’empires, que pour rendre plus sensible l’écœurement de notre temps qui — suprême ironie ! […] … Je me souviens d’un de ses articles, dans Le Figaro — va-t-en voir si l’on en écrit de pareils aujourd’hui — où, pour stigmatiser l’Empire, il disait : « Étant donné un pain de quatre livres, trouvez la grosseur des doigts de pied de la boulangère… » Hein ! […] »… C’était tapé et d’une littérature en quelque sorte mathématique… Aussi l’Empire est tombé sous les coups de tant d’esprit ! […] On pourrait savoir alors ce qui est moral et ce qui ne l’est pas, ce qu’il est permis et ce qu’il est défendu de dire… Nous n’avons là-dessus d’autre critérium que la disposition d’humeur, d’esprit ou d’estomac, plus ou moins passagère, plus ou moins réflexe, d’un des membres de la Ligue contre la licence des rues… Ce n’est pas suffisant, en vérité, et c’est souvent contradictoire, et presque toujours arbitraire… L’artiste et l’écrivain dépendent donc uniquement d’une chose qu’il ignore absolument, d’un malheur privé, d’une perte à la Bourse, d’une infidélité de maîtresse, d’une digestion pénible… de toutes ces choses extérieures qui ont tant d’empire sur le jugement des hommes… Il serait à désirer que la morale ne fût pas exclusivement livrée à la seule appréciation, à la seule fantaisie variable et instable d’un homme ou d’une Ligue, mais que son caractère, et, par conséquent, les garanties de l’écrivain et de l’artiste fussent enfin établies sur des bases solides et fixes, de façon à ce que personne — juges et jugés — ne pût désormais s’y tromper.
Il y en a une pour chacun des axiomes mathématiques ; tous exercent sur notre esprit le même ascendant que l’axiome de raison explicative ; et cependant nous les avons démontrés ; nous avons fait voir qu’ils ont un fondement dans les choses ; qu’ils sont valables non seulement pour nous, mais en soi ; que leur empire est absolu non seulement sur notre intelligence, mais encore sur la nature ; que, si les deux idées par lesquelles nous les pensons sont forcément liées, c’est que les deux données qui les constituent sont aussi forcément liées, et que, si la contrainte éprouvée par notre esprit en leur présence a pour cause première notre structure mentale, elle a pour cause dernière l’ajustement de notre structure mentale à la structure des choses. […] Mais quand elle nous a instruits et que, considérant toutes les propositions de nos sciences expérimentales, nous découvrons partout dans la nature des caractères avec des précédents et des accompagnements, alors l’axiome s’applique ; démontré comme un axiome de géométrie, il a la même portée, et, comme un axiome de géométrie, il étend son empire, non seulement sur le fragment de durée et d’étendue accessible à notre observation, mais encore au-delà et à l’infini, sur tous les points de la durée et de l’étendue où un caractère quelconque sera donné avec un groupe de précédents et d’accompagnements.
IX Il s’attacha comme secrétaire, à la fin du Premier Empire, à un vieillard éminent qui s’était élevé, en 1790, au-dessus de tous les écrivains français de ce siècle par le sentiment : c’était Bernardin de Saint-Pierre, voyageur en Russie et aux Indes orientales. […] Tout vit en paix, en joie, en amitié, en amour dans cette heureuse famille, lorsque Orgon, en allant à l’église, est séduit par les grimaces de Tartuffe, le héros de la pièce, qui simule la sainteté, et finit par s’introduire dans la famille et y prendre un empire absolu.
Elle ajoute, que je devrais bien faire dans un roman une femme de la société, une femme de la grande société, la femme qui n’a encore été faite par personne, ni par Feuillet, ni par Maupassant, ni par qui que ce soit, et que moi seul — c’est la comtesse qui parle — je pourrais faire, et que je n’ai pas faite dans Chérie ; parce que Chérie est une jeune fille de la société de l’Empire, une jeune fille de cette société bourgeoise, aux femmes, les coudes ramassés contre le corps… et la comtesse me fait joliment la caricature du geste non naturel et contraint, avec lequel les femmes croient faire de la dignité, disant que lorsqu’elle voit faire ce geste à une femme, elle sait d’avance ce qu’elle pense, ce qu’elle va dire. […] Un logis tout plein d’un méli-mélo d’objets disparates, de vieux portraits de famille, de meubles Empire, de kakemonos japonais, d’eaux-fortes de Whistler.
