… C’est peut-être la seule fois de ma vie que j’aurai plus de mérite que Mme de Staël ! […] Féval, fait pour mieux que cela, a consacré définitivement ses facultés et sa vie ? […] Un siècle sédentaire comme le dix-huitième siècle, qui vivait dans des salons ou dans des cafés, dut naturellement raffoler de Gil Blas, de ce gentilhomme de grande route, l’idéal impossible d’un bonhomme, parfaitement cul-de-jatte en fait d’aventures, qui passa sa vie en habit gorge de pigeon à jouer au domino au café Procope, entre sa tabatière et sa bavaroise, dans la plus grasse et la plus bourgeoise des tranquillités ! […] Fils de ce romantisme qui, en passant, a laissé partout une lave incandescente de vie qu’on n’éteindra plus, M.
La liberté de sa vie n’a été, en bien des cas, qu’une déviation, peut-être excusable, de sa bonté. […] Nous ne voulions plus embellir la vie par le rêve et l’espoir, tant nous étions fiers de la trouver ignoble, et tant ce pessimisme commode nous absolvait de tout à nos propres yeux. […] Elle vit vraiment de la vie de la terre, et cela sans s’y appliquer.
Robert d’Ancelys, flétri par les turpitudes de la vie de collège, puis régénéré par un crime d’amour, n’aura plus pour principe d’action que la religion de la souffrance humaine. […] Et voici les premières lignes : « Tous les observateurs ont remarqué ce qu’il y a de troublant, d’alliciant et de profondément nostalgique dans le regard des femmes qui offrent cette particularité d’avoir des yeux bleus avec des cheveux bruns, surtout quand ces femmes appartiennent à une race douloureusement affinée par des siècles de vie élégante et artificielle. […] On sait que l’auteur des Batailles de la vie écrit alternativement un roman de passion et un roman d’« études sociales ».
Quoique bon ami, bon citoyen, il eut beaucoup d’ennemis, parce qu’il fit toute sa vie la guerre aux sots ; modéré d’ailleurs, & incapable de donner dans aucun fanatisme de religion, d’ambition & de fortune. […] Il soutint qu’Erasme, gagnant sa vie chez Alde-Manuce, au métier de correcteur d’imprimerie, laissoit beaucoup de fautes que l’ivresse l’empêchoit de remarquer. […] Comment exprimer en latin les changemens arrivés par rapport à la religion, à la morale, aux coutumes, aux habillemens, aux commodités & aux besoins de la vie, aux sciences & aux arts ?
Non-seulement il s’étudiait à inspirer à ses amis un respect profond pour les œuvres des grands hommes, mais il voulait toujours qu’au lieu de se rebuter des défauts d’une production médiocre, on cherchât dans un livre, dans une gravure, dans le plus faible et le plus pâle essai, une étincelle de vie…. […] On commence par écrire sans avoir rien lu, et l’on continue ainsi toute sa vie. […] Et ainsi, attentifs à ne rien mutiler de ce qui vit autour de nous et qui peut servir à notre vie propre, nous pourrons atteindre à une compréhension plus large et plus personnelle des choses, comme à un art plus plastique, plus directement modelé sur la nature vivante ; et après tant de courses vagabondes hors des frontières, tant d’excursions dans tous les domaines défendus, y compris ceux de la chimère et de la folie, nous pourrons enfin nous rasseoir chez nous et inaugurer un mouvement qui sera vraiment un retour à la tradition française comme à la réalité humaine. » C’est sur ces mots que nous voudrions finir.
La simplicité du poète de Chio est celle d’un vieux voyageur qui raconte au foyer de son hôte ce qu’il a appris dans le cours d’une vie longue et traversée. […] Cet autel doit dire aux siècles futurs que deux hommes des anciens jours se rencontrèrent dans le chemin de la vie ; qu’après s’être traités comme deux frères, ils se quittèrent pour ne se revoir jamais, et pour mettre de grandes régions entre leurs tombeaux. […] Les Grecs connurent aussi cet usage, comme on le voit dans la Vie de Cratès.
A Monsieur Naigeon9 Cet essai, que les mêmes, lectures multipliées ont porté successivement d’un très-petit nombre de pages à l’étendue de ce volume, est le fruit de mon travail, ou, pour mieux dire, de mon loisir pendant un des plus doux intervalles de ma vie. […] » Je ne voulais point amuser ; je voulais moins encore être applaudi : j’avais un plus digne objet, celui d’examiner sans partialité la vie et les ouvrages de Sénèque, de venger un grand homme, s’il était calomnié, ou, s’il me paraissait coupable, de gémir de ses faiblesses, et de profiter de ses sages et fortes leçons. […] Si ton honneur te fut plus cher que ta vie, dis-moi, les lâches qui ont flétri ta mémoire n’ont-ils pas été plus cruels que celui qui te fit couper les veines ?
