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1176. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Un hôtel étrange, un hôtel donnant l’impression d’une localité, choisie par Poë pour un assassinat, et au fond de cet hôtel, une chambre, où parmi les meubles traînaient des vers écrits sur des feuilles à en-tête de décès, et dans cette chambre une maîtresse bizarre, et un chien rendu fou, parce qu’on le battait, quand il se conduisait en chien raisonnable, et qu’on lui donnait du sucre, quand il commettait quelque méfait, — enfin le locataire fumant une pipe Gamba, à tête de mort. […] Ribot assure qu’au fond Grévy doit être très content, qu’il détestait les d’Orléans, et que la dernière fois qu’il l’avait vu, il lui avait dit : « Les d’Orléans ressemblent à des gens qu’on a invités à dîner et qui font des choses pas convenables, qui se conduisent à table, comme des gens mal élevés. » Mardi 29 juin Dépêche de Daudet qui m’annonce la naissance d’une petite Edmée.

1177. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Nous croyons voir ce fanal à quelques vagues de nous sur notre globe flottant, mais il brille en effet sur une autre sphère, et il nous conduit, en nous trompant, au perfectionnement moral et au bonheur éternel. […] « Or, sais-tu ce que c’est que ce divin secret dont la connaissance te conduira à l’immortalité ?

1178. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Je montrai mon billet d’introduction au concierge ; je montai, le cœur palpitant, les cinq étages d’escaliers de bois ciré et luisant qui conduisaient au seuil du grand homme. […] Lâche Abner, dans quel piège as-tu conduit mes pas ?

1179. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Dans un sentier tortueux qui conduit l’œil jusqu’au fond du tableau, arrivent, courbés et barbus, d’heureux sexagénaires. — Le fond de droite est occupé par des bosquets où se font des ballets et des réjouissances. […] — Voilà pourtant où le romantisme a conduit quelques-uns !

1180. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Et je suis un vieil homme et faible de corps et infirme, partant j’aurais dorénavant besoin de me reposer ; mais je ne vois, pour le moment, aucun homme parmi nous qui, plus que moi, sût vous conduire ni guerroyer.

1181. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Déjà il était dans le golfe de Lyon et près du port, quand le navire barbaresque fut rencontré par un corsaire espagnol, qui le força de se rendre et qui le conduisit à Rosas en Catalogne.

1182. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

En se rapprochant donc tant qu’il le peut de Barneveld, qui est au fond l’oracle des Pays-Bas et « celui qui conduit la barque comme il lui plaît », Jeannin ne se livre pas à lui : mais il a soin « de s’avancer plus ou moins du côté de la paix ou de la guerre suivant les occurrences ».

1183. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Gandar, qui arrive aux mêmes conclusions, n’y est conduit en quelque sorte qu’à regret ; il s’applique à excuser Ronsard de son illusion, tournée si vite en défaillance, et il cherche çà et là dans cette Franciade trop insignifiante, que le poète n’a pas même osé écrire en vers alexandrins, quelques passages heureux, quelques détails pittoresques.

1184. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Livet sortant à peine du collège fut conduit par son père dans une bibliothèque de province : il y avait de ces vieux auteurs français ; il les lut.

1185. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

En même temps qu’il ne perdait point de vue les intérêts du roi et qu’il restait Français zélé à Vienne, il se conduisait à l’armée de Hongrie comme un fidèle sujet de l’empereur, et il prit part, en y contribuant de son conseil autant que de son bras, à une grande victoire contre les Turcs.

1186. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Arrivés à Noyon, le jeune homme conduit M. 

1187. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Les autres ont la corde pieuse, sensible et tendre : c’est au chantre d’Énée de les émouvoir et de les conduire en les ennoblissant.

1188. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Vitet, qui est depuis plus de trente ans une sorte de secrétaire perpétuel extérieur, le plus brillant et le plus fin, mais à ses heures et à ses moments, se dit : « Pourquoi nous conduire toujours comme une Académie muette et dépendante, nous qui possédons par excellence toutes les autres formes sensibles de l’expression ?

1189. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Le poète me conduit vers la ferme, à la bonne heure !

1190. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Loin de démonter l’instrument, les chefs d’État doivent en effet chercher à le remonter plutôt et à le tenir constamment en action pour l’employer, pour le conduire.

1191. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Anselme Petetin avait trouvé dans l’Imprimerie Impériale un corps d’élite qui sait ce que c’est que le dévouement, qui l’a montré notamment à de certains jours, et qui est accoutumé aussi à rencontrer chez ses directeurs des chefs faits pour l’apprécier et pour le conduire.

1192. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

C’est insensé : car d’abord Raoul n’a point là-dessus de parti pris absolu et irrévocable ; car, de plus, Sibylle, qui exerce un grand ascendant sur lui, doit espérer, Dieu aidant, de modifier son opinion et de l’amener à la sienne ; car, même chrétiennement parlant, il n’y a pas lieu, en pareil cas, de jeter le manche après la cognée, puisque saint Paul a écrit que « la femme fidèle justifierait le mari infidèle. » Aussi, à partir de ce moment, tout intérêt selon moi, cesse raisonnablement de s’attacher à Sibylle, qui se conduit en personne peu éclairée, en fille volontaire et opiniâtre, en fanatique fidèle à la lettre plus qu’à l’esprit, et, pour trancher le mot, comme une petite sotte.

1193. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il n’en était pas ainsi de Boileau, et puisqu’on ne sépare guère les deux amis, et que, lorsqu’on a à parler de l’un, on est conduit inévitablement à s’occuper de l’autre, je mettrai ici tout ce que la même Correspondance de M. 

1194. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

À cette vue, le maréchal s’emporta : « Comment pouvez-vous supposer que des Français conduits par l’Empereur puissent reculer ?

1195. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Ce mélange d’imagination et d’histoire, d’enthousiasme et de sévérité, de récit idéal et de prophétie sensée, de personnification symbolique en Napoléon et de réalité vivante, de carnage des camps, de ruse dans les conseils et d’équité démocratique, demanderait, pour être réduit en œuvre et conduit à bien, la vie entière d’un Virgile, d’un Dante ou d’un Milton.

1196. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

À Bayreuth, rien de tel : le Dieu conduit sans la fixer Brünhild endormie déjà de la seule volonté divine.

1197. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Sans doute, si les facultés développées dans ce genre de travail n’avaient point été depuis dirigées sur d’autres objets, il n’en fût résulté que du malheur pour le genre humain ; mais quand on voit, à la renaissance des lettres, la pensée prendre tout à coup un si grand essor, les sciences avancer en peu de temps d’une manière si étonnante, on est conduit à croire que, même en faisant fausse route, l’esprit acquérait des forces qui ont hâté ses pas dans la véritable carrière de la raison et de la philosophie.

1198. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

S’il prête un discours à un personnage, il en fera un tout indissoluble, où chaque phrase prouvera la conclusion, où le syllogisme intraitable se cachera sous les dehors de la passion, où le but, comme un moteur souverain, produira, disposera, conduira toute la machine et tous les mouvements.

1199. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Au contraire, d’avoir édifié dans sa prime saison de jolies fantaisies en l’air, cela doit vous conduire, quand enfin l’on s’est tourné vers l’étude du monde réel, à négliger ce qu’il a de banal et d’insignifiant, ce qui ne mérite pas d’être noté, pour s’attacher à ce qu’il contient de particulier et d’inattendu ; car, si l’on s’adresse à lui, c’est que l’on compte qu’il vous fournira des documents plus intéressants encore que vos imaginations d’autrefois.

1200. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Seulement l’acteur qui le jouera fera bien de se souvenir, après tout, de la figure qu’a pu prendre Tartuffe dans l’imagination de Dorine : par où il sera conduit à nous mettre sous les yeux un personnage intermédiaire entre le Julien Sorel que nous a montré M. 

1201. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Ils y assistent, courtois, l’œil humide, prêts au besoin à offrir cent sous pour une couronne à Mimi, avec le recueillement des personnes qui ont su conduire leur maison et subordonner le sentiment et l’altruisme à un quant-à-soi sagement dosé.

1202. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

La première nous conduit au bois de Boulogne, aux Tuileries.

1203. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

L’histoire de leur propagande nous conduit chez un lord anglais, chez un ex-ministre allemand, chez le Tzar et chez le roi de Prusse ; ces divers personnages successivement se laissent persuader et vont travailler à la régénération de l’élite et par l’élite.

1204. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

C’est que toutes les fois qu’il se présente, il éveille un nombre infini d’idées de ces individus ; et comme il les éveille en combinaison étroite, il en forme une espèce d’idées complexe. » « De là résulte que le mot homme n’est ni un mot répondant à une simple idée, ce qui était l’opinion des réalistes ; ni un mot ne répondant à aucune idée, ce qui était l’opinion des nominalistes ; mais un mot éveillant un nombre infini d’idées, par les lois irrésistibles de la sensation et en formant une idée très complexe et indistincte, mais non pas intelligible pour cela. » C’est dans le but de dénommer, et de dénommer avec une plus grande facilité, que nous formons des classes : et c’est la ressemblance qui, quand nous avons appliqué un nom à un individu, nous conduit à l’appliquer à un autre et à un autre, jusqu’à ce que le tout forme un agrégat, lié par le commun rapport de l’agrégat à un seul et même nom.

1205. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

L’imagination passe toujours de la surprise que lui cause la description d’une cause incroyable à l’effroi que lui donne nécessairement la vérité du tableau : il arrive de là que ce monde visible ayant fourni au poëte autant d’images pour peindre son monde idéal, il conduit et ramène sans cesse le lecteur de l’un à l’autre ; et ce mélange d’événements si invraisemblables et de couleurs si vraies fait toute la magie de son poëme.

1206. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Arnauld bénit cette union de deux honnêtes cœurs, de deux esprits sincères ; mais l’illustre capitaine des batailles dogmatiques, qui, de près ou de loin, avait conduit toutes ces guerres, ne s’en tint pas à cette bénédiction suprême.

1207. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Je résumerai cette éducation en un seul mot : le jeune Gargantua se conduit déjà comme le plus cancre et le plus glouton des moines de ce temps-là, commençant sa journée tard, dormant la grasse matinée, débutant par un déjeuner copieux, entendant nombre de messes qui ne le fatiguent guère, et en tout adonné au ventre, au sommeil et à la paresse.

1208. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Quoi qu’il en soit, l’esprit qui a dicté cette théorie conduit à mettre au premier rang des classiques les écrivains qui ont gouverné leur inspiration plutôt que ceux qui s’y sont abandonnés davantage, à y mettre Virgile encore plus sûrement qu’Homère, Racine encore plus que Corneille.

1209. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Et bientôt après, forcée par les lords de s’arracher à Bothwell, et le leur reprochant amèrement, elle ne demandait qu’une chose, « c’était qu’on les mît tous deux dans un navire pour les envoyer là où la fortune les conduirait ».

1210. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Il conduisit ses deux filles à l’une des représentations, et il disait dans sa verve d’enthousiasme, en les voyant pleurer : « Si elles n’avaient pas fondu en larmes, je les aurais étranglées de mes mains. » C’est là un mot à la Diderot ; Ducis, sans s'en douter, a beaucoup d’un Diderot resté innocent et vertueux.

1211. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Après son arrivée en Angleterre, il fut consulté sur cette guerre du Canada et sur les moyens de la mieux conduire.

1212. (1903) Zola pp. 3-31

Mais il fit, conduit par ces nouvelles rêveries un peu confuses, des livres qui, s’ils étaient de mauvais romans, étaient de bonnes actions.

1213. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

  Ces choses dites rapidement, qu’il me soit permis de montrer que cette forme nouvelle de l’expression de l’idée, l’Instrumentation poétique, enferme et perd en elle tous les modes d’art : Elle est l’éloquence, évidemment : plastique pour la variété la plus ordonnée des rythmes : picturale, parce que (nous avons négligé de le dire au long) le moins de hasard a été établi aussi pour la coloration à attribuer aux voyelles, que la généralité des vues maintenant, c’est un fait scientifique, distingue nettement de telle ou telle couleur : musicale parce qu’elle est le sens enfin trouvé du langage, qui, scientifiquement, est musique, et qu’elle est l’immatérialité des instruments de la musique proprement dite : Elle est, au gré de la pensée qui la conduit et la mesure, la plus complète et intime possibilité de mouvement intellectuellement exprimé.

1214. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Le lent et sourd accroissement de l’angoisse morale de Raskolnikoff, le vertige et l’oppression de son projet, qu’il apercevait vague et cependant fatal dans le délabrement de ses forces, son sourd malaise une fois le sang versé, et l’étrange sensation de retranchement qui le prend, le lâche et le tient quand il revoit sa mère et sa sœur, la cruauté de se sentir interdit à leurs caresses et de ne pouvoir leur parler que les yeux détournés vers l’ombre ; puis la terreur croissante et une sorte d’ironique rudesse s’installant dans son âme, qui l’introduisent à revisiter le lieu du crime, et à machiner de singulières mystifications qui le terrifient tout à coup lui-même — ces choses lacèrent son âme et rompent sa volonté ; ainsi abattu et ulcéré, il est amené d’instinct à visiter Sonia, et à s’entretenir avec elle en phrases dures, qu’arrête tout à coup le sanglot de sa pitié pour elle, pour lui et pour tous, en une crise où il sent à la fois l’effondrement de son orgueil et la douceur de n’être plus hostile ; des retours de dureté, la sombre rage de ses premières années de bague, l’angoisse amère d’un cœur vide et murmurant, conduisent à la fin de ce sombre livre, jusqu’à ce qu’en une matinée de printemps, au bord des eaux passantes d’un fleuve, que continue au loin la fuite indécise de la steppe, il sente, avec la force d’eaux jaillissantes, l’amour sourdre en lui, et l’abattre aux pieds de celle qui l’avait soulagé du faix de sa haine.

1215. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture Notre matiere nous conduit naturellement à traiter ici des compositions et des personnages allegoriques, soit en poësie, soit en peinture.

1216. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Avant deux mois, il aura conduit à l’abattoir les quelques romantiques clairsemés qui subsistent.

1217. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Rousseau a donc été conduit, par la conséquence de ses antipathies sociales, à dire que l’homme qui réfléchit est un animal dépravé.

1218. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Le premier sait ranimer les morts ; les sentiments éteints reparaissent dans son âme ; il ne déduit pas logiquement une idée d’une autre ; il ne construit pas noblement de larges périodes ; il n’essaye pas de conduire régulièrement un auditoire d’esprits pesants vers une vérité lointaine : il n’est pas maître de lui-même : il y a quelque chose de fiévreux dans son inspiration.

1219. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

De retour dans sa patrie, dans la philosophique et opulente Angleterre, à l’époque même où les lettres accréditées y conduisaient au pouvoir, où les hommes d’État étaient de grands orateurs, William Pitt, Fox, Burke, où les lettrés se mêlaient partout aux affaires, Gibbon, Shéridan, Glover, Macpherson, il vécut loin du parlement, loin du monde, dans la modeste chambre d’un collège, où il semblait perpétuer la vie laborieuse d’étudiant, et d’où il s’échappait quelques mois, chaque année, pour voyager dans son pays, en étudier les beautés naturelles, les vieux monuments, et renouveler en soi la religion de la patrie comme celle de la science.

1220. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Évidemment, il ne s’est pas conduit en héros, mais quel auteur dramatique n’en eût fait autant ? […] Mais le Chat botté et son maître le marquis de Carabas se conduisent en vulgaires escrocs qui devraient finir en correctionnelle. […] La haine des intuitionnistes qui ne songent qu’aux âmes conduit M.  […] C’est ce qui conduisait logiquement d’Aubignac à mépriser Homère. […] Elle nous conduit aussi de Vénétie en Toscane, et nous la suivrions bien jusqu’en Latium.

1221. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Stuart Mill paraît… Il ne me reçoit pas dans son cabinet ; il me conduit, à travers un long corridor, jusqu’à l’extrémité de l’immense bâtiment. […] C’est à quoi conduit toujours l’esprit précieux. […] Mais je dois dire que les miennes ne m’ont pas du tout conduit au même point. […] Laclos se conduisit habilement et bravement, malgré ses soixante ans, et revint à Paris après une très belle campagne. […] N’en déplaise à Nietzsche, c’est encore lui qui sait à peu près comme il faut se conduire pour ne pas tomber dans le trou ; c’est encore lui qui est à peu près dépositaire de la vraie morale.

1222. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Un filet d’eau, conduit par un tube de caoutchouc, baignait la blessure béante nuit et jour, et la bête jetait des regards peureux sur la mare qui s’élargissait et qui s’écoulait à ses pieds. […] On conduisit Pœuf au poteau, à ce poteau d’aspect irrésolu dont je n’avais d’abord point saisi l’opportunité ; et, s’approchant, un officier, un jeune homme, déploya un papier, le lut à haute voix. […] » dit Larcher avec une joie féroce. « C’est plus cruel que le reste, d’être aimé ainsi, parce que l’on s’est conduit comme un Alphonse ! […] Catulle Mendès partout où il nous conduit. […] La pensée, elle est partout dans le Bonheur, pensée assez forte d’aile pour nous conduire, sans effort, à travers les espaces infinis, au plus loin de notre monde limité.

1223. (1913) Poètes et critiques

Il s’arma d’un fusil et, avec beaucoup d’ouvriers ou d’étudiants de son quartier conduits par quelques grognards et par les élèves de l’École polytechnique, il enleva la caserne des Suisses après une fusillade de deux heures. […] Le Seigneur l’y accueille gaiement avec ce mot de bienvenue : « Entre donc, ô mon saint Prophète. — Et il fait signe à un ange, son valet, qui arrive alerte et vif, et conduit au pâturage les hôtes essoufflées ». […] « De toutes les voies, — et elles sont nombreuses, — qui conduisent ou ramènent à la religion, intimement sentie et vécue, Montaigne n’en a fréquenté aucune. […] Mariée jeune au comte de Beaumont, très jeune aussi, et « le plus mauvais sujet de Paris », séparée de lui aussitôt, en attendant l’évasion lointaine du divorce, elle conduit, pendant les deux années qui précèdent la Révolution, « le train magnifique » de la maison de son père, un des ministres de Louis XVI. […] Le Colloque sentimental, qui met fin au recueil, nous ramène à cette féerie où nous avait déjà conduits le Clair de lune du début, c’est-à-dire au Songe d’une nuit d’été, l’un des chefs-d’œuvre délicats de l’invention shakespearienne : Te souvient-il de notre extase ancienne ?

1224. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Le premier danger conduisait la critique professionnelle à faire quelque chose qui ne valait rien, mais le second la mène à ne rien faire du tout, ou plutôt à travailler beaucoup pour ne rien produire. […] Mais sa meilleure façon de rendre ce service à l’esprit humain, c’est peut-être de commencer par se défendre elle-même contre son propre automatisme, contre la pente naturelle où la conduit son exercice. […] Brunetière, qui savait mal douter, s’appliquait à bien bâtir, à jeter oratoirement, comme Cicéron Branquebalme, des aqueducs romains, et c’est pourquoi il se fit conduire par Bossuet comme Dante par Virgile. […] Taine est conduit à sa théorie à la fois par son éducation de logicien et par l’influence de Balzac. […] Il s’en servait, mais sa lucidité le conduisait à reconnaître en elle une faculté inférieure à celle de création artistique, qui lui manquait.

1225. (1908) Jean Racine pp. 1-325

— Ce que vous dites est fort vrai, repartit Acante (Racine) : mais je vous prie de considérer ce gris-de-lin, ce couleur aurore, cet orangé et surtout ce pourpre qui environnent le roi des astres… En effet, il y avait longtemps que le soir ne s’était trouvé si beau… On lui donna (à Acante) le loisir de considérer les dernières beautés du jour ; puis, la lune étant en son plein, nos voyageurs et le cocher qui les conduisait la voulurent bien pour leur guide. […] Il y a, dans un coin de la pièce où on les remarque peu, ces quatre vers (Oreste parle d’Astyanax) : J’apprends que pour ravir son enfance au supplice, Andromaque trompa l’ingénieux Ulysse, Tandis qu’un autre enfant, arraché de ses bras, Sous le nom de son fils fut conduit au trépas. […] Dans sa lettre sur Alexandre, Saint-Évremond écrivait que « le climat change les hommes comme les animaux et les productions, influe sur la raison comme sur les usages, et qu’une morale, une sagesse particulière à la région y semble régler et conduire d’autres esprits dans un autre monde ». […] Des messieurs en jaquette ou en veston se promènent dans leur automobile ; des hommes de sport conduisent leur mail… Et ainsi de suite… Eh bien, c’est ça, la « couleur locale » dans le théâtre romantique6. […] Frappé de ces vers du quatrième acte : Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière, À disputer des prix indignes de ses mains, À se donner lui-même en spectacle aux Romains, etc.

1226. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

C’est là qu’il avait pris l’habitude de s’abandonner, de se laisser conduire, pourvu que la reine l’appelât de sa voix grave et résolue, qu’il sentit l’enveloppement tendre de ses bras et son épaule toute prête à ses fatigues d’enfant. […] C’est donc par le sentiment seul qu’il pouvait la conduire ; il l’avait compris un instant en voulant sauver l’Italie. […] Quand nous eûmes conduit Charles à sa place nouvelle, il récita le bénédicité comme papa avait coutume de le faire. […] Enfin, un jour, jour que je n’oublierai jamais, ma bonne me conduisit chez mon oncle, le capitaine Victor, qui m’avait invité à déjeuner. […] Bacchus enfant courait déjà les bois avec ses nourrices, « et les Nymphes l’accompagnaient, dit l’Hymne homérique, — et il les conduisait, et le bruit de leurs pieds enveloppait la vaste forêt ».

1227. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Il nous conseille aussi le doute, mais c’est pour mieux nous conduire à la sagesse. […] Il restera sans doute éternellement plus simple et moins coûteux de conduire au haras la jument de son choix. […] Le goût de l’inachevé conduit naturellement à ces incohérences. […] Ce système, en linguistique, conduit au phonétisme pur. […] Il faudrait : ne conduise.

1228. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Cet autre encore conduit sa charrue, stimule ses chevaux, ouvre le sein de la glèbe fumante et sème le pain qui nourrira ses frères. […] Je comprends… Toutefois je ne devine pas encore pourquoi Grymalkin me conduisit en ce lieu. […] Au bout de ce temps, on nous conduisit devant un chef de soldats qui nous ordonna, avec beaucoup d’injures, de nous reconnaître coupables. […] Alors on nous conduisit dans la chambre de tortures. […] S’il en est ainsi, je dois croire que Grymalkin a bien fait de me conduire chez vous… Mais, comme je ne sais pas encore quel bénéfice je retirerai de notre entrevue, je vous serais obligé de m’expliquer pourquoi vous suivez un genre de vie différent des principes que vous professez, à coup sûr, si vous êtes, en effet, lié d’amitié avec Jacques et Tranquille.

1229. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Comment, dans cet amas énorme de choses écrites, chaque jour, pendant un quart de siècle, — « ce qui représente un grand chemin à parcourir dans la vie humaine », allais-je trouver un fil à me conduire, et par quels efforts réunir cette idée à cette idée, et cette passion à cette passion ? […] Ces feuillets tachés de lie, où se voit encore la trace des lecteurs oisifs, voilà, voilà mon livre, et ma vie entière, et mon âme, et mon talent, et le bon sens que le bon Dieu m’avait donné pour me conduire, et tant de leçons de mes maîtres, tant d’études acharnées, tant de découvertes que j’avais faites, tant de zèle et de labeurs pour apprendre à l’écrire, à la parler cette langue française, mon ambition, mon orgueil, ma fortune — hic jacent ! […] À Dieu ne plaise, cependant, que nous lui donnions un congé définitif à cette folle du logis ; elle nous a ouvert, de sa main complaisante, les longues avenues qui nous devaient conduire à l’analyse des œuvres sérieuses ; elle a été, bien souvent le repos, et la consolation du lecteur fatigué d’analyse, — et que de fois, quand j’allais commencer une critique à perte de vue, — ai-je reçu de la fantaisie un bon et fidèle conseil ; le conseil même que la muse badine donnait au poète Horace à l’heure où il voulait tenter les hasards de la haute mer : Phœbus volentem prælia me loqui Vicias et urbes, increpuit lyra Ne parva tyrrhenum per æquor Vela darem… Soyez prévenus cependant que nous entrons dans les domaines fleuris de la comédie, à la suite de mademoiselle Mars, et que bientôt nous marcherons dans les sentiers sanglants de la tragédie, à la suite de mademoiselle Rachel. […] Quant à cette rage de rire de tout et toujours, il ne saurait l’approuver, et il vous donne, comme un exemple des excès où vous peut conduire le besoin de rire, ce que disait César de Térence, — qu’il ne le trouvait pas assez plaisant ! […] les conduire avec un sang-froid imperturbable, jusqu’à la limite fatale où la vieille monarchie et la vieille société vont finir, pour faire place au peuple de 89, en un mot, faire le premier, et tout d’un coup, dans ce monde nouveau qui va s’ouvrir, sur les débris de l’ancien monde, la comédie de mœurs, la comédie déclamatoire, furibonde, pédante, mais enfin, malgré tout, une véritable comédie, voilà pourtant ce qui a été accompli avec une audace peu commune, avec une verve intarissable, avec une éloquence souvent triviale, mais moqueuse et puissante, par ce comédien manqué, par ce tribun manqué, par ce législateur sans pitié, par ce furibond déclamateur, qu’on appela Fabre d’Églantine, mauvais comédien comme Collot d’Herbois, et, pour tout dire en un seul mot rempli de toute exécration, le digne secrétaire de Danton !