Montaigne fait la transition de cette première période à la deuxième ; il faut bien le dire : ce grand artiste du détail, ce charmeur exquis, n’a pas su faire œuvre d’art, si la composition est essentielle à l’art ; et ce sceptique apparent, qui se délecte aux contradictions de l’individu, mène insensiblement à l’empire absolu de la raison. […] Résultat imprévu ; contradictoire en apparence seulement : l’union des peuples ne pouvant se faire que par les peuples eux-mêmes, et non par les dynasties, il fallait bien qu’à la chute des royautés absolues les nations prissent conscience d’elles-mêmes, s’affirmassent avant de se tendre les mains ; cette « contradiction » n’est donc qu’une étape nécessaire. — De même, le principe démocratique proclamé par la Révolution n’est encore, après cent vingt ans, que bien imparfaitement réalisé ; la France a connu l’absolutisme de Napoléon, la Restauration et le second Empire, avec en tout à peu près cinquante ans de République.
L’aigle est le symbole de l’empire ; l’empereur porte un aigle à deux têtes dans ses armoiries : ainsi, dans l’exemple que je viens de raporter, l’aigle signifie l’Allemagne. […] Il y a même des mots qui ont perdu leur premiére signification, et n’ont retenu que celle qu’ils ont eue par extension : florir, florissant, se disoient autrefois des arbres et des plantes qui sont en fleurs ; aujourd’hui on dit plus ordinairement fleurir au propre et florir au figuré ; si ce n’est à l’infinitif, c’est au moins dans les autres modes de ce verbe ; alors il signifie être en crédit, en honeur, en réputation : Pétrarque florissoit vers le milieu du 14 siécle : une armée florissante, un empire florissant. " la langue grèque, dit Madame Dacier, se maintint encore assez florissante jusqu’à la prise de Constantinople, en 1453. " prince, (…), signifioit seulement autrefois, premier, principal ; mais aujourd’hui en françois il signifie, un souverain ou une persone de maison souveraine. […] le royaume de France ne tombe point en quenouille, c’est-à-dire, qu’en France les femmes ne succèdent point à la courone : mais les royaumes d’Espagne, d’Angleterre, et de Suède, tombent en quenouille : les femmes peuvent aussi succéder à l’empire de Moscovie. […] Mais quand les anciens parloient par raport à l’empire romain, alors par (…) ils entendoient la vile de Rome.
Et La Fontaine ne reste pas au-dessous de son modèle dans ces vers sublimes : Le vent redouble ses efforts Et fait si bien qu’il déracine Celui [le chêne] de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts. […] Un des meilleurs est le chapitre en style Empire écrit par Edmond About dans l’Homme à l’oreille cassée (p. 130). […] Cité par Granier de Cassagnac dans ses Souvenirs du Second Empire, p. 139.) […] Et ceci encore : Nous voulons substituer dans notre pays la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands, un peuple magnanime puissant, heureux, à un peuple aimable et misérable, c’est-à-dire toutes les vertus et tous les miracles de la République à tous les vices et à tous les ridicules de la Monarchie.
« une manière de bouffon qui florissait encore sous le second Empire ! […] Sous la tyrannie, c’est, à Paris, le monde de l’opposition républicaine sous l’Empire ; c’est le mélange des nobles rêveries et des hâbleries les plus démoralisantes. […] Les Essais de psychologie sont « le tableau des tendances sociales de notre littérature sous le second Empire ». […] … Dans son récent discours à l’Académie, M. de Régnier souhaitait que fût ajoutée à la grande Histoire du second Empire, de M. Pierre de La Gorce, un tableau de la littérature à cette époque : « L’histoire d’un temps me semble inséparable de celle de sa littérature ; et, en enlevant au second Empire sa couronne d’artistes et d’écrivains, vous le privez d’une de ses plus belles parures… » Il faudra cette belle parure aussi à la France nouvelle.