Peut-être pensoit-il aussi qu’en assistant à ces combats, on conçut le mépris de la vie qui avoit rendu le soldat des legions plus déterminé que celui des phalanges dans les guerres, où son pere Antiochus Le Grand et Philippe roi de Macedoine avoient été battus par les romains. […] Les fêtes les plus cheres à nos ancêtres, les tournois n’étoient-ils pas des spectacles où la vie des tenans couroit un veritable danger ; il y arrivoit quelquefois que la lance à roquet blessoit à mort aussi-bien que la lance à fer émoulu : la France ne le sçut que trop quand le roi Henri II fut blessé mortellement dans une de ces fêtes. […] Les fêtes des taureaux coûtent bien souvent la vie aux combatans.
Malgré cette nouvelle prétention d’auteur tragique, sa vie resta entrelardée de toutes les gaîtés bachiques qui étaient son fort. […] Il a passé sa vie à boire, à chanter, à dire des bons mots, à faire des priapées, et à ne rien faire de bien utile. […] La vulgarité n’est pas seulement dans sa vie ; elle se fait sentir jusque dans les jeux de sa verve. […] La vie domestique de Piron est éclairée aujourd’hui, plus même qu’il n’était besoin. […] La dent qu’il avait eue toute sa vie contre Voltaire ne lui tomba jamais.
En fuyant la critique acharnée de ses compatriotes, il était venu chercher ici une nouvelle patrie. » Voilà tout ce qu’on sait de la vie, des œuvres, de la mort de ce grand homme. […] Enfin, il jouissait d’une fortune aisée, telle qu’on l’entend parmi nous, et termina sa vie par la mort la plus brillante. […] Supposons que soixante-dix années soient le terme de la vie d’un homme. […] De cette manière, tu ne risques pas ta vie en désobéissant à tes maîtres et nous n’aurons pas à nous reprocher une mauvaise action. […] À la mort d’un de leurs concitoyens, ils se livrent au contraire à la joie, le couvrent, en plaisantant, de terre, et le félicitent d’être enfin heureux, puisqu’il est délivré de tous les maux de la vie.
Hippolyte Babou Tonin Désaugiers n’est qu’un Boufflers d’arrière-boutique, un épicurien de comptoir ou de bureau, qui, de ses voyages en Amérique, n’a pas rapporté de plus belle découverte que la suivante : J’ai, par terre et sur l’onde, Visité l’étranger, Dans tous les coins du monde Où j’ai pu voyager J’ai vu boire et manger, qui, de son contact avec les événements et les hommes, n’a retiré, pour règle de sa vie, que cette maxime de philosophie et de morale : Aimons bien, buvons bien, mangeons bien. […] Sainte-Beuve Je puis assurer les élégiaques et les rêveurs que Lamartine, qui effleura cette vie de l’Empire dans sa jeunesse, apprécie fort et sait très bien rappeler à l’occasion certaines des plus belles chansons de Désaugiers.
. — Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie (1869) […] Le volume des Convictions est remarquable par un accent de sincérité et de fière indépendance, qui relève bien l’homme, un abrupt civilisé qui prétend n’appartenir à aucune classe, à aucune coterie, et qui n’a publié ses vers qu’à rares intervalles, au gré de sa libre fantaisie, dans sa vie errante et active à la fois.
Le grammairien (au sens ancien du mot) est le savant par excellence ; il dénombre les signes, les classe et établit les rapports qu’ils peuvent avoir entre eux ; le poète surajouté au grammairien apporte à la besogne la qualité primordiale qui donne la vie aux choses, l’imagination — et le vrai poète apparaît : qu’il n’ait qu’un peu de talent, il est poète ; il peut créer, et il crée — en proportion de l’autorité qu’il a sur les signes. […] Pierre de Bouchaud Somme toute, c’est l’artiste qui a dominé chez lui et lui a dicté ses moindres pensées, en poésie, où les mots : gloire, patrie, amour, bonheur, souffrance (toute la vie), reviennent sans cesse sous sa plume, sauvés de la vulgarité par le charme d’une langue nerveuse, colorée, et par de beaux élans d’enthousiasme, transformés par la magie d’un talent sensitif, fécond, impressionnable, précisément parce qu’il provient d’une nature artiste, revêtus enfin du majestueux vêtement d’un style imagé, toujours respectueux de la forme.
. — La Retraite de la vie (1894). — Nuit d’avril à Céos, un acte (1894). — La Coupe de Thulé (1895). — Pygmalion et Daphné, un acte (1898). — Joseph d’Arimathée, trois actes (1898). — Les Vaincus : Hypathie, Savonarole (1900). — Sur la foi des étoiles (1900). […] Gabriel Trarieux intitule : La Retraite de la vie.