1230. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Que si le système adopté par lui l’a conduit à forcer un peu dans l’application certaines lois dont le sens général est vrai, à mettre parfois trop d’ordre et de régularité dans l’étude qu’il a faite des éléments divers du passé, n’est-ce pas là une faute heureuse et préférable au défaut contraire, et n’est-il pas infiniment mieux d’avoir introduit un peu trop d’ordre dont on peut toujours rabattre, que d’avoir laissé subsister une confusion d’où l’on ne serait pas sorti ? […] Elle sortit quand les troupes de la Convention investirent la ville et, retournant dans son pays, elle décida des paysans et des ouvriers à s’armer : dans son héroïsme filial, elle les conduisit elle-même au camp de Dubois-Crancé.

1231. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Le bon sens dira ce qu’il voudra de cette prétention ambitieuse, en supposant que l’interprétation que je donne soit juste ; il trouvera que c’est étrangement s’octroyer les droits et privilèges d’oint du Seigneur, et se faire à soi-même avec un suprême dédain les honneurs de la terre ; cela conduira plus tard M. de Vigny à sa théorie exagérée du poète, et finalement, à cet Exegi monumentum des Destinées : je sais les abus qu’on a vus sortir et qu’a trop tôt engendrés cette doctrine superbe tant de l’omnipotence que de l’isolement du génie ; mais ici, dans ce poème de Moïse, l’idée ne paraissait qu’enveloppée, revêtue du plus beau voile ; l’inspiration se déployait grande et haute ; elle restait dans son lointain hébraïque et comme suspendue à l’état de nuage sacré. […] Le Christ demande à son père le prix de sa venue : il pose les éternels problèmes du bien et du mal, de la vérité et du doute, de la vie et de la mort, de la Providence et du Hasard, tous les pourquoi possibles, en philosophie naturelle, en philosophie morale, en politique : Et si les nations sont des femmes guidées Par les étoiles d’or des divines idées, Ou de folles enfants sans lampe dans la nuit, Se heurtant et pleurant, et que rien ne conduit ?

1232. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Saint-Lambert eut le crédit et le tort d’obtenir un ordre pour faire conduire Clément au For-l’Évêque, et pour faire saisir l’édition (encore sous presse) de sa critique. […] Delille était faible et avait besoin d’être conduit.

1233. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Le but des supplices est de corriger les hommes et non pas de les conduire à la mort. […] Quelque mécontentement que j’en eusse, rien ne transpirait au dehors, et je continuais à me conduire à son égard comme je l’avais toujours fait.

1234. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Les guides eurent beau répliquer qu’ils conduisaient le ministre de France et sa famille, que nous avions des lettres du tout-puissant ministre d’État Fossombroni, qui nous recommandait au prieur, les fenêtres se refermèrent, les lueurs des flambeaux s’éteignirent dans le monastère, et il nous fallut reprendre, pour trouver un abri, le sentier par lequel nous étions venus. […] Elle m’a donné une énergie, une inspiration, un ressort que je n’aurais pas eus sans elle… Quant à la religion, si elle condamne les passions qui conduisent au vice, défend-elle les penchants qui en éloignent ? 

1235. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Ce grand événement n’a pas été conduit par un conseil humain ; il n’est pas même un effet ordinaire de la protection des immortels. […] Cicéron, soit que sa philosophie s’élevât au-dessus de ces superstitions populaires, soit qu’il acceptât l’augure sans chercher à l’écarter, n’en monta pas moins les rampes qui conduisaient à sa maison.

1236. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Elle suffit à expliquer et à conduire l’homme. […] On dirait qu’il croit suffisant de la peindre, sans chercher à la juger et surtout à la conduire.

1237. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Je lui exposai en détail et avec la plus grande précision les motifs qui forçaient le Pape à se conduire ainsi au prix de n’importe quelle calamité. […] Voilà que ce soir-là, tandis que nous attendions la sortie des souverains de leurs appartements, il s’approche de moi, puis, me prenant par la main, il me conduit dans un coin du salon.

1238. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

On a coutume de critiquer les scènes machinées par le précepteur pour l’acquisition des idées morales et la formation de la raison ; on trouve un peu puérils les moyens sensibles par où Émile est conduit aux idées abstraites et aux notions scientifiques. […] Ne pas se contenter de montrer l’objet, mais conduire l’enfant de la sensation brute à la notion réfléchie, à la connaissance abstraite ; l’exercer à débrouiller, analyser, interpréter ses impressions, il n’y a pas de meilleure méthode pour former de bons esprits.

1239. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Jeunesse l’avait conduit dans l’empire de l’Amour, auquel il avait laissé son coeur en gage. […] Il fut arrêté, et conduit à la prison de Meung-sur-Loire, par ordre de l’évêque d’Orléans26.

1240. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Et là, elle éclate : « Sainte-Beuve, je ne le verrai plus, jamais… Il s’est conduit avec moi… lui… enfin. […] c’est un mauvais homme… Il y a déjà six mois, j’écrivais à Flaubert : « Je crains que Sainte-Beuve, d’ici à quelque temps, ne nous joue quelque tour… » C’est lui qui a écrit à Nefftzer… il y a de son ami d’Alton-Shée dans tout cela. » Et avec une parole d’amertume sifflante : « Il m’écrivait, au Jour de l’an, que tout le confortable et le bien-être qui entouraient sa maladie, il me les devait… Non, on ne se conduit pas comme ça. » Et elle suffoque, elle étouffe, elle se bat la gorge avec le haut de sa robe brodée, qu’elle agite à deux mains, et des larmes, qu’elle dévore, lui montent dans la voix, que l’émotion étrangle par moments.

1241. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

« — Je dis, Majesté, que si l’Empereur qui veut cette guerre ne vient pas avec nous en Italie, il se conduit comme le dernier des rois fainéants ! […] Le marié et la mariée se font pourctraire, et Ziem est à la tête de quarante francs, une somme qu’il croit si bien une fortune, qu’en arrivant à Lyon, il se fait conduire en voiture au théâtre où l’on joue Moïse.

1242. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Dis-moi si tu sais « Quel est le sentier de la lumière et le lieu des ténèbres, « En sorte que tu puisses les conduire à leur terme et comprendre la voix de leur demeure ? […] Que ces deux mots soient aussi les nôtres, et ils nous conduiront au troisième mot, qui achève la trinité humaine : J’espère.

1243. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Mais quand il déclare : « La fidélité des femmes dans le mariage lorsqu’il n’y a pas d’amour, est probablement une chose contre nature » ou « la seule chose que je voie à blâmer dans la pudeur, c’est de conduire à l’habitude de mentir… » il exprime la thèse que développent le plus complaisamment nos femmes de lettres. […] Il attache des petites femmes à sa grosse corde et les conduit à la mort.

1244. (1926) L’esprit contre la raison

On peut voir dans cette fresque de l’état d’esprit qui conduisit à la guerre une contestation de l’analyse de Valéry : Crevel fait le même constat de fragmentation, d’éclatement, mais Valéry accusait la diversité, cette coexistence dangereuse de systèmes de pensée incompatibles, d’avoir produit la débâcle de l’intellect et d’avoir ainsi conduit à la guerre ; pour Crevel, c’est la volonté de synthèse qui est à l’origine de tous les maux.

1245. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Ainsi encore il nous conduit dans son Calvin jusqu’à la fin de son premier volume avant d’écrire cette phrase : « Il y a des moments où l’on dirait que l’épée de Charles-Quint est changée en quenouille. […] Malheureusement la plus haute dignité dans la vie, l’opulence des facultés, la sainteté, la miséricorde, ne sont pas assez pour le Pasteur universel qui doit conduire, châtier et séparer, et qui n’a pas pour rien à sa houlette le bâton qui frappe et le fer qui retranche.

1246. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Ayant ainsi effacé, par avance, toute différence de nature entre la sensation et le souvenir, ils sont conduits par la logique de leur hypothèse à matérialiser le souvenir et à idéaliser la sensation. […] Mais nous touchons ici au problème capital de l’existence, problème que nous ne pouvons qu’effleurer, sous peine d’être conduits, de question en question, au cœur même de la métaphysique.

1247. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

[NdA] Je ne dois pas, en écrivant, tout à fait oublier que Le Moniteur s’affiche au coin des rues ; voici toute la citation trop vraie ; je l’offre à ceux qui lisent dans la chambre : « Quand on est destiné à gouverner les hommes, il faut les aimer pour l’amour de Dieu, sans attendre d’être aimé d’eux, et se sacrifier pour leur faire du bien, quoiqu’on sache qu’ils disent du mal de celui qui les conduit avec bonté et modération. »

1248. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

En 1748, un an avant la publication des premiers volumes de l’Histoire naturelle de Buffon, Linné, déjà au comble de la gloire, conduisait dans les environs d’Upsal des centaines d’élèves : On faisait de fréquentes excursions pour trouver des plantes, des insectes, des oiseaux.

1249. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Oui, tout est chance, hasard, fatalité dans ce monde, la réputation, l’honneur, la richesse, la vertu même : et comment croire qu’un Dieu intelligent nous conduit ?

1250. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Il n’a pris les rênes du gouvernement qu’en 1661, et d’abord il a suivi son temps, il ne l’a pas dominé ; il n’a paru réellement lui-même que lorsqu’il n’a plus été conduit par Lionne et Colbert, les derniers disciples de Richelieu et de Mazarin.

1251. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Et pour le définir lui-même dès à présent au moyen de La Fontaine et par l’idée qu’il nous en donne, citons ce qu’on lit à la dernière page de l’espèce de registre, assez peu intéressant d’ailleurs, qu’on appelle les Mémoires de Maucroix ; mais ce témoignage si simple et si naturellement rendu a bien du prix : Le 13 avril 1695, mourut à Paris mon très cher et très fidèle ami M. de La Fontaine ; nous avons été amis plus de cinquante ans, et je remercie Dieu d’avoir conduit l’amitié extrême que je lui portais jusques à une si grande vieillesse, sans aucune interruption ni aucun refroidissement, pouvant dire que je l’ai toujours tendrement aimé, et autant le dernier jour que le premier.

1252. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

La guerre s’ouvre avec vigueur ; le fils du roi, Monseigneur, est mis à la tête de l’armée du Rhin : « Le roi et Monseigneur se sont fort attendris en se séparant (25 septembre 1688). » Louis XIV dit à son fils une belle parole : « En vous envoyant commander mon armée, je vous donne des occasions de faire connaître votre mérite ; allez le montrer à toute l’Europe, afin que quand je viendrai à mourir, on ne s’aperçoive pas que le roi soit mort. » Monseigneur se conduit bien et vaillamment ; il a un éclair d’ardeur : cela même lui donne une étincelle d’esprit ; il écrit à son père devant Philisbourg : « Nous sommes fort bien, Vauban et moi, parce que je fais tout ce qu’il veut. » — « Mais Vauban pourtant, ajoute Dangeau qui s’anime et s’aiguillonne à son tour, n’est pas si content de Monseigneur, qui va trop à la tranchée et y demeure trop longtemps. » On prend Philisbourg, on prend Manheim et Frankendal : après quoi Monseigneur revient.

1253. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Montluc fut particulièrement chargé de conduire toute l’arquebuserie, ce qui a fait dire à un auteur qu’on est orgueilleux de citer : Toute l’arquebuserie française avait été retirée des bataillons et mise sous le commandement de Montluc, qui l’accepta comme un grand honneur.

1254. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Il a écrit dans son livre De la sagesse, en distinguant chez les hommes les divers genres de vie, soit tout à fait privée et intérieure, soit de famille, soit publique, que « de ces trois vies, interne, domestique, publique, qui n’en a qu’une à mener, comme les ermites, a bien meilleur marché de conduire et ordonner sa vie, que celui qui en a deux ; et celui qui n’en a que deux, est de plus aisée condition, que celui qui a toutes les trois. » Serait-ce dans ce sens tout philosophique qu’il voulait devenir ermite ou religieux ?

1255. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Un Octave qui est un politique tout fait dès vingt ans, et qui sait dès cet âge tout ce qu’il faut penser des hommes en certaines époques, jusqu’où on peut les pousser et comment oser les conduire, court risque par moments d’être un prodige ou même un monstre.

1256. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Je veux vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde.

1257. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Il a plus tard esquissé, sans le terminer, un éloge du comte duc dans lequel on lit cette magnifique définition de la monarchie espagnole : « Celui-ci, au rebours (des ministres précédents plus favorisés), a toujours cheminé avec un vent contraire : parmi les ténèbres, et lorsque le ciel était couvert de toutes parts, il a tenu sa route au milieu des bancs et des écueils, et durant la tempête et l’orage il a eu à conduire ce grand vaisseau dont la proue est dans l’océan Atlantique et la poupe dans la mer des Indes. » Mais ce n’est là qu’un trait de talent et une belle image, comme l’écrivain doué d’une imagination poétique peut en trouver.

1258. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Mais qu’il l’ait inventé ou non, que de même il ait imaginé ou simplement arrangé et accommodé à sa guise cet autre joli conte de Camille, ou filer le parfait amour, Sénecé a très heureusement conduit et filé à son tour ces récits, et il a montré ce qu’il aurait pu faire s’il avait cultivé avec moins de distraction le genre.

1259. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Henri IV avait une vraie amitié pour le jeune Rohan ; en lui il voyait un élève, un lieutenant futur pour ses projets militaires ; il discernait aussi sans doute une tête capable de maintenir et de conduire un jour le parti réformé, et de s’opposer dans un sens meilleur aux intrigues éternelles du maréchal de Bouillon.

1260. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Elle s’en doute bien elle-même, et voudrait que Voltaire vint donner à sa petite société un dernier tour, un dernier poli de civilisation en faisant « un pèlerinage à Notre-Dame de Bareith. » Il promet toujours et ne vient jamais : « Vous me faites éprouver le sort de Tantale : soyez donc archi-germain dans vos résolutions, et procurez-moi le plaisir de vous revoir. » On a joué chez elle le Mahomet : « Les acteurs se sont surpassés, et vous avez eu la gloire d’émouvoir nos cœurs franconiens. » Elle demande décidément au poète philosophe de « la conduire dans le chemin de la vérité » ; et en attendant, elle lui fait des objections, mais des objections dans un sens plus avancé, plus radical.

1261. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Charles Bovary fils (car il a un père qui nous est dépeint aussi d’après nature) nous est montré dès le temps du collège comme un garçon rangé, docile mais gauche, mais nul ou incurablement médiocre, un peu bêta, sans distinction aucune, sans ressort, sans réponse à l’aiguillon, né pour obéir, pour suivre pas à pas une route tracée et pour se laisser conduire.

1262. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Je conjecture de toutes ces choses que Mme la duchesse de Bourgogne aura la satisfaction de voir madame sa sœur reine de cette grande monarchie, et, comme il faut une dame titrée pour conduire cette jeune princesse, je vous supplie de m’offrir, madame, avant que le roi jette les yeux sur quelque autre.

1263. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

La plupart de ces juges et syndics, qui étaient des citoyens assez estimés et peut-être d’assez honnêtes gens dans leur Suisse libre, et qui observaient la morale de ce côté-ci des Alpes, s’en croyaient dispensés de l’autre côté du versant, et ils se conduisaient comme des pachas au petit pied.

1264. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

La vraie explication est là : prince faible, inappliqué, dissolu ; mortellement blessé dans son amour-propre, n’ayant que cette idée fixe de rancune (si même il l’eut), toutes les autres idées légères ; caractère mou et détrempé ; il put être conduit de concession en concession, de déchéance en déchéance, à toutes les hontes et jusqu’au crime.

1265. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

On a une indication précieuse sur la manière indépendante, toute littéraire, et par cela même originale, dont La Bruyère se conduisit à l’Académie durant le temps trop court qu’il lui fut donné d’y siéger.

1266. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Arrêté sur la hauteur d’où le pays se montre plus étendu et plus riche, il suit le cours des eaux qu’il a su maîtriser, il reconnaît ses ombrages, ses abris de prédilection, les champs fécondés par ses sueurs, des glands semés par lui devenus chênes ; le même soleil éclaire encore de ses rayons obliques et toujours amis la longue route qu’il a suivie, et les sentiers mystérieux par lesquels la bonne Providence l’a doucement conduit à elle… » Ce qui suit, et qu’il faut lire, sur les infirmités et l’usage moral qu’on en peut faire est fort beau, Dans ces termes adoucis, je cesse de contredire, et je m’efforcerais plutôt de m’associer aux affectueuses espérances de l’auteur.

1267. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Ma tendresse au bonheur ne te saurait conduire ; Même en tes yeux l’amour me sourirait trop tard.

1268. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Cette aversion du vulgaire, du trop simple et du trop facile même dans l’honnête, de ce qui n’a ni nouveauté, ni originalité, ni profondeur, l’a conduit, dans son remarquable travail sur Channing, à tracer sous forme d’éloge le plus spirituel et le plus ironique des portraits.

1269. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Amis de l’ancien régime et partisans du droit divin, qui en étiez venus, en désespoir de cause, à préconiser le suffrage universel ; à qui (j’aime à le croire) la conviction était née à la longue, à force de vous répéter, et qui vous montrez encore tout prêts, dites-vous, mais moyennant, j’imagine, certaine condition secrète, à embrasser presque toutes les modernes libertés ; — partisans fermes et convaincus de la démocratie et des principes républicains, polémistes serrés et ardents, logiciens retors et inflexibles, qui, à l’extrémité de votre aile droite, trouvez moyen cependant de donner la main parfois à quelques-uns des champions les plus aigris de la légitimité ; — amis du régime parlementaire pur, et qui le tenez fort sincèrement, nonobstant tous encombres, pour l’instrument le plus sûr, le plus propre à garantir la stabilité et à procurer l’avancement graduel de la société ; — partisans de la liberté franche et entière, qui ne vous dissimulez aucun des périls, aucune des chances auxquelles elle peut conduire, mais qui virilement préférez l’orage même à la stagnation, la lutte à la possession, et qui, en vertu d’une philosophie méditée de longue main dans sa hardiesse, croyez en tout au triomphe du mieux dans l’humanité ; — amis ordinaires et moins élevés du bon sens et des opinions régnantes dans les classes laborieuses et industrielles du jour, et qui continuez avec vivacité, clarté, souvent avec esprit, les traditions d’un libéralisme, « nullement méprisable, quoique en apparence un peu vulgaire ; — beaux messieurs, écrivains de tour élégant, de parole harmonieuse et un peu vague, dont la prétention est d’embrasser de haut et d’unir dans un souple nœud bien des choses qui, pour être saisies, demanderaient pourtant à être serrées d’un peu plus près ; qui représentez bien plus un ton et une couleur de société, des influences et des opinions comme il faut, qu’un principe ; — vous tous, et j’en omets encore, et nous-mêmes, défenseurs dévoués d’un gouvernement que nous aimons et qui, déjà bon en soi et assez glorieux dans ses résultats, nous paraît compatible avec les perfectionnements désirables ; — nous tous donc, tous tant que nous sommes, il y a, nous pouvons le reconnaître, une place qui resterait encore vide entre nous et qui appellerait, un occupant, si M. 

1270. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

J’ignore où la Providence me conduit par ce chemin de larmes ; mais pourquoi a-t-elle semé sur ma vie, de distance à distance, de ces grandes désolations qui en font sentir au doigt toute la misère ?

1271. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Je vous supplie d’examiner ce qui en est, observant de vous conduire de manière que personne ne puisse croire que le roi doute de son droit sur ledit Traerbach et sur le Mont-Royal. » Et quelques jours après, Louvois écrivait à l’intendant La Goupillière, qui avait dû lever des impositions sur ce lieu s’il avait été en effet réuni.

1272. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Le docteur conduisit son ami jusqu’à la rue Grange-Batelière, où tout danger et toute menace avaient cessé.

1273. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Dans son observation des contrées étrangères où ses affaires l’avaient conduit, il avait porté ses préventions et des idées préconçues.

1274. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Pour qui ne lirait que ces lettres de Marie-Thérèse à sa fille, il semblerait en ressortir clair comme le jour que le roi de Prusse, « ce mauvais voisin », ainsi qu’elle l’appelle, a tous les torts dans cette affaire de la succession bavaroise, qu’il se conduit en despote et en astucieux politique qui n’aspire qu’à semer la zizanie en Europe et à tout brouiller pour pêcher en eau trouble.

1275. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Le roi fait de même ; et, s’il arrivait que quelque chose lui déplût, qu’elle s’adresse directement au roi : il la conseillera et la conduira très bien.

1276. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Au reste, ces pages de M. de La Mennais sont merveilleuses de jeunesse d’imagination, de transparence de couleur et, par moments, de philosophique tristesse : « D’Antibes à Gênes, la route côtoie presque toujours la mer, au sein de laquelle ses bords charmants découpent leurs formes sinueuses et variées, comme nos vies d’un instant dessinent leurs fragiles contours dans la durée immense, éternelle. » Et plus loin, en Toscane, il nous montre çà et là, « à demi caché sous des ronces et des herbes sèches, le squelette de quelque village, semblable à un mort que ses compagnons, dans leur fuite, n’auraient pu achever d’ensevelir. » Mais à peine avons-nous le pied dans les États romains, quelques prisonniers conduits par les sbires du pape, comme il dit, font contraste avec cette simplicité naïve de foi que l’auteur s’attribue encore par oubli, ou qui du moins ne devait pas tarder à s’évanouir.

1277. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Le Marse Vettius Scaton est fait prisonnier dans une retraite : déjà on le conduit au consul.

1278. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Après un tableau complet et très honnête de « fièvre cérébrale » il s’éternise en la description non moins étendue d’une pleurésie ; « nous promène pendant trois ou quatre septénaires, au bout desquels l’affection passe de l’état aigu à l’état chronique, et finit par conduire la malade au tombeau.

1279. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

L’on a eu tort de blâmer nos publicistes, lorsqu’ils ont voulu appliquer le calcul à la politique ; l’on a eu tort de leur reprocher d’avoir tenté de généraliser les causes : mais on a souvent eu raison de les accuser de n’avoir pas assez observé les faits qui peuvent seuls conduire à la découverte des causes.

1280. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Et cela nous conduit à examiner le sens politique de la pièce.

1281. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

La question financière était la grande question politique du temps : elle conduit Mirabeau, avec bien d’autres, à réclamer la convocation des Etats Généraux.

1282. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Sous Louis XIII et même sous Louis XIV, les antres sacrés du Parnasse français sont des cabarets pareils à celui où Gautier conduit Jacquemin Lampourde, où se drapent des « gueux » superbes qui s’appellent Théophile de Viaud, Cyrano de Bergerac et Saint-Amand.

1283. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

On dira peut-être que cette hypothèse pourrait conduire à des résultats contradictoires et qu’on sera obligé de l’abandonner.

1284. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Alors il y aura encore des sages, poètes et organisateurs, législateurs et prêtres, non plus pour gouverner l’humanité au nom d’un vague instinct, mais pour la conduire rationnellement dans ses voies, qui sont celles de la perfection.

1285. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

« Le principe le plus général que nous puissions établir par rapport à la concomitance de l’esprit et du corps, est la loi de diffusion qui s’énonce ainsi : « Quand une impression est accompagnée de sentiment ou d’une conscience quelconque, les courants excités se répandent librement dans le cerveau et conduisent à une agitation générale des organes moteurs, et affectent les viscères. » L’action réflexe, au contraire, qui n’est point sentie, est restreinte dans son influence à un circuit nerveux fort étroit.

1286. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Après avoir entendu que Néron excellait dans la danse, Excellait à conduire un char dans la carrière, À se donner lui-même en spectacle aux Romains, il cessa de danser dans les ballets de sa cour, et fit Racine gentilhomme de sa chambre.

1287. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Il embrassa la princesse dans le carrosse, et lui donna la main pour la descendre ; il la conduisit dans son appartement à elle ; il lui présenta en chemin Monseigneur, Monsieur et M. de Chartres ; la princesse lui baisa plusieurs fois la main en montant le degré.