France qui avez voulu exiler de vos conseils le Tout-Puissant, et avez vu des bras de chair, quoique appuyés sur des empires, tomber d’épouvante et redevenir impuissants !
comprendre enfin, dans une exécration universelle, le climat, le génie, la langue, le caractère de dix nations des plus heureusement douées par le ciel, et chez lesquelles tant de grands écrivains, tant de nobles caractères semblent renouvelés de siècle en siècle pour protester contre la décadence même de cet empire du monde qu’aucun peuple n’a pu conserver ?
L’insurgé Marius, fils d’un soldat de l’empire, race de bourgeois, c’est bien visiblement le fils du général comte Hugo, le pair de France de Louis-Philippe, qui est allé au peuple, et qui s’est fait le serviteur glorieux de la démocratie.
L’amour de l’Humanité à un haut degré et dans un large sens lui faisant défaut, et l’amour individuel se trouvant lui manquer aussi, en apparence par le simple effet d’un hasard, mais en réalité par l’imperfection des choses d’ici-bas, il tombe sous l’empire exclusif de ce sentiment d’artiste qu’il a pour la Nature.
L’Histoire du Consulat et de l’Empire a contenté ce besoin de notre temps, avec un assentiment extraordinaire des bons juges et de la foule.
Évidemment, la science ne pouvait exercer une telle séduction que sur des gens très ignorants, car c’est le propre du savoir humain lorsqu’il est raisonnable, de voir les limites de son maigre royaume ; mais pour cette génération française de la fin de l’Empire, la science était une fatalité tangible, une divinité souverainement bienfaisante, qu’il suffisait de toucher pour être sauvé.
Sous le premier Empire, avant les indemnités, il servit d’asile aux vieilles demoiselles nobles les mieux élevées.
D’un geste à chaque instant varié, et toujours noble, et toujours évocateur, il nous montre les empires qui grandissent et les décadences, les églises qui triomphent ou qui se meurent : Les Tribuns ont couvert la voix des patriarches Qui, des cathèdres d’or, outragés au Concile, Entraînent dans leur robe où choit leur pas sénile Les grands flambeaux éteints qui roulent sur les marches.
C’est une monographie de jeune fille, observée dans le milieu des élégances de la richesse, du pouvoir, de la suprême bonne compagnie, une étude de jeune fille du monde officiel sous le second Empire.
Là-dessus le nom de Rouher est prononcé par Hébrard, et Spuller de soutenir, avec une certaine animation, que Rouher n’a jamais été qu’un habile causeur d’affaires, tandis que le véritable orateur de l’Empire a été Billault, que lui a supporté le poids des affaires les plus importantes, comme la question romaine.
Il est vrai que Pindare eut à peu près la même fortune ; et au rapport d’Athenée, du tems d’Eupolis le comique qui vivoit cent ans après ce poëte, sa muse étoit déja tombée dans le mépris ; mais elle reprit bientôt l’empire, que personne depuis n’a osé lui contester.
Je ne serai que trop tôt obligé, par mon devoir, de retourner où s’agite le sort des empires, et de me faire encore des misères et des inimitiés ici-bas, pour me faire un juge indulgent et compatissant là-haut ; car, voyez-vous, chacun a son travail dans ce monde, et il faut l’accomplir à tout prix.
Albin, confident d’Othon, conseille à son maître de s’attacher à Camille, nièce de l’empereur, qui lui portera l’empire en dot.
Elle apprend au sociologue à échapper à l’empire des notions vulgaires, pour tourner son attention vers les faits ; mais elle ne dit pas la manière dont il doit se saisir de ces derniers pour en faire une étude objective.
Tout ce qui naît de doux en l’amoureux empire, Quand d’une égale ardeur l’un pour l’autre on soupire, Et que, de la contrainte ayant banni les lois, On se peut assurer au silence des bois, Jours devenus moments, moments filés de soie, Agréables soupirs, pleurs enfants de la joie, Vœux, serments et regards, transports, ravissements, Mélange dont se fait le bonheur des amants, Tout par ce couple heureux fut lors mis en usage.
L’Empire était tombé.
Il croit qu’il peut y avoir très bien un Michel-Ange de la crotte… Son livre n’est plus « L’histoire naturelle et sociale de la famille Rougon-Macquart sous le second empire », dans laquelle l’imitateur de Balzac — vigoureux encore — se débattait sous un Réalisme de plus en plus envahissant.