. — Vie de la B. […] — Vie de N.
Les années qu’il m’est donné de vivre encore ne me réservent pas d’aussi douces heures que celles que j’ai passées au milieu d’eux, au sein de devoirs aimés, surprenant ou veillant dans de jeunes cœurs ouverts à toute parole sincère ces secrètes conformités de l’écrivain et du lecteur qui font la vie des ouvrages d’esprit. […] Persuadé que les lettres doivent être un supplément de l’expérience personnelle une force active et présente, une discipline qui s’ajoute aux exemples du foyer domestique, à la religion, aux lois de la patrie, j’ai cherché dans nos grands écrivains moins l’habileté de l’artiste que l’autorité du juge des actions et des pensées, moins ce qui en fait des êtres merveilleux, dont la gloire nous peut troubler, que ce qui les met de tous nos conseils et les mêle à notre vie, comme des maîtres aimés et obéis.
Il n’est pas, jusqu’aux Vies particulieres, qu’il n’ait su rendre intéressantes, par une touche vive, lumineuse, délicate, & remplie d’onction. Les Vies des bienheureux Louis de Gonsague, Stanislas Kostka, & celle du Pere Cotton, seront toujours des Modeles à proposer à quiconque voudra s’exercer dans ce genre de Biographie.
Il embrassa le Catholicisme, auquel il a été attaché toute sa vie. […] Ils consistent dans une Histoire de la Vie & des Ouvrages de Fénélon ; Histoire qui ne se borne pas, comme les autres, à raconter des faits particuliers, mais où la sagacité, l’art de l’analyse, l’heureuse faculté de tout voir & de tout saisir, le talent de penser & celui d’écrire avec solidité, ne permettent pas de méconnoître le Littérateur éclairé, l’habile Observateur, & le bon Juge : dans un Discours sur le Poëme épique, qui n’a pu être que le fruit de la lecture la plus réfléchie des Ouvrages des Anciens, & d’une connoissance raisonnée des regles de la Poésie héroïque : dans un Discours sur la Mythologie, où il seroit impossible de réunir plus de raison, plus de goût, & plus d’élégance.
Il n’y a pas une position dans la vie pour laquelle on ne puisse rencontrer, dans la Bible, un verset qui semble dicté tout exprès. […] Or, il est certain qu’on trouve dans l’Écriture : L’origine du monde et l’annonce de sa fin ; La base des sciences humaines ; Les préceptes politiques depuis le gouvernement du père de famille jusqu’au despotisme ; depuis l’âge pastoral jusqu’au siècle de corruption ; Les préceptes moraux applicables à la prospérité et à l’infortune, aux rangs les plus élevés, comme aux rangs les plus humbles de la vie ; Enfin, toutes les sortes de styles ; styles qui, formant un corps unique de cent morceaux divers, n’ont toutefois aucune ressemblance avec les styles des hommes.
Les théogonies indienne, persane, égyptienne, biblique même, qui toutes présentent au commencement une sorte de matière confuse et inorganique, nommée chaos, sur laquelle Dieu opère, en apparaissant, la forme, la vie, l’ordre, la lumière, la beauté, ont donné l’exemple de cette erreur. […] Eh bien, est-ce une partie si pénible de la vie ? […] La plupart, dans ces réunions, s’épuisent en plaintes et en regrets amers au souvenir des plaisirs de la jeunesse, de l’amour, des festins et de tous les autres agréments de ce genre : à les entendre, ils ont perdu les plus grands biens ; ils jouissaient alors de la vie, maintenant ils ne vivent plus. […] La propriété, c’est la vie : voilà l’axiome vraiment philosophique ; quiconque dépossède tue ! […] L’homme a le jour, la famille seule a la perpétuité ; la famille, c’est la vie de l’humanité.
Il est le Médiateur et le Bienfaiteur, la vie du foyer, l’urne de l’holocauste, l’allégresse du corps, l’énergie de l’âme. […] Il attire dans son orbite excentrique un système d’êtres fabuleux, moitié bêtes et moitié génies, bâtards du ciel et de la terre, se rattachant à la vie physique dont il est le type souverain. […] Aux Enfers même, il garde l’activité de sa vie terrestre. […] Fidèle à sa nature qui est de briser tout joug et toute chaîne, il « délie » les âmes en les enlevant de la vie. […] Iacchos, c’était l’homme y buvant la vie.