1288. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

En lisant ces pages de M. de Lamartine et en trouvant à chaque instant des expressions heureuses, larges, élevées et même fines (car il y a du fin et du spirituel proprement dit chez lui bien plus qu’on ne le croirait, il y a même de la malice en quelques endroits), on éprouve un vif regret : c’est que la rhétorique, l’habitude et le besoin d’étendre, de forcer et de délayer, le conduisent à compromettre ces pensées et ces touches excellentes : « Depuis deux ans, dit-il de Napoléon, son retour à Paris, autrefois triomphal, était soudain, nocturne, triste.

1289. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Ses instincts, d’autres diront peut-être son génie, le conduisaient à sympathiser plutôt avec les idées d’ordre, de stabilité, de gouvernement, qu’avec les principes de liberté, de réforme, de progrès.

1290. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Un jour de fête où elle devait communier, comme elle était au lever de sa mère, celle-ci la prend à serment de lui dire si véritablement le roi, son mari, s’était conduit jusque-là avec elle en mari, en homme, et s’il n’était pas temps encore de rompre cette union.

1291. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Dans ces volumes de l’abbé Gerbet, les introductions, les dissertations sur la symbolique chrétienne et sur l’histoire de l’Église, conduisent à des observations pleines de grâce ou de grandeur, à de beaux et touchants tableaux.

1292. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

On y voit déjà toutes ses qualités, une imagination naturelle et gaie, un style clair et piquant, surtout l’art si difficile de conduire une action et d’enchaîner les scènes.

1293. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

En politique, je n’ai pas à suivre les progrès de ses négociations dans les circonstances compliquées où il les conduisit ; M. 

1294. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

L’histoire de l’abbé Prévost commence déjà elle-même à ne plus être de notre temps ni de notre civilisation ; on passe encore sur le manque de cœur de Manon, mais il est difficile de pardonner l’avilissement du chevalier, et il faut le parfait naturel de l’auteur pour nous amener à l’émotion à travers les scènes dégradantes où il nous conduit.

1295. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Ses Deux Amis sont le chef-d’œuvre en ce genre ; mais, toutes les autres fois qu’il a eu à parler de l’amitié, son cœur s’entrouvre, son observation railleuse expire ; il a des mots sentis, des accents ou tendres ou généreux, comme lorsqu’il célèbre dans une de ses dernières fables, en Mme Harvey, Une noblesse d’âme, un talent pour conduire         Et les affaires et les gens, Une humeur franche et libre, et le don d’être amie Malgré Jupiter même et les temps orageux.

1296. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Un cocher de fiacre du xviiie  siècle, blâmé comme nous par une Cour de justice, s’écria, après le blâme : — Mon président, ça m’empêchera-t-il de conduire mon fiacre ?

1297. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Ils étaient conduits, à ce qu’affirme la tradition, par le marquis de Puymaurin, plus tard député à la chambre introuvable et directeur de la Monnaie, accompagné de son frère, le comte de Puymaurin.

1298. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Si l’auteur ne réussit point à cela, s’il ne touche pas du tout, laissons-le ; mais s’il nous touche un peu, ne résistons-pas, laissons-nous conduire à cet aimable guide, laissons-nous aller à l’impression, laissons-nous toucher, laissons-nous attendrir.

1299. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Plus d’une fois, sans doute et surtout en dernier lieu, on a voulu dénaturer cet esprit militaire, en le faisant servir à la conquête ; mais il sera toujours l’amour de la gloire acquise par le danger, car le Français ne se laisse pas conduire seulement par le sentiment du devoir, trop sec et trop métaphysique pour lui ; enfin cet esprit militaire est protecteur avant tout ; il doit donc toujours tendre à redevenir de la chevalerie.

1300. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Ils ne savent ni pourquoi ils sont en prison, ni où on les conduit après, et ils savent qu’ils ne le sauront jamais.

1301. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Cette fidèle observation des couleurs réelles de la nature l’a conduit à les traduire sur la toile dans leur authentique et intégrale valeur, à les prendre pour ce qu’elles sont.‌

1302. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Jouffroy parmi les monades de M. de Biran, l’a conduit à considérer les facultés comme des choses réelles, véritables objets de la psychologie ; à emprisonner la psychologie dans une question de mots scolastique et oiseuse ; à exprimer les faits par des notations vagues, inexactes en elles-mêmes et grosses d’erreurs.

1303. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Ce premier pas en amène un autre ; l’analyse des mots conduit à l’analyse des choses ; la traduction exacte pousse à la traduction complète.

1304. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Cette vivacité de conviction l’a, plus d’une fois, conduit à s’occuper de problèmes qui ne relevaient pas immédiatement du tribunal de sa conscience. […] L’analyse expérimentale de la folie l’avait conduit à reconnaître les tares analogues que manifestent le cerveau du dément et celui du criminel. […] … D’idée en idée, il est conduit à un projet superbe. […] Si nous acceptons ce dénouement, si nous accueillons ce drame, c’est que, durant trois actes et demi, Maurice Donnay nous y a conduits. Il nous y a conduits par les chemins nombreux, divers et lents, que prend la vie pour nous mener où elle veut.

1305. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Mais, en essayant de faire ressemblant, on ne pouvait guère manquer d’être conduit à faire vrai. […] La théologie n’est pas une science qui existe, comme l’algèbre ou comme la physique, indépendamment de ses conséquences, qui leur soit en quelque sorte antérieure ou supérieure, et il n’est pas ici question du « vide », ni du « plein », ni du « plein du vide », mais d’agir, et de se résoudre, et de se conduire. […] Mais en tout cas, pour le cartésianisme, les principes qu’il avait posés ne pouvaient pas ne pas le conduire nécessairement à l’optimisme. […] Et elle n’a de raison et de lieu d’être qu’autant qu’elle conduit à des satisfactions solides : à la fortune, aux honneurs, à la réputation. […] « J’ai d’abord examiné les hommes, et j’ai cru que dans cette infinie diversité de lois et de mœurs, ils n’étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies.

1306. (1885) L’Art romantique

« J’ai vu une petite Annonciation, de Delacroix, où l’ange visitant Marie n’était pas seul, mais conduit en cérémonie par deux autres anges, et l’effet de cette cour céleste était puissant et charmant. […] Je suis ainsi conduit à regarder la parure comme un des signes de la noblesse primitive de l’âme humaine. […] Pierre Dupont se conduisit définitivement avec l’Académie comme il avait fait avec la maison de banque. […] Et ce n’est pas seulement une propension naturelle à tout esprit poétique qui a conduit Wagner vers cette apparente spécialité ; c’est un parti pris formel puisé dans l’étude des conditions les plus favorables du drame lyrique. […] Essentielle au poëte, cette tendance le conduit jusqu’à la limite de son art, limite que touche immédiatement la musique, et, par conséquent, l’œuvre la plus complète du poëte devrait être celle qui, dans son dernier achèvement, serait une parfaite musique.

1307. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Que si, chemin faisant, nous sommes conduit, en louant ce qu’il était, à marquer du même trait ce qu’il n’était pas, et ce qu’il ne voulut pas être, ce que d’autres eussent pu considérer comme un développement légitime, ou du moins glorieux, et comme une conquête, aurons-nous besoin d’excuse ? […] Enseigner, ce n’est pas dicter ce qu’il faut croire, c’est faire observer ce qui a été senti ; ce n’est pas inculquer des opinions traditionnelles, ce n’est pas même révéler à un élève les résultats des recherches que l’on a faites avant lui, c’est le diriger lui-même dans ces recherches et le conduire à ces résultats. […] La raison sublime, répondait-il avec Chénier ; mais si un seul des degrés qui, du bon sens, de la raison vulgaire, conduisent jusqu’au haut de l’échelle, se trouvait brisé, il était rétif et ne montait plus.

1308. (1927) André Gide pp. 8-126

André brûle pour la morte d’un amour rétrospectif, mais ardent et halluciné, qui le conduit au tombeau par les voies rapides de la fièvre cérébrale. […] L’un des affidés, jouant le rôle de facchino, lui offre de le conduire dans un hôtel paisible et le mène dans une maison malfamée des bords du Tibre, où la vertu du nouveau reine-thor succombe aux séductions non pas même d’une fille-fleur, mais de la Carola avec qui Lafcadio cohabitait naguère à Paris, et qui congédiée par lui, a émigré dans la Ville Eternelle où elle est gouvernée par Protos. […] Bien mieux, ou pis encore, cet égoïsme abject est pourtant salutaire, puisque c’est le désintéressement qui a conduit Lafcadio au crime.

1309. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Le prêtre travaillait ou était censé travailler à conduire ses frères dans le ciel. […] Pour se conduire, il faut une lumière. […] C’est Shakespearee qui conduit le chœur des poètes, Shakespeare qui conçut le doute dans son sein bien avant la philosophie.

1310. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il est très rare qu’on sache (moi du moins) où il va, et où il veut nous conduire. […] S’il ne les dompte pas, où le conduiront-elles ? […] Et, pour s’y arrêter maintenant, comme c’est conduit, ce rôle ! […] l’admiration, qui doit conduire à l’amour, l’admiration n’a pas commencé. […] C’est une scène préparée par celle qui la conduit.

1311. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Son étude de Pope et son projet d’un poème sur la Nature le conduisirent aisément à son Essai didactique sur l’Astronomie  : M. de Fontanes n’a rien écrit de plus élevé. […] Tu maudis l’espoir infidèle Qui sur le fleuve t’a conduit, Et l’infatigable nacelle Qui t’y promène jour et nuit. […] « Quant à l’individu qui se présente, la seule question à examiner consiste à, savoir s’il a le talent nécessaire, s’il a un bon esprit, et si l’on peut compter sur les sentiments qui guideraient ses recherches et conduiraient sa plume. » Tout ce qu’il y a de profondément vrai et de radicalement faux dans cette Note mémorable serait matière à longue méditation. […] Il faut dire pourtant que, dans les Cent-Jours, devenu président du Conseil, il se conduisit bien et avec égards pour les amis de M. de Fontanes dans l’Université.

1312. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Hamlet veut savoir l’heure, trouve le vent piquant, cause des festins et des fanfares que l’on entend dans le lointain, et cette conversation si tranquille, si peu liée à l’action, si remplie de petits faits insignifiants, que le hasard seul vient d’amener et de conduire, dure jusqu’au moment où le spectre de son père, se levant dans les ténèbres, lui révèle l’assassinat qu’il doit venger. […] Tous boiront et mangeront à mes frais, et je les habillerai tous avec la même livrée… Comme me voilà ici, assis sur la pierre de Londres, j’ordonne et commande que le conduit au pissat ne verse plus que du bordeaux, cette première année de notre règne, et cela aux frais de la ville… Et à présent toutes les choses seront en commun… Qu’est-ce que tu peux répondre à Ma Majesté pour avoir livré la Normandie à Monsieur Basimecu, le dauphin de France ? […] Elle pose sur ses tempes velues une couronne de fraîches fleurs odorantes. « Et les gouttes de rosée qui tout à l’heure s’étalaient sur les boutons comme des perles rondes d’Orient s’arrêtent maintenant, pareilles à des larmes, dans les yeux des pauvres fleurettes, comme si elles pleuraient leur disgrâce311. » Elle appelle autour de lui les génies qui la suivent : Sautillez devant lui dans ses promenades, et gambadez devant ses yeux. —  Nourrissez-le d’abricots, de groseilles, —  de raisins empourprés, de figues vertes et de mûres. —  Dérobez aux abeilles sauvages leur sac de miel ; —  pour l’éclairer la nuit, coupez leurs cuisses de cire ; —  allumez-les aux yeux de feu du ver luisant, —  pour conduire mon amour au lit et pour l’éveiller ; —  arrachez les ailes peintes des papillons ; —  avec cet éventail, écartez de ses yeux endormis les rayons de la lune […] —  Venez, faites-lui cortége, conduisez-le à mon berceau. —  Il me semble que la lune regarde avec des yeux humides, et quand elle pleure, chaque fleurette pleure — sur quelque virginité perdue. —  Arrêtez la langue de mon bien-aimé, amenez-le en silence312.

1313. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Si l’on manque à leur répondre, on est conduit dans une prison d’où l’on a beaucoup de peine à se tirer. […] Ce que La Fontaine enseigne, si vous voulez, c’est la sagesse, c’est-à-dire le perfectionnement de soi-même et l’art de se conduire dans la vie. […] Dans l’Aigle et l’escarbot, une chétive bestiole se conduit comme un paladin, comme un chevalier errant. […] André brûle pour la morte d’un amour rétrospectif, mais ardent et halluciné, qui le conduit au tombeau par les voies rapides de la fièvre cérébrale. […] Si l’on conduisait à la Mecque l’âne de Jésus, lorsqu’il en reviendrait il serait encore un âne. » Il a très bien vu l’inconvénient capital d’une certaine sensiblerie : « Avoir pitié de la panthère, c’est être injuste envers les moutons. » Il prodigue les avis de prudence désabusée.

1314. (1903) Le problème de l’avenir latin

En un mot, l’analyse du problème religieux dans l’Europe du xvie  siècle nous a conduit à l’examen de nos origines historiques et psychiques. […] Et en fait, la rhétorique seule conduisait aux grandes situations sociales — trait, soit dit en passant, qui se retrouve de nos jours, où tout homme ayant en vue une carrière politique doit passer par le barreau. […] Sans conduire le débat sur un terrain scientifique, qui n’est pas le nôtre ici, cette thèse nous apparaît d’importance et valoir d’être signalée à cette place. […] Tout conduit à croire, je le répète, que ce sentiment ne fera que se généraliser parmi l’élite, qui, elle-même, ira toujours en se restreignant, et que, par conséquent, la possibilité d’une fécondation de la collectivité par celle-ci sera de plus en plus improbable. […] Il faudra qu’il y soit conduit et contraint.

1315. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Philarète Chasles, et çà et là quelques essais dus à des talents divers que leurs études ont exceptionnellement conduits à fouiller telle ou telle province de cette littérature5. […] Ce n’est point un dialecticien comme Hobbes ou Descartes, un homme habile à aligner les idées, à les tirer les unes des autres, à conduire son lecteur du simple au composé par toute la file des intermédiaires. […] Les mêmes idées peuvent vous conduire à votre choix, à des conclusions matérialistes ou idéalistes. […] Arrivé à Lyon il fut immédiatement saisi et conduit devant le gouverneur de la ville, le marquis de Saint-Chaumont, qui pour lors était aux vêpres. […] Son riche cousin, Richard Sterne, qui s’était si généreusement conduit envers l’enseigne, déclara qu’il servirait de père à l’enfant, et il tint parole.

1316. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il se laissa envahir peu à peu par l’ombre, et le sentier qui conduisait à son seuil littéraire s’effaça rapidement sous les mousses, les ronces et les végétations parasites. […] Mais cette tendance visionnaire est amplement contrebalancée par des études d’une réalité parfaite, telles que celles sur Spifame, Rétif de la Bretonne, la plus complète, la mieux comprise que l’on ait faite sur ce Balzac du coin de la borne, étude qui a tout l’intérêt du roman le mieux conduit. […] Comme un chef d’orchestre, il inspirait et conduisait tout un monde de sculpteurs, de dessinateurs, d’ornemanistes, de graveurs, d’émailleurs et de joailliers, car l’orfèvre aujourd’hui n’a plus le temps de ceindre le tablier et de tourmenter lui-même le métal pour le forcer à prendre des formes diverses. […] Le Monpou du théâtre fut moins romantique : chacun, en passant cette porte qui conduit de la salle à la scène, se courbe toujours un peu et y laisse quelque lambeau de son individualité.

1317. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Legouvé, au cours de ses études sur la diction, a été conduit à reconnaître que, sans cesse, La Fontaine compose des stances régulières à travers l’apparente irrégularité de ses périodes. […] Lamartine, avec un geste plein de grâce caressante, m’entoura la taille et me conduisit doucement. […] Le don supérieur de l’expression conduisit aussitôt Victor Hugo à un besoin irrésistible d’exprimer ce qui flottait dans l’air de son temps. […] Et le rêve est si naturel à M. d’Aurevilly que le moindre événement l’y conduit par une invincible pente. […] Sa théorie de l’art pour l’art l’y avait conduit par un jeu de logique dont lui-même s’étonna toute sa vie.

1318. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Sur quoi Rosny piqué répliqua que tout ce procédé conduisait à la grandeur du roi de Navarre bien plus qu’à sa ruine, et il en revint, selon son usage, à rappeler ce que son diable de précepteur La Brosse lui avait prédit ; puis il sortit brusquement, quittant sans autre façon la compagnie et le parti devenu contraire, pour se mettre en devoir de rejoindre le sien.

1319. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Le prince de Ligne eut un fils qu’il aima tendrement, dont il fut le camarade et l’ami, qu’il conduisit au feu dès qu’il en eut l’occasion, et dont la mort, dans la première guerre de la Révolution, brisa son cœur33.

1320. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Plongé en plein dans le monde licencieux de Paris, il se livrait à toutes les liaisons et à toutes les rencontres ; considérant, après coup, les dangers qu’il y avait courus, il remercie la Providence de l’avoir conduit encore si bien, et de l’avoir soutenu à travers les précipices et quelquefois les bourbiers.

1321. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Je sais bien que Beyle a posé en principe qu’un Italien pur ne ressemble en rien à un Français et n’a pas de vanité, qu’il ne feint pas l’amour quand il ne le ressent pas, qu’il ne cherche ni à plaire, ni à étonner, ni à paraître, et qu’il se contente d’être lui-même en liberté ; mais ce que Fabrice est et paraît dans presque tout le roman, malgré son visage et sa jolie tournure, est fort laid, fort plat, fort vulgaire ; il ne se conduit nulle part comme un homme, mais comme un animal livré à ses appétits, ou un enfant libertin qui suit ses caprices.

1322. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Ici, la rivière d’Ouse, serpentant lentement à travers une plaine tout unie de spacieuses prairies parsemées de bestiaux, conduit et amuse le long de sa course sinueuse l’œil ravi d’enchantement !

1323. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Il se citait lui-même en exemple, et lui disait de quelle manière il s’était conduit.

1324. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Ce que je dois à ma religion, à ma patrie, à l’Académie française, à l’honneur que j’ai d’être un ancien officier de la Maison du roi, et surtout à la vérité, me force de vous écrire ainsi… Voltaire, absent de Paris depuis des années, et qui depuis sa première jeunesse n’y avait jamais, à l’en croire, demeuré deux ans de suite, avait contre ce monde parisien dont il était l’idole une prévention invétérée : « L’Europe me suffit, disait-il un peu impertinemment ; je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun. » Il croyait sincèrement à la décadence des lettres, et il le dit en vingt endroits avec une amère énergie : « La littérature n’est à présent (mars 1760) qu’une espèce de brigandage.

1325. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

J’ai été conduit à vous ouvrir mon cœur par les marques d’amitié et de bonté dont toutes vos lettres sont remplies.

1326. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Dans une dernière promenade par une riante après-midi d’hiver sur ces falaises, le long de ce sentier qui tant de fois l’y avait conduit à travers les buis et les coudriers, il exhale ses adieux et emporte tout ce qu’il peut de l’âme des choses.

1327. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Quand on se plaignait à lui de ce qu’il conduisait souvent la troupe par chemins divers et contrées, revenant souvent bien près d’où il était parti (ce qu’il faisait, ou recevant l’avertissement de quelque chose digne de voir, ou changeant d’avis selon les occasions), il répondait qu’il n’allait quant à lui en nul lieu que là où il se trouvait, et qu’il ne pouvait faillir ni tordre sa voie, n’ayant nul projet que de se promener par des lieux inconnus ; et, pourvu qu’on ne le vît pas retomber sur même voie et revoir deux fois même lieu, qu’il ne faisait nulle faute à son dessein.

1328. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Je m’oubliais ainsi au milieu des ondes ; cédant aux entraînements de leur course qui m’emmenait au loin et conduisait leur hôte sauvage à tous les charmes des rivages.

1329. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment.

1330. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

J’ai affaire à une nation qui demande bien des ménagements quand on veut la conduire par les routes sanglantes de la terreur.

1331. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Les distractions et digressions qu’il s’était souvent accordées en dehors de sa route principale n’étaient, à ses propres yeux, que des digressions, et il ne rentrait ensuite qu’avec plus de bonheur et de certitude dans la voie qui l’avait conduit à la grande renommée.

1332. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

L’abbé Legendre était un homme de lettres et un homme d’esprit ; il fut sinon secrétaire à proprement parler, du moins de l’intimité et au service de l’archevêque de Paris, M. de Harlay de Champvallon, le beau, l’habile et l’éloquent prélat, qui administra et conduisit non seulement son diocèse, mais l’Église de France sous Louis XIV ; il nous aide à le mieux connaître.

1333. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Puis, le 23 au soir, l’armée fut mise en mouvement sans savoir où on la conduisait ; le secret avait été gardé entre les deux maréchaux et le très petit nombre d’officiers indispensables.

1334. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Cette disposition l’a conduit à un sentiment très-vif de l’art anglais, à le prendre depuis Reynolds jusqu’à Landseer.

1335. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

La Régente informée avertit Louvois et donna les mains à l’arrestation qu’on fit de Mattioli conduit adroitement hors de Turin et amené dans une hôtellerie sur le territoire français.

1336. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Le chapelain du cardinal offrît à ces messieurs de les conduire à sa demeure.

1337. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

La rime l’a conduit à des oppositions, à des redoublements d’antithèses dans des tours de phrases limités, ce qui est son fort à lui, mais ce qui est contraire à la large manière homérique et à ce plein fleuve naturel, courant à toutes ondes, continu, épandu et sonore.

1338. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

M. de La Fayette s’est parfaitement conduit ; la garde nationale aussi.

1339. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Elle en emprunte beaucoup au patois même du pays, patois naturel, agreste, légitime par son ancienneté, dont les fautes mêmes nous plaisent grâce à de certaines analogies qui ont conduit à les faire commettre.

1340. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Les résultats sublimes, auxquels cette découverte l’a conduit, sont bien propres à le consoler du rang qu’elle assigne à la terre, en lui montrant sa propre grandeur dans l’extrême petitesse de la base qui lui a servi pour mesurer les cieux.

1341. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Ce n’est pas un Génie qui le conduit, c’est un follet indécent et malin.

1342. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Les princes et les officiers s’étaient fort vaillamment conduits, mais le régiment des Gardes avait lâché pied tout d’abord, et, aux premières décharges de l’ennemi, s’était jeté dans le Mein sans que rien pût l’arrêter.

1343. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Il poussa la flatterie de sa place et de sa statue, outre la bassesse de sa substitution, jusqu’à traiter avec les Petits-Pères pour lui creuser sa sépulture sous le piédestal avec un corridor qui y conduirait de leurs caves ; mais, si cela ne se put exécuter, au moins il en eut le gré auprès du roi, qui est tout ce qu’il en voulait.

1344. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Je suis persuadé que si elle veut compatir à la faiblesse de l’âge et des circonstances, accoutumer sa fille à la regarder comme son amie, elle en aura toute satisfaction et la conduira par lettres sur bien des choses.

1345. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Le besoin qu’on a en toute chose de vérifier, de remonter aux sources, d’épuiser les documents, de fixer les particularités, conduit à des résultats qui démentent le plus souvent la tradition, qui la déjouent, qui quelquefois n’en laissent rien subsister.

1346. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Elle cheminait, ainsi chargée, par les sentiers escarpés et détournés qui conduisaient de son château à la ville et aux chaumières des vallées voisines.

1347. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Viollet-le-Duc, tout classique qu’il voulait être, fut conduit à remettre en demi-jour quelques-unes de ces victimes de Boileau.

1348. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Dès le lendemain, Hervé emmena la mère et la conduisit au château de sa famille, où tous les égards délicats, et de sa part un soin vraiment filial, l’environnèrent.

1349. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Souvent, ayant fondé l’église, il en est le patron, choisit le curé, prétend le conduire ; dans les campagnes, on le voit avancer ou reculer à sa fantaisie l’heure des messes paroissiales.

1350. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Mais il ne faut pas les prendre comme usitées et traditionnelles ; il ne faut pas y être conduit par l’opération mécanique de la mémoire : il faut qu’elles jaillissent, créées à nouveau pour un besoin nouveau, du sentiment intime et de l’imagination personnelle.

1351. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Il faut voir avec quelle sûreté d’analyse, et quelle subtilité habile à se déguiser sous une sévère exactitude, Guizot étudie les quatre éléments de la société du moyen âge : aristocratie féodale, Église, royauté, communes, en conduit les relations et les progrès, de façon à faire apparaître le régime de 1830 comme le couronnement nécessaire et légitime de toute l’Histoire de France.

1352. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

On le voit même, un moment, se conduire comme un galant homme.

1353. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Le jour de mars 1796, où venant prendre le commandement à Nice des mains de Schérer, et passant en revue ces troupes délabrées, il leur dit : Soldats, vous êtes nus, mal nourris ; le gouvernement vous doit beaucoup, il ne peut rien vous donner… Je veux vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde… vous y trouverez honneur, gloire et richesse.

1354. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Cet ami le soutint, l’encouragea : « C’est un beau plan, lui disait-il, et ton pied te conduira au bonheur.