Plusieurs des prières qu’écrivit Bacon sont entre les plus belles que l’on sache, et le courtisan Raleigh, contant la chute des empires, et comment « une populace de nations barbares avait abattu enfin ce grand et magnifique arbre de la domination romaine », achevait son livre avec les idées et l’accent d’un Bossuet363. […] Donne-moi l’empire sur mes penchants, et une parfaite haine du péché, et un amour de toi au-dessus de tous les désirs de ce monde. […] Il était né « dans le rang le plus bas et le plus méprisé », fils d’un chaudronnier, lui-même chaudronnier ambulant, avec une femme aussi pauvre que lui, « tellement qu’entre eux deux ils n’avaient pas une cuiller ni un plat de mobilier. » On lui avait enseigné dans son enfance à lire et à écrire, mais depuis « il avait perdu presque entièrement ce qu’il avait appris. » L’éducation distrait et discipline l’homme ; elle le remplit d’idées diverses et raisonnables ; elle l’empêche de s’enfoncer dans la monomanie ou de s’échauffer par l’exaltation ; elle substitue les pensées approuvées aux inventions excentriques, les opinions mobiles aux convictions roides ; elle remplace les images impétueuses par les raisonnements calmes, les volontés improvisées par les décisions réfléchies ; elle met en nous la sagesse et les idées d’autrui, elle nous donne la conscience et l’empire de nous-mêmes.
Weill a dû tomber, sous l’empire de prétentions si naïvement ambitieuses. […] Barbara, où éclatait à un rare degré cette autorité de fascination, cette sorte d’ascendant magnétique, qui conquiert au romancier l’empire des imaginations, à défaut de celui des cœurs. […] Je ne doute pas que, transplantée en Orient, et préalablement enveloppée du féredjé, Mme Dessains n’enflammât l’empire Ottoman. — Sans doute l’Odéon voit dans la massivité des formes des garanties de talent.
Si vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre, vous ne pouvez prétendre à aucun empire sur notre volonté. […] Vainement on voudrait lui ménager, dans les interstices et les lacunes de l’obligation municipale, quelques furtives obligations, lui assigner dans les arrière-plans de la vie quelque place précaire et honteuse : forte de sa date et de son nom même, elle se refuse à de tels accommodements ; elle consent à s’anéantir plutôt qu’à s’abaisser ; elle ne veut pas même du noble asile de la pensée, quand de palais il est devenu prison ; en un mot, les assertions de Charron emportent nécessairement avec elles la négation même de cette loi de nature, si chère aux philosophes ; elle n’a été arrachée par leurs soins à l’empire de la religion positive que pour se voir jetée sous le joug, ou plutôt sous les pieds de la loi humaine, des codes des nations ; et rien désormais n’est obligatoire pour l’homme que ce qu’il trouve écrit de main d’homme dans la loi de son pays. […] Il est là, c’est un fait ; il y sera toujours, nous le sentons ; il veut l’empire, et malgré nous nous y souscrivons. […] Mais observez sa marche ; elle ne vient pas dire : Sacrifiez le non-moi au moi ; car si le non-moi existe, elle sent bien que, par cela même qu’il existe, il est maître ; son autre nom, c’est devoir, et ce nom seul lui décerne l’empire. […] C’est ainsi que Pascal a étendu le champ de l’apologétique chrétienne ; car le génie est semblable à cette reine fugitive, qui vint chercher sur la rive africaine une place pour un empire ; dans la peau d’une bête fauve, que lui assignait pour limites une hospitalité dérisoire, elle sut trouver l’enceinte d’une vaste cité.
La première a dû prendre l’empire au temps de Bacon1508, et commence à le perdre ; la seconde a dû perdre l’empire au temps de Bacon, et commence à le prendre : en sorte que la science, après avoir passé de l’état déductif à l’état expérimental, passe de l’état expérimental à l’état déductif.
Sous le premier Empire, la Critique fut assez indifférente pour Diderot, mais, quelque temps après 1830, une réaction se fit en sa faveur. […] Sous l’Empire, ce fut autre chose.
La première a dû prendre l’empire au temps de Bacon37, et commence à le perdre ; la seconde a dû perdre l’empire au temps de Bacon, et commence à le prendre : en sorte que la science, après avoir passé de l’état déductif à l’état expérimental, passe de l’état expérimental à l’état déductif.