On soumettait sa vie d’autrefois, ses aventures, ses voyages, ses relations avec le P. […] La Vie de la prophétesse fut publiée à Londres, à Berlin, à New-York. […] C’est une première division : les souvenirs de la vie passée ; les souffrances du moment présent ; les terreurs de la vie à venir. […] Elles y vivent d’une vie moins poétique, mais presque aussi réelle. […] Il suffit que, dans les relations de la vie publique, on ne le puisse pas accuser d’improbité.
Car il y a des moments qui valent tout, et la vie est composée de moments. […] Et le directeur et la troupe y gagneront encore leur vie. […] ) et il me paraît quelquefois prendre le théâtre pour autre chose que ce qu’il est forcément dans la vie contemporaine. […] Ma vie est une promenade. […] Semblançay la refuse ; c’est à l’honneur qu’il tient, non à la vie.
Le lendemain, en m’éveillant, je disais : voilà la vraie vie, le vrai séjour de l’homme ; tous les prestiges de la société ne purent jamais en éteindre le goût. […] Chacun ayant sa vertu la vie de l’homme se remplira de crimes. […] Il ne faut point faire de poésie dans la vie. […] Ce que je sais, c’est qu’elle est tellement liée à l’ordre fatal de la vie du poëte et de l’artiste qu’elle n’a pas pu venir ni plus tôt ni plus tard, et qu’il est absurde de la supposer précisément la même dans un autre être, dans une autre vie, dans un autre ordre de choses. […] Notre vie se partage ainsi en deux manières diverses de veiller et de sommeiller.
Avoir voiture, cela modifia un peu la vie. […] On ne fait pas ce que l’on veut dans la vie. […] Ce fut là mon jouet de prédilection, et je le conservai très tard dans ma vie. […] L’institutrice, de plus en plus menaçante, planait au-dessus de notre vie. […] Elle ne nous laissera pas jouer l’opéra italien avec des robes à maman : ça va être une vie sible !
La jeune élève, sans guide dans la vie, sans fortune et sans gloire, s’était sentie flattée de trouver tous ces titres dans un seul homme. […] Aimé Martin sentit, à partir de ce moment, que sa vie devait changer comme ses devoirs, et qu’il fallait vivre, penser, travailler pour deux. […] Bonne place à l’entrée dans la vie, où l’on reçoit une éducation libérale, où l’on ne méprise personne, parce qu’on touche à tous, où l’on n’est dédaigné de personne, parce qu’on n’accepte pas le dédain. […] Cette femme, cent fois plus raisonnable que je ne le suis, veut jouir agréablement de la vie ; elle va son chemin ; et, assurée par son innocence, elle dédaigne de s’assujettir aux précautions que je lui demande. […] Il se vengea presque directement de cette femme légère et perfide en lui faisant réciter des invectives contre sa propre vie ; il se réconciliera ensuite, il est homme, mais toujours homme ; humoriste, mais amoureux.
Plus tard il essayait, dans son Penseroso, de traduire en grands vers le plus pur de ce Journal même, toute son expérience de lui-même, de l’homme et de la vie. […] Leconte de Lisle et comme Baudelaire, il tenta de s’enfuir dans le rêve, ayant trop souffert de la vie.
Van Bever À Paris, il se lia avec de nombreux artistes, et, en 1873, collabora, sous le pseudonyme de Tristan, à La Vie parisienne. […] Quant à sa vie littéraire, si l’on tient compte de l’oubli fait autour de son lit d’agonisant, elle ne se réalisa que plusieurs années après sa mort.
[La Vie littéraire, 3e série (1891).] […] [La Vie à Paris (1895).]
Il ne faut que lire sa Vie, écrite par le P. […] Il a composé, il est vrai, la Vie d’Epicure, mais en Historien qui sait condamner, lorsqu’il le faut, les égaremens de celui dont il raconte les actions.
A cause de sa vie licencieuse, il se fit chasser de la Cour, où il étoit Précepteur du Dauphin, depuis Louis XIII. […] Cet homme ne voyoit rien de si beau que la vie pastorale ; c’est pourquoi, sans sortir de la ville, il chercha à contenter la bizarrerie de son goût pour les champs.
On trouvera dans le discours et dans l’appendice qui le suit une vie complète de Vico. Le mémoire qu’il a lui-même écrit sur sa vie ne va que jusqu’à la publication de son grand ouvrage.
Écarté des affaires, affranchi de l’impôt, le seigneur reste isolé, étranger parmi ses vassaux ; son autorité anéantie et ses privilèges conservés lui font une vie à part. […] La distance est devenue trop grande entre la vie élégante, variée, littéraire du centre, et la vie monotone, inerte, positive de la province. […] Telle et la langueur ou plutôt l’anéantissement où tombe la vie locale lorsque les chefs locaux lui dérobent leur présence, leur action ou leur sympathie. […] Ils sont trop loin de lui pour cela, trop étrangers à sa vie. […] La vie de mon père , par Rétif de la Bretonne, I, 146.