1355. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

… » Cela se lit dans les Mémoires, et l’on se demande où un tel accès d’irritation, s’il se prolongeait, pourrait conduire.

1356. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

.) — « Il faut à tout moment, s’écrie-t-elle, le sauver de lui-même, et j’emploie plus de politique pour le conduire que tout le Vatican n’en emploie pour retenir la chrétienté dans ses fers. » Ce dernier trait est au moins solennel et peut sembler disproportionné, mais c’est ainsi que raisonne la passion.

1357. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Il conduisait et soignait énergiquement les hommes qui étaient confiés à sa garde ; il mettait son honneur et sa dignité dans ce devoir : mais il ne le fondait pas plus haut.

1358. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Ce roman extraordinaire se conduisit et se construisit fil à fil, par un jeu serré, patient et des plus adroits.

1359. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

On le conduisait en prison, et il pria les gens du guet de l’accompagner chez M. de La Harpe, son ami, qui le cautionnerait et payerait peut-être les deux mille francs qui avaient donné lieu à ce décret de prise de corps.

1360. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

La chose du monde que je comprends le moins, c’est qu’un homme se conduise comme je fais, et qu’il soit aussi convaincu que je le suis de toutes les vérités que je mets sur le papier.

1361. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Le dépit qu’elles en ressentent les conduit souvent à faire, pour plaire, des frais exagérés qui les compromettent si bien qu’elles ne savent plus comment rétrograder, et bientôt elles se trouvent engagées sans avoir le moindre sentiment pour excuse.

1362. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

De Brosses le sentait bien, et, dans son voyage d’Italie, voyant à quels détails sa recherche le conduisait, il se disait qu’il tournait le dos au goût du siècle, et peut-être à celui de l’avenir : Tout ce qui est du ressort de la littérature, disait-il (prenant ici la littérature comme on l’entendait du temps de Casaubon), n’est plus guère du goût de notre siècle, où l’on semble vouloir mettre à la mode les seules sciences philosophiques, de sorte que l’on a quasi besoin d’excuses quand on s’avise de faire quelque chose dans un genre qui était si fort en vogue il y a deux cents ans.

1363. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Et le cardinal Du Perron, le grand controversiste, disait également, quand on proposait de lui amener des calvinistes à combattre : « S’il ne s’agit que de les convaincre, je crois posséder assez de savoir pour cela ; mais, s’il est question de les convertir, conduisez-les à M. de Genève, qui a reçu de Dieu ce talent. » C’est à la fin de ce voyage de Paris que François de Sales apprit la mort de l’évêque de Genève dont il était le successeur désigné, et il s’empressa aussitôt de revenir en son diocèse.

1364. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Ce n’est pas parce que la sensation du tonnerre suit dans le temps la sensation d’éclair qu’elle la suit dans la conscience, mais parce que le centre cérébral où se produit une vibration due à l’éclair est en communication, dans l’espace, avec le conduit auditif où le tonnerre produit une vibration.

1365. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

À la descente du chemin de fer, il se fait conduire là, par l’omnibus.

1366. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Je crois que dès ce moment, et à ce moment (surtout), mes efforts porteront surtout sur la construction de la strophe, et Laforgue s’en écartait délibérément, volontairement, vers une liberté idéologique plus grande qui le devait conduire à cette phrase mobile et transparente, poétique certes, des poignantes Fleurs de bonne volonté.

1367. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

C’est que c’est un véritable voyage que celui que l’on fait pour parvenir à la villa d’Augier et, la nuit, les routes qui y conduisent, complètement dépourvues de lumière, sont presque impraticables !

1368. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Tantôt guidés par d’illustres devanciers, tantôt dirigés par un heureux instinct, nos grands écrivains ont, en chaque genre, ouvert ou suivi le chemin qui conduit à la perfection ; marcher sur leurs traces, ce serait affronter, sans gloire, le danger de ne pas les atteindre : on croit y échapper, en essayant de se frayer des routes nouvelles : louable ambition, si elle pouvait être couronnée du succès ; témérité malheureuse, lorsqu’il n’y a qu’une bonne route, hors de laquelle tout est sentiers perdus ou précipices inévitables.

1369. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Joseph de Maistre, qui était avant tout historien, malgré les plus hautes aptitudes à la métaphysique, est entré nettement dans cette question de l’Infaillibilité par la porte des faits et de l’histoire, conduit par un sens pratique de premier ordre, et écartant volontiers tous les arguments qui n’étaient pas historiques avec ce grand geste d’homme d’État qu’il avait, tandis que Saint-Bonnet, au contraire, bien plus métaphysicien que politique, a pénétré dans la même question par l’étude de l’essence même et des principes, allant dans l’essence jusqu’au point où elle est vraiment impénétrable.

1370. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

On invente le chemin qui y conduit.

1371. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Il nous mène ; acceptons sa main ; nous serons bien conduits. »‌ Le 9 mai 1915, c’est l’assaut.

1372. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

La vocation de son cœur était combattue par celle de son génie, et celle de son génie était de conclure un passé, de conduire un deuil, d’habiter un château d’idées, de sentiments, de formes dont il fut le dernier héritier. […] Tous les chemins mènent à Rome, le diable porte pierre, l’échancrure de Genève et de Coppet conduit à Maillane : conclusion bien inattendue d’un chapitre sur la Romantique schlegelienne. […] Il est d’ailleurs exact qu’il se conduisit avec courage au 2 décembre. […] Peut-être serions-nous conduit à faire la même distinction entre la situation de Balzac et la présence de Stendhal, ou ce qui fut longtemps la situation de Musset et la présence de Baudelaire. […] Vocation d’autant plus singulière qu’il possède tous les dons qui le conduiraient à ce dialogue, si un mouvement irrésistible et absolu comme celui de la mer ne les déversait incessamment du côté du monologue.

1373. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Le pont d’Espagne Quand, au sortir de Cauterets, on monte vers la Raillère, on suit le Gave sur sa rive droite pendant un temps assez court, puis un pont de lourde maçonnerie et quelques escaliers vous conduisent à la source. […] « Les psaumes de l’Église, nous dit-il, quelque part, les psaumes traduits en français dans mon livre de messe, furent pour moi une source de poésie où s’abreuva, mon âme vierge. » Conduit un jour à Fonsegugne, par Jules Giera, le frère du félibre, il apprit rapidement l’art de faire des vers ; la Poésie était en lui. […] Le 2 janvier, Nuñez de Arce, le premier des lyriques castillans, maintenant que Zorrilla ne produit plus, par vieillesse et par lassitude ; Emilio Castelar, le grand orateur qui sait vouloir la liberté pour les autres, comme il la veut pour lui-même, en un mot, toute l’Espagne intelligente conduisait le deuil. […] Lui même, il fallait bien l’avouer, malgré ses facultés d’organisateur, ne s’entendait guère à conduire une maison, tandis qu’il était homme à mener la province d’Alger tout entière. […] Notre scène tragique a donné plusieurs fois à l’Europe le spectacle de Shakespeare muselé et conduit en laisse par un académicien. » J’ai cité ces quelques lignes parce qu’elles suffisent à marquer l’esprit du jugement porté par M. 

1374. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

D’autre part la victoire incontestable sur les énigmes de la nature que représente son idée maîtresse lui donne une espèce d’ivresse qui le conduit à l’impérialisme. […] Est-ce que ce n’est pas presque toujours a posteriori et au moment seulement où nous l’accomplissons que nous nous rendons compte du long travail psychique et de toute la chaîne de sentiments latents qui nous a conduits vers un acte ? […] Dès qu’on tient compte de la volonté, ou des facteurs actifs, on lâche le fil qui peut conduire dans ce grand labyrinthe ou, comme dit Proust, dans cette grande nuit impénétrée et décourageante de notre âme que nous prenons pour du vide et pour du néant 73. […] [I] J’aimerais vous conduire à l’œuvre de Proust en vous faisant d’abord l’histoire de ma rencontre avec elle, puis avec son auteur, en vous montrant par quels états d’esprit et d’âme j’ai passé successivement à leur double égard. […] Et une assimilation systématique de l’œuvre de Proust à celle d’un grand musicien, nous conduirait à la déformer bien plus qu’à l’éclairer.

1375. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

De telles circonstances enseignent l’art d’écrire clairement et solidement, le discours méthodique et suivi, le style exact et fort, la plaisanterie et la réfutation, l’éloquence et la satire ; car ces dons sont nécessaires pour se faire écouter ou se faire croire, et l’esprit entre de force dans une voie, quand cette voie est la seule qui le conduise à son but. […] » Nulle d’entre ces héroïnes ne sait se conduire ; elles prennent l’impertinence pour la dignité, la sensualité pour la tendresse ; elles ont des abandons de courtisane, des jalousies de grisette, des petitesses de bourgeoise et des injures de harengère. […] Pareillement, dans les meurtres, faites-moi sentir la flamme des passions grondantes, l’accumulation de désespoir ou de haine qui ont lancé la volonté et roidi la main ; quand les paroles effrénées, les soubresauts du délire, les cris convulsifs du désir exaspéré, m’auront fait toucher tous les liens de la nécessité intérieure qui a ployé l’homme et conduit le crime, je ne songerai plus à regarder si le couteau saigne, parce que je sentirai en moi, toute frémissante, la passion qui l’a manié.

1376. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

. — Les premières de ces rubriques n’ont suivi que de peu d’années le premier article qu’ait écrit Gobineau, lequel, parut le 25 août 1838, dans une revue « France et Europe » et est intitulé Poètes Persans : Moulana, Djelaleddin, Roumi : l’orientaliste qu’il fut tout jeune portait déjà aussi dans son cerveau à cette époque l’ample ouvrage qui conduisait sa pensée à travers les siècles et toutes les races de la terre, mais il ne dédaignait pas de s’intéresser au mouvement littéraire de son temps, et pour l’étudier, juger les hommes et les œuvres, il apportait cette sorte d’ardeur intellectuelle, cette curiosité et cette perspicacité implacable qui sont les caractéristiques de son génie. […] Fat et gâté par la fortune, le baron poète a trop d’intérêts sérieux en tête pour songer à répondre à Modeste ; il laisse ce soin à son ami et serviteur, Ernest de la Brière, brave et honnête garçon que les fonctions de secrétaire particulier d’un ministre ont conduit à obtenir le poste de référendaire à la Cour des Comptes, et qui, pour s’élever plus haut, s’est réduit à la dure profession d’ami intime du poète Canalis. […] Le lecteur chemine donc volontiers avec le poème et se laisse conduire jusqu’à la fin : mais ici que trouve-t-il ?

1377. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

C’est aussi une heureuse inspiration qui conduisit notre Hollandais chez M.  […] Il espéra pendant quelque temps que la femme qui lui avait donné l’avant-goût du ciel puiserait dans son amour assez d’énergie pour le conduire sûrement à travers la vie. […] Entre temps, toute sorte d’aventures particulières ; et il s’y conduit avec plus ou moins de bonheur et d’adresse. […] Tout concourt à tenir l’action du récit sur la ligne stricte qui doit nous conduire où l’auteur veut nous mener. […] Je vais demander à Jules Renard de me conduire chez lui.

1378. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

On a par elle un fil pour se conduire dans le labyrinthe, & l’abysme de l’infini. […] Il se mit lui-même à la tête d’une troupe de soldats, & les conduisit où il sçavoit qu’étoit frère Fossombrone. […] « Pères, dit le capitaine, en tremblant, aux observantins plus effrayés encore, où nous conduisez-vous ? […] Les esprits supérieurs ne sont conduits que par eux-mêmes. […] Les jésuites sont accusés d’avoir conduit la main.

1379. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

L’erreur fuira comme le loup de la montagne poursuivi par le pasteur, et ta main nous conduira au salut. » Il y a loin de ces très-jeunes élans aux réflexions amères et inexorables qui ont fait de Leopardi un des plus éloquents poëtes du désespoir ; il fut quelques années encore avant d’en venir à cette transformation, à cette conversion profonde et définitive de tout son être, à travers laquelle ses croyances, en périssant toutes, il faut le dire, ne montrèrent pourtant que plus à nu sa nature généreuse. […] Et souvent, aux accents de la cloche dernière, Aux funèbres échos de l’hymne qui conduit Les morts sans souvenir à l’éternelle nuit, Avec d’ardents soupirs et d’un élan sincère Il envia celui que le sépulcre enserre.

1380. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

C’est comme une galerie de la plus riche architecture, qui conduit le philosophe du temple de Melpomène au temple de Thalie. […] Les princes conduisaient la charrue.

1381. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Tous les matins à sept heures, en hiver comme en été, le duc de Fronsac, par ordre de son père, se trouvait au bas du petit escalier qui conduit à la chapelle, uniquement pour donner la main à Mme de Maintenon qui partait pour Saint-Cyr169. « Pardonnez-moi, Madame, lui écrivait le duc de Richelieu, l’extrême liberté que je prends d’oser vous envoyer la lettre que j’écris au roi, par où je le prie à genoux qu’il me permette de lui aller faire de Ruel quelquefois ma cour ; car j’aime autant mourir que d’être deux mois sans le voir. […] Commandants, lieutenants généraux, partout les envoyés du centre sont conduits de même, par les mœurs, par les convenances et par leur propre désœuvrement, à tenir salon ; ils apportent avec eux les élégances et l’hospitalité de Versailles.

1382. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

La controverse religieuse et les querelles de parti retentissent autour de lui ; il s’en écarte soigneusement ; au milieu de tous ces chocs, son principal souci est de préserver son écritoire ; c’est un catholique déteint, déiste à peu près, qui ne sait pas bien ce qu’est le déisme ; là-dessus il emprunte à lord Bolingbroke des idées dont il ne voit pas la portée, mais qui lui semblent bonnes à mettre en vers. « J’espère, écrit-il à Atterbury, que toutes les Églises sont de Dieu, en tant qu’elles sont bien comprises, et que tous les gouvernements sont de Dieu, en tant qu’ils sont bien conduits. […] Le premier vers résume tout le livre précédent, et le second résume tout le livre présent ; c’est une sorte d’escalier qui conduit d’un temple à un temple, régulièrement composé de marches symétriques et si habilement placées, que de la première on aperçoit d’un coup d’œil tout l’édifice qu’on quitte, et que de la seconde on aperçoit d’un coup d’œil tout l’édifice qu’on va visiter.

1383. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Voilà où la discorde a conduit nos malheureux concitoyens ! […] Sur ce conseil ou cet ordre amical donné par Mécène à Virgile, et dont lui seul pouvait dignement embrasser et conduire le difficile labeur, l’un des hommes qui savaient le mieux la chose romaine, Gibbon, a eu une vue très ingénieuse, une vue élevée : selon lui, Mécène aurait eu l’idée, par ce grand poème rural, tout à fait dans le goût des Romains, de donner aux vétérans, mis en possession des terres (ce qui était une habitude depuis Sylla), le goût de leur nouvelle condition et de l’agriculture.

1384. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

« C’est un beau talent, dit-il, mais il est tout à fait engagé dans la malheureuse direction romantique de son temps, ce qui le conduit à mettre à côté de beaux tableaux les plus intolérables et les plus laids. […] Je leur parlai et leur reparlai encore, elles me conduisirent à leur mère ; j’étais pris.

1385. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

» et, dans une apothéose, Brünnhilde, redevenue Walküre, conduit Siegfried, à travers les nuages, vers Walhall ; En somme : adaptation fort habile ; pas l’ombre d’un drame psychologique. […] Et l’une, dont les cheveux blonds avaient la pâleur calme des soirs, lui dit qu’elle était la Vertu, qu’elle le conduirait aux lieux cruels hantés par les hydres, et qu’elle lui donnerait la victoire des luttes, les fatigues mortelles qui glorifient.

1386. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Donc elle fit si bien, cette héroïne des derniers jours de la comédie expirante, et elle se conduisit, jusqu’aux limites suprêmes, avec tant de bonne volonté et de courage, que Paris attristé apprit en même temps la maladie et la mort de mademoiselle Mars ! […] Il y a, dans les livres de Quintilien, un interlocuteur nommé Apollodore, qui disait : « Persuader, c’est s’emparer de l’esprit de celui qui vous écoute, et le conduire en triomphe au but que l’on se propose. » En triomphe !

1387. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Écrivez, peut-on dire à tous les gens de lettres, comme si vous aimiez la gloire ; conduisez-vous comme si elle vous était indifférente. […] C’est ainsi que se sont conduits les Aristotes, les Descartes et leurs semblables.

1388. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Erreur étonnante pour un critique de la portée de Hazlitt, et qui l’a conduit à une autre : c’est que Roméo et Juliette est la seule histoire d’amour que Shakespeare ait écrite, comme si Shakespeare n’avait pas écrit Othello. […] C’est cette vie brillante des feux qui ne s’allument qu’une fois, de la flamme, vierge et céleste, d’un premier amour, et qui conduit deux êtres charmants à la mort partagée, à la tombe partagée, comme fut partagée en un clin d’œil toute leur vie !

1389. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

J’ai souvent cité un mot magnifique de madame de Staël, et je l’ai répété parce que, selon moi, c’est le mot suprême de la Critique : « Quand on me conduirait à la mort, — disait-elle, — pendant le trajet, je crois que je jugerais mon bourreau. » Un auteur ennuyeux, n’est-ce pas un bourreau que la Critique juge ? […] Les Méditations de Lamartine conduisirent aux Poésies de Joseph Delorme.

1390. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Ce n’est pas nous qui ferons un reproche à Bernis d’une si honorable susceptibilité : mais il est évident que son moral était plus affecté qu’il ne convient à un homme chargé de conduire de grandes affaires, et que la responsabilité ministérielle était désormais trop forte pour lui.

1391. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Ses stances sur La Retraite sont les plus célèbres ; il les adresse à un ami qui est engagé comme lui dans le monde, et qu’il convie ainsi que lui-même à s’en retirer : Tircis, il faut penser à faire la retraite ; La course de nos jours est plus qu’à demi faite ; L’âge insensiblement nous conduit à la mort ; Nous avons assez vu, sur la mer de ce monde, Errer au gré des flots notre nef vagabonde ; Il est temps de jouir des délices du port.

1392. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Rosny, conduit à Vendôme par son père et présenté par lui à Henri, devant la reine Jeanne d’Albret sa mère, lui débita très bien sa petite harangue avec des protestations de lui être à jamais très fidèle et très obéissant serviteur : Ce que vous lui jurâtes en si beaux termes, lui rappellent ses secrétaires, avec tant de grâce et d’assurance, et un ton de voix si agréable qu’il conçut dès lors de bonnes espérances de vous ; et vous ayant relevé, car vous étiez à genoux, il vous embrassa deux fois et vous dit qu’il admirait votre gentillesse, vu votre âge qui n’était que d’onze années, et que vous lui aviez présenté votre service avec une si grande facilité et étiez de si bonne race qu’il ne doutait point qu’un jour vous n’en fissiez paraître les effets en vrai gentilhomme.

1393. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Gibbon a ici le plus grand succès, on se l’arrache ; il se conduit fort bien, et sans avoir, je crois, autant d’esprit que feu M. 

1394. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Le voilà pris et conduit devant l’amiral des galères.

1395. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Au moment où il causait le mieux peinture, musique ; où Haydn le conduisait à Milton ; où il venait de réciter avec sentiment de beaux vers de Dante ou de Pétrarque, tout d’un coup il se ravisait et mettait à son chapeau une petite cocarde d’impiété.

1396. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Son style aime le panache, et ce panache ne lui messied pas, non plus qu’à la nation qu’il conduit et qu’il représente.

1397. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il s’y conduit d’abord avec habileté et talent ; il fait une diversion en Bohême par une marche savante et difficile, à laquelle Frédéric qui est par-delà, en face de la grande armée autrichienne, applaudit comme à une merveille, espérant toujours communiquer à son frère de ce nerf et de cette vigueur dont il est si pourvu lui-même : il force à son égard la dose de louange, il fait tout pour l’électriser ; mais il n’en vient pas à bout, et la conduite du prince Henri est assez sévèrement qualifiée dans les mémoires que le roi a écrits de la guerre de 1778.

1398. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Malheur à qui ne se conduit pas d’après un idéal !

1399. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

La façon de penser des autres ne m’a jamais conduit : si je m’en suis mal trouvé du côté de la fortune, j’ai toujours pensé qu’un homme de qualité était au-dessus d’elle ; et, du moins, cela m’a-t-il toujours attiré de ces attentions de société qui ne dépendent que de nous.

1400. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Malgré l’ignorance qui nous environne, nous étudions, nous disputons sans cesse, et cette soif de savoir n’est jamais assouvie ; il me semble, en lisant les philosophes et les théologiens, voir des aveugles qui errent dans l’obscurité, qui s’entre-heurtent, qui, en voulant s’éviter, se font choir, qui embrassent l’ombre pour le corps, et qui se servent quelquefois, pour s’assommer, du bâton qui leur a été donné pour se conduire, Un petit nombre, tel que vous, Euler et Clairaut, élevés dans une plus haute région, rient de leurs folies et de leurs méprises, Qu’est-ce qui produit tant de faux jugements ?

1401. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

La Monnoye a cherché à expliquer comment un homme, après tout aussi instruit, avait pu commettre une telle balourdise, et comment il avait été conduit à prendre Moschus pour le titre d’une idylle dont L’Amour fugitif faisait partie.

1402. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Une route magnifique traversait la forêt et conduisait au couvent.

1403. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Diderot, conduit par Dutens, alla remercier le prince ; celui-ci, déjà malade de la maladie dont il mourut, était au lit, et bientôt Diderot, qu’on avait fait asseoir, ne tenant pas sur sa chaise, se mit, tout en discutant, à s’approcher du prince et à s’asseoir sur le lit.

1404. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Il ne saurait entrer dans mon plan de recommencer, après tant d’autres, l’exposé de la querelle que Rousseau fit à Hume pour le remercier de l’avoir conduit en Angleterre, de l’y avoir présenté à ses amis, de lui avoir ménagé un asile commode et riant à la campagne, et d’avoir cherché à lui obtenir une pension du jeune roi George III.

1405. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

C’est que le père de Sismondi, pendant la révolution, s’était conduit d’une manière qui avait choqué ; « il allait vendre lui-même son lait à la ville ! 

1406. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il se loue donc d’avoir gardé la juste mesure dans l’exercice des charges publiques, de s’être donné à autrui sans s’être ôté à soi-même, « sans s’être départi de soi de la largeur d’un ongle. » On ne conduit jamais mieux la chose publique que lorsqu’on se possède ainsi.

1407. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Il s’arrête au seuil, dans la ruelle qui y conduit ; il lui suffit d’y voir entrer la foule des dévots et dévotes.

1408. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Corneille, resserré comme il était par les règles de notre scène, a dû s’ingénier, trouver un expédient et prendre ses licences d’un autre côté : il a imaginé un fleuve près de son embouchure, par le besoin qu’il avait d’une marée à son service dans les vingt-quatre heures ; et ce fleuve imaginaire l’a conduit à supposer que le roi de Castille régnait à Séville sur le Guadalquivir, deux cents ans avant que cette ville fût reprise sur les Maures.

1409. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Lui-même Collé, il nous dit et redit tout cela en vingt endroits de son Journal, et comme un Gaulois d’autrefois, dans le langage le plus simple et le plus uni du monde : « Je n’avais de mes jours pensé à être auteur ; le plaisir et la gaîté m’avaient toujours conduit dans tout ce que j’avais composé dans ma jeunesse.

1410. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

De quelle façon la Dauphine dut-elle se conduire à son égard, et sur quel pied dès le premier jour ?

1411. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il y a quelque chose d’invisible, et un enchantement perpétuel et impénétrable qui conduit cette machine… Encore une fois je deviens fou, mais mon état ne fait rien au roi… » Je suis forcé de supprimer les détails et les raisons à l’appui. — Et dans une autre lettre du 10 août, Tessé indiquant les mouvements en sens divers et les incertitudes multipliées de Catinat, allait jusqu’à dire : « Le pauvre Pleneuf [le munitionnaire] fait au-delà de l’imagination ; mais les ordres changent trois fois dans un jour ; encore si le bon maréchal voulait se faire servir ou se laisser servir, patience !

1412. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

L’auteur vient de parler des vexations et des procédés brutaux qu’il eut à essuyer de la part des Prussiens dans son domaine d’Alsace, à Brumath ; cela le conduit à une réflexion fort sage : « De ces excès, dit-il, dont aucune armée n’est innocente, soit qu’ils empruntent de la main lourde et de l’intelligence lente des Autrichiens un caractère de petitesse et de détail, à la fois étouffant et solennel ; soit que la demi-civilisation du Russe leur imprime une fourberie raffinée ou une violence sauvage ; soit que le Prussien y mette sa hauteur et sa prétention ; soit enfin que la malice et la moquerie rendent insupportables les ingénieux tourments que le Français sait infliger à ses victimes, je ne veux tirer qu’une conséquence : c’est que la guerre, quelquefois si légèrement commencée, laisse aux intérêts et aux amours-propres des plaies qu’un siècle cicatrise à peine. « C’est grand pitié que de la guerre : je croy que si les sainctz du paradis y allaient, en peu de temps ils deviendraient diables », dit Claude Haton en 1 553 déjà. » 1815 vient renflammer les plaies et aggraver tous les maux.