Les querelles de l’empire et de la papauté, des Guelfes et des Gibelins, occupent tout au plus l’esprit des hommes studieux ; l’amour de Pétrarque pour Laure, les sonnets et les canzoni, où toutes les émotions, toutes les souffrances de cet amour sont racontées, gardent une éternelle jeunesse. […] Supposez Pétrarque né sous l’empire du polythéisme, et les sentiments exprimés dans ses œuvres italiennes ne se comprennent plus. […] Son dessein est de prouver que la révolution française, fille de la révolution anglaise, ne s’est pas accomplie sous l’empire des mêmes causes, et la thèse qu’il soutient est tellement excellente, qu’il n’a pas grand-peine à prodiguer l’évidence. […] L’Histoire de la Civilisation européenne commence à la chute de l’empire romain, et finit au début de la révolution française. […] Pour obtenir et pour garder un empire si incontesté, il faut certes connaître tous les secrets de l’éloquence.
C’est à elle qu’il attribue la ruine et l’avilissement des plus grands empires ; c’est le plus grand fléau de l’humanité ; car la cruauté se lasse et la sottise ne se lasse jamais. […] Toutefois il est à croire que le savoir amende plutôt un homme qu’il ne l’empire ; et n’y eut-il que la honte de connaître son mal, si est-ce assez pour le garder de mal faire, ou du moins d’en faire moins. » Les grands, en effet, pèchent moins par cruauté que par bêtise, et moins encore par bêtise que par ignorance de l’étendue de leurs droits. « Ils n’ont point de connaissance jusqu’à où s’étend le pouvoir et seigneurie que Dieu leur a donnés sur leurs sujets ; car ils ne font point lu ni entendu par ceux qui le savent. » Ces limites de l’autorité royale, Commynes est de « ceux qui les savent. » Il est très nettement, et quelquefois à étonner, ce que nous appelons constitutionnel et parlementaire. […] L’Empire romain a existé, qu’oublie Commynes, tant le souvenir au commencement du xvie siècle en est loin, et au fond du rêve de tous les conquérants, de tous ceux qui veulent rompre démesurément l’équilibre par division que contemple Commynes, il y a, ou du moins on peut leur faire l’honneur de le croire, un désir d’établir le véritable équilibre, qui est l’équilibre par l’unité. […] Un empire à fonder ou à défendre, une patrie à créer ou à sauver, un monde à découvrir, le bonheur ou le malheur moral de l’homme mis en question, un voyage dans le triple au-delà des châtiments, des expiations ou des récompenses d’outre-tombe, ce sont de grands sujets, ce sont de grandes choses, parce que les destinées de l’humanité en dépendent ou s’y rattachent, y sont intéressées. […] Quant à l’amour, c’est l’empire même du hasard, n’y ayant rien de plus hasardeux que les femmes.
Nous verrons qu’il les a dépassées aussi, et que si, rien que par elles, il est déjà l’initiateur de l’art moderne, par le tour de son génie et l’influence qu’il a exercée sur les imaginations, il a ouvert plus de chemins encore, et encore agrandi l’empire de l’art. […] Il a fait dans le domaine de la poésie presque autant que Chateaubriand dans un empire plus vaste. […] Il parlera de couples dansants qui « suspendent des repos balancés en mesure », qui « troublés par leur groupe riant, dans leurs tours moins adroits se heurtent en criant » ; de la danseuse qui « sème en passant les bouquets de sa tête » ; tout cela en moins de dix vers, inspirés par le spectacle de « jeunes beautés » qui dansent, pardon, je veux dire « que la valse entraîne dans son sphérique empire ». […] Ses opinions politiques d’alors étaient représentées par le journal Le Rappel, fondé vers la fin de l’Empire par ses parents et alliés. […] Passe pour les hommes du second Empire que des cœurs très purs et très doux ont détestés.
La popularité rapide acquise au nom de l’auteur est un fait tellement public, si profondément gravé dans toute l’histoire du Consulat et de l’Empire que, pour le nier, il faudrait se résoudre à nier la lumière. […] Les Études historiques se divisent en trois parties bien distinctes : les discours sur la chute de l’empire romain, l’analyse de l’histoire de France et enfin la préface. […] Le directoire, le consulat, l’empire et la restauration, occupent, dans le discours de M. […] Si la Constituante et la Convention avaient pu consulter le récipiendaire, nous n’aurions à déplorer ni les théories impraticables, ni l’impitoyable énergie du siècle dernier ; si le consulat et l’empire avaient pu interroger M.