Ce vieillard simple et respectable, dont la vie ascétique avait écrit la macération sur sa pâle figure, passait sa vie en solitude et en prières dans une chambre haute de sa maison. […] C’était un véritable saint qui, par modestie, s’était refusé la prêtrise, et qui passait sa vie recueillie entre la contemplation et l’étude des merveilles de Dieu dans sa création. […] l’enfant dépérissait sur ce sein de neige : on n’achète pas la vie, Dieu la donne ou la refuse. […] Les disgrâces même, du sort sont gracieuses aux hommes de cette nature, ils ne prennent rien trop au sérieux dans la vie. […] J’étais résolu de me laisser tuer, plutôt que d’ôter la vie à un brave soldat criblé de blessures, pour une cause qui n’était point personnelle, et qui, au fond, honorait son patriotisme.
Et afin que ce que je dirai ici sur des hommes dont je suis un peu le collègue, comme membre de l’Académie française et de l’Institut, ne puisse étonner personne, je définirai ma situation en deux mots : Je suis critique, et, en avançant dans la vie, j’ai le malheur de sentir que je m’attache de plus en plus au vrai en lui-même et que je n’entre plus dans le jeu. […] Bossuet, dans le Discours sur l’histoire universelle, après avoir énuméré les principales écoles philosophiques de la Grèce, celles de Platon, d’Aristote, de Zénon, d’Épicure, ajoute en passant brusquement aux Romains : Les Romains avaient dans le même temps une autre espèce de philosophie, qui ne consistait point en disputes ni en discours, mais dans la frugalité, dans la pauvreté, dans les travaux de la vie rustique et dans ceux de la guerre, où ils faisaient leur gloire de celle de leur patrie et du nom romain ; ce qui les rendit enfin maîtres de l’Italie et de Carthage. […] Ce moment fut affreux, et quand, vers le matin, je me jetai épuisé sur mon lit, il me sembla sentir ma première vie, si riante et si pleine, s’éteindre, et derrière moi s’en ouvrir une autre sombre et dépeuplée, où désormais j’allais vivre seul, seul avec ma fatale pensée qui venait de m’y exiler et que j’étais tenté de maudire… Si M. […] Je souris de voir comme, en avançant dans la vie, on ne sait pas se garder ce penchant au retour, et comme on étale ingénument devant les générations nouvelles le contentement d’avoir été d’une génération meilleure. […] Ce n’était plus le jeune enthousiaste de l’École normale, rompant douloureusement avec le Dieu de ses pères et se mettant en marche vers la découverte d’un dogme nouveau ; ce n’était plus le superbe initiateur des premiers temps du Globe, altier et plein d’ambitieuses promesses, et qui croyait tenir la nouvelle vérité : c’est l’homme qui a connu le néant des espérances, qui a reçu la leçon des choses et les injures de la vie.
Il se distingua de bonne heure par une capacité surprenante de mémoire et d’entendement ; il savait par cœur Virgile, comme un peu plus tard il sut Homère : « On comprend moins, a dit M. de Lamartine, commentil s’engoua pour toute sa vie du poète latin Horace, esprit exquis, mais raffiné, qui n’a pour corde à sa lyre que les fibres les plus molles du cœur ; voluptueux indifférent, etc. » M. de Lamartine, qui a si bien senti les grands côtés de la parole et du talent de Bossuet, a étudié un peu trop légèrement sa vie, et il s’est posé ici une difficulté qui n’existe pas ; il n’est fait mention nulle part, en effet, de cette prédilection inexplicable de Bossuet pour Horace, le moins divin de tous les poètes. […] Il allait souvent à Metz se reposer dans l’étude et dans une vie plus sévère des succès et des triomphes de Paris. […] Il commence avec grandeur et par une large similitude : Comme on voit que de braves soldats, en quelques lieux écartés où les puissent avoir jetés les divers hasards de la guerre, ne laissent pas de marcher dans le temps préfix au rendez-vous de leurs troupes assigné par le général ; de même, le Sauveur Jésus, quand il vit son heure venue, se résolut de quitter toutes les autres contrées de la Palestine par lesquelles il allait prêchant la parole de vie ; et sachant très bien que telle était la volonté de son Père qu’il se vînt rendre dans Jérusalem, pour y subir peu de jours après la rigueur du dernier supplice, il tourna ses pas du côté de cette ville perfide, afin d’y célébrer cette Pâque éternellement mémorable et par l’institution de ses saints mystères et par l’effusion de son sang. […] Ôtez de ce visage les rides, répandez-y la fleur de la vie, jetez-y le voile de la jeunesse, rêvez un Bossuet jeune et adolescent, mais ne vous le décrivez pas trop à vous-même, de peur de manquer à la sévérité du sujet et au respect qui lui est dû.