1413. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Il se fit conduire chez moi : c’était un jour d’assemblée ; nous avions alors une escadre hollandaise en rade, commandée par l’amiral Kinsbergen, homme d’un rare mérite ; nous avions de plus un vaisseau de guerre suédois : tour, ces étrangers et plusieurs officiers de la marine française se trouvaient à l’intendance, lorsqu’on annonça l’abbé Raynal, que personne n’attendait.

1414. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Aux heures propices de liberté, il s’essayait dès lors à ce roman de son cœur. « Plusieurs fois j’étais dans les bois avant que le soleil parût ; je gravissais les sommets encore dans l’ombre, je me mouillais dans la bruyère pleine de rosée ; et, quand le soleil paraissait, je regrettais la clarté incertaine qui précède l’aurore ; j’aimais les fondrières, les vallons obscurs, les bois épais ; j’aimais les collines couvertes de bruyère ; j’aimais beaucoup les grès renversés, les rocs ruineux ; j’aimais bien plus ces sables vastes et mobiles dont nul pas d’homme ne marquait l’aride surface sillonnée çà et là par la trace inquiète de la biche ou du lièvre en fuite. » Si l’on a le droit de conclure d’Oberman à M. de Sénancour, genre de conjecture que je crois fort légitime pour les livres de cette sorte, en ne s’attachant qu’au fond du personnage et à certains détails caractéristiques, il paraît que, dans une de ses courses à travers la forêt, le jeune rêveur fut conduit, à la suite d’un chien, vers une carrière abandonnée, où un ouvrier, qui avait pendant plus de trente ans taillé des pavés près de là, n’ayant ni bien ni famille, s’était retiré, pour y vivre d’eau, de pain et de liberté, loin de l’aumône et des hôpitaux.

1415. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

J’en ferai bien mon profit, et je l’ai déjà fait pour le plus important ; j’ai retranché toute la partie champêtre, et j’ai abordé tout de suite la Cavalcanti : de cette manière, le conte se passe tout entier dans ce monde de fantaisie où je l’avais conduit maladroitement.

1416. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Aux hommes vraiment politiques, à ceux qui auraient gardé quelque chose du grand art de conduire et de gouverner les autres, il serait par trop simple et peut-être injuste de demander l’exacte moralité du particulier : ils ont la leur aussi, réglée sur la grandeur et l’utilité de l’ensemble ; mais à tous ceux qui prétendent encore à ce titre d’hommes politiques, ne fussent-ils toute leur vie que des hommes d’opposition, on a droit de demander du sérieux, et c’est là le côté faible, qui saute aux yeux d’abord, dans la considération du rôle de Benjamin Constant : une trop grande moitié y parodiait l’autre.

1417. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Le François, né malin, forma le vaudeville, Agréable indiscret, qui, conduit parle chant, Passe de bouche en bouche et s’accroît en marchant.

1418. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Commençons par examiner quels sont ces moyens, et nous serons conduits naturellement à quelques aperçus sur les ressources nouvelles qui peuvent encore se découvrir.

1419. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Une multitude de femmes et d’enfants de l’âge le plus tendre franchissent les lignes des brigades, et, d’un autre côté, des troupeaux de chiens conduits dans le pays libre, après y avoir été enfermés quelque temps sans aucune nourriture, sont chargés de sel, que, pressés par la faim, ils rapportent promptement chez leurs maîtres. » — Vers ce métier si lucratif, les vagabonds, les désespérés, les affamés accourent de loin comme une meute. « Toute la lisière de Bretagne n’est peuplée que d’émigrants, la plupart proscrits de leur patrie, et qui, après un an de domicile, jouissent de tous les privilèges bretons : leur unique occupation se borne à faire des amas de sel pour les revendre aux faux sauniers. » On aperçoit comme dans un éclair d’orage ce long cordon de nomades inquiets, nocturnes et traqués, toute une population mâle et femelle de rôdeurs sauvages, habitués aux coups de main, endurcis aux intempéries, déguenillés, « presque tous attaqués d’une gale opiniâtre », et j’en trouve de pareils aux environs de Morlaix, de Lorient et des autres ports, sur les frontières des autres provinces et sur les frontières du royaume.

1420. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Robine vient trouver Fleuse ; il est conduit par sa petite fille, Louise de la Ronce-Fleurie, une enfant sage, naïve et droite, et qui vénère son grand-oncle le berger.

1421. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

C’est un ancien projet d’histoire de France qui l’avait conduit à écrire l’histoire de Rome et l’histoire de la Grèce.

1422. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

L’idée particulière n’embrasse que le relatif, ce qui est éternel lui échappe ; elle ne peut s’envelopper de songe, elle ne nous conduit pas au-delà de nous-mêmes et rapetisse l’œuvre d’art à une réalité immédiate et tangible, lorsque la fonction même de cette œuvre est de nous suggérer l’infini.

1423. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Si nous voulons condenser dans une dernière et brève formule les principes auxquels nous a conduits une patiente analyse, nous dirons : Sensations, sentiments, idées, tendances, aspirations idéales sont le fond vivant de toute œuvre littéraire.

1424. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

De nos jours, dit-il, le consensus entre les sciences est devenu tel, qu’il n’y a guère de découverte considérable dans un ordre de faits, qui ne conduise bientôt à des découvertes importantes dans les autres.

1425. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Le second acte nous conduit chez M. 

1426. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

» Le second acte, qui nous conduit dans les salons de madame de Simerose, débute par une de ces esquisses de la vie mondaine que M. 

1427. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Sa mère, un jour, l’avait conduit au spectacle ; il n’y avait qu’une seule loge vacante, et elle s’y mit.

1428. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Le siècle s’ennuyait à la fin d’être contenu par elle et conduit à la lisière, il voulait parler de tout à haute voix et à cœur joie.

1429. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Car un tel don est difficile à ménager et à conduire avec prudence, avec discrétion, et en n’en abusant jamais.

1430. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Pourtant de tels discoureurs, quand ils sont comme lui imbus de leur sujet, pénétrés d’un vif sentiment de l’art et des choses dont ils parlent, sont utiles en même temps qu’intéressants : ils vous conduisent, ils vous font faire attention, et tandis qu’on les suit, qu’on les écoute, qu’on en prend avec eux et qu’on en laisse, le sens de la forme et de la couleur, si l’on en est doué, s’éveille en nous, se fait et s’aiguise : on devient insensiblement bon juge à son tour et connaisseur, par des raisons secrètes qu’on ne saurait dire et que la parole n’atteint pas.

1431. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Lisez tout ce portrait, suivez cette conversation du Cydias-Fontenelle que La Bruyère nous fait si bien voir tel qu’il était alors dans la société, avec ce premier vernis de la jeunesse et dans tout le lustre de son apprêt naturel, déjà lui-même au complet pour la patience et l’accent, nullement pressé de parler et d’interrompre, attendant paisiblement que chacun ait jeté son feu, puis débitant gracieusement alors, et avec un demi-sourire, des contradictions et des paradoxes que La Bruyère estime des impertinences, qui pourraient bien être souvent des vérités, ou du moins qui pourraient y conduire, ce que La Bruyère ne dit pas.

1432. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Étranger, par ma position et mon caractère, aux grands événements qui ont agité le monde, mes amitiés et le désir de voir m’ont conduit dans divers pays, et, partout où je me suis trouvé, j’ai joué et fait jouer des proverbes.

1433. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Buffon, en causant, n’aimait ni les contradictions ni les interruptions ; il se taisait et gardait le silence à la première objection qu’on lui faisait : « Je ne puis me résoudre, disait-il, à continuer la conversation avec un homme qui se croit permis, en pensant à une chose pour la première fois, de contredire quelqu’un qui s’en est occupé toute sa vie. » Cela le conduisait à avoir des familiers et des admirateurs à domicile, qui ne le contredisaient jamais ; il les supportait aisément.

1434. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

À peine admis à l’Académie française, il avait songé aux moyens de corriger et d’améliorer le Dictionnaire, et cette pensée le porta à s’occuper des origines de la langue ; c’est ainsi qu’il fut insensiblement conduit à rechercher ce qui restait des anciens troubadours, et bientôt, l’horizon s’étendant devant lui, il découvrit tout un monde.

1435. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Un jour elle conduisait le jeune roi au Parlement (septembre 1645) : Elle mit des pendants d’oreilles de gros diamants, mêlés avec des perles en poire fort grosses.

1436. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Il alla, conduit par son père, passer à Metz son examen sous Laplace, dont la mine triste, froide et sévère lui imposa tant au premier abord, qu’il resta court, sans pouvoir dire son nom.

1437. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Mais, quels que soient les motifs qui m’ont conduit, je n’ai point traversé cette Voie douloureuse sans éprouver une vive émotion et sans m’élever à de religieuses pensées.

1438. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Tous deux croient à un conseil souverain dans les choses humaines ; mais Bossuet met ce conseil en Dieu et dans la Providence, qui a son secret et son but : Montesquieu le met ailleurs : Ce n’est pas, dit-il, la fortune qui domine le monde ; on peut le demander aux Romains, qui eurent une suite continuelle de prospérités quand ils se gouvernèrent sur un certain plan, et une suite non interrompue de revers lorsqu’ils se conduisirent sur un autre.

1439. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

La reine n’avait aucune vue suivie et se laissait conduire tantôt à l’un, tantôt à l’autre de ses ministres, selon qu’il lui semblait s’être bien ou mal trouvée du dernier conseil : ce qui est, remarque-t-il, la pire chose en politique, où il n’est rien de tel pour conserver sa réputation, affermir ses amis et effrayer les adversaires, que l’unité d’un même esprit et la suite des mêmes desseins et moyens.

1440. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

On était au fort des querelles entre le Parlement et la Cour : trente ans plus tard, des différends du même genre conduisaient à la Révolution de 89.

1441. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

» — Un jour, au coin d’une rue, heurté par un cavalier maladroit, Arnault se retourne et parle haut ; une altercation s’ensuit ; les passants regardent, et le cavalier, se piquant d’honneur, lui dit en lui présentant sa carte : « Au reste, voilà mon adresse. » — « Votre adresse, reprend Arnault, gardez-la pour conduire votre cheval. » Et chacun de rire.

1442. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Cependant cette belle organisation porte un germe morbide : Bazarof réfléchit trop constamment ; ce travail d’introspection psychologique le conduit à des idées dangereuses, telles, que si son âme s’en laissait pénétrer, l’action et la vie lui deviendraient impossibles.

1443. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Cet absolu amour pour, les forts qui seul eût conduit M. 

1444. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Une composition bien ordonnée n’aura jamais qu’une seule vraie, unique ligne de liaison ; et cette ligne conduira et celui qui la regarde et celui qui tente de la décrire.

1445. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Or, comment se conduisit le héros de Hurter dans la question d’où devait sortir la gloire de son règne et sur laquelle, à ce qu’il semble, l’intérêt de l’Église était si éclatant qu’il n’était pas besoin d’être un aigle pour voir des choses d’une telle lumière ?

1446. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Ernest Renan est un de ceux qu’elle a conduits à tout de cette manière.

1447. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Telles sont, brièvement résumées, les conclusions auxquelles me conduit un examen impartial des faits connus.

1448. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Si je dis de quelqu’un qu’il s’est conduit avec, ou par, ou sans, ces prépositions font attendre leur complément ; au lieu que si je dis, il s’est conduit prudemment, &c. l’esprit n’a plus de question nécessaire à faire par rapport à prudemment : je puis bien à la vérité demander en quoi a consisté cette prudence ; mais ce n’est plus là le sens nécessaire & grammatical. […] Les langues se sont formées par un usage conduit par le sentiment, & non par une méthode éclairée & raisonnée.

1449. (1902) Propos littéraires. Première série

Et bien conduit aussi, depuis la première ascension, à pied, le guide portant la valise, à travers les châtaigniers élégants, puis les sapins tragiques ; jusqu’à la dernière page, où l’on entend siffler la machine du funiculaire. […] Et ainsi s’est faite, peu à peu, cette évolution tragique et douloureuse qui l’a conduit d’un pôle à l’autre. […] Je m’arrête à celui-ci parce que c’est un les meilleurs que Gyp ait publiés depuis longtemps, un des plus réfléchis, des plus concentrés et des mieux conduits. […] Seulement on ne s’en aperçoit pas tout de suite Le lecteur lui-même ne s’en aperçoit pas tout de suite, et à cet égard le roman est conduit à merveille pour un effet d’inquiétude, de doute, de soupçon, puis de vérité qui se fait jour, s’accuse et enfin éclate. […] Il n’admet pas que Marsh monte en voiture sans conduire ; que Marsh ait un yacht et y monte sans y commander et diriger la marche ; que Marsh ait une villa qu’il n’ait pas fait bâtir, ou qu’il n’ait pas démolie pour la reconstruire.

1450. (1802) Études sur Molière pp. -355

Don Rodrigue, roi de Valence, voit Delmire, sœur de don Pèdre, roi d’Aragon, en devient épris, la demande en mariage, et ne l’obtenant pas, il l’enlève, la conduit dans son palais, où elle est traitée avec tout le respect dû à son rang et à son sexe ; la princesse devient sensible, mais elle craint l’excessive jalousie de son amant. […] et les mères, accoutumées à conduire leurs filles au spectacle, reconnaissent-elles l’Isabelle de Molière, cette jeune personne honnête, intéressante, que la crainte d’être à jamais malheureuse force à une démarche qu’elle se reproche ? […] les étranges animaux à conduire que des comédiens ! […] Or, Tartuffe a calomnié son bienfaiteur auprès du roi ; il pousse l’infamie jusqu’à conduire l’exempt qui doit arrêter Orgon ; ce monstre a réduit au désespoir toute une famille, dont les cœurs sensibles partagent les alarmes : mais l’exempt parle ; soudain le crime est puni, la vertu récompensée, et le spectateur satisfait55. […] Ce n’est pas pour rien que Molière, toujours profond, toujours juste, disait à ses amis les plus intimes : « Si Les Femmes savantes ne me conduisent pas à l’immortalité, je n’y parviendrai jamais. » Lisez la pièce de Molière.

1451. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

À un certain jour de l’année les pâtres et les gardeuses de troupeaux du voisinage se rassemblaient sur la pelouse attenante à la source… Les servantes de la famille, dit Goethe, avaient l’habitude de m’y conduire. » Cela ne vous paraît rien maintenant que cette fontaine ? […] … Robert donna la permission d’une voix mourante, et pour échapper aux pensées critiques qui vinrent aussitôt l’assaillir, il absorba son esprit dans la contemplation du beau visage qu’il avait devant lui. » Où peut conduire cependant le goût de l’esthétique ! […] Mais une doctrine théologique est une âpre maîtresse, et l’on a vu de tout temps le zèle de ce qu’ils prennent pour l’orthodoxie conduire un peu bien loin les meilleurs et les plus éclairés. […] Après mille escapades et mille aventures, qui l’ont conduit de Hambourg à New York, et de New York dans les solitudes de l’Amérique du Sud, placé par son père chez M.  […] Son favori Antoine n’est là que pour nous servir de guide et nous conduire tour à tour chez le marchand, le soldat, le noble des villes, le châtelain et le juif.

1452. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Cependant, si méthodique et si féconde que soit l’induction moderne, jamais elle ne pourra, sans dépasser l’expérience, nous conduire à de véritables lois. […] De même, dit-il, il convient de continuer à se servir d’une théorie qui a permis de grouper un nombre incalculable de faits et qui chaque jour conduit à en découvrir de nouveaux. […] Les lois psychologiques (Suite et fin) Après avoir passé en revue, dans la dernière leçon, les diverses méthodes relatives à la détermination des lois psychologiques, il nous reste à apprécier aujourd’hui les résultats auxquels ces méthodes peuvent conduire. […] Ainsi, en chimie, l’hypothèse des atomes conduit à des conséquences que l’on peut, par des expériences précises, confronter avec les faits.

1453. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Mais l’ayant d’abord seule examinée, l’abstraction que j’ai faite m’a conduit à chercher les conditions spéciales de cette comédie grecque si distincte de la nôtre, et je n’ai appris à l’admirer qu’en les trouvant. […] — Mes acteurs seront conduits par des oiseaux, et d’autres seront oiseaux eux-mêmes. — Quoi, vous poussez le délire jusqu’à faire parler des bêtes sur la scène ? […] En effet Plutus est conduit par eux chez Esculape, dont l’art doit lui dessiller les yeux : on espère que, devenu clairvoyant, il refusera ses faveurs aux méchants et ne les dispensera qu’aux bons. […] Nul fait principal, nulle scène attachée à celle qui la suit, nul personnage agissant, nulle exposition qui produise un nœud, nul intérêt qui conduise à un dénouement : des dialogues sans suite et aucun caractère continu : cette galerie de portraits ne forme pas un tableau composé, tel que le genre l’exige. […] En ceci, les richesses du théâtre français nous donnent sujet de nous enorgueillir d’avoir conduit l’art à son perfectionnement par la politesse de nos mœurs et de notre bon goût.

1454. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Diderot est arrêté le 29 juillet et conduit au donjon de Vincennes. […] La maréchale, madame de Boufflers, madame de Mirepoix qui se trouvent là, l’embrassent en pleurant, et le bon maréchal le conduit lui-même jusqu’à une chaise de poste déjà prête. […] Il se conduisit en fort honnête homme. […] Et c’est ainsi qu’il a conduit ses personnages dans une impasse… Arrivé à ce point, il ne sait décidément plus que faire d’eux. […] Que si quelqu’un, après avoir reconnu publiquement ces mêmes dogmes, se conduit comme ne les croyant pas (formule terriblement ambiguë et inquisitoriale), qu’il soit puni de mort ; il a commis le plus grand des crimes, il a menti devant les lois.

1455. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il démontrait à Jouffroy que Jouffroy s’était mal conduit dans telle circonstance, et il goûtait une joie de supériorité ; il laissait entendre ceci : « Ai-je jamais, moi, fait chose semblable ?  […] « La vérité, nous n’y sommes pas ; mais nous y aspirons sans cesse, et s’il existe un chemin pour nous y conduire, c’est l’analyse désintéressée et l’examen courageux du pour et du contre. […] Il faut se faire à cela et ne pas trouver mauvais un cocher qui est capable de vous conduire ailleurs qu’à Vaugirard. […] C’est ainsi préparé, — et si ce troisième acte est plein d’invraisemblance et d’outrances, il faut convenir qu’il n’est pas mal conduit du tout, — c’est ainsi préparé, que M.  […] Racine s’excuse d’avoir parlé d’amour en assurant que ce n’est que pour montrer les tristes égarements où il peut conduire.

1456. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

* Le père qui, au temps où nous vivons, voit son fils occuper librement sa jeunesse d’un travail honnête, quel qu’il soit, n’a que faire de s’inquiéter de le conduire. […] Ce n’est pas seulement la lecture des bons modèles, — vous l’avez immense et incessante ; — une vaste mémoire, — Mnémosyne elle-même vous l’a soufflée au berceau ; — une facilité naturelle et acquise, — nul ne vous y surpasse ; c’est encore et surtout la force d’esprit qui conçoit un sujet, la méditation qui le féconde, l’ordre lumineux qui le range dans la tête de l’orateur, la connaissance des ressorts par lesquels on conduit les âmes aux fins les plus opposées, une logique si serrée qu’on la prend pour la raison elle-même, la faculté de ressentir la passion des autres et de leur inspirer la sienne ; quelque chose enfin d’invisible qui aiguillonne et emporte l’orateur, comme le dieu harcelant de son fouet les chevaux d’Hippolyte. […] C’est peut-être conduire habilement sa réputation viagère ; mais ce n’est pas ainsi qu’on fait œuvre qui dure. […] Aller s’incliner devant un auteur dont on ne connaît guère que le nom, le louer de son mérite qu’on ignore, s’évertuer à lui dire des choses agréables et vaines, dont il n’est pas dupe, enfin conduire sa langue entre deux sortes d’indiscrétions également irrésistibles, celle de se vanter modestement, et celle de ne pas dire du bien de ses concurrents, c’est là une triste nécessité. […] Sur les talents politiques de ceux qui ont préparé, organisé, conduit l’invasion, je ne me refuse pas aux apaisements du temps.

1457. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Celui-ci plus attentif au succès a toujours pris la route la plus sûre pour réüssir, sans s’embarasser que ce fût la même ; au lieu que l’autre plus fidele au caractere de ses sujets, s’est laissé conduire au vrai et aux convenances, aux risques d’en plaire moins. […] Il y a toûjours parmi les spectateurs une jeunesse indiscrete, très-disposée par sa corruption même à saisir ces endroits malheureux ; et alors la situation la plus touchante n’est pas à l’abri d’un rire scandaleux qui, s’il n’entraîne pas les gens sensés, arrête du moins leur plaisir, déconcerte l’acteur, détruit pour quelque tems l’illusion de spectacle, et anéantit par conséquent l’impression qu’elle devroit faire. à la premiere représentation des Machabées, quand Antiochus dit ces deux vers, en faisant arrêter Antigone et Misaël : gardes, conduisez-les dans cet appartement ; et qu’ils y soient tous deux gardés séparément. […] Tatius entre dans Rome avec ses troupes ; Romulus défend long-tems le pont ; les soldats se rassemblent et viennent à son secours ; le combat s’échauffe, Tatius est fait prisonnier et conduit dans le palais de Romulus ; Proculus lui facilite le retour dans son camp, nouvelle bataille ; les sabines, portant leurs enfans sur leur sein, se jettent entre les deux armées ; Tatius propose un duel, on en jure les conditions, Hersilie accorde les deux rois ; enfin Romulus offre un sacrifice dans le bois de Mars, où son propre courage et celui de Tatius le sauvent des assassins, et ils reviennent tous deux punir le grand prêtre, et calmer une révolte. […] D’attendrissement en attendrissement, vous la pouvez conduire jusqu’aux larmes : mais si vous tardez trop à exciter les premieres émotions, vous n’aurez peut-être pas le tems d’arriver aux grands effets. […] Le dialogue est proprement l’art de conduire l’action par les discours des personnages, tellement que chacun d’eux dise précisément ce qu’il doit dire, où il le doit dire, et comme il le doit dire ; que celui qui parle le premier dans une scene, l’entame par les choses que la passion et l’intérêt doivent offrir le plus naturellement à son esprit ; et que les autres acteurs lui répondent ou l’interrompent à propos, selon leur convenance particuliere.

1458. (1914) Une année de critique

Tout au plus a-t-il pu faire naître quelques passions fausses… L’amour n’obéit pas aux écrivains ; ils l’ont d’action que sur l’expression de l’amour ; et il est vrai qu’exprimer des sentiments excessifs conduit souvent à croire qu’on les éprouve : on ne les éprouve pas pour cela. […] L’amour l’a conduit à un état d’exaltation et pour lui, bientôt, cette exaltation a plus de prix que l’amour. […] Henry Bidou indique très heureusement, cette littérature le conduit d’un idéalisme exaspéré à des vues réalistes sur la vie. […] L’étonnement produit l’admiration, et l’admiration conduit à la crédulité. […] Le Dieu qui conduisit Homais à Pathmos peut bien, quand il lui plaît, faire de Bouvard un styliste, et départir une étincelle de génie à l’humble Pécuchet.

1459. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Ce que nous venons de dire de l’orthographe, nous conduit à parler des étymologies. […] Cette comparaison, tirée de la musique, conduit à une autre idée qui ne paraît pas moins juste. […] Ainsi, pour réussir après lui, s’il est possible, dans cette carrière épineuse, il faut nécessairement prendre un ton qui ne soit pas le sien ; il faut de plus, ce qui n’est pas le moins difficile, accoutumer le public à ce ton, et lui persuader qu’on peut être digne de lui plaire en se frayant une route différente de celle par laquelle il a coutume d’être conduit : car malheureusement le public, semblable aux critiques subalternes, juge d’abord un peu trop par imitation ; il demande des choses nouvelles, et se révolte quand on lui en présente.

1460. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il y avait dans Montesquieu une partie d’art à laquelle d’Argenson était peu sensible : il était fort choqué au contraire des conjectures hasardées et trop générales, des raisonnements incomplets et qui n’allaient pas jusqu’au bout ; il ne tenait pas assez compte de l’élément historique que Montesquieu respectait en toute rencontre et mettait en relief avec tant d’éclat ; ce qui l’a conduit à dire, après une seconde lecture du livre des Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains : Septembre 1754. — Lu pour la seconde fois.