Le grand salon-atelier de la rue Villejust, avec ses beaux meubles Empire et ses toiles de maîtres, parmi lesquelle le Linge de Manet, était un des lieux où Mallarmé se plaisait le plus. […] Faguet remarque au sujet de ces « prétentions » de l’épopée balzacienne que la Comédie humaine est loin d’être un répertoire complet d’humanité, qu’elle présente des lacunes et que plusieurs catégories d’individus n’y sont pas représentées, de telle sorte que, selon lui, Balzac devrait être plus exactement considéré comme le peintre très informé de la bourgeoisie moyenne du temps de Louis-Philippe, avec des souvenirs du monde militaire du Premier Empire. […] Pendant la révolution, malgré ses opinions républicaines, il rendit d’importants services à cette famille dont l’influence le fit attacher sous l’Empire à l’administration du Sénat. […] De ce mariage naquit Georges-Charles, Baron d’Anthès et de Heeckeren, député à la Constituante et à la Législative, Sénateur de l’Empire (1812-1895), qui épousa en 1837, à Saint-Pétersbourg, Catherine, Baronne de Gontcharof, belle-sœur du poète Pouchkine que Georges de Heeckeren tua en un duel célèbre.
bien, ce peintre — en dehors du culte que lui avaient voué ses élèves, — a été considéré par ses contemporains comme un amuseur de la canaille, un bas artiste aux productions indignes d’être regardées par les sérieux hommes de goût de l’Empire du Lever du Soleil. […] » XX Le roman japonais est toujours un roman d’aventures, — d’aventures tragiques, le plus souvent amenées par la vengeance ou la jalousie, les deux mobiles du roman de l’Empire du Lever du Soleil. […] Et, dans ce roman racontant la lutte pour l’Empire, de Kôso et de Kô-ou qui se perdit par ses cruautés, une terrible planche est celle où il a commandé la mort de cinq mille paysans fidèles à l’ancien empereur, et où défilent des gens pliant sous des filets remplis de têtes humaines. […] Un sujet d’étonnement pour les Chinois, c’est l’exactitude avec laquelle Hokousaï, qui n’a jamais été en Chine, s’est assimilé le costume, le port du corps, le caractère de la tête des habitants du Céleste Empire.
Le frère auquel elle écrivait était un ancien soldat qui avait servi sous l’Empire dans les guerres d’Espagne et qui avait été ensuite prisonnier en Angleterre sur les pontons d’Écosse.
Voilà l’avantage de ces génies qui n’ont pas l’empire d’eux-mêmes : le discernement leur manque, mais ils ont l’inspiration ; parmi vingt œuvres fangeuses, informes ou malsaines, ils en font une qui est une création, bien mieux une créature, un être animé, viable par lui-même, auprès duquel les autres, fabriqués par les simples gens d’esprit, ne sont que des mannequins bien habillés C’est pour cela que Diderot est un si grand conteur, un maître du dialogue, en ceci l’égal de Voltaire, et, par un talent tout opposé, croyant tout ce qu’il dit au moment où il le dit, s’oubliant lui-même, emporté par son propre récit, écoutant des voix intérieures, surpris par des répliques qui lui viennent à l’improviste, conduit comme sur un fleuve inconnu par le cours de l’action, par les sinuosités de l’entretien qui se développe en lui à son insu, soulevé par l’afflux des idées et par le sursaut du moment jusqu’aux images les plus inattendues, les plus burlesques ou les plus magnifiques, tantôt lyrique jusqu’à fournir une strophe presque entière à Musset480, tantôt bouffon et saugrenu avec des éclats qu’on n’avait point vus depuis Rabelais, toujours de bonne foi, toujours à la merci de son sujet, de son invention et de son émotion, le plus naturel des écrivains dans cet âge de littérature artificielle, pareil à un arbre étranger qui, transplanté dans un parterre de l’époque, se boursoufle et pourrit par une moitié de sa tige, mais dont cinq ou six branches, élancées en pleine lumière, surpassent tous les taillis du voisinage par la fraîcheur de leur sève et par la vigueur de leur jet.