Involontairement on se demande, en lisant sa vie et en le voyant contenu autant qu’appuyé par Mme de Maintenon et par Louis XIV, ce qu’il serait devenu à une époque où la carrière était ouverte plus largement, et où il n’y avait pas de limites aux espérances : où se serait-il arrêté ? […] Les entendant un jour s’en plaindre, Villars encore enfant s’écria : « Pour moi, j’en ferai une grande. » Et comme ses parents lui demandaient sur quoi il se fondait pour parler de la sorte, il répondit : « C’est déjà un avantage pour moi que d’être sorti de vous ; et, d’ailleurs, je suis résolu à chercher tellement les occasions, qu’assurément je périrai, ou je parviendrai. » Son mot d’ordre, sa devise en entrant dans la vie aurait pu être : « En avant, et toujours plus haut ! […] Les mœurs espagnoles, les usages de Madrid et de la cour, les bizarreries et les monotonies de cette vie si nouvelle pour une Française et une amie des La Fayette et des Sévigné, y sont touchées avec une discrète ironie. […] Le maréchal de Villars aima toute sa vie et jusquà son extrême vieillesse la comédie, le théâtre et ce qui s’ensuit. […] À la frontière de Suisse, aux portes de Bâle, il tomba par une nuit sombre dans le fossé, et faillit y laisser sa vie.
Adert, un des anciens élèves de notre École normale et depuis plus de dix ans établi en Suisse, en publiant aujourd’hui, d’après le vœu de la famille, les principaux essais et mémoires qu’avait préparés plutôt qu’achevés Guillaume Favre, mais qu’il avait préparés toute sa vie, a très bien marqué et défini en sa personne ce caractère original du savant pur, du savant qui étudie toujours, qui prend note sur note et amasse les éruditions autour des pages, qui ne vise qu’au complet et à l’exactitude du fond, qui est le contraire de celui qui dit : Mon siège est fait ; qui, vécût-il quatre-vingts ans, n’a de plaisir qu’à aller toujours ailleurs en avant, et, de chasse en chasse, d’enquête en enquête, scrupuleux et amusé qu’il est, n’en finit pas. […] Cette circonstance détermina le choix de Favre ; vers 1810 il rédigea une Vie de cet érudit, qui est fort instructive à lire et pour laquelle il a rassemblé les notes les plus fines et les plus rares : avec lui on va hors des sentiers battus, et l’inaperçu est ce qui le tente. […] » Tout ce qu’on trouve de faits singuliers dans cette vie de Philelphe par Favre est inimaginable : à chaque cité nouvelle que visite ce condottiere des lettres, ce héros de l’érudition errante, Favre nous donne l’histoire politique de la ville et l’état détaillé des études. […] On ne s’intéresse pas à ce Marius qui n’est nullement un personnage intéressant, et que son biographe est trop exact pour nous montrer tel ; et l’auteur n’a pas su introduire quelque idée supérieure à la fois et juste, qui rattache cette vie à toute son époque, et qui fasse qu’on se rattrape par ce côté. […] … Ô la pure et innocente vie !
L’Académie française avait proposé pour sujet d’un prix, à décerner en 1855 « une étude critique et oratoire sur le génie de Tite-Live », ajoutant à cet énoncé un programme développé où se posaient les diverses questions relatives à l’auteur et aux circonstances de sa vie, aux sources et à l’autorité de son histoire, au caractère et à la beauté de son monument. […] Guillaume Guizot, a exposé et combattu en forme cette méthode dans deux articles très remarquables ; je ne m’engagerai pas ici dans la discussion générale de la doctrine, ce qui exigerait des développements hors de mesure : je me bornerai, dans le cas particulier de Tite-Live, à faire voir ce qu’elle a, selon moi, d’excessif, d’artificiel et de conjectural ; le genre et le degré d’objection que j’y fais se comprendront mieux : Que sait-on de Tite-Live, de sa personne et de sa vie ? […] Michelet, sa vie de travail, son effort constant, ses fouilles érudites et ses ingénieuses mises en scène, cette faculté de couleur voulue et acquise où il a l’air de se jouer désormais en maître, mais quand je considère de quelle manière il a jugé et dépeint des événements et des personnages historiques à notre portée, et dont nous possédons tous autant que lui les éléments ; quand je le vois toujours ambitieux de pousser à l’effet, à l’étonnement, j’avoue que je serais bien étonné moi-même qu’il eût deviné et jugé les choses et les hommes de l’histoire romaine plus sûrement que Tite-Live. […] L’emploi de leur vie est d’arranger des phrases, et ils tournent toujours leurs pensées dans le moule grammatical ou logique, bien plus occupés des formes que du fond. […] [NdA] Maine de Biran, sa vie et ses pensées, publiées par Ernest Naville (Paris et Genève, Cherbuliez, 1857).