1461. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Il fallut tout le génie de Henri IV, sa constance, son habileté militaire et autre, son charme personnel, son bon sens armé de gentillesse, d’esprit et d’adresse, pour triompher de tant de difficultés, de tant de cupidités misérables, pour les briser ou les adoucir, en avoir raison, les faire tourner à bonne fin, sachant, à travers cela, conduire sa conversion à maturité, sans soupçon de lâcheté et sans bassesse.

1462. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

je vois le moment où tout cela vous sera compté à plus grand honneur que si vous aviez mieux conduit votre talent et mis en œuvre tout votre généreux esprit ; et nos neveux diront en vous lisant : « Tant pis pour nous, là où nous ne saisissons pas !

1463. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Pour décorer la société, il a été résolu de faire celui-ci de l’Académie française… On a exigé de Mme de Pompadour qu’elle remit la nomination de Piron à une autre fois, et la marquise a conduit ceci avec beaucoup de finesse, ne se tenant que derrière le rideau, ce qui a pleinement réussi jeudi.

1464. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Une petite brise nous conduit droit dans notre route, et l’espoir nous revient.

1465. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Je me suis embarqué dans une étude sérieuse qui, évidemment, m’a conduit plus loin que je n’avais d’abord pensé.

1466. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

S’étant engagé dans un escalier obscur qui conduisait au jardin, lieu du rendez-vous, il fit une chute et se blessa grièvement à la tête (19 avril 1562).

1467. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Et ce sont ensuite des amours d’enfant, des paysages riants et doux, un chemin qui serpente en ruban dans le vallon, un sentier le long de la haie et du ruisseau, et qu’on préfère à tous les autres tout pareils et où il y a également une haie, une source et des fleurs, parce qu’il conduit directement à la petite grille du parc et qu’il s’y rattache un tendre souvenir.

1468. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Ce genre de travail et d’inventaire l’a conduit à nous tracer un tableau de la vie privée de la noblesse féodale en ces âges où les mœurs, dans les hautes classes et les classes aisées, cessèrent d’être barbares dès le XIIIe siècle et devinrent même assez raffinées au XIVe.

1469. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Jamais général n’a moins cru à son étoile que Catinat ; mais l’étoile du roi, il y croit encore ; il a besoin d’y croire, car il va risquer un grand coup, et elle va en effet le conduire à sa plus belle et sa plus glorieuse journée.

1470. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

On s’est conduit, à l’égard de ces poètes naufragés et coulés, comme dans un sauvetage : ç’a été à qui repêcherait son homme.

1471. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard s’autorise, à cet endroit, du témoignage de M. de Gérando, qui avait conduit Mme de Krüdner à Saint-Lazare, et il me réprimande doucement du sourire que j’ai mêlé à mon éloge ; mais cette critique, qu’il le sache bien, ce n’est pas moi qui l’ai faite : c’est M. de Gérando lui-même, qui, interrogé par moi, me répondit en ce sens.

1472. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Le poëte suppose que le jeune Télémaque, fils d’Ulysse et de Pénélope, conduit par la Sagesse sous la forme d’un vieillard nommé Mentor, navigue sur toutes les mers de l’Orient à la recherche d’Ulysse, son père, que la colère des dieux repousse pendant dix ans de la petite île d’Ithaque, son royaume.

1473. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Le fait est considérable, et ce premier apport de l’Espagne ne pouvait être passé sous silence : car Amadis ne fut pas seulement au temps de François Ier et de Henri II le code des belles manières et de l’honneur mondain, il ranima le roman idéaliste, et devint le point de départ d’une évolution qui nous conduit, par d’Urfé et Mlle de Scudéry, jusqu’à George Sand et à Feuillet.

1474. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

C’est là que conduisait le rationalisme cartésien, qui, traitant scientifiquement la poésie, devait méconnaître la nature et la valeur de la forme poétique : n’y voyant que les signes des idées, il n’y exige que la clarté et la justesse, il la réduit à un système d’abstractions.

1475. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Mais tandis que le mathématicien convertit ses formules sous nos yeux, et nous conduit à sa conclusion par une suite de propositions constamment évidentes, Voltaire supprime les intermédiaires ; il substitue brusquement la vérité connue à la proposition non démontrée, l’absurdité sensible à la proposition non réfutée ; et il nous laisse le soin de saisir l’équivalence des termes de chaque couple.

1476. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Au commencement de la bataille, « tous les escadrons sont sur une seule ligne ; Gassion en conduit sept et prend à droite, Anguien à gauche, un peu en arrière avec huit ».

1477. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Lorsque tous les deux l’ont assuré que Virginia est venue ouvrir la porte à Fabio qui est entré et qui est resté trois heures avec elle et en est sorti après, conduit par elle-même, Flaminio leur dit qu’ils en ont menti tous les deux, qu’il a passé la nuit tout entière en conversation avec Virginia, qui est venue lui parlera la fenêtre grillée à côté de la grande porte de la maison ; qu’elle ne l’a pas quitté un moment, toujours déclamant contre Fabio qui la déshonore si indignement.

1478. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

L’esprit français s’attachant ainsi à l’esprit ancien, c’est Dante conduit par Virgile, son doux maître, dans les cercles mystérieux de la Divine Comédie.

1479. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Oui, nous voulons bien en convenir avec les admirateurs de la Henriade, le poème, pour parler comme Frédéric II, est conduit « avec toute la sagesse imaginable » ; les épisodes y sont dans leur lieu ; le songe de Henri IV, au septième chant, « est plus vraisemblable qu’une descente aux enfers imitée d’Homère et de Virgile » ; la Politique, l’Amour, la Vraie Religion, les Vertus et les Vices « sont des allégories nouvelles » ; nous accordons à Marmontel que les personnages sont amenés avec art, soutenus avec sagesse, qu’ils ne se démentent pas plus que ceux du Clovis de Desmarets ; que la Henriade n’a pas l’enflure de la Pharsale ; que toutes les règles y sont observées, et, sur ce point, nous donnerons volontiers acte à Voltaire d’avoir respecté l’épopée plus qu’aucune autre autorité au monde.

1480. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

En réfléchissant à ce dernier exemple, nous sommes conduits à subdiviser notre second échelon, et au lieu de dire : 2° L’éclipse a eu lieu à neuf heures, nous dirons : 2° a.

1481. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

On peut employer deux méthodes de démonstration : partir des faits particuliers, en accumuler un grand nombre et voir à quelle vérité générale ils aboutissent ; ou bien supposer établie cette vérité, la prendre elle-même pour point de départ et voir si elle conduit, par voie de conséquences, à des faits prévus qui la confirment.

1482. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Quand ils meurent sur le champ de bataille, loin des secours de la religion, ils communient, faute d’hostie, avec trois brins d’herbe mis en croix ; moyennant quoi ils vont tout droit en paradis, conduits par les anges qui sont descendus tout exprès du ciel pour chercher leurs âmes.

1483. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Je viens donc me mettre à votre disposition pour vous donner les preuves irréfutables que c’est avec mes seuls deniers que j’ai conduit l’entreprise qui vient d’avoir une issue si néfaste pour moi, et que personne, soit d’Allemagne, soit de France ou d’ailleurs, même parmi mes coreligionnaires artistiques ou mes amis les plus proches, n’a eu un intérêt pécuniaire quelconque ni apporté d’argent dans mon entreprise.

1484. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Il a l’âme d’un ange et la tenue d’un rapin de soixante-cinquième ordre en goguette ; il se conduit comme un héros et il se présente comme un bohémien.

1485. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Huet, que trop de savoir conduisait, comme il arrive souvent, à moins admirer, tout en reconnaissant dans ce passage le sublime de la chose racontée, se refusait à y voir, pour l’expression et même pour la pensée, rien de plus qu’une manière de dire, une tournure habituelle et presque nécessaire aux langues orientales, avec lesquelles il était si familier.

1486. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Ce double berceau conduit à deux chambres ou cabinets d’été tout au bout du jardin.

1487. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

En parlant, il y a quelque temps, de Mme d’Épinay, j’ai été conduit vers l’abbé Galiani, avec qui cette dame entretint une correspondance pendant les douze dernières années de sa vie.

1488. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Ceci nous conduit à l’examen d’une question qui a été déjà traitée, et à laquelle le nom de Mme de Caylus s’est trouvé mêlé dès l’origine.

1489. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

On a remarqué qu’il y a de curieux développements et des jeux d’esprit à la Sénèque : par exemple, l’endroit du quatrième acte où Antoine désespéré s’attache à se démontrer à lui-même qu’il a donné raison après coup à toutes les philippiques de Cicéron, et qu’il s’est conduit de telle sorte que les invectives de ce grand ennemi sembleront désormais les propos d’un flatteur : Flatteur !

1490. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

L’abbé de Choisy nous conduit assez naturellement à Mme de La Vallière par le gracieux portrait qu’il a tracé d’elle et que nous avons cité.

1491. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Hégésippe Moreau, né à Paris en avril 1810, était fils d’un homme qui devint professeur au collège de Provins, et il fut conduit, tout enfant, dans cette ville.

1492. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

C’était Sénac de Meilhan qui avait ménagé ce dîner et qui y conduisait le lion : En voyant entrer Mirabeau (nous dit M. de Bacourt d’après des notes précises), M. de La Marck fut frappé de son extérieur.

1493. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Dans la polémique, fort de sa conscience et de la droiture de ses intentions, il passe les bornes, et il s’en doute un peu, comme lorsqu’il dit, par exemple, à propos de sa réfutation de Bacon : « Je ne sais comment je me suis trouvé conduit à lutter mortellement avec le feu chancelier Bacon.

1494. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Ce ne sont pas toujours les fautes qui nous perdent, c’est la manière de se conduire après les avoir faites.

1495. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Mais son organisation, même dans sa fougue, ne se laissa jamais détourner du travail opiniâtre qui devait le conduire au but : Cet auteur est une preuve, a dit La Harpe (son rival), de ce que peut le travail obstiné et la force des organes… Il était né avec de l’esprit, et, se levant tous les jours à cinq heures du matin, étudiant jusqu’au soir, il avait acquis des connaissances littéraires.

1496. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

En théorie poétique, il n’a été qu’un demi-novateur, il a eu des velléités de romantisme, si l’on peut dire, mais sans prévoir où cela le conduisait.

1497. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il fait bien sentir à quel point les hommes se conduisent plus d’après leurs passions que par leurs idées, et il en donne un piquant exemple en action et en apologue : On dit à Voltaire dans les champs Élysées : Vous vouliez donc que les hommes fussent égaux ?

1498. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

À huit heures, je suis chez Mme Daudet, que je prends, et que je conduis à sa baignoire.

1499. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre I En 1784, Bonaparte avait quinze ans ; il arriva de Brienne à l’École militaire de Paris, conduit, lui quatrième, par un religieux minime ; il monta cent soixante-treize marches, portant sa petite valise, et parvint, sous les combles, à la chambre de caserne qu’il devait habiter.

1500. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Ce livre conduit à l’athéisme, que je déteste.

1501. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Il pensoit même qu’un excès de délicatesse & le caprice peut-être, avoit quelquefois conduit la plume de l’Académicien.

1502. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

* *   * Cette observation sur nature m’a conduit à faire — sur ce qu’on appelle les types nationaux, — une théorie excessivement remarquable, où je démontre clairement que les Allemands ne sont pas plus blonds que les Espagnols, — que les Espagnols n’ont pas l’œil plus vif que les Anglais, — et que les Anglais n’ont pas l’air plus distingué que les Français.

1503. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Il en est de l’orateur comme du musicien, à qui le génie seul inspire le chant, mais que l’oreille et l’art conduisent dans l’enchaînement des modulations.

1504. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Hugo, l’Immortel de volonté poétique sur la tombe de la poésie morte, — personne n’a conduit la langue française et la langue poétique aussi loin que M. 

1505. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Je rêve de la Terreur ; j’assiste à des scènes de massacre, je comparais devant le tribunal révolutionnaire, je vois Robespierre, Marat, Fouquier-Tinville… ; je discute avec eux ; je suis jugé, condamné à mort, conduit en charrette sur la place de la Révolution ; je monte sur l’échafaud l’exécuteur me lie sur la planche fatale, il la fait basculer, le couperet tombe je sens ma tête se séparer de mon tronc, je m’éveille en proie à la plus vive angoisse, et je me sens sur le cou la flèche de mon lit qui s’était subitement détachée, et était tombée sur mes vertèbres cervicales, à la façon du couteau d’une guillotine.

1506. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Aux Mariannes, il y a un paradis et un enfer ; la mort violente conduit en enfer, la mort naturelle conduit en paradis : ces peuples étaient de toute éternité voués à l’esclavage. […] C’est l’excès d’activité, bien plus que la torpeur, qui a conduit au dépérissement beaucoup de civilisations asiatiques. […] Il ne l’a ramassé sur aucun champ de bataille, il ne l’a ni chipé ni conquis : il l’a sorti de son derrière, et quand il le déploie, ce n’est pas pour conduire des ombres à l’assaut de vaines entités. […] » Seulement, cela conduit au nirvana, — et au surmoulage. […] Il faut être heureux, et c’est l’obéissance qui conduit par la main les hommes vers le bonheur.

1507. (1900) La culture des idées

Ce besoin de mettre où il n’en faut pas de l’art et du beau langage le conduisit à adopter un style moyen, propre à rehausser tous les sujets vulgaires et à humilier tous les autres. […] Vouloir expliquer pourquoi il ne naquit aucun poète en France, que Delille30 ou Chénier, pendant cent ans, cela conduirait nécessairement à expliquer aussi pourquoi naquirent Ronsard, Théophile ou Racine. […] Le peuple a une certaine conscience de son incapacité à se conduire et il est assez probable qu’il accepterait avec plaisir, en même temps qu’une loi qui l’empêcherait de se soûler, une loi qui le protégerait contre la syphilis. […] Il est affreux de conduire chez le boulanger la triste créature qui tend la main ; la voilà l’insulte, et impardonnable, l’insulte d’une charité méprisante qui limite le besoin pour limiter le don. […] Voyez dans un rêve de Maury (Le Sommeil et les Rêves le mot jardin menant le rêveur en Perse, puis à une lecture de l’Âne mort (Jardin, Chardin, Janin) ; et, dans cet autre, la syllabe lo conduisait l’esprit de kilomètre à loto, par Gilolo, lobélia, Lopez.

1508. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

A s’y laisser conduire quand il est aux prises avec le réel, il méconnaît la nature même de la matière sur laquelle il travaille ; car la réalité n’est pas rationnelle et se moque de l’ouvrier maladroit. […] On peut lire deux à trois cents pages de lui, et le prendre pour un athée ; on peut même le posséder en entier, et être un peu trop frappé de ce qui, dans son œuvre, conduirait à une conclusion athéistique, s’il était dit par un autre. […] Elle touche du doigt, en sa source même, la présomption qui a conduit la Constituante à confondre en elle tous les pouvoirs, au risque de les exercer tous pour la ruine publique. […] Ils ont voulu la liberté absolue des cultes, ce qui conduisait nécessairement, en un temps donné, à l’absolue liberté de la pensée. […] De ce qu’ils sont assez lucides pour se condamner, on conclut toujours qu’ils sont assez forts pour se conduire.

1509. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

De Philadelphie, une diligence le conduit à New-York. […] Oui, tout est chance, hasard, fatalité dans ce monde, la réputation, l’honneur, la richesse, la vertu même : et comment croire qu’un Dieu intelligent nous conduit ? […] Il conduit les deux jeunes gens dans son ermitage. […] Une fois on le conduit chez madame Récamier. […] Il menait sur de méchants bateaux une vie héroïque et folle d’audace ; mais le 20 janvier 1809 il fut arrêté, conduit à Paris, à la prison de la Force, puis condamné à mort.

1510. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Quand madame de Girardin, qui était alors Delphine Gay, parut dans le monde de la Restauration, — c’était vers 1821, et elle avait dix-sept ans, — sa mère la conduisait par la main. […] Il est mort chargé d’ans et d’honneurs, après une carrière d’une prospérité si constante qu’on a pu la dire exempte de revers, et qui le conduisit, d’échelon en échelon, vers l’âge de quatre-vingts ans, au poste de chancelier de la Grande-Bretagne. […] La façon dont il a déclaré récemment la guerre aux compagnies de chemins de fer dans le Constitutionnel, et la vigueur avec laquelle il conduit les hostilités, n’indiquent aucun désir de se dérober, le cas échéant, aux gloires du triomphe. […] Il est des peuples qui de nos jours en ont fait leur pain quotidien — le peuple de Vienne, par exemple : où l’a-t-elle conduit ? […] Quand une fois une femme s’est décidée à se faire ce qu’elle aurait voulu être, elle poursuit résolument son idéal de beauté à travers tous les obstacles de la nature, et souvent par les chemins qui y conduisent le moins.

1511. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Si elle a glorifié la passion, elle l’a voulue, du moins, désintéressée et sincère ; en exaltant la sensibilité, elle a exigé de l’homme des sentiments capables de le conduire à de grandes actions. […] Il est malaisé d’employer tant de mots pour des choses qui n’en valent point la peine sans être conduit à les entasser comme le Pélion sur l’Ossa, dès qu’il faut exprimer quelque sentiment plus énergique ; car la loi des gradations s’impose à l’écrivain sans qu’il y songe10. […] Il faut surtout le voir se conduire lui-même. […] Les petits bourgeois qui le lisent, apprendront avec surprise de cet intraitable gentilhomme, qu’en 1717 toute la gentilhommerie de France n’était qu’un troupeau « aboyeur », conduit par des fous, des sots, des bellâtres débarqués du Mans par le coche, des safraniers et des bilboquets. […] Trois hommes ont conduit le deuil du xviie  siècle et de la monarchie de Louis XIV, trois censeurs survivant à une légion de glorieux panégyristes.

1512. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

On les prend, on les conduit chez le commissaire La Fosse, frère de l’auteur de Manlius. […] Il me suffit de vous dire, en général, que je trouve dans le cours de cette comédie, qui est d’un goût tout nouveau, autant de génie que d’esprit, et, si je l’ose dire, autant de jugement que d’imagination ; c’est ce que bien des gens sont incapables d’apercevoir ; car enfin tout y est préparé, amené, combiné, filé, contrasté, raisonné, conduit, comme dans les ouvrages des plus grands maîtres.

1513. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Son étoile l’y conduisait. […] Il fut conduit par cette étude à faire plusieurs mémoires détachés, qui pouvaient cependant se ranger dans un certain ordre, et il songea à rallier le tout au moyen d’une introduction.

1514. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

C’est bien là, la maison qu’il fallait habiter pour écrire Fromont jeune et Risler aîné, une maison, où, du cabinet de l’auteur, on a devant soi de grands et mélancoliques ateliers vitrés, et de petits jardins plantés d’arbres noirs, dont les racines poussent dans des conduits de gaz : de petits jardins aux cailloux verdissants, à l’enceinte faite de caisses d’emballage. […] En chemin, Philippe Sichel me raconte qu’il a trouvé dans une prison, à Pékin, le grand acteur de la Chine : « Vous allez voir un homme extraordinaire, me dit le mandarin qui me conduisait.

1515. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Mercredi 4 janvier Robert de Montesquiou, venu aujourd’hui chez moi, pour me remercier d’une lettre écrite à son sujet à la comtesse Greffulhe, devient bientôt expansif, me parle avec une horreur rétrospective de son enfance passée chez les jésuites de Vaugirard, me dit que ses premières années auraient eu besoin d’un bain-marie de jupes de femmes, au lieu des sales soutanes de ces prêtres, me conte qu’à l’âge de quatorze ans, faisant déjà des vers amoureux de la lune, un jour, en se rendant au réfectoire, où l’on mangeait de si mauvais veau, le gros jésuite qui les conduisait, lui avait jeté avec une ironie asthmatique, « lueur rêveuse et blême, le morceau d’un vers sur la lune, que l’espionnage de l’endroit avait surpris en fouillant dans son pupitre, et que le sifflement méprisant de l’ironie de ce gros jésuite, l’avait fait se recroqueviller sur lui-même, et soigneusement en cacher la tendresse et l’exaltation. […] À huit heures, par une neige et une glace à ne pas savoir, si je ne serai pas obligé de coucher dans un hôtel de Paris — et seulement par un sentiment de déférence, de devoir envers mes acteurs — je me risque, j’attrape le chemin de fer, j’arrive à la gare Saint-Lazare, où le cocher qui doit me mener chez Riche, demande à un camarade le chemin pour m’y conduire, par ce temps : à quoi le camarade répond qu’il n’y parviendra jamais par le boulevard.

1516. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Moïse, pour l’autel, cherchait un statuaire ; Dieu dit : « Il en faut deux ;  » et dans le sanctuaire Conduisit Oliab avec Béliséel : L’un sculptait l’idéal et l’autre le réel46. […] C’est ainsi qu’indirectement la folie de Rousseau a servi la vérité dans l’art, et que son insociabilité maladive a conduit les Bernardin de Saint-Pierre, les Chateaubriand et les Lamartine à imaginer des types littéraires nouveaux, plus sympathiques, doués de sentiments plus profonds et plus simples tout ensemble, enfin une nouvelle cité de l’art, avec des lois plus conformes aux règles éternelles de la vie.

1517. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Quiconque la rejette est d’ailleurs conduit à rejeter la vera causa de la génération régulière, suivie de migrations postérieures, et à recourir à l’intervention d’un miracle145. […] Cette idée me conduisit à faire sécher des tiges et des branches de 94 plantes, portant toutes des fruits mûrs, et je les plaçai ensuite sur de l’eau de mer.

1518. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Tumultueux, mais plein d’élans sublimes, il fut le héros génial qui, penché sur le gouffre vers lequel, seuls, abordent les prophètes, vit aux lueurs des éclairs de son âme le chemin qui conduit aux destins de l’Humanité. […] Laissant de côté la séduisante erreur romantique, dont l’esprit latin commence à se délivrer avec peine, je salue la noble figure du poète Écouchard Lebrun qui fut le maître et l’inspirateur d’André Chénier et qui vécut assez pour conduire les Muses grecques à la cour de Bonaparte.

1519. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Et ceci nous conduit tout naturellement à l’examen de son théâtre. […] La vision de Claire, qui apparaît à Egmont dans sa prison au milieu des anges pour le conduire au ciel, est d’une grossièreté de matérialisme théâtral qui n’a pas échappé à madame de Staël, la spirituelle femme qui avait l’instinct du ridicule autant que la faculté de l’enthousiasme, — heureusement pour elle !

1520. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

On pourrait la résumer par cette formule d’Antoine Compagnon : « Le génie féminin du romantisme a conduit au règne de l’individu, du sentiment et de l’amour, bref de la facilité » (« Maurras critique », Revue d’histoire littéraire de la France, 2005-3). […] II), dans sa personne comme dans ses idées, Lasserre annonce son programme : établir dans une deuxième partie que le Romantisme aboutit à la « désorganisation des mœurs » par « l’anarchie sentimentale » ; puis qu’il conduit aussi à une « désorganisation de la faculté de penser », étudiée dans la troisième partie. […] Cela conduit, affirme le critique, à « voir le Sinaï dans une taupinière » (Troisième partie, livre premier, ch.  […] L’une conduit-il un idéal social et politique de nivellement éternel ; l’autre à une espèce d’oligarchie théocratique ou il l’autocratie religieuse. […] II Le mal d’Obermann le conduira au tombeau.

1521. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

En quoi le bon sens, qui n’est que l’habitude de voir juste et de se conduire en conséquence, est-il si caractéristique dans Bossuet, que ce soit surtout par ce mérite simple qu’il nous étonne ? […] Nous avons des écrivains d’un ordre élevé qui, conduits par leur sujet en présence des choses familières, les exagèrent et les dénaturent pour les accommoder à leur tour d’esprit habituel, et qui se guindent par la crainte de perdre leurs avantages. […] Le chrétien conduit par un tel guide peut tenter impunément les expériences des parfaits ; le curieux qui cherche la philosophie morale sous la théologie reconnaît, dans les doctrines défendues par Bossuet, le cœur et l’esprit de l’homme mieux compris, et, dans l’art qu’il met à les défendre, la méthode éternellement la meilleure pour rechercher et exposer toute espèce de vérité.

1522. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Ces considérations générales nous conduisent du moins à un résultat positif : c’est que tout acte de volition, impulsif ou inhibitoire, n’agit que sur des muscles et par des muscles ; que toute autre conception est vague, insaisissable, chimérique ; que, par conséquent, si le mécanisme de l’attention est moteur, comme nous le soutenons, il faut que dans tous les cas d’attention il y ait en jeu des éléments musculaires, des mouvements réels ou à l’élut naissant sur lesquels agit le pouvoir d’arrêt. […] L’état de préoccupation nous conduit à un degré plus haut : le souci d’une personne malade, d’un examen à préparer, d’un grand voyage à entreprendre, et mille autres faits de ce genre, sans constituer pour la conscience un état d’obsession véritable, agissent par répétition. […] Nous avons dit que l’étude d’un grand nombre de cas normaux ou morbides a conduit à reconnaître plusieurs types : moteur, auditif, visuel, suivant le groupe d’images qui prédomine chez chaque individu, sans parler du type ordinaire ou indifférent.

1523. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Certes, il est douteux que l’intérêt particulier s’accorde invariablement avec l’intérêt général : on sait à quelles difficultés insolubles s’est toujours heurtée la morale utilitaire quand elle a posé en principe que l’individu ne pouvait rechercher que son bien propre, quand elle a prétendu qu’il serait conduit par là à vouloir le bien d’autrui. […] De cette doctrine, pas plus que de toute autre, on n’eût pu déduire cette morale ; aucune spéculation ne créera une obligation ou rien qui y ressemble ; peu m’importe la beauté de la théorie, je pourrai toujours dire que je ne l’accepte pas ; et, même si je l’accepte, je prétendrai rester libre de me conduire à ma guise. […] Tout au plus devrions-nous dire qu’une fois celle-ci posée, celles-là peuvent être considérées comme autant de stations le long d’une route qui, tracée rétrospectivement par nous, conduirait à elle.

1524. (1927) Des romantiques à nous

Anxiétés, désolations de la vieille foi chrétienne menacée ou déjà frappée par la moderne philosophie d’une blessure peut-être mortelle qui risque de ruiner, avec elle, toute l’espérance humaine ; appels ardents et timides à un Dieu nouveau qui se communiquerait à l’humanité dans le souffle naturel de son infini hors de l’appareil, aujourd’hui brisé, des révélations et des dogmes ; mélancolie et désarroi de l’homme du siècle, condamné a faire le dur chemin de la vie sans le soutien des antiques croyances et des tutélaires encadrements ; question de la France et de sa destinée, de cette destinée dont on ne sait si les prodigieux événements de la Révolution et de l’épopée impériale sont une foudre qui l’a frappée ou l’auréole d’une gloire unique qui l’a sublimée ; question du peuple, héros et maître apparent des révolutions, de son aptitude à se maintenir par la raison positive au niveau de bonté et de civilisation où l’élevaient ses anciens rêves religieux et à se conduire lui-même sans l’aide des anciennes aristocraties spirituelles ; voilà ce qu’ont chanté, agité en des sens divers, sous l’empire de passions diverses, parfois versatiles, les Lamartine, les Hugo, les Vigny, les Musset, sans oublier les Barbier et les Béranger. […] Prenez garde, monsieur, prenez garde, madame, que votre examen ou prétendu examen de conscience, ce ne soit cette hypocrisie du dedans, cette hypocrisie à votre propre usage, qui le conduise et l’inspire, bien plutôt qu’il ne vous serve, comme il devrait, à la démasquer. […] Dans les Lettres à Mélisande il se met au service de ces pécheresses de naissance et s’offre à les conduire par la main jusqu’à la philosophie. […] Mélisande a trop de naturel et de bon instinct pour que le spectacle de la sempiternelle querelle et de l’incessant retour des systèmes la conduise au scepticisme moral.

1525. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Pelletier composa, à cette occasion, des vers où il dit que son heur le conduisit un jour à Lyon. […] Et guidera Folie l’aveugle Amour, et le conduira par tout où bon lui semblera. […] Au retour d’une entreprise qu’il conduisit à l’avantage du Navarrais, celui-ci lui fit don de son portrait. […] C’est l’inutile question de Longin qui m’a conduit à poser la mienne. […] la nécessité des vertus et des vices, D’un astre impérieux doit suivre les caprices, Et Delphes, malgré nous, conduit nos actions Au plus bizarre effet de ses prédictions ?

1526. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Élevé dans une maison où sa mère a travaillé pendant quarante et cinquante ans dix-sept heures par jour à rempailler des chaises, il n’a jamais accepté, il n’a jamais reconnu que cette partie de la carcasse qui se nomme le cerveau ne se conduisit pas et ne fût pas aux ordres comme cette partie de la carcasse qui se nomme les doigts de la main. […] Il y a des phénomènes spirituels qui se conduisent selon la physique du poids et il y a des phénomènes spirituels qui se conduisent selon la physique de la mouillature. […] C’est une grâce qu’il reçoit, et instantanément un couronnement de grâce : Du premier coup de vent il me conduit au port. […] Il me conduit, il m’envoie, ce n’est pas seulement par déférence qu’il reporte à Dieu tout son exercice. […] On ne sait pas si ils conduisent la route ou si ils conduisent simplement leurs subordonnés.

1527. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Ceux-là ne l’ont pas oubliée, qui ont été conduits par le Pacha dans les profondeurs du Serapeum, et qui ont vu, dans l’ombre fraîche des chambres sacrées, trembler la lueur des flambeaux tenus par les fellahs, tandis qu’au dehors, la lune claire épandait sur le désert, silencieux et endormi, d’éblouissantes blancheurs. […] Incapables de dévouement et de foi, exempts de préjugés, désabusés et curieux, ils regardent les hommes et les choses sans se donner la peine de les juger ou de les conduire. […] Elles n’empêchent pas que l’on ne continue à soupçonner une fois que l’on a été conduit de déceptions en déceptions sur la route de la défiance, à ce carrefour fatal où l’on sait que l’on est trompé. […] Maintenant, ceux de nos chefs qui ont conduit des troupes ailleurs que sur un champ de manœuvres n’ont gardé, de leurs années d’apprentissage, que des visions de défaites ; leur vaillante jeunesse n’a pas eu de printemps et leur vie est décolorée. […] Susemihl qui les a conduits en ces parages.

1528. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Ouvrez le Voyage du Centurion, et, dès la première page observez sous quel jour le romancier vous présente son personnage, Maxence, officier de tirailleurs, en train de conduire en Mauritanie une colonne de méharistes : « … Son père — le colonel lettré, voltairien et pis, traducteur d’Horace, excellent et honnête vieillard, homme enfin de belles façons — s’était trompé. […] Il partit pour chercher l’ânesse de son père, et finit par trouver un royaume. » Cet omnivorisme du Sainte-Beuve d’avant 1830 devait se prolonger quelques années encore et le conduire peu à peu à cette maîtrise littéraire qui l’appareille dans son domaine à un Claude Bernard, à un Pasteur : « Ayez le culte de l’esprit critique », professait celui-ci, « sans lui, tout est caduc. […] J’essaierai d’indiquer par quel chemin un prince intelligent, actif, de mœurs plutôt sévères, religieux, et qui déclarait dans sa proclamation d’avènement ceindre la couronne « devant le Roi des Rois, pour être un souverain juste et clément » a pu être conduit à déchaîner cette guerre épouvantable, continuée sur des incendies et des massacres après avoir été commencée sur un manquement flagrant à la parole donnée. […] Cette démarche le prouve, il va toujours dans le somnambulisme de vanité qui l’a conduit au bord de l’abîme. […] Le 26 août, devant Verdun, après une période de travaux pénibles en première ligne, sous le bombardement, a conduit sa section dans des conditions difficiles à l’assaut de la position allemande.

1529. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Et la petite personne espère, ou se conduit comme si elle espérait. […] Bref, il est de toutes façons supérieur au comte Vladimir, lequel se conduit, d’un bout à l’autre du drame, comme une brute déchaînée. […] Il ne sait rien de précis sur sa vie intime ; il a seulement entendu dire que le duc se conduit comme tant d’autres maris de son monde. […] On pourrait dire à la fois qu’ils ne le sont pas et que, pourtant, leur devoir filial est de se conduire comme s’ils l’étaient. […] Il va jusqu’à lui offrir deux jours de liberté par semaine… Ainsi Arnolphe à Agnès : Tout comme tu voudras tu pourras te conduire.

1530. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Pour conduire à bien l’entreprise, il y faut encore un peu de littérature, un peu de philosophie : quelque teinture de théologie s’y joindrait qu’on en trouverait l’emploi tout de même, — et que l’édition ne pourrait qu’y gagner. […] Il n’est pas nécessaire à la bonne ordonnance d’une société civilisée que les lettres conduisent leur homme à l’hôpital. […] On a fait un crime à Calas du suicide de son fils ; avec une odieuse précipitation, on lui a instruit son procès, et, sans lui laisser seulement le temps de rassembler les éléments de sa défense, on l’a conduit à l’échafaud. […] La veille encore, pour devenir de rien ou de peu ce quelque chose ou ce quelqu’un qu’ils ambitionnaient d’être, il fallait passer par la littérature : il est désormais inutile d’entreprendre cette voie pacifique et trop longue : la politique les conduira plus droit et plus vite au but. […] Sont-ce vraiment les phénomènes de « sélection naturelle » qui ont conduit Darwin à l’hypothèse d’une « sélection artificielle » ?

1531. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Si détaché que soit un acteur de la scène qui se joue, il n’est jamais dispensé de suivre l’action, lors même qu’il ne la conduit pas. […] Puisqu’il n’en a rien fait, c’est qu’il se sentait faible ; puisqu’il s’est appuyé sur elle au lieu de l’élever jusqu’à lui, c’est qu’il n’avait ni mission ni puissance ; puisqu’il a suivi, c’est qu’il ne devait pas conduire. […] Ce n’est pas ainsi que se conduisent les rois absolus. […] Il faut l’exagérer à propos, se conduire enfin comme font les peintres et les statuaires, comme faisaient Rubens et Michel-Ange, laisser dans l’ombre les traits les moins importants, et porter sur ceux qu’on veut montrer, un jour éclatant et impossible, s’il le faut. […] Jamais, je crois, l’indécision des caractères n’a conduit plus directement à l’indécision de la fable.

1532. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

C’est un pur libéral de l’école du xvie  siècle : il a horreur de 93, je veux dire de 1593, de la Ligue et des Ligueurs ; il en a connu de vieux dans sa jeunesse et les estime méchants : mais les Frondeurs, c’est tout autre chose à ses yeux ; ils ont toute sa tendresse ; il ne les voit que par leur beau côté : « Il y a ici des honnêtes gens qu’on appelle des Frondeurs, qui sont conduits par M. de Beaufort, le Coadjuteur, Mme de Chevreuse et autres. » La première Fronde ne l’a atteint qu’à peine et nullement averti.

1533. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Je me trouve naturellement conduit à traiter de ce qui me frappe avant tout, dans cette carrière qui nous est désormais commune, et de ce qu’il nous importe le plus de bien fixer.

1534. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Fontenelle se conduisit dans cette circonstance en homme d’esprit qu’il était : il laissa l’épigramme faire son chemin, et il en était peut-être chatouillé au fond.

1535. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

On conduisit enfin les vieillards.

1536. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Je me servirai de l’un et de l’autre selon que j’en jugerai à propos, et, s’ils font leur devoir, comme je suis persuadé qu’ils feront, j’espère que Votre Majesté aura la bonté de les ouïr nommer et permettre qu’ils méritent par leurs services qu’Elle leur pardonne, après une pénitence conforme à la faute. » Mais, après s’être galamment conduit en bon Français à l’occasion, Saint-Évremond rentrait dans sa philosophie et dans sa tranquillité.

1537. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Ce goût du simple et du réel le conduisit à un genre d’idylle qu’il mit à exécution, et dans lequel il visait à reproduire les mœurs pastorales, modernes et chrétiennes, en les reportant vers le xvie siècle, et sans intervention de fausse mythologie.

1538. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Cette prétention l’a finalement conduit à une idée des plus fausses et, selon moi, des plus contraires à l’intérêt, je veux dire à faire reparaître sans cesse d’un roman à l’autre les mêmes personnages, comme des comparses déjà connus.

1539. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Racan, dans ses belles stances sur la Retraite, avait dit : L’âge insensiblement nous conduit à la mort.

1540. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

La malheureuse fin d’un engagement trop tendre me conduisit enfin au tombeau : c’est le nom que je donne à l’Ordre respectable où j’allai m’ensevelir, et où je demeurai quelque temps si bien mort, que mes parents et mes amis ignorèrent ce que j’étois devenu. » Cet Ordre respectable dont il parle, et dans lequel il entra à l’âge de vingt-quatre ans environ, est celui des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur ; il y resta cinq ou six ans dans les pratiques religieuses et dans l’assiduité de l’étude ; nous le verrons plus tard en sortir.

1541. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Il avertit en un endroit son frère cadet qu’il lui parle des livres sans aucun égard à la bonté ou à l’utilité qu’on en peut tirer : « Et ce qui me détermine à vous en faire mention est uniquement qu’ils sont nouveaux, ou que je les ai lus, ou que j’en ai ouï parler. » Bayle ne peut s’empêcher de faire ainsi ; il s’en plaint, il s’en blâme, et retombe toujours : « Le dernier livre que je vois, écrit-il de Genève à son frère, est celui que je préfère à tous les autres. » Langues, philosophie, histoire, antiquité, géographie, livres galants, il se jette à tout, selon que ces diverses matières lui sont offertes : « D’où que cela procède, il est certain que jamais amant volage n’a plus souvent changé de maîtresse, que moi de livres. » Il attribue ces échappées de son esprit à quelque manque de discipline dans son éducation : « Je ne songe jamais à la manière dont j’ai été conduit dans mes études, que les larmes ne m’en viennent aux yeux.

1542. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Il aura l’art de ménager l’intérêt, dans un court épisode, d’engager, de conduire, de conclure le récit d’une aventure vraisemblable : il dira à merveille les émotions d’une demoiselle qui erre la nuit, sous la pluie, par les mauvais chemins, ne voyant pas les oreilles de son cheval, et invoquant tous les saints et saintes du paradis.

1543. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

L’auteur s’essaye parfois à conduire une période, à étendre un lieu commun : on en trouvera un exemple dans le portrait de la vieillesse, cette longue tirade sur le temps, avec ses six reprises du sujet de la phrase, à intervalles de plus en plus rapprochés.

1544. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

C’est la grande ambition, celle qui veut agir sur les âmes, les conduire et les dominer.

1545. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Ce qu’il a en propre, c’est une vision des chosés matérielles, intense jusqu’à l’hallucination ; c’est, à un degré prodigieux, le don de l’expression, l’invention des images et des symboles ; c’est enfin l’art d’assembler les sons de conduire les rythmes, de développer et d’enfler la période poétique jusqu’à faire songer aux déploiements harmoniques et presque à l’orchestration des symphonies et des sonates.

1546. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Là aussi il y a un pinceau, non plus délicat que celui de Bernardin de Saint-Pierre, ni mieux conduit, mais plus hardi et plus riche.

1547. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Couronnement divin de la sagesse humaine La Chasteté sourit à l’homme et le conduit L’Homme avec elle est roi ; sans elle tout le mène.

1548. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Quand l’humanité se conduisait instinctivement, on pouvait se fier au génie divin qui la dirige ; mais on frémit en pensant aux redoutables alternatives qu’elle porte dans ses mains, depuis qu’elle est arrivée à l’âge de la conscience, et aux incalculables conséquences que pourrait avoir désormais une bévue, un caprice.

1549. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Égisthe se montre et conduit tout chez Homère ; il ne paraît chez Eschyle qu’au troisième plan de la scène, complice obscur et presque furtif.

1550. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

M. de Pienne conduit Diane dans la chambre du roi pour l’obtenir.

1551. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Mais cette clé, elle va malheureusement s’en servir, et cela nous conduit à l’acte suivant.

1552. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

La manufacture de Sèvres lui doit beaucoup ; elle la protégea activement ; elle y conduisait souvent le roi qui, cette fois, sentait l’importance d’un art auquel il devait de magnifiques services de table, dignes d’être offerts en cadeau aux souverains.

1553. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Après le début, le Poëte conduit la flotte portugaise à l’embouchure du Gange, décrit en passant les Indes occidentales, le Midi & l’Orient de l’Afrique, & les différens peuples qui vivent sur cette côte.

1554. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Malgré nos grands airs d’indépendance, nous sommes en réalité et heureusement fort dociles à nous laisser conduire.

1555. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

On lui donna le loisir de considérer les dernières beautés du jour, puis la lune étant en son plein, nos voyageurs et le cocher qui les conduisait la voulurent bien pour leur guide. » Ainsi se termine cette histoire de curiosité et d’amour, cette jolie histoire mythologique, par Acante, c’est-à-dire par Racine (et peut-être par La Fontaine) en extase devant un beau coucher de soleil ; puis revenant de Versailles à Paris par des paysages délicieux, sous la douce clarté de la lune.

1556. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Ce que nous venons de dire sur l’harmonie des langues mortes et sur le peu de connaissances que nous en avons, conduit naturellement à quelques réflexions sur la prétendue belle latinité qu’on admire dans certains modernes.

1557. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Les années, ces degrés qui croulent à mesure qu’on les monte, étaient les marches du mystique escalier qui conduit à Dieu.

1558. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Dans leur guerre à l’imagination, ils obéissent à des mobiles différents ; et deux fanatismes inverses les conduisent à la même immolation.

1559. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Cette poignée d’hommes doit nous conduire.

1560. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Le combat intérieur qui la précède est plus magnifique encore, et il est conduit, ravivé, mené à son terme avec un art prodigieux. » De nos jours, un critique, l’un des plus sagaces et aussi l’un des plus sévères qui aient jugé Victor Hugo, — j’ai nommé Edmond Biré, — n’hésite pas à écrire ces lignes : « Si les Misérables avaient été continués et terminés dans le même esprit qui avait présidé à leur conception ; s’ils n’avaient pas été dénaturés, envenimés par les passions de l’auteur devenu démagogue et socialiste ; s’ils n’avaient pas été démesurément enflés par des épisodes qui débordent le cadre primitif, … l’œuvre du poète, qui reste encore très puissante et très belle, serait la plus admirable qu’il eût écrite, une des plus belles de notre littérature. » Tout le monde connaît la thèse, l’idée maîtresse des Misérables.

1561. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

. — Et ainsi la complication sociale, aidant au raffinement des différences en même temps qu’à l’élargissement des ressemblances, conduirait indirectement, pour les raisons que nous avons déjà notées, à l’égalitarisme.

1562. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

On dirait qu’il a devancé ce vœu, tant soit peu contradictoire, que l’impatience des folies populaires arrachait à Platon : « Un bon tyran aidé d’un bon législateur. » C’est ainsi que, dans la grande ode à Arcésilas, roi de la Cyrénaïque, au milieu des traditions de la fable sur les origines de cette colonie dorienne, il profère ces graves paroles, dont la vérité littérale appartient à tous les temps : « Ébranler une cité est chose facile, même aux plus misérables ; mais la rasseoir sur le sol est un rude labeur, à moins que tout à coup quelque dieu ne se fasse le gouverneur de ceux qui conduisent.

1563. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Daudet, je ne nie pas qu’il ait pris trop de plaisir à nous conduire à Mabille et autres lieux : que voulez-vous ? […] Il lui semblait que c’était lui qui eût dû la conduire à l’autel. […] La mère, demandée en mariage par un honnête homme qui lui offrait un rang, un nom glorieux, une belle fortune, a arboré le bouquet de fleurs d’oranger et s’est laissé conduire à l’autel en baissant pudiquement les yeux. […] Voilà où est conduit M.  […] Elle te suivra au temple si c’est toi maintenant qui tiens à l’y conduire ; mais elle y marchera en victime.

1564. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

On n’en attend plus l’auteur à débrouiller une intrigue, ou à prouver une « thèse », mais à bien attraper ses modèles ; ce qui le conduit lui-même à faire de l’actualité la maîtresse du choix de ses sujets, comme de la manière dont il les traite. […] Il ajoute plus loin : « L’on a mis dans le discours tout l’ordre et la netteté dont il était capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » C’est ce qu’il a fait lui-même, et c’est ce que son exemple encourage les autres à faire. […] Mlle de Launay, plus savante, et plus claire, écrit dans ses Mémoires : « Il me donnait la main pour me conduire jusque chez moi. […] Racine]. — Comparaison à cet égard de Rodogune et de Ruy Blas, ou de Cinna et Hernani. — Que le goût de la complication aurait dès lors conduit Corneille au mélodrame. […] Tartuffe et Amphitryon]. — Comment le principe de la subordination des situations aux caractères l’a encore plus sûrement sauvé de son naturalisme ; — parce qu’il y a peu de « caractères » dans la nature, peu de Tartuffes, d’Harpagons, ou d’Alcestes ; — mais les commencements en sont dans tout le monde ; — et de conduire ces commencements jusqu’à leur terme, c’est ajouter quelque chose à la nature ; — et en l’imitant c’est la dépasser [Cf. les « types » du roman de Balzac, dans Eugénie Grandet ou le Père Goriot]. — Que l’idéal ne consiste pas uniquement dans la représentation de la beauté ; — mais aussi dans la peinture des caractères ou des types. — Ajoutez à cela que la plupart des grandes comédies de Molière sont un peu des « thèses » ; — et la thèse, au théâtre comme dans le roman, implique un jugement sur la nature même qu’on imite ; — pour ne pas dire une intention de la corriger. — C’est justement le cas de Molière ; — et là même est ce qui fait la force « satirique » de sa comédie. — Enfin Molière écrit généralement en vers ; — et quelque prosaïque, en général aussi, que soit son vers ; — il y a des choses qu’on ne saurait jamais faire dire au vers.

1565. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

rends grâce à ton sort de ce flot lent et doux Qui te porte en silence où nous arrivons tous, Et, comme ton destin si borné dans sa course, Dans son lit ignoré s’endort près de sa source ; Ne porte point envie à ceux qu’un autre vent Sur les routes du monde a conduits plus avant, Même à ces noms frappés d’un peu de renommée ! […] Sa verte nuit retentissait sous nos pas ; nous n’avions personne pour nous conduire ; nous marchions à la lueur de la gloire qui devait nous désigner d’elle-même la maison du poète.

1566. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

« Je crois avoir prouvé la possibilité, — écrivait Condorcet, il y a tout juste cent ans, — de rendre la justesse d’esprit une qualité presque universelle ; … de faire en sorte que l’état habituel de l’homme, dans unpeuple entier, soit d’être conduit par la vérité soumis dans sa conduite aux règles de la morale… se nourrissant de sentiments doux et purs. » Et il ajoutait : « Tel est le point où doivent infailliblement le conduire les travaux du génie et le progrès des lumières 5. » Me dira-t-on que Condorcet n’était après tout qu’un encyclopédiste ?

1567. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Mais il est difficile de dire, et d’ailleurs de peu d’importance pour nous, si, en général, les habitudes changent d’abord et l’organisation ensuite, ou si de légères modifications de structure conduisent naturellement à des habitudes nouvelles. […] On peut citer comme exemple certains Poissons pourvus d’ouïes ou de branchies qui respirent l’air dissous dans l’eau, en même temps qu’ils respirent l’air atmosphérique par leur vessie natatoire, ce dernier organe ayant un conduit pneumatique destiné à le remplir et étant divisé par des cloisons essentiellement vasculaires.

1568. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

En effet, il y a à Paris, nous ne dirons pas un comédien de talent, mais un artiste de génie, capricieux et fantasque comme Garrick, terrible et emporté comme Kean. poétique et sombre comme Macready, un homme qui porte avec la même facilité le manteau royal de Richard III et les haillons du Joueur ; un homme qui attache à toutes ses créations un cachet tellement original, qu’à chaque création nouvelle tout le monde littéraire s’émeut ; un homme qui traîne après lui son public, en quelque lieu qu’il lui plaise de le conduire, soit au théâtre de l’Odéon, soit au théâtre de la Porte-Saint-Marlin, soit au théâtre de la Renaissance, soit au théâtre de l’Ambigu, soit au théâtre des Folies-Dramatiques. […] Buloz, soit comme commissaire du roi, soit comme régisseur du Théâtre-Français, ce serait à moi de la prendre par la main, de la conduire chez M. le directeur des Beaux-Arts, et plus haut encore s’il était besoin.

1569. (1896) Études et portraits littéraires

Le magistrat « vertueux » y reçoit quelque part le conseil de craindre le plaisir : « Nouveau Cyrus, il détournera les yeux, il ne verra point cette Panthée… » Ailleurs il est représenté comme « un citoyen prévenant et gracieux, l’ami, le bienfaiteur des hommes », qui ne voudrait pas « hérisser de ronces le sentier par lequel il les conduit au bonheur ». […] Suivons la pente qui conduit à Chamoux, le hameau perdu sous les noyers et la châtaigneraie. […] Au Pays noir, où Séverine nous conduit maintes fois, ses mineurs si bien barbouillés d’ombres opaques, et dont elle multiplie les turbulentes ébauches, ont l’air esquissés avec le charbon que Herrera le Vieux promenait sur ses toiles, tandis que sa servante y jetait des baquets de couleur. […] Surtout quand on fait profession de conduire les hommes. […] Le lendemain, au Minihi, je ne cesse pas de le voir dans cette petite chapelle de Saint-Yves où, à la mort de son père, sa mère le conduisit.