Calemard de Lafayette était, il y a une quinzaine d’années, un jeune littérateur de Paris ; il s’occupait de poésie et de critique ; il était du groupe de l’Artiste et en train de se faire un nom, tout en se livrant à ses goûts préférés, lorsque, vers ce temps, des circonstances de famille et de fortune l’enlevèrent à la vie parisienne : il avait le bonheur et l’embarras d’être propriétaire foncier ; il se retira dans ses terres aux environs du Puy, dans la Haute-Loire, et se mit à les exploiter lui-même ; il prit goût à l’agriculture, à l’amélioration du sol et des colons ; l’amour de la poésie l’y suivit, et il combina ces deux amours, celui des champs et celui des vers : il en est résulté le poème dont j’ai à parler et qui a paru il y a quelques mois. […] il prétend se passer d’un seul ; il ne veut qu’une force génératrice, partout la même, vague, diffuse, infinie, sacrée, féconde, enivrante, qui éclate dans le printemps : It ver et Venus, et Veneris prænuntius ante Pinnatus graditur Zephyrus…………… ; une force qui se joue et se diversifie en toutes les saisons et jusque dans les destructions passagères qui ne font que déplacer et transférer la vie. […] Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit ! […] Philtre mystérieux des dons de la nature ; Alambic distillant l’herbe et les fleurs pour nous ; Mamelle appétissante où boit la soif de tous ; Flanc fécond, qui, donnant à la ferme ravie Ou la crème ou le croît41, nous prodigue sa vie ; La vache, ô doux enfants, qui lui refuserait Un regard, un sourire, — et qui ne l’aimerait ? […] Tout a son prix aux yeux de la critique qui sent l’art comme l’expression presque directe de la nature et de la vie.
Sans entrer ici (ce qui me conviendrait moins qu’à personne) dans aucune des questions controversées entre les savants et les théologiens des diverses communions et en me gardant pour vingt raisons excellentes d’aller m’y heurter, il est bien clair à mes yeux, comme aux yeux de tout le monde, que puisqu’il y a quatre Évangiles canoniques et non pas un seul, il y a des différences, au moins apparentes, entre ces Évangiles également reçus, et il a été de tout temps réputé utile de s’en rendre compte pour se former une idée plus exacte, plus suivie et mieux ordonnée, de la vie et de la prédication de Jésus. […] N’était-ce pas là véritablement une révélation au sein de la morale humaine, et si l’on y joint ce qui ne saurait se séparer, l’ensemble d’une telle vie passée à bien faire et de cette prédication de trois années environ, couronnée par le supplice, n’est-il pas exact de dire que ç’a été un « nouvel idéal d’une âme parfaitement héroïque » qui, sous cette première forme à demi juive encore et galiléenne, a été proposé à tous les hommes à venir ? […] « C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez point où vous trouverez de quoi manger pour le soutien de votre vie, ni d’où vous aurez des vêtements, pour couvrir votre corps… « Considérez les oiseaux du ciel : ils ne sèment point, ils ne moissonnent point, et ils n’amassent rien dans des greniers ; mais votre Père céleste les nourrit : n’êtes-vous pas beaucoup plus qu’eux ? […] Et c’est cet idéal délicat de dévouement, de purification morale, d’abandon et de sacrifice continuel de soi, respirant dans les paroles et se vérifiant dans la personne et la vie du Christ, qui fait l’entière nouveauté comme la sublimité du christianisme pris à sa source. […] Mais le christianisme en soi, dans son essence, dans sa valeur morale intrinsèque, ne dépend pas de formes plus ou moins historiques ou politiques, qui se sont souvent modifiées et qui peuvent se modifier encore ; et sans sortir des Évangiles mêmes, en les relisant, en reportant surtout sa pensée, comme je l’ai fait aujourd’hui, sur les discours de Jésus, sur cet incomparable Sermon de la montagne, le premier et le plus beau de tous, on est amené à dire avec un des amis de Pascal : « Quand il n’y aurait point de prophéties pour Jésus-Christ, et qu’il serait sans miracles, il y a quelque chose de si divin dans sa doctrine et dans sa vie, qu’il en faut au moins être charmé ; et que comme il n’y a ni véritable vertu, ni droiture de cœur sans l’amour de Jésus-Christ, il n’y a non plus ni hauteur d’intelligence, ni délicatesse de sentiment sans l’admiration de Jésus-Christ. » Cette conclusion, dont se contentaient d’honnêtes gens au xviie siècle, paraîtra peut-être encore suffisante aujourd’hui.
Sibylle n’est pas seulement l’héroïne du roman qui porte son nom ; le livre tout entier, d’un bout à l’autre, prétend n’être que son histoire, sa vie, sa biographie. […] Mais voilà qu’un jour de tempête où il y a naufrage sur la côte, le brave curé risque sa vie pour aller sauver des malheureux en perdition. […] Cette moralité, on la trouverait dans la réflexion très-sensée qu’adresse M. de Férias à sa petite-fille en voyant les mobiles extraordinaires auxquels elle obéit dans toute sa conduite : « Ma chérie, vous voulez toujours monter sur le cygne ; vous voulez l’impossible : ce sera, je le crains, l’écueil de votre vie. » Le dernier mot du livre serait alors un conseil d’institutrice : « Mesdemoiselles, plaignez Sibylle et ne l’imitez pas : avec toutes ses belles qualités, une seule, poussée trop loin, a failli la perdre. » Mais ce n’est pas là ce qu’a fait l’auteur, et, dans la suite de l’histoire, il paraît bien, au contraire, vouloir nous présenter Sibylle comme une sorte de type de perfection, un modèle ; et c’est bien ainsi que l’ont prise cette quantité d’admiratrices qui se sont écriées en la voyant : « Voilà comme nous sommes, voilà comme nous voudrions être, et comme nous serions à coup sûr si c’était à recommencer ! […] cette belle et florissante personne, si faite pour les jouissances de la vie, si amie du positif et des réalités, qui servait à Sibylle de repoussoir, la voilà qui se trouve, elle aussi, atteinte et infectée du même vice que Sibylle, de vouloir à toute force quelque chose de transcendant et de surnaturel ! […] Je sais qu’il y a en tout ceci bien du jeu, que l’art est une chose fort différente de la nature, que ce qui s’appelle roman en particulier est fait pour plaire et amuser à tout prix, et le plus souvent moyennant illusion : je ne voudrais pourtant pas qu’on y mentît par trop, qu’on y donnât des idées par trop fausses et chimériques. et j’ai présent à l’esprit en ce moment la boutade d’un moraliste un peu misanthrope, qui écrivait pour lui seul après la lecture de quelqu’un de ces romans à la Sibylle ou à la Scudéry : « Quand je me reporte en idée aux débuts de l’espèce humaine sur cette terre, à cette longue vie sauvage dans les forêts, à ces siècles de misère et de dureté de l’âge de pierre qui précéda l’âge de bronze et l’âge même de fer ; quand je vois, avant l’arrivée même des Celtes, les habitants des Gaules, nos ancêtres les plus anciens, rabougris, affamés et anthropophages à leurs jours de fête le long des fleuves, dans le creux des rochers ou dans les rares clairières ; — puis, quand je me transporte à l’autre extrémité de la civilisation raffinée, dans le salon de l’hôtel de Rambouillet ou des précieuses spiritualistes de nos jours, chez Mme de Longneville ou chez Mme de…, où l’on parle comme si l’on était descendu de la race des anges, je me dis : L’humanité n’est qu’une parvenue qui rougit de ses origines et qui les renie.
La mère du surintendant, et qui lui survécut peu, Mme Fouquet, — une vraie mère de douleurs, — avait la réputation d’une sainte, et toute sa vie s’était passée au service des pauvres : elle inspirait la vénération autour d’elle. […] La difficulté pouvait sembler grande d’écrire tout un volume à propos d’un de ces jeunes hommes dont la courte vie, tranchée en sa fleur, peut se résumer dans le mot de Virgile : Tu Marcellus eris ! […] Je le pleurerai toute ma vie, et vous le pleurerez avec moi. […] Chéruel, Mémoires sur la vie publique et privée de Fouquet ; 2 vol., 1862. […] Il le leur promit… » Elles ne s’en tinrent pas là, et quand elles surent que le neveu de Voltaire, l’abbé Mignot, faisait transporter le corps de son oncle pour être enterré dans son abbaye de Scellières, vite les deux grandes dames, ces deux bonnes Âmes acharnées au bien, relancèrent le cadavre ; elles écrivirent à l’évêque de Troyes pour l’engager à s’opposer à l’inhumation en qualité d’évêque diocésain ; « mais heureusement pour l’honneur de l’évêque, ces lettres arrivèrent trop tard, et Voltaire fut enterré. » (Vie de Voltaire, par Condorcet.) — C’est ainsi que.Mme de Gisors, cette sainte veuve, crut devoir justifier son renom de mère de l’Église.