1570. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

En ces jours sombres, personne ne conduisit ses bœufs repus ô Daphnis, pour les désaltérer aux eaux du frais ruisseau. […] Comme les lions de Carthage rugirent de désespoir sur la tombe, Daphnis, les échos des monts sauvages et de la forêt le proclament : Daphnis fut le premier, qui nous enseigna à conduire avec la rêne du chariot les tigres de l’Arménie, à exercer le chœur pour Iacchus, qui nous apprit à enlacer de feuillage mobile l’épieu flexible. […] Mais cet isolement même conduit souvent le peintre au maniérisme, et lui fait perdre cette large compréhension des faits généraux de la vie qui est l’essence même de l’art. […] Comme il n’a pas de génie, il se conduit, ainsi qu’il est naturel, d’une manière admirable en toute circonstance. […] Pour conclure, on ne peut s’empêcher de remarquer le délicat instinct qui a conduit à donner son tour particulier au bref épilogue qui termine ce charmant volume.

1571. (1899) Arabesques pp. 1-223

Enfin M. de Gourmont déplore que je me sois conduit à l’égard de M.  […] Leurs méandres m’ont conduit, au plus profond des bois, en un retrait où l’on se sent tellement heureux qu’on ne s’en aperçoit même pas. […] Puissant dispensateur des germes et des forces, Qui conduis le ruisseau fragile au flanc des monts Et la sève des bois sous les rudes écorces, Toi qui fis la chair brune et forte et le cœur bon. […] Comme, à chaque changement de régime, leurs dirigeants se hâtent de ne pas tenir leurs promesses ; comme, sous différents noms, c’est toujours l’iniquité qui règne, ils se conforment aux exemples qu’on leur donne ; et ils se conduisent trop souvent en brutes avides et menteuses, — menées par des Malins avides et menteurs.

1572. (1902) La poésie nouvelle

C’est ainsi qu’on lit, par exemple, dans Apaisement, d’Henri de Régnier, des vers comme celui-ci, qui est très beau :‌ La lune monte, arrondissant son disque d’or, ou comme cet autre, moins heureux : Vous conduira finalement dans l’infini, et dans la Cueille d’Avril de Vielé-Griffin :‌ La Poésie impérieuse est mon amante‌ Très grave et docte aussi parfois, comme des dames‌ Du temps jadis et douce et tendre dans ses blâmes.‌ […] Il fut arrêté, emprisonné pour deux ans, tandis que Rimbaud, blessé au bras, était conduit à l’hôpital Saint-Jean…‌ L’intention de rompre était assez ancienne déjà dans l’esprit de Rimbaud. […] Une nouvelle philosophie a conduit à ce principe qu’il n’y a rien de vil dans l’esprit humain. […] Ce monde haletant et grouillant est soumis à des lois qu’il ignore et qui le conduisent vers de sûres destinées.‌ […] Cette notion aristocratique de l’Art ne le conduit, du reste, pas à de l’Alexandrinisme : il s’inspire trop directement de la vie et il la veut trop largement exprimer pour se confiner dans une étroite esthétique d’initiés.

1573. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Jamais il n’a conduit de voyageur aussi excentrique que cet étranger qu’il prend pour un Anglais. […] les victimes innocentes ; il y a l’éternelle vérité exprimée par les vers suivants : Combien de temps faudra-t-il vous redire À vous tous, que c’était à vous de les conduire, Qu’il fallait leur donner leur part de la cité, Que votre aveuglement produit leur cécité ; D’une tutelle avare on recueille les suites, Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes. […] Tout ce qu’on peut faire est d’en citer quelques fragments réussis ; en voici un assez beau sur les dieux de la Grèce, mais l’écrivain, par une distraction étrange de la part d’un antiquaire aussi minutieux, leur a laissé les noms romains qu’on leur donne dans l’Université de France et au théâtre de la Gaîté : Ils se penchaient du haut des nuages pour conduire les épées ; on les rencontrait au bord des chemins, on les possédait dans sa maison ; — et cette familiarité divinisait la vie. […] Brachet, il est bon de rappeler une très belle pensée d’Alexandre de Humboldt, ne fût-ce que pour les disposer à quelque indulgence pour les hardis investigateurs dont les procédés moins prudents et moins sûrs conduisent parfois à de grandes découvertes. […] Pour bien expliquer à mes petits-enfants le lien des événements et l’influence des personnages historiques, j’ai été conduit quelquefois à des considérations très générales et à des études de caractères assez approfondies.

1574. (1923) Au service de la déesse

non : ces Normands, aventuriers magnifiques, n’ont rien fait de bon, n’étant pas civilisateurs ni créateurs d’empires, Leur Guiscard les conduit à Rome : ils démolissent la ville éternelle. […] S’ils les conduisent à la promenade, ils sont dans leur rôle aimable et utile. […] Elle était un joli animal que son instinct conduit ; elle était aussi la contemporaine d’une élégance accomplie et que des siècles de vie française avaient rendue exquise. […] car il y a du mysticisme partout ; et c’est précisément où j’avais dessein de vous conduire : à constater en toute activité humaine un vif élément de mysticisme. […] Dépêchons-nous : Flaubert conduit ses deux bonshommes jusqu’en 1869 ; M. 

1575. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Processus facile à reconstituer, celui qui chez la femme conduit au désir d’étonner ; c’est simplement celui de la contradiction : — Ton sexe t’interdit de t’arrêter à tel détail… Attends un peu… on va bien voir !  […] Il n’est pas jusqu’au style qui, par son accent, sa musique et certains rythmes ou façons de conduire la phrase, ne découvre de saisissantes analogies, surtout pour une oreille qui, dans sa première jeunesse, fut bercée au son de ces cadences. […] Aussi sommes-nous conduits à transposer dans l’art les conditions mêmes de la vie, et comme c’est une question vitale, suffisant à créer l’intérêt d’un ouvrage, de savoir qui sera le plus fort, qui triomphera dans la passion qui l’anime.

1576. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

— Tu vas suivre le premier aveugle que tu rencontreras en ton chemin, répond l’oracle, et il te conduira ! […] non ; c’est la même fête qui se mène sous les ombrages touffus, au bruit de ces eaux jaillissantes, à la lueur de ces flambeaux, aux sons mélodieux de ces vingt-quatre violons et de ces quarante petits violons (tout un orchestre) conduits par Lully, dans cette foule de toutes les grandeurs de la noblesse, de la fortune, de l’amour et du génie. […] Bulwer parurent, à la première représentation de sa pièce, si insipides et si déplacées, qu’on eut honte de les avoir entendues ; nul ne voulut être complice d’une comédie où le roi Louis XIV parlait comme un valet de chambre, où M. de Lauzun se conduisait comme un escroc, M. le chevalier de Grammont comme un niais, M. le marquis de Montespan comme un infâme, et madame de Montespan comme une fille.

1577. (1932) Le clavecin de Diderot

Aussi réglera-t-il tour à tour ses comptes avec les professeurs de la Sorbonne, ce « musée Dupuytren de toutes les servilités », avec les idéalistes qui préfèrent les « rêves de pierres » au mouvement de la vie, avec l’Eglise et « Dieu l’immobile », Dieu, « celui qui ne bande pas, qui décide les plus fiers bandeurs à ne plus bander »… Il s’en prend au masochisme chrétien qui condamne le corps et la jouissance, il dénonce les hypocrisies du colonialisme (rappelons que l’exposition coloniale s’est déroulée à Paris en 1931), il s’attaque à la droite maurassienne et au conformisme des bourgeois bien-pensants… À ces règlements de compte avec la société s’ajoutent des règlements de compte, d’ordre bien plus personnel, avec la famille, et notamment avec la mère, cette mère qui incarne à ses yeux l’austérité bourgeoise, cette mère qui lui a confisqué dans son enfance ses aquarelles parce qu’il avait eu l’audace de barbouiller un palmier rose vif, mais surtout, cette mère qui l’a conduit devant le corps pendu de son père, lequel s’est suicidé alors que Crevel n’avait que quatorze ans. La haine de la mère castratrice et le regret du père aimé font surface dans ces pages, ce qui conduit Crevel, dans une démarche psychanalytique, à définir ce qu’il appelle son « complexe d’Oreste », inversion du traditionnel « complexe d’Œdipe » : Crevel est de « ceux qui eussent préféré tuer leur Clytemnestre de mère, plutôt que leur Laïus de père ». […] L’idéalisme caméléonesque, sous ses diverses incarnations, décidait toujours chacun à se penser, à se conduire comme s’il était noumène parmi les phénomènes.

1578. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Et voilà comment se conduit une honnête femme. […] L’aînée sert de mère à la cadette ; elle la conduit à l’école, et, avant que la cadette entre à l’école, l’aînée… Mais vous allez voir ce que fait l’aînée : Les deux petites sont en deuil, Et la plus grande, c’est la mère, A conduit l’autre jusqu’au seuil Qui mène à l’école primaire.

1579. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

De leur union résulte cette perfection du bien dire qu’il a en idée, vers laquelle il tend sans cesse, et où il voudrait conduire ses lecteurs.

1580. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ma vie languit où Dieu le veut : je marche à l’autre en tâchant d’y bien conduire mes enfants.

1581. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Et pourtant ces souvenirs des commencements doivent être pleins de pureté et de charme, lorsque le prisonnier de Joux, jouissant d’une demi-liberté, venait à Pontarlier chez le vieux marquis de Mounier dont la maison lui était ouverte, lorsqu’il racontait devant lui et sa jeune femme les malheurs et les fautes qui l’avaient conduit là, et qu’elle, comme Desdemona aux récits d’Othello, comme Didon aux récits d’Énée, comme toutes les femmes qui écoutent longuement des exploits ou des malheurs, pleurait et l’aimait pour ce qu’il avait fait et subi, pour ce qu’il avait souffert.

1582. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il nous a tracé une courte histoire de la prose française en ces termes : « L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux tours, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement françoise ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avoient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Cet esprit, que La Bruyère ne trouvait pas assez avant lui dans le style, dont Bussy, Pellisson, Fléchier, Bouhours, lui offraient bien des exemples, mais sans assez de continuité, de consistance ou d’originalité, il l’y voulut donc introduire.

1583. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Un éditeur instruit17, qui, dans un premier travail, avait jugé fort sainement, selon nous, de Marguerite, a cru devoir revenir sur ce jugement dans une seconde publication, et il a été conduit par une interprétation laborieuse à dénoncer dans le cœur de cette princesse je ne sais quel sentiment fatal et mystérieux, dont son frère aurait été l’objet.

1584. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Que le lecteur s’observe lui-même lorsqu’il voit une comédie nouvelle de Dumas fils ; vingt fois par acte, nous avons une ou deux minutes d’illusion complète ; il y a telle phrase vraie, imprévue, qui, soutenue par le geste, l’accent, les alentours appropriés, nous y conduit.

1585. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Nous disons crûment les choses, on y conduisait autrefois la pensée avec des ménagements infinis : elles n’étaient pas moins exprimées et senties, mais l’impression caractéristique de la chose traînait avec elle tout un cortège de délicates jouissances, qui naissaient du rapport de l’expression à l’esprit auquel elle s’adaptait.

1586. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Le déplacement d’un atome rompait la chaîne de faits fortuits qui, au fond de la Bretagne, me prépara pour une vie d’élite ; qui me fit venir de Bretagne à Paris, qui, à Paris, me conduisit dans la maison de France où l’on pouvait recevoir l’éducation la plus sérieuse ; qui, au sortir du séminaire, me fit éviter deux ou trois fautes mortelles, lesquelles m’auraient perdu : qui, en voyage, me tira de certains dangers où, selon les chances ordinaires, je devais succomber ; qui fit, en particulier, que le Dr Suquet put venir à Amschit me tirer des bras de la mort, où j’étais enserré.

1587. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

La haine des accords trop élémentaires conduit naturellement à l’amour des accords plus riches et plus vagues.

1588. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

., et qui conduisirent le maître à un état de dénuement tel, que, littéralement, il n’avait plus de quoi manger.

1589. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Gurnemanz, le vieux chevalier, conduit Parsifal vers la grande salle du Graal.

1590. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Dans le drame, c’est la perception qui doit nous conduire à la science » ; et autre part : « Dans le drame, dit-il, nous devons devenir sachants par le sentiment.

1591. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

, demi-ivre, dissertant sur le plan de la guerre, et examinant le ministre par interrogats et censure ; Les auditeurs ne s’apercevant même pas combien cela est ridicule et à quel point de perfection l’orateur porte la bêtise ; Le malheureux ministre, échappant aux questions par une réponse de café et l’historique des campagnes ; Ce sont là les hommes chargés de conduire les affaires et de sauver la République !

1592. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Passionnée pour monter à cheval, pour conduire un panier, elle se trouve mal à la vue d’une goutte de sang, a la terreur enfantine du vendredi, du nombre treize, possède tout l’assemblage des superstitions et des faiblesses humaines et aimables chez une femme : faiblesses mêlées à d’originales coquetteries, celle du pied par exemple qu’elle a le plus petit du monde, et qu’elle porte toujours chaussé d’un soulier découvert à talon… Mal jugée et décriée par les femmes et les petites âmes qui ont l’horreur de la franchise d’une nature, elle est faite pour être aimée d’une amitié amoureuse par des contempteurs comme nous des âmes viles et hypocrites du monde.

1593. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Elle change de forme, les actes qui sont ainsi qualifiés ne sont pas partout les mêmes ; mais, partout et toujours, il y a eu des hommes qui se conduisaient de manière à attirer sur eux la répression pénale.

1594. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Le soldat qui nous conduisait n’avait pas la clef.

1595. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Pour un poète et pour un critique qui a l’expérience de la vie et qui jette sur les œuvres de la pensée le regard serein d’une maturité pleine et contenue, quelle plus belle place et quelle plus noble attitude que de faire asseoir sa renommée, en lui reployant ses longues ailes, aux pieds d’Homère et de Virgile, — de ce groupe souverain qui couronne le sommet de l’Histoire ; d’être à Virgile à son tour, par l’interprétation de son génie, ce que fut Virgile à Homère, et d’éclairer pieusement d’un flambeau le radieux guide qui conduit à travers les siècles le grand aveugle dans la nuit !

1596. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Logique des choses, qui conduit les hommes jusqu’au bout de la chaîne de forçat qu’elle leur fait porter !

1597. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

L’anglo-catholicisme du Dr Pusey, qu’on appelle aussi du romanisme, conduira avant peu l’Angleterre à une réconciliation avec Rome.

1598. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Ce ne serait pas le diable chez Balzac, le peintre des de Marsay, des  Palférine et des de Trailles, ces vicieux étoffés qui conduisaient la vie à grandes guides et ne regardaient pas aux pourboires, mais c’est le diable, à ce qu’il paraît, pour Octave Feuillet et les auditeurs au Conseil d’État qui sont ses héros !

1599. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Car elle ne conduit qu’à l’un ou à l’autre de ces deux dénouements : au renoncement qui est une souffrance, ou à une victoire, qui est une autre souffrance par la satiété, le mépris ou la mort qu’elle entraîne.

1600. (1887) Essais sur l’école romantique

Il lui semble y voir deux mains : l’une qui trace avec une incertitude prétentieuse des idées vagues et empruntées ; l’autre qui conduit la plume avec fermeté sur le terrain des vérités générales. […] Je me diminue peut-être en me défendant de m’être conduit par ambition : car l’ambition suppose le caractère et la volonté, et ce n’est pas peu douer un homme, quelle que soit l’intention, que de le douer en ce temps-ci de caractère et de volonté. […] J’appelle littérature inutile toute littérature qui n’a point de but, qui ne va à rien, qui ne s’inspire ni du passé, ni du présent, ni de l’avenir, qui ne résout rien, qui n’éclaircit rien, qui n’ajoute aucune notion, soit de critique, soit de psychologie, soit d’histoire, au domaine des notions acquises ; qui n’aide rien, qui ne conduit à rien, qui n’est mue par aucune pensée ni de renversement, ni de reconstruction, ni même d’érudition inoffensive ; qui n’a pas même l’honneur d’être nuisible pour en avoir sciemment le mauvais dessein sur les esprits, mais seulement parce qu’elle est inutile et facile, ainsi que je le montrerai en son lieu.

1601. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Jules Lemaître nous conte quelque part qu’il figura jadis dans une Fête-Dieu où il y avait un reposoir : « Je représentais le petit saint Jean-Baptiste et je conduisais devant le dais un petit mouton vivant. […] C’est M. de la Coullonche, — un maître qui fut tenu dans la plus haute estime par Ernest Bersot, dont on n’a pas encore dit que ce fût une bête. — Les journaux dans ces derniers temps nous ont appris que ses élèves se sont conduits envers lui avec une cruauté inexcusable. […] Mais avons-nous le droit de présenter sous forme catégorique et tranchée les résultats auxquels nous ont conduits nos recherches ? […] J’aime qu’il nous montre du doigt le ciel où il est chargé de nous conduire. […] Ils savent, suivant l’heureuse expression de M. l’abbé Klein, quel est l’attachement des gens de chez nous pour la tactique qui les a depuis longtemps conduits à toutes les défaites.

1602. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Statues et tableaux nullement solennels, rien n’étant moins académique que l’art grec : c’est un enfant qui regarde une pomme, un autre qui étrangle une oie, un troisième qui fait griller des viandes, et un taureau conduit au sacrifice par deux hommes « dont l’un a le nez camus, l’autre le nez retroussé. » Mais il apparaît (et les mimes d’Hérondas ont par là leur intérêt documentaire) que cette délicieuse humanité grecque du temps des Philadelphie et des Evergète, à la fois très artiste et assez près de la nature, nous dépassait notablement, quoi qu’on dise et quelque ingénuité qu’elle y mit, en obscénité et en brutalité foncières. […] Il s’est d’abord très bien conduit ; seulement, après avoir tué son premier Sarrazin, le cœur lui a manqué, à ce pauvre petit ; la vue du sang lui a fait mal, et il s’est, peu s’en faut, retiré de la mêlée. […]  ) Et je vous fais grâce du passage sur « les animaux farouches, mâles et femelles, répandus dans la campagne. » — Eh bien, ces phrases d’un Bourgeois de France d’il y a deux cents ans, ces phrases écrites par le précepteur du petit-fils du grand Condé, expriment, en somme, assez exactement la disposition d’esprit où nous conduit et où nous laisse le drame de l’auteur allemand. […] Caligula raconte à son oncle Tibère comment il passait son temps à Rome : « J’allais tous les jours à la porte Capène, ce rendez-vous élégant de l’opulence et de la noblesse romaine ; c’est un coup d’œil fort brillant… Des sénateurs, drapés de pourpre, se promènent en litière ; des chevaliers rentrent avec leur équipage de chasse ; des officiers de la garde prétorienne font caracoler leurs chevaux arabes ; dans les lourdes rhédas, attelées de mules, couvertes de lames d’or et de pierres précieuses, sont étendues les matrones voilées, et avec elles se croise le léger cisium, où la courtisane grecque, vêtue de robes splendides, conduit elle-même ses amants… » Réfléchissez que c’est exactement, — mais là, exactement ! — comme si chez nous un Parisien se mettait à dire, dans le courant de la conversation : « J’allais tous les jours au bois de Boulogne, ce rendez-vous élégant de l’opulence et de la noblesse parisienne ; c’est un coup d’œil fort brillant… Des messieurs, vêtus d’une redingote ou d’une jaquette longue, se promènent dans des coupés ; des hommes de sport conduisent leur mail ; des officiers de la garnison de Paris ou de Versailles font caracoler leurs demi-sang ; dans les lourds landaus, attelés de mecklembourgeois et peints en noir ou en tête-de-nègre, avec réchampi vert ou rouge, sont étendues des dames qui ont des voilettes, et avec elles se croise le léger buggy où l’horizontale de haute marque, vêtue de robes splendides, conduit elle-même ses amants… » Non, mais supposez Paul Costard, si vous voulez, faisant cette petite description à son beau-père.

1603. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

On voit aujourd’hui où nous a conduits le principe révolutionnaire-césarien, d’après lequel il appartenait à la France de décréter la liberté au monde ! […] Mais, de même que Bonaparte prétendait faire le bonheur du peuple français, en le maintenant en état de guerre et de tueries perpétuelles, de même Hugo et Michelet prétendaient faire le bonheur de l’humanité, à l’aide de méthodes intellectuelles (par renversement du sens commun) dont il est démontré aujourd’hui qu’elles mettent le feu à l’univers, aussi sûrement qu’un grand conquérant, et qu’elles conduisent les individus, comme les peuples, à l’abêtissement, au malheur et au suicide. […] C’est le domaine de cette logique inductive et déductive, comme dit Stuart Mill, qui nous conduit, par étapes, à une sorte de calcul analytique de tous ordres de raisonnements. […] Il a été le siècle du laboratoire et de l’essor industriel, qui sont en effet deux événements considérables dans l’histoire de l’humanité ; mais la défaillance de sa raison (constatée et analysée aux chapitres précédents) l’a conduit à faire, du laboratoire, un redoutable agent de confusion mentale, et, de l’industrie, un agent plus redoutable encore de luttes sociales et de guerres indéfinies. […] Sa Science dont le XIX siècle est si comiquement vain, ne l’a pas conduit, n’a pas conduit ses savants, à aucun moment, à examiner le côté humain, c’est-à-dire caduc, très instructif en même temps, de ses découvertes.

1604. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

… Clindor choisit de rosser Matamore qui, sans hésiter, en capitan magnanime, abandonne sa maîtresse à ce valet bien-pensant… lorsque, tout à coup, se répand sur la scène une troupe de laquais armés de bâtons et conduits par Adraste… Le terrible Matamore se sauve terriblement… Clindor ferraille en amoureux, c’est-à-dire en désespéré, tue Adraste — et finit par succomber lui-même sous le nombre. […] Le « troupeau des fidèles » n’est plus une figure ; nous sommes, en toute réalité, un troupeau qu’on doit conduire au ciel et à l’idéal politique, comme on nous conduirait à l’étable, — à coups de bâton… Avez-vous eu vent de cet archéologue anglais qui s’évertuait récemment à prouver que le sceptre, à l’origine, était un manche de fouet ? […] — Le théâtre actuel se préoccupe-t-il de nous conduire à la catastrophe par des situations successives et logiques, se renforçant l’une l’autre nécessairement ? […] Où cela te conduira-t-il, misérable ?

1605. (1924) Critiques et romanciers

Puis, deuxième auteur, Mlle d’Antigny : « une femme de Rubens ; et c’est, en effet, dans ce goût que le maître d’Anvers pétrissait de lis et d’écarlate ses grandes Nymphes et les Néréides aux robustes poitrines auxquelles il confiait le soin de conduire le navire où vogue Marie de Médicis ». […] Si Lemaître a flâné plus longtemps, il a profité de son erreur et montré d’une façon très pathétique et amusante les étapes du chemin qui conduit à la sagesse. […] Elle était lugubre ; elle lui inspirait l’horreur de la nature et en fit l’ennemi de lui-même et du genre humain… L’excès de sa pureté le conduisait à des idées horribles… Certes, Pascal était sincère. […] Voilà comment l’auteur des Essais de psychologie fut conduit à ne pas séparer la littérature de la sociologie. […] Bien que gobes, les mains suffisent d’abord à la conduire par les sentiers blancs.

1606. (1898) La cité antique

En conséquence, au jour anniversaire, ils se rendaient en grande procession, conduits par leurs premiers magistrats, vers le tertre sous lequel reposaient les morts. […] L’homme devenait si complètement étranger à son ancienne famille que, s’il venait à mourir, son père naturel n’avait pas le droit de se charger de ses funérailles et de conduire son convoi. […] Plus tard, quand les Fabius se chargent seuls de la guerre contre les Véiens nous voyons que cettegens a un chef qui parle en son nom devant le Sénat et qui la conduit à l’ennemi297. […] Ce sentiment ne le conduisit pas tout de suite à la conception d’un Dieu unique régissant l’univers. […] Le nouveau roi, conduit sur la cime du mont Capitolin, s’asseyait sur un siège de pierre, le visage tourné vers le midi.

1607. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Il se conduisait ici comme il avait coutume de faire avec les puissances qu’il quittait : il ne les abandonnait qu’au dernier moment, et quand il estimait qu’il n’y avait plus chance de retour.

1608. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Elle a soin de le surprendre à l’heure où les autres pasteurs conduisent leurs troupeaux par les montagnes, un jour qu’il est resté seul, par hasard, à l’entrée de ses étables, jouant de la lyre.

1609. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Dans ce fragment d’élégie : Mais si Plutus revient, de sa source dorée, Conduire dans mes mains quelque veine égarée, A mes signes, du fond de son appartement, Si ma blanche voisine a souri mollement…, je croyais n’avoir affaire qu’à Horace : Nunc et latentis proditor intimo Gratus puellae risus ab angulo ; et c’est à Perse qu’on est plus directement redevable : … Visa est si forte pecunia, sive Candida vicini subrisit molle puella, Cor tibi rite salit. . . . . . . . . . .

1610. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Combien de fois la barque errante Berça sur l’onde transparente Deux couples par l’amour conduits, Tandis qu’une déesse amie Jetait sur la vague endormie Le voile parfumé des nuits !